Salut à tous ! Ça me fait bizarre de revenir ici, mais ça me plait ! Je reviens avec une histoire féminine et féministe, inspirée par la bande annonce des "Filles du soleil". L'histoire sera en 3 ou 4 chapitres, le 2 est déjà écrit et sera publié la semaine prochaine. Sachez que ça fait longtemps que je n'ai pas écrit, donc je ne suis pas super fière de cette histoire, mais c'était important pour moi de m'éloigner de mon classique Jude/Caleb, et de poster ceci. J'espère que ça vous plaira, n'hésitez pas à me faire part de vos impressions !


Enfin un moment de paix… de calme… avant la tempête, sans doute. Mais enfin ! Seule, dans sa chambre, les rideaux tirés, dans la pénombre. Son corps lourd, fatigué, étendu sur le lit. Aujourd'hui, elle va pouvoir dormir, sans s'inquiéter. Quelqu'un d'autre qu'elle donne les ordres, quelqu'un en qui elle a confiance, quelqu'un qui sait se défendre, qui sait réfléchir, qui n'a pas peur. Avec un peu de chance, elle va pouvoir rêver. Rêver d'avant, d'avant tout ça, d'avant ce flot d'angoisse, de colère… Oublier la bombe qui éclate à son oreille, oublier le sang brûlé dans la gorge, oublier les larmes taries… Ne plus penser. Ne plus hurler. Juste dormir…

- Ils lèvent le camp !

Non… Pas maintenant…

- Nelly, réveille-toi ! Les mecs ! Ils lèvent le camp !

- Comment ça ?

- Je sais pas, ils se cassent ! Ils viennent d'appeler, et… Et rien ! Ils se battront pas !

- Mais putain, on avait un accord ! C'était leur tour aujourd'hui !

- Je sais, je sais, j'ai déjà défoncé le type que j'avais au téléphone. Mais si tu veux mon avis, c'est pas le moment… La ville, Nelly !

- T'as raison. Tu préviens Silvia. On rassemble les filles, juste les sections Antiope et Phoebé.

- Je mobilise pas Hippolyte ?

- Pas besoin. Et je vais avoir besoin de vous.

- Ok cheffe !

- Rappelle ces trouillards d'Ecorchés, dis-leur que je veux les voir, ce soir, à 20 heures pétantes.

- Je demande le big boss ?

- Oh oui ! Et son cortège, s'il le veut ! Je vais l'accueillir, en bonne Amazone !

- Tu vas te battre ?

- Oui.

- Et tu me laisses ici ?

- Célia, s'il y a un problème, j'ai besoin de toi ici. Tu diriges en mon absence.

- Oui cheffe !

Célia tourne immédiatement les talons tandis que Nelly bondit hors de son lit pour enfiler sa tenue. Elle marche d'un pas décidé, traverse le couloir, rejoint Silvia dans la salle commune. Elle lui murmure quelques mots, et repart, entendant sa camarade frapper dans ses mains.

- Antiope, Phobé ! En tenue dans 10 minutes !

Les filles s'exécutent, sans poser de question. Elles ont l'habitude. Célia rejoint son poste à elle, la petite salle surchauffée avec le vieil ordinateur, le vieux téléphone, le vieux fax… Elle attrape le combiné, compose le « 1 », relié à l'infirmerie.

- Oui ?

- Camélia, Nelly part avec les filles.

- Pourquoi ?

- Je t'expliquerai. Tout est prêt ?

- Comme d'hab' ! Elle a besoin de moi ?

- Non. Pas d'Hippolyte.

- Très bien.

Elle raccroche. Puis elle compose le « 9 », relié aux Ecorchés.

- Célia Hills des Amazones.

- Oui Célia, j'écoute.

- Hélène Raimon, cheffe des Amazones, vous donne rendez-vous ce soir, à 20 heures, au QG des Amazones.

- C'est pour le retrait des troupes ?

- Je ne suis pas habilitée à en parler. Veuillez passer le message à votre chef : ne soyez pas en retard.

- Le chef se déplacera pas.

- Il vaudrait mieux pour lui qu'il le fasse… Vous connaissez la réputation des Amazones…

- Il viendra pas seul.

- Alors dites-lui de venir avec sa brigade entière, pour se rassurer. On sait accueillir…

- Très bien. Je fais passer…

Y a intérêt ! Célia raccroche, juste à temps pour voir les filles, en tenue de combat, arme en main, défiler devant sa porte ouverte pour rejoindre l'extérieur du bâtiment. La première à passer, c'est Silvia, parce qu'elle va conduire les troupes. La dernière, c'est Nelly, qui ferme la marche.

- Célia, quand je rentre, j'envoie les filles dans leur chambre. Prépare la salle commune pour l'occasion ! On va bien les accueillir, ces petits cons !

- Tu veux les Hippolytes ?

- Oh oui ! Je vous veux avec ce que vous avez de plus glorieux, de plus dangereux, de plus combatif, de plus inquiétant, de plus puissant…

- De plus féminin, en résumé ?

Nelly sourit.

- C'est pour ça que je t'ai engagée !

- Ҫa marche, cheffe !

Nelly lui adresse un clin d'œil, Célia un sourire encourageant, celui qui est là pour cacher sa peur. A force, elle devrait être habituée, mais non, ça revient toujours, la pointe au cœur, l'éclat dans la poitrine. Oh bien sûr, elle sait que Nelly va s'en sortir ! Même sans les Hippolytes, elle va s'en sortir. Mais enfin, malgré son entraînement, malgré sa précision, la balle perdue existe. C'est celle-là qui fait peur à Célia.

Elle soupire, prend son clavier d'ordinateur ultra-vintage et rédige le début du rapport de mission. Elle note le nom de toutes les filles parties se battre, les armes emportées, l'heure et la date… Elle attendra le retour pour faxer. Elle décide de se lever, de prévenir ses camarades de section (elle a déjà perdu une demi-heure avec le rapport !) de ce qui les attend.

A peine a-t-elle poussé la porte de la salle commune qu'on l'attaque.

- Pourquoi on n'est pas parties se battre !?

Sue la tient par les épaules, et la secoue un peu. Elle a l'habitude, elle se détache facilement.

- Je sais pas.

- Si, tu sais, déclare froidement Glacia.

- Toi, je t'ai rien demandé ! Oui, je sais. On a du boulot.

- Quel genre ? demande Tori.

- Le genre que tu vas pas apprécier. Mesdames, nous recevons ce soir !

- Oh non, pitié ! Qui ?

- Les enfoirés qui ont refusé de sa battre pour leur ville !

- Oh merde ! Tu sais qui vient ?

- Pas précisément. Le chef, mais pas seul.

- Donc on risque de voir des gens qu'on n'a pas vraiment envie de voir…

- C'est ça. Et Nelly veut qu'on leur fasse de l'effet ! On prépare une véritable orgie de nourriture, on se sape, on leur en met plein la vue ! A nous de leur faire regretter d'avoir provoqué les Amazones !

- Ok, dit Tori en souriant, moi ça me va…

- Parfait. C'est parti les filles ! On dégaine Beyonce !

Le champ de bataille est calme. Il l'est redevenu. Les filles soupirent, inspirent, respirent. Elles ont gagné le combat du jour. Les assaillants ont fui. Trop de mitraillettes pointées dans leur direction, ils ont pris peur.

Silvia regarde de l'autre côté des tranchées. Il y a quelques corps par terre, mais ça ne l'émeut plus. Ce sont eux qui enterreront les leurs, pas elles. Hellen s'est pris une balle dans le bras, et une grenade a explosé le tympan de Lily, mais il n'y a rien de grave. La prochaine fois, ça ne se passera pas pareil. Leurs assaillants auront remonté leur armée, ils seront préparés. Silvia se rassure malgré tout. Nelly n'a pas sorti son arme la plus redoutable, elle n'a pas sorti la totalité de ses Amazones, elle n'a pas touché à ses meilleures guerrières. Célia, Sue, Tori, Camélia, Glacia…

La pluie commence à tomber, c'est le moment de remballer. Elle siffle, les filles se lèvent machinalement, ramassent leurs armes et prennent le chemin de retour. Silvia les compte toutes, puis elle se retourne, va chercher sa cheffe.

- J'veux pas te déprimer, mais le plus dur reste à faire…

- Oui, je sais… Je ne sais pas ce que je préfère. Tirer sur un type à bout portant, ou me retrouver face à eux…

- C'est simple pour aucune d'entre nous, Nelly. Et c'est sans doute pas facile pour eux non plus.

- Sans doute… Y a vraiment des jours où je voudrais qu'Aquillina soit là…

- Moi aussi elle me manque. Allez viens. Tu vas attraper une pneumonie ! Et t'as encore des préparations à faire !

- Ҫa tu vois, c'est le côté positif ! Pour une fois, je peux troquer mon treillis contre une vraie tenue !

Oui, se dit Silvia. Redevenir la jeune fille d'avant la guerre, d'avant la déchirure…