The Interrogator

L'Interrogateur

Par Reiko Katsura.


Partie : 03


Précédemment …

-« Dis moi, » commença Harry contre le sexe de Scorpius, le faisant déglutir difficilement, « où est Drago Malefoy. »


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Une des mains d'Harry toujours sur son sexe, l'autre le caressant plus bas, Scorpius se figea.

Pourquoi n'avait-il pas vu ça venir ? Comment avait-il pu se laisser avoir ? Etait-il si faible - si désespéré - qu'il aurait fait n'importe quoi pour jouir, y compris dénoncer les agissements de son père ?

Scorpius se mordit la lèvre, presque assez fort pour la faire saigner, et prit une inspiration tremblante.

Harry avait été si près d'obtenir ce qu'il voulait de lui, et ça ne lui avait même pas pris plus de quelques heures. Il n'avait pas cette impression, pourtant. Si on lui avait demandé, il aurait dit qu'il était dans cette pièce aux allures de cellule depuis des jours. Son interrogateur l'avait-il ensorcelé pour lui faire croire, ou était-ce l'esprit de Scorpius qui faiblissait ?

Harry remarqua la réticence du jeune homme et plissa les yeux.

-« Je suppose qu'il était trop tôt pour commencer l'interrogatoire. » murmura-t-il, ne relâchant pas son attention pour le membre du blond. « C'est ta faute, pour m'avoir excité. Mais tu vas payer pour ça aussi. »

Scorpius trembla convulsivement, comprenant le sens de ses paroles. Merlin, non. Il ne pourrait pas supporter plus de ses 'punitions'. Il ne pouvait vraiment pas - que ce soit physiquement ou mentalement. Ca faisait à peine quelques heures que ça avait commencé et il avait déjà l'impression qu'il allait craquer au moindre mouvement.

-« Je ne pense pas que tu en apprends assez. On dirait que ce que je fais ne suffit pas. Qu'en penses-tu ? »

Scorpius ouvrit la bouche pour lui dire exactement ce qu'il en pensait, mais la main d'Harry se plaqua contre ses lèvres, et il rit.

-« Peu importe. Je ne sais même pas pourquoi je t'ai posé la question, à toi. Je devrais te montrer, plutôt. »

Il n'avait pas besoin qu'on lui dise ce qui allait se passer. Le jeune homme se mordit la lèvre un peu plus fort et se prépara pour le sort à venir. Un Aphrosias fut prononcé et il faillit hurler lorsqu'une vague de chaleur se répandit sur lui, le touchant de partout, le mettant au supplice.

Mains et langues glissaient sur tout son corps. Elles passaient partout, n'oubliant pas une seule parcelle de sa peau. Ses tétons étaient pincés, son sexe sucé, ses testicules léchés, ses fesses pressées. De chaudes mains caressaient ses bras et l'intérieur de ses cuisses, griffant son dos. Des lèvres suçaient sa nuque, sa gorge, ses clavicules, exploraient son nombril des doigts chauds et mouillés titillaient son intimité …

C'était trop.

Scorpius s'étrangla, mais ce n'était plus seulement à cause du plaisir qui le torturait. Ses poumons brûlaient littéralement. Il eut la sensation familière de les sentir se comprimer de l'intérieur, et il s'étouffa du brusque manque d'air. Des larmes se mirent à briller dans ses yeux avant qu'il ne les ferme, sanglotant et suppliant Harry d'arrêter, parce qu'il ne pouvait plus respirer, et que si l'enchantement continuait il allait mourir-

Les mots refusèrent de sortir cependant, et il pouvait à peine former une phrase cohérente du fait des sensations qui l'accablaient. Harry du se rendre compte que quelque chose n'allait pas pourtant, car il stoppa le sort une minute ou deux plus tard, penchant la tête vers lui.

-« Un peu trop ? » demanda-t-il, l'air curieux, alors que Scorpius continuait à haleter difficilement sur le lit.

Le blond acquiesça, fit non de la tête, et acquiesça à nouveau. Il ne pouvait pas respirer !

Harry sembla comprendre rapidement, se précipitant à son chevet, le regardant avec inquiétude.

-« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il brusquement.

Scorpius ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Des larmes de panique finirent par couler sur ses joues alors qu'il essayait encore d'inspirer.

-« Merde, » grogna le brun, passant une main dans ses cheveux. « C'est franchement pas le moment de me faire une attaque et de me rester dans les mains, gamin. Qu'est-ce que le Ministre penserait ? »

Il ricana pendant quelques secondes avant de reprendre son sérieux.

Soupirant, Harry se frotta la nuque et lui annonça, « Bon … j'vais chercher les médicomages … Reste là et sois gentil, ne crève pas, veux-tu ? »

Si Scorpius avait pu parler, il lui aurait, très sincèrement, dit d'aller se faire foutre.

Haletant toujours avec difficulté, les yeux mouillés, il regarda Harry se diriger lentement vers une porte d'un rouge sombre au fond de la cellule, pour s'arrêter à mi-chemin. Il se retourna, l'air pensif.

-« Ah oui. Quand je pense que j'ai failli oublier. » dit-il en le visant de sa baguette. Malgré sa condition actuelle, le jeune homme eut encore le réflexe de sursauter. Il se détendit lorsque ses vêtements ré apparurent sur son corps, mais se rendit compte qu'avec sa température déjà élevée, c'était pire.

-« Et juste pour que tu saches, les médicomages se contrefichent de ce qui se passe dans ma salle d'interrogatoire. Gaspille pas ta salive, Scorp. Tu ne sortiras pas de là sans avoir parlé. »

Harry rajouta quelque chose si doucement qu'il ne l'entendit pas, ouvrit la porte, le regarda une dernière fois et disparut.

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Harry passa la porte qui menait à l'infirmerie en grimaçant. Putain, ça faisait mal de marcher avec une érection. Heureusement, il put cacher son petit problème grâce à ses robes. Il imaginait déjà la tête des médicomages ou des autres interrogateurs, autrement.

Il passa une seconde porte, entrant dans une pièce lumineuse, et plissa les yeux derrière ses lunettes.

Il s'arrêta devant un bureau, où était assise une sorcière qui portait une blouse de médicomage.

-« Hey. » la salua-t-il, avec le sourire.

La femme le regarda d'un air complètement ennuyé et soupira, « Oui, Monsieur Potter ? »

Souriant toujours, Harry déclara, « Il semblerait que mon prisonnier ait des problèmes respiratoires. Ca serait bien que quelqu'un l'ausculte. »

La médicomage lui adressa un regard noir. Bien qu'ils travaillent dans l'aile des interrogateurs, où les coups étaient plus ou moins inévitables, ils n'approuvaient pas la violence - physique ou mentale - que subissait les prisonniers. Ce n'était que la seconde fois qu'Harry faisait appel aux médicomages. La première fois, il avait sondé un ex-Mangemort, Gregeth Morgory, avec un bout de sa propre baguette. L'homme avait fait une crise de panique.

-« Problèmes respiratoires ? » demanda-t-elle, sévèrement.

Harry acquiesça, l'air innocent.

-« Ouais. J'sais pas c'qui s'est passé. Je lui parlais, puis d'un coup il s'est mis à respirer aussi fort qu'un Détraqueur dans une pièce remplie de condamnés. »

La médicomage lui offrit un regard qui exprimait clairement qu'elle ne trouvait pas ça drôle. Il lui sourit à nouveau.

Soupirant, la femme tapa trois fois sa baguette sur son bureau. A peine quelques secondes plus tard, une autre médicomage déboula dans la pièce.

-« Quelle salle ? » demanda-t-elle rapidement.

-« Celle de Potter. » répondit l'autre.

-« Suivez-moi, Monsieur Potter ! » s'exclama-t-elle, et Harry la suivit, rebroussant chemin.

Lorsqu'ils atteignirent finalement la porte menant à la salle d'interrogatoire, il la doubla pour murmurer le mot de passe. Elle se déverrouilla et il l'ouvrit. La médicomage ne le regarda même pas, passant devant lui et se précipitant vers le lit. Harry s'approcha plus lentement et se plaça derrière elle.

-« Oh mon Dieu ! » s'écria-t-elle, levant sa baguette et lançant toutes sortes de sorts. Celle-ci bipa, le bout se mettant à briller de couleur bleue. Elle hoqueta à nouveau. « Il fait une crise d'asthme, Monsieur Potter ! Quand est-ce que ça a commencé ? »

Harry la regarda d'un air inquiet.

-« Il y a quatre ou cinq minutes. Je suis venu dès que j'ai remarqué que quelque chose n'allait pas. »

La médicomage acquiesça.

-« Bien. Restez avec lui Monsieur Potter. Je reviens tout de suite. Il doit prendre quelques potions ! »

Il accepta d'un signe de tête et la vit faire demi-tour en courant. Il avait laissé la porte ouverte exprès, au cas où.

Harry profita de son absence pour regarder Scorpius.

En effet, il avait l'air de faire une crise d'asthme. Sa peau était pâle - plus que lorsqu'il l'avait vu pour la première fois. Ses cheveux, humides de sueur, collaient à son front. Sa respiration était erratique et sifflante, comme s'il devait se forcer pour faire entrer de l'air dans ses poumons.

Le nez d'Harry se retroussa. Scorpius Malefoy n'était pas franchement attirant à cet instant précis.

La médicomage revint en un temps record, tenant deux fioles. Dès qu'elle atteignit l'interrogateur, elle lui colla la bleue dans les mains.

-« Tenez ça. » lui dit-elle alors qu'elle débouchait déjà la rouge.

Le blond se redressa un peu et bu entièrement la fiole, lorsqu'elle posa le goulot contre ses lèvres. Sa respiration se fit immédiatement moins laborieuse et il sembla se détendre. La médicomage essuya un filet de potion qui avait coulé sur sa joue et sourit d'un air satisfait.

-« La bleue maintenant. »

Harry la lui tendit, et elle lui arracha pratiquement des mains.

-« Monsieur, buvez celle-ci aussi. »

Scorpius acquiesça, et se redressa à nouveau, avec difficulté. Elle fit sauter le bouchon et la lui administra aussi vite que la première.

Avant même qu'elle ne se soit relevée, la couleur qui avait disparut du visage du blond était revenue, et il inspira avec soulagement.

La médicomage lui sourit.

-« Bon garçon. » dit-elle doucement, appliquant une caresse à ses cheveux.

Harry eut envie de lever les yeux au ciel. Ledit garçon aurait pu avoir tué des centaines de Moldus, ça n'aurait pas empêché les médicomages de le traiter comme n'importe quel patient. Il ne comprenait pas leurs lois.

Le sourire de la sorcière s'effaça et elle pinça les lèvres en se tournant vers Harry.

-« Monsieur Potter, si vous vous souciez un tant soit peu de la santé de ce jeune homme, je vous conseillerai de reporter l'interrogatoire à demain. Un peu plus de stress et il pourrait se retrouver en état de choc ! »

Le brun secoua la tête.

-« Bien sûr ! »

La médicomage lui offrit un léger sourire, caressa les cheveux blonds une nouvelle fois et quitta la pièce. Harry la suivit et siffla le mot de passe dès que la porte fut fermée, la verrouillant sans problèmes. Lorsqu'il fit volte-face, il trouva Scorpius en train de le fixer d'un air méfiant, redressé sur ses coudes.

L'interrogateur haussa un sourcil.

-« On dirait que tu as quelque chose à me reprocher. » déclara-t-il sur le même ton qu'il emploierait pour parler à Hermione.

Le jeune homme lui fit un petit sourire méprisant.

Harry éclata de rire.

-« Tu ne me fais pas confiance, n'est-ce pas ? Oh, comme c'est vilain. J'ai dit à la médicomage que je te laisserai tranquille pendant un moment. Je suis un homme de parole, tu sais. »

Il s'approcha lentement, Scorpius suivant tous ses mouvements.

Malgré les potions, il avait toujours l'air malade. Ca ne l'avait jamais ravi de regarder quelqu'un vomir.

-« Ne t'inquiète pas, Scorp. Je ne vais pas t'embêter. » Il s'arrêta, l'air pensif, et se reprit. « Pour le moment. »

Sur ces mots, il tourna les talons et se dirigea vers la seconde porte - d'un vert foncé, cette fois-ci. Comme auparavant, il siffla quelque chose, faisant craquer le bois et l'ouvrit plus grand avec douceur. Harry ne se retourna même pas avant de disparaître derrière le montant de bois, le claquant brusquement derrière lui.

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A peine la porte s'était-elle refermée qu'un grand sourire illuminait le visage d'Harry.

Alors comme ça, Scorpius Malefoy était asthmatique. Pire, il avait tendance à faire des crises. Parfait. On n'aurait pas pu lui offrir un plus joli cadeau. Involontairement, le jeune blond venait juste de lui tendre la perche qui lui permettrait d'attraper son père.

Harry avait déjà pensé envoyer une lettre à Drago Malefoy, lui apprenant qu'il détenait son fils et qu'il était prêt à négocier, mais il y avait trop de failles dans cet envoi. Le simple fait de le retenir prisonnier attirerait Drago, mais … pas tout de suite. Il aurait probablement mis au point un plan pour récupérer son fils, et Harry aurait vraiment du se creuser la cervelle pour trouver un moment de les garder tous les deux. Cependant, maintenant qu'il connaissait la maladie de Scorpius … Il sourit. Il n'aurait qu'à écrire : « Drago, j'ai ton fils qui, soit dit en passant, est en plein milieu d'une crise d'asthme. Dépêche-toi de venir, d'accord ? Affectueusement, Harry Potter. »

Il ricana. C'était juste brillant.

Il n'avait pas eu Scorpius bien longtemps, et n'en avait pas beaucoup profité, mais il s'était bien amusé. Avoir Drago Malefoy sur ce lit, en revanche …

Harry se lécha les lèvres, tandis que son sexe, déjà dur, frémissait presque douloureusement.

-« Papier. Plume. » dit-il à haute voix, avant de littéralement se jeter dans sa chambre. Il avait une lettre à écrire.

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Drago Malefoy faisait les cent pas dans la grande salle à manger, ses traits habituellement délicats déformés par l'inquiétude.

-« Deux jours, » déclara-t-il à haute voix, une pointe d'hystérie dans la voix, « ça fait deux jours, et il n'est pas revenu. On l'a attrapé. Merlin, Scorp a été attrapé. »

Il arrêta de marcher et posa ses mains sur son visage.

-« On l'a attrapé. » croassa-t-il.

Les membres de la maison, tous assis à table, avaient l'air tous aussi angoissés.

-« On en est pas sûrs. » répondit Blaise Zabini, tentant de le rassurer. Mais même lui n'avait pas l'air convaincu par ses propos.

-« Alors où est-il ? » répliqua sèchement Drago.

Blaise ne répondit pas - primo parce qu'il ne voulait pas faire face à sa fureur, et secundo parce qu'il n'avait pas de réponse à donner à son ami. Ca faisait trop longtemps, et Scorpius savait trouver son chemin dans l'Allée des Embrumes - son retard ne pouvait être expliqué que par une altercation avec les Aurors ou une blessure. Blaise ne pensait pas qu'il ait pu se blesser, cependant. Scorpius était un garçon solide il se débrouillait bien en duel contre lui ou Théo - mais contre des Aurors … là c'était une autre histoire.

-« Calme-toi, Drago. » dit doucement Théo. Le blond se tourna vers lui d'un air menaçant. « Sinon, tu ne seras pas capable de penser de façon rationnelle. »

Drago ouvrit la bouche, prêt à contredire son ami, mais Millicent s'interposa rapidement.

-« Il a raison, tu ne feras rien de rationnel, si tu ne te calmes pas, en fait. »

Il tourna son attention vers elle, entrouvrit à nouveau les lèvres, mais les referma aussi vite, avant de soupirer.

-« C'est mon fils. » dit-il lentement, comme si cela expliquait toutes ses peines - et c'était le cas, d'après lui.

-« Merlin, qu'est-ce que je vais faire ? » Sa voix tremblait, et ses yeux étaient rougis. « Ils vont le jeter à Azkaban. Ce n'est qu'un garçon ! »

Il y eut un long moment de silence tendu avant que Greg ne le brise.

-« Qu'est-ce qu'on va faire ? »

Théo fronça les sourcils.

-« Quoi ? »

-« Où va-t-on aller ? Si Scorpius a été capturé, ils ne vont pas se contenter de l'arrêter et de l'emprisonner. Ils vont le faire passer entre les mains des interrogateurs avant ça. »

Tout le monde sembla se crisper à cette soudaine révélation.

-« Merde. » souffla Daphné.

-« Qu'est-ce qu'on va faire ? » grogna Millie.

Drago lança à tous un regard noir.

-« Mon fils … mon fils s'est fait attrapé, est certainement enfermé dans une cellule glaciale à Azkaban et vous avez peur de vous faire choper ? »

-« Bien sûr ! » s'exclama Millie, « Tu n'es pas le seul à t'inquiéter pour tes enfants, Drago ! »

Il serra les dents et fit volte-face lorsque leurs regards se firent trop pesants. Scorpius avait disparu - il faillit laisser échapper un sanglot à cette pensée - et ils faisaient déjà comme s'ils ne pouvaient plus rien faire. Ce n'était qu'une faille dans leur plan.

Il ne put se retenir plus longtemps. Tout ça, c'était trop : la panique, le désespoir, la souffrance. Drago ouvrit la bouche et hurla. Le cri le déchira de l'intérieur, résonnant comme celui d'une banshee. Il se rendit à peine compte que la maison tremblait. Les couverts sur la table s'écrasèrent au sol, les assiettes et tasses s'y brisant, de la poussière tomba du plafond sous la force de sa colère.

Il entendit vaguement quelqu'un crier son nom, lui demander de se calmer, lui disant que sa magie - turbulente, instable et ingérable, comme elle l'était depuis la fin de la guerre (depuis qu'Harry Potter avait volé sa baguette en réalité) - allait détruire le manoir. Comment pouvait-il se calmer alors que son fils avait disparu ?

C'était entièrement sa faute. Scorpius l'avait supplié de ne pas y aller, lui avait dit qu'il avait un mauvais pressentiment. Il s'était laissé convaincre, et il l'avait perdu.

Dès qu'il arrêta de crier, sa magie cessa de tourmenter la maison. Il se tenait au milieu de la salle à manger, les jambes écartées, les bras pendants, haletant. Scorpius avait disparu. La seule chose qui l'avait empêché de devenir fou, toutes ces années. La seule personne qui l'aimait plus que tout. Il était sa seule famille, son fils unique.

Si se faire attraper par les Aurors voulait dire être avec lui, même à Azkaban - ainsi soit-il. Il les accueillerait à bras ouverts, s'il le devait.

-« Drago ? » demanda Blaise, hésitant.

Le blond l'ignora.

Que les Aurors viennent, décida-t-il. Si lui et son fils devaient pourrir en prison, pourquoi pas les autres ?

Il ferma les yeux et soupira. Non, il ne pouvait pas faire ça. Pas à ceux qui étaient devenus ses compagnons au fil des nombreuses années qu'ils avaient passées dans cette maison. Il ne pouvait pas faire ça aux jumeaux, qui n'avaient pas plus de dix ans, et il ne pouvait certainement pas faire ça à Blaise, son meilleur ami.

Il sauverait son fils lui-même. Par sauver, il entendait se présenter au Ministère et marchander sa liberté. Il serait arrêté et aurait probablement un procès - Drago renifla. De qui se moquait-il ? Un procès ? La seule raison pour laquelle lui et ses camarades avaient décidé de fuir après la mort du Lord était justement parce qu'ils savaient que le Magenmagot ne faisaient pas de procès. Il suffisait de voir ce qui était arrivé à Vincent Crabbe - il n'avait jamais tué, ni torturé personne. Mais puisqu'il avait cette saloperie de tatouage sur le bras, celle-là même qui refusait de partir même après la mort de son créateur, ils l'avaient arrêté pour complicité. Crabbe s'était suicidé un mois seulement après son arrivée à Azkaban.

N'étant plus abonnés à la Gazette du Sorcier, ils ne pouvaient pas mettre la main dessus sans quitter le manoir et ses protections, et devaient voler ses numéros aux alentours. En l'occurrence, un petit cottage à cinq cent mètres de là. Drago et les autres ne sauraient pas quoi faire sans cette famille de sorciers. C'était leur seul lien avec le monde extérieur, ce qui les tenait au courant de ce qui se passait dans la Communauté Magique. Sans ça, ils n'auraient jamais su que Pansy Parkinson avait été attrapée par les Aurors et jetée à Azkaban, où les Détraqueurs continuaient de patrouiller. Ils n'auraient jamais su qu'elle y était morte seulement trois mois plus tard.

Triste histoire, en effet.

Drago soupira à nouveau. Sa décision était prise. Il débarquerait au Ministère, exigerait un procès et la liberté de son fils - après tout, tout ce que Scorpius avait fait de mal, c'était d'être né un Malefoy ? Et avoir vécu dans une maison pleine d'ex-Mangemorts, certes. Merde. De toute manière, ils l'enverraient à Azkaban sans prendre la peine de remarquer qu'il n'était même pas né pendant la guerre, juste à cause de son nom.

Au moins - Drago ferma les yeux et inspira un grand coup - il ne serait pas envoyé là-bas tout seul. C'était mieux que rien. Il avait toujours craint d'être attrapé et jeté dans cette prison, c'est pourquoi il s'était caché toutes ces années.

Mais quel était le but de sa vie - s'il pouvait appeler ça une vie - sans Scorp ?

-« Drago ? » tenta Blaise, une nouvelle fois, mais le blond secoua la tête et le fit taire d'une main levée.

-« Je vais le chercher. » dit-il, et se tendit en entendant la cacophonie qui en résulta.

-« T'es fou ? » demanda Théo. « On t'enverra à Azkaban, avec ou sans procès ! C'est une mission suicide, Drago. Scorpius ne voudrait pas que tu fasses ça ! »

Le blond se tourna vers lui, le regard noir.

-« C'est mon fils, Nott, » déclara-t-il, utilisant sciemment son nom de famille, « J'en ai rien à foutre. S'ils veulent m'envoyer à Azkaban, » il haussa les épaules, comme si ça n'avait pas d'importance, « très bien. Mais je ne les laisserai pas jeter Scorpius dans cet endroit. Il n'a rien fait de mal. »

-« Mais, Dray, » dit doucement Daphné, « et si ça ne fonctionne pas ? S'ils l'envoient là-bas quand même ? »

Sa mâchoire se crispa.

-« Alors je ferai de mon mieux pour qu'il reste sain d'esprit. »

Quelqu'un inspira d'un coup Drago sut que c'était Millie.

-« Il y a un passage souterrain dans les cachots qui mène au manoir Malefoy, en France - Blaise sait où il est. Prenez tout ce que vous pouvez emmener avec vous. Il y a de l'argent dans le coffre derrière le portrait de ma mère tu sais aussi comment l'ouvrir, Blaise. Prenez-en. Mais pas tout. Quand vous arriverez à la moitié du souterrain vous trouverez une paire d'anneaux. Ce sont des Portoloins reliés au manoir. Mais ils ne fonctionnent que dans un sens, alors n'oubliez rien. »

Il agrippa une mèche de cheveux sur sa tempe et tira. Il grimaça lorsqu'elle s'arracha.

-« Tiens. » dit-il, en la tendant à Blaise, qui la prit avec hésitation. « Vous en aurez besoin pour pénétrer le manoir. Les anneaux vous amèneront directement à l'intérieur. Dès que vous y serez, je le saurai. Je déplacerai les protections de ce manoir à l'autre. Blaise, » dit-il à nouveau. L'homme leva ses yeux d'un bleu cristallin vers lui, « quand j'aurai fini, tu deviendras le gardien du secret, comme tu l'étais déjà. Je ne pourrais pas dire où vous êtes, puisque je ne suis moi-même pas sûr de l'emplacement du manoir. »

Drago les observa tous intensément.

-« Compris ? »

-« Putain, Dray ! » s'exclama Greg, l'air furieux, le visage rouge.

Le blond lui sourit avec lassitude.

-« Comme tu dis, oui. »

-« Tu n'es pas obligé de faire ça. » murmura Théo. « Scorpius ne voudrait pas ça. Il ne voudrait pas que tu te sacrifies pour lui. »

-« Le moins que je puisse faire, c'est m'assurer qu'il n'atterrira pas à Azkaban. » répondit-il lentement, ne regardant personne. « Il a vécu toute sa vie enfermé dans cette maison, parce que son père a eu trop peur de refuser la Marque. Ma stupide fierté a fait de la vie de mon fils, une existence d'angoisse, de noirceur et d'isolation. » Drago secoua la tête. « Je … je ferai tout pour lui. Tout. »

Théo ouvrit la bouche, mais Blaise le fit taire d'un signe de tête.

-« C'est inutile. Une fois qu'il a pris une décision, tu sais bien qu'il n'y a rien qu'on puisse faire pour l'arrêter. N'est-ce pas, Dray ? »

Il tenta un sourire vers son meilleur ami, mais ça ressembla plus à une grimace.

-« Bien sûr. » renifla Drago. « Je suis un Malefoy après tout. »

-« Je déteste ça ! » s'écria brutalement Millie, tournant le dos à tout le monde. « Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça ? Qu'est-ce que nos enfants ont fait ? Ce n'est pas juste ! »

Greg ouvrit grand les bras et elle s'y jeta, pleurant à chaudes larmes.

-« On ne t'a jamais dit que la vie n'est pas juste ? » répliqua amèrement Daphné.

-« Arrête de faire la conne, Daph' » lui dit sèchement Théo. Elle lui offrit un sourire suffisant.

-« Assez ! » cria Blaise, surprenant tout le monde.

Il grogna sourdement, d'une façon si menaçante que même Drago en frissonna, puis siffla « Nous nous battons déjà avec les autres. On a pas besoin de se disputer entre nous, en plus. »

-« Exactement. » murmura le blond, parce que c'était vrai. S'ils se battaient entre eux … ils ne leur resteraient vraiment plus rien.

Un gros bruit sortit Drago de ses pensées, et il tourna rapidement la tête vers la fenêtre. Un oiseau était perché sur le rebord, hululant fortement. Il fronça les sourcils. Ce n'était pas comme s'ils recevaient beaucoup de courrier. Ce serait inquiétant en fait, si c'était le cas.

L'air encore plus méfiant, il leva une main pour calmer tout le monde et s'approcha doucement de la fenêtre. Lorsqu'il l'ouvrit, l'oiseau - une belle chouette blanche qui lui paraissait familière - entra d'un coup dans la pièce.

Comment était-elle passée au travers des protections ?

La chouette survola la salle à manger, et Drago n'eut pas besoin de regarder ses compagnons pour savoir qu'ils avaient tous la baguette pointée vers l'animal. Elle hulula une nouvelle fois et atterrit sur la table près de lui.

-« Tu viens de la part de qui ? » demanda-t-il, comme si l'oiseau pouvait lui répondre.

Emettant un autre hululement, elle tendit l'enveloppe qu'elle tenait dans son bec vers lui. Il fronça les sourcils, et approcha lentement sa main. Il attrapa la lettre avec la rapidité d'un Eclair de Feu, déchirant un coin de l'enveloppe sous le coup, et ignora le cri de reproche de la chouette. Elle lui lança un regard noir, décolla de la table, fit un dernier tour de la pièce et s'envola par la fenêtre, disparaissant dans les airs.

Théo s'empressa d'aller fermer derrière elle.

Drago ne s'inquiétait pas qu'elle ait pu être suivie, ou même qu'elle ait pu donner leur emplacement. Les protections ne le permettraient pas.

En revanche, il avait un peu peur du contenu de l'enveloppe. Comment est-ce que l'oiseau avait seulement pu arriver jusqu'ici ?

Il leva l'objet devant ses yeux, ignorant le murmure de Baise - attention ! -, parce qu'il était un Serpentard après tout, et n'avait pas besoin qu'on lui dise ça, et remarqua finalement des mèches de cheveux blondes scotchées derrière.

Scorpius !

Drago ouvrit la lettre d'un air angoissé, et en sortit un parchemin marron. Il parcourut son contenu des yeux rapidement, et dès qu'il eut fini, laissa tomber le papier au sol, comme une feuille abandonnée par un arbre en automne.

-« Drago ? » demanda Blaise, l'air inquiet, en voyant la pâleur de son meilleur ami, « Qu'est-ce que c'est ? »

Le blond mit un moment à se rappeler comment respirer. Lorsqu'il se pensa capable de parler de façon cohérente - ou de parler tout court - il se tourna vers lui, les yeux écarquillés de frayeur.

-« Harry Potter. » Il inspira, le nom ressemblait plus à un sifflement qu'autre chose entre ses lèvres. « Il a mon fils. Il a Scorpius. »

Drago ferma les yeux, se laissant envahir par de vieux et amers souvenirs.

... TBC.

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N/A :Des reviews s'il vous plait ! ^_^ J'aime les critiques constructives ! Reiko.

N/T : Le chapitre tant demandé ! On remercie miruru-sensei et nini pour leurs petits rappels ! (eh bah oui, j'oublie que j'ai des traductions en cours des fois … c'est la dure réalité !). Bref bref, la suite … un jour prochain :) -évite les pierres- Mes partiels ne sont que fin avril, j'espère que j'aurai fini d'ici là quand même ! x) Merci pour vos commentaires, Reiko et moi en sommes ravies o/