Oyez-oyez Braves gens ! PinkBlueGreen et Washington-Jones ont encore frappé ! Et cette fois, ce n'est pas Kate qui subi, mais Ziva !
En espèrant que vous aimerez.
GRos bisous à vous !
Objet : TISA-QUI-VA-TOUS-LES-BLUFFER-SURTOUT-MCGEEK !
Chère Ninja,
Je pense qu'il est grand temps pour nous de montrer à l'auteur de Deep Six qu'il se fourvoie complètement, et que l'agent Tommy n'est PAS un mufle et que l'Agent Lisa est bien plus sensible que son ego ne le sera jamais ! Montrons-lui ce qu'est un vrai couple ! Faisons enfin comprendre au Bleu ce qu'est l'Amour ! Ouvrons-lui les portes de la Sexualité assumée ! (oui bon, je m'égare peut-être un peu... disons que j'ai trop parlé avec Jimmy...)
Je te propose donc de déterrer la hache de guerre et de lui donner une leçon d'écriture.
Ecrivons un Tisa !
Réponds-moi vite, si possible, quand Gibbs et le Bleu ne fixent pas mon écran.
Merci.
Anthony DiNozzo
ps : je propose qu'on le fasse à l'abri des regards… Autour d'une bonne bière !
L'agent spécial jeta un bref coup d'œil à sa gauche, à sa droite, puis de nouveau à sa gauche et, satisfait, enfonça la touche « entrée » de son clavier avec une précipitation non contenue. Le dernier ouvrage de son collègue romancier peignait l'Agent Tommy comme un goujat de la pire espèce, un être dépourvu de romantisme et de sentiments à l'égard des femmes. Mieux encore il présentait l'homme comme un coureur de jupons chronique, incapable de regarder une femme (même laide) sans ressentir le besoin de l'ajouter sans plus tarder à son tableau de chasse. Tel Don Juan, il tenait la liste à jour, et Tony ne put qu'y voir un parallèle avec l'œuvre théâtrale. Non seulement Timothy McGee s'inspirait de la vie de ses collègues, mais en prime, il pratiquait le pastiche !
Indigné, Anthony DiNozzo Jr s'était juré de faire vengeance la veille au soir, quand il avait découvert dans le chapitre seize le dernier degré d'horreur qu'il pouvait supporter : l'Agent Lisa, partenaire de l'Agent Tommy, venait de subir cinq pages de critiques acerbes et humiliantes, dans lesquelles le narrateur la décrivait comme une femme froide et hautaine, sans sentiments et adepte de la domination castratrice. Un portrait des plus élogieux, mais qui était loin d'être saillant au vue du modèle…
Voilà pourquoi Tony venait d'envoyer ce mail à sa collègue qui pianotait tranquillement, assise au bureau en face du sien : Ziva était tout, sauf une Lisa. Certes, on pouvait dire qu'il n'était pas le prince charmant dont rêvent toutes les petites filles, mais de là à faire de lui un monstre guidé par ses instincts primaires… Tout son être criait vengeance, et il était certain que Ziva penserait de même. Après tout, ce n'était que justice. Et la justice, c'était leur domaine, non ?
Tony se laissa aller contre le dossier de son siège : il avait encore des courbatures de cette nuit de lecture intensive. Ô, il ne fallait pas s'y méprendre la lecture n'était pas un de ses passe-temps préférés. Mais, il lui arrivait parfois de se laisser happer dans les pages d'un bon roman, et, quand cela arrivait, il finissait toujours assit n'importe comment, la colonne vertébrale en vrac mais heureux, perdu dans un flot d'images qui l'emportaient assez loin pour qu'il oublie d'allumer sa télévision, parfois même d'ouvrir au livreur de pizza.
L'agent spécial gardait un bon souvenir de ses lectures passées, de ces nuits entières à lire à la lueur d'une lampe torche, plongé sous les draps à l'Académie Militaire, partant à la recherche de paysages, de sensations que sa vie jusque-là sans tâche ne lui permettait pas de découvrir. Il avait frissonné avec ses héros, ressentit avec eux les premiers émois amoureux, flirté avec la mort un si grand nombre de fois que, parfois, sa vie lui semblait fade. Jusqu'au NCIS.
Il avait attendu si longtemps pour ressentir tout ça, seul, sans le partager avec un quelconque personnage que, quelque part, il se sentait comme un héros. Toutes ces années d'attente, d'ennuis, toutes ces années sans couleurs avaient valu la peine. Il n'ouvrait plus le moindre livre depuis des lustres, ayant trouvé l'adrénaline qu'il recherchait dans son existence. Il n'avait plus besoin d'essayer d'être vivant : il l'était.
Il fallait bien reconnaître que les livres depuis quelques années déjà, n'étaient plus à son goût. Les descriptions étaient faméliques, ectoplasmiques, sans consistances et sans intérêt. L'âme des romanciers était morte plusieurs décennies en arrière, et il ne restait plus que des amourettes de cinq cents pages par tomes, étalées, démantelées, éparpillées sur pas moins d'une demi-douzaine de tomes. Anthony DiNozzo avait abandonné la lecture, et ne l'avait reprise que pour découvrir avec un émerveillement mal contenu le talent d'un certain Thom E. Gemcity.
Tout était parfait pour enchanter celui que la littérature contemporaine avait jusque-là rebuté : des descriptions réalistes, mais teintée d'une sensibilité plus que bienvenue, et une décence qui faisait cruellement défaut aux autres auteurs. Bref, Thom E. Gemcity avait su redonner à l'agent spécial l'envie de prendre un livre sans plus le lâcher avec de l'avoir dévoré, vidé de sa substance, tel un vampire. Du moins, il en avait été ainsi, jusqu'à ce fameux chapitre seize…
Deep Seven-Deep Seven-Deep Seven
« Vous avez un message ».
Elle leva les yeux du rapport qu'elle était en train de lire, pour se poser sur son écran, où clignotait le petit message gris, qui lui indiquait l'arrivée d'un nouveau mail. Elle cliqua sur le lien de celui-ci, et haussa un sourcil étonné, en voyant que le destinataire n'était autre que l'agent senior qui occupait le bureau face au sien.
Elle tourna son regard vers celui-ci. L'agent était en train de taper sur son clavier, à une vitesse relativement calme, si on la comparait avec celle de Timothy McGee. Il ne lui prêta pas la moindre attention, quand elle plissa les yeux, s'interrogeant sur cet email envoyé alors qu'il aurait été aussi facile de s'interpeller verbalement.
Elle fit une petit moue dubitative, avec de reposer son attention sur l'écran, pour lire le message. Son visage passa par l'étonnement, l'incrédulité, puis à un mélange d'amusement et de gène, en lisant le message de son collègue. Faire une histoire alternative à celle de McGee pour Tommy et Lisa ? D'accord, oui, s'ils étaient écrivains. Mais elle n'avait rien d'une écrivaine.
En même temps, il est vrai que le visage que McGee avait peint de Lisa était bien loin de celui de Ziva David. Elle n'était pas cette femme qui n'avait pas de cœur, et qui ne pensait qu'à son travail, sans aucune pensée humaine. Elle ne l'était plus. Elle savait que McGee le savait aussi. Mais le personnage de Lisa était tellement vendeur, à côté de celui de Tommy. Le dragueur et la noirceur. L'un et l'autre ne pouvant jamais s'atteindre, car bien trop éloignés de la réalité.
Ca aurait pu être vrai il y avait cinq ans. Plus maintenant. Lisa, ou plutôt Ziva était quelqu'un d'autre.
Elle allait prouver à Timmy qu'il pouvait décrire son personnage sous un autre angle. Elle allait lui montrer de quel parquet (nda : ^^) se chauffait Ziva David, l'écrivain.
Elle se pencha en arrière sur son siège, son stylo dans une main, virevoltant entre ses doigts, alors qu'elle songeait. L'écriture…
Ses dernières écritures remontaient à bien loin. Du temps où elle vivait encore sous la chaleur torride d'Israël. Elle s'était réfugiée un été dans l'écriture, s'extirpant de son quotidien de jeune agent du Mossad, pour celui d'une jeune femme israélienne découvrant la vie à travers un voyage planétaire, rencontrant des dizaines de personnes sur son parcours, qui lui avaient appris la vie. Une belle histoire, qu'elle avait écrit tous les soirs pendant deux mois. Trois cahiers remplis de son écriture, de plus en plus penchée, au fur et à mesure où elle écrivait de plus en plus vite, emportée dans son monde imaginaire. Et qu'elle avait un jour brûlé, en découvrant que cette histoire resterait histoire, et qu'elle ne parcourrait jamais le monde en oubliant sa vie au Mossad. Jamais. Du moins, c'était ce qu'elle pensait avant d'intégrer l'équipe de Leroy Jethro Gibbs, quelques années plus tard.
Son stylo s'arrêta entre ses doigts. Elle pouvait recommencer. Elle pouvait recréer ce monde imaginaire qui l'avait tant aidé. Elle allait emmener Lisa et Tommy dans un monde où la vie mériterait d'être vécue, où il connaîtrait les joies du bonheur. Ce qu'elle aimerait connaître aussi.
Elle jeta un petit coup d'œil à sa droite, puis à sa gauche, vérifiant que personne ne regardait ce qu'il se passait sur son écran. Avant de se pencher vers celui-ci, alignant ses doigts sur son clavier, avant de se lancer dans une réponse au mail d'Anthony DiNozzo.
Cher Italien qui fait semblant de travailler,
Je suis d'accord pour déterrer la hache de guerre, à la condition que tu ne me pousses pas à bout pendant notre collaboration, en me récitant tes répliques de film préférées toutes les cinq minutes.
Tout comme toi, je pense que nous pouvons montrer à McGee que ses personnages ont une face cachée, et qu'elle ne demande qu'a être exploitée.
Nous allons faire de Tommy et Lisa des personnages qui prouveront à McGee qu'on peut écrire un thriller en implantant du sentiment.
Je te propose de nous retrouver ce soir chez moi pour en discuter. Apporte les biscuits apéritifs. Je prévois la bière.
A toute à l'heure,
Ziva David.