NdA : Je vais me faire incendier parce que ce n'est pas le chapitre de « Il y a un début à tout » :-S Je m'explique ! Cette fic est un « exutoire » que j'ai commencé dans les périodes où j'arrivais vraiment à rien sur ma fic des Maraudeurs. Je n'avais pas l'intention de l'envoyer aussi tôt mais comme je sèche assez pour la 5ème année… :-S Ne vous inquiétez pas ! Ça ne m'empêche pas d'écrire Les Maraudeurs, cette fic est moins prenante et n'est vraiment à l'origine qu'une manière de me libérer de certaines idées, lol -)

Titre : Ne t'oublie pas (et non pas, ne m'oublie pas, nuance !)

Genre : C'est un UA total ! Pas de magie du tout, ce sont les personnages de l'époque Maraudeurs mais ça se passe plus ou moins à notre époque. Il s'agit également d'un slash Remus/Sirius et Remus s'en prend encore plein la tête (le pauvre… :-S) Par contre ça le fait pas trop de le foutre en « Harry Potter » vu que ça n'a rien à voir… M'enfin, d'autres l'ont fait alors pourquoi pas moi, hein ?

Parution : Aléatoire au possible ! Mais ne vous attendez pas à ce que ça vienne souvent, la priorité reste sur « Les Maraudeurs » et les updates de cette fic-ci risque fortement d'atteindre une fréquence d'au minimum 1 mois !

Rating : K+, peut-être que je l'augmenterai suivant l'évolution du récit, parce que les événements ne risquent pas d'être tout tendres, tout beaux :-S

Résumé : La vie n'a pas été tendre pour Remus Lupin, seize ans, une mère morte quatre ans auparavant, un père violent qui se moque de sa famille, c'est pour sa petite sœur qu'il résiste à tous les tourments, pour elle qu'il travaille et accepte un job dans un milieu qu'il n'aurait jamais imaginé côtoyer. Sirius Black, un de ses camarades de classe et l'un des challengers pour la compétition de roller inter lycée, va commencer à s'intéresser à lui, mais il ignore tout de sa vie et reste à savoir si Remus acceptera de le laisser approcher alors que son existence semble s'effondrer de plus en plus, entre son travail et certaines vérités passées qu'il avait enfoui dans son esprit pour pouvoir survivre.

NdA(bis) : L'inspiration me revient pour Les Maraudeurs, tiens ! Je savais que c'était une bonne idée de mettre celle-là ! lol J'envoie et je m'y replonge, avec de la chance vous aurez vraiment le chapitre ce soir, ENJOY !

oOo

NE T'OUBLIE PAS

Chapitre 1 : Pour Eline

« Ne l'embête pas quand il rentrera, d'accord ? »

« Ne fais pas de bruits, il est à côté. … »

« Je dois sortir, veille sur ta sœur. Elle ne doit pas pleurer, tu le sais, n'est-ce pas ? Je ne serai pas longue, elle dormira peut-être jusqu'à mon retour. Reste auprès d'elle,… Il ne faut pas qu'elle pleure. … »

« L'école m'a appelé, ils s'inquiètent que tu sois si silencieux. Tu dois faire attention. Dehors, ce n'est pas comme à la maison. Tu sais, si les gens viennent, on ne pourra plus être ensemble, ils vont nous séparer. »

« Je suis… désolée… Fais attention à… elle… d'accord ? … Tu es… un gentil garçon… Je suis si fière… de toi… »

Les roues percutaient le bitume avec violence à chaque pas, mais le garçon ne cessait d'aller plus vite, il ne devait surtout pas arriver en retard. Il traversa en trombe à un passage clouté passé au rouge, se faisant bruyamment klaxonner par un automobiliste qui lui lança des insultes sans qu'il les entende, déjà bien trop loin. Tournant à un angle de rue, il arriva devant une école primaire de laquelle sortaient plusieurs parents et enfants et s'arrêta dans un dérapage qui mit ses rollers à rude épreuve sous le regard désapprobateur de certains parents et amusé d'autres. Il leur adressa un sourire poli avant d'entrer dans l'école, se dirigeant sans hésiter vers une porte ouverte sur le préau devant laquelle se tenaient plusieurs personnes.

- Madame Landry ? demanda-t-il à une femme brune avec des lunettes, un peu rondelette et au visage amical.

- Oui ? Oh ! Vous êtes le frère d'Eline, n'est-ce pas ? Je vous ai vu l'accompagner plusieurs fois, le matin.

- En effet, je m'appelle Remus. Je suis désolé pour le retard mais c'est moi qui viens chercher Eline aujourd'hui. Mon père a trouvé un nouveau travail qui lui prend plus de temps, en fait, et ce sera désormais moi qui viendrai la prendre. Ça ne pose aucun souci ?

- Pas le moindre, mais j'aurai tout de même besoin que vous me montriez votre carte d'identité.

- Bien évidemment.

Remus sortit sa carte de son sac et la lui présenta. Lorsque Eline était entrée au CP, il ne s'était pas attendu à ce que l'école oblige les parents ou toute autre personne responsable à venir prendre les enfants dans la classe, comme en maternelle, mais c'était le cas de l'école des Amandiers, du moins pour la première année.

- Vous avez seize ans ? s'étonna la maîtresse. Je vous aurai cru plus âgé.

- Oui, je sais, sourit doucement Remus, qui regardait maintenant à l'intérieur de la classe sa petite sœur en train de jouer avec un de ses camarades.

- Vous pouvez aller la chercher, lui dit-elle en lui rendant sa carte.

- Merci.

Il entra dans la salle et s'avança vers elle. La petite dut sentir sa présence car elle se retourna un instant avant d'afficher un immense sourire et de sauter dans ses bras.

- Rem's ! s'écria-t-elle en lui faisant un bisou et en mettant la tête dans le creux de son épaule.

Plus petite, Eline avait des difficultés à prononcer la lettre « u » et lorsqu'elle avait su mieux parler, elle avait gardé ce surnom pour son frère que cela ne dérangeait pas – elle était si mignonne avec son « s » légèrement zozotant.

- Ça s'est bien passé aujourd'hui ? demanda-t-il en la calant mieux dans ses bras.

- Oh oui alors ! Tu sais quoi ? Je sais faire des additions jusqu'à dix !

- Vraiment ? sourit son frère.

- Oui oui oui ! Demande-moi et je te dirai !

- Mmmh… Quatre plus trois ? proposa-t-il.

La petite se mordilla la lèvre inférieure, bougeant légèrement la tête de haut en bas comme elle comptait.

- Sept ! s'exclama-t-elle finalement.

- C'est juste. Tu es la meilleure Eline.

- Je sais, répondit-elle en levant la tête et prenant un petit air hautain, comme son frère le faisait parfois par dérision.

Remus éclata de rire et frotta son nez contre sa joue.

- On y va ?

- Oh ! Je peux pas rester jouer avec Denis ?

Elle avait pris une petite moue suppliante en disant cela et Remus lui fit un sourire désolé.

- Il faut qu'on rentre, tu le sais bien.

- Pas longtemps. S'il te plaît !

Sa sœur semblait vraiment déçue et Remus hésita un instant. Ce n'étaient pas cinq minutes en plus qui y changeraient quelque chose.

- Très bien, mais quand je reviens, tu ne fais pas de caprices, d'accord ?

- Oui ! Merci Rem's !

Elle lui fit un autre bisou avant qu'il ne la repose à terre, celle-ci s'élançant vers son camarade, qui avait continué le château en cubes qu'ils avaient commencé.

- Il est difficile de leur dire non, commenta madame Landry en s'approchant de Remus.

- Ce sont des petits diables qui savent très bien user de leurs charmes, acquiesça le garçon avec amusement, sans quitter sa sœur des yeux.

- Vous semblez très proche d'elle.

- Je dois être à classer dans la catégorie des frères protecteurs, grimaça-t-il par dérision.

- Évidemment…

Le ton de sa voix lui fit tourner la tête vers elle et il fronça les sourcils en remarquant qu'elle le regardait avec une certaine pitié. Il garda pourtant ses yeux dans les siens lorsqu'il parla.

- Ça n'a rien à voir avec la mort de notre mère. Je l'étais déjà avant. J'espère que vous n'êtes pas du genre à traiter Eline différemment à cause de ça ?

Il avait parlé sur un ton assez sec qui surprit madame Landry, mais elle n'avait pas l'intention de se laisser traiter ainsi.

- J'enseigne à des enfants entre cinq et sept ans depuis vingt ans, monsieur Lupin, je sais comment m'y prendre.

- Je suis désolé, soupira le garçon en passant une main sur son visage, je ne voulais pas vous insulter. Sa maîtresse de troisième année de maternelle croyait bon de donner un traitement de faveur à Eline mais… elle n'avait que deux ans lorsque notre mère est morte, elle n'a pas le moindre souvenir d'elle.

- Elle ne vous a jamais posé de question sur elle ?

- Si…

« - Dis Rem's, elle était comment ma maman ?

Remus leva le nez de ses devoirs et regarda sa petite sœur de quatre ans qui le fixait avec de grands yeux curieux. Il reposa son stylo, gêné, ne sachant pas vraiment comment réagir, puis tendit l'oreille pour s'assurer que son père n'était pas rentré et se leva pour aller prendre un album photo dans leur chambre. Il fit signe à sa sœur de s'installer sur ses genoux avant d'ouvrir l'album pour lui montrer la photo d'une jeune femme.

- Regarde, là, elle avait vingt ans.

La petite observa la photo en faisant une petite moue, comme toujours lorsqu'elle réfléchissait, puis regarda son frère, la photo, son frère, et sourit finalement.

- T'es pareil que elle mais pas tout, dit-elle.

- J'ai ses yeux et ses cheveux, sourit son frère en passant lentement ses doigts sur la photo.

- Elle souriait toujours comme ça ? demanda-t-elle en montrant la photo. Elle était comment ?

- Elle était… douce et très gentille. Elle ne criait jamais et souriait toujours mais elle ne riait pas beaucoup. Ses gestes étaient toujours lents et tendres, comme une caresse, et elle avait une voix calme, un peu chantante parfois… Elle travaillait chez un fleuriste alors elle sentait toujours le printemps, ajouta-t-il dans un murmure.

Il était parti ailleurs mais sa sœur le ramena sur Terre.

- Ah ? Ben c'est toi maman.

Il la regarda en écarquillant les yeux.

- Mais toi, tu sens le chaud.

- Le chaud ?

- Oui, comme en été, quand y'a plein de soleil. Mais sinon, t'es maman.

- Mais non, je peux pas être maman.

- Pourquoi ?

- Mais parce que ce n'est pas moi. Je suis un garçon !

Remus n'en revenait pas de ce que disait sa sœur et celle-ci se remit à réfléchir en le regardant.

- Alors t'es un papa ? proposa-t-elle, très hésitante.

Le garçon figea un instant et secoua la tête.

- Non… Non je ne suis pas un papa. Tu crois que je suis papa ?

- Non, parce que toi t'es comme maman et que papa il est pas comme maman.

Remus avait froncé les sourcils, dérangé d'entendre une telle logique dans la bouche d'une enfant de quatre ans, il se demandait si c'était normal.

- Bon, ben t'es mon frère alors, et c'est bien mieux !

- Pourquoi ?

- Parce que t'es comme maman mais que t'es là. »

Avec du recul, Remus trouvait cette conversation assez amusante, mais il restait persuadé qu'une fillette de quatre ans ne pouvait raisonner comme elle l'avait fait.

- Monsieur Lupin ?

- Pardon, j'étais perdu dans mes souvenirs.

- Oui, j'ai vu ça. Écoutez… Normalement je devrais en parler avec votre père mais je n'ai jamais eu le temps de le faire et je ne voudrais pas le convoquer pour si peu.

Remus tressaillit, la méfiance se mêlant brusquement à la peur.

- Il y a un problème avec Eline ? demanda-t-il prudemment.

- Oh non, pas vraiment. C'est une petite fille très attentive et qui progresse vite. C'est un plaisir d'apprendre à des enfants comme elle. On ne vous a rien dit au sujet de ses dessins, à la maternelle ?

- Ses dessins ? répéta Remus, qui se sentait de plus en plus inquiet. Non.

La femme hocha la tête et alla jusqu'à une étagère d'où elle sortit une feuille de papier. Remus sentit une sueur froide le recouvrir. Il n'avait jamais songé aux dessins, alors qu'il s'agissait d'un moyen d'expression sûr pour les enfants. Et si jamais…

- Voyez vous-même.

L'inquiétude fit place à la stupeur comme il regardait le dessin. Ça n'avait rien à voir avec ce qu'il avait craint, loin de là.

- C'est Eline qui a fait ça ? Elle a recopié quelque chose ou…

- Non, la consigne était de dessiner ce qu'ils voulaient et elle a fait ça.

- Mais elle a pu le voir quelque part avant, non ?

- Même si c'était le cas, la copie est vraiment réussie.

Il observait sur cette feuille les courbes aux couleurs vives qui s'entrecoupaient artistiquement, les figures animales stylisées placées pour former une sorte de tourbillon et les lignes faites au fusain noir. Ce n'était pas un dessin d'enfant, ça avait l'air bien plus élaboré, il n'aurait jamais pensé qu'une enfant de six ans avait fait cela si on ne le lui avait pas dit. Et ça n'avait rien à voir avec ses gribouillages et bonhommes bâtons de maternelle.

Depuis l'année précédente, lorsqu'il était en rollers et qu'il amenait Eline quelque part, Remus portait son sac à dos par devant et faisait grimper sa sœur sur son dos, s'assurant qu'elle s'accrochait bien avant d'avancer à un rythme nettement moins rapide que celui qu'il avait en étant seul. Ils étaient restés plus longtemps à l'école et son père devait être rentré à la maison maintenant. Il se décida à parler du dessin.

- Ça fait longtemps que tu fais ça ? demanda-t-il.

- Oui, j'aime bien, c'est amusant, répondit-elle à son oreille, sa tête reposant sur l'épaule de son frère. Il faut pas ?

- Si, tu peux, mais tu ne dessinais pas comme ça avant.

- Si, mais je montrais pas.

- Pourquoi ?

- Parce que les autres, ils dessinaient pas comme ça et que tu m'as dit qu'il fallait pas qu'on fasse trop attention à moi.

- Mais tu dessines comme ça maintenant.

- Je suis plus grande, c'est bien, non ? C'est pas normal encore ?

Remus ne répondit pas immédiatement.

- Si… Si, c'est bien. Tu peux dessiner comme ça mais… faut pas que papa le sache, d'accord ? Si papa le sait, il va en prof… il va se fâcher. Il ne va pas aimer.

- Alors c'est mauvais ?

- Je suis mauvais, moi ?

- Non ! Toi t'es gentil et tout !

- Mais Francis ne m'aime pas.

La petite garda le silence un moment puis enfouit sa tête dans la nuque de Remus qui la sentit sourire.

- Alors c'est très bien ce que je dessine.

Remus ne savait pas trop s'il devait sourire ou pleurer…

- Tu les as cachés tes dessins ?

- Oui, très bien.

- Je pourrai les voir ?

- Oh oui !

- Mais rien à papa, rappela-t-il.

- Oui, on fait comme toujours. C'est secret.

- C'est ça, c'est secret…

Ils arrivèrent finalement dans leur rue et Remus poussa la porte d'un vieil immeuble dont la façade, qui devait jadis avoir été magnifique avec ses balcons en fer forgé présentant de belles arabesques et les colonnes faites en décoration entre les fenêtres, était fissurée à plusieurs endroits et la peinture s'écaillait. La petite cage d'escalier ne payait pas non plus de mine et certaines marches étaient si délabrées qu'il valait mieux les enjamber si on ne voulait pas risquer de les voir s'effondrer.

Remus avait remis ses chaussures en bas de l'immeuble, saluant au passage le concierge, monsieur Touripe, un homme d'une cinquantaine d'année qui semblait toujours assez nostalgique mais s'occupait bien de l'immeuble dans la limite de ce que le propriétaire lui permettait comme dépenses. Le garçon l'avait toujours trouvé assez méritant en considération des habitants du bâtiment.

Au premier étage se trouvait Mme Bourdon, qu'on surnommait Mme Bourbon à cause de son penchant marqué pour l'alcool. Elle devait avoir entre quarante et cinquante ans et prétendait être l'unique héritière d'une immense fortune. La véracité des propos était encore à prouver, mais même si c'était le cas, cet argent risquait d'être vite dilapidé avec toutes les dettes qu'elle accumulait dans les bistrots du coin. L'appartement face à chez elle était vide en ce moment. Les gens qui l'avaient acheté le louaient aux étudiants qui le désiraient, mais rares étaient ceux à venir, l'endroit se trouvant certes près des écoles du primaire et secondaire mais d'aucune université ou IUT et les moyens de transports étant quasiment inexistants dans le quartier.

Au second étage, on retrouvait le couple Jonas, qui avait pour voisine de palier mademoiselle Ferru. Les premiers étaient des soixante-huitard et la seconde une célibataire d'une trentaine d'année. Ils se retrouvaient tous les samedi soirs pour faire des parties de carte animées par une stéréo qui hurlait les nouveaux tubes sortis. Personne ne se plaignait trop, craignant qu'en faisant baisser le son, on entende chanter le trio.

Les Lupin logeaient au troisième étage. Remus et Eline vivaient avec leur père et, parfois, avec une femme ramenée par ce dernier, mais elles ne duraient jamais longtemps. En face de chez eux vivaient trois jeunes hommes qui faisaient de la musique, mais ils avaient pris soin d'insonoriser l'appartement pour ne gêner personne. Parfois, en tendant bien l'oreille, Remus pouvait les entendre, et il savait ainsi qu'il y avait un saxophoniste, un guitariste et très certainement le dernier sur un synthétiseur.

Enfin, au dernier étage, se trouvait la famille Pleox – Remus n'avait jamais réussi à savoir de quelle origine ils étaient –, qui se composait des deux parents et d'un enfant, et un couple de jeunes mariés plutôt discrets du nom de Sarelle.

Glissant avec appréhension la clé dans la serrure, Remus se tourna vers Eline pour lui faire signe de rester sage, mais leur père n'était pas rentré. Il s'en étonna un instant avant de se dire qu'il avait dû rencontrer une femme et que c'était bien heureux pour eux.

- Va ranger tes affaires, Eline. Tu as faim ?

- Oui !

- Je te fais ton goûter alors.

Il posa son sac sur une chaise de la cuisine et sortit des gâteaux, du chocolat en poudre et du lait. Le frigo était pratiquement vide, surtout rempli de bières, et Remus grimaça. Son père en avait encore acheté trois packs, qu'il emmènerait certainement ce samedi, lorsqu'il irait faire des paris avec ses "potes".

- Y'a pas de confiture ? demanda Eline en s'asseyant à la table.

- J'irai en acheter samedi, comme ça Francis ne verra pas que j'en ai pris.

Il prépara le chocolat de sa sœur puis sortit de son sac une pochette et des livres de cours, s'installant à côté d'elle pour commencer ses devoirs.

- Tu fais quoi ? demanda sa sœur en mordant dans un biscuit.

- Ne parle pas la bouche pleine. Je fais des mathématiques.

- Comme les additions ?

- En un peu plus compliqué, sourit-il doucement.

- Ah… C'est dur ?

- Non, ça va, il suffit de saisir le truc et ça va tout seul… quand on le saisit.

Sa sœur ne posa plus de questions et il termina deux exercices le temps qu'elle goûte.

- J'ai fini !

- Tu peux aller t'amuser alors.

- Je fais mes devoirs ?

- C'est comme tu veux, mais tu n'es pas obligé de t'y mettre maintenant.

- Alors je vais jouer avec Mina !

- Viens dans le salon, lui lança son frère comme elle courrait pour aller prendre sa poupée.

Il prit ses affaires pour également s'y rendre et continua à travailler en surveillant sa sœur d'un œil jusqu'à ce qu'il soit six heures du soir.

- Je vais prendre ma douche, tu ne bouges pas d'ici Eline.

Il s'inquiétait de plus en plus de l'absence de son père, ne voulant pas partir en la laissant seule dans l'appartement. Il rassembla quelques affaires après une douche rapide puis retourna dans le salon, l'aiguille étant arrivée au quart.

- Tu veux manger, Eline ?

- J'ai pas faim. Tu joues avec moi ?

- Je vais bientôt y aller.

Il hésita un instant, observant sa sœur, puis s'approcha de la porte.

- Je vais voir les voisins du dessus. Tu restes sage, hein ?

Il referma la porte à clé derrière lui et courut pour monter les escaliers, sonnant chez les Pleox. Ce fut le mari – un homme bedonnant et arborant une splendide moustache – qui lui ouvrit.

- Bonjour monsieur Pleox. Excusez-moi de vous déranger mais j'aurai un service à vous demander. Mon père a eu un retardement de dernière minute et je dois me rendre à une réunion importante pour le lycée qui se terminera très tard. Est-ce que je pourrai vous laisser Eline jusque demain ? J'ignore quand mon père rentrera et moi, je vais vraiment rentrer tard. Je viendrais la chercher très tôt, si vous le désirez.

- Pas de soucis, ça fera plaisir à Maïka, assura-t-il en souriant, faisant allusion à sa petite fille de huit ans. Mais si tu veux, ma femme amènera Eline à l'école en même temps qu'elle.

- Vraiment ? Merci beaucoup, oui, ce serait parfait. Ça ne dérange pas si je passe juste le matin pour m'assurer que tout va bien ?

- Passe quand tu veux, je suis levé à cinq heures pour ma part, mais ne sonne pas dans ce cas, toque à la porte.

- D'accord. Merci beaucoup monsieur Pleox, je vais chercher Eline.

Il mit un mot rapide à l'intention de son père, prépara sa sœur, la mena chez les voisins puis dévala les escaliers pour rapidement chausser ses rollers et s'élancer sur le trottoir. Sa montre annonçait six heures trente-cinq.

- Un quart d'heure, pesta-t-il. J'arriverai jamais à temps.

Il était dix-neuf heures dix lorsqu'il arriva devant l'entrée de service d'une brasserie-restaurant. Se dépêchant de déchausser, il fila aux vestiaires pour se changer, se réarrangeant après le sprint qu'il avait piqué à travers la ville.

- Tu es en retard ! lui lança le patron comme il descendait les escaliers.

- Je sais, je suis vraiment désolé, ça ne se reproduira plus.

- Je n'en doute pas, c'est ton dernier soir.

Remus figea comme il s'apprêtait à prendre un plateau.

- Pardon ? Je vous assure que c'est la dernière fois que…

- Ça n'a rien à voir avec ton retard, mon garçon.

Il lui fit signe de le suivre dans un endroit plus tranquille.

- Écoute, tu bosses vraiment bien mais je ne peux pas te garder. Tu n'as que seize ans, jusque là ça allait puisque tu parais plus et que tu fais ta part de boulot, mais je risque gros si on me coince, tu comprends ? On m'a dit qu'il y aurait bientôt une inspection, j'ignore quand.

- Je pourrai revenir après. J'ai vraiment besoin de ce travail, monsieur.

- Je sais, mais je ne peux pas. Je suis vraiment désolé. Je te paierai plus ce soir et te donnerai tes pourboires de début de semaine, d'accord ?

- J'ai vraiment le choix ? demanda aigrement Remus. Vous ne sauriez pas où on pourrait accepter que je travaille ? Sans me virer j'entends. Parce que vous êtes quand même le troisième. Même si vous êtes moins brusque que les autres…

L'homme l'observa un instant et sembla hésiter mais il finit par secouer la tête.

- Non, je suis désolé.

- Vous ne connaissez vraiment aucun endroit ? insista le garçon en remarquant son hésitation. J'ai réellement besoin d'un boulot. Et pas juste pour pouvoir m'acheter les nouvelles chaussures à la mode ou que sais-je. S'il vous plaît, si vous savez où je peux en trouver…

- Écoute, je connais un… bar qui n'est pas très regardant du moment que…

Il s'interrompit un instant et le dévisagea avant de continuer.

- Tu n'auras pas de soucis pour te faire embaucher là-bas je pense, mais… Tu peux y aller si tu veux, mais si tu hésites ne serait-ce qu'une seconde, va chercher ailleurs. En fait, il faudrait que tu n'ailles voir là-bas qu'en dernier recours.

- C'est quoi ce bar ?

Le patron se rendit dans son bureau et revint avec un carton de visite.

Le Paradis Rouge

Ouvert de 21h à 4h du lundi au jeudi

De 21h à 6h les vendredi et samedi

De 20h à 3h le dimanche

Fermé le mardi

Show total les vendredi, samedi et dimanche

Remus ne comprenait pas vraiment ce que signifiait la dernière phrase mais il s'en moquait. L'adresse lui indiquait que le Paradis Rouge était un peu moins loin que la brasserie où il travaillait actuellement, mais il s'agissait apparemment d'une boîte de nuit et malgré les dires de son futur ex-patron, il doutait qu'ils acceptent un garçon de seize ans. La barrière de l'âge était ce à quoi il se heurtait le plus souvent quand il demandait un travail. A part les bars et restaurants, il n'y avait pas beaucoup de domaines où il pouvait travailler en se faisant assez d'argent – et où on acceptait de le payer en liquide et quotidiennement ou de manière hebdomadaire.

Il était minuit lorsqu'il sortit enfin de la brasserie. Il y avait eu du monde malgré qu'on soit en semaine, mais cela arrangeait Remus, qui se faisait ainsi plus de pourboires. Éreinté par la longue journée qu'il avait eue, s'étant levé tôt pour se rendre en cours, il décida pourtant de faire un détour par le Paradis Rouge, histoire de voir à quoi ressemblait la boîte.

Roulant doucement dans les rues peu animées, il déboucha bientôt sur l'avenue principale, qui présentait encore une certaine activité à cette heure-là. Il eut un peu de mal à repérer le club, l'entrée restant, à sa surprise, assez discrète. Elle se trouvait en fait en dessous du niveau du trottoir, un escalier de béton y menant, et le néon rouge qui annonçait la boîte se trouvait juste au-dessus de la double porte. Deux videurs se tenaient devant, en train de discuter, et un groupe de jeunes hommes d'une vingtaine d'année sortait comme il s'approchait pour regarder l'affiche apposée en haut des escaliers. Ses yeux s'écarquillèrent démesurément lorsqu'il vit ce qui y était écrit et les photos accompagnant le texte. Il lui avait donné l'adresse d'une…

Un peu sonné, Remus fit un pas en arrière et sursauta lorsqu'il percuta un des jeunes du groupe, qui s'était arrêté un instant pour se saluer.

- Désolé, murmura-t-il.

- Y'a pas de mal, répondit le gars qu'il avait bousculé en le regardant de bas en haut. Hey ! T'es pas mal. Ça te dirait de finir la soirée avec nous ?

- Pardon ? s'exclama-t-il en le regardant avec stupeur.

- C'est une bonne idée, insista un de ses amis en le regardant de la même manière. Je suis sûr que tu…

Mais Remus n'attendit pas plus pour partir aussi vite qu'il le put, ne cherchant pas à savoir si les autres, qui l'avaient appelé en le voyant s'enfuir, le suivaient. Il ne s'arrêta que plusieurs rues plus loin pour reprendre son souffle.

- Je peux pas bosser dans…

Il mit sa main sur son front et s'adossa à un mur en levant la tête vers le ciel. Il avait peut-être eu une réaction excessive mais les types qui l'avaient abordé ne lui disaient rien, et puis il ne s'attendait pas du tout à tomber sur ce genre d'endroit. D'un autre côté… il avait vraiment besoin d'un boulot et il avait déjà fait quasiment tous les restaurants, bars et boîtes de la ville. Et puis il ne serait que serveur, ce n'était pas comme s'il allait… Il poussa un soupir en se disant qu'il reviendrait demain, ne sachant pas trop s'il espérait un refus ou un accord pour travailler dans une boîte de strip-tease gay.

Il était une heure du matin lorsqu'il rentra enfin chez lui. Son père était rentré d'après la veste sur une chaise du salon. Le mot qu'il lui avait laissé bien en évidence n'avait pas bougé et Remus se demanda s'il y avait fait attention ou s'il était directement allé se coucher. Il s'approcha du placard où ils rangeaient les produits d'entretien et déplaça silencieusement plusieurs bouteilles pour accéder au carrelage qui tapissait le mur. Un léger coup à l'un des carreaux le déboîta, révélant une cavité d'où il sortit une boîte en métal qui avait jadis contenu du chocolat et où reposait maintenant une liasse de billets.

Sortant l'argent qu'il avait gagné, Remus recompta pour s'assurer qu'il ne s'était pas trompé et sourit en plaçant vingt euros dans la cagnotte. D'ordinaire, il ne pouvait mettre que dix euros, parfois quinze, mais ce patron là avait été plus généreux et reconnaissant que les autres pour son travail lorsqu'il l'avait salué. Il remit tout en place, plaça le reste de l'argent dans une autre boîte – vide – mise en vue sur une étagère, en gardant juste assez pour manger le lendemain et faire les courses. Après un rapide passage dans la salle de bain, il se rendit dans la chambre qu'il partageait avec Eline et se laissa tomber sur son matelas.

Il n'y avait qu'un lit dans la pièce, que Remus laissait à sa sœur, et le matelas qu'il utilisait pour dormir. Tournant la tête vers le lit d'Eline, il eut un pincement au cœur à ne pas la voir à son retour, même s'il la savait juste au-dessus. Alors qu'il se redressait pour enlever ses vêtements, son regard tomba sur ses rollers et il poussa un grognement. La journée et la soirée l'avaient tellement fatigué qu'il en avait oublié de les laisser en bas. Il utilisait la même technique qu'avec l'argent dans le placard mais avec le local à poubelle, où il y avait une dalle branlante donnant sur un accès assez grand pour dissimuler ses rollers. Si son père savait qu'il ne les avait pas vendus, il les lui prendrait pour s'en occuper, or Remus en avait besoin pour se déplacer. Moins rapide que le bus, le moyen de transport était plus avantageux financièrement et surtout plus pratique. Avec un soupir, il se contenta de les mettre sous le lit. De toute façon, il partirait avant Francis demain matin.

Il aurait préféré terminer ses devoirs et leçons ce soir, mais à trop se fatiguer, il finirait pas attirer l'attention sur lui, aussi se résigna-t-il et il se coucha, s'endormant en quelques minutes sous le poids de son activité de la journée.

« Le bruit que fit le vase en se cassant sembla se répercuter dans le silence de l'appartement avec la puissance d'un gong. Remus, qui s'échinait sur un devoir de chimie, releva brusquement la tête et sauta de sa chaise pour se précipiter dans le salon.

Sa sœur se tenait figée près de la table, le vase brisé à ses pieds, des larmes plein les yeux, Francis lui faisant face.

- Putain, j'allais le vendre cet après-midi, espèce d'empotée ! Tu sais combien ça coûte ?

Il leva la main en hurlant la question mais le dos de celle-ci envoya à terre Remus, qui s'était brusquement interposé.

- Ne la touche pas ! cria-t-il en se relevant.

- Sur quel ton tu me parles, sale gamin ?

Le second coup fut porté au ventre, coupant le souffle au garçon de quatorze ans qui tomba à genou au sol.

- Frappe-moi… tant que tu veux… dit-il difficilement. Mais pas elle. Jamais ! Ne la frappe jamais ! Si tu veux être tranquille, ne la touche pas !

Son père s'approcha à grands pas sous le regard effrayé de sa fille qui n'arrivait pas à bouger. Il attrapa son fils à la gorge et le força à se relever, le plaquant contre le mur en lui coupant presque la respiration.

- Tu me menaces ? grogna-t-il avec fureur. Tu as peut-être oublié ce que je t'ai promis si ça se sait, susurra-t-il à son oreille. A moins que tu ne me prennes pas au sérieux ?

Remus essaya de parler mais la prise de son père l'en empêchait, aussi la desserra-t-il légèrement, lui permettant de reprendre son souffle. Il ne parla qu'au bout de plusieurs secondes.

- Je sais que tu en es capable, mais tu crois qu'une gamine avec des ecchymoses, ça va passer inaperçu ? Moi je peux les cacher, mais elle non. Qu'est-ce que ça peut faire que je prenne les coups à sa place du moment que tu te défoules ?

L'homme l'observa un instant puis ricana.

- Tu veux tout prendre pour elle ? Quelle que soit la bêtise qu'elle fasse ?

- Oui.

Il ne détournait pas ses yeux de ceux de son père et celui-ci finit par sourire presque tendrement avant de lui envoyer un coup de poing dans l'estomac, le retenant pour qu'il ne s'écroule pas.

- Qu'il en soit fait selon ta volonté, souffla-t-il à son oreille avec une douceur malsaine.

Puis il le laissa tomber au sol et sortit de l'appartement. Eline se précipita alors vers son grand frère en laissant couler ses larmes.

- Rem's ! Rem's ! Dis quelque chose ! Rem's !

Le garçon roula sur le côté et se mit à tousser et crachoter pour retrouver sa respiration. Francis n'y avait pas été de main morte et il espérait qu'il n'avait pas causé trop de dégâts. Il se tourna vers sa sœur avec un sourire.

- Tu vas bien ?

Elle hocha la tête, pleurant toujours, et Remus se redressa difficilement pour se tenir assis et lui essuyer ses larmes.

- Ça va aller. Il ne faut pas pleurer.

- Mais… tu as… mal… hoqueta-t-elle. Et c'est… ma faute…

Remus se mit à réfléchir à toute vitesse. Il ne fallait surtout pas que sa sœur culpabilise ou elle commettrait une erreur qui pourrait s'avérer dangereuse pour elle.

- Je n'ai pas mal, voyons, déclara-t-il en sautant sur la première idée qui lui venait.

- Mais les coups…

- Je vais te dire un secret Eline. Tu sais ce que c'est un secret ?

- Oui, je sais, c'est on doit pas dire, jamais, à personne.

- C'est ça. Alors je vais te dire un secret et il sera rien qu'à nous deux, d'accord ?

- Oui.

- En fait, je n'ai pas mal quand Francis me frappe. Je lui fais croire pour qu'il soit content mais ça ne me fait pas mal. Après, faut que je fasse semblant, comme si j'avais mal, pour qu'il soit sûr d'y être arrivé. Tu comprends ?

- Mais… mais ça fait mal quand on tombe ou on frappe, insista Eline.

- Oui, mais pas à moi, moi je ne sens pas la douleur.

- Alors t'es… un super héros ? demanda-t-elle.

Remus hésita une fraction de seconde avant d'acquiescer.

- On peut dire ça, je suis un super héros Mais faut dire à personne, d'accord ? C'est secret.

- C'est secret, répéta l'enfant avec un grand sourire.

Certes, le mensonge ne tiendrait pas au-delà d'un certain âge mais il fallait parer au plus pressé pour le moment, éviter qu'elle culpabilise.

- Eline, tu ne dis à personne que Francis fait ça ? C'est secret aussi.

- C'est secret ? s'étonna la petite fille. Pourquoi ?

- Parce que si les gens de dehors savent qu'il fait ça, ils vont venir nous prendre.

- Mais c'est bien, dit l'enfant sans comprendre.

- Non, parce que s'ils nous prennent, ils vont nous séparer et on ne se verra plus.

La petite eut l'air horrifié et il lui fit un sourire rassurant.

- Si on ne dit rien, ça ira. Et puis puisque j'ai pas mal, c'est pas grave, n'est-ce pas ?

Eline sembla hésiter, regarda à droite à gauche, puis son frère en piétinant sur place, comme gênée par quelque chose, puis elle leva des yeux timides vers le garçon.

- C'est pas grave… C'est secret, je dis pas.

Remus lui sourit et l'embrassa avant de la serrer contre lui, oblitérant la douleur que lui procura cette étreinte. »

Le réveil sonna à cinq heures et Remus l'éteignit immédiatement. Il s'étira puis se laissa un instant retomber sur son matelas en repensant au rêve qu'il avait fait. Il s'agissait d'un souvenir en fait, du premier "secret" entre lui et Eline. Quand il y repensait, il se sentait terriblement mal à l'aise, surtout que sa sœur pensait toujours qu'il ne sentait pas la douleur et qu'il n'arrivait pas à lui dire la vérité.

Et puis il y avait ce mensonge au sujet du secret sur son père. Remus savait qu'ils ne seraient pas séparés si les services sociaux venaient à apprendre leur situation. Les institutions actuelles faisaient tout pour que les frères et sœurs restent ensemble et ils n'étaient que deux. Il n'avait en revanche aucune confiance en la justice. Peut-être Francis ferait-il quelques années de prison, mais avec des remises de peine, de bons témoignages et tout le reste, il y avait de fortes chances pour qu'il en prenne pour quelques mois ou un à deux ans avant de sortir avec interdiction de les approcher. Or, son père l'avait mis en garde et il savait qu'il était sérieux.

« Parle à qui que ce soit, Remus, et je te jure que je vous retrouverai, toi et ta sœur. Je commencerai par Eline et je lui ferai payer pour toi avant de venir te trouver et de m'occuper de ton cas. Même si on m'attrape avant, ta sœur n'y aura pas échappé. A toi de faire en sorte qu'elle se la ferme. »

A aucun moment Remus n'avait mis en doute la véracité de ses propos, alors il valait mieux que personne ne soit au courant. D'ici deux ans, il serait majeur, il pourrait amener Eline loin de là et Francis pourrait avoir toutes les maîtresses qu'il désirait. Il y avait fort à parier qu'il lui demanderait de l'argent, mais Remus était prêt à lui en donner pour qu'il les laisse en paix. Il constituait la cagnotte secrète pour sa sœur, pour plus tard, les besoins élémentaires mais aussi les études, les livres qu'il faudrait acheter, la papeterie. Pour le moment elle contenait trois cent euros, c'était ce qu'il avait pu économiser en conservant au moins dix euros sur sa paie hebdomadaire depuis qu'il avait commencé à travailler – il avait eu encore plus de difficulté au début comme il n'avait que quinze ans. Son père se contentait de petits boulots qui payaient à peine les factures d'électricité et d'eau, et même encore là, Remus devait parfois donner de l'argent pour ça et pour les impôts. Par ailleurs, Francis avait pris l'habitude de se servir dans la tirelire familiale pour acheter des bières ou faire ses paris. Il se fichait pas mal qu'il ne reste plus d'argent pour manger puisqu'il pouvait se faire inviter chez des gens, aussi Remus faisait toujours attention de garder l'argent des courses avant de mettre le reste avec l'argent pour la "famille".

Tout en se versant un verre de jus d'orange, il songea que sa mère lui avait servi le même mensonge qu'il donnait à sa sœur, et certainement pour les mêmes raisons. Remus avait heureusement toujours été un enfant calme, il n'avait pas été difficile de lui faire appliquer la loi du silence, mais Eline était plus vive et dynamique. Une bonne chose pour un enfant normal, une mauvaise lorsqu'on vivait sous le même toit que Francis Lupin.

A cinq heures et demi, Remus toquait chez les Pleox. Il discuta un peu avec le père qui lui assura que tout s'était bien passé et le laissa aller déposer un baiser sur le front de sa sœur endormie avant qu'il ne reparte, direction le lycée et ses devoirs en retard.

(à suivre…)

Comme je le disais, la suite arrivera dans un certain moment, du moins si ça intéresse qq'un, lol.