Bonjour, bonsoir à toutes et à tous.

Je poste un MinAlba (ô surprise !). Oui, je sais, vous en avez marre, mais je n'y peux rien. Je veux remercier ma copine Shiro parce que c'est elle qui m'a poussé à l'écrire, alors que je traversais une période difficile et de grande précarité niveau inspiration.

L'envie d'écrire m'avait quitté. Elle m'a gentiment proposé de me faire un OS sur mon couple chouchou, puis je me suis prêtée au jeu, et de là est né un défi MinAlba. Merci ma Shiro d'être présente et d'écouter mes larmoiements :3

Je te dédicace spécialement ce texte. Je tiens à dire que Fanfiction m'a permis de rencontrer des nanas super qui sont devenues de vraies amies, pour ça je ne regrette absolument pas de m'être inscrite :)

Avant de pleurnicher comme une madeleine (en fait non j'ai un cœur de pierre), je vous laisse en compagnie de Mimiche et d'Albichou. Ce défi est basé sur les rencontres virtuelles, la chanson Pomme C de Callogero (chanteur fantastique) m'a inspiré.

Au départ cette fic ne devait être qu'un OS. A l'arrivée elle comporte 8 chapitres.

Bonne lecture, et gros bisous ma Shiro !

Peri


~OoOOoOoOOoO~

Pérégrination sur la toile

~OoOOoOoOOoO~


Chapitre 1

Connectez-vous

.

Il s'assit nonchalamment sur son canapé. Cette fin d'après-midi s'annonçait des plus torrides, vu la température extérieure. Il rabattit sa longue chevelure derrière son épaule en épluchant son courrier. Facture, facture et facture. Rien de bien folichon en somme.

Un souffle d'air léger fit danser ses mèches azures à l'ombre de son intérieur frais. Albafica profita de ce courant pour fermer les yeux et apprécier cette caresse aérienne. C'était tellement rare et court. Aussitôt la chaleur l'envahit de nouveau. Décidément, il fallait remédier à la moiteur qui l'envahissait. Après sa journée de travail, le jeune homme alla se prélasser sous une douche revigorante. Inutile de se sécher les cheveux, la chaleur se chargerait de cette tâche. L'homme d'allure svelte se dirigea devant son écran d'ordinateur, un verre de limonade dans la main. Machinalement il naviguait de site en site comme bien souvent. Il ouvrit la fenêtre du forum dédié à l'art qu'il fréquentait. En effet, Albafica vouait une passion sans nom pour la peinture, la photographie en général. C'était un de ses passe-temps favoris. Depuis peu, il avait même osé publier quelques uns de ses clichés sur la toile du net, se confrontant aux jugements les plus variés. Il participait aussi à la vie du forum en discutant avec les autres membres, il fit d'ailleurs une rencontre amicale des plus intéressantes d'un dénommé Dégel qui vivait en France. Tout ça pour dire, que notre ami adorait parler d'art en général. Ses amis du quotidien ne partageaient pas les mêmes loisirs, ainsi, Albafica pouvait s'adonner à l'échange entre connaisseurs et amateurs.

Il surfait de discussion en discussion et vit un topic intéressant sur la subjectivité des œuvres contemporaines. Plusieurs habitués donnaient leurs points de vues, lui aussi pour le coup. Le jeune homme délaissa sa discussion pour aller se préparer à dîner puis se mit à table. Il revint plusieurs heures plus tard et découvrit que le nombre de réponses avait considérablement augmenté. Quelques personnes se répondaient dans la bonne humeur, puis le ton monta avec l'arrivée de nouveaux participants. Albafica n'aimait pas les conflits, là sur son écran, il vit que plusieurs messages s'en prenaient à son ami Dégel. Aussitôt, il rédigea un commentaire afin de venir en aide à son camarade.

Les messages en question l'insultaient de « monsieur je-sais-tout », de « pédant-pompeux » et autres joyeusetés. Les attaques gratuites, Albafica les détestait : c'est si facile de se mettre à plusieurs pour démonter une seule personne. Evidemment, l'effet fut instantané : à son tour il se fit alpaguer sans ménagement. Malgré les propos polis, en résultait une méchanceté dans le ton. Avec son ami virtuel, le jeune homme réussit à ramener le calme sur le topic. Cependant, un récalcitrant ne l'entendait pas de cette oreille apparemment et continuait d'intervenir de manière virulente.

Au fur et à mesure de la nuit, les participants se déconnectaient – notamment Dégel – en laissant Albafica seul avec cet internaute mécontent. Bien que haïssant les conflits, le jeune homme ne se laissait pas faire. Personne ne lui marchait sur les pieds en faisant preuve d'autant d'autosuffisance et de condescendance que ce membre. Son sang fusionnait carrément dans ses veines, l'échauffant et l'énervant au passage. Plus il trouvait des arguments pour remettre à sa place cet importun, plus l'autre répliquait avec intelligence et mépris. Albafica le voyait bien dans le style de message qu'il lui était envoyé. Bref, ce fut ulcéré au plus haut point que le bleuté alla se coucher, en essayant d'oublier ce malotru.


Le lendemain, tout se déroula le plus normalement du monde à son travail puis à la sortie en compagnie de Shion et de Manigoldo, ses amis les plus proches. Ils dînèrent ensemble et terminèrent dans un bar. Albafica ne se connecta pas.

Par contre, le surlendemain, il reçut un message de Dégel sur sa messagerie instantanée qui lui apprenait que le ronchon de la veille était revenu en force sur le forum. Non content de semer la zizanie, il avait pollué plusieurs sujets ouverts par Albafica, histoire de se venger. Effectivement, après vérification, l'impoli avait trollé beaucoup des ses discussions précédentes. A chaque fois, le même pseudo revenait : « GriffonNorge ». Aucun doute, l'individu le prit en grippe. Et dans la foulée, le jeune homme sentait ses neurones s'effriter au fil des découvertes.

Albafica souffla bruyamment, se leva de son siège et vaqua à ses occupations. Seulement il ne pouvait oublier cet énergumène qui tentait de le pousser à bout – avec succès.

Pourquoi cet individu quel qu'il fût, s'amusait à le titiller de la sorte ?

Avec ses grands airs prétentieux, il remettait en place chaque intervention du jeune féru de peinture. Ce Griffon-machin-chose s'évertuait à le casser vis-à-vis de ses dires ou réflexions. Trop ce fut trop, d'une impulsion, Albafica se rassit devant son poste et décida d'envoyer un message bien senti à l'intention du troll.

« GriffonNorge,

Je ne vous salue pas, puisque visiblement vous vous amusez à descendre tous les topics que j'ai crée au fil de ces derniers mois. Sachez que je réside sur ce forum depuis bien plus longtemps que vous, et que je n'ai jamais vu de mauvaise ambiance comme vous instaurez.

Si cela vous a déplu que je réplique à vos attaques sur mon ami Dégel, qui entre parenthèse est un fin connaisseur d'art, j'en suis fort attristé. Mais s'en prendre à un contre plusieurs n'est pas équitable. D'autant plus que votre ton condescendant a fortement agacé les autres membres du site.

Je vous prierais à l'avenir de modérer vos interventions et vos propos et de traiter les gens ici avec respect. Chose dont vous semblez dépourvu.

Je vous laisse à votre méditation. Si vous n'avez que ça à faire de votre temps libre que de propager la discorde, grand bien vous fasse mais hors de ce site, merci.

Crimson Cascade (1). »

Content de s'être libéré, Albafica ferma la fenêtre en tapant dans ses mains. Une bonne chose de faite comme on dit.


Au cours de la soirée, il vit une alerte sur sa boîte mail qui l'informait d'un message privé sur son profil, plus un commentaire concernant une de ses publications photographiques. Perplexe, le jeune homme cliqua sans perdre de temps. Sans grand étonnement, le nouveau lui adressait un message et un avis sur sa dernière œuvre mise en ligne.

« Cher Crimson Cascade,

Je ne vous connais pas, mais je suppose au vu de votre comportement paranoïaque que vous avez probablement de gros problèmes d'estime de vous. Ce n'est pas de ma faute si vous vous sentez attaqué, selon vos propos. Nous sommes sur un site public il me semble, j'ai tout à fait le droit d'exprimer mes opinions, désolé que celles-ci ne correspondent pas aux vôtres étriquées.

Votre ami est peut être un expert en matière d'art, mais je me permets de vous dire que moi aussi. Si je n'étais pas d'accord avec lui, cela nous regardait nous. Vous n'aviez pas à vous en mêler. Je rajouterais que je n'ai manqué de respect envers personne, encore une fois vous prenez la mouche un peu trop facilement.

Veillez d'abord à recadrer vos humeurs défaillantes avant de donner des leçons de savoir vivre aux autres. De plus, votre ancienneté ne vous autorise pas tous les droits ni privilèges. Je dis ce que je pense et ce, dans un langage courtois. Essayez à l'avenir de ne pas tout prendre mal, sinon votre irritabilité ne fera que de s'accentuer.

Au plaisir,

GriffonNorge. »

Les yeux exorbités, Albafica regardait sans le voir, le message de cet odieux personnage.

Oh ! C'est lui qui foutait la merde, excusez du peu ! Pas le contraire. Le pompon fut décroché quand il tomba sur le commentaire tout en délicatesse de cet être méprisant.

« GriffonNorge : Et c'est ceci que vous appelez un soleil couchant ? Cela aurait pu être beau si votre cadrage n'était pas approximatif. De plus, l'arrière plan est un peu flou, vous n'avez pas dû utiliser le bon objectif. Je suis désolé, mais cette photographie, n'importe quel débutant pourrait la réaliser. J'espère que vous vous améliorerez, après tout, vous êtes ici pour progresser. »

Sans s'en rendre compte, le bleuté se rongeait les ongles en signe de rage. Rage, carrément. Quel autre terme employer ?

Il se rognait les phanères avec force en maudissant ce pet-sec de malheur ! Qu'il aille pourrir un autre site !

Après mûres réflexions, Albafica décida de laisser courir et de ne pas entrer dans le jeu de cet individu.

~~Oo0oO~~

A l'autre bout du continent, plus exactement dans les contrées glacées de Norvège, devant son écran, un homme ricanait en tournant sur son fauteuil de bureau. Recadrer ce minaudier était délectable au possible, il partait au quart de tour. Surtout son ton mielleux l'avait insupporté comme pas deux. Le troll en question fut interrompu dans la saveur de sa vengeance par la voix douce mais posée de son compagnon.

— Minos, qu'est-ce que tu as encore fait pour être de si bonne humeur ?

— Mais rien enfin ! s'ingénia le menteur en tournant pour faire face au nouvel arrivé.

— Je te connais par cœur… Depuis plusieurs jours tu ne décroches pas de ton site là ! Tu y fais quoi ?

— Rien. Je parle d'art avec des autres personnes. Pourquoi tu y vois du mal ?

— Probablement parce que cela fait tellement d'années que nous vivons ensemble, que j'anticipe tes plans à l'avance. Et là, tu as ta mine des grands jours. Alors, j'attends…

Minos souffla en levant les yeux au ciel, mais son ami croisa ses bras et le toisa en retour de ses cristaux limpides.

— Rune… Mitt hjerte (2), tu me fais de la peine vraiment.

— J'attends…

— Bon puisque tu y tiens ! Je me suis pris la tête avec un péteux, voilà ! Alors pour le remettre à sa place, je lui ai fait comprendre qui était le maître. Satisfait ?

Rune cligna des paupières plusieurs fois de suite pour traduire son incompréhension.

— Non mais c'est pour ça que tu passes tes soirées sur cet ordinateur de malheur !? Pour chicaner avec quelqu'un ! Je sais bien que tu adores chercher la petite bête mais là tu pousses le bouchon un peu trop loin. Viens donc m'aider à éplucher et laver la salade, au moins tu feras quelque chose de constructif.

Résigné, le sacripant feignit d'obéir en pestant et en faisant exprès de détériorer la salade pour que son compagnon termine seul la préparation du dîner. Tout le long du repas, il se réjouit de son petit effet sur la personne de cet internaute prétentieux. Lui et ses leçons de morale à huit couronnes le révulsaient comme jamais. D'autant plus, que son ami n'était pas mieux en la matière, à eux deux, ils se croyaient les meilleurs critiques artistiques du site. Non mais ! Et puis quoi encore ? Minos n'était pas habitué à se taire et rester dans l'ombre des autres. Au contraire, il fallait que lui aussi ramène sa science et ses répliques cinglantes agrémentées d'acide sulfurique.

Tout le restant de la soirée, l'argenté pianota sur son ordinateur en espérant une réponse à laquelle il pourrait donner suite, histoire de pimenter sa nuit. Son concubin quant à lui, se retira dans sa chambre pour lire – surtout pour ne plus l'entendre ronchonner devant son écran.


Au bout de deux ou trois jours sans nouvelle et guidé par une soif de querelle, Minos se connecta sur le forum. Il y vit incontinent la présence de ce Crimson Cascade en grand débat avec d'autres membres. Encore une fois, il étalait son savoir et cela hérissait les poils du troll comme l'appelaient les participants permanents. En ce moment, il débattait sur « la passion des artistes ». Le fauteur de trouble voulait s'amuser un peu, alors il balança dans la conversation une petite pique dont il avait le secret, histoire de corser l'affaire. Entre deux messages, il écrivit :

« Si encore tu pouvais te qualifier d'artiste, cela serait compréhensible mais vu ton travail exposé ici, tu n'es qu'un amateur du dimanche. Redescends sur Terre cinq secondes, tu verras la banalité de ton don. »

Tout d'abord, son attaque ne se remarqua pas. Puis, un membre y prêta de l'attention et lui répondit, ce qui entraina un effet boule de neige. Plusieurs messages lui furent adressés sans que le principal visé ne se manifeste. Cependant, il était bel et bien connecté, donc forcément il avait vu les gentilles attentions de Minos.

Un peu déçu, ce dernier se lassa et abandonna la discussion. Même s'il réussit à semer la zizanie, cela ne l'amusa pas autant que la veillée dernière. L'argenté se laissa aller au fond de son siège en mettant ses mains derrière sa nuque et en soupirant profondément. Peut être que l'autre sortira de sa tanière au bout d'une traque virtuelle bien menée…

~~Oo0oO~~

En Grèce, Albafica crépitait de colère. Il se mordait les lèvres pour ne pas insulter son ordinateur. Car il l'avait bien vu ce GriffonNorge avec son attaque gratuite voire méchante. De la pure méchanceté, voilà ce qu'il envoyait. Et sans raison de surcroît.

Pourquoi ce troll des bacs à sable venait polluer ce forum tout à coup ? Encore pire, pourquoi est-ce qu'il prenait le photographe amateur pour cible ?

Juste parce qu'il l'avait remis à sa place la première fois ?

Tout ça n'était pas une raison valable, pensa-t-il. Apparemment, cet homme aimait tout simplement provoquer les autres et instaurer une mauvaise ambiance. Il devait sûrement être mauvais comme une teigne, il ne fallait pas chercher plus loin. Le jeune homme continua d'intervenir comme avant en ignorant ce nouveau membre, il finira bien par se lasser et passer à autre chose.

Fort heureusement, ce vaurien de la toile était parti, Albafica put discuter en toute convivialité avec Dégel et d'autres personnes dans un climat plus détendu. D'ailleurs son ami l'encourageait depuis quelques temps à publier une de ses œuvres. C'était une chose de poster des photographies, mais s'en était une autre de le faire avec un dessin ou une peinture. Car son travail était plus personnel, il y mettait un peu de lui malgré tout. Sa nature discrète ne l'incitait pas à déballer quelque chose d'aussi intime, alors pour l'instant, le bleuté tergiversait en ne sachant pas quoi faire. S'exposer aux remarques ne devait pas être facile à encaisser, même si sur le site les avis ne se révélaient pas malveillants. Timide dans l'âme, le jeune homme se tâtait encore.


La vie quotidienne poursuivit son cours entre travail, loisirs, obligations familiales et sorties. Albafica eut une période d'activité intensive qui ne lui laissa pas une minute. Sa participation au forum d'art se fit plus rare, voire inexistante. Il restait toutefois en contact avec Dégel avec qui il parlait au téléphone assez souvent. Puis, un jour il osa. Il publia un de ses dessins scannés en tremblant, le cœur battant. Cette excitation toute nouvelle, le perturba mais lui plut. Sentir les frissons vibrer dans son ventre était comme une veillée de Noël lorsqu'on est enfant. La chaleur l'envahit, plein d'appréhension, Albafica attendait la peur accrochée à lui que quelqu'un se manifeste – en bien si possible.

Dégel ne se fit pas prier, il rédigea un avis élogieux mais franc en pointant aussi les défauts de la peinture. Un autre membre émit son opinion en étant dithyrambique, ce qui soulagea notre héros. Cette liesse fut de courte durée, puisque dans la foulée un commentaire s'inscrivit à son tour, un peu moins flatteur. En effet, GriffonNorge fit son apparition au grand dam d'Albafica. Comme d'habitude, celui-ci fut très, très critique.

« GriffonNorge : je vois qu'on atteint les limites du genre abstrait avec ta peinture. Les lignes de ton paysage sont floues, ce qui gâche ton dessin. On dirait que tu as bâclé pour le peindre le plus vite possible. Pardon de te dire ça mais cela reste grossier. Travaille les détails s'il te plait, ta peinture n'en sera que meilleure. »

Albafica tripotait sa souris comme pour déverser sa hargne dessus. Cet individu l'insupportait fortement. Incommensurablement même.

Comment réagir ? Là, résidait le mystère. Répliquer et attiser la haine de ce personnage ou l'ignorer afin de lui montrer son dédain ?

De toute manière, sa quiétude était perdue, autant mettre un terme à cette guerre absurde. Dans la foulée, le peintre en herbe écrivit une réponse bien salée – dans la mesure de la courtoisie tout de même.

« Crimson Cascade : je te remercie pour ton avis constructif, tu éclaires ma journée. Quant à mes lignes floues, cela est fait exprès, j'ai voulu donner un effet mais je doute que tu aies saisi une quelconque nuance. Et dernière chose : je ne poste pas un dessin ou peinture sans l'avoir fignolé, donc il est terminé.

Sur ce, bonne continuation ici ou ailleurs. »

La tension à son paroxysme, c'est-à-dire avoisinant les dix neuf, Albafica essayait de se calmer et de reprendre le cours normal de sa respiration. Seulement, quelques minutes après, une alerte lui indiqua qu'il avait un message dans sa boîte. Avec appréhension, il alla regarder pour tomber sur un pseudonyme bien connu… Cet hurluberlu ne le lâchait pas non de non !

Ce fut la mine crispée que le jeune homme lut :

« GriffonNorge : tu ne prends pas les remarques constructives aussi bien que tu as l'air de le sous-entendre dans tes interventions. Je crois bien que tu es vexé, mais sache qu'il n'y a que la vérité qui blesse. Et pour ta gouverne : je n'ai pas vu d'effet de style parce que soit il n'y en a pas ou alors tu ne sais pas les créer, ce qui à mon avis et la seule hypothèse possible. Je t'en prie, bonne continuation à toi aussi (mais ne va pas ailleurs, conseil d'ami). »

Inspirer, expirer puis inspirer… Albafica rivait ses yeux injectés de sang sur cet énergumène qui le taclait à chaque fois en beauté. Plus exactement, sur l'avatar qui trônait sur son satané foutu profil !

Comme dirait Dégel : « inutile de s'emporter, cela n'amène que des évènements fâcheux, mieux vaut réfléchir que d'agir dans la précipitation du moment ». Suivant le conseil de son ami, Albafica en resta là, ne voulant pas entrer dans une guère puérile. Et puis sa nature n'était pas querelleuse pour un sou, il préférait nettement agir à tête reposée. Ce Griffon-machin-bidule finira bien par partir aussi vite qu'il était venu.

~~Oo0oO~~

De son côté, Minos s'amusait de plus en plus sur ce site. Ce n'était pas un geek ou un passionné d'informatique, mais il aimait bien trainer sur ce forum. Lui aussi avait fait une belle rencontre virtuelle en la personne d'Eaque, internaute et amateur d'art. D'art et de quolibets, soyons francs. Ce jeune homme plaisantait assez souvent et possédait un humour sarcastique comme le norvégien. Par contre, il vivait assez loin, à Katmandou pour être précis. Ils se parlaient souvent par Webcam mais sans pouvoir se voir en « vrai ». Qu'importait, l'amitié n'a pas de frontière et les deux hommes le prouvaient parfaitement. Ils écumaient les topics, les discussions, donnaient leurs avis et apprenaient à connaître les autres membres. Ainsi, ils se fondaient dans la masse plus facilement.

A sa grande surprise, l'argenté commençait de se faire apprécier de quelques uns des participants. Lui et Eaque mettaient de la bonne humeur en ne se prenant pas au sérieux. Les gens venaient lui parler plus souvent et lui demandaient même son avis sur leurs dessins. Toujours égal à sa personnalité directe, Minos ne faisait pas dans la dentelle, cependant on pouvait lui reconnaître comme qualité sa justesse. Quand il aimait une œuvre, il le disait clairement, au contraire quand elle lui déplaisait, il n'y allait pas par quatre chemins. Ses commentaires étaient toujours constructifs, les amateurs repartaient avec une opinion précise de leurs travails.


Dans la vie quotidienne, Rune son compagnon s'agaçait un tant soit peu de cette nouvelle lubie.

Des lubies, ça Minos en avait pas mal. Notamment celle de chercher des noises et des poux sur les têtes des chauves. Ces temps-ci, il passait ses soirées rivé sur son écran à papoter sur ce site grotesque, donnant son avis sur tout et n'importe quoi. Heureusement que le samedi Minos sortait son concubin au restaurant ou au théâtre parce que sinon, la disette sévirait dans le lit conjugal.

En tout les cas, notre troll se prit à son propre jeu… Au début, il atterrit par hasard parmi la foule de passionnés de peinture et de sculpture. Pour se divertir, il avait attaqué certains, notamment ce pompeux français. Son ami était venu en renfort à grand coup de phrases toutes faites et de pédantisme. Ce qui amusa fortement notre homme. Bien sûr, Minos contre attaqua de ses plus belles piques et l'autre répliqua instantanément. Quelque chose exacerba la curiosité de l'argenté, ce duel pimentait ses interventions. De fil en aiguille, il se surprit à attendre les réponses de ce Crimson Cascade juste pour le piquer au vif – et se moquer de ses réactions trop vives.

Comme le principal concerné ne montrait pas le bout de son nez, Minos continuait tout de même de papoter avec les gens, notamment Eaque. Ils ignoraient superbement Dégel qui paraissait imbus de sa petite personne. Le nouveau venu oublia presque le profil de ce Crimson en s'impliquant dans la vie du forum.

Les semaines passèrent et Minos acquit une petite réputation assez sympathique. Quand un nouveau arrivait, c'était lui qui se chargeait de l'accueillir avec ses remarques bien senties. Les autres savaient maintenant qu'il n'y avait pas de méchanceté pure, seulement une taquinerie. Certes piquante mais taquinerie tout de même. Il détenait des points de popularité en se faisant apprécier avec son sale caractère de cochon.

(suite...)


Notes :

(1) Variété de roses rouges rares.

(2) Mitt hjerte : mon cœur.