Vol de Cœur
NB : Jubia possède son propre appartement, mais il lui arrive de dormir dans son ancienne chambre de Fairy Hills à diverses occasions, ou pour diverses raisons. (Une soirée un peu trop arrosée avec Erza, Lucy et les autres par exemple…)
Chapitre 1
Il n'était pas très tard, à peine 9h lorsque Mirajane rejoignit son poste à la taverne de la guilde. Il y avait déjà un peu de monde, et elle s'empressait d'aller servir ces clients matinaux avant de s'occuper du reste de sa besogne, comme préparer la part de fraisier pour Erza, comme tous les jours, mais également un tonneau d'alcool pour Kanna, sans oublier le menu du jour qu'elle servirait pour le déjeuner. Aujourd'hui, elle se préparait à l'affluence, car comme les jours précédents, le temps avait prévu d'être clément et même plutôt chaud. Elle avait ravitaillé les congélateurs de la guilde en glaces de toutes sortes, tandis que les membres présents s'activaient à rafraîchir le bâtiment grâce aux ventilateurs intérieurs et aux stores qui devaient protéger des forts rayons de la journée.
Erza arriva sans un mot, et elle s'assit au bar machinalement. Mirajane avait été très surprise de la voir ainsi, tout comme plusieurs autres membres qui la regardaient. Elle ne portait pas son armure, et elle était vêtue d'une simple jupe bleue et de son haut noir. Elle n'avait pas salué les gens, non plus, chose peu courant chez la rousse, toujours très polie. Elle n'avait répondu qu'aux salutations du Maître et de Mirajane.
« Tu es malade ? » demanda Mirajane en désignant du regard l'absence de l'armure.
« Non » répondit Titania, inexpressive.
Le maître et la barmaid échangèrent un regard dans le dos de la rousse, et Mirajane retourna à l'assaut.
« Tu veux ta part de fraisier ? » demanda-t-elle en lui déposant l'assiette sur le comptoir.
« Non merci, je n'ai pas faim. »
Tous les regards se braquèrent sur elle. Erza Scarlet, la mordue de fraisier, celle qui ne supportait pas qu'on touche à sa part de gâteau et qui était capable d'en manger un entier à elle seule, la grande Erza Scarlet refusait une part de fraisier ! Personne n'en croyait ses oreilles.
Aussitôt, le vieux Makarof s'éclipsa discrètement, laissant sur une serviette en papier un message à la barmaid dans le dos de la rousse, qui regardait obstinément la porte, sans détourner le regard.
« Quelque chose ne va pas avec Erza, je vais demander conseil à Polyussica, ce n'est pas normal. Je te la confie en attendant, qu'elle reste ici. »
Le Maître partit, et c'est Lucy qui arriva, exceptionnellement accompagnée de Grey. Elle avait passé la porte en souhaitant une bonne journée à tout le monde avant de s'approcher du comptoir pour parler avec Erza, comme souvent, suivie par Grey, encore à demi endormi.
« Erza, ça te dit une mission avec nous ? » demanda la blonde, guillerette.
« Oh Lucy ! Tu tombes bien ! » coupa Mirajane, l'air de rien. « Tu pourrais m'aider, j'ai un petit souci en cuisine… »
« Euh… Oui, bien sûr, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » demanda-t-elle en détournant le regard de la rousse.
« J'ai besoin d'aide pour ce midi : Lisanna est en mission, et avec les beaux jours, les clients sont très nombreux, et seule c'est un peu juste pour satisfaire tout le monde. »
« Et bien… Pourquoi pas, Natsu n'est pas encore là de toute façon, cet idiot-là n'a pas voulu se lever, il doit encore dormir. »
« Pour une fois, j'aurais bien fait la même chose… » marmonna Grey, avachit sur le comptoir.
« Pourquoi tu ne retournes pas te coucher un peu ? Votre dernière mission a été très fatigante, il me semble » reprit la blanche.
« Mouais. J'vais piquer un lit à l'infirmerie, à plus tard. »
Chacun s'en alla à son occupation, laissant Erza seule, muette, silencieuse et imperturbable. Dans la cuisine, Mirajane s'excusa devant Lucy de l'avoir coupée avant de lui expliquer ce qu'il s'était passé juste avant son arrivée. La blonde en était bouche bée. A présent, elle aussi était inquiète, même si la demoiselle en pourpre lui avait dit que le Maître était parti chercher l'apothicaire de la guilde.
« Maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'elle n'a même pas d'armure aujourd'hui… »
Elles parlèrent encore un peu avant de se mettre au travail, tout en restant inquiètes, en préparant la viande du barbecue géant que la guilde organisait tous les jours depuis une semaine avec les beaux jours.
Un peu plus tard, Natsu arriva à son tour, le regard vif et n'aspirant qu'à faire du bruit. D'ailleurs, il avait réussi à réveiller Grey, qui s'était endormi à l'infirmerie un peu plus tôt. Ce dernier, énervé, lui assena un coup de poing dans l'estomac, visiblement de mauvaise humeur suite à ce réveil forcé. Une bagarre débuta, et quelques membres comme Macao ou Kanna, déjà sur place, les encourageaient sous le regard morne de la rousse.
Au même moment, ce fut à Jubia d'arriver, vêtue d'une légère robe blanche, cheveux détachés et sans son habituel chapeau à ruban qu'elle mettait depuis les beaux jours. Elle passa devant tout le monde avant d'aller s'asseoir à une table à l'écart, seule. Personne ne l'avait remarquée ce matin.
Il était près de midi lorsque le maître arriva en cuisine. Avec le nombre important de clients, il avait préféré rester discret et avait tenu à informer les deux filles en cuisine de son retour.
« Lucy, demande à Erza de me rejoindre à l'infirmerie. Et si vous avez besoin de plus de serveuses, Kinana est sur le chemin, elle sera ravie de vous aider je pense » dit-il avant de ressortir par la porte arrière.
La blonde abandonna Mirajane quelques instants pour aller informer la rousse, qui n'avait pas bougé de sa place. Cette dernière n'avait rien répondu, hochant simplement la tête avant d'aller docilement à l'infirmerie.
Elle ne croisa personne, du moins pas avant de passer la porte de l'infirmerie, cette petite pièce située à l'étage de la guilde, normalement au calme, même si aujourd'hui ce n'était pas tout à fait le cas.
« Bonjour Erza » la salua Polyussica lorsqu'elle passa la porte.
« Bonjour » répondit celle-ci en s'approchant.
Debout devant le maître et l'apothicaire, elle ne bougeait pas, elle ne parlait pas. Stoïque, elle attendait qu'on lui demande quelque chose.
Polyussica demanda à Makarof de sortir et de l'attendre devant l'infirmerie. En attendant, elle installa un paravent et demanda à Erza de se déshabiller, lui posant au passage quelques questions.
Docile, elle répondit à toutes les questions sur un ton neutre, découvrant au fur et à mesure d'étranges motifs qui débordaient de son soutien-gorge.
« Enlève ça aussi » lui ordonna la vieille femme.
Toujours obéissante, Erza s'exécuta, laissant voir sur sa poitrine un étrange motif sur le sein gauche, au niveau du cœur. Intriguée, la femme médecin recopia le motif sur une feuille avant de demander à Erza de se rhabiller tandis qu'elle sortait quelques instants pour s'entretenir avec le Maître.
« Je ne sais pas pourquoi, mais elle ressemble à un pantin dépourvu d'émotions ou d'envie. Ramène-la chez elle et dis-lui de se coucher et de dormir. Elle obéit aveuglément à tous les ordres, même les plus farfelus, alors il vaudrait mieux que tu trouves quelqu'un pour la surveiller discrètement. De mon côté, j'ai trouvé cette marque sur sa poitrine. Je n'ai jamais vu ça, mais il me semble que tu as un rat de bibliothèque dans la guilde. »
« Oui, Levy : elle est toujours dans la bibliothèque du sous-sol, et je pense qu'elle t'aidera avec plaisir, elle n'a pas de mission actuellement. »
« Parfait. Je te tiens au courant de mes recherches » déclara-t-elle avant de voir si la rousse avait terminé. « Makarof te reconduit chez toi. Je veux que tu te reposes et que tu restes tranquille. »
Polyussica s'en alla, laissant les deux autres seuls, puis le vieux maître demanda à Erza de le suivre pour l'emmener jusque chez elle. Descendant les escaliers, il interpella une petite demoiselle aux longs cheveux violets.
« Wendy, tu es occupée aujourd'hui ? » demanda-t-il, Erza sur les talons.
« Non Maître, pourquoi ? »
« Pourrais-tu faire une mission pour moi ? »
« Oui, bien sûr ! Je suis toujours prête pour faire une mission ! » répondit-elle, enthousiaste.
« Ecoute, on ne sait pas trop ce qu'a Erza, et je pense que tu as dû la voir agir bizarrement ce matin. J'aimerais que tu la surveilles après mon départ, je la ramène à Fairy Hills » expliqua-t-il à voix basse.
« D'accord ! Je ferai attention ! » répondit la fillette, au garde à vous.
« Tu peux prévenir Mira ? Tu nous rejoindras en route » demanda le petit vieux en s'éloignant.
La petite fée acquiesça, se dirigeant vers les cuisines de la guilde rénovée tandis que les deux autres sortaient, Makarof tentant de cacher son inquiétude.
Wendy les rejoignit vite, vêtue de son maillot de bain caché sous un paréo rose, et d'un chapeau à rubans. Le ridé lui expliqua un peu plus en détails ce qui se passait avec Erza, qui n'était pas dans son état normal depuis ce matin, et devant la mine inquiète de la plus jeune, il tenta de la rassurer.
« Polyussica l'a examinée, elle se concentre sur son état. »
Lui donnant quelques directives avant de partir, Makarof lui assura qu'il passerait les voir dans la journée, et que si son amie trouvait quelque chose, Wendy en serait informée dans les minutes qui suivaient, puis il s'en alla.
Couchant la rousse, Wendy la surveilla un peu avant d'aller chercher un magazine pour s'occuper durant la sieste de son amie.
La chaleur se faisait déjà sentir, et le maître des fées de Magnolia se sentit accablé, en état de faiblesse. Son cœur faisait encore des siennes, il allait devoir demander à Polyussica de repasser sous peu si la chaleur et les ennuis continuaient à être sur le devant de la scène.
Prévoyante, Mirajane lui avait déjà préparé une boisson fraîche… sans alcool. Quelle mauvaise habitude elle avait ! Mais il comprenait qu'elle veuille prendre soin de lui. Et même si les autres membres de la guilde ne le montraient pas, tous le considéraient comme leur père, leur grand-père pour certains.
Se reposant un instant au bar en jetant un œil à la populace présente, c'est Lucy qui débarqua de derrière le bar, devant la stupéfaction du grisonnant.
« Lucy ? Mira n'est pas là ? » demanda-t-il, surpris.
« Elle est en train de préparer d'autres cocktails, nous avons beaucoup de clients aujourd'hui. D'ailleurs, vous avez de la visite » répondit la blonde, souriante. « ''Il'' vous attend dans votre bureau » ajouta-t-elle à voix basse.
Sans un mot, il termina sa chope sans alcool avant de prendre les escaliers tranquillement et d'entrer dans cette pièce dont très peu avaient l'accès.
« Je me doutais que c'était toi » dit-il en saluant son invité dont le visage était caché par une capuche noire.
« Bonjour Maître » répondit une voix masculine.
« C'est rare de te voir à Magnolia, encore plus ici. Que me vaut ta visite, Gérard ? » demanda le Maître en s'installant dans un fauteuil, invitant son invité à faire de même.
« Ultear n'étant plus des nôtres, il est plus difficile de mener à bien nos missions. Bien que je n'aime pas vraiment impliquer Fairy Tail, j'en suis venu à la conclusion que pour cette mission, nous n'aurions pas le choix » expliqua-t-il sombrement. « Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé aux oreilles, mais depuis plusieurs jours, il se passe de drôles de choses à Magnolia. Plusieurs personnes ont été retrouvées dans un état bizarre. Elles semblent ne plus avoir de libre arbitre, obéissantes à n'importe quel ordre, et provenant de n'importe qui » expliqua-t-il.
« Je t'arrête de suite » coupa le plus âgé. « Nous avons déjà un cas à la guilde. Je viens de la reconduire chez elle. »
« Qui ? » demanda le mage d'une voix blanche.
« Erza » marmonna-t-il, surveillant la réaction du jeune homme. « Wendy la surveille pour le moment. »
Un blanc. Gérard ne savait pas quoi répondre, la nouvelle avait eu l'effet d'un choc.
« Gérard, je pense que depuis le temps que tu connais Erza, tu sais que Fairy Tail sera également derrière toi si tu as besoin d'aide. D'ailleurs, où est Meldy ? »
« A la taverne. Elle voulait voir Jubia, elle semble très bien s'entendre avec elle. »
« Choisis les membres qui t'accompagneront. Polyussica s'active à trouver un remède pour Erza » dit-il en essayant d'être rassurant.
« A-t-elle cette drôle de marque sur le corps ? » demanda le recherché en sortant un carnet de dessin d'une sacoche.
« Oui, au niveau du cœur. Mais il faudrait demander à Polyussica pour plus de précisions. Elle doit être à la bibliothèque avec Levy, elles sont à la recherche d'indices sur cette marque. »
« Très bien, je vais aller les voir. »
« Gérard, avant que tu ne te lances dans cette mission, je veux que tu me dises ce que tu sais. Je m'inquiète pour elle, moi aussi » expliqua-t-il. « Et si tu veux être plus discret, tu pourras passer par les passages secrets de la guilde, Mavis sera certainement ravie de te guider. »
« Effectivement ! » entendirent alors les deux hommes. « Je suis contente de te revoir Gérard, en plus je vais bien m'amuser avec tous les passages qui ont été ajoutés ! » sourit la fillette aux cheveux ondulés, assise sur une poutre.
« Bonjour Maître Mavis » répondirent-ils en même temps.
« Oh ! Pas de formalités entre nous, l'heure est grave si j'ai bien compris » reprit-elle.
« Oui » murmura l'homme au tatouage. « J'ai pu constater que les victimes sont essentiellement féminines, pour ne pas dire exclusivement. Elles ont toutes la même marque sur la poitrine, plus ou moins étendue, mais pour le moment je ne sais pas ce que cela peut signifier. Pour ce qui est du reste, elles ont toutes le même comportement hagard, elles sont désorientées et sans envies, sans buts… Elles ressemblent toutes à des marionnettes. »
« C'est exactement ce qui est arrivé à Erza. Elle est arrivée ce matin sans son armure, et… elle a même refusé une part de fraisier. »
Les deux autres le regardèrent, abasourdis. Erza qui ne mangeait pas son fraisier était quelque chose d'irréaliste : même un ouragan sur la ville semblait plus réaliste. Mavis elle-même avait été spectatrice du cataclysme que pouvait provoquer la grande Titania sans son fraisier.
Ils n'eurent pas le temps de déblatérer plus longtemps que Luxus ouvrit vivement la porte.
« Luxus ?! » s'écria Makarof, peu habitué à voir débouler ainsi son petit fils.
« Tu devrais descendre. Grey déteint sur Jubia » dit-il calmement.
Les trois Maîtres se regardèrent un instant sans comprendre, et seul Makarof suivit le blond pour tomber une scène plutôt étrange.
Meldy tentait de calmer les garçons qui s'étaient attroupés près de l'unique mage d'eau de la guilde. Elle était vêtue de la cape noire de son amie, qui ne maîtrisait visiblement plus rien. Heureusement, la seule vision du vieux maître suffit à calmer l'attroupement. D'un simple mot, il dispersa la foule, mécontente de devoir mettre fin au spectacle.
« Vous deux, suivez-moi » ordonna-t-il en remontant les escaliers.
Arrivés dans la pièce du troisième, le maître de Crime Sorcière fut surpris de voir sa seule membre arriver, visiblement un peu honteuse. Il la savait jeune et dynamique, mais il était étonné que la simple présence de cette amie suffise à lui faire faire des bêtises.
« Que s'est-il passé ? » demanda le gris, soufflant.
« Je crois que Jubia… est une nouvelle victime » expliqua Meldy en jetant un regard attristé à son compagnon.
« Comment… ? » questionna Makarof en prenant les devants.
Meldy se plaça devant son amie, ouvrant juste assez sa cape pour leur montrer le morceau de marque noire qui dépassait de son soutien-gorge.
« Voilà pourquoi » dit-elle simplement, avant de reprendre. « Quand je l'ai vue à la taverne, je l'ai trouvée très bizarre. Elle n'était pas comme d'habitude, et quand Grey est passé à côté d'elle, elle n'a même pas réagi. Enfin, ne dites pas que je vous en ai parlé, c'est un secret normalement… » reprit-elle à l'adresse de l'ancien, qui acquiesça. « Alors j'ai pensé à notre mission et j'ai voulu vérifier, mais le col de sa robe n'était pas pratique et… sans le vouloir, j'ai laissé échapper que ce serait plus simple si elle retirait sa robe. Et elle l'a fait. »
« Ce qui explique l'attroupement de tout à l'heure, et qui porte à deux le nombre de membres affectés » commenta Makarof. « Meldy, le temps que je termine avec Gérard, aurais-tu l'amabilité de conduire Jubia à Fairy Hills ? Erza est dans le même état, et Wendy la surveille » demanda-t-il, avant d'ajouter. « Cela ne t'ennuie pas ? »
« Non » répondit l'intéressée. « Je passerai te chercher lorsque j'aurais plus d'informations, profites-en pour essayer de repérer d'autres anomalies. »
Elle hocha la tête, emmenant son amie muette et obéissante. Il n'y avait qu'un souci : elle ne savait pas où se trouvait Fairy Hills. Et elle ne connaissait pas beaucoup de membres à proprement dit, hormis Jubia. Oh si, elle connaissait Grey par procuration, et Jubia pouvait lui raconter des lignes et des lignes de choses sur lui dans ses lettres, sans oublier les souvenirs qu'Ultear avait parfois évoqués et où elle parlait de lui et de Léon. Elle les avait d'ailleurs vus lors des Grands jeux de la Magie, et avait pu parler quelques instants avec le brun. Il y avait aussi cette Lucy, et Natsu, sans oublier Erza, et le nom de Wendy ne lui était pas inconnu non plus.
« Grey ? » demanda-t-elle en s'adressant au brun accoudé au bar.
« Ouais » répondit-il simplement, torse-nu.
« Hum… Bon, je vais pas y aller par quatre chemins : pourrais-tu me conduire à Fairy Hills ? Je dois ramener Jubia auprès de Wendy, mais je ne sais pas où c'est » expliqua-t-elle, sérieuse.
« Elle peut pas y aller seule ? Après le spectacle qu'elle a offert aux clients… »
« Elle n'y est pour rien ! » lâcha-t-elle. « C'est de ma faute… Je ne savais pas qu'elle… »
« Qu'elle… ? » répéta-t-il, nonchalant.
« Laisse tomber, j'me débrouillerai. En fait, elle se plante carrément sur toi, tu as l'air vraiment con. »
Elle tourna les talons, entraînant la bleue par la main, espérant que malgré son état elle serait capable de retrouver le chemin. Meldy était furieuse contre ce type qui osait se trimballer à poil la plupart du temps, et délibérément, alors que sa meilleur amie était juste victime de… quelque chose. Et qu'elle n'avait rien choisi.
« Hey ! » la héla le mage aux cheveux hérissés. « Depuis quand on traite de con les gens sous prétexte qu'ils demandent une explication ? » demanda-t-il, visiblement mécontent.
« Depuis que je n'ai pas le droit de t'expliquer les raisons qui… »
« Elle a la même chose qu'Erza, c'est ça ? » coupa le brun.
« … Il semblerait » admit-elle.
« Fairy Hills n'est pas loin. »
« En fait faut juste savoir te cerner, hein ? » murmura-t-elle avec un sourire narquois.
Il ne répondit pas, se contentant de conduire les deux filles au dortoir, et en indiquant la chambre de la mage silencieuse.
« Je doute que tu lui laisses ta cape toute la journée » dit-il simplement.
« Hum, tu sais même le numéro de sa chambre… » dit-elle sur le même ton que précédemment.
« Et toi tu as l'air de te faire le même genre de films qu'elle » répliqua le brun sèchement.
« Sois sympa, je ne suis jamais venue ici, je ne connais même pas son appartement… »
« Elle est peut-être ''malade'', mais je pense que si tu lui demandes de s'habiller, elle le fera. »
« Ah oui, c'est vrai. Mais… comment j'ouvre ? »
Dépité par la demoiselle aux cheveux roses, il utilisa sa magie de glace pour confectionner une clé capable d'ouvrir la porte verrouillée de la chambre, puis il s'en alla.
« Je vais prévenir Wendy. »
L'après-midi était passé très vite. Meldy s'était amusée à faire passer des tenues que son amie ne sortait jamais et à la prendre en photo avec. Voilà qui lui fera un joli souvenir, mais surtout, elle imaginait la tête de Jubia lorsque ces photos tomberaient entre les mains de celui qu'elle aime en secret.
Elle voulait lui faire passer encore quelques tenues, même si cette jolie robe rouge et noire lui allait à merveille. Farfouillant dans le placard, elle était plongée dans la garde-robe riche en bleus de son amie lorsqu'elle entendit un bruit sourd.
« JUBIA ! » cria-t-elle, effarée.
Lâchant ce qu'elle avait dans les mains, elle se précipita auprès de son amie, à terre, rapidement rejointe par Wendy et Grey, alertés par son cri.
Agenouillée, Wendy tentait de comprendre ce qui clochait, mais elle n'en avait aucune idée, tout comme Meldy, qui regardait d'un air angoissé le corps inerte de son amie.
« Elle s'est écroulée d'un coup, sans prévenir ! » expliqua la rose.
« Grey, tu peux la porter dans la chambre d'Erza ? » demanda la dragonne slayer après quelques secondes.
Il accepta, soulevant la demoiselle d'une pièce à l'autre avant de la déposer sur le lit de la rousse. Il fut alors prié de sortir quelques minutes à la demande de Meldy, qui venait de penser à quelque chose. Intrigué, il obéit tout de même, laissant les deux victimes entre les mains d'une experte et d'une folle.
Wendy tenait les épaules de la première, tandis que Meldy dégrafait le corset noir qu'elle portait, lui retirant la pièce de cuir, puis le haut de la robe rouge, laissant sa peau à nue, simplement bordée par la dentelle qui entourait sa poitrine. Elles s'occupèrent ensuite d'Erza, et Meldy remarqua de drôles de similitudes.
« La marque s'étend » constata la plus âgée des deux, qui avait pu voir celle de son amie.
« Plus elle s'étend, plus elle les affaiblit, j'ai l'impression » ajouta Wendy, avant de remarquer l'expression étrange de sa partenaire.
« Tu ne remarques rien de bizarre ? » demanda-t-elle, avant de lui expliquer. « Touche. »
« Qu'est-ce que… ? » s'étonna la plus petite, avant de poser son oreille pour vérifier.
Elle n'avait pas de mot pour exprimer ce qu'elle venait de comprendre, elle en était même horrifiée. De son côté, la demoiselle de Crime Sorcière était plus réactive et sortit en trombe de la chambre, demandant à Grey d'aller chercher les deux maîtres le plus vite possible. Pour une fois, il s'exécuta sans dire un mot, courant dans les couloirs et les rues pour rejoindre la guilde.
Passant devant Mirajane sans lui adresser mot, il grimpa les escaliers quatre à quatre sans faire attention aux protestations de la barmaid qui le suivait pour le ramener au rez-de-chaussée, mais il était déjà dans le bureau du Maître.
« Décidément, ça n'arrête pas aujourd'hui… » dit-il en voyant Grey et Mira entrer en trombe.
« Désolée Maître, il m'a pris de court… » s'excusa la demoiselle.
« On s'en fout Mira, c'est pas important ça ! » s'écria-t-il. « Wendy et l'autre fille disent qu'il faut vite venir » expliqua le brun, essoufflé.
« Grey, Gérard et Polyussica sont à la bibliothèque, vas les chercher, vous me rejoindrez au dortoir » déclara-t-il aussitôt, l'air grave. « Mira, tu sais quoi faire. »
Grey était déjà parti dans l'antre des livres tandis que Mira et le Maître descendaient à leur tour les escaliers de bois qui craquaient. Sans un mot, le gris s'en alla et la serveuse reprit sa place, un peu pâle, inquiète.
Un bon quart d'heure plus tard, tous étaient rassemblés dans la chambre d'Erza. Wendy et Meldy leur avaient passé des vêtements plus légers et pratiques pour montrer l'étendue de cette marque noire, qui s'étendait à présent sur leurs épaules.
« J'ai remarqué autre chose. Je ne sais pas ce que ça signifie, mais je sais que c'est très mauvais » expliqua Meldy avant de laisser l'autre continuer.
« Ni Erza ni Jubia ne semblent avoir de cœur » lâcha-t-elle, la mine sombre.
Surprise, l'apothicaire poussa les demoiselles, sortant un stéthoscope de sa trousse. Après quelques secondes, elle se figea.
« Elles disent vrai. Je n'entends absolument rien, et pourtant elles sont bien vivantes puisqu'elles respirent. C'est à n'y rien comprendre, c'est totalement insensé » enragea-t-elle.
« Peut-être est-ce en rapport avec ça » déclara soudain Levy, qui avait le nez dans un livre. « La marque que vous m'avez montrée ressemble à celle-ci » expliqua-t-elle en leur montrant la page. « Si je ne me trompe pas, il est dit que c'est dû à un sort. Le cœur est pris de force, mais les gens sont maintenus en vie tant que le cœur est entier. Cependant, plus le temps passe, et… plus elles faiblissent, ce qui semble déjà être le cas d'Erza et Jubia… » expliqua-t-elle. « Je n'arrive pas à tout déchiffrer, mais je pense pouvoir trouver d'autres informations. »
« Donc, on a affaire à un voleur, et de surcroit un mage. Ou une mage » conclut Makarof.
« Mais à quoi ça peut servir de voler des cœurs ? » demanda Grey, qui ne comprenait pas.
« Aucune idée, mais dans ce genre d'affaire, c'est souvent quelque chose de tordu ou même d'interdit » expliqua Gérard. « Peut-être qu'il ou elle a besoin de ces cœurs pour des desseins plus sombres qu'on ne le suppose, comme c'est régulièrement le cas. »
« Ce qui expliquerait pourquoi tous ceux volés sont ceux de femmes mages » ajouta Meldy.
« Tu en es sûre ? »
« Oui, j'ai vérifié. Toutes sans exception » confirma-t-elle.
Il fallait absolument passer à l'action, ils ne pouvaient plus se permettre d'attendre. Gérard demanda à Grey et Wendy de les accompagner puisqu'ils étaient là, tandis que Levy continuerait de déchiffrer les écrits de ce mystérieux livre, et que Polyussica surveillerait l'état des patientes. Makarof quant à lui retourna à la guilde pour informer Mirajane, mais également la guilde entière. Il ne pouvait plus garder le secret en sachant que toutes les filles de la guilde pouvaient être de nouvelles cibles potentielles.
Il avait été décidé que chacune des membres serait accompagnée par quelqu'un, même chez elles. Toutes sans exception. La guilde avait également fermé plus tôt ce soir-là, et il était prévu de faire de même tant que ce voleur serait dans les parages.
De leur côté, Gérard, Grey, Meldy et Wendy se faisaient discrets. Ils étaient à l'affût de toute nouvelle information et cherchaient tous les mages solitaires de la ville pour les observer plus attentivement. La nuit était d'ailleurs tombée, et les recherches étaient un peu plus simples puisqu'il y avait moins de monde dans les rues.
Dispersés aux quatre coins de la ville, ils attendaient, observant la moindre personne qui bougeait. Ils espéraient d'ailleurs que la théorie qu'ils avaient mise sur pied était la bonne. Les filles étaient toutes retrouvées dans un état hagard au matin, ils supposaient donc que la personne agissait la nuit.
Cette première nuit n'avait rien donné. Gérard avait ordonné aux autres d'aller dormir un peu, décidant qu'ils allaient devoir se relayer, mais Mavis était venue s'interposer alors que le soleil n'était pas encore levé.
« Je suis un esprit, je n'ai pas besoin de dormir. Je vais surveiller la ville et chercher de mon côté, tu devrais également te reposer un peu. Erza n'aimerait pas te savoir éreinté. »
Touché. Cette fille était vraiment déstabilisante, et il ne sut quoi répondre. Il savait qu'il n'aurait pas le dernier mot avec le premier Maître de Fairy Tail, Makarof lui-même ne lui tenant pas tête.
« Très bien. »
« Fairy Hills devrait te convenir, aucun risque que quelqu'un d'inopportun vienne te déranger » dit-elle gentiment.
Les filles dormaient dans la chambre de Jubia, vide pour le moment puisque cette dernière était dans le lit d'Erza. Mavis était bien gentille de le lui avoir proposé, mais il avait préféré opter pour la guilde. Il ne se voyait pas vraiment dormir dans un dortoir de filles, et puis l'infirmerie du bâtiment était bien assez calme pour qu'il puisse s'y reposer. Personne n'allait dans cette pièce, du moins personne d'externe à la guilde, ce qui lui allait parfaitement.
Tout le monde était sur le qui-vive. Les clients avaient remarqué que quelque chose n'allait pas au sein de la guilde, mais personne n'avait lâché le morceau. Les uns prétextaient que le Conseil Magique en avait après le Maître, les autres qu'il y avait trop de boulot et qu'ils étaient fatigués.
Malheureusement, le soir venu, Mavis n'avait rien de neuf malgré ses investigations, et Makarof n'apportait pas de bonnes nouvelles.
« Levy a pu obtenir plus d'informations du livre où elle a trouvé la marque » avait-il annoncé dans la chambre d'Erza, qui était désormais le QG de cette mission. « Le sort a une durée de vie limitée. D'après le livre, lorsqu'il ne reste plus beaucoup de temps aux gens, leur peau et leurs cheveux se dépigmentent. Il semblerait également que les mages se voient drainer leur magie à petit feu. Il est drainé de manière que la personne soit en déficit par rapport à ce qu'elle peut récupérer en se reposant. Comment dire… C'est un peu comme si en une heure tu parvenais à reconstituer 10% de ta magie, mais que durant ce même laps de temps, c'est 13% que le sort te prend » ajouta-t-il à l'adresse de la petite Dragonne Slayer qui n'avait pas bien saisi.
« C'est vraiment pervers comme sort » commenta Meldy.
« Oui. Fort heureusement, Erza a de grandes réserves magiques, mais pour Jubia… »
« Elle en a plus que ce qu'elle veut bien montrer » déclara le brun. « Pour l'avoir vue à l'œuvre plus d'une fois, je peux affirmer qu'elle a certainement autant de magie que moi. »
« Mais nous n'en sommes pas sûrs. Espérons qu'on n'en arrive pas là » reprit Makarof.
« Il n'y a pas eu de victime cette nuit, ni dans la journée, la personne qui est derrière tout ça a peut-être ce qu'elle veut » dit la plus jeune.
« Possible. Mais même si elle a cessé, on doit récupérer les cœurs de toutes les personnes avant qu'elles ne meurent » dit Gérard. « Et surtout, il faut l'arrêter. »
Polyussica parvenait à réveiller les deux demoiselles de temps en temps, pour les faire manger et aller aux toilettes. Heureusement, elles savaient encore se débrouiller seules, même s'il fallait tout de même préparer leur repas, ce qui ne l'enchantait pas. « Je suis pas une baby-sitter. »
Un cri. Un cri aigu qui provenait du sud de la ville retentit. Grey n'était pas loin, et il courut pour arriver rapidement sur place. Une petite foule s'était attroupée, des villageois à première vue. Personne n'avait compris ce qui s'était passé, mais plusieurs pointaient du doigt l'est. Il avait également entendu quelques bribes. Il s'agissait d'un homme en noir.
Fonçant à sa poursuite, Grey courait à en perdre haleine. C'était peut-être bien la personne qui avait mis Erza et Jubia dans cet état, alors il ne devait pas le rater.
Pourtant, l'individu lui passa entre les doigts. Après plus de quinze minutes de course, à bout de souffle, il cessa de courir, s'appuyant contre une maison quelques minutes pour reprendre sa course, puis il rebroussa chemin.
Arrivé au dortoir, quelque chose l'interpella. Il y avait quelque chose qui n'allait pas, ou plutôt il manquait quelqu'un.
« Meldy est dans le même état » expliqua Gérard devant l'incompréhension du brun. « Pour le moment, elle est encore consciente, mais d'ici quelques heures elle sera probablement inerte, comme les autres filles. »
« Où est-elle ? » demanda Wendy, qui était arrivée quelques minutes avant son camarade de Fairy Tail.
« Dans la chambre de Jubia. Polyussica l'examine attentivement. »
Ils étaient accablés. Une victime en plus, qui plus est de leur équipe, ce n'était pas vraiment bon pour le moral des troupes. Makarof était lui aussi arrivé, alerté par Mavis qui était entre-temps repartie sur les lieux de l'accident pour voir si elle parvenait à trouver quelque chose. Lui aussi se sentait mal. Il ne connaissait pas la petite Meldy, mais il savait qu'elle était une bonne mage, à l'instar de ses deux « enfants » dont l'état ne changeait pas. Voir la liste s'allonger ne l'enchantait pas et plus le temps passait, plus il avait peur que les autres filles de la guilde ne soient de potentielles victimes.
« J'espère que la liste ne s'allongera pas… » marmonna-t-il.
« Je l'espère également » ajouta Gérard, suivit par les deux autres fées. « De toute façon, nous n'avons pas le choix » reprit-il. « Grey, rentre chez toi. Maintenant qu'il a frappé et qu'il nous sait à sa poursuite, il ne se remontrera pas cette nuit » le conseilla-t-il.
« Moi aussi je vais y aller. Wendy, tu préfères dormir à Fairy Hills ou je t'emmène chez Mira ? » demanda le vieil homme.
« Grandine, heu… Polyussica est ici, alors je vais rester avec elle, si elle a besoin de moi » expliqua la fillette.
« Très bien. Gérard, je te dis à demain. Essaie de dormir un peu toi aussi. »
Le concerné hocha la tête, et chacun sortit de la chambre, laissant Gérard seul un moment. Ce moment de solitude était bienvenu : il avait besoin de faire le point.
Entre Erza et Meldy qui se trouvaient dans le même état, et ce type qui courait toujours, cela ne lui convenait pas. Il se sentait plutôt coupable, même.
Assis près de la rousse, il l'observait. Ses cheveux rouges qu'il aimait tant étaient à présent source d'anxiété. Il guettait le moindre signe d'éclaircissement. Il avait dû la négliger un peu trop à son goût, surtout en voyant l'état dans lequel elle se trouvait. Il ne la voyait pas souvent et cela l'ennuyait, même s'il lui arrivait de faire un crochet par Magnolia entre deux missions pour l'apercevoir. Meldy le savait, il n'était pas parvenu à le lui cacher, surtout après les Jeux Magiques, mais il n'en parlait pas. C'est vrai qu'elle était curieuse, mais Gérard préférait garder ça pour lui, après tout, il avait fait tellement de mal dans sa vie qu'il savait qu'il ne pourrait jamais se permettre de lui parler de ses sentiments. Même si dans sa lettre d'adieu, Ultear avait demandé qu'il éclaircisse ce point avant qu'elle ne parte avec un autre.
« Peut-être a-t-elle raison » dit-il à haute voix.
Erza était là, mais quelqu'un s'était finalement emparé d'elle. Cela ne pouvait pas durer : s'il se laissait aller, il la perdrait définitivement.
« Erza… Si seulement j'avais été là… »
Gérard s'était finalement endormit sur cette chaise, ses pensées tournées vers celle à qui il aurait donné son cœur si cela avait pu la sauver. Et à son réveil, quelque chose l'interpella. Il vérifia que la rousse se portait bien, mais une pointe blanche entachait sa chevelure de feu. Jubia, qu'il n'avait pas vraiment considérée, perdait également le bleu de ses cheveux.
Le recherché se leva aussitôt et se dirigea vers la chambre voisine, occupée par Meldy, Wendy et Polyussica. Frappant vigoureusement, il entendit finalement une voix agacée le prier d'entrer.
« Que diable me veux-tu ? » marmonna la vieille femme.
« C'est Jubia : ses cheveux deviennent déjà blancs ! » expliqua-t-il.
Sans un mot et devant la stupéfaction de Wendy, Polyussica poussa Gérard de la main pour passer et aller constater elle-même ces dires. Wendy avait compris, elle aussi. Jubia commençait déjà à faiblir, et les victimes précédentes étaient certainement dans un état pire encore, et bientôt, ce serait au tour d'Erza et de Meldy.
Les deux femmes de sa vie allaient l'abandonner s'il ne faisait rien.
« Grey… J'ai peur qu'il le prenne mal » murmura alors la fillette.
« Il ne dira rien devant nous, mais je pense qu'il faudra le laisser un peu seul »
« Comme toi cette nuit ? » demanda-t-elle, innocente, devant le regard surpris de son ami.
« Oui. Un peu comme moi. »
Mavis était cependant rentrée avec de bonne nouvelles. Les seules de la journée certainement. La petite blonde avait retrouvé la trace de ce cruel voleur. Malheureusement, elle n'avait pas pu le filer aussi loin qu'elle le souhaitait.
« Il est passé par un passage secret, dans un arbre du parc nord, mais je n'ai pas pu le suivre : la magie de ces arbres centenaires est trop puissante… » se lamenta l'esprit.
« Si nous savons déjà cela, c'est grâce à vous, Maître » déclara Makarof, arrivé il y a peu, chamboulé par la nouvelle que lui avait apprise Wendy, un peu plus tôt.
« J'aurais tout de même aimé faire plus… »
Le temps de se restaurer un peu, sur ordre express de l'apothicaire qui ne supportait de voir ces gamins mal élevés se ruiner la santé, Gérard et Wendy s'en allèrent de Fairy Hills.
« Je vais aller examiner le parc. Tu veux bien aller… voir Grey ? »
« Oui. Même s'il ne dira rien, il faut quand même qu'il soit mis au courant » dit-elle, triste. « J'espère que toute cette histoire se terminera vite… Tout le monde est inquiet à la guilde, que ce soit pour le Maître, les filles, ou pour toi… »
« Je compte bien faire vite. Et puis, avec ce qu'a trouvé Mavis, nous avons pris de l'avance. »
La plus jeune s'inclina en partant sur une autre route, lui souhaitant bonne chance dans ses recherches, tandis qu'elle partait anxieusement vers la maison du mage de glace.
Wendy frappait depuis plusieurs minutes déjà, mais Grey semblait absent. Dans le doute, elle osa tout de même entrer. La porte était ouverte. Grey était finalement là, avachi sur la table de la cuisine, un verre de saké et un paquet de cigarettes près de lui.
Peinée, Wendy tenta de le réveiller en douceur, mais l'alcool avait dû l'assommer. La bouteille était vide, et le verre aussi. La nouvelle qu'elle allait devoir lui annoncer était suffisamment difficile, alors Wendy préféra utiliser sa magie curative pour qu'il comprenne bien la gravité de la situation, sans qu'elle ait besoin de lui expliquer plusieurs fois sous prétexte qu'il était saoul. Un cercle blanc, et le sort fut lancé.
« Grey… Grey, réveille-toi, il s'est passé quelque chose cette nuit » dit-elle en le secouant doucement.
« W-Wendy… ? Qu'est-ce que… ? » marmonna-t-il, encore légèrement endormi.
« Grey, je… j'ai une mauvaise nouvelle… » murmura-t-elle en baissant les yeux. « Les cheveux de Jubia blanchissent déjà… On a besoin de toi pour trouver la cache de ce type… »
« Attends… Tu… Jubia ? Et Erza ? » bredouilla-t-il.
« Le processus n'a pas encore vraiment commencé chez Erza, mais Jubia a déjà toute une mèche blanche. »
« J'vais la voir » déclara-t-il en se levant.
« Attends, Grey, Polyussica est auprès d'elle, et elle essaie de ralentir le processus. Et Gérard a besoin de nous : Maître Mavis a trouvé quelque chose cette nuit, c'est certainement la cache de ce détraqué ! » cria-t-elle en courant après le brun qui ne l'écoutait plus.
« C'est bon Wendy, j'en ai pour cinq minutes » cria-t-il, déjà loin.
Arrivé au dortoir, il vérifia où se trouvait la vieille mégère avant d'entrer discrètement dans la pièce qui l'intéressait. Wendy disait vrai, Erza allait plutôt bien, mais Jubia avait déjà une mèche blanche.
Le temps lui était cependant compté, il devait faire vite.
« J'te préviens idiote, si tu y passes, j'te tiendrai pour responsable de ma solitude ! » murmura-t-il à son oreille avant de repartir aussi vite qu'il était venu.
Il espérait que ces paroles en l'air suffiraient à lui donner envie de se battre contre ce fou, mais il ne le saurait peut-être jamais. Du moins, pas s'il ne passait pas la vitesse supérieure.
Wendy l'avait attendu avant de l'emmener au parc. Gérard était déjà sur place, en train d'examiner un arbre avec attention, tout en restant discret. Enfin… Si être un type louche encapuchonné devant un arbre pouvait être discret.
Une heure déjà qu'ils étaient là et toujours rien. Wendy commençait à désespérer, jusqu'à ce que soudain elle bascule en arrière. Criant un instant, elle comprit qu'elle était en train de tomber dans une sorte de puits, la tête la première, dans le noir.
« AU SECOURS ! » cria-t-elle, paniquée.
De leur côté, les garçons étaient abasourdis. Cela s'était passé trop vite, et pourtant ils ne pouvaient pas laisser la fillette seule. Cherchant activement le mécanisme d'ouverture, c'est Grey qui le trouva en marchant par inadvertance sur la pierre où la dragon slayer s'était posée quelques minutes plus tôt. Une fois la porte ouverte, les deux garçons s'engouffrèrent dans l'étroit conduit qui s'enfonçait profondément.
« Wendy, ça va ? » cria Grey en se laissant glisser.
« Oui, faites attention à l'atterrissage, c'est dur » s'époumona-t-elle, la voix lointaine.
En effet, la pierre n'était pas des plus agréables, surtout quand Gérard lui tomba dessus. Et il n'était pas aussi léger que la petite fille.
Après quelques minutes pour se relever et vérifier que tout allait bien, ils observèrent un peu les lieux. Ou plutôt, le noir. Heureusement, Gérard était capable d'utiliser la magie du feu, et il créa une petite flamme rouge dans le creux de sa main. Elle était juste assez puissante pour éclairer à quelques mètres devant eux.
Ils ne voyaient que des murs de pierre, visiblement creusés à même la roche. Aucun des trois partenaires n'avait jamais entendu parler de souterrains cachés à Magnolia, ce qui leur paraissait très étrange. D'ailleurs, à part le crépitement de la flamme et la respiration un peu angoissée de Wendy, tout était silencieux. Pas un bruit, pas un souffle ne s'entendait.
« C'est étrange » commenta Grey.
« En effet. Restez sur vos gardes » murmura le bleu.
Après plus de trente minutes à déambuler dans le couloir longiligne, les trois compagnons tombèrent sur une immense cavité. Avec d'infinies précautions, ils se cachèrent derrière une énorme stalagmite. Gérard décida d'avancer seul en éclaireur, confiant la plus jeune à Grey. Les deux fées avaient pour mission de le couvrir en cas de danger. Même si Grey n'appréciait pas de rester à l'arrière, il comprenait tout de même qu'il faille protéger Wendy, même si elle se débrouillait plutôt bien toute seule.
La grotte avait été aménagée avec une couchette sur le côté, avec un petit coin pour manger, un sac de provision près de la paillasse. Il y avait également un foyer éteint et froid et un peu plus loin une étrange lueur rougeâtre.
S'approchant, Gérard comprit rapidement de quoi il s'agissait et… il fut stupéfait, même effrayé. Devant lui, deux étagères étaient remplies de coffrets en bois sculpté, avec une serrure en verre. A l'intérieur, il y avait quelque chose qui bougeait, qui faisait un léger bruit, un son qu'il connaissait bien. Il venait de trouver les cœurs.
Il y en avait une dizaine, dont trois qu'il connaissait, bien qu'il ne sache pas comment discerner quels étaient ceux qu'il ne pouvait pas se permettre de perdre.
Des bruits de pas résonnèrent. Il ne pouvait pas rester ici plus longtemps. Alors qu'il rebroussait chemin, autre chose attira son attention. Une fraction de seconde suffit à lui faire élaborer une hypothèse. Il fallait qu'il en parle aux autres dès qu'ils seraient sortis d'ici.
Invisible tel un oiseau de nuit, Gérard retrouva les deux autres, leur intimant du regard l'ordre de le suivre dans un silence absolu. S'ils ne s'étaient pas fait prendre, c'est qu'il y avait une autre entrée, si ce n'était pas plusieurs.
Arrivés près de l'endroit où ils avaient atterri, Gérard utilisa sa magie de la vitesse pour remonter le long du puits dans lequel ils étaient tombés deux heures plus tôt, et il tenta d'ouvrir de l'intérieur cette porte.
Après quelques minutes à tenter de forcer le mécanisme, la porte s'ouvrit, inondant de lumière le conduit et aveuglant le mage. Le temps d'acclimater ses yeux, il vérifia que les lieux n'étaient pas trop bondés avant de sortir et d'attraper une corde qu'il lança aux deux autres.
Polyussica, Makarof, Mavis, Grey, Wendy et Gérard. Ils étaient de nouveau réunis dans le bureau exigu du Maître actuel de Fairy Tail. Mirajane était passée servir une boisson fraîche aux hôtes du Maître et l'informer au passage de ce qui se passait entre les murs de la taverne de temps en temps.
« Nous avons trouvé la planque de celui que nous cherchons » expliqua finalement Gérard après un moment.
« Dans le parc, j'imagine ? » demanda la blonde aux cheveux ondulés.
« En effet. Mais d'après ce que j'ai pu voir, il y a au moins une autre entrée. Cependant, je ne sais pas où elle se trouve » expliqua-t-il.
« On s'en fout, on sait par où entrer au moins » commenta Grey, un peu irrité de n'avoir rien pu faire.
« Qu'avez-vous découvert ? » demanda le Maître aux cheveux gris.
« Une caverne plutôt grande, et occupée depuis un moment. Mais ce n'est pas tout, j'ai pu voir deux étagères creusées à même la roche où sont entreposés huit coffrets. »
« Des coffrets ? » répéta Wendy, qui n'avait pas vu cela.
« Oui, des coffrets en bois et une serrure en verre. Grâce à ça, je suis parvenu à la conclusion qu'à l'intérieur se trouvent les cœurs volés. J'ai également pu voir que plusieurs coffrets sont encore vides » expliqua-t-il, sombre.
« Ce qui signifie qu'il va repasser à l'attaque pour obtenir ceux qui lui manquent » commenta Makarof.
« Je pense, en effet » répondit le Maître de Crime Sorcière. « Mais… il y a encore autre chose qui m'inquiète. »
« Qu'as-tu trouvé ? » demanda la première.
« Lorsque nous avons dû repartir, j'ai vu quelque chose… » commença-t-il. « Je n'ai pas eu le temps de m'attarder dessus, mais je suis certain qu'il s'agissait du corps d'une fillette d'environ dix ans. »
C'est Polyussica qui s'avança cette fois, intéressée. En temps qu'apothicaire, elle lui demanda plus d'informations.
« Je n'ai pas très bien vu à cause de la lumière rouge artificielle qui l'éclairait, mais je crois qu'elle avait les cheveux noirs, plutôt longs, qu'elle devait faire à peu près la taille de Wendy. Je ne suis pas sûr de ce que j'avance, mais j'ai clairement vu qu'elle ne respirait pas, et je pense du coup que tous les cœurs qu'il a pris vont servir à utiliser un sort interdit qui vise à rendre la vie. »
« Cela correspondrait aux découvertes que j'ai faites avec Levy » coupa la vieille femme.
Tous les regards se tournèrent vers elle, visiblement surpris.
« Elle a trouvé à quoi correspondait exactement la marque. Il s'agit d'un rituel préparatoire pour une cérémonie bien plus importante. C'est de la magie noire normalement oubliée, dont il ne subsiste plus que quelques indices dans certains livres. »
« Je croyais qu'il était impossible de… ? »
« Ça l'est. Personne n'est jamais parvenu à revenir à la vie, et ce qui se prépare va tuer une quinzaine de personnes sans fonctionner. »
« Alors… Erza et Jubia vont mourir ? » demanda à mi-voix la dragonne slayer, les larmes aux yeux.
« Non. On a assez d'informations pour arrêter ce massacre. Il ne nous manque que des informations sur celui qui tire les ficelles. Et d'après ce que j'ai vu, il lui manque encore plusieurs cœurs, ce qui nous laisse un peu de temps. »
« Non » coupa la vieille femme une nouvelle fois. « Les filles faiblissent, et elles n'étaient pas les premières. Je ne sais pas dans quel état se trouvent les premières victimes, mais je pense que l'individu va devoir passer à la vitesse supérieur s'il ne veut pas que ce qu'il a commencé ne tombe à l'eau. Je vous rappelle que si Erza semble encore être stable, ce n'est pas le cas de Jubia, ni celui de Meldy. »
« Pardon ? » s'étonna Gérard, surpris.
« Sa santé aussi a commencé à se dégrader, il y a une heure environ. Ses cheveux deviennent blancs, mais elle semble être dans un coma plus profond que les deux autres. »
« De toute façon, nous sommes tous d'accord sur un fait : il faut agir au plus vite » reprit Mavis, plus sérieuse qu'à son habitude.
« Ce n'est pas tout » reprit la femme aux cheveux roses. « Lorsqu'elles auront récupéré ce qu'on leur a pris, il faudra faire quelque chose pour qu'elles redeviennent comme avant. Mais nous ne savons pas quoi. En fait, on ne sait même pas ce qu'il va se passer, et malgré les recherches, tout ce qu'on a trouvé c'est qu'elles seront hors de danger mais qu'elles risqueront de perdre quelque chose d'extrêmement important dans les jours qui suivent si on ne trouve pas ce qu'il faut faire pour annuler complètement ce rituel. »
« Ce qui nous ramène à la même chose : nous devons faire très vite » déclara Makarof.
« Le problème, c'est qu'on ne sait même pas quelle est la puissance de ce type » précisa Grey, qui avait écouté sans rien dire.
« Je pense qu'avec la puissance que vous accumulez à vous trois, ça devrait aller. Gérard a une puissance magique similaire à Erza, et toi à Natsu. Vous pourriez demander à Gajeel de se joindre à vous, peut-être, car à part lui il ne reste pas beaucoup de mages à la guilde. »
« De mages puissants, tu veux dire ? » précisa le brun.
« Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit : tu oublies Mira ou encore Levy. Je te rappelle que Mirajane est du même calibre qu'Erza, et que Levy a déjà été sélectionnée pour l'examen. »
« Mais… Je, enfin il me semble que Mirajane n'aime pas se battre… » intervient la plus jeune.
« En effet, c'est pour ça que Gajeel pourrait s'en charger. Et Luxus également » reprit le Maître, un peu irrité par la remarque de Grey.
« Grey et moi devrions suffire. Wendy viendra chercher les autres en cas de besoin, elle est assez discrète pour s'échapper de là-bas sans se faire remarquer. »
Comment avaient-ils pu en arriver là ? Ce type était tellement puissant que le groupe se demandait s'il n'était pas apparenté à Zeleph. Gérard était inconscient dans un coin, malgré les tentatives de Wendy pour le soigner. Elle aussi avait bien souffert, et ses multiples plaies saignaient encore, même si elles séchaient rapidement. Il fallait qu'elle s'occupe de Grey, qui était dans un état similaire, bien qu'il ait utilisé sa propre magie sur lui pour tenter d'arrêter le sang qui coulait abondamment de sa jambe droite. Gajeel et Luxus étaient encore sur pied, arrivés plus tard en renfort devant la puissance phénoménale de ce gamin. C'était juste irréaliste. Deux dragons slayers malmenés par un simple gamin de l'âge de Wendy. Même s'il avait lui aussi dégusté, il était parvenu à battre deux mages de grande puissance, une dragonne slayer, et il n'était pas loin d'en battre encore deux, tout ça à lui seul.
Des cheveux similaires à Natsu mais blancs, des yeux rouges, il était habillé de noir et se battait avec une magie basique, mais ce qui faisait la différence, c'était cette arme qui décuplait sa puissance de façon effarante.
« C'est bon Wendy, occupe-toi de Grey, j'y retourne. »
La façon de faire de ce petit démon était inhabituelle : les quatre mages avaient été éprouvés physiquement, mais pas au niveau magique, même si certains abusaient un peu et dépensaient cette dernière un peu trop facilement pour impressionner le monde.
Il ne semblait pas fatigué, alors que face à lui se tenaient cinq mages bien plus expérimentés que lui, et déjà bien fatigués.
« GAJEEL, LUXUS, VISEZ SA MAIN DROITE ET LE CRYSTAL DU BÂTON EN MÊME TEMPS ! » cria une voix fluette qui n'aurait pas dû se trouver là.
Levy était arrivée en courant, accompagnée par le Maître, déjà prête à soutenir Wendy.
« Solid Script ! Iron ! Electricity ! »
C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour eux : leur redonner quelques forces avant une nouvelle salve d'attaques. Ils avaient été tous bien surpris de voir ces deux-là débarquer. Aucun d'entre eux n'avait fait la relation entre cette étrange marque qu'il avait sur la main et le bâton.
« La marque de la main et celle du crystal sont complémentaires : cela lui permet de ne presque pas être atteint par la magie, et également de décupler la sienne ! C'est un artefact magique interdit ! » cria-t-elle.
Visiblement, elle n'avait fait que déchainer la colère du gamin qui leur faisait face, car elle se retrouva plaquée contre le mur l'instant suivant, dans un violent choc.
« Levy ! »
Aussitôt, Wendy accourut vers elle, constatant la trace de sang qui colorait le mur contre lequel elle avait atterrit avant de glisser vers le sol. Accroupie près d'elle, Wendy n'en croyait pas ses yeux. Ce n'était pas possible. Déchirant la tunique orange qu'elle portait, ses craintes furent confirmées.
« LEVY S'EST FAIT VOLER SON CŒUR ! » cria la petite fille qui tentait de soigner les autres blessures infligées par le contact brutal de la pierre, les larmes aux yeux.
Le gamin semblait satisfait de lui, et le cœur palpitant de la jeune fille qui flottait en l'air s'en alla rejoindre un des coffrets en bois. D'ailleurs, il regarda Wendy avec attention, et cette dernière en fut effrayée.
« Maître, protégez Wendy ! » cria Grey, qui avait assisté à la scène sans pouvoir bouger quelques minutes plus tôt.
A présent que les soins que lui avaient prodigués Wendy avaient fait effet, il s'était levé à son tour pour rejoindre la bataille.
Tandis que Grey et Gajeel occupaient le gamin, Luxus et Gérard tentaient de suivre les conseils de la dernière victime en date, mais le premier essai fut un échec. Ils n'étaient pas synchronisés.
Le temps passait, et le combat à quatre semblait moins fatiguant pour les mages, soignés par la fillette restée en arrière avec le Maître et Levy. La vitesse du combat s'intensifiait et l'enfant semblait commencer à peiner, la fatigue commençant finalement à s'emparer de lui aussi.
« MAINTENANT ! »
Un bruit cristallin et un cri retentirent. L'instant d'après, Luxus frappa si violemment l'enfant de sa foudre qu'il tomba sur le sol, à demi mort. Grey l'enferma dans une cage de glace de laquelle il ne pourrait sortir, et tous les mages soufflèrent.
« Voilà une bonne chose de faite » déclara Makarof. « Grey, emmène-le à la guilde, je m'occuperai de le livrer au Conseil. Luxus, Wendy, aidez-moi à prendre les coffrets, Gajeel, occupe-toi de Levy, il faut l'emmener auprès de Polyussica. Gérard, je te laisse t'occuper de cet endroit. »
« Au cas où nous en aurions besoin, je vais attendre que tout soit rentré dans l'ordre » répondit-il en prenant quelques coffrets.
« Gajeel-san, il faut faire attention à ne pas trop bouger Levy, surtout quand on remontera » précisa la plus jeune.
« Mettez les coffret là-bas. Il va me falloir un peu de temps pour retrouver à qui ces cœurs appartiennent. D'ailleurs, je vais avoir besoin de toi Gérard, je pense que tu as une idée sur l'identité de certaines filles » déclara l'apothicaire alors qu'ils venaient de revenir à Fairy Hills.
« En effet, Meldy avait trouvé deux filles et moi trois. »
« Ce qui nous laisse trois personnes à retrouver. Bien, commençons déjà par nos troupes. »
« Polyussica-san, comment savez-vous à qui appartiennent ces cœurs ? » demanda Wendy sans comprendre.
« Approche ton oreille et écoute, tu comprendras. »
La fillette prit un coffret et le porta près de son oreille, imitée par toutes les personnes présentes qui se posaient la même question. Même Mavis était stupéfaite. Ces cœurs murmuraient quelque chose, un prénom, parfois un nom, avec une voix triste et pleine de détresse. On pouvait même parfois entendre un message.
« Celui-là, c'est celui d'Erza » déclara Wendy en rougissant.
« Comment tu le sais ? » demanda Grey, surpris.
La fillette lui laissa le coffret et il comprit rapidement, acquiesçant à l'avis de la fillette.
« Donne-le-moi » coupa la vieille femme.
Obéissant, Grey tendit le coffret et tout le monde s'approcha. Erza avait elle aussi une mèche blanche à présent, et la marque sur son corps s'était étendue, mordant une partie de son visage et de son ventre. Polyussica avait préparé les trois victimes présentes à Fairy Hills, qui se retrouvaient en sous-vêtements.
Ordonnant à tous de s'écarter un peu, elle ouvrit le coffret, et tout le monde s'étonna d'entendre la voix si triste de Titania, la Reine des fées.
« Pourquoi tu me mens, espèce d'idiot ? Tu sais que tu me fais plus mal maintenant en me repoussant ? »
Cette voix était tellement déchirante, tellement… Même lorsqu'elle était triste, Erza n'était jamais ainsi. Tous étaient attristés, mais même si personne ne prononçait mot, tous savaient pertinemment de qui elle parlait. Le concerné avait d'ailleurs pâli. Un silence gêné s'était installé, tandis que le cœur posé sur la poitrine de la rousse pénétrait un peu plus dans son corps à chaque syllabe que prononçait la vieille femme, très concentrée.
Soudain, le poitrine d'Erza se souleva dans une respiration bruyante, ce qui rassura tout le monde et leur fit en partie oublier les mots qu'elle gardait profondément ancrés au fond d'elle.
« Lequel d'entre vous à celui de Jubia ? » demanda-t-elle.
« Moi » répondit le Maître en lui donna le coffret.
« Pourquoi Grey-sama ignore Jubia… ? Ça fait tellement mal… »
« C'est bon, me regardez pas comme ça ! » marmonna Grey en rougissant vivement, tandis que Polyussica récitait la même incantation. « De toute façon, tout le monde est au courant. »
« La ferme ! » ordonna l'apothicaire, irritée. « Wendy, reste ici le temps que je m'occupe de Meldy et Levy. Qui a leurs cœurs ? »
« J'ai celui de Levy » déclara Mavis. « Enfin… je crois. »
« J'ai celui de Meldy » dit alors Gérard.
Polyussica répéta l'opération pour les deux autres, et les mots qu'elles gardaient au fond d'elles étaient tout aussi déchirants.
« Levy devrait très vite être sur pied. Pour les autres, ça risque d'être un peu plus long. A présent, il faut aussi s'occuper des autres victimes. »
« Je peux vous emmener chez trois d'entre elles » dit Gérard, encore un peu pâle.
« Alors allons-y immédiatement. Je n'ose même pas imaginer dans quel état elles peuvent être. »
Makarof avait livré l'enfant aux autorités compétentes, en leur parlant aussi de la fillette qui reposait dans la caverne. Il avait également envoyé une note aux membres de la guilde expliquant que tout était réglé et qu'ils pouvaient revenir, le danger étant passé.
De leur côté, Polyussica et Gérard recherchaient les dernières victimes de ce fou. Ils en avaient trouvé une, que Polyussica s'était empressée de soigner, donnant les recommandations nécessaires comme pour les cinq autres qu'elle avait déjà soignées.
« Retourne à Fairy Hills au lieu de t'agiter comme ça, petit impertinent. Et pendant que tu y es, demanda à quelqu'un de ramener Levy dans sa chambre, et met Meldy dans une chambre vide. Je passerai un peu plus tard voir comment elles vont. »
Gérard ne dit rien, caché derrière son masque de tissus, et il obéit. Finalement, c'est lui qui se chargea de déplacer les deux filles, car il n'y avait personne pour le moment pour l'aider, à part Wendy.
« Le Maître les a emmenés à la guilde pour qu'ils se soignent correctement » expliqua-t-elle.
« Tu devrais y aller aussi, tu n'as plus assez de magie pour te soigner, visiblement. Je vais rester ici, de toute façon. Maintenant que nous sommes enfin en paix, je n'ai plus lieu de me promener dans Magnolia pour prendre le risque d'être reconnu. »
« Tu es sûr ? Et tes blessures à toi ? » demanda la petite, inquiète.
« Je n'ai rien, quelques bleus tout au plus, et puis Polyussica passera tout à l'heure. »
« Bon… D'accord alors » concéda-t-elle à contrecœur.
A présent seul, Gérard pouvait se soigner un peu plus convenablement. Attrapant la sacoche de Meldy, qui était restée près du lit de la rousse, il attrapa quelques bandages et s'assit à même le sol, au pied du lit, avant de retirer sa cape et son maillot de corps entachés. La plaie qu'il avait à la taille était encore sanguinolente et plutôt profonde. Heureusement qu'il était habitué à la douleur pour ne pas trop laisser paraître son mal.
Après une dizaine de minutes à nettoyer et panser toutes ses plaies, il se releva, s'empara d'une chaise et s'assit au chevet d'Erza.
Elle était bien plus pâle que d'ordinaire, et son unique mèche blanche avait repris une teinte blanc de lin, ce qui était bon signe. Il repensait à ce qu'elle cachait à tous depuis si longtemps, et qui avait été révélé un peu plus tôt. Il s'en voulait. Il n'aurait jamais pensé qu'il lui faisait autant de mal, surtout après tout ce qu'il avait pu lui faire subir depuis la Tour du Paradis. S'il avait su… peut-être aurait-il fait quelque chose, depuis le temps. Meldy et Ultear avaient raison, il n'aurait pas dû la repousser la dernière fois.
Posant sa main sur le front de son amie, il remarqua qu'elle avait la peau encore très froide. Il ne savait pas si elle sentait son contact, mais il espérait que cela l'apaiserait un peu, que ça la soulagerait de sentir quelqu'un près d'elle.
« Gérard… ? » finit par souffler une petite voix faiblarde.
« Comment tu te sens ? » demanda-t-il doucement en retirant sa main.
« Bizarre… J'ai l'impression que quelque chose m'oppresse » expliqua-t-elle en tournant la tête vers lui. « Raconte-moi ce qu'il s'est passé. »
« Qu'est-ce qui te faire dire que… »
« Je ne suis pas bête, si tu es là c'est pour une bonne raison » expliqua-t-elle, inquiète.
« C'est une longue histoire, mais c'est terminé à présent. Tu ferais mieux de te reposer, je te raconterai plus tard. »
« Gérard… Pourquoi je suis là ? »
« Je ne te dirais rien tant que tes cheveux n'auront pas retrouvé leur belle couleur écarlate » dit-il en lui montrant la mèche presque dénuée de couleur.
Elle souffla, visiblement mécontente, mais Gérard avait vu juste : elle était tellement épuisée qu'elle n'avait même pas répliqué. Cependant, elle ne semblait pas décidée à se laisser aller à dormir.
« Le Maître sait que tu es là ? » demanda-t-elle finalement.
« Oui, Fairy Tail m'a même aidé dans cette mission. »
« Où est Meldy ? »
« Dans une autre chambre. Elle se repose aussi » expliqua-t-il tranquillement.
« Comment elle va ? »
« Elle est sortie d'affaire, comme toi. Pour le moment, elle dort. Et tu devrais en faire autant. »
« Comment veux-tu que je dorme alors que je ne sais même pas ce qu'il s'est passé ? » demanda-t-elle en rougissant, la voix un peu plus forte.
« Tu veux vraiment que je te raconte ? Je doute que tu apprécies la fin… » prévint-il, incapable de lui résister.
« Je t'écoute. »
Le mage lui raconta alors toute l'histoire. Son arrivée et l'étrange coïncidence avec l'état d'Erza et de Jubia, les découvertes de Polyussica et Levy, Meldy devenue une nouvelle victime, la poursuite dans Magnolia, la découverte de la grotte, le combat, les coffrets, les cœurs, la cérémonie de Polyussica, jusqu'à présent.
Erza avait écouté sans rien dire, se contentant de rougir de plus en plus à mesure que la fin de l'histoire approchait, et à présent elle ne savait plus quoi dire ou faire. Elle s'était contentée de se détourner pour dissimuler comme elle pouvait sa gêne.
« Et d'après l'amie du Maître, il faut encore faire quelque chose pour que cette histoire se termine enfin, mais personne ne sait quoi. »
Elle ne répondit pas, ne sachant pas du tout comment réagir face à tout cela.
« Je vais aller voir Meldy, si tu veux rester un peu seule » finit-il par dire face au mutisme de la demoiselle.
Elle se retourna à nouveau, face à lui.
« Tu t'en doutais, n'est-ce pas ? »
« Oui, mais je ne pensais pas que je te faisais plus de mal en gardant tout pour moi » avoua-t-il, penaud.
« Tu oublies une chose. Tu n'étais pour rien dans les évènements de la Tour du Paradis. C'est ce que tu ne comprends pas. Comment veux-tu que je t'en veuille pour quelque chose dont tu n'es pas responsable ? » expliqua-t-elle.
« Je ne peux pas m'en empêcher. Même si selon toi je ne suis pas responsable, c'est tout de même moi qui t'ai blessé, et pas un autre. »
« Tu n'étais pas toi-même » répéta-t-elle en élevant encore un peu la voix, une larme à l'œil. « Tu veux que je te dise ce qui m'a fait encore plus mal ? » demanda-t-elle alors que sa vision se brouillait. « C'est quand tu m'as menti en me racontant que tu avais une fiancée. »
A nouveau elle lui tourna le dos, vexée, fâchée contre lui. Là, tout de suite, elle voulait qu'il parte. Ce n'était pas le genre de conversation qu'elle aimait avoir, encore moins avec lui, car elle savait qu'elle ne parviendrait jamais à cacher tout ce qu'elle avait sur le cœur s'il continuait à la pousser dans ses retranchements. C'était ça son pouvoir à lui : lui faire avouer tout ce qu'elle lui cachait.
Le fait qu'ils se connaissent depuis si longtemps n'aidait pas non plus : ils se connaissaient si bien qu'il était facile pour l'un ou l'autre de s'apercevoir d'un mensonge.
« Je n'ai pas besoin que tu me protèges avec un mensonge aussi ridicule » déclara-t-elle après quelques secondes, la voix tremblante.
« Erza… Est-ce que… tu serais prête à prendre un tel risque ? Tu sais ce qu'il pourrait t'arriver si… »
« Oui, je le sais. Et je m'en fiche. »
Un instant. Lui aussi rougissait à présent. Il se leva de sa chaise, Erza lui tournant toujours le dos, et fit le tour du lit pour s'accroupir à sa hauteur. Quelques perles coulaient encore de son visage rouge.
« Tu te souviens quand je te disais que j'aimais tes cheveux quand on était gosses ? » demanda-t-il calmement.
« Oui, tu m'as même donné mon nom à cause d'eux. »
« A cette époque, il y a une chose que je ne t'ai pas dite. Et qui est toujours vraie aujourd'hui » dit-il simplement. « Je suis un idiot incapable de te dire que je t'aime depuis des années. Et il aura fallu que tu passes à côté de la mort pour que je me décide. C'est risible, tu ne trouves pas ? » demanda-t-il, un peu sombre.
« Tu recommences. Tu n'es pas le seul fautif, j'aurais pu t'en parler plus tôt moi aussi » sourit-elle.
« Erza ! » s'exclama-t-il soudain, les yeux ronds. « Ta mèche ! »
Mais avant qu'il n'ait eu le temps d'en dire plus, ladite mèche fonçait à vue d'œil, retrouvant cette couleur rubis caractéristique. Et c'est à ce moment que Polyussica entra. Saluant la rousse, elle demanda au mage tatoué de sortir un peu, le temps qu'elle s'occupe des soins.
Tout de suite, la vieille femme remarqua la mèche qui était redevenue rouge, mais aussi le fait qu'Erza soit éveillée et visiblement en bonne forme.
Soulevant la fine couverture, Erza se rendit alors compte qu'elle se trouvait en sous-vêtements depuis tout ce temps et rougit un peu, mais elle oublia rapidement sa gêne. La vieille femme l'aida à s'asseoir et examina sa poitrine.
« Plus aucune trace de marque. Ta magie semble également avoir retrouvé un niveau correct. Tu me sembles cependant encore épuisée et un peu perdue » constata-t-elle.
« Fatiguée oui, perdue… c'est autre chose » avoua-t-elle.
« Hum. Est-ce que c'est à cause de lui que tes cheveux ont retrouvé leur couleur ? »
« Je ne suis pas sûre, qu'est-ce que… ? »
« Moi je sais comment mettre fin à cette stupidité. Je sais également ce que veut dire cette mèche qui a retrouvé sa couleur » expliqua-t-elle en fouillant dans sa trousse. « Je veux que tu restes au lit au moins deux jours, et interdiction de te lever sauf pour les minutes humaines. Et pour compenser les quelques jours précédents, tu prendras ça trois fois par jour pendant une semaine. Ça devrait t'aider à vite te remettre sur pied. »
« Très bien. Mais… je peux utiliser ma magie ? »
« Non, aucune magie avant une bonne semaine. Tu devras venir me voir pour que je vérifie que tout est en ordre » dit-elle en se levant.
« Attendez. Est-ce que vous pourriez me donner un t-shirt dans la commode avant de partir ? » demanda-t-elle. « Et… Je voudrais savoir, comment vont les autres ? »
« Levy est réveillée, comme toi. Les deux autres sont encore dans le coma, mais ça ne devrait pas durer » dit-elle en prenant le premier bout de tissu qui se présenta à elle.
« Et… Meldy ? »
« Tiens » répondit Polyussica en lui donnant un t-shirt blanc. « Meldy devrait s'en remettre assez rapidement aussi, du moins je l'espère. Je ne la connais pas aussi bien que toi, ou que les autres membres de Fairy Tail. Je dois d'ailleurs m'entretenir avec Gérard à son propos. Maintenant, repose-toi » ordonna-t-elle en sortant.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se trouva dans le noir. Tournant son regard vers la fenêtre malgré un mal de tête prenant, elle vit les étoiles. Il faisait nuit, tout simplement.
Sa poitrine était lourde, et elle ne sentait plus sa main droite. Cherchant l'origine de cet ennui, elle remarqua quelque chose de noir reposant sur le bord du lit. Noir et en bataille. Bizarrement, un nom lui arriva aussitôt en tête, mais… ça ne pouvait pas être ça. Non, il ne pouvait pas être là, c'était à peine s'il se rendait compte de sa présence, alors que ferait-il dans sa chambre ? D'ailleurs pourquoi est-ce qu'elle se trouvait dans sa propre chambre ? Et avec quelqu'un ? Elle s'était pourtant endormie dans le lit d'Erza après leur petite soirée film… Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait là, mais ce qui l'intriguait, c'était sa présence à lui.
Elle avait du mal à bouger, comme si on l'avait vidée de toute son énergie, mais malgré cela elle tenta de le réveiller. Il fallait qu'elle en ait le cœur net. De son autre main, celle qu'elle sentait encore, elle secoua l'endormi dont elle ne voyait pas le visage, doucement.
Levant la tête, son regard croisa le sien. Il semblait encore un peu endormi.
« Grey-sama… ? »
« Hum. Ça va ? » demanda-t-il en baillant.
« O-oui, mais… que fait Grey-sama dans la chambre de Jubia ? » demanda-t-elle en rougissant.
« Ordre. J'dois te surveiller. Mais visiblement j'me suis endormi » constata-t-il en se redressant avant de s'étirer.
« Pourquoi ? » demanda Jubia sans comprendre. « Jubia a fait quelque chose de mal ? »
« On peut dire ça. »
« Qu-Qu'a fait Jubia ?! » demanda-t-elle, paniquée.
« J't'expliquerai plus tard. Pour le moment tu devrais te rendormir. »
« Jubia n'est pas fatiguée. »
« Tss… Forcément » lâcha ce dernier en soufflant.
« J-Jubia est désolée, Grey-sama peut rentrer dormir s'il veut… »
« J'peux pas, le Maître m'engueulerait si je rentrais chez moi » expliqua-t-il. « Et puis arrête de t'excuser, tu y es pour rien. »
« Mais… Jubia ne comprend plus rien… Pourquoi Grey-sama doit surveiller Jubia ? »
« Parce que t'es arrivée à la guilde lundi et que t'as rien trouvé de mieux à faire que d'te déshabiller devant toute la guilde ! » lâcha-t-il, un peu énervé.
Jubia était sans voix. Elle comprenait encore moins ce que lui racontait le brun. Il avait certainement rêvé, Jubia ne s'amuserait jamais à faire ce genre de chose.
« Grey-sama se trompe. Jubia n'a pas fait ça » déclara-t-elle, un peu secouée tout de même.
« Si, tu l'as fait, et il y a un bon nombre de témoins. »
« Mais… Jubia n'est pas allée à la guilde… Et puis on est dimanche… »
« Bon… J'crois que j'ai pas le choix » marmonna-t-il. « Pour commencer, on est samedi. »
Il lui raconta alors tout ce qui s'était passé durant la semaine. Jubia était choquée, totalement choquée par ce qu'elle apprenait. Elle s'était exhibée devant toute la guilde, de son plein gré ? Elle ne pouvait pas y croire. Même s'il lui avait expliqué que c'était en partie de la faute de Meldy, elle n'en revenait pas d'avoir fait ça sans hésiter.
Ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'il avait omis certains détails sur le retour de son cœur. Mais même sans les connaitre, Jubia se sentait terriblement honteuse.
Sans un mot, elle se faufila sous sa légère couverture. Elle ne voulait plus qu'on la voit, surtout après ce qu'elle avait apparemment fait, et en connaissant sa faiblesse. Car oui, elle avait quand même été assez faible pour se faire avoir par un enfant.
« Hey. Sors de là » lui ordonna le brun.
« Non. »
Grey fut surpris. Elle ne lui avait jamais dit non auparavant. C'était la première fois qu'elle lui refusait quoi que ce soit, si l'on faisait abstraction de ce début de semaine et du comportement bizarre qu'elle avait eu.
« Jubia, sors de là » répéta-t-il.
« Non. Jubia a trop honte » expliqua-t-elle alors que les larmes coulaient le long de ses joues. Des larmes de rage.
« Pourquoi ? Erza aussi s'est fait avoir. Vous étiez en train de dormir, comment voulais-tu éviter ça ? »
« Jubia ne devait pas dormir avec Erza cette nuit-là. Mais Erza avait voulu voir un film qui fait peur, et… Jubia n'a pas eu le courage de retourner dans sa chambre. Si Jubia l'avait fait, elle ne se serait pas fait avoir. »
« T'es vraiment idiote… » marmonna-t-il en tirant la couverture. « Il me semble qu'Erza dort également chez toi par moment, non ? Et Lucy aussi. C'est une coïncidence, tout simplement. Personne n'aurait pu le prévoir » expliqua-t-il.
« Mais… »
« Tais-toi, tu as tors » affirma-t-il. « Lorsque tu étais en mission pour Phantom Lord et que tu as enlevé Lucy, tu crois qu'on s'y attendait ? Et quand Erza s'est retrouvée à la Tour du Paradis ? Ou encore quand on s'est fait attaquer par Grimoire Heart sur l'île Tenrô ? Personne ne l'avait prévu, alors arrête de dire des conneries : tu ne pouvais pas t'en douter, et Erza non plus. Tu n'es pas responsable. »
Un blanc. Jamais elle ne l'avait vu aussi en colère, et en plus contre elle. D'ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi il se mettait dans un tel état.
« Désolé, j'aurais pas dû crier » lâcha-t-il après quelques secondes. « C'est juste que… Tu m'as foutu une peur pas possible ces derniers jours. »
« Jubia ne comprend pas. »
Allumant la lampe de chevet, Jubia se rendit compte qu'elle était en sous-vêtements et s'empressa de remonter la couverture sans que Grey ne le remarque.
« Je t'ai parlé du fait que vous aviez les cheveux qui blanchissaient. Regarde les tiens. »
Attrapant plusieurs mèches, Jubia était stupéfaite. Contrairement à Erza ou Meldy, elle n'avait pas qu'une ou deux mèches décolorées, mais un bon paquet, peut-être même une bonne moitié, ce qui l'effrayait.
« Polyussica a dit qu'ils devraient retrouver leur couleur d'ici quelques temps » dit-il, rassurant.
« Et les autres ? » demanda-t-elle précipitamment, soudain très inquiète.
« Erza est réveillée depuis un moment, Levy aussi. Mais je ne sais pas pour Meldy » dit-il. « L'amie du Maître est avec elle, y a rien à craindre. »
« Meldy n'allait pas très bien depuis la fin des Jeux. Pour la même raison que Grey-sama. »
« Qu'est-ce que tu racontes ? »
« Jubia est au courant. Meldy a expliqué à Jubia qu'Ultear a disparu. Jubia a tout de suite fait le rapprochement avec le comportement de Grey-sama, même s'il a tenté de le cacher » expliqua-t-elle. « Mais même si Grey-sama a réussi à l'accepter, Meldy a encore du mal à se faire à son absence. Elle lui parle souvent d'Ultear dans ses lettres. »
« Tu veux que j'aille aux nouvelles ? »
Elle hocha la tête. Sans un mot, il se leva, s'étira une nouvelle fois et sortit de la chambre sans se rendre compte qu'il était presque totalement nu, mais pour une fois Jubia n'y avait pas fait attention : il y avait des choses plus importantes qui la tracassaient.
Quelques minutes plus tard, Grey était de retour, et Jubia était anxieuse.
« D'après Polyussica, elle va bien. Elle s'est réveillée quelques minutes avant de se rendormir en fin de journée. »
Jubia souffla, rassurée.
« Merci » dit-elle. « Grey-sama a mal ? »
« Comment ça ? »
« Grey-sama est blessé… »
« C'est rien, Wendy a fait le plus gros » expliqua-t-il en regardant la large plaie qui traversait son ventre. « Toujours pas fatiguée ? »
« Non, pas vraiment. Mais si Grey-sama veut aller dormir… »
« J't'ais dis que je pouvais pas » coupa-t-il.
« Jubia n'a pas fini ! » reprit-t-elle. « Si Grey-sama veut dormir un peu, il y a un matelas sous le lit. Sinon, il y a le lit de Jubia » ajouta-t-elle, faussement innocente.
« Pousse-toi un peu, j'ai la flemme de sortir ton matelas. »
Elle n'était pas certaine d'avoir bien compris jusqu'à ce qu'il s'allonge sur le lit. Elle était tellement surprise qu'elle ne réagit pas avant que le dos de Grey ne se retrouve qu'à quelques centimètres du sien. Elle se poussa alors précipitamment, remontant encore un peu la fine couverture.
Elle n'était pas préparée à cela, elle était même étonnée qu'il accepte aussi facilement ce rapprochement, et elle en était toute intimidée.
« Te fais pas d'idées. Bonne nuit. »
« Bonne nuit, Grey-sama… » murmura-t-elle, encore sous le choc.
Mais elle ne parvint pas à dormir. Son mal de tête avait disparu, et la fatigue était bien présente, mais savoir que Grey était dans son propre lit la perturbait. Elle n'arrêtait pas de tourner sur elle-même, si bien qu'au bout d'une heure une voix l'interpella.
« Tu bouges toujours autant la nuit ? »
« N-non… Jubia n'arrive pas à dormir » concéda-t-elle.
« Tu sais que t'es chiante ? » souffla-t-il avant de se retourner mollement pour lui faire face.
« Jubia est désolée…. » marmonna-t-elle en baissant les yeux.
« Bon, pourquoi t'arrive pas à dormir ? » demanda-t-il.
« Jubia ne sait pas » mentit-elle.
« Jubia ? » répéta-t-il, accusateur.
« Jubia est habituée à dormir avec Erza ou Lucy, mais… »
« Mais pas avec moi. Donc c'est à cause de moi que t'arrives pas à dormir » conclut le mage.
« N-non, ce n'est pas ça ! Enfin si, un peu, mais… comment dire… » bredouilla la fée.
« J'ai compris, j'vais sortir le matelas. »
« Non ! Jubia va essayer de dormir ! Jubia promet ! » se hâta-t-elle de dire alors que Grey se levait.
« Hey, déstresse, c'est bon… » dit-il en se recouchant. « Et arrête de t'excuser, ça devient lourd, sérieux… Au fait, t'aurais du feu ? »
« Du feu… ? Non, Jubia ne peut faire que de l'eau… »
« T'as pas un briquet ? Des allumettes ? »
« Ah si, Jubia va en… heu… Il y en a dans le tiroir du meuble » dit-elle en se redressant, en un souffle.
« Ça va ? » demanda-t-il, surpris par son changement soudain de ton et son essoufflement.
« Oui. »
Elle le regarda se lever et se laissa retomber d'un seul coup, une vive douleur au cœur. Elle le pensait parti à la fenêtre, mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, il était face à elle, visiblement mécontent, et elle était très étonnée de se retrouver ainsi nez à nez avec lui.
« J'vais chercher la vieille. »
« Non, c'est bon… Ça se calme » dit-elle en respirant profondément. « C'est parti. »
« Ça t'arrive souvent ? »
« Non. C'est la première fois que ça arrive à Jubia » expliqua-t-elle en se détendant, soudain très fatiguée. « Grey-sama fume ? »
« Parfois » admit-il. « Je reviens. Tu m'appelles si ça va pas, ok ? »
Elle hocha la tête en le voyant s'éloigner, avant de reprendre son souffle un peu plus tranquillement et de s'endormir d'un coup.
Fin de ce premier chapitre