Disclaimer: Ni l'auteure ni moi ne possédons House.

Auteure : Cardio Necrosis.

Traductrice : Saturne.

Voici le tout dernier chapitre. Je suis contente d'avoir persévéré et d'être arrivée au bout ! :)

Bonne lecture !

A New Divide

Chapitre Dix-Sept

Ce n'était pas une impression de déjà vu – c'était déjà arrivé, mais pas en vrai.

Me réveiller au son de l'alarme de ma montre et me retrouver à côté de House – c'était arrivé hier. Mais cette fois, j'avais su que je me réveillerais ici. Il ne m'avait pas traîné jusqu'ici au beau milieu de la nuit, mais nous nous étions tous les deux glissés dans son lit, nous nous étions bécotés et légèrement pelotés, et nous nous étions embrassés presque au point de nous évanouir, enlacés et à moitié vêtus. Nous nous étions moqués l'un de l'autre : lui de mon ardeur, et moi de ses commentaires maladroits sortis de nulle part. Comme si ça l'intéressait vraiment de savoir que mes oreilles n'étaient pas parfaitement symétriques, ou que la peau de ma clavicule gauche avait un goût légèrement différent que celle de ma clavicule droite. Il plaisanta à propos du pitoyable gémissement étranglé que j'avais émis lorsqu'il avait glissé ses dents le long de ma gorge, et je fis mine de ne pas remarquer qu'il gloussait tout bas à chaque fois que mes doigts effleuraient ses côtes, juste au-dessus des hanches. Je n'avais pas dû rester éveillé avec lui dans son lit plus qu'une demi heure, mais ça m'avait paru durer une éternité.

J'éteignis l'alarme de ma montre et libérai mon bras avec précaution. J'avais appris dans un de mes mariages à retirer mon bras sans faire trop de bruit, et aussi à me lover contre quelqu'un et à emmêler nos membres sans que mes membres s'engourdissent et menacent d'être envahis de fourmis, comme une explosion d'aiguilles ou une désagréable absence de toute sensation.

Je me levai du lit aussi vite que possible en écoutant le rythme de la respiration de House, et je le recouvrai à nouveau doucement des couvertures que j'avais fait glisser en me levant. J'effleurai son visage et faillis déposer un baiser sur son front, mais soudain mon House Intérieur agita sa canne vers moi en me raillant à ce propos, alors je me reculai et sortis de la chambre. Je m'arrêtai dans l'encadrement de la porte pour le regarder dormir, pendant une seconde qui aurait pu être un siècle.

En prenant ma douche, j'utilisai le shampoing qui n'existait que dans cette réalité – shampoing pour lequel j'avais un faible, et que moi seul utilisais. Ce shampoing et cet après-shampoing que je savais qu'il achetait spécialement pour moi pour les nuits où je restais dormir et où j'avais besoin de prendre une douche le matin. Une de ses nombreuses manières de montrer que je comptais pour lui sans jamais avoir à le dire.

Tout en me savonnant, je vérifiai l'intérieur de mes cuisses à la recherche de cicatrices dues à des coupures, et glissai mes doigts le long de mon torse pour la même raison. Je n'avais aucune cicatrice de blessures que je me serais infligées, et je sentais ma peau familière sous mes doigts fripés par l'eau chaude. Je me regardai dans le miroir en me séchant, inspectant mes gencives et mes lèvres à la recherche de la moindre craquelure ou rougeur qui s'étaient trouvées dans l'autre réalité. Mon visage était plus plein, et oui, j'aurais bien quelques kilos en trop à perdre, mais je n'avais pas autant de rides autour de ma bouche et de mes yeux.

Mon pyjama avait disparu du sol de la salle de bain, et mes habits pour le boulot étaient soigneusement pliés sur le siège des toilettes, et je me souris à moi-même. Je me séchai les cheveux avec la serviette et me demandai si House était en train de manger un bol de céréales, ou s'il attendait que je lui cuisine quelque chose, ou s'il était retourné tout droit au lit. En temps normal je lui aurais préparé quelque chose à manger pour la route, mais le fait d'avoir mangé à deux heures du matin m'avait coupé l'appétit pour le petit déjeuner, vu que j'avais l'estomac plein et que j'arrivais à un âge où je ne pouvais plus manger sans appétit – sauf si je voulais avoir des brûlures d'estomac, une indigestion, ou encore plus de poignées d'amour disgracieuses.

J'enfilai rapidement mes vêtements et me brossai les dents, lavant ma bouche du goût du repas tardif (ou matinal), ainsi que d'un goût qui était purement et simplement Greg House. Enfin, ça, et puis de l'haleine au petit matin qui n'était jamais agréable.

J'aurais pu aller chercher mon sèche-cheveux dans ma voiture, mais je me ravisai afin de ne pas déranger House avec le bruit. De toute façon, j'étais fatigué, m'étant couché plus tard que d'habitude, et au fond j'avais trop la flemme de sortir, le prendre, le brancher, puis de l'utiliser. J'allais probablement boire des litres de café comme jamais juste pour rester éveillé.

Je sortis de la salle de bain et vis House assis sur le canapé, toujours en pyjama et ébouriffé, et qui regardait fixement la télévision sans le son d'un air fatigué, sa cuillère raclant le fond du bol alors qu'il prenait de pleines bouchées de céréales. Je m'appuyai contre l'encadrement de la porte et le regardai manger. Il avait l'air tellement... enfantin. Paisible et satisfait. Comme si rien au monde ne pouvait lui faire du mal, et même si l'idée en elle-même était stupide, j'avais moi aussi cette impression.

Il leva les yeux vers moi et ses yeux parcoururent mon corps avec désinvolture. "Beurk, ta cravate est à chier."

"C'est toi qui l'as choisie."

"Je connais tes goûts, alors j'ai choisi la plus laide que j'ai pu trouver."

"C'est très attentionné de ta part."

Quelques gouttes de lait glissèrent sur son menton et il les essuya du revers de sa main, avant de fourrer une autre cuillerée dans sa bouche, mâchant bruyamment. "Tchufeu dchai heupi garms ?" mâchonna-t-il de manière inintelligible, avec de grands yeux, comme un enfant.

"Je ne sais pas quelle langue tu parles, mais je n'y comprends rien."

Il leva les yeux au ciel et avala. "Bon dieu, tu n'as jamais parlé avec la bouche pleine ?"

"Eh bien, ma mère m'a toujours dit que c'était malpoli, alors..." lui dis-je en m'éloignant de l'encadrement de la porte.

Il leva les yeux au ciel. "Ça n'avait pas trop l'air de te déranger hier soir quand je foutais ma langue dans ta bouche."

"On n'était pas vraiment en pleine conversation," fis-je remarquer en me dirigeant vers le placard où j'avais laissé mon manteau.

"Tu as dit mon nom et donné des ordres. C'est une conversation."

"D'accord, très bien. Ça n'empêche pas que je n'ai toujours pas compris ce que tu as dit." Je sortis mon manteau et l'enfilai tout en le regardant poser son bol sur la table basse.

"Je t'ai demandé si tu voulais des Lucky Charms [NdT : marque de céréales à base d'avoine accompagnées de marshmallows colorés de toutes sortes de formes différentes : cœurs, étoiles, trèfles...]." Il se leva du canapé et s'étira en levant les bras, ce qui fit craquer son dos.

Je secouai la tête. "Je vais juste prendre un café sur le chemin. Tu viens ? Je peux attendre que tu sois habillé si tu veux qu'on y aille ensemble."

"Pas besoin de fringues pour là où je veux qu'on aille ensemble," répliqua-t-il avec un sourire espiègle ce qui me fit rire. "Nan, je vais juste finir mes céréales puis retourner au lit."

"On se voit vers midi, alors."

Comme dans l'autre monde, il boita vers ma sacoche avant que je puisse même envisager de la prendre, et nous nous retrouvâmes devant la porte. "Il ne faudrait pas que tu oublies ça," dit-il en me tendant la sacoche – exactement comme l'avait fait l'autre lui. Je la lui pris, nos doigts se frôlèrent, et il me fixa intensément, comment attendant quelque chose.

C'était exactement pareil – sa façon de prononcer ces mots, l'expression dans son regard, la situation... Il voulait que je l'embrasse pour lui dire aurevoir. Il avait prévu de me rejoindre devant la porte, prévu que nos doigts se frôlent, et qu'avais-je fait ? Je m'étais figé, hésitant tellement s'il fallait le faire ou non, que je n'avais pas vu un signal aussi évident.

Ayant réalisé ce qu'il avait essayé de faire, je ris. Pas tout haut ni de manière désagréable, mais un rire bref. Son visage se décomposa, mais alors je l'embrassai – pas passionnément, mais avec plus de douceur que je ne l'avais prévu.

"Oh mon Dieu," dit-il, les yeux écarquillés, emplis de peur, et la bouche entrouverte.

"Quoi ?" demandai-je, ma panique se sentant dans ma voix.

"Je suis la quatrième Madame Wilson," geint-il avant de laisser tomber son front sur mon épaule. Sa main était sur ma hanche. Je me souvins de lorsqu'il était avec Stacy et réalisai qu'il avait toujours été en train de la toucher – une petite caresse sur ses cheveux, ou un léger contact sur le bas de son dos – juste pendant quelques instants, comme pour s'assurer qu'elle était bien là. Je souris en me rendant compte qu'il me le faisait depuis des années – pas de manière aussi intime, mais exactement pareil.

"Là, là," dis-je de manière réconfortante en lui tapotant le dos comme si je venais de lui apprendre une très mauvaise nouvelle.

"C'est en phase terminale," grommela-t-il contre ma clavicule, et je caressai son dos de la paume de ma main, tout en comptant les côtes que je frôlais.

"J'en ai bien peur."

Il haussa les épaules, tenant ma hanche un peu plus fermement. "Ça pourrait être pire," admit-il avant de s'éloigner de mon épaule afin que nous puissions nous regarder.

"C'est à dire ?"

"Être le deuxième Monsieur Cameron."

"Eh bien, je vais prévenir Chase immédiatement."

"Fais le quand Cameron est là, et je m'assoirai dans un coin avec du pop-corn."

"Je vais noter ça dans mon agenda."

"Ils vont probablement se contenter de s'embrasser et se réconcilier," dit-il en se radoucissant et avec un soupir triste, puis il inclina la tête. "Pourquoi ça nous a pris si longtemps pour en arriver là ?" ajouta-t-il, comme si la phrase précédente était liée – comme si elle signifiait la même chose. Comme s'il y avait un rapport entre elles – et vu comment fonctionnait l'esprit de House, passant d'une pensée à l'autre à grande vitesse, peut-être bien qu'il y avait un lien.

"Je ne pensais pas que c'était réciproque," lui dis-je, et j'avais l'impression que c'était pour la même raison que lui non plus n'avait rien tenté.

"Et donc ? Quelque chose hier soir – ou plutôt ce matin – m'a trahi ?"

Je secouai la tête. "Non. J'ai seulement fini par voir ce que tu essayais de me montrer."

"Tu devrais aller voir un ophtalmologiste parce que tu as vraiment besoin qu'on contrôle ta vue. Ça explique aussi ton goût en cravates. Ou plutôt ton manque de goût."

Pourquoi était-il tellement obsédé par mes cravates ? Franchement, même dans l'autre réalité il n'arrêtait pas d'en parler. Je pinçai les lèvres pour tenter de m'empêcher de sourire, mais j'étais sûr d'avoir échoué. Il lâcha enfin ma hanche et parcourut rapidement mon visage.

Il me tapa l'épaule malicieusement, mais sa paume de main s'attarda sur mon bras une seconde de plus que nécessaire, et avec plus de douceur que nécessaire. "On se voit au boulot," dit-il.

Il me claqua le cul alors que je sortais de l'appartement.


"Je m'en suis occupé," lança une voix sortie de nulle part, emplissant tellement fort la cellule et son esprit que ça ne pouvait pas être son imagination, mais Wilson envisagea tout de même cette possibilité.

Il releva son visage de ses mains et regarda l'inconnu, puis le reconnut. Il l'avait vu ici et là ces derniers jours. Il se faisait remarquer dans cette mer de costumes cravates : l'homme devant lui portait un vieux jean miteux et un t-shirt de rock usé. Mais ce n'était pas ce à quoi qu'il pensait. Il se souvenait de l'homme qui le pointait du doigt en riant alors que la police le poussait à l'arrière de la voiture, l'ayant menotté, ce qui était inutile vu qu'il s'excusait en rougissant de honte. Il ne se serait pas enfui ni n'aurait résisté, mais après tout, il se dit qu'ils ne faisaient que leur boulot.

"Je vous demande pardon ?" dit-il, se disant qu'il avait peut-être mal compris, ou que ce n'était pas à lui que l'homme parlait bien qu'il soit seul dans la cellule.

"Je m'en suis occupé," répéta-t-il plus fort, debout nonchalamment derrière les barreaux, avec de grands yeux bleus brillants.

"Occupé de quoi ?" demanda-t-il avec hésitation en se levant de son lit, sans oser laisser son esprit s'emballer. Ressentir de l'espoir juste pour qu'il s'effondre, ça serait trop dur pour lui à cet instant.

"Euh, de ta caution ?" répliqua-t-il comme si c'était évident.

Wilson approcha prudemment des barreaux, apercevant mieux le visage de l'homme dans la pénombre à présent qu'il était plus près. Il voyait encore un peu flou vu qu'il avait été sur le point de pleurer tout à l'heure et qu'il avait pressé ses mains contre ses yeux pour s'empêcher de sangloter tout haut, mais après avoir cligné des yeux il voyait toujours flou. "C'est une blague ?"

"Non, si c'était une blague je me serais pointé déguisé en clown et j'aurais fait un commentaire inapproprié à propos de savon."

Wilson remua sur place examinant l'homme de la tête aux pieds, comme pour essayer de jauger la situation. Était-il sérieux ? Pourquoi un homme payerait-il la caution d'un parfait inconnu – surtout un inconnu qui avait piqué une crise assez immature et du coup brisé un miroir antique ?

Avant que Wilson ne puisse continuer la conversation, le gardien enrobé dont l'accent à couper au couteau rendait ses paroles incompréhensibles se pointa, faisant tinter ses clés contre les barreaux de la cellule. La suite se passa tellement vite qu'il eut peur d'être en train de rêver – on le faisait sortir de sa cellule, on lui rendait ses affaires, on le guidait à l'extérieur du commissariat de police. L'homme faisait des commentaires sur tout et rien à la fois, et malgré ça Wilson ne pouvait se souvenir d'un seul mot qu'il ait dit, il parlait comme une mitraillette. Ce n'était pas réel – ça ne pouvait pas être arrivé – et pourtant c'était vrai. Il savait que c'était réel. Il était reconnaissant – plus que reconnaissant – mais complètement perdu en même temps.

Lorsque les portes se fermèrent derrière eux, le bruit sembla tirer Wilson de son état de transe où il s'était laissé traîner comme un enfant dans un grand magasin. Il se tourna vers l'inconnu qui regardait la nuit comme un gamin qui convoite des jouets en vitrine.

La réalité de la situation le frappa soudainement – la réalité où, oui, un parfait inconnu venait tout juste de lui payer sa caution de sortie de prison, lui épargnant d'avoir à appeler ses parents pour leur expliquer les chefs d'inculpation et ce qu'il fallait payer. Mais ce n'était pas seulement ça – il avait fait preuve d'une grande gentillesse quand tout allait mal pour lui – sa femme le quittait, son ami rongé par la culpabilité ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, il n'avait pas d'argent et il était tellement seul...

"Merci, merci mille fois. Je peux-je veux dire-je n'arrive même pas à vous dire tout ce que cela représente pour moi."

"Tout un pataquès, j'en suis sûr," fit-il avec un geste peu intéressé de la main tout en levant les yeux au ciel.

Wilson ignorait pourquoi il refusait sa gratitude, mais il hocha de la tête pour approuver. "Ça compte vraiment, vraiment beaucoup pour moi. Je suis même incapable de vous dire tout ce que cela représente pour moi, euh..." Il essaya de se rappeler si l'homme lui avait donné un nom, mais en réalisant qu'il ne l'avait pas fait, il s'adapta : "monsieur, ça représente vraiment-"

"Eurk, ne m'appelle pas comme ça," insista-t-il avec une grimace comme s'il venait de boire d'une traite un verre de lait tourné. Étrangement, ça l'agaçait vraiment qu'on l'appelle 'monsieur', même s'il n'avait pas la moindre idée de comment l'appeler autrement.

"Je suis désolé, euh... comment préférez-vous que je vous appelle ?"

"Je pense que 'Dieu' ça sonne bien. Enfin bref, tu disais quelque chose du genre que tu me serais redevable à vie pour mon irrationnel acte de gentillesse ?"

Wilson sourit et étouffa un petit rire. "Oui, bien sûr. Mais vraiment, s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire – n'importe quoi-"

"Combien t'as d'argent sur toi ?" demanda-t-il, l'air sérieux.

Wilson cligna des yeux. Il n'avait pas l'habitude de voir les gens vraiment admettre qu'ils voulaient quelque chose en retour pour leur gentillesse. A chaque fois qu'il proposait de faire quelque chose en retour, on secouait toujours la tête poliment en disant 'oh non, ça va, ne vous en faites pas', même si, à l'intérieur, c'était tout autre chose. "Oh, hum – je ne sais pas, dix-huit dollars, peut-être ? Je ne suis pas sûr – si vous me donnez un numéro pour vous joindre, je pourrais vous rembourser-"

"Je suis un docteur, je peux me permettre de payer ta caution et de planifier la lecture de l'acte d'accusation," lui dit-il. Wilson ne savait pas ce qui le choquait le plus : qu'il était un docteur, qu'il avait ou allait planifier la lecture de l'acte d'accusation, ou le fait qu'apparemment il n'avait pas eu l'intention de se faire rembourser. "J'ai prévu de me torcher la gueule et tu viens avec moi."

"Je vais... payer pour l'alcool ? C'est tout ?"

"Et le déjeuner, la prochaine fois que tu auras un peu d'argent." Il leva les yeux vers le ciel pendant une minute. "Bon, ça prendrait combien de déjeuners pour rembourser une caution ? Il se pourrait bien que tu doives m'en payer plus d'un."

"D'accord, bien sûr, je-vous êtes un docteur ?"

"Seulement les lundis," répondit-il avec désinvolture avant d'attraper le bras de Wilson et il se mit à le guider en le traînant à moitié le long du trottoir, marchant avec détermination à grands pas avec ses longues jambes. Wilson était toujours confus, tout allait si vite – les longues enjambées de l'inconnu, se retrouver à aller boire, se faire payer sa caution sans la moindre raison valable – il aurait juré être tombé du lit dans la cellule et s'être perdu dans un rêve merveilleux mais bizarre, qui n'avait rien de réel.

"Attendez," dit-il au bout de quelques secondes, et libéra son bras de sa poigne de fer. L'homme se tourna vers lui en tapant impatiemment du pied, et ses yeux se concentrèrent sur son visage. Ça allait trop vite – tout chez cet homme devant lui semblait hurler sa hâte, et vite, vite, vite, et son impatience – mais il avait besoin de s'arrêter. Ne serait-ce qu'un instant.

"Eh bien ?" le pressa l'homme une seconde plus tard – une seconde de trop à son goût, apparemment.

Wilson aurait pu être offensé par l'irritabilité de l'homme, ou ça aurait pu au moins lui rester en travers de la gorge, mais ce n'était pas le cas. Envieux de son indifférence, peut-être, reconnaissant parce qu'il avait fait quelque chose d'incroyablement gentil, et plus que confus, mais contrarié? Non.

"Pourquoi avez-vous payé ma caution ?" demanda-t-il.

"Qu'est-ce que j'allais faire d'autre avec tout mon fric en trop qui prenait la poussière ? Le gâcher pour une pipe que je peux obtenir n'importe où ? En plus, je m'ennuie, et j'ai besoin d'un pote de picole. On a fini de parler, ou est-ce qu'on devrait examiner nos sentiments, retourner chez moi, regarder SteelMagnolias [NdT : Comédie dramatique américaine mettant en scène plusieurs femmes à qui il arrive plein de coups durs], et pleurer ?"

Wilson rit, ne serait-ce que parce que c'était exactement ce que sa femme aurait fait. C'était drôle, même si ça n'aurait pas du tout dû l'être – même s'il n'avait aucune raison de rire, il rit quand même. L'homme semblait intrigué par son rire spontané, sans pour autant être déstabilisé.

"Je préférerais éviter ça," répondit-il enfin sans cesser de sourire. Il tendit la main cordialement. "Je m'appelle James."

L'homme regarda fixement la main comme si ça le surprenait, comme s'il n'avait jamais été confronté à ce genre de situation. Il serra la main en haussant les épaules. "House," se présenta-t-il.

"House ?" répéta-t-il.

Il haussa les épaules. "Mes parents étaient des hippies."

Sur ces mots, House attrapa la cravate de Wilson et le tira, leur faisant parcourir à tous les deux le trottoir à toute allure, ayant visiblement la ferme intention de poursuivre cette soudaine et étrange aventure (et de se bourrer la gueule). Il était difficile de suivre son rythme déterminé, même s'il se faisait pratiquement traîner, la soie s'enfonçant désagréablement dans son cou, mais il se rendit compte (étant donné que l'homme venait de le sauver) que ça ne le dérangeait vraiment pas.

Il apprendrait à rattraper son retard.


Et voilà, c'est la fin de cette belle histoire...

J'ai pris beaucoup de plaisir à la traduire et j'espère que vous en avez pris au moins autant à la lire !