Jour 31 – Tranche - Part
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Mukozuke Otsukuri où l'art de la coupe.
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Kuroko avait un petit sourire satisfait aux coins des lèvres, pendant qu'il affutait ses couteaux de cuisine entre eux dans un cliquetis métallique agréable. Ce son l'apaisait. Il s'imaginait déjà trancher la viande tendre, ses lames s'enfonçant dans la chair profondément. Il visualisait les muscles accrochés aux tendons, les séparant d'un coup sec et net, puis les posant à plat sur son plan de travail pour les attendrir à l'aide d'un maillet.
Mais ce que préférait le jeune homme c'était cet « avant préparation », ce moment délectable où il cisaillait avec minutie la partie noble de la viande. Sa lame glissait à l'intérieur comme dans du beurre. Parfois elle rencontrait une réticence alors il était obligé d'y aller avec force, ce qui pouvait provoquer des déchirures au niveau de la chair. Par contre il n'aimait pas les os. Le tranchant de son ustensile buttait sur l'ivoire dans un raclement sordide. Il n'arrivait jamais à les casser, il fallait prendre quelque chose de plus costaud. Et cette partie plus rustique ne lui plaisait pas.
Non, Kuroko s'avérait être un esthète de la cuisine, un maître en l'art de la découpe, s'imposant une discipline quasi militaire.
Il se retourna tout en frottant ses lames l'une contre l'autre, un air extrêmement calme peint sur son visage.
— Tu préfères que je te prépare en san mai oroshi ou en sasagaki ? Ou alors en wagiri, comme tu veux, après tout, tu es mon invité Akashi-kun.
L'interpellé, attaché de tout son long à une potence, les bras écartés ainsi que les jambes le fusillait du regard. Cependant il tenait à ne montrer aucune once de peur même si ses jambes flageolaient dans des tremblements imperceptibles et si la bile commençait à remonter son tube digestif.
— Comme tu veux, je te laisse choisir, c'est toi le chef.
— Oui, c'est vrai.
Kuroko fit une petite moue contrite, semblant réfléchir à la meilleure façon de préparer ce met de choix. De la pointe de son couteau, il effleura la clavicule à nue de son captif. Une perle écarlate fleurit sur le derme blanc, comme une Lycoris rouge. C'était un tableau enchanteur. Il en récupéra la gouttelette qu'il suça aussitôt.
— Et bien mon choix est fait. Tu seras tranché en san mai oroshi, j'ai toujours aimé la précision des lamelles fines. La viande n'a que meilleur goût.
Akashi se mordit les lèvres au sang.
Devant son œuvre, lorsqu'il ajustait les fines lamelles de chair dans des sacs de congélation, Kuroko se félicita. Ne restait plus que le rosé délicat, comme des pétales de fleurs cristallisés à tout jamais dans son congélateur. Il n'oserait pas toucher à Akashi de sitôt, se contentant de savoir qu'il reposait dans son frigo, à l'abri du froid et des ravages du temps car jamais sa viande ne pourrirait, grâce à son art du tranchage.
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FIN
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Lexique :
San mai oroshi : couper en fins filets, pour les poissons.
Sasagaki : en copaux.
Wagiri : en rondelle.
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Référence flagrante à Hannibal, EP5 S2.
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NdA :
Et bien ce recueil est fini. J'ai adoré l'écrire au fil des jours, retrouver Akashi et Kuroko ensemble, dans des moments Fluffy ou plus Angst. Montrer leur quotidien ^_ ^
Je ne pensais pas en être capable au début.
Il fallait que je finisse sur une touche de Gore, après tout, c'est Halloween, c'était obligé. Je ne fais presque jamais dans ce genre mais ça m'a amusé de terminer comme ça.
Merci à Kuro-Hagi, Wado, Lawiki, Nemeseia, Arthygold pour leur soutien.
Bouh j'ai pas envie de quitter les chouchous mais il le faut.
Akashi, Kuroko vous embrassent sans menace et Nigou vous léchouille.
PerigrinT.
