NdT : je ne suis que la traductrice. Merlin est à la BBC et cette fic est à Itar92.

Merci à toutes celles et ceux qui lisent/commentent/mettent en favori ;)


Ce que Merlin n'a pas le droit de faire (selon le prince Arthur)

Chapitre 18 : Transformer des gens en animaux « par accident » (ou 'Se concentrer sur des expériences magiques plutôt que de s'occuper du prince').

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L'un des 'avantages' les plus énervants d'être le Sorcier de la Cour (le poste n'est peut-être pas officiel, mais c'est tout comme) est que, puisque son don est connu de tous, beaucoup veulent assister à tout ce qu'il fait. Voir. Écouter. Être là quand il utilise sa magie, parce que c'est « génial » (selon Gwaine), « incroyablement fascinant » (selon Lancelot), et « tellement magnifique, tellement joli ! Ça me rappelle tellement toi ! Pas que ça ne devrait pas, ou que tu es joli – enfin, tu l'es. Non, je veux dire – non, attends ! Je veux dire, tu es tellement adorable, j'ai juste envie de te pincer la joue et de te faire un câlin ! Attends, je veux dire, pas comme ça… J'aurais dû m'arrêter après 'magnifique', n'est-ce pas ? » (selon Gwen).

Et, selon Arthur : « Vu ta propension à causer des accidents, c'est dangereux et tu risques de faire quelque chose de stupide, comme te blesser ou t'empoisonner ou faire apparaître encore une foutu licorne. Alors il vaut mieux que je garde un œil sur toi. »

Puisqu'il est le prince et qu'il est habitué à ce que les choses se déroulent comme il le souhaite, Arthur pense que son opinion a beaucoup plus de valeur que celle de Merlin. Peu importe que Merlin soit un sorcier et s'y connaisse mieux en magie. Et quand Merlin proteste et dit qu'il n'y aura pas de problème et qu'il ne va pas faire apparaître de licorne, le prince insiste – naturellement – pour 'garder un œil sur lui'.

Alors, pendant toute l'après-midi – tandis que Merlin essaie d'apprendre un sort particulièrement épineux et de brasser une potion compliquée destinée à réparer les os brisés – Arthur rôde dans son dos. Tout le temps. Si Arthur doit aller chercher de la nourriture ou simplement quitter la pièce, il laisse Gaius prendre sa place. Et puis, quelques minutes plus tard, il est de retour et refuse de bouger.

Et il parle, montre des choses du doigt et pose beaucoup de question stupides et fait des remarques comme « Maintenant, la potion est bleue – qu'est-ce que ça veut dire ? » et « Je suis sûr que ça ne veut rien dire » quand il essaie (en vain) de comprendre un texte écrit dans la langue de l'Ancienne Religion, et « je pensais que ça serait intéressant, mais c'est juste ennuyant, c'est plus abrutissant que les réunions du conseil » (c'est un mensonge, bien sûr, mais il ne l'admettra pas parce qu'il est un crétin). Ce qui est intéressant, c'est qu'il ne dit jamais (puisqu'il s'ennuie autant) pourquoi il ne veut pas partir.

Et parce qu'il est le prince Crétin, même si Merlin agite les mains, l'insulte, le frappe aux tibias et fait apparaître des seaux d'eau qui se retournent au-dessus de sa tête, Arthur ne veut pas le laisser tranquille.

— Est-ce que la fumée est censée faire ces formes-là ? demande-t-il .

— Arthur, j'essaie de me concentrer !

Le prince se rapproche du chaudron que Merlin transfère d'une table à une autre.

— C'est vraiment chaud, fais attention ou tu vas le lâcher.

— Allez-vous en, ou bien je vais le lâcher sur vous, espèce d'imbécile, je vous le jure !

— Bah ! Tu n'oserais pas. Je te mettrais au pilori pendant une semaine. Alors, ce n'est pas bientôt fini ? Oh, qu'est-ce que c'est ? demande le prince en tapotant un objet sur la table – ce qu'il a déjà fait au moins cinq fois.

Il l'inspecte de près et plisse le nez, avant de renifler et de le reposer au mauvais endroit.

— Je vous ai déjà dit – au moins treize fois en une heure… Pourquoi ne restez-vous pas immobile, silencieux et sans toucher à rien !

— Ouais, ouais – ça ne peut pas être si difficile, si ? Il faut juste le faire bouillir. Ou peut-être que tu es un tel idiot que tu n'arrives pas à faire une chose aussi simple.

— Ça suffit !

Note importante : ne jamais énerver le plus puissant sorcier qui ait jamais foulé cette terre.

Merlin se retourne vivement, les yeux dorés, et le prince vaguement étonné est enveloppé d'une fumée blanche et scintillante. Arthur n'a même pas le temps de crier.

Pouf !

Lorsque la fumée se dissipe et disparaît, elle révèle que le prince a rapetissé d'une façon alarmante et qu'il est devenu d'une étrange couleur verte.

— … Oups, dit Merlin en écarquillant les yeux en comprenant ce qui s'est passé.

C'est un mot qui correspond à la situation. Mais au moins, il n'a pas rendu le prince invisible, il ne l'a pas transformé en quelque chose d'inanimé, il ne l'a pas blessé ni ne l'a transporté à l'autre bout du royaume. Il l'a juste transformé en un animal vert à quatre pattes, c'est tout.

— Coââ coââ ! dit Arthur la grenouille d'un ton (qu'il espère être) intimidant et réprobateur, ce qui peut se traduire par 'Merlin !'.

— Désolé, je ne voulais pas faire ça. Vraiment pas.

— Coââ coââ! ('Espèce de crétin, Merlin, retransforme-moi !')

Merlin soupire et s'enfouit le visage dans les mains. Il vient d'utiliser de la magie sur le Prince de Camelot, pour le transformer en animal ! Le Roi va vouloir sa tête, c'est sûr ! Oh, comment va-t-il arranger ça avant que quelqu'un ne s'en aperçoive ?

— Je vous avais prévenu, vous savez, murmure-t-il avec irritation. Mais, bien sûr, vous êtes un tel couillon que vous ne m'écoutez pas. Et maintenant, vous êtes un crapaud.

— Coââ ! gronde le prince.

Du moins, c'est ce qu'il essaie de faire ; il est étrangement difficile de gronder avec une voix aussi rauque. ('Merlin !')

Avec un timing impeccable, le médecin de la cour entre dans les appartements et se dépêche de fermer la porte pour que les passants ne voient pas la couleur très violette de la potion sur la table et les textes magiques étalés dans toute la pièce. Le sorcier ne regarde plus le chaudron (presque bouillonnant), mais une grenouille sur le banc à côté de lui, qui le fixe étrangement comme s'ils faisaient un concours de regard.

— Si tu m'avais dit dès le début que tu en avais une, je n'aurais pas eu besoin d'aller au marché, grommelle Gaius en fronçant les sourcils. Mes vieilles articulations ne peuvent plus supporter ces escaliers !

— Euh, quoi ? demande maladroitement Merlin en regardant alternativement le médecin et l'animal.

— La grenouille. Je ne pense pas que tu en aies besoin ; il faut que je fasse une pâte pour…

Soudainement, le sorcier réagit.

— Non ! s'exclame Merlin en saisissant la grenouille et en la tenant contre son torse avec possessivité. Ne faites pas ça ! Vous ne pouvez pas le prendre et le broyer, je ne vous laisserai pas faire !

Arthur se blottit contre le sorcier en acquiesçant de tout son cœur.

— Coââ !

— Je… je veux dire, euh, se reprend Merlin en voyant le sourcil inquisiteur du médecin. Je… S'il te plaît, ne me tue pas, Gaius ! crie-t-il soudainement. Je ne l'ai pas fait exprès, je jure ! Je vais tout arranger ! Vraiment !

— J'en déduis que ce n'est pas une grenouille ordinaire, dit Gaius.

Il n'a clairement pas l'air impressionné.

— Euh, pas vraiment…

Le sorcier regarde la grenouille dans ses mains ; ses yeux sont bleus, ce qui est étrange pour ce genre d'animal, et une pointe de doré orne sa tête.

— …. Gaius, tu ne saurais pas comment retransformer une grenouille en prince, si ?

Merlin ! le réprimande le vieil homme d'un air atterré. Ne me dis pas que c'est le prince !

— Euh… C'est le prince.

Si c'était physiquement possible, de la vapeur sortirait des oreilles de Gaius, accompagnée d'un sifflement lourd. Il s'avance et frappe Merlin sur la tête, ce qu'il réserve d'ordinaire au prince Arthur, mais puisque ledit prince est inatteignable, Gaius s'adapte.

— Qu'as-tu fait ? Tu devrais être plus prudent avec ta magie ! Ne te l'ai-je pas dit des centaines de fois ? Quand commenceras-tu à m'écouter ?

— Aïe !

— Coââ ! acquiesce Arthur avec enthousiasme. ('C'est un vrai idiot, parfois, n'est-ce pas ?')

Merlin fusille la grenouille du regard tout en frottant l'arrière de sa tête. Le médecin n'avait pas à le frapper aussi fort !

— Je crois qu'il est d'accord avec toi…

Avec un soupir (son vieux cœur va finir par ne plus pouvoir encaisser tout ça : il devrait engager une nourrice pour s'occuper de Merlin. Quelqu'un qui ne serait pas Arthur, parce qu'on a bien vu ce que ça donne), Gaius pose son sac plein d'herbes fraîches sur la table.

— As-tu essayé de le retransformer – avec un sort, peut-être ?

—… Pas vraiment... et je ne sais pas si ça pourrait marcher. Je veux dire, je n'ai jamais vu ce genre de magie avant…

Arthur essaie de mordre la main qui le tient, ce qui ne fonctionne pas puisqu'il n'a pas de dents.

— Coââ, coââ ? COÂÂ ! crie-t-il en sautant furieusement en l'air. ('Quoi, tu m'as transformé en une fichue grenouille sans avoir jamais transformé quoi que ce soit avant ? IDIOT !')

— Calmez-vous, Arthur, calmez-vous !

Mais la grenouille refuse ses caresses, n'écoute pas le sorcier et continue de sauter. Sûrement parce que c'est sa seule façon de se départir de sa frustration.

— Heureusement pour vous, je connais une solution. Merlin, pour le retransformer, il a besoin – eh bien, il a besoin d'un baiser.

— Qu… Quoi ?

Le sorcier vient peut-être de couiner.

— Regarde là, dit le vieil homme.

Il lui tend une page d'un livre qu'il tient soudainement dans les mains – mais Merlin est presque sûr que trente secondes plus tôt, le livre n'était pas là. Mais quand il lit la page, Merlin voit qu'il a raison. Il y est dit qu'un homme de sang noble ayant été transformé en un amphibien a besoin du baiser d'une jeune vierge pour redevenir humain.

Merlin relit le texte une demi-douzaine de fois pour être sûr. D'abord dans sa tête. Puis à haute voix. Arthur arrête de sautiller durant la troisième lecture ; il écoute et se fige en entendant ce que doit être la 'solution'.

— Juste une chose, dit Merlin au médecin. Nous n'avons pas de jeune vierge ici et je ne vais pas aller courir dans tout Camelot pour en trouver une et la laisser embrasser Arthur !

Le vieil homme lui lance un regard plutôt effrayant.

Merlin couine et rougit comme une tomate mure.

— Je… tu es en train de dire que je dois l'embrasser ? Quoi ! Non… je… ne sois pas ridicule ! Il, c'est une grenouille ! balbutie-t-il faiblement.

Il n'arrive cependant pas à refuser avec autant de force qu'il le voudrait, parce que, même si Arthur est une grenouille, Merlin ne veut pas qu'il reste petit et vert toute sa vie. Et il n'aime pas vraiment l'idée de laisser des étrangères embrasser le prince… Non, il n'aime pas du tout cette idée.

— Coââ, grommelle Arthur.

Il se sent un peu insulté. Merlin dit-il qu'il est trop laid sous sa forme de grenouille pour être embrassé ? Il devrait le mettre au pilori pour ça !

— Je ne vois pas où est le problème, dit Gaius. Préférerais-tu aller voir le roi pour lui dire que son fils s'est fait transformer en grenouille ?

— Non ! Je… je dois arranger les choses.

La grenouille croasse nerveusement, les yeux écarquillés, et elle échange un regard gêné avec le sorcier. Elle ne peut pas rougir - autrement, elle serait de la même couleur que le visage de Merlin.

— D… D'accord. Je vais le faire, murmure Merlin en détournant le regard du prince.

Il le soulève avec précaution.

— S'il vous plaît, ne me tuez pas pour ça, Arthur.

Il déglutit avec difficulté. Soudainement un peu tremblant, et le visage toujours aussi brûlant, il lève lentement les mains et dépose un baiser timide sur la tête de la grenouille.

Le changement est aussi abrupt que le précédent ; de la fumée apparaît, scintille sous les rayons du soleil, et soudainement Merlin a sur les genoux un prince Arthur, très humain et très nu.

— Hé ! crie Merlin en agitant les bras et en essayant de se reculer.

Mais Arthur n'a pas vraiment d'autre endroit où aller puisqu'il est est à califourchon sur le sorcier et que, même si c'est terriblement gênant, c'est plutôt agréable et Arthur se surprend à apprécier la situation. D'une façon mi-possessive mi-crétine.

— Je suppose que je peux retourner à mon travail, maintenant.

Arthur tourne la tête vers le médecin, en réalisant avec choc que l'homme a assisté à tout. Il prend soudainement un air très sévère, plisse les yeux et lève un doigt.

— Pas un seul mot à qui que ce soit, gronde le prince de son air le plus menaçant avec un doigt accusateur pointé sur le nez de Merlin avant de lancer un regard tout aussi menaçant vers Gaius.

— À personne. Jamais. C'est compris ?

— O...oui, sire, dit faiblement le sorcier qui est en train de lutter pour ne pas baisser les yeux sous les épaules nues devant lui, ou sous le torse musclé ou encore plus bas.

Il doit vraiment arrêter ce fil de pensées, sur-le-champ. Merlin se demande s'il est possible de mourir de gêne.

Gaius comprend immédiatement et incline la tête.

— Bien sûr, sire.

Puis il attrape son sac d'herbes et part, en verrouillant la porte derrière lui. Juste au cas où. Il faudra qu'il se rappelle de frapper à la porte quand il reviendra – il ne tient pas à interrompre les garçons quand ils seront… occupés. Ils feraient mieux de se lancer, pense le vieil homme, presque toute la ville le sait de toute façon et ils se tournent autour depuis des mois. Ah, les jeunes, de nos jours…

A l'intérieur, le silence se fait jusqu'à ce que le verrou cliquette.

— Euh, peut-être pourriez-vous, euh, vous lever de mes genoux… ? marmonne Merlin en baissant les yeux pour éviter le regard tranchant du prince – ce qui est une énorme erreur. Oui. Une erreur. Assurément.

Ce n'est pas de sa faute – c'est de la faute d'Arthur parce qu'il est nu sur ses genoux et qu'il l'a forcé à baisser les yeux vers…

Si !

Le prince remarque sa déglutition difficile. Arthur devient écarlate mais ne semble pas être dérangé. Une sorte d'accomplissement le remplit et le remplit de joie ; l'opportunité est trop parfaite pour être ignorée.

— Le baiser d'une jeune vierge, Merlin ? C'est vrai que tu te comportes souvent comme une fille – ça ne m'étonne même pas, dit-il avec un rictus et un sourcil haussé – en prenant soin de prononcer son nom de cette manière merveilleuse qu'il adore.

Il fait courir un doigt sur la ligne de la mâchoire de Merlin pour le forcer à le regarder à nouveau. Le sorcier est cependant un peu lent à décoller les yeux de… des autres parties du corps du prince.

Merlin émet un couinement et se tortille un peu.

— O… non !

— Il semble qu'il va falloir travailler sur ton vocabulaire, murmure Arthur d'un air qu'il sait être séducteur.

Il se penche jusqu'à effleurer la joue de Merlin de sa bouche, et peut-être qu'il implique également sa langue dans l'affaire, mais bon, ce n'est que justice.

— Et sur d'autres choses. Laisse-moi te donner un coup de main.

Merlin ne proteste pas, et l'insulte qui était sur le bout de sa langue s'efface lorsque le prince se penche pour prendre ses lèvres dans un baiser dévastateur.

(Alors, peut-être que c'était un peu fait exprès, d'avoir transformé Arthur en grenouille. Ce qui compte, c'est qu'Arthur ne l'apprenne jamais.)