A La Science De Tout

Par : Provocative Envy

Traductrice : Bleak Dawn

N/T: Ce chapitre est dédié à Amber, Crayoline, BrunasseLucie, Bulle-de-savon, Harapan, Oroci, Samsam, MaaNaa, DrayMione pour leur fidélité. Merci pour vos encouragements et votre présence à (presque) chaque update.

CHAPITRE VINGT ET UN

Lorsque j'eus dix-huit ans, je découvris la magie.

Oh, j'avais cru, pendant sept ans, que jeter des sorts et mémoriser des potions et regarder des portraits parler—j'avais cru que ça c'était de la magie. J'avais cru qu'avoir une baguette magique—un objet inanimé en toute apparence, rien de plus qu'un bout de bois—lié à moi, et à moi seul; j'avais cru que ça c'était de la magie. J'avais cru qu'un château—tout un château, grand et médiéval et tout ce qu'il avait de plus réel—étant capable de cacher sa présence au reste du monde, se rendant inaccessible…j'avais cru que ça c'était de la magie aussi.

Et puis j'avais embrassé Drago Malefoy, et j'avais alors su que durant ma vie toute entière, j'avais eu tort à propos de tout.

C'était indéfinissable, inexplicable, et je pourrais commencer d'essayer et de comprendre ce qui le rendait si spécial. Il était mesquin et méchant, en possession de profondeurs cachées mais peu disposé à y succomber. Il me laissait pantelante, faible—il me rendait nerveuse et apeurée, désespérée et mièvre, complètement dépourvue de convictions, de standards.

Et malgré tout—malgré ça, il y avait aussi quelque chose de plus, quelque chose de plus profond qui me faisait me sentir comme un aimant sans sa polarité; cela me désorientait, et j'avais besoin de lui, et il devait le savoir.

Excepté que…c'était le cas.

Il le savait, et ça ne semblait pas faire la moindre différence à ses yeux.

J'avais cru, de cette façon naïve et idéaliste dont les jeunes filles tendent à voir les choses, qu'il réaliserait qu'il avait fait une erreur, qu'il se lancerait à ma poursuite (métaphoriquement, bien sûr), et qu'on vivrait heureux jusqu'à la fin des temps. J'avais visualisé la scène une centaine de fois, un millier de fois, avais le début et le milieu et la fin planifiés à la perfection; tout ce qu'il avait à faire était de m'approcher, s'excuser—c'était couru d'avance et je l'avais accepté, n'est-ce pas ?

Mais il ne m'approcha pas et ne s'excusa pas. Il me regardait à peine, en fait—son indifférence n'aurait pas pu être plus manifeste, et malgré tout…je ne pouvais pas m'empêcher de continuer d'y croire. Après tout ce qu'on s'était dit, ce qu'on avait fait, ce qu'on avait traversé, comment était-ce possible qu'il demeure si impassible ? Comment était-ce possible qu'il n'en ait cure.

OOO

J'entendis ses bruits de pas, reconnus leur lest, et je me figeai, mon menton venant se poser sur mes genoux alors que mes yeux s'écarquillaient.

Il s'assit à mes côtés—proche, si proche—et je me concentrai sur le bruit du gazon qui bruissa sous son poids, tentant ardemment d'ignorer la chaleur émanant de sa cuisse lorsque celle-ci frôla la mienne.

Il déglutit avant de parler :

« Je suis désolé. »

Un silence empli de stupéfaction et de joie et de doute suivit sa déclaration. Je voulais tellement, tellement le croire, mais je…ce n'était pas le cas.

« L'es-tu ? » demandai-je poliment, le ton de ma voix saturé de désintérêt.

« Eh bien—oui, à vrai dire, » répondit-il, cillant et se penchant légèrement en arrière.

Je secouai la tête et retroussai les lèvres, soudain en colère.

« Non, tu ne l'es pas, » pouffai-je avec dédain.

« Et tu es tout à coup devenue experte dans le fait de deviner mes sentiments ? » contra-t-il sarcastiquement. « Petit rappel amical et tout ça, Granger, mais ça n'a pas vraiment marché pour toi dans le passé, non ? »

« Un tas de choses n'a pas marché pour moi, il semblerait. Et malgré ça…te voilà. »

Son regard vola vers le mien.

Je le fixai, longtemps et longuement, me demandant comment j'avais fait pour me perdre—encore, oh oui, encore—et je commençai à me dire que, peut-être il y avait tout simplement quelque chose qui, fondamentalement, clochait vraiment chez moi, que peut-être me manquait-il la basique, nécessaire compréhension de—de quoi ? L'amour ? Lui ? Moi-même ?

Et voilà que c'était là, juste en face de moi, la réponse—et c'était stupéfiant.

Je n'étais plus compliquée. Je savais ce que je voulais, savais ce qui allait faire que je sois entière à nouveau; Drago, lui aussi, était simple—il fuyait, il avait peur, il était cliché. C'était facile à deviner.

L'amour, cependant—l'amour n'était pas une question d'haletants, insignifiants mot doux. L'amour n'avait rien à avoir avec de dramatiques séances de jambes en l'air devant le lac, de corps en sueur entrelacés au-dessus de la douce surface d'une cape en laine.

« Pourquoi—» Mais je m'interrompis.

Ses narines se dilatèrent alors qu'il serrait la mâchoire.

« Pourquoi, quoi ? » questionna-t-il.

Je n'ai pas, je ne pouvais pas, je ne voulais pas répondre, parce que c'était . C'était le moment qui allait nous définir, notre deuxième, troisième, quatrième, cinquième chance—notre temps était expiré, le sablier brisé, et c'était maintenant ou jamais.

Et j'étais furieuse, parce qu'il foutait tout en l'air.

« Pourquoi, quoi ? » répétai-je, incrédule. « Pourquoi est-ce que t'en prends la peine, et pourquoi est-ce que tu fais semblant, et pourquoi est-ce que tu continues encore de me fuir ? Pourquoi est-ce que tu te caches, et fais comme si j'étais invisible, tout le temps, et pourquoi…pourquoi est-ce que t'es là au juste ? Après tout ce qui a été dit, après—après cette dernière nuit—après…après… »

Ma voix s'estompa, j'inspirai profondément, me demandant pourquoi j'essayais—encore et toujours, après tout ce qu'il m'avait fait subir, après toutes les façons dont il m'avait rejetée, j'essayais toujours.

« Peu importe, » lâchai-je, dégoûtée de moi-même, tentant de me concentrer sur ma propre intarissable haine de soi et non sur la douleur issue de l'incandescente déception qui brûlait tout sur son passage au travers de ma poitrine.

Et c'est là qu'il m'arrêta—enfin, il m'arrêta, et il avait l'air sérieux, mais surtout, le plus important, il avait l'air terrifié et déconcerté et—il avait l'air…sincère.

« J'en prends la peine parce que…tu ne m'as jamais laissé tomber, et je fais semblant parce que je ne savais pas qu'il y avait un endroit—qu'il existait une personne auprès de laquelle je n'avais pas besoin de faire semblant. Et je te fuis parce que tu me fais peur, toi et ton—ton sourire, et tes yeux, et la façon dont tu sembles si certaine de choses pour lesquelles je ne suis pas sûr d'être prêt.

« Et je me cache parce que c'est ce que je sais faire de mieux, et je fais comme si tu étais invisible parce que si je ne le faisais pas…tout ce que je serais capable de voir c'est toi, tout ce qui me resterait…c'est toi—et je suis ici parce que—parce que mon monde ne tournait pas avant que t'en fasses partie, et parce que tu as tout changé, vraiment tout, et… »

Mon cœur battait et battait et battait—je ne pouvais pas m'empêcher de regarder ses lèvres bouger, j'avais du mal à comprendre les mots qui se déversaient de sa bouche et tout ce qu'ils signifiaient, ce qu'ils allaient signifier—

« Chut, » murmurai-je, levant la main.

« Je t'aime, » dit-il.

Ma respiration était faible, éthérée, inégale—et la perfection existait, indéniablement, et la science avait tort, parce que ça—ce moment—c'était beau.

« Je le sais. » Enfin. « Et c'est pourquoi ceci est parfait. »

FIN


Et voilà mes chers lecteurs, vous venez de lire la fin de cette histoire, la première fanfic à chapitre que j'ai fini de traduire et j'en suis vraiment contente.

Merci à vous tous, à ceux qui ont pris la peine de laisser une ou plusieurs reviews, ceux qui ont mis en alerte ou en favoris, merci d'avoir fait partie de ce voyage, de cette expérience et de cette histoire.

Merci aux lecteurs silencieux également, même si vous n'avez jamais fait part de votre présence, vous avez laissé une trace de votre passage dans mes stats.

J'espère que vous avez aimé cette fin, personnellement, j'ai adoré la déclaration de Drago qui enfin, enfin a arrêté de faire le con.

Je reviendrais avec une autre histoire alors j'espère que vous serez encore une fois au rendez vous. Vous allez me manquer.

Au plaisir!