15 / 06 / 20 : ça fait plusieurs mois, mais la traduction de Rebuilt n'est pas abandonnée ! Les chapitres 23 à 33 sont en cours de correction. Le prochain arc allant jusqu'au chapitre 34, je ne recommencerai à poster que quand la traduction aura atteint ce niveau là, et qu'au moins 7 chapitres auront été corrigés, histoire d'éviter, espérons-le, un autre hiatus prolongé. Merci de votre compréhension :) !

Remerciements renouvelés à Ljioze, grande bêta devant l'éternel, et à tous ceux qui suivent et commentent !

Disclaimer : Harry Potter, par J.K Rowling ; Rebuilt par Terrific Lunacy.

Ce que vous lisez là est une traduction.

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Chapitre 22

C'était une bonne chose que Snape ait déjà été inconscient. S'il avait dû être témoin de leur opération improvisée, il aurait passé l'arme à gauche devant tant d'incompétence.

Il se trouva que Narcissa avait suivi un cursus médical pendant deux ans, avant que le chaos n'interrompe ses études. Malheureusement, ça voulait dire qu'elle n'en savait qu'un tout petit peu plus qu'Harry, mais au moins elle avait eu un minimum de pratique, contrairement à lui, dont le savoir n'était basé que sur la théorie.

À fortiori, Harry était certain que si Snape respirait encore, c'était uniquement dû à la chance.

Narcissa s'était dévouée pour refermer la blessure, ce qui signifiait qu'Harry avait eu le plaisir de retirer le carreau, en ayant bien conscience qu'il courait le risque de sectionner une artère ou déchiqueter les muscles. Sans pression aucune.

Ils avaient utilisé une bouteille d'alcool pour stériliser tout ce qui entrerait en contact avec la blessure de Snape, bien qu'Harry ne sache pas à quel point ça pouvait améliorer les choses. Ce type s'était promener avec une plaie ouverte pendant trente bonnes minutes, c'était plus qu'il n'en fallait à la blessure pour s'infecter. L'alcool n'était pas non plus aussi pur qu'Harry l'aurait souhaité. Il aurait facilement pu le distiller, mais ça leur aurait coûté un temps précieux.

Snape avait eu raison, bien sûr, le carreau avait bloqué l'hémorragie, puisqu'une fois retiré un flot de sang avait jailli de la plaie.

Il y avait aussi eu le problème de trouver un fil qui fasse l'affaire pour recoudre les chairs. Narcissa n'en avait que de très fins, utilisés pour les vêtements. Ils avaient trouvé un morceau de fil un peu plus épais qui retiendrait bien mieux la peau, mais Narcissa en était à la moitié du carnage qu'était l'épaule de Snape quand ils réalisèrent que le fil était trop court. Ils avaient été obligés de fermer le reste avec un fil normal.

Au bout du compte, ils avaient réussi à arrêter le flot de sang, même s'il était évident en voyant les coutures disparates et mal exécutées que Snape garderait une importante cicatrice.

Toute l'aide qu'apporta Riddle consista en une liste de plusieurs poisons létaux qu'il aurait utilisés sur le carreau, s'il avait lui-même été l'assassin.

Harry l'avait ignoré au profit de quelques tests sur la pointe de métal, concluant que, fort heureusement, les jumeaux n'avaient pas empoisonné leur arme.

Tout ce qu'il restait à faire était d'attendre et de voir si la plaie guérirait malgré l'horrible suture et le retrait maladroit du carreau.

Du moins, c'était ce que pensait Harry avant que Narcissa ne vienne le voir une heure plus tard.

Il était présentement assis à l'extérieur, sur une souche d'arbre, en bordure de leur campement. La plupart de ses camarades étaient allés se coucher, certains avaient été pris dans la vague de panique et étaient toujours au manoir.

Le jour se levait déjà et Narcissa paraissait fatiguée et inquiète en approchant.

« Il a perdu beaucoup trop de sang. Les battements de son cœur son irréguliers, et son pouls est toujours aussi faible qu'au moment où nous avons refermé la blessure.

— Transfusion ?

Harry grogna en imaginant tout le matériel dont ils auraient besoin pour ça et qu'ils n'avaient pas.

— Vous connaissez son groupe sanguin ? Oubliez ça, est-ce que quelqu'un connait son propre groupe aujourd'hui ?

— Je suis AB, fit la voix traînante de Riddle dans leur dos.

Il sortit de l'ombre, l'ennui peint sur le visage.

Harry ne put s'empêcher de ricaner.

— J'en suis sûr. Négatif je présume ?

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Et c'est positif, pour ta gouverne.

— Huh. Pas si unique en fin de compte hein ? demanda-t-il, moqueur.

L'ennui laissa place à l'habituel sourire suffisant du lord.

— Voyons, on catégorise les gens selon leur groupe sanguin, gamin ?

Harry était bien trop épuisé pour mordre à l'hameçon.

— Pourquoi tu me dis ça de toute façon ? Est-ce que tu connais celui de Snape ?

— Non. Je me disais juste qu'il fallait que tu le saches pour pouvoir me sauver si besoin.

Le visage de Riddle montrait clairement à quel point il trouvait ça improbable. Puis, ces mêmes traits s'illuminèrent soudain.

— N'oublie pas le bouche-à-bouche d'abord.

Les joues d'Harry s'enflammèrent, mais il le regarda quand même d'un air renfrogné.

— Normalement on fait ça à travers le nez espèce-...

Il s'arrêta net quand il réalisa que refermer sa bouche sur le nez de Riddle n'était pas non plus une image qui le mettait à l'aise.

Riddle, évidemment, perçut son inconfort et toucha innocemment son nez.

— On développe déjà un fétiche, Harry ?

— Tu. Es. Incorrigible, siffla Harry, cinglant.

Comment, mais comment le lord répliquait-il toujours aussi facilement ?

— Nous pourrions utiliser le sang de Bella, interrompit prudemment Narcissa. Elle est de type O.

Harry se tourna vers elle, médusé.

— Pourquoi vous connaissez son groupe sanguin ?

Ses deux interlocuteurs se regardèrent, bizarrement amusés.

— C'est ma soeur, finit par répondre Narcissa.

— C'est- Quoi ?! s'exclama Harry, horrifié.

Outre leurs physiques totalement différents, leurs caractères aussi étaient aux antipodes l'un de l'autre. C'était aussi crédible que d'imaginer que Lucius et Snape soient frères.

— Qu'est-ce qui a mal tourné dans les gènes de votre famille ? demanda Harry, envisageant sérieusement que l'une des deux femmes ait pu secrètement être adoptée.

— Tout le monde n'est pas le parfait mélange des caractéristiques de ses parents, ricana Riddle, un brin méprisant.

Harry ravala sa réplique, sachant à quel point Riddle était sensible au sujet de sa propre famille, ou du moins, de sa mère. Ce qui n'était pas juste quand on voyait que le lord ne se privait pas de faire des commentaires sur les parents d'Harry.

— Allons chercher Bellatrix alors. Je me serai inquiété de demander à quelqu'un de se tailler les veines avec des chances de succès aussi moyennes, mais la connaissant elle y prendra probablement beaucoup de plaisir. »

Narcissa acquiesça et sortit, allant chercher sa… soeur.

Harry se releva et rejoignit l'avant du train. À son grand désespoir, Riddle le suivit.

« N'es-tu pas censé avoir quelque chose d'important à faire ? lui demanda-t-il, contrarié.

— N'es-tu pas censé fouiller le débarras pour trouver le matériel nécessaire au lieu d'aller vers la locomotive ?

— J'y ai repéré des manchons en caoutchouc utilisés pour huiler le moteur, peut-être qu'on peut les enlever et s'en servir pour la transfusion. Par contre il faudra les laver, minutieusement. La dernière chose dont on a besoin, c'est d'empoisonner son sang en plus de tout le reste.

— Donc maintenant tu veux démonter mon train ? interrogea Riddle, définitivement pas jouasse à cette idée.

Harry lui jeta un regard noir.

— Seulement quelques parties de la locomotive, que je peux facilement réparer après coup. Je ne pourrai pas réparer Snape une fois que son coeur se sera arrêté.

— Ce que tu peux être dramatique, soupira Riddle, l'ennui résonnant à nouveau dans sa voix.

— Il a un trou dans l'épaule parce qu'il est venu me chercher, tu sais. Je ne sais pas ce qui serait arrivé s'il ne s'était pas montré à ce moment là.

Riddle ne fit que hausser les épaules.

— Tu ne l'aimes vraiment pas, hein ? demanda Harry, incrédule. Tu peux te montrer cruel avec n'importe lequel de tes partisans, mais c'est beaucoup plus subtil avec Snape… Tu le persécutes, purement et simplement.

Riddle renifla, ce qui ne lui ressemblait pas.

— Tu te ramènes toujours avec les idées les plus ridicules, gamin.

— Il avait raison, continua Harry en pointant Riddle d'un doigt accusateur. Il t'a connu enfant, et maintenant tu fais un sale complex-...

Riddle le tira d'un coup sec en agrippant son col, et Harry se rappela soudain de leur première rencontre. Bon, au moins il pouvait encore respirer.

— Je n'ai pas un complexe, murmura Riddle d'une voix dangereusement basse.

— Non, c'est vrai, rit Harry, tu en as plusieurs.

À en juger par les deux yeux rouges qui se plissaient devant lui, ça n'était pas la meilleure chose à dire.

— De quoi as-tu si peur Riddle ? Qu'il aille voir tout le monde pour leur dire… quoi ? Qu'un jour tu t'es blessé au genou et que tu t'es mis à pleurer ? Qu'en fait tu es humain ?

Le visage du lord demeura neutre, presque comme s'il ne savait pas très bien comment réagir. Le jeune homme se dit qu'il comptait sur sa capacité à intimider facilement les gens. Ç'avait aussi marché sur lui après tout. Mais maintenant, il en savait tout simplement trop sur l'autre homme pour encore se sentir aussi aisément menacé. Et à en croire la réaction de Riddle, il l'avait compris et essayait de trouver quoi faire.

— Tu m'as vu faire dans mon froc, enfin mes couches. Tu vois, je l'admets. Que dirais-tu de faire pareil ?

— Tu essayes de me psychanalyser, constata doucement Riddle, encore vaguement incertain de ce qu'il devait penser de la situation.

— Quelqu'un doit s'y coller, lança malicieusement Harry, tentant de rester désinvolte tout en maintenant son équilibre sur la pointe des pieds.

— Tu n'y arriveras pas.

— Tu paries ? défia Harry.

Riddle pouvait dire tout ce qu'il voulait, ses efforts pour cacher son passé étaient totalement anormaux. Tout le monde commençait par être un faible petit enfant, l'ignorer ne lui ferait aucun bien.

— Je devrais t'écorcher vif pour ton insolence, menaça Riddle, tout ce qu'il y avait de plus honnête.

— Probablement.

— Alors pourquoi continues-tu de sourire ?

— Je m'imaginais transformé en ta nouvelle paire de bottes.

Riddle l'examina, essayant sans doute encore une fois de déterminer si Harry était cinglé ou non.

— Je pourrais le faire, tu sais, assura-t-il avec un air sombre.

C'était une bonne chose que Riddle le tienne au col et non à la gorge, dans le cas contraire les battements effrénés de son coeur l'auraient instantanément trahi. À dire vrai, Harry était très intimidé par le lord. Il n'empêche, si ses conclusions étaient justes -et c'était la seule explication-, si le truc qu'il y avait entre eux marchait dans les deux sens… Alors la déclaration de Riddle était un mensonge flagrant.

— Et qui est dans le déni, maintenant ? demanda-t-il doucereusement.

D'une tape, il se débarrassa des mains de Riddle et entra dans la cabine de devant.

Il se sentait exactement comme au moment où il l'avait planté sur la piste de danse. Ça faisait du bien d'avoir l'ascendant sur le lord. Son sourire s'évanouit quand il se rendit compte que ça l'amusait. Que le challenge cérébral qu'étaient leurs chamailleries l'amusait réellement et honnêtement. Il se délectait de savoir qu'il pouvait provoquer Riddle, sachant que le lord prenait plaisir à le voir répliquer.

— Tu triches, fit Riddle d'une voix traînante alors qu'il marchait derrière lui. Tu étais incroyablement aveugle avant. J'aurais dû avoir le droit de profiter de ton embarras pour quelques semaines au moins, quand tu as commencé à comprendre. Au lieu de ça, ton cerveau a décidé de tout simplement sauter cette phase d'insécurité. Ce n'est pas juste.

— Tu es presque mignon quand tu boudes, Monseigneur, nargua Harry avant de pouvoir s'en empêcher.

Ça lui paraissait juste tellement naturel de répondre aux moqueries de Riddle par les siennes.

Riddle, bien sûr, l'ignora.

— Vu la vitesse à laquelle tu as rattrapé ton retard, je suppose que tu es prêt pour la prochaine étape.

— Ce n'est pas un jeu.

Son bras fut saisi par derrière, et Harry se retrouva soudain pressé contre le mur, faisant ressurgir les souvenirs d'un certain événement arrivé sur un balcon, et son souffle eut un accroc involontaire.

— Oh, mais bien sûr que si. Et toi, gamin, tu es en bonne voie pour scorer.

Harry mordit sa lèvre inférieur et fronça les sourcils.

— Tu… tu viens juste d'insinuer un truc… sale… pas vrai ?

Il se détestait de sonner aussi hésitant. Mais la vérité, c'était qu'être au courant de cette attirance mutuelle était encore tellement nouveau pour lui qu'immanquablement il passait à côté de beaucoup des sous-entendus de Riddle. Et peu importe ce qu'en disait le lord, ça lui semblait toujours aussi embarrassant.

Riddle étira un sourire narquois face à l'incertitude dans sa voix.

— Oh, tu penses?

L'instant d'après, ses lèvres se faisaient dévorer pour la seconde fois. Et là, il ne repoussa pas Riddle.

Son coeur battait aussi fort que la dernière fois, mais il savait que ce n'était pas dû à la panique. Il y avait quelque chose de très différent dans ce baiser. Il semblait beaucoup plus profond et intime, et… cru.

Il essaya de comprendre exactement ce qui avait changé, mais il sentait son esprit partir très loin, et se vider complètement. Toutes les informations, tous les savoirs et scénarios envisagés s'étaient envolés, toutes les questions qui le taraudaient s'étaient tues d'un coup. C'était le paradis, et il en voulait plus.

Et c'est là qu'il comprit que ce n'était pas tant le baiser, mais lui-même qui avait changé. Parce qu'il réalisa brutalement qu'il répondait à Riddle, maladroitement peut-être, mais définitivement de son plein gré. Ses bras entouraient la nuque du lord, que ce soit pour garder son équilibre ou se presser plus contre lui, Harry n'en était pas sûr. Quand avait-il fait ça d'ailleurs ?

Il prit aussi conscience qu'il ne voyait rien. Il fit un effort pour ouvrir les yeux et fixer directement ceux de Riddle, qui, devina Harry, ne les avait pas fermés, l'observant de ses pupilles rouges depuis le début. Pour une certaine raison, ce fait le fit violemment frissonner, et un petit son lui échappa, étouffé par les lèvres de Riddle.

À sa grande surprise, ce fut le lord qui mit fin au baiser. Pourtant c'était une bonne chose, sinon Harry aurait pu s'évanouir à nouveau tant il avait le vertige. Ses jambes faillirent le lâcher alors qu'il inspirait profondément. Il était une épave, une épave tremblotante et cramoisie, et Harry se détestait de ne pas du tout réussir à le cacher.

Riddle, pour sa part, avait l'air incroyablement ravi.

— Devrait-on en rester à ce niveau quelques temps ? Ou es-tu prêt à passer aux choses sérieuses ?

— S-Snape, murmura Harry, à bout de souffle, se rappelant vaguement où et pourquoi il était là en premier lieu.

Riddle attrapa une poignée de ses cheveux et tira douloureusement.

— Tu n'as pas osé penser à quelqu'un d'autre, là ?

Harry lui jeta un regard mauvais, trouble mais reflétant sa douleur.

— Il pourrait mourir tu sais.

— Prononce encore son nom quand tu es avec moi et il souhaitera l'être.

Il n'y avait rien d'autre que de la sincérité dans sa voix, mais c'était si ridicule qu'Harry n'arriva pas à réprimer l'éclat de rire qui montait en lui.

— Laisse-moi aller aider ton médecin, Riddle. Ton seul médecin, au passage. Ton brillant et loyal maître des-...

— Oui, je vois que tu es très prompt à l'encenser, interrompit sèchement Riddle.

Harry rit à nouveau.

— Tu es mignon quand tu boudes.

— Et tu t'enfuies encore.

— Parce qu'un certain lord préfère molester ses partisans plutôt que de panser leurs blessures.

— Molester ?

Les yeux de Riddle s'écarquillèrent légèrement et il relâcha la tignasse d'Harry. À la place, il mit sa main sur sa joue, alors même que son petit sourire suffisant promettait tout sauf la gentillesse.

— Mon innocent petit génie, je n'ai même pas encore commencé à te toucher.

— Euh, et ben… c'est, um… Bref, fit Harry, le regard fuyant, en s'éclaircissant la gorge. On devrait se dépêcher.

— De se toucher ? demanda doucement Riddle.

— Oh pour l'amour du Ciel !

Harry le repoussa, mais il ne pouvait pas dissimuler son propre sourire.

Les taquineries de Riddle lui étaient de plus en plus familières, et il était déterminé à se montrer moins affecté par elles. Si le lord parvenait à rester aussi foutrement calme tout le temps, alors Harry réussirait sûrement à ne pas se retrouver au bord de l'apoplexie dès qu'ils étaient proches l'un de l'autre, non ?

— Ne crois pas que je te laisserai filer indéfiniment, Harry. En fait, je me surprends moi-même, de t'avoir permis de fuir jusque là.

— Peu importe, tant que ça t'évite de finir cinglé, répondit distraitement Harry. »

Il inspectait déjà les parties visibles du moteur. Le puzzle qu'il représentait était une distraction bienvenue pour sa tête rouge écarlate.

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Environ deux heures plus tard, le jour s'était entièrement levé et Harry se laissa enfin tomber sur le canapé de Riddle. Au point où il en était, il se fichait d'être dans la cabine du lord, il voulait juste dormir.

La transfusion s'était relativement bien déroulée, du moins après avoir expliqué à Bellatrix que, non, Snape n'avait pas besoin de boire son sang. Elle s'était tailladée l'avant bras avec enthousiasme et était sur le point de presser la plaie sur la bouche de Snape quand Harry était entré.

Ils avaient réussi à se débrouiller avec les manchons en caoutchouc, des aiguilles et leur unique seringue. Ils avaient été forcés d'allonger Snape au sol et Bella sur le lit, pour que la gravité aide le sang à s'écouler.

Leurs efforts avaient finalement payé, puisque Narcissa déclara que le pouls de Snape s'était sensiblement amélioré.

Harry se jura d'étudier un peu la médecine sous la supervision de Snape, dès qu'il serait rétabli. Ou de convaincre Riddle qu'il avait besoin d'un autre partisan qui soit compétent dans ce domaine. Ou au moins d'encourager Narcissa à apprendre du médecin.

Il s'apprêtait à glisser vers une inconscience salutaire quand la porte de la cabine s'ouvrit et que Riddle entra.

« Va-t'en, grogna Harry.

— Charmant.

Harry soupira et décida qu'il était trop fatigué pour ne serait-ce que se préoccuper de sa présence. Il se tourna et ferma les yeux.

— Oh non, je ne crois pas.

Riddle le fit se retourner sur le dos, le surplombant de toute sa hauteur et le fixant d'un oeil noir.

— Explique, ordonna-t-il en balayant la cabine d'un large geste.

Harry ouvrit les yeux à contrecoeur et les posa sur la pièce. C'était un bordel sans nom, des livres déchirés et des feuilles volantes s'étalaient partout.

Il leva prudemment les yeux vers Riddle.

— Euh… Désolé ?

— Petit insolent ! Qu'est-ce qui t'a fait croire que tu pouvais utiliser mes livres comme brouillons ? Et c'est quoi ce charabia ?!

Riddle ramassa quelques feuilles recouvertes des gribouillis d'Harry.

— Um, c'est… Je ne sais pas, avoua-t-il en s'asseyant.

— Tu ne sais pas ? répéta Riddle d'un air sombre.

— J'appelle ça des black-out pour une bonne raison. Je ne me rappelle pas ce que je faisais ici.

— Donc Snape avait raison ? C'est comme du somnambulisme ?

Harry haussa les épaules et parcourut ses notes.

— C'est une théorie. On ne sait pas ce que les pilules ont fait à mon cerveau. C'est ce que je veux qu'il découvre quand on arrivera à votre QG, tu te souviens ? Hmm…

Riddle lui jeta un regard curieux en le voyant sourire.

— Qu'est-ce que c'est ?

Harry pointa du doigt les pages qu'il tenait et étira un sourire satisfait dans sa direction.

— Tu vois ce Baron Sanglant dont ils parlaient ? Si tu as toujours envie de le défier… Eh bien, disons juste qu'il est condamné.

La guilde ne serait pas ravie de voir Riddle survivre au challenge.

Le lord haussa les sourcils, surpris, avant de lui retourner son sourire.

— C'est quand tu dis ce genre de choses, gamin, que j'ai de plus en plus de mal à ne pas simplement te prendre.

Lui prendre quoi ?

— Je ne veux même pas savoir ce que tu sous-entends, marmonna Harry en se recouchant. »

Heureusement pour lui, Riddle ne l'en empêcha pas cette fois.

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« POTTER !

Harry se réveilla en sursaut et tomba immédiatement du canapé. À son grand soulagement, Riddle n'était pas là pour le voir chuter lamentablement.

Il se releva rapidement et se dirigea vers la source du cri. Il remarqua qu'il était à peine plus de midi, il était donc loin d'avoir dormi autant qu'il l'aurait voulu.

— Snape, s'exclama-t-il joyeusement en entrant. C'est bon de vous voir réveillé.

Snape avait déjà l'air en bien meilleure forme, et sa mine renfrognée était plus intense que jamais.

— Bon sang, qu'est-ce que c'est que cette… cette… monstruosité ?

Harry regarda la plaie mal recousue.

— Ah, en fait…

— Vous avez recousu les chairs comme deux morceaux de tissu !

— Um, oui, après tout c'est Narcissa qui s'en est chargée.

— Il y a deux fils différents.

— Ouais… Le plus épais n'était pas assez lon-...

— Bien sûr que si il l'était ! Avec la bonne technique vous auriez pu le faire deux fois. Vous essayiez de me tuer ?

Harry soupira.

— Je suis désolé, vraiment. Mais vous aviez déjà perdu trop de sang, et il fallait qu'on fasse vite après avoir arraché, je veux dire, retiré le carreau.

Snape ferma les yeux, épuisé.

— Bon, je suppose que je dois quand même vous remercier de m'avoir sauvé la vie Potter. Encore.

Harry secoua vigoureusement la tête.

— Non, je pense que vous avez sauvé la mienne en premier. Les jumeaux n'avaient vraiment pas l'air de vouloir m'inviter à prendre le thé.

— Ah oui, les jumeaux…

Snape lui envoya une oeillade qui dit à Harry qu'il n'avait pas oublié que le jeune homme avait une sorte de lien avec les assassins.

Il semblait sur le point d'aborder le sujet, mais, soudain, il fronça les sourcils et passa sa langue sur ses lèvres.

— Vous pourriez me dire pourquoi j'ai un goût de sang dans la bouche ? demanda-t-il, méfiant.

— Euh… Bellatrix a en quelque sorte mal compris le concept de transfusion sanguine... , répondit vaguement Harry. »

Avant que Snape ne puisse demander plus d'explications, Draco monta sur le lit, excité.

« Harry ! Je peux le caresser ? S'il-te-plaît ?

— Caresser ? Quoi ?

— T'as reçu un oiseau, rayonna Draco. Un gros en plus. Viens !

Draco agrippa le bord de sa chemise et le tira à l'extérieur.

Sur la souche d'arbre qu'occupait plus tôt Harry se trouvait une magnifique chouette blanche, fixant le soleil en clignant des yeux.

— Alors, je peux ? Elle est apparue d'un coup, mais père m'a dit que ce n'était pas correcte de toucher les affaires des gens.

Harry continua à river des yeux stupéfaits sur la chouette.

— Euh, ouais. »

Draco sautait presque de joie en approchant ses petites mains de l'oiseau, caressant gentiment sa tête. La chouette cligna des yeux dans sa direction, mais ne s'envola pas.

« Il se passe indubitablement beaucoup de choses intéressantes autour de vous Monsieur Potter.

Lucius arrivait vers eux depuis le campement. Il paraissait lui aussi plutôt las, bien qu'il soit doué pour le cacher. De ce qu'Harry savait, Lucius avait été l'un des derniers membres du groupe à rejoindre le train.

— C'est une façon de voir les choses, lui accorda Harry, pince-sans-rire.

Lucius lui tendit un petit morceau de papier rugueux.

— C'était attaché à l'une des pattes de l'oiseau.

Harry,

Nous espérons que tu t'en es sorti indemne.

Tu peux utiliser la chouette pour nous contacter, elle saura où nous trouver.

Aberforth & Alastor

P.S : Elle répond au nom de Hedwig.

Harry fixa le message d'un air ahuri. On pouvait se servir d'oiseaux pour délivrer les lettres si chères aux vétérans ? C'était du génie. Quoiqu'à en juger par l'air curieux de Lucius, ce n'était pas vraiment commun.

— Vous vous êtes fait des amis intéressants, fit prudemment remarquer Lucius.

Harry lui fit un grand sourire, conscient qu'il mourrait probablement d'envie d'en savoir plus.

— C'est une façon de voir les choses, répéta-t-il. »

Des amis intéressants, en effet. Ils voulaient aussi qu'il sauve le monde. Mais ce genre d'information ne ferait rien pour satisfaire la curiosité de Lucius.

Il se pencha près de la chouette et caressa son cou de ses doigts.

« Salut Hedwig.

La chouette hulula doucement.

— Oh, magnifique, on aura du poulet ce soir, dit Bellatrix de sa voix crépitante en avisant l'oiseau.

— N'y pense même pas ! cria Harry, indigné, et il prit la chouette dans ses bras dans un geste protecteur.

— On peut la manger ? Est-ce que c'est bon ? demanda Draco avec intérêt.

— Plus de caresse pour toi Draco, grogna Harry. Bella, tu déteins sur lui !

— Ce garçon a besoin d'un modèle, ricana-t-elle.

Harry et Lucius semblèrent tous deux également horrifiés par cette idée.

— POTTER ! hurla Snape depuis l'intérieur du train.

Quatre têtes se retournèrent.

— Je pense qu'il a trouvé les manchons utilisés pour la transfusion, dit doucement Harry.

— Il n'a pas l'air content, souligna Lucius.

— Est-ce que c'est déjà arrivé ? sourit Bella.

Harry soupira.

— Où est Rid-... Voldemort ?

— De retour au manoir, l'informa Lucius. Ils ont découvert une autre série de lords assassinés après que la fumée s'est dissipée, et ils tiennent une sorte de réunion.

— Est-ce que le bal va continuer ?

— Non. Pas mal de clans sont déjà partis. Il ne restait que deux jours de toute façon. »

Harry regarda à nouveau Hedwig, se demandant s'il pourrait l'utiliser pour envoyer des messages à Remus et Sirius, ou même à Luna.

Il était sur le point d'entrer dans la cabine de Snape quand il aperçut un homme fixer leur campement depuis l'autre côté du train.

Il posa Hedwig et se faufila entre deux wagons pour le rejoindre. Quand il s'approcha, il reconnut le grand homme aux larges épaules.

« Ah, Monsieur... Potter, c'est ça ?

— Appelez-moi Harry, Lord Gryffondor… ?

Le lord sourit et tendit une main pour qu'il la lui serre.

— Godric dans ce cas, j'insiste.

— Vous, euh, n'assistez pas à la réunion d'urgence ? interrogea Harry, se rappelant que Riddle avait déclaré que Lord Gryffondor possédait le manoir et les terres alentour.

— Je ne suis pas vraiment fait pour ça. Il n'y a rien que l'on puisse faire maintenant, de toute manière, n'est-ce pas ?

— Je suppose, oui, acquiesça poliment Harry.

Gryffondor remua un peu.

— Tu ah… ne saurais pas si ton lord a déjà décidé de ce qu'il ferait de la proposition de Scrimgeour ?

— Vous voulez dire s'il prévoit de défier le Baron Sanglant ?

Gryffondor hocha la tête.

Harry pencha la sienne, suspicieux.

— Ce serait plus rapide de demander directement à Voldemort.

— Vraiment ? demanda nonchalamment Gryffondor.

Ils se fixèrent un moment, évaluant l'autre. Puis, Gryffondor leva les mains, vaincu.

— Argh ! Subtilités, insinuations, complots, secrets. Qu'ils aillent tous au Diable ! Je ne les aime pas et je suis le premier à admettre que je ne suis pas bon dans ces domaines. Mais même moi je sens que Scrimgeour prépare quelque chose. Et pas seulement ça, il ne t'aime pas gamin, ça crève les yeux. C'est révélateur, vu qu'il joue les gentils avec tout le monde.

Harry était tenté de répondre un truc du genre « Ouais, il veut me voir mourir aussi accidentellement que possible. De préférence en suivant mon seigneur dans un challenge suicidaire. Oh, ses copains lords se sentent aussi menacés par le pouvoir grandissant de Voldemort. Il ferait d'un pierre deux coups. Ça n'a rien de personnel, vraiment. Tout à commencé avec ma mère voyez-vous… »

— Nous avons… une histoire, préféra-t-il dire.

— Un indice, hein ? Il en est plein, ce lord sournois qui est le vôtre.

Harry sourit devant le choix des mots.

— Bien, ne me dis pas ce qu'il y a entre toi et Scrimgeour. Mais dis-moi au moins si Lord Voldemort envisage vraiment de faire tomber le Baron Sanglant à lui seul. Votre clan est petit et récent. Alors oui, je sais que tu as fait preuve d'une ruse incroyable à Londres, mais si tu t'en prends à lui, tu te feras écraser. Et je sais que c'est aussi ce que croit Scrimgeour.

Donc Gryffondor n'était définitivement pas impliqué dans les affaires de la guilde. Intéressant. Et il était même venu les avertir des vraies intentions de Scrimgeour.

— Vous pensez qu'il nous envoie à la mort.

— Non, je ne pense pas. Je le sais, grommela Gryffondor.

Un homme malin.

— Vous a-t-on déjà dit que vous étiez presque trop respectable pour un lord ?

Le lord étira un large sourire.

— En général, ça s'accompagne d'une remarque menaçante comme quoi ce sera ma perte.

— Merci de votre honnêteté Lord Gryffondor, mais Scrimgeour et les autres ont d'ors et déjà commis leur plus grosse erreur.

Gryffondor se pencha légèrement en avant, visiblement intéressé.

— Et quelle est-elle ?

Harry sourit, d'un sourire narquois qu'on aurait pu prendre pour celui de Riddle.

— Ils nous sous-estiment. Ils nous sous-estiment grandement. »

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13 / 09 / 2019