Bonjour à tous !

C'est avec plaisir que je commence aujourd'hui la publication d'une nouvelle histoire, j'espère qu'elle vous plaira !

Oui, oui, j'ai une autre fic' en cours que je n'ai pas le temps d'écrire, mais ne vous en faites pas (si vous lisez Quand on se torture l'esprit) je n'abandonne pas cette histoire du tout non plus ! et normalement, ça ne devrait pas me faire perdre plus de temps que ma prépa sur cette fiction d'ailleurs, vous en faites pas !

Quelques petites informations préalables :

1) le couple n'est pas Victoire Lupin (née Weasley) - Minerva McGonagall : ce sont les personnages principaux, mais ce n'est pas la pairing ! Non parce que vraiment, c'est pas ça du tout, donc bon ! 2) Cela se passe... une trentaine d'années après l'épilogue, je pense, un peu moins mais dans ces eaux là. Là aussi, je précise par avance même si c'est explicité ensuite. 3) Je publie aujourd'hui le prologue : la suite ne viendra pas tout de suite, parce que je préfère avancer de beaucoup et ensuite publier régulièrement, et en ce moment je manque de temps. Mais je vous promets, je continuerai et finirai, même si le Chapitre 1 met du temps à arriver ! 3bis) Je ne suis pas certaine du tout du nombre de chapitres, ni de leur longueur. Mais bon, je sens bien la trentaine de chapitres, à première vue comme ça. D'ailleurs, ce prologue est assez court, je m'en excuse. 4) Le titre est librement inspiré de vers de Paul-Jean Toulet.

Alors, donc, sinon, les trucs... pas intéressants :

Disclaimer : Je ne possède rien... Enfin, pas le monde, pas le nom des personnages, et les 2/3 d'entres eux existent déjà dans la saga. Donc, oui, je ne suis pas richissime, et je n'ai pas une inspiration si sublime ! Dommage !

Résumé : Victoire Lupin, la quarantaine, voit sa fille partir vivre sa vie. Et ce jour là, elle met la main sur un petit carnet qui, visiblement, n'a rien à faire là. Un petit carnet qu'elle va chercher à déchiffrer, et à comprendre, et qui va lui permettre de prendre un nouveau départ dans sa vie alors qu'elle découvre laborieusement la vie et la personne de Minerva McGonagall. Retrouver un rôle de femme en découvrant la vie d'une autre femme. Quête et découverte de soi, ce récit est le parcours de deux histoires qui s'entremêlent à plus de 40 ans d'intervalle.

Je vous souhaite une très bonne lecture ! S'il vous plait, reviewez, et donnez-moi vos avis, les auteurs ici savent à quel point ça fait plaisir, et ça aide... les lecteurs le devinent ! Merci d'avance !

Très bonne lecture à vous,

Bergère.

Prologue.

Les yeux dans le vague, regardant au loin par la fenêtre, elle faisait tourner d'un geste machinal sa baguette, nettoyant une assiette qui tournait sur elle-même. Etouffé mais perceptible, le son d'une radio poussée à fond dans la chambre de sa fille lui parvenait, et elle fredonnait des paroles stupides qu'elle n'avait jamais pensé connaître. Sa fille, sa petite fille, s'en allait aujourd'hui, s'installer ailleurs, seule. Vingt ans, après tout, c'était l'âge.

Un gros bruit, quelque chose comme la chute d'un objet pondéreux, suivit d'un juron, se fit entendre, couvrant la musique. Elle secoua la tête, cessa le mouvement circulaire de sa baguette, jeta un rapide sort pour nettoyer le plan de travail et ranger les couverts lavés…

« - Michelle, ça va ? lança-t-elle tout en se dirigeant vers l'origine des bruits.

- Quoi ? répliqua sa fille qui n'avait rien entendu, à cause de la musique sans doute.

- Je demande si ça va, insista-t-elle alors qu'elle arrivait sur le pas de la porte de la chambre.

- Oui, oui, je suis prête à y aller, répondit la concernée, faisant le tour de sa chambre du regard, comme à la recherche de quelque chose d'oublié. »

Vingt ans que cette chambre ressemblait à un dépotoir de jeux, puis de livres, puis de quelconques vêtements, entassés également sur le sol et les meubles… Le contraste était sensible. Au centre de la pièce, deux valises de taille raisonnable, ou tout le barda de sa fille avait été entassé – sans doute dans un désordre infâme, mais elle n'irait pas y regarder. Plus rien, apparemment, seulement les meubles vierges. La chambre était maintenant impersonnelle, elle n'y viendrait plus qu'en vacances, pour rendre visite à ses vieux parents.

« - C'était quoi ce boucan tout à l'heure ? interrogea-t-elle tout de même.

- Oh, rien, ça…, répondit Michelle en ouvrant d'un coup de baguette son placard.

- C'est quoi ce tas ?

- Ah non, tu ne vas pas t'énerver parce que je te laisse deux-trois trucs non plus ? C'est des trucs qui n'ont rien à voir avec moi, qui ont dû se retrouver là par hasard. Franchement, j'ai l'air d'avoir eu ça ? fit-elle en se saisissant d'un vieux carnet, abimé, un peu décousu. »

Elle ne répondit pas : inutile. Elle jetterait un œil à tout cela plus tard… rien de ce qu'elle voyait d'où elle était ne lui disait quoique ce soit. Tandis que celle-ci soulevait ses sacs, regardait une fois encore en arrière, elle observa sa fille à la dérobée : les cheveux longs, multicolores – visiblement, elle avait décidé de tirer le meilleur du mélange d'un peu de sang de Vélane et d'un métamorphomage, en termes d'innovations capillaires, – trois boucles d'oreilles sur le côté droit, les yeux très maquillés de sombre. Mais habillée avec une certaine simplicité : toute l'ambigüité, tout le paradoxe de la jeunesse, dans cette silhouette féminine entre la révolte et la normalité.

« - Tu regardes quoi ?

- Toi, rit-elle doucement.

- J'ai un truc sur le nez ? interrogea la jeune fille, sur la défensive.

- Non, j'observe ma petite fille qui a grandis…

- Maman, grogna l'autre, franchement. J'vais pas à l'autre bout du monde, continua-t-elle en s'approchant de la cheminée.

- Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'accompagne ?

- Non maman.

- Et tu ne veux pas attendre ton père ?

- Je lui ai dit au revoir hier soir, c'est bon, ça va !

- Comme tu veux, acquiesça-t-elle à contrecœur. Prends soin de toi mon cœur, donne-moi des nouvelles.

- Oui maman, s'impatienta la jeune fille, qui se saisissait déjà d'une poignée de poudre.

- Michelle ?

- Quoi encore ?

- Je t'aime ma fille. »

Grognant quelques mots inintelligibles, elle finit par entrer dans la cheminée, et disparut dans un nuage de fumée verte. Voilà, sa petite fille était partie, sa fille unique. Elle regarda l'heure, tout de suite, par automatisme : Teddy ne rentrait que d'ici 2 heures, il fallait qu'elle trouve quelque chose à faire, sans quoi elle se rendrait folle. Lire était hors de question, elle n'avait aucune envie de dessiner, elle avait rangé la maison, elle avait lavé le parquet. Être femme au foyer allait entre encore plus triste, maintenant que Michelle était partie vivre ailleurs : elle ne regrettait pas son choix, mais, bientôt, elle sentait que ce serait pesant… Elle revint dans la chambre de sa fille, alluma le poste radio, et s'assit sur le lit défait. Après tout, pourquoi pas ? La musique n'était plus de son âge, mais personne n'était là pour la voir danser sur des chaînes de radio pour adolescents.

Elle se leva, fit un semi pas-de-deux. Décidément, elle n'était plus aussi souple et légère qu'autrefois, le temps n'était vraiment pas de son côté. Elle continua néanmoins, seulement plus doucement, à onduler, à chantonner, s'approchant du placard qui était resté ouvert. Dans un mouvement qui aurait pu être de la superstition, elle posa sur le côté le petit carnet que sa fille lui avait montré, et commença à trier le reste. Quelques calendriers qui dataient de la naissance de sa fille et de ses premières années, qu'il aurait fallu jeter et qu'elle allait garder dans un mouvement de nostalgie. Une grosse boîte, et dedans des coquillages. En se concentrant, elle parvint à en retrouver la genèse : c'était des coquillages qu'elles avaient ramassés, toutes les deux, sur la plage à Saint-Malo. Il n'avait pas l'air d'avoir vieilli, elle en saisit un, le tourna dans ses doigts, et observa une légère coulée de sable s'en détacher, se déposer sur ceux qui étaient restés dans la boîte. Serrant le poing, elle appuya, jusqu'à imprimer les nervures de cette coquille sur la paume de sa main ; alors elle le relâcha, et le laissa retomber avec les autres.

Autre chose, vite. Rapidement, elle écarta la boîte, comme si elle la brûlait, et attrapa le tas de feuilles en dessous. Des esquisses, il lui fallut un instant à peine pour reconnaître qu'elles étaient de sa main. La première était une silhouette, seule, occupant tout la page. Elle s'assit, se laissa presque tomber. Certains de ces dessins dataient de ses 15 ans, peut être un peu plus. Ca, c'était les traits d'une figure mystique de son imaginaire artistique adolescent. Celle de l'époque où elle avait une ambition artistique, celle où elle croyait à l'exaltation romanesque de quelques traits jetés sur le papier. Comme cela était loin. Elle eut un sourire indulgent pour la jeune fille qu'elle avait été, et feuilleta les autres. Le dernier lui fit soulever le coin des lèvres en un presque rire sans qu'elle n'y puisse rien changer. C'était Teddy, lorsqu'ils avaient 23 ans, juste après leur mariage. Il avait ce sourire, ces yeux pétillants. Après un moment d'hésitation, elle déposa ce dessin-là sur le côté, et se relevant alla reposer les autres dans le placard. Elle remit tout en tas, parfaitement, comme si elle n'avait touché à rien.

Restait ce carnet. Elle en avait comme une sorte de pudeur, il ne lui disait vraiment rien. Alors, pour finir, elle l'attrapa brusquement, se pencha pour récupérer le dessin, éteignit la musique, et d'un pas sec sortit de la pièce, fermant la porte derrière elle comme pour sceller cette chambre qui n'avait plus vraiment d'âme.

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Elle avait résisté, fait un tour du jardin, choisit ce qu'elle ferait à manger pour ce soir, mais la curiosité avait pris le dessus. Quel mal à cela, c'était chez elle, après tout. Elle s'assit à la table de la salle à manger, avec une tasse de thé, attacha ses cheveux encore blonds, et posa le carnet bien en face d'elle. La première gorgée était toujours trop chaude, et ça ne manqua pas, elle se brûla légèrement la langue qui en devint pâteuse ; puis elle tourna la couverture, la page blanche du début. Pas d'ouverture, ou de titre, seulement une entrée en matière immédiate, directe.

« Hermione,

Vous avez bien raison, il faut que j'exorcise tout cela, je veux mettre les choses au clair. Il en est besoin, ce digne homme le mérite. Mais je ne saurais mettre en forme, je vous laisserai mettre la touche finale à l'ébauche que je vais travailler ici. »

Puis, sur la page, plus rien. Elle relut le paragraphe, deux fois de suite, encore, comme pour en extraire quelque chose. Hermione, ce devait être celle qu'elle connaissait, cela expliquerait la présence de ce carnet ici. Mais qui écrivait ? Elle tourna la page, seuls ces mots y étaient inscrits : « Réhabiliter Severus Rogue. » Comme un titre, mais écrit en plein milieu de la page, d'une écriture serrée, une encre émeraude. Et en face, une liste de points qu'elle ne lut pas tout de suite. Elle revint en arrière : elle n'avait pas rêvé, l'encre n'y était pas verte, mais noire. Elle feuilleta les pages à toutes vitesses. Il y avait de toutes les couleurs d'encre, ou presque. Beaucoup de vert, pourtant.

Pas de réponse quant à l'auteur. Elle se remit à parcourir les pages, un peu plus doucement, mais s'interdisant de lire vraiment. Les noms Hermione, Severus Rogue, puis juste Severus, y apparaissaient de temps à autres. Souvent, même. Elle entraperçut le mot amour, et sur une page le mot regrets, plusieurs fois. Pas de nom d'auteur. Enfin, les dix dernières pages étaient vierges. Pas de nom tout à la fin, elle revint en arrière, les derniers mots étaient : « Ce que la guerre fait, la guerre le défait en un instant. »

Elle fronça les sourcils, que cela voulait-il dire ? Comme un frisson lui parcourait le cou, un secret derrière ces mots, un monde dans le monde. Elle le sentait, elle n'avait pas ressenti ça depuis si longtemps ! Elle ferma le livre, regarda la 4ème de couverture. Rien n'y était inscrit, bien entendu, c'aurait été trop facile. Alors elle le rouvrit au tout début et découvrit, tout en haut, dans un coin de la face intérieure de la couverture, des initiales. M. M. Ses doigts se promenèrent sur ses lettres, et sur le papier doux quoiqu'un peu vieilli, abimé. Elle avait envie de lire, le secret palpitait sous ses doigts ; plus que de lire, elle voulait savoir. Qui avait écrit cela ? Peut être que ces initiales parleraient à Teddy, après tout, il connaissait Hermione mieux qu'elle. Mais ses doigts ne voulaient pas quitter le papier. Alors elle se força à se redresser, but une longue gorgée de thé, ferma le carnet, fini sa tasse, se leva, et alla ranger le carnet, dans son armoires, dans le tiroir qui contenait ses sous-vêtements. Comme un secret, un journal intime qu'elle aurait écrit elle-même et que personne ne devait lire.

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Un grand homme, les cheveux d'un bleu grisonnant, arborant un sourire sincèrement gentil mais un regard préoccupé, ouvrit la porte d'entrée de la maison. Teddy était donc rentré… Je vais pouvoir lui demander ! fut sa première pensée. Continuant à couver d'un œil la casserole, elle se morigéna de cet enthousiasme stupide : y avait-il vraiment de quoi s'exciter ainsi, franchement, pour un vieux carnet sans intérêt ? Sans doute pas. Pourtant, l'intensité de la lecture, de la curiosité, ne la quittait pas. Ce besoin de savoir, de comprendre, de percer à jour. Et l'intime conviction, sans preuve ni vrai indice, qu'il y avait là-dedans une vérité du monde, de la vie. Elle se retourna, posa ses lèvres sur celle de son époux, épousseta son tablier, jeta un œil vers la casserole, sourit.

« - Alors, cette journée ?

- Très bonne, épuisante. Dawson était irrascible, je crois que sa femme est sur le point de le quitter, alors tout ressort sur les subalternes…

- Cho ? c'est pourtant une femme qui a l'air raisonnable. A leur âge, franchement !

- Tu sais, tout le monde n'est pas aussi heureux en ménage que nous, répondit-il avec un vrai sourire, mais comme un peu circonstancié. »

Il s'assit, la table mise, le plat prêt, comme tous les jours depuis des années. Cela semblait lui convenir, ou peut être était-il trop fatigué par son travail pour penser que sa vie familiale était monotone. D'ailleurs, c'était n'importe quoi, c'était très bien comme vie ! Vraiment, ce bout de papier lui avait tourné la tête. Ils s'assirent, face à face, chacun mangeant, dans le silence. La question lui picotait la langue, à mesure que le repas avançait, que personne ne disait rien. Après, tout, pourquoi pas…

« - Dis-moi, ça te dit quelque chose M. M. Les initiales, je veux dire ?

- M. M… pourquoi ?

- Rien, je… Quelqu'un qui aurait connu Hermione, et Severus Rogue aussi je crois.

- Hum, à part Minerva McGonagall je ne vois pas… elle est morte depuis un paquet d'année pourtant, alors si un courrier que tu as reçu, ça ne peut pas être ça !

- Oh si, si, c'est sans doute ça, répondit-elle précipitamment comme pour effacer sa question, mais poursuivant tout de même. Tu l'as connue ?

- A peine… De réputation, un peu. Une grande femme apparemment, droite dans ses bottes, qui a pas mal agi pendant la guerre. Une enseignante hors-pair aussi d'après Hermione. Mais à part ça… Si vraiment elle t'intéresse, il faut que tu lui demandes à elle, parce que je ne sais pas grand-chose. »

Et, éludant ainsi la question, il retourna à son assiette, la laissant très pensive. Elle avait un nom, maintenant. Un nom, oui, qu'elle avait déjà entendu mais avec tellement de distance… il n'avait plus rien à voir avec ce que c'était maintenant. Soudain, Minerva McGonagall, cela acquérait une dimension symbolique, presque mystique, sacrée. Qu'est-ce qui se cachait derrière ce nom, et ce cahier ? Elle se sentit sourire, résolue, heureuse, pour rien. Oh, oui, elle saurait : elle n'irait pas voir Hermione, la sexagénaire lui avait toujours semblé un peu lointaine, même si elle la connaissait bien sûr, c'était une tante parmi la multitude des tantes. A son âge, ça n'avait rien à voir, mais tout de même… elle préférait aller faire le tour des bibliothèques. Là, il y aurait quelque chose, pour sûr. Là, elle en apprendrait suffisamment pour lire le carnet, le déchiffrer, le comprendre. Elle s'était trouvé quelque chose à faire, quelque chose de tangible et de véritable. Comme le début d'une nouvelle vie, mais elle ne le savait pas encore…