Désolée pour le délai ^^ mais en même temps, ce n'est pas comme si ce chapitre était mondialement attendu... Merci à Victory87 pour ses reviews. Qu'est-ce que je ferais sans toi ma puce!

Le prochain chapitre arrivera sûrement dans bien longtemps sachant que l'auteure se focalise sur d'autres fics pour l'instant :S

Ce chapitre a été corrigé, dans la version d'origine, par Xx starlight-moon xX.

"Tu me complèteras, n'est-ce pas? Alors ma vie pourra enfin commencer. J'en vaudrai la peine, n'est-ce pas? Seulement quand tu réaliseras que je suis une perle... Une fois que je saurai qui je ne suis pas, alors je saurai qui je suis. Mais je sais que je ne vais pas continuer à jouer les victimes." –Alanis Morissette, "Precious Illusions". (Album: Under Rugs Swept.)

La douleur était effectivement atroce, intolérable et... Je ne parvenais même pas à me rappeler l'autre adjectif. Je pouvais à peine penser. C'était trop chaud... non, trop froid. D'une manière ou d'une autre, j'avais perdu la capacité de distinguer ces deux sensations, mais je changeai d'avis immédiatement: c'était certainement trop chaud, car bien que je ne voie pas de flammes, ma peau semblait en feu.

Mes os étaient aussi en train de se briser, j'en étais sûre et certaine. La souffrance déchirante était exactement semblable à la sensation dont j'avais le souvenir, quand Rodolphus m'avait cassé le doigt, mais en tellement plus intense et cette fois-ci, je la ressentais dans l'ensemble de mon corps. Mes muscles se déchirant, mes orteils se courbant, ma tête se fendant...

Je savais très bien, d'après mes lectures, qu'il était inutile de se débattre. Crier ne servait à rien non plus, mais je criai tout de même. J'étais incapable de m'arrêter, et il ne me vint pas même à l'esprit d'essayer.

- Bellatrix...

La voix était impossiblement lointaine, mais je la trouvai fascinante. Avant même que je ne réalise que c'était Sa voix, ma tête était déjà tournée dans la direction d'où elle venait. Le mouvement amplifia la douleur, mais je m'efforçai de l'ignorer. Il s'était contenté de prononcer mon nom, mais j'interprétai cela comme un ordre – écoute et regarde-moi – et j'obéis sans la moindre hésitation.

- Je suis sûr que tu sais, Bellatrix, que tout ceci a seulement pour but de satisfaire ta curiosité. Je ne suis pas en train de te punir pour quoi que ce soit... Je lèverai ce sort dès que tu me le demanderas.

J'acquiesçai, mais ne prononçai pas la moindre requête. Entendre Sa promesse m'avait calmée, d'une certaine manière. Je me détachai de la douleur que je ressentais pour me concentrer sur le but de cette sensation. La raison pour laquelle j'avais accepté Sa proposition de me soumettre à ce sort: je voulais connaître ses véritables effets, bien utilisé. Ce pour quoi je pouvais l'utiliser: ce que je pouvais faire à quelqu'un, si je voulais lui faire mal... Je voulais juste quelques secondes de plus à le ressentir; assez pour comprendre complètement...

Je me pelotonnai par terre et me détendis autant que possible, compte tenu de ma situation. Suite à ma résolution de me concentrer sur l'aspect mental et non physique du sortilège, il m'était possible de réaliser et de mesurer le pouvoir qui le déchaînait, et non pas seulement la souffrance qu'il me causait. C'était incroyable, cela me tuait, et je parvins à le savourer.

Je changeai d'avis et décidai de réduire mes cris à un minimum. Je ne ressentais plus rien d'autre que ma douleur et mon émerveillement, faisant abstraction de tout le reste. Je haletai, parcourue de soubresauts, et parvins même à sourire.

Puis tout s'arrêta, si soudainement que je ne pus retenir un cri: un petit cri strident, à mi-chemin entre protestation et confusion. Mais ensuite je me souvins de ce qui m'arrivait, et d'avec qui j'étais. Désireuse de redresser la situation malgré ma crainte de ne faire qu'empirer les choses, je m'assis lentement et articulai en silence:

- S'il vous plaît, pardonnez-moi.

La manière dont il me regardait... C'était comme si je représentais à ses yeux une énigme, surprenante seulement pour une minute, assez intéressante pour être écoutée mais pas assez pour perdre du temps à tenter de la résoudre. Je fronçai les sourcils, mais attendis docilement qu'il s'adresse à moi.

- Je pense que cela suffira pour le moment.

J'acquiesçai, encore sous le choc. Je passai ma main gauche sur mon bras droit, puis ma main droite sur mon bras gauche, avant de faire la même chose pour mes jambes. J'étais à la recherche du moindre dégât, mais je n'en trouvai aucun: pas de brûlure, pas de fracture, rien, à part quelques traces résurgentes du sortilège, qui commençaient à se dissiper, ne laissant derrière elles qu'une sensation d'engourdissement.

- Je vais bien, signalai-je d'un ton presque incrédule.

- Vraiment?

Etait-ce encore une question sarcastique?

Dans le doute, je répondis:

- Oui, je crois.

- Très bien, commenta-t-il, sans montrer la moindre émotion.

Interprétant ces mots comme un signal, je me relevai.

- Je n'avais pas la moindre raison de te punir, Bellatrix. C'est l'usage le plus courant de ce sortilège, punir une personne ayant échoué ou déçu –

- Ou torturer des gens pour obtenir des informations, achevai-je.

Il leva légèrement les sourcils. Son expression aurait tout aussi bien pu exprimer de l'agacement dû à mon interruption, ou une légère curiosité pour la source de mes connaissances.

- J'ai beaucoup lu, expliquai-je, me sentant soudain intimidée.

- Bien sûr.

C'était de nouveau un commentaire dédaigneux, destiné à nous ramener à notre conversation première.

- Tu sais, je n'avais pas particulièrement l'intention de te faire plaisir, non plus.

Je secouai lentement la tête pour montrer ma confusion.

- Si tu as trouvé le Sortilège Doloris insupportable, il n'y avait aucune raison pour que tu le subisses. Et si tu y as pris du plaisir, comme ton sourire aurait pu le laisser croire...

La bouche légèrement entrouverte, je secouai de nouveau la tête, avec plus d'insistance cette fois-ci, et me débattis pour formuler une explication correcte.

- J'ai...

- Aussi intéressante que soit ta réaction, Bellatrix, tu as encore à mériter toute récompense ou punition.

Je tentai de nouveau de formuler une faible objection, mais ne parvins qu'à articuler le mot «Non» avant qu'il ne continue.

- N'imagine même pas de me réprimander pour t'avoir interrompue toi.

Ce n'était qu'un commentaire sarcastique de plus, mais je ne pus m'empêcher de rougir avec humilité, ni de répondre:

- Non, Maître, pas du tout.

Je voulais lui expliquer que je n'avais pas pris du plaisir dans cette douleur, mais que j'étais simplement émerveillée par l'effet que le sortilège de la torture pouvait avoir sur quelqu'un. Mais, je n'aurais su dire pourquoi, les mots ne venaient pas.

Il sembla percevoir que je me débattais pour exprimer ma pensée, et j'espérai qu'il interprétait cela de la bonne manière.

- Je pense que j'en ai vu assez, dit-il finalement.

J'eus un frisson involontaire et acquiesçai, le suppliant en silence de m'en dire plus.

- Ta foi en la cause est évidente. Tu es peut-être plus enthousiaste que quiconque à l'idée de t'en prendre à des traîtres à leur sang. Mais il est inutile de sonder ton esprit pour savoir cela, un coup d'oeil à ton arbre généalogique suffit.

Je souris. Etre un Black était une source de fierté, je l'avais su dès l'enfance. Nous étions forts, dotés d'un bon réseau de relations, et purs – une pureté sans tache depuis des siècles...enfin, presque sans tache.

Le Seigneur des Ténèbres avait raison, bien sûr, les Cracmols et les traîtres que nous avions reniés n'étaient pas seulement des taches sur une tapisserie, mais des imperfections, des problèmes qui affectaient ma propre existence.

Mon bonheur était rendu encore plus complet, et mon sourire plus radieux, par le fait qu'il ait fait référence à moi comme à une Black. Bien sûr, les Lestrange étaient une famille toute aussi ancienne, riche et influente, mais la famille Black était mon héritage, la seule référence que j'avais connue de toute ma vie, à l'exception des trois dernières semaines. C'était ma véritable identité, un droit acquis à ma naissance. Malgré mon récent changement de nom, je n'avais pas la moindre intention de laisser tout cela derrière moi.

Toujours souriante, je récitai la devise de ma famille: «Toujours pur». J'espérais qu'il apprécierait.

- Toujours pur, répéta-t-il. Oui. Tu es la première de la famille à me rejoindre.

- Je ne serai pas la dernière, répondis-je sans réfléchir.

Mes pensées se focalisèrent immédiatement sur mes petits cousins, Regulus et Sirius. La promesse que je venais de faire s'adressait autant à moi-même qu'à Lui ou à eux. Quand ils seraient assez vieux, les garçons devraient se batre: nous le devrions tous, pour notre si cruciale cause, jusqu'à ce que notre monde soit...

- Bellatrix!

Sa voix perça mes pensées et mes rêves. Je ne m'étais même pas rendue compte qu'il avait continué de parler pendant que j'étais plongée dans mes pensées. Reportant mon attention sur lui, je m'excusai une fois encore avant d'ajouter à ma promesse initiale:

- Il vous faudra seulement attendre quelques années.

Après tout, l'aîné, Sirius, n'avait encore que onze ans. Le recruter maintenant était une idée ridicule. Je ne pouvais cependant m'empêcher d'y rêver, je voulais trouver d'autres recrues, encore plus de Black, encore plus de ressources. Mais je n'aurais pas dû me montrer aussi impulsive, le Seigneur des Ténèbres n'avait même pas encore accepté le seul cadeau que je lui présentais pour l'instant: moi-même.

Je hochai la tête avec une nervosité accrue, et, après avoir marqué une pause et m'avoir jeté un regard d'avertissement, le Seigneur des Ténèbres reprit Ses observations comme si de rien n'était.

- Cela dit, tu n'es pas la première Lestrange.

Il marqua de nouveau une pause, cette fois-ci destinée à me permettre de comprendre que j'étais jugée en fonction des deux côtés de ma famille. Je me demandai s'il ferait également référence au côté de ma mère: les Rosier. Le mariage de mes parents avait été arrangé, mais c'était une alliance sage et très utile.

Mon cousin de ce côté-là de la famille, Evan, devait avoir environ un an de plus que moi. Si les informations contenues dans sa dernière lettre étaient véridiques, il venait juste d'être initié dans les rangs des partisans du Seigneur des Ténèbres. J'étais obligée de supposer que c'était vrai, car Evan avait une fâcheuse tendance à raconter des mensonges pour attirer l'attention ou l'admiration. Cependant, je n'avais pas eu de nouvelles depuis quelques mois, donc il devait bien être en train de mijoter quelque chose.

Les autres Lestrange dont le Seigneur des Ténèbres parlait étaient mon mari, bien sûr, ainsi que son frère aîné Rabastan, qui, malgré sa très bonne entente avec son frère, était son parfait opposé: insouciant et non pas paranoïaque, traitant sa femme avec indulgence au lieu de la maltraiter. Je les enviais souvent.

- Bellatrix...

Le Seigneur des Ténèbres avait légèrement élevé la voix, exigeant mon attention; il devait avoir senti que mes pensées glissaient de notre conversation actuelle vers les choses que je n'avais pas voulu lui laisser voir dans mon esprit.

- Pour ce qui est des paroles de ton mari en t'amenant ici...

Je lui accordai immédiatement mon attention pleine et entière. Je n'avais jamais eu l'intention de m'égarer, mais ses mots me rendaient tellement émotive, je n'aurais pas su expliquer pourquoi. J'acquiesçai, c'était quelque chose que j'aurais aimé savoir mais que je n'avais pas osé demander: qu'est-ce que Rodolphus avait dit ou fait, pour que le Seigneur des Ténèbres choisisse de me voir seule?

- En général, quand des recrues me sont amenées, elles le sont par des amis qui les soutiennent et pensent que leur potentiel peut m'être utile. Au contraire, Rodolphus ne m'a rien dit de positif à ton sujet. Il m'a même demandé d'accepter de te parler, mais pas de te recruter. J'étais censé te remettre à ta place, sans pour autant te faire trop de mal.

- Je ne...

Il ignora mon exclamation.

- Tu vois, Bellatrix, quand mes partisans sont en faveur, il m'arrive de les récompenser pour les encourager –

- Et Rodolphus vous a demandé de vous occuper de moi à sa place? M'empêcher de parler d'apprendre des sorts et de me battre pour la Cause? Briser l'essence de ce que je suis? Fracasser mes rêves pour que je me taise et lui obéisse? Que j'arrête de penser par moi-même, ou de vouloir...

Je m'interrompis, avant de dire quelque chose de vraiment trop stupide – ou du moins je l'espérais. Le silence s'installa, et le Seigneur des Ténèbres me regardait comme...eh bien, exactement comme je l'avais craint: comme s'il me trouvait à la fois exécrable et immature.

Presque une minute s'écoula ainsi, son expression toujours la même, tandis que je frémissais légèrement chaque fois que je tentais de croiser son regard.

- Je suis désolée de vous avoir de nouveau interrompu, dis-je finalement. J'étais...survoltée. S'il vous plaît, dites-moi juste ce que...

- Tu es si effrontée, Bella.

J'aurais dû être plus marquée par l'avertissement dans sa voix que par le diminutif qu'il venait de me donner, mais je n'étais pas vraiment apte à me montrer rationnelle à ce moment précis.

Bella? Mes yeux s'écarquillèrent, et je m'apprêtais à faire un commentaire, quand il ajouta «-trix», avec un léger claquement de langue, comme une pensée venue après coup et non pas comme la dernière syllabe de mon nom, dont de toute façon je préférais le diminutif.

- Surtout sachant que tu connais déjà la réponse, acheva-t-il, remarquant mon état de choc, et peut-être même le savourant. Il m'a dit que tu étais aveuglée par tes illusions, que tu étudiais la magie noire et que je t'obsédais, pour une raison peu claire et extrêmement inappropriée.

Je fronçai les sourcils mais hochai la tête. Je n'aurais dû m'attendre à rien de plus, OU de moins, venant de Rodolphus. Vu son attitude et notre situation, j'avais de la chance ne serait-ce que de voir le Seigneur des Ténèbres, et plus encore qu'il songe à...

- Au vu de sa description, Bellatrix, je m'attendais à ce que tu sois une espèce de gamine à moitié folle et obsessionnelle.

J'eus un sourire nerveux.

- Et ton attitude a confirmé cette idée, mais malgré tout, je sens quelque chose d'autre en toi.

- Je vous ai dit que je n'étais pas comme les autres filles.

C'était stupide de tenter de me montrer attendrissante. Je décidai immédiatement de me taper la tête contre un mur à la minute où il me congédierait. Mais il était trop tard pour retirer ou atténuer ce commentaire, ou la voix de petite fille stupide que j'avais prise pour le prononcer.

- Je n'ai jamais dit le contraire.

Il n'était pas sur la défensive, mais se contentait de clarifier ce point. Je ressentis de nouveau l'impulsion de m'excuser, mais cette fois-ci je parvins à me retenir, afin de ne pas l'agacer encore plus.

- Tu te doutes bien, Bella...

- Ha! m'exclamai-je à haute voix, incapable de me retenir.

Malheureusement, une nouvelle exclamation impulsive signifiait une autre explication à donner. Est-ce qu'il en avait assez? En tout cas, moi oui.

- Vous m'avez appelée Bella.

Il eut un sourire en coin – je préférais de beaucoup cette expression à son froncement de sourcil un peu auparavant, et je la trouvais plus encourageante que son sourire neutre. Celle-ci était plus franche, d'une certaine manière...en tout cas, elle Lui ressemblait plus.

- J'aurais très bien pu t'appeler Bellatrix, si tu m'avais laissé finir ma phrase, ou même le mot. Mais maintenant, je suppose que tu ne sauras jamais exactement comment je t'ai appelée. Espérons que cela ne t'empêchera pas de dormir.

- Je suis désolée...de vous avoir coupé la parole, Maître.

J'ajoutai la précision et le titre en hâte, après une brève hésitation.

- Ne t'excuse pas. De toute façon, tu vas bientôt recomm-

- Non! Je vous pro-

Je m'interrompis, trop tard.

- Tu vois? dit-il.

Le ton de sa voix aurait pu exprimer n'importe quelle émotion, mais je décidai de l'interpréter comme un sarcasme, et ne répondis rien. Je me contentai de hocher la tête.

- Tes interruptions constantes ne nous mènent nulle part. Mais tu es visiblement surexcitée, et j'avoue que tu m'as rendu un peu curieux: comment réagirais-tu si je t'appelais Bella?

- Je ne sais pas...Maître.

- Te sentirais-tu singularisée? Dépersonnalisée? Ou le prendrais-tu comme un surnom affectueux? Te croirais-tu spéciale?

Je haussai les épaules, et m'efforçai de formuler une réponse.

- Bella? murmura-t-il d'un ton légèrement amusé, brisant le silence et prononçant mon diminutif comme une question.

Je fus parcourue d'un frisson; une sensation inconnue, mais agréable.

- J'aime bien ça, répondis-je avec une certaine timidité.

- Qu'est-ce que tu aimes bien? s'enquit-il.

Il savait ce que je voulais dire, évidemment, mais ma réponse absurde ne correspondait pas vraiment à la formulation de sa dernière question.

- Que vous m'appeliez Bella. C'est comme ça que mes soeurs m'appelaient quand nous étions petites. Mais Rodolphus s'est mis à m'appeler Trixie quand il me faisait la cour, expliquai-je, appuyant sur le dernier mot avec mépris. Je déteste ça, et Bella est tellement plus...je pense que ça me va bien. Et avec vous, ça n'a pas seulement l'air d'un stupide surnom d'enfance, on dirait...

- Et donc, tu penses bien que tu es spéciale?

- Non...répondis-je avec un sourire innocent.

Je prononçais l'affirmation avec une telle incertitude dans la voix que finalement, on aurait dit une question.

- J'aime seulement ce nom.

En totale contradiction avec ma réponse verbale, je ne pus m'empêcher de me répéter les mots «spéciale» et «Bella». Nous venions juste de nous rencontrer, je ne pouvais donc pas être déjà importante pour lui. Mais j'aurais aimé l'être un jour.

- Y a-t-il d'autres commentaires que tu souhaiterais exprimer dès maintenant avant que nous ne continuions, Bella?

Je me mordis les lèvres un instant, attendant qu'il ajoute la dernière syllabe de mon nom. Il n'en fit rien. Si un coeur pouvait sourire, le mien ne faisait que ça.

J'étais très tentée d'admettre verbalement que j'aimerais effectivement être spéciale à ses yeux, et de lui demander comment il me serait possible d'atteindre ce but, mais je savais que cela ne pourrait qu'empirer la situation. Je mordis ma lèvre encore plus fort, et secouai la tête.

- Très bien. Comme je le disais tout à l'heure, avant que le désir de m'interrompre ne te prenne, Bella...

Cette fois-ci, il avait sifflé le nom, et je frissonnai – d'une manière pas vraiment agréable. Je me demandai si j'avais réellement mérité l'usage de ce surnom, ou s'il se contentait de me faire plaisir, de me tester ou même de se moquer de moi.

- ...tu as du potientiel, termina le Seigneur des Ténèbres.

J'oubliai immédiatement mes incertitudes sur l'usage du surnom et m'exclamai:

- Vraiment?

- Tu es nerveuse et obsessionnelle, continua-t-il comme si je n'avais rien dit. Tu es jeune, évidemment, et d'une naïveté effarante. Mais, oui, tu as du potentiel. Je souhaiterais te voir de nouveau à –

- De nouveau?

Et me revoilà, mademoiselle Interruptions-Absurdes.

- Vous n'êtes pas en train de me congédier, n'est-ce pas?

- Si. Tu m'as déjà fourni beaucoup plus d'informations que je n'en tire généralement des premières rencontres.

- Comment est-ce possible? Vous n'avez presque rien vu dans mon esprit.

- Les actions sont plus significatives que les mots, Bella. Et les mots en disent parfois bien plus que les pensées ou les souvenirs. Bien qu'il soit décourageant de voir la minuscule partie de ton esprit que tu as choisi de partager avec moi.

- Je vous fais confiance. Mais j'ai vécu pas mal de choses difficiles, Maître, et je ne voulais pas que vous me jugiez trop durement pour...

- Une autre fois, Bella.

- Est-ce que vous devez aller quelque part? Je ne vous empêche pas de faire quoi que ce soit, j'espère?

- Tu ne m'empêches pas de faire quoi que ce soit. J'ai l'impression que tu serais ravie de passer le restant de la journée ici. Mais, comme je te l'ai déjà dit, j'en ai vu assez.

Je ne savais pas vraiment quoi répondre à cela. Je me contentai de hocher la tête et de cacher ma déception et mes doutes autant que possible.