Betrayal In Its Simplest Form

Virelei

26 : Mini séquelle

Note de l'auteure : J'avais écrit cette petite, toute petite séquelle sur Tumblr il y a quelques semaines, à la demande d'un anon. J'étais d'abord réticente, parce que j'en avais plus ou moins fini avec cette histoire et l'avait enfermé dans la partie « à oublier » de mon esprit (je suis incroyablement reconnaissante des reviews que je continue de recevoir sur cette histoire, et cette histoire à une place spéciale dans mon cœur, mais je tressaille devant ma pauvre écriture et l'atroce développement). Cependant je savais que je devais entrer dans un certain 'writing mode' pour trouver la motivation de continuer Whispering Fireworks (que j'essaierai d'updater), et c'est en quelque sorte une compensation pour ceux qui attendent toujours mon autre production. J'étais aussi tentée d'en faire une exclusivité Tumblr, mais beaucoup m'ont demandé de la poster ici, donc la voilà. En général je poste tous mes drabbles Akakuro sur Tumblr, mais c'est logique de la poster ici puisque c'est un genre de continuation. Merci pour votre soutien il me sera toujours précieux.

Ndt : ENFIN MON DIEU J'AI FINI ! Bon, je sais que ça fait un looong moment que ce chap est sorti, mais j'avais pas mal de soucis de mon côté donc bref, le voici avec un peu (beaucoup) de retard. Il signe la fin de mes trads en cours, en espérant que Virelei ne sortira pas une séquelle à cette fic. (Même si, bon, j'aurai bien aimé avoir une petit scène M ou deux dans cette fic. Brrrref) Bonne lecture !


- Betrayal In Its Simplest Form –

Certains jours les mémoires le prenaient par surprise. Quand elles le faisaient, elles lui coupaient le souffle. Elles l'empêchaient d'accéder à ses sens, et l'écorchaient plus que jamais, au plus profond de lui-même et quand les souvenirs - qu'il enfermait désespérément dans leur cage quand la lune se levait, lumineuse et malveillante, illuminant sa chambre solitaire – menaçaient de s'échapper de son cœur et exploser hors de sa poitrine, il mordait sa langue et contractait ses muscles, forçant les restes de ténèbres à passer leur chemin et se dissoudre dans la nuit.

Les pires nuits dans sa chambre ne pouvaient se comparer aux journées, quand le soleil l'attendait de son regard noir. Car si l'affliction de sa douleur venait sans merci la nuit venue, la douleur était partagée durant le jour. Partagée par sa famille, son compagnon, ses amis et la douleur qu'il ressentait si puissamment entre ses côtes était démultipliée par cette seule idée.

Chaque fois que cela se produisait avec son père, une souffrance inimitable traversait le visage de l'homme. Kuroko pouvait se sentir tressaillir inconsciemment tandis que la main de son père venait dans sa direction, et ce dernier hésitait, combattant la douleur s'épanouissant dans sa poitrine, sachant que la réaction ne lui était pas réellement destinée, et pourtant se sentant inévitablement mal durant le reste de la journée parce qu'il avait causé le mouvement terrifié de son fils. Sa main continuerait alors son geste, tremblante, et caresserait gentiment les mèches bleues si similaires à celles de cette misérable femme, et sa voix fluctuerait lorsqu'il finirait sa question :

« Qu'est-ce que tu aimerais pour le dîner ? »

Ce n'était pas souvent. Kuroko y travaillait. Il s'était rétabli de manière impressionnante. Mais les agissements de sa mère étaient toujours profondément engrainés en lui. Le traumatisme était là il était toujours là, rien ne pouvait effacer la trahison et l'abus d'une mère, mais il était dormant, ne s'éveillant que lorsqu'un déclencheur particulier entrait en jeu, comme par exemple ce fatidique endroit où les dernières violences de sa mère lui avaient données ses ultimes blessures.

Ce n'était pas souvent. Mais ça arrivait.

Ça arrivait. Et ça faisait mal. C'était une agonie en soi. Il s'en voulait de tressaillir. Il se désolait de s'écarter. Il s'excusait à profusion pour causer tant de souffrance. Cependant rien ne pourrait jamais l'excuser d'en faire de même avec Akashi.

Cela développait toujours plus la haine brûlante de Kuroko pour sa mère. Elle avait causé ça. Elle lui faisait infliger cette douleur à ceux qu'il chérissait.

Chaque fois, Akashi se figerait. Sa main, tendue comme celle de son père, se raidirait face à la réaction de Kuroko. L'usuelle expression composée de l'adolescent aux cheveux rouges se tordrait, devenant un mélange de tristesse, amertume, et colère – mais pas dirigée contre lui, jamais contre lui, mais contre quelqu'un qui était assis derrière des barreaux. Puis son visage s'adoucirait, fondrait, et il attirerait Kuroko fermement contre son corps, la tête de celui-ci pressée contre son épaule, et il prendrait urgemment en coupe l'arrière des mèches bleues, entourant un bras dans son dos. Il amènerait ses lèvres à l'oreille de Kuroko, ce dernier sentant chaque infime mouvement du corps d'Akashi, les respirations haletantes dans son oreille. Enfin, Akashi déglutirait, et d'une voix contrôlée, calme et apaisante, mais pourtant presque tremblante, les mêmes phrases seraient murmurées encore et encore et encore :

« Je ne te ferais jamais de mal. Je ne te ferais jamais de mal. Personne ne te fera jamais de mal. C'est bon. Tout va bien. Je ne te ferai jamais de mal. »

Kuroko répondrait. Ses mains agripperaient le t-shirt d'Akashi, son visage s'enfoncerait dans la jointure entre l'épaule et le cou de ce dernier pour inhaler l'odeur réconfortante de son amant. Il hocherait continuellement la tête, la détournant parfois pour s'étouffer sur de frénétiques « Je sais. Je sais. » au travers de ses lèvres craquelées.

Et ils resteraient ainsi, plusieurs minutes, plusieurs heures ça n'avait pas d'importance. Ils avaient tous deux besoin de se rassurer. Kuroko Ibuki avait laissé sa marque.

Malgré ce que l'on pourrait croire, cependant, elle n'était pas victorieuse. Ils l'étaient. C'était leur conquête. Parce que malgré ces rechutes, ces instants passés à trembler, ils grandissaient, et Kuroko triomphait.

« Tetsuya ? Catherine-sa - » le père se coupa de lui-même. Catherine était sa femme, à présent. « Catherine et moi voulions savoir si tu avais envie d'aller à ce nouveau restau - » Haru se coupa une nouvelle fois et observa la scène qui lui faisait face, ayant ouvert la porte auparavant entrebâillée de la chambre de son fils.

Kuroko était assis à son bureau, travaillant consciencieusement sur son devoir d'histoire. Akashi, qui finissait toujours son travail avec des semaines d'avance, reposait nonchalamment contre la tête de son lit, lisant silencieusement un livre et répondant aux commentaires que faisait Kuroko sans pour autant détourner les yeux de son texte. Deux paires d'yeux colorés offrirent un coup d'oeil à l'entrée d'Haru.

Il n'y avait qu'un seul problème avec cette scène. Haru ne se souvenait absolument pas d'avoir accueilli Akashi chez lui. La fenêtre ouverte à côté du lit l'expliquait.

« Akashi-kun », gémit Haru avec fatigue. Ils avaient une cette conversation une centaine de fois. « Nous avons une porte. »

Les coins des lèvres d'Akashi se soulevèrent, et il regarda avec amusement le père d'Akashi. Il inclina la tête en un léger salut. « Je m'en excuse. C'est une habitude. »

« Ce n'est pas une habitude ! » réfuta Haru. « Maintenant tu fais ça pour m'agacer. »

« Je ne vous ferai jamais une telle chose, Haru-san. » Akashi lança gracieusement ses jambes au bord du lit et déposa son livre à ses côtés. « Je suis certain que Tetsuya me mettrait dehors si c'était le cas. »

« J'ai déjà essayé, » marmonna Kuroko. Ses doigts avaient recommencé à taper avec sérieux sur le clavier. « Akashi-kun refuse de partir. »

Même après tous ces mois, Kuroko ne s'était jamais laissé aller à appeler Akashi 'Seijuro'. C'était une petite victoire pour lui.

Haru secoua la tête avant de se rappeler la raison pour laquelle il était venu. « C'est vrai. Tetsuya ? Veux-tu venir au nouveau restaurant ? Je suppose qu'Akashi-kun peut venir également. » Il fronça les sourcils en direction dudit adolescent. « Tes parents savent-ils que tu es ici, Akashi-kun ? »

« L'affaire de Père est à Tokyo aujourd'hui, c'est pourquoi j'ai pu rendre visite à Tetsuya », répondit Akashi, ce qui voulait dire non, ils ne savent pas.

Quand il réalisa que Kuroko n'avait toujours pas répondu, Haru jeta un autre coup d'oeil à son fils. Il travaillait sur ce devoir depuis des heures, et des signes de tension étaient apparents sur ses épaules. 3Pourquoi ne fais-tu pas une pause, Tetsuya ? Nous pourrions sortir pour un bon dîner. » Haru s'avança vers son fils et tendit une main pour ébouriffer ses cheveux.

C'était un de ces moments durant lesquels Kuroko n'était pas attentif. Il était distrait, concentré sur son devoir, et pour cette raison lorsqu'il tourna la tête vers une voix familière et vit une grande main s'avancer vers son visage, son corps réagit de lui-même. Son pied poussa violemment contre le sol. La chaise roulante fit un brusque mouvement arrière et s'écrasa contre le pied du lit. Haru se figea de surprise, son bras toujours étendu vers l'endroit que son fils occupait il y a seulement quelques instants. La tête de Kuroko était abaissée vers le sol, ses yeux fermés, et ses doigts s'enfonçant douloureusement dans son siège. Il semblait attendre le coup. Quand un certain laps de temps se fut écoulé, et qu'aucune violence ne vint, Kuroko reprit ses esprits et relaxa lentement son corps, craignant de croiser les yeux de son père après la violence de sa propre réaction.

Il l'avait encore fait. Il l'avait encore fait, et c'était épuisant de ressentir cette subite avalanche de honte, douleur et peine qui venaient avec chacun de ces épisodes.

Haru déglutit. La boule dans sa gorge était belle et bien présente, mais il considéra une petite victoire de réussir à demander d'une voix douce mais pourtant claire, « Tetsuya, aimerais-tu faire une pause et aller au nouveau restaurant avec Catherine et moi ? »

Akashi observait la scène avec attention. S'il avait auparavant pris garde de ne pas faire le moindre geste, il se déplaça alors pour poser gentiment une main sur l'épaule de Kuroko, répétant calmement la question à son oreille.

Cillant, Kuroko releva graduellement la tête, rencontrant une paire d'yeux bleus similaires aux siens. Haru attendit patiemment la réponse de son fils. « Oui… Oui, j'aimerais bien. », Répondit Kuroko de manière presque inaudible. « Donnez-moi seulement quelques minutes pour me préparer. »

« Bien sûr. Prends ton temps. Nous partirons quand tu seras prêt. » Haru sourit, bien qu'en se forçant, et se tourna vers la porte. Il était presque hors de la chambre quand -

« Otou-san. »

Le père sentit une légère prise sur son bras, et il abaissa le regard sur son (toujours petit) fils. Les yeux sérieux de Kuroko délivrèrent leur message. « J'essaie. »

Haru enveloppa Kuroko de ses bras. Fermement, mais laissant assez d'espace pour que l'adolescent puisse respirer, Haru caressa son dos d'une main apaisante. Il pressa plusieurs baisers sur le sommet de la tête de Kuroko et frotta son nez contre sa tempe, mais qui cherchait-il à rassurer ainsi, il ne le savait. « Je sais » déclara t-il. « Mon Dieu, je sais. Je sais que tu essaies. Tu ne devrais pas avoir à 'essayer'. Mais c'est pourtant le cas et je hais le fait qu'Ibuki, » Kuroko se tendit à son nom. « a causé cela. Mais c'est terminé. C'est terminé. Tu as gagné. Tu as gagné cette guerre, Tetsu. J'en suis fier. Tu es bien plus fort que moi. Tu as fait d'incroyables progrès. Catherine-s – Catherine est fière. Akashi-kun est émerveillé. Je suis très chanceux, » il pressa un autre baiser au sommet du crâne de Kuroko. 3Très chanceux de t'avoir pour fils, Tetsuya. »

« Merci. » La voix de Kuroko était étouffée par le pull de son père, mais fut néanmoins comprise. « Je suis désolé. Je vais - »

« Non, ne t'excuses pas, » le coupa Haru avec ardeur. « C'est normal. Ce que ta mère – non, pas ta mère – ce que cette femme t'a fait est inexcusable. » Il fit une pause, hésitant sur la suite de ses mots, mais il devait le demander. 3Tetsuya… veux- veux-tu voir un psychologue ? Je sais que tes cauchemars sont toujours réguliers, et ç-ça pourrait aider d'en parler avec un professionnel. C'est ton choix, cependant; » La fin sortit en un seul jet « Je ne te forcerai pas. »

« C'est une bonne idée, Tetsuya », ajouta précautionneusement Akashi. Il était appuyé contre le mur et avait poliment tourné la tête vers la fenêtre pour donner aux deux une illusion de privauté. « Ma mère utiliserait avec joie un de ses contacts pour vous obtenir le meilleur des professionnels à un bas prix. »

Kuroko garda le silence un instant. Ses pieds s'enroulaient et se déroulaient nerveusement sur le tapis. Pourtant après un autre moment d'hésitation, il se dégagea des bras de son père et hocha la tête. « Je veux essayer. »

Haru sourit avec reconnaissance. « Qu'en penses-tu ? Et si nous invitions également tes coéquipiers au dîner ? Murasakibara-kun est en Kanagawa en ce moment pour son camp, non ? Ça fait longtemps que tu ne l'as pas vu. »

Kuroko se tourna pour regarder avec interrogation Akashi. L'adolescent aux cheveux rouges, qui était un peu mécontent de ce qu'Akashi et lui ne seraient pas seuls (Catherine et Haru ne comptaient pas), approuva avec réticence.

« Je vais les réunir, je suppose », bouda presque Akashi, mais ne le fit pas, parce que des années d'éducation par sa mère lui avaient appris à ne pas le faire. Kuroko mordit sa lèvre, retenant un sourire.

« Merci, Otou-san. Maintenant va-t'en s'il te plaît, que je puisse me préparer », demanda-t-il.

Haru fit une moue, mais se détourna tout de même pour sortir. « Oh, et Akashi-kun peut te regarder te préparer, lui ? Tu ferais mieux de ne pas te dénuder devant lui, Tetsuya. Akashi-kun est bien trop sournois... » Il continua ses marmonnement enfantins hors de la chambre, fermant la porte derrière lui.

À la seconde où la porte se ferma, Akashi se retrouva en face de lui, de gentilles mains encadrant son visage. Kuroko attrapa le poignet droit d'Akashi en une lâche étreinte. Leurs lèvres s'effleurèrent un instant. « Je suis extrêmement heureux que tu sois prêt à demander l'aide d'un professionnel », murmura le joueur de Rakuzan, caressant tendrement la joue de Kuroko. « Tu es dehors, dans le monde, progressant, vivant, en bonne santé, tandis que cette femme pourrit derrière les barreaux. »

Kuroko se pencha pour connecter de nouveau leurs lèvres. Il leur avait fallu plusieurs mois de relation pour que ce soit Kuroko qui initie un quelconque contact de ce type. Il attrapa l'une des mains d'Akashi dans les siennes, savourant l'entrelacé parfait qu'elles formaient ensemble, et les plaçant délibérément sur le torse d'Akashi. « Je sais que ça blesse Akashi-kun et Otou-san quand je réagis de cette manière », commença précautionneusement Kuroko. « Je veux éviter ça. »

Akashi laissa apparaître un demi-sourire et recouvrit la main de Kuroko d'une des siennes. « Je suis fort, Tetsuya. Tes motivations devraient être les tiennes propres. »

« Oui, Akashi-kun, parce que ce raisonnement va définitivement me convaincre. »

Un sourcil rouge se haussa. « Tetsuya vient-il juste d'être sarcastique ? »

« Non. » Kuroko amena une fois encore ces lèvres à celles, familières, d'Akashi. Ils ne se séparèrent pas immédiatement, cette fois. Kuroko se retrouva pressé gentiment contre un mur, une des mains d'Akashi en appui au-dessus de sa tête tandis que leur baiser continuait, profondément et tendrement. La main d'Akashi griffa contre le torse d'Akashi à la recherche d'une prise, et celle d'Akashi sur son menton se raffermit. Ils rapprochèrent leurs corps pendant que leurs bouches dansaient lentement ensemble. Ce n'était jamais un baiser sexuel ils ne l'amenaient jamais au niveau supérieur. Il était juste long, tendre, et innocent.

« Tetsuya-kun ! » cria Catherine depuis le bas des escaliers. « N'oublies pas d'utiliser un préservatif ! »

C'était une plaisanterie, bien sûr, mais Kuroko ne manqua pas de rougir. La main qui agrippait auparavant le t-shirt d'Akashi s'aplatit contre son torse, leurs lèvres continuant de se frôler un bref instant avant d'échanger un final chaste baiser. Akashi s'écarta le premier, ses yeux rieurs. Il embrassa brièvement le front de son partenaire avant de se dégager des bras de Kuroko et se diriger vers le bureau pour attraper son téléphone.

« Je vais contacter les autres », déclara t-il, imperturbable et souriant avec satisfaction. « Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vu. »

« Oui », murmura Kuroko, s'écartant à son tour du mur et ajustant son col. « Nous avons tous été occupés, à l'approche de la nouvelle Winter Cup. » Il lança un regard fin à Akashi. « Que Seirin gagnera. Encore. »

« La dernière Winter Cup était sans conteste votre victoire », agréa Akashi. « Cependant, notre défaite contre vous ne se reproduira pas. Rakuzan vaincra cette année, Tetsuya. »

« Si c'est ce qu'Akashi a besoin d'entendre pour dormir en paix, alors je me vois contraint d'agréer. » Kuroko évita agilement une main joueuse tenant de tirer sur ses vêtements. Akashi plissa les yeux devant la réponse du petit – qualificatif hypocrite, puisque lui-même n'était pas bien plus grand - adolescent et secoua la tête. Sa mère, et possiblement son père, rirait de la façon effrontée dont Kuroko traitait à présent Akashi.

Kuroko ouvrit son placard pour trouver un habillement un peu plus formel que ses pyjamas, empêchant un sourire de se former sur ses lèvres. Bien qu'ils aient officiellement déclaré leur statut il y a quelques mois, ils exploraient toujours les nouveaux aspects et concepts qui venaient avec une relation de couple. Kuroko, avec ses difficultés à se remettre physiquement et mentalement des abus passés, commençaient à être plus aventureux, résolu, et n'hésitant pas à demander de l'aide. Il réalisait que sa participation et coopération étaient nécessaires pour qu'ils progressent. Par exemple, les ridicules repas 'bon pour la santé' d'Akashi avait bien évolué, puisque Akashi lui avait acheté – certes avec réticence – un milkshake à la vanille le jour de son anniversaire.

Dominateur, et arrogant, et demandant, ces caractéristiques qu'Akashi accumulaient s'érodaient graduellement avec le temps. Ses traits s'adoucissaient autour de Kuroko, il apprenait à être joueur, et plus important encore, il apprenait (ou essayait, du mois) de se soumettre (ou du moins faire des compromis) aux désirs de Kuroko, malgré quelques actions qui le faisaient tiquer intérieurement (comme la fois où Kuroko avait trouvé brillant de continuer l'entraînement avec une fièvre dépassant les 38,2… bien qu'il ait ensuite forcé Kuroko à rentrer après l'avoir vu trébucher). Ou une autre instance, lorsque Kuroko se remettait d'un froid et avait ignoré les suggestions d'Akashi, se rendant malgré elles au camp d'entraînement de Seirin. Cette fois-là Akashi s'était furieusement enfoui dans un difficile travail au bureau de son père pour supprime l'envie d'aller chercher Kuroko lui-même.

Kuroko ressentait toujours ce plaisir coupable d'être le seul à jamais voir Akashi ainsi : relaxé, exaspéré, faisant de l'humour, et ouvertement inquiet.

« Je me demande si ce restaurant est chic ? » Kuroko retira avec soin son haut. Un flot d'embarras et de honte le traversa à l'idée des cicatrices sur son dos et sa poitrine, mais il les bannit promptement. C'était maintenant une réaction spontanée, pas quelque chose qu'il ressentait réellement Ces cicatrices n'étaient pas de sa faute. « Je n'ai toujours aucun vêtement approprié pour ce genre de situation. » Kuroko fronça les sourcils et attrapa rapidement deux vestes de son placard. « Est-ce que celles-ci iront ? »

Akashi observa les deux chemises qui lui étaient présentées. « Oui. Je doute que ton père choisisse un endroit trop classique, cependant. »

C'était vrai. Haru détestait l'étouffement des sorties formelles.

Kuroko baissa les yeux sur les vêtements. « Nous sortons rarement, alors ce doit être un rstaurant de qualité, Akashi-kun. »

« Oui », murmura Akashi dans sa barbe. « Cela pourrait bien être le cas. » A vrai dire, il ne payait pas tellement d'attention à la conversation. Son regard s'était attaché à une cicatrice en particulier sur le corps pâle de Kuroko une méchante ligne rose déchiquetée qui courait de l'épaule droite de Kuroko jusqu'à son abdomen. Elle descendait lentement son corps comme une vicieuse et presseuse rivière, s'arrêtant brusquement quelques centimètres au-dessus de son nombril. La cicatrice montrait que la blessure avait dû être particulièrement profonde, mémorable – et elle l'était. Le souvenir des évènements ayant mené à cette cicatrice amenèrent une boule dans la gorge d'Akashi.

Les doigts d'Akashi touchèrent avec hésitation la base de la cicatrice. Kuroko se tendit, d'abord à la sensation glacée des doigts de son partenaire, puis au fait qu'Akashi touchait un endroit que Kuroko essayait désespérément d'oublier. Cela ne stoppa pas pour autant Akashi, ses doigts continuant à effleurer sa peau, suivant la ligne rose et s'arrêtant finalement en atteignant sa fin. Ils restèrent là un instant, Akashi brûlant la cicatrice d'un regard amer. Ceci était son échec.

Kuroko prit la main de l'adolescent aux cheveux rouges dans les siennes avant de l'amener à sa joue. « Je sais ce que tu penses, Akashi-kun. »

« Oh ? » Akashi lui lança un pauvre sourire. « Vraiment, Tetsuya ? »

« Je te l'assure », continua fermement ce dernier. « Mais je ne dirai rien parce que cette conversation se terminera toujours de la même manière. Continuons seulement de nous préparer Otou-san nous attend. »

Un bref flash d'hésitation traversa les yeux d'Akashi extrêmement bref, puis disparu comme il était venu. Akashi pressa les main qui retenait la sienne et se releva pour placer un rapide baiser sur la tête de Kuroko. « Tu as raison. Les autres ont répondu qu'ils étaient disponibles ils nous rejoindront au restaurant d'ici une heure. »


Le dîner fut une affaire excitée. A la minute où Kise repéra Kuroko, il geint bruyamment et attrapa son ancien coéquipier en une embrassade étouffante, s'exclamant que c'était de la faute de Kurokocchi pour ne jamais leur rendre visite. Le blond reçut en retour un regard plutôt assassin d'une certain adolescent aux mèches rouges. Murasakibara était venu avec Kise et marmonna quelque chose à propos d'avoir dû sécher l'entraînement pour pouvoir venir, mais donna avec affection un sac de bonbons à Kuroko en cadeau.

« Pourquoi est-ce que Murasakicchi ne m'a pas donné de bonbons, à moi ? »

« Kise-chin ne les mérite pas. »

Aomine fut le suivant. Il arrivant dans le restaurant en faisant la gueule, frissonnant et maudissant les violents hivers de Tokyo. « Yo », les salua t-il d'un grognement. « Ça a l'air d'aller, Tetsu. »

« De quoi d'autre devrai-je avoir l'air, Aomine-kun ? » demande carrément Kuroko.

Aomine le poussa doucement d'une épaule. « Oi. » Il jeta un coup d'œil à Akashi, qui se tenait derrière Kuroko avec un léger penchement de tête avertisseur. Aomine ricana avant de détourner le regard. « Ouais, content de te voir aussi, Akashi. » marmonna t-il.

« Ne sois pas amer, imbécile. » Midorima apparut finalement, et, comme toujours, tenant en main son porte-bonheur du jour. C'était une grenouille, cette fois. « Si l'un de nous devait l'être, je serai celui en relation tendue avec Akashi. »

Les lèvres d'Akashi tressaillirent d'une manière inimitable, ce que Kuroko remarqua et entreprit donc de donner 'subtilement' un coup de coude dans les côtes de son partenaire. Ça n'était pas douloureux, mais Akashi reçut néanmoins le message.

« Midorimacchi ! Tu m'as manq – ugh » Kise se plia en deux. Il entoura son estomac de bras protecteurs là ou Midorima l'avait attaqué pour éviter l'impromptu câlin arrivant sur lui.

Aomine renifla, moqueur. « Idiot. » Mais il entoura tout de même un bras autour de la taille du blond, et ne poussa pas trop violemment le blond dans son siège – mais le poussa tout de même.

« Tout le monde est là ? » s'inquiéta Haru, tentant de compter les têtes colorées de la Génration des Miracles. « Tous les huit ? Ou, euh, sept ? Neuf ? »

« Six, et tout le monde est là », l'assura Kuroko en prenant place entre Akashi et Midorima. La Génération des Miracles était assis dans un cluster d'un côté, tandis que Catherine et Haru avait leur propre petite table séparée, connectée à la leur.

« Oi, vous avez entendu parler de cette équipe Américaine qui a atterri au Japon il y a quelques jours ? » mentionna Aomine, parcourant le menu chic avec faim. « Ils défoncé les seniors de l'année dernière. »

« Oui. Ce sont réellement des sauvages. » Offrit à contribution Midorima, dégoûté. « Ils ne montrent aucun respect. »

« N'ont-ils pas dit qu'ils battraient la meilleure équipe du Japon ? » demanda paresseusement Murasakibara.

Kise haussa les épaules avec désintérêt. Il avait regardé une partie du match l'autre jour, mais n'avait pas vu toute l'action. « Je ne vois pas comment ils pourraient. Ce sont des étrangers, et je ne crois pas qu'ils nous connaissent, pour l'instant. N'est-ce pas, Akashicchi ? »

« Il vaudrait mieux éviter tout conflit pour le moment », répondit calmement Akashi. Lui aussi avait regardé le match, et savait que c'était également le cas de Kuroko. Il n'y avait aucune erreur quant à la rage qui brûlait la poitrine des Miracles face à l'attitude de l'équipe étrangère. « Ils semblent penser avec leurs corps plutôt qu'avec leurs esprits. Une confrontation ou un défi ne nous bénéficierait nullement à l'instant présent… ce qui signifie aucune confrontation d'aucune sorte. » Cinq paires d'yeux, incluant ceux d'Akashi se tournèrent vers le prétendument innocent, plus petit des joueurs.

Kuroko, qui n'avait pas dit mot sur l'autre équipe en question, sentit les regards et leva les yeux, confus. Il réalisa qu'ils s'attendaient tous à ce qu'il aille confronter les étrangers. « Je ne ferai jamais… » Les yeux se plissèrent. « Je veux dire, si mes coéquipiers de Seirin étaient provo… » Les regards se firent plus menaçants. « Je peux prendre soin de mes… » Du coin de l'œil, Kuroko vit Akashi presser ses lèvres en une fine ligne, et une étincelle jaune monter dans son œil gauche. Sentant l'irritation de son partenaire, Kuroko s'affala dans son siège et cacha son visage derrière le menu. « Je ne les confronterai pas », dit-il, vaincu.

Haru et Catherine écoutèrent leur bavardage, secouant la tête face à leur attitude.

« Tu sais, Haru », sourit Catherine. « Quand j'ai suggéré un dîner, je pensais à quelque chose de petit, simple, juste tous les trois. »

Haru devient instantanément anxieux. « Je suis navré », s'excusa t-il aussitôt. « J'ai juste – Je pensais que ce serait mieux pour Tetsuya. Il continue de souffrir de – »

« Ne t'inquiète pas. » Catherine plaça une main sur les siennes. « Je comprends. »

Kuroko serait toujours la priorité d'Haru. Catherine n'avait aucune illusion Haru l'éloignerait elle-même pour son fils, et elle ne l'en blâmait pas. Elle aussi ferait tout pour le garçon qui avait souffert plus que bien des adultes au cours de leurs vies.

Le dîner continua calmement, sans interruption. Midorima et Kise discutaient passionnément du meilleur type de panier le trois point ou le dunk. Murasakibara en passa la majorité à grignoter dans le plat d'Aomine, lequel protestait bruyamment et donnait des coups de pieds dans les jambes de Murasakibara. La plupart du temps il atteignait Midorima, cependant, et l'adolescent aux cheveux verts s'énerverait également avant de le frapper plus fort en retour. Durant une de ces interactions, les longues jambes d'Aomine réussirent d'une quelconque manière à toucher celle d'Akashi. Le regard froid que reçu Aomine fit trembler le ganguro de peur dans son siège durant le reste du dîner pour éviter tout affrontement.

Pendant tout ceci, Kuroko parla doucement avec tous. Midorima demanda à voir la brûlure qu'il avait reçue en glissant contre le sol du gymnase quelques semaines auparavant, mais elle était presque entièrement guérie et n'avait laissé qu'une très légère marque. Aomine réussit à planifier un un-contre-un avec Kagami par l'intermédiaire de Kuroko quelque part durant le repas, mais Kuroko ne pouvait plus se souvenir comment, la fatigue le rattrapant. Le désir de sommeil s'installait lentement dans ses membres. Akashi caressait d'apaisants cercles de la main dans son dos.

La fin de la soirée fut un brouillard pour Kuroko. Il savait qu'il avait réussi d'une manière ou d'une autre à offrir de sincères adieux à ses anciens coéquipiers, et exprimer sa gratitude pour leur venue. Il savait qu'il s'était assoupi durant le trajet retour en voiture parce qu'il se réveilla un instant quand des bras puissants, possiblement ceux de son père, le portèrent jusqu'à sa chambre. Il savait qu'il avait été mis debout, et s'était miraculeusement deshabillé et avait passé un pyjama. Le lit était bientôt sous lui, et il sentit quelqu'un ramener les couvertures sur lui. Dans son état presque comateux, il entendit quelqu'un dire qu'il était trop tard pour rentrer à Kyoto, puis un corps chaud le rejoindre dans son lit.

Kuroko se tourna instinctivement en sa direction et se pressa contre le corps. Son nez rencontra la jointure entre l'épaule et le cou, et il inspira profondément, sachant aussitôt qu'il s'agissait d'Akashi. Un bras réconfortant s'enroula autour de son corps, et une légère pression fut appliquée au sommet de son crâne. Un murmure résonna, mais Kuroko ne put le comprendre totalement, sombrant dans les accueillantes ténèbres.

« Dors… cauchemars…plus. »

Kuroko Ibuki avait laissé sa marque. Les cicatrices dont elle était l'auteur resteraient à jamais gravées en eux. Sa trahison en tant que mère serait toujours une part du cœur de Kuroko. Mais ce n'était pas sa victoire. Parce que malgré ces cicatrices, ces blessures, et ces vicieux cauchemars, ils grandissaient – se développaient – et Kuroko était victorieux.


(Ndt; ah, l'ayant posté en toute hâte tant que j'y pensais, je ne me suis pas relue. N'hésitez pas à signaler toute erreur flagrante)