Chapitre Sept

« Quelle saleté, ce Londubat, il vole toute sa gloire à Cédric ! »

« Non mais sérieusement, il se prend pour qui, ce crétin ?! Cédric est le seul Champion de Poudlard ! »

Hadrian referma le livre qu'il lisait jusqu'à ce que les élèves débarquent dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner. Avec tout le bruit, il ne parviendrait pas à avancer dans sa lecture.

« Salut ! » Cédric se laissa lourdement tomber sur le banc, à côté de lui. Il avait l'air vaguement hagard, s'étant couché tard, mais paraissait néanmoins heureux. « Tu n'es pas venu à la fête de Poufsouffle, hier. »

Hadrian haussa les épaules. « Je n'aime pas la foule, surtout quand elle est regroupée dans une seule pièce. De plus, ce n'était pas réellement une célébration. Je pouvais entendre les insultes fuser depuis le dortoir. »

Le grand sourire de Cédric s'effaça quelque peu. « Ah oui, à ce propos … »

Hadrian se tendit et adressa un regard perçant au préfet. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

Cédric s'éclaircit la gorge. « J'ai demandé à Londubat comment il avait fait pour mettre son nom dans la Coupe de Feu et il m'a dit qu'il n'avait rien fait de la sorte. »

« Et c'est vrai. » La voix de Hadrian se fit froide.

Mal à l'aise, Cédric se mit à gigoter sur place. « Tu … euh … tu le crois ? »

Hadrian se figea, ses yeux glissant vers Neville qui venait juste de passer la porte de la Grande Salle. Le poids dans sa poitrine s'allégea quand il vit Hermione agrippée à son bras comme à une bouée de sauvetage. À sa gauche, Ron foudroyait du regard et agressait verbalement tout ceux qui osaient ne serait-ce que leur lancer un regard mauvais. Étant donné que cela constituait la plus grande partie du corps étudiant, le roux était assez occupé.

Pourquoi son Ron n'avait-il pas pu agir de la même manière, à l'époque ?

Les gens s'écartèrent du groupe lorsqu'ils aperçurent Orion, qui marchait à la gauche de Hermione, permettant ainsi aux quatre adolescents d'avancer sans avoir à jouer des coudes.

« Hadrian ? »

L'attention de ce dernier se posa de nouveau sur Cédric. Il ne chercha même pas à dissimuler la froideur qui envahit ses traits.

Cédric tressaillit, ayant un mouvement de recul lorsqu'il vit l'expression que Hadrian arborait.

« Ah … Je … je t'ai déçu. »

Il semblait tout aussi surpris qu'affligé.

Hadrian baissa les yeux puis se saisit de son sac. Il pensait pouvoir comprendre ce que Cédric ressentait à l'égard d'une personne pratiquement étrangère qui lui volait sa gloire. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle il n'en avait pas voulu au préfet, durant sa quatrième année, lorsqu'il n'était pas parvenu à prouver son innocence. Mais ce Cédric connaissait Neville. Il était vrai qu'ils n'étaient spécialement proches. Hadrian était probablement la seule vraie raison pour laquelle ils se côtoyaient. Mais Cédric n'aurait-il pas du savoir ?

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » dit-il d'une voix éteinte avant de tourner les talons.

« Hadrian- »

Ce dernier ignora l'appel et, furieux, il s'en fut vers la Table des Gryffondors où Harry et Neville semblaient s'affronter. Tel une ombre, Orion se matérialisa à sa droite et lui emboîta le pas.

« Cela dure depuis ce matin. » lui signala-t-il sans préambule. Les yeux de Hadrian se plissèrent lorsqu'il repéra une petite coupure au dessus de l'œil gauche du loup-garou. Il s'arrêta net, poussant le Gryffondor à en faire de même et sortit sa baguette avec laquelle il soigna rapidement la blessure.

Orion resta impassible pendant l'intervention puis hocha la tête en remerciement avant qu'ils ne se remettent en marche.

« La plupart des élèves de notre Maison sont extatiques. » continua Orion. « Harry n'en est pas forcément très content. Il a lancé un Anteoculatia sur Londubat. Je suis parvenu à bloquer le sortilège mais cela a déclenché un duel qui ne s'est pas arrêté avant que McGonagall ne fasse irruption dans la pièce. Nous avons tous reçu des retenues pour les trois jours à venir. »

« Génial … » maugréa Hadrian tandis qu'ils arrivaient enfin au niveau de l'altercation. McGonagall venait juste de les remarquer, à l'instar de Lily, James, Sirius et Remus qui avaient à peine mis pied dans la Grande Salle. Du coin de l'œil, il aperçut également les élèves de Beauxbâtons et Durmstrang qui s'attroupaient peu à peu autour de la Table.

Magnifique, ils arrivaient juste à temps pour un petit divertissement matinal.

« -veux tellement t'accaparer la célébrité que tu es prêt à la voler à quelqu'un d'autre, Londubat ? » tonna la voix de son alter-ego qui se répercuta sans toute la Grande Salle.

« Évidemment que non, Potter ! » cracha Ron en retour, le visage rouge. « T'es sourd ou quoi ? Il t'a déjà dit qu'il n'a pas mis son nom dans la Coupe ! »

Harry eut un rictus mauvais. « Ce n'est pas parce qu'il l'a dit que c'est forcément vrai. Le reste de l'école n'est pas aussi naïvement stupide que toi ! »

« Les élèves des autres Maisons ne sont que des moutons qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, Potter. » intervint Hadrian d'un ton tranchant. Il ne souhaitait pas que Ron ait encore plus d'ennui, ce qu'il ne manquerait pas d'avoir s'il brandissait sa baguette – ce qu'il avait clairement escompté de faire lorsqu'il avait mis sa main dans sa poche.

Harry lui lança un regard noir. « Qu'est-ce que tu fous-là, Evans ?! Londubat s'est emparé de la gloire et la célébrité qui revient normalement à ta Maison ! Pourquoi est-ce que tu prends encore sa défense ?! »

La plupart des élèves de Poufsouffle avaient le regard rivé sur eux, les uns s'attendant à ce qu'il s'en prenne à Neville, les autres l'observant avec ressentiment.

Hadrian adressa une mimique hautaine à son double avant de se planter aux côtés d'un Neville mi-nerveux, mi-furieux.

« Est-ce que tu écoutes ne serait-ce que la moitié des conneries qui sortent de ta bouche, Potter ?! » éructa Hadrian. « La célébrité ? La gloire ?! Par Merlin, c'est de Neville Londubat dont tu parles ! Le Survivant ! Il n'y a pas plus célèbre que lui ! Si Neville désire que son visage paraisse à la une des journaux, il n'a pas à passer par des épreuves dangereuses comme celles du Tournoi ! Tout ce qu'il a à faire est de mettre un pied dehors et de sourire ! Pour quelle raison voudrait-il mettre son nom dans la Coupe ?! »

Le regard noir de Harry ne pouvait pas se faire plus haineux mais ce fut un Poufsouffle en sixième année qui brisa le silence.

« Il pourrait très bien vouloir l'argent remis au vainqueur ! » hurla-t-il, suivit de près par une vague de grognements approbateurs.

Hadrian s'en prit verbalement au garçon. « La famille Londubat est l'une des plus anciennes familles de Sang-Pur, espèce de demeuré décérébré ! C'est la quatrième famille la plus riche de toute l'Europe ! Même si Neville voulait s'enrichir un peu plus, ce n'est pas quelque mille Gallions qui vont changer la donne ! »

Le sixième année se tut, humilié et en colère. Néanmoins, Hadrian n'en avait pas encore terminé avec lui.

« Vous l'accusez tous d'avoir mis son nom dans la Coupe, » cracha Hadrian. « Cela ne vous est-il jamais venu à l'esprit qu'en faisant cela, Neville aurait eu à duper un artefact magique ancien mais aussi à passer les sorts de protection que le Professeur Dumbledore lui-même à placé dessus ?! Le Tournoi des Trois Sorciers représente un danger certain aussi il n'est pas forcément très compliqué de s'imaginer que la Limite d'Age n'est pas la seule sécurité mise en place sur la Coupe de Feu. Êtes-vous réellement en train d'insinuer que Neville a gagné suffisamment en puissance pour surpasser notre Directeur ? »

Le silence régnait dans la salle lorsqu'il s'arrêta. Et pour ceux qui osaient encore le regarder, Hadrian leur adressa un regard noir qui leur fit promptement baisser les yeux. Voilà, ils ne pouvaient rien à trouver à redire à cela. Il n'aimait pas forcément le vieil homme mais sa réputation pouvait être utile, de temps à autres.

Puis Neville avança d'un pas. La tension qui s'était emparée de son corps jusqu'à maintenant s'était dissipée. Il se tenait désormais droit et il haussa un sourcil, dédaigneux, en observant la foule. Pas mauvaise, cette imitation de Draco.

« Je suis flatté que ayez une opinion aussi haute de moi. » annonça Neville d'une voix traînante et sarcastique. Le coin des lèvres de Hadrian tressautèrent. Derrière lui, Ron ricanait ouvertement pendant que Hermione tentait de cacher son rire derrière un toussotement. Une vague de rires moqueurs traversa également la Table des Gryffondors.

« Il aurait très bien pu payer un septième année pour mettre son nom à sa place ! » s'écria soudainement un autre élève de Poufsouffle. Apparemment, celui-ci était particulièrement stupide parce que, a part pour le groupe qui entourait un Harry fumant de rage, toute la tablée se leva d'un même élan d'indignation. Hadrian n'eut rien à faire.

« Mais oui, bien sûr ! » Angelina fut la première à rétorquer avec outrage. « Je voulais être désignée Championne de Poudlard ! Pourquoi, par Merlin, aurais-je voulu mettre le nom d'un élève n'ayant pas l'âge d'y participer dans la Coupe, ruinant ainsi un peu plus mes chances d'être choisie ? »

« Et nous nous accusant, nous les aînés, d'avoir été soudoyés, » intervint Alicia, les bras croisés sur sa poitrine. « Tu remets en cause notre morale et notre fierté. Sous-entendrais-tu que nous sommes des vauriens qui s'abaisseraient à se faire graisser la patte par un quatrième année ? C'est bien ce que tu es en train d'insinuer, non ? »

Pratiquement tous les sixièmes et septièmes années de Gryffondor foudroyèrent le Poufsouffle du regard. Celui-ci s'était recroquevillé sur lui-même devant une telle réaction. Le fait que certains Gryffondors auraient pu se faire acheter de la sorte n'avait pas d'importance.

« De plus, ma famille est peut-être riche mais ma Grand-mère en est toujours la Régente et elle surveille mes dépenses avec un œil de. » ajouta Neville. Il semblait hautement apprécier ce début de journée. « Je n'ai jamais plus de deux ou trois Gallions à dépenser. Compliqué d'acheter quelqu'un avec aussi peu d'argent, non ? »

Tout le monde connaissait la grand-mère du Survivant, bien sûr et beaucoup grimacèrent en songeant à sa réputation. En effet, aucune personne saine d'esprit ne voudrait se retrouver avec Augusta Londubat comme ennemie. Soudoyer quelqu'un était une technique qui ne lui plairait forcément pas. Et le mieux placé pour le savoir était sans aucun doute son petit-fils.

Les occupants de la Grande Salle restèrent silencieux même lorsque Neville hocha la tête, l'air immensément satisfait. Il se tourna ensuite vers Hadrian.

« Il fait beau, dehors. » annonça-t-il amicalement.

Hadrian haussa un sourcil. « Ah oui ? »

« Ouaip ! » Neville se retourna, tendit le bras et attrapa une panière emplie de pain frais. « Ça fait longtemps que nous n'avons pas fait de pique-nique. D'autant plus que, d'ici peu, nous serons sous la neige. »

Hadrian percuta rapidement et partagea un regard amusé avec Orion, Ron et Hermione.

« Eh bien, autant en profiter ! » déclara Hermione en transformant une serviette de table en nappe de pique-nique pendant que Ron – qui avait un grand sourire plaqué sur le visage – et Neville attrapaient quelques plats ici et là.

« Nous allons nous joindre à vous. » affirma Fred. George et Lee Jordan se trouvaient à ses côtés.

« Nous aussi ! » les informa Angelina en se désignant elle, Alicia et Katie. « Nous ne pouvons pas laisser nos cadets faire trop de bêtises sans surveillance autrement vous allez finir dans le lac ou quelque chose comme ça. »

Tandis que de plus en plus de Gryffondors les rejoignaient, Hadrian eut un doux sourire puis recula pour laisser les autres élèves entourer les trois amis.

C'était étrange. Ce n'était pas ce que Hadrian avait prévu qu'il se passe. Il avait simplement voulu rabattre son caquet à son double et peut-être également de calmer un peu le jeu.

Il ne s'était vraiment pas attendu à ce que toute la Maison de Gryffondor se rallie à la cause de Neville.

Son sourire faiblit. Qu'avait-il bien pu faire pour ne pas obtenir ce soutien quand les trois-quarts de l'école s'étaient retournés contre lui ? Peut-être était-ce dû au fait que … eh bien, il n'avait pas de Hadrian à ses côtés. Dans son univers, il n'avait pas eu de Harry Potter provenant d'une autre dimension pour le défendre.

Intérieurement, il se secoua. Cela n'avait plus d'importance. Il avait tenu bon. Mince, même en quatrième année, il avait eu les deux années d'avant pour s'y habituer.

« Est-ce habituel chez toi ? » s'enquit Orion, derrière lui. Hadrian fronça les sourcils, perplexe.

« De protéger les gens dans le be- » Le loup-garou marqua une pause avant de simplement clarifier. « De protéger les gens. »

Hadrian sourit à nouveau. « On pourrait dire ça, oui. On m'a déjà fait remarquer qu'il était fréquent que je vole au secours de la veuve et de l'orphelin. Ça peut s'avérer ennuyeux, de temps à autres. »

Orion le scruta longtemps, insondable.

« Je suis heureux que tu sois venu à Poudlard. » dit-il enfin avant de rapidement se détourner de lui pour aller aider Hermione, qui portait de nombreuses assiettes. Hadrian n'eut pas le temps de lui répondre.

Le Poufsouffle cligna des yeux en regardant Orion se mettre en mouvement puis il baissa les yeux et se mit à jouer avec la bretelle de son sac. Pour une journée que Hadrian avait quelque peu redoutée, elle se déroulait plutôt bien.

Les Gryffondors se dirigeaient tous vers la porte de la Grande Salle, se faufilant entre les élèves effarés de Beauxbâtons et Durmstrang et les professeurs tout aussi stupéfaits. Il n'y avait aucune règle interdisant de manger dehors et les elfes de maison n'auraient aucun problème pour le nettoyage du moment qu'ils restaient sur les terres de l'école.

« Allez viens, Hadrian ! » brailla Neville en se séparant de la foule de rouges et or pour venir se placer devant son ami. « Qu'est-ce que tu fais ? Tu manges avec nous, allons-y. »

Orion les attendait près de la porte, échangeant brièvement avec ses parents. Ces derniers regardaient passer le troupeau d'élèves avec une fierté certaine. Comme s'il avait senti son regard sur lui, Orion lui lança un regard interrogateur.

Hadrian hocha la tête et suivit Neville, attrapant au passage quelques assiettes des mains mêmes d'Orion lorsqu'ils arrivèrent à son niveau.

« Bonjour Sirius, Remus. » les salua-t-il.

Sirius rayonnait littéralement de bonheur et Remus lui adressa un sourire tendre.

« Je comprends maintenant la raison pour laquelle tu as été réparti à Poufsouffle. » commenta Remus.

« Mais tu es également un Gryffondor honoraire ! » ajouta son mari avec un grand sourire. « Il faut en avoir dans le ventre pour tenir tête à sa propre Maison. »

Il pouffa de rire quand Hadrian rougit, légèrement embarrassé. Il tourna ensuite les yeux vers un autre étudiant. « Salut, Neville ! Tu tiens le coup ? »

Neville hocha poliment la tête. « Ça va, Sirius. »

« C'est une bonne chose. » Sirius tapota l'épaule de son fils puis le poussa vers ses amis. « Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Après tout, un pique-nique vous attend ! »

Ils leur dirent au revoir puis s'en furent. Hadrian ne fit pas de commentaire sur l'échange quelque peu guindé qui avait eu lieu entre Neville et Sirius. Cela prendrait sûrement un peu de temps à certains adultes pour se faire à l'idée que le garçon et Orion étaient désormais amis.


Quand Luna le vit pour la première fois, le seul mot qui lui vint à l'esprit fut : tempête.

Parce que c'était ce que Hadrian Evans était. Une tempête faisant rage à Poudlard, changeant tout sur son passage. Une partie d'elle-même se demandait s'il n'était pas un esprit du vent mais ils ne prenaient que très rarement forme humaine, aussi en doutait-elle.

Luna ne comprenait pas comment une personne ne pouvait pas voir à quel point il était différent. Possiblement pour la même raison qui faisait qu'ils ne pouvaient pas percevoir les Nargoles et Joncheruines. Certaines personnes ne possédaient simplement pas cette habilité.

En premier lieu, elle n'avait pas su quoi faire de lui. Elle n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi disposé à faire fi des règles tacites et des préjugés de l'école.

Elle l'avait toutefois observé, quand elle n'avait pas été entrain de houspiller les Nargoles pour avoir cacher ses devoirs et chaussures. Et elle l'avait vu tranquillement prendre sous son aile le Trio, sans même qu'ils ne s'en rendent compte. Les Gryffondors menaient paisiblement leur vie et ne semblaient pas remarquer ce que Luna pouvait discerner. Lentement mais sûrement, le jeune homme les faisait changer, chamboulait leurs opinions.

Il y avait également le Poufsouffle qui avait été nommé Champion de Poudlard. Il prenait soin de Hadrian sans se rendre compte, qu'en réalité, c'était l'inverse.

Et après tout cela, Luna avait observé le quatrième année, la tempête, s'insinuer chez les Serpentards et se lier d'amitié avec trois d'entre eux. Même les autres serpents qui étaient suspicieux avaient arrêté de rouspéter lorsque Hadrian s'asseyait à leur Table.

Mais ce ne fut seulement lorsque le garçon de la lune eut tourné le dos à sa première meute – la meute qui n'avait jamais été réellement gentille, de toute manière – pour en rejoindre volontairement une autre qu'elle avait eut un espoir. Elle avait regardé Hadrian Evans et souhaité, juste un tout petit peu, qu'il viendrait bientôt faire un tour à Serdaigle. Peut-être qu'alors, enfin, quelqu'un serait prêt à voir ce que Luna voyait.


Tout ne devint pas rose instantanément, surtout dans la Maison de Hadrian. Après tout, il avait insulté un camarade de Maison - un aîné, qui plus est – et avait poussé tous les Gryffondors à se retourner contre tous les autres. Indirectement.

C'est pourquoi, à la fin de la journée, lorsque Hadrian retourna aux sous-sols de Poufsouffle, ses amis s'inquiétant pour lui, tous ses sens étaient en alerte. Prêt à se défendre si quelques uns des élèves les plus impulsifs décidaient d'extérioriser leur irritation sur lui.

Il y avait assurément une pointe de ressentiment dans l'air quand il traversa la salle commune et les aînés avaient l'air particulièrement maussade. Toutefois, personne n'essaya de lui lancer un sort ou même de l'approcher pour tenter de déclencher une rixe.

Il ne vit pas Cédric en avançant. Le préfet s'était certainement retiré pour la nuit puisqu'il n'était pas de patrouille dans les couloirs de l'école, ce soir-là.

Hadrian ignora les regards accusateurs qui se posèrent sur lui et se fraya un chemin jusqu'aux tunnels qui menaient aux dortoirs. Cette atmosphère lui rappelait la débâcle qui s'était ensuivi après l'histoire du dragon, durant sa première année.

Lorsqu'il atteint sa chambre, il trouva Smith en train de rôder autour de sa valise, dos à la porte.

Les lèvres de Hadrian se pincèrent. « Smith, éloigne-toi de ma malle. »

Son colocataire sursauta et fit volte-face. Son visage affichait un mélange de surprise et de culpabilité. « Je n'étais pas en train de toucher à tes affaires. » se défendit-il.

Hadrian haussa un sourcil, sceptique tandis qu'il accrochait son sac à un des crochets, près de son lit. « Ah bon ? »

« Non ! » rétorqua Smith d'un ton hargneux avant de lui lancer quelque chose. Hadrian attrapa l'objet en question avec aisance et posa son regard sur son manuel d'Histoire de la Magie. Par hasard, l'aurait-il …

« Tu l'as oublié en classe après l'avoir prêté à Hannah. » déclara son camarade de chambre, dédaigneux. « Je me suis dit que j'allais te le rendre mais si j'avais su que tu te conduirais comme un salaud, je- »

« Je suis désolé. » l'interrompit Hadrian et il l'était vraiment. Il n'était pas du genre à tirer des conclusions hâtives mais, donné l'occasion, le Smith de son monde n'aurait pas hésité à vandaliser ses possessions. « J'aurais dû d'abord demandé. Je m'excuse. Merci pour me l'avoir ramené. »

Smith parut un peu surpris de son excuse mais l'irritation s'effaça et le garçon haussa les épaules, apaisé. Il retourna à son lit. Hadrian le regarda faire puis retira ses robes.

« Où sont les autres ? » Hadrian jeta un coup d'œil au reste de la chambre mais ne vit personne.

« Wayne prend sa douche. » Smith fit un vague geste de la main en direction de la porte fermée de la salle de bain. « Il prend son temps, celui-là. Sans rire, les filles sont deux fois moins longues que lui. Ernie et Justin sont en train d'avoir … une petite discussion avec Diggory. »

Hadrian s'accroupit, fronçant les sourcils d'un air distrait tandis qu'il enlevait les sorts de protection posés sur sa valise d'un simple geste de la main. « 'Une petite discussion ?' Je ne savais pas qu'ils étaient amis. »

Smith soupira. « Ce n'est pas une discussion amicale, si tu vois ce que je veux dire. »

Alarmé, Hadrian écarquilla les yeux et se redressa vivement. « Pour quelle raison ? Cédric leur a-t-il fait quelque chose ? Il n'est pas du genre à contrarier les gens intentionnellement. »

Smith leva les yeux au ciel. « T'as beau être intelligent, parfois, t'es un peu con sur les bords. Nous étions ce matin, au petit-déjeuner, tu sais. Nous vous avons entendu parler, Diggory et toi. Notre Champion glorifié ne pense pas que Londubat soit innocent. »

Hadrian scruta son camarade de chambre, incrédule. « Et vous le croyez ? »

Smith eut une moue de dédain. « S'il y a bien une chose sur laquelle on peut compter, c'est sur la parole d'Augusta Londubat. Elle fait office de loi dans notre famille. Cette femme est un vrai dragon. Si jamais elle apprend que son petit-fils à soudoyé quelqu'un, qu'il a commis quelque chose qu'elle considère comme particulièrement vil et vulgaire, elle va le tuer. Métaphoriquement parlant. Enfin, je crois. »

Hadrian était complètement perdu. « Attends, attends, notre famille ?! Neville et toi êtes parents ?! »

Smith lui lança un regard qui trahissait son exaspération. « Mon père, Gabriel Smith, est le cousin d'Alice Londubat, née Smith. Cela fait de Londubat et moi des cousins au second degré. Tu me suis ? »

Hadrian eut beaucoup de mal à ne pas être bouche-bée. Neville ne lui en avait jamais touché mot. « Mais tu l'appell- »

« Nous ne sommes pas proches, ça se voit, non ? » le coupa sèchement Smith. Hadrian était certain qu'il y avait une histoire derrière tout ça. « Et je n'en aurais pas grand-chose à faire, si jamais il avait vraiment mis son nom dans la Coupe. Mais le fait est qu'il n'y est pour rien. Je ne suis pas un mouton, Evans. »

Ce dernier haussa les sourcils pour montrer qu'il avait compris puis resta silencieux, histoire de digérer ces nouvelles informations. « Mais alors, pourquoi Ernie et Justin sont-ils … »

Il s'arrêta de parler et pointa plutôt la porte du doigt.

Smith ricana, s'allongeant sur son lit. « Je n'écoutais pas vraiment mais ils parlaient de toi, comme quoi tu étais notre camarade et tout, et aussi comme quoi il faut défendre ses amis, même si on ne les connaît pas vraiment. Du coup, ils sont allés dire leurs quatre vérités à Diggory. Personnellement, je suis d'avis que tu sais très bien te défendre tout seul alors tu m'excuseras de ne pas me démener comme un fou pour Sa Majesté. »

Même Hadrian ne put s'empêcher d'avoir un sourire en coin. Il était étonnamment facile de s'entendre avec Smith, maintenant qu'ils étaient de la même Maison. Ou peut-être que le Zacharias Smith de ce monde était légèrement différent du sien.

« Wayne voulait se joindre à eux, lui aussi. » ajouta Smith avec désinvolture. « Mais il n'est pas du genre à aimer la confrontation. Donc il s'est contenté de mettre des Bombabouses dans le lit de pratiquement tous les sixièmes années. Il a spécialement insisté sur le lit de ce crétin qui ne savait pas à quel point les Londubat sont riches. Il y en a trois sous son lit et une sous son matelas, toutes prêtes à exploser. »

« Quoi ?! » glapit Hadrian.

Smith hocha la tête avec mépris. « Je sais. C'est incroyablement peu imaginatif. Il aurait au moins dû mettre du Savon Sauteur dans – »

« C'est n'est pas ce que je voulais dire ! » Hadrian ne pouvait décoller ses yeux de Smith. « Vous êtes devenus fous ? Pourquoi est-ce que vous faites ça ? »

Smith le regarda dans les yeux, l'air singulièrement blasé. « Je retire ce que j'ai dit à propos de ton intelligence. T'es juste con, c'est tout. »

Sur ce, il roula sur son flanc, ouvrit un livre et ignora complètement Hadrian.

Hadrian serra les dents. Foutu Smith. Le Poufsouffle l'agaçait moins, certes, mais il lui tapait malgré tout sur les nerfs.

Il poussa un soupir puis songea à Cédric. Il le pesa le pour et le contre et décida de ne pas voler à la rescousse de Cédric. Le préfet allait devoir se débrouiller tout seul. Bon en même temps, Ernie et Justin n'étaient pas les individus les plus durs à gérer. Hadrian se dit qu'il allait avoir à remercier les deux adolescents. Ce n'était pas quelque chose à laquelle il s'était attendu.

Et il ne toucherait pas aux Bombabouses, elles ne feraient de mal à personne.


Le lendemain, au petit-déjeuner, malgré l'heure particulièrement matinale, une bonne moitié de la Maison Poufsouffle était présente. La plupart des élèves s'étaient éloignés le plus possible de Hadrian, comme pour montrer que le 'traître' qu'il était n'était plus le bienvenu dans leur Maison.

Hadrian devait se retenir de rire.

Le Trio et Orion n'étaient pas encore arrivés – même si le loup-garou possédait des sens accrus et se réveillait au moindre bruit suspect, il aimait dormir. Les Serpentards, quant à eux, tentaient toujours tous d'arriver exactement cinq minutes avant que le petit-déjeuner ne commence officiellement. Aussi, à cette heure-là, leur Table était complètement vide.

Son regard balaya la salle. Une petite poignée de Gryffondors sommeillaient sur leurs bancs. Les élèves de Durmstrang et Beauxbâtons n'étaient pas là pour le moment. À Serdaigle …

Ah.

Comme si elle avait senti son regard se poser sur elle, la petite blonde assise au bout de la Table de Serdaigle leva les yeux sur lui, impénétrable. Elle ne sourit pas, ne fit aucun signe quelque ce soit. Elle plongea juste ses yeux dans les siens, ceux-ci empreint de cette sérénité rêveuse et un tant soit peu curieuse que Hadrian avait toujours associée à Luna Lovegood.

Il sourit, attrapa son sac. Depuis le début de l'année scolaire, il avait plusieurs fois repéré Luna mais n'avait jamais trouvé d'excuse pour lui parler. De plus, percer les défenses d'Orion l'avait occupé pendant bien un mois et demi.

De temps à autres, il avait eu l'impression que Luna l'observait, elle aussi mais en tournant les yeux vers elle, il l'avait toujours trouvé en train de faire autre chose aussi avait-il mis cette idée de côté.

Néanmoins, là, Luna était clairement en train de le dévisager et une approche directe convenait très bien à Hadrian.

« Salut. » dit-il en s'asseyant à côté de la jeune fille en question. « J'espère que ça ne te dérange pas que je me joigne à toi. »

Luna pencha la tête sur le côté. « Bonjour, non, ça ne me dérange pas. »

Hadrian lui tendit sa main. « Tu le sais probablement déjà mais je m'appelle Hadrian. Quel est ton nom ? »

La jeune fille observa sa main avant de la prendre dans la sienne sans pour autant la serrer. Elle la retourna, paume vers le haut et l'examina attentivement. Habitué à ses lubies, Hadrian n'y prêta pas attention.

« Je m'appelle Luna. » dit la blonde, toujours concentrée sur sa main. « Es-tu un esprit du vent ? »

Le jeune homme ne réagit même pas, acceptant sans sourciller qu'elle passe du coq-à-l'âne. « Je ne crois pas, non. »

« Oh ? » Luna eut l'air vaguement déçue en relâchant sa main. Puis son visage s'éclaira à nouveau. « Peut-être as-tu simplement oublié que tu en étais un. Quand ils prennent forme humaine, les esprits du vent sont particulièrement sensibles aux Joncheruines et par conséquent, leurs souvenirs sont un peu flous. Pendant un temps, du moins. Généralement, ils finissent par retrouver la mémoire. »

Hadrian sourit affectueusement à la Serdaigle. « Je te crois sur parole. Si je commence à me souvenir de choses que j'aurais oubliées, je t'en informerai. »

Luna en parut enchantée. « Vraiment ? Ce serait génial ! Mon père dit que les esprits du vent préfèrent rester entre eux. Mais lorsqu'ils se joignent à nous, c'est synonyme de grands changements. »

Le Poufsouffle étudia attentivement la blonde. Même s'il était certain que quelques unes des créatures dont Luna aimait parler étaient purement fantasmagoriques, par moments, ce qu'elle disait avait des allures prophétiques. « Des bons ou des mauvais changements ? »

Le yeux gris de Luna se firent intenses. « Ça dépend. »

« De quoi ? »

« De l'esprit du vent, bien sûr ! » sourit Luna. Elle n'en dit pas plus, préférant concentrer son attention sur le collier de bouchons de Bièraubeurre sur la table.

Hadrian fronça les sourcils en découvrant que les bouts effilochés de la ficelle. « Luna ? Est-ce que quelqu'un a touché à ce collier ? »

« Hmm ? » Luna caressa délicatement la ficelle. « Oh, je l'ai laissé sur ma table de nuit, il y a quelque temps. Les Nargoles ont dû le casser accidentellement quand ils ont essayé de le prendre. Ce sont des voleurs particulièrement espiègles, tu sais. »

Hadrian nota la façon qu'elle eut de baisser les yeux. Luna savait déjà mais préférait ne pas en parler. Son regard se posa sur l'entrée de la Grande Salle lorsque le niveau sonore s'intensifia, signalant l'approche de nouveaux élèves.

« Dis-moi, Luna, » Lorsqu'elle leva les yeux, il lui indiqua le troupeau de Serdaigles qui venaient d'entrer d'un signe de la tête. « Est-ce que les Nargoles ressemblent un peu à ces personnes ? »

Luna jeta un coup d'œil par-dessus son épaule avant de se concentrer de nouveau sur Hadrian. Le regard qu'elle lui adressa était exceptionnellement vif et inquisiteur. Hadrian se contenta de calmement fixer ses yeux dans les siens.

« Mm. » acquiesça-t-elle finalement. « Ils ressemblent un peu aux trois personnes de droite. »

Hadrian tendit la main et envoya une étincelle de magie dans les bouts coupés de la ficelle, la réparant en un instant avant de refermer les mains de Luna autour. La jeune fille ne put cacher sa surprise.

Sans marquer de pause, l'attention du Poufsouffle se reporta sur le groupe de Serdaigles et, plus particulièrement, sur les trois adolescentes riant bêtement sur la droite.

Cho Chang. Marietta Edgecombe. Rebecca Kinley.

Il concentra sa magie sur les jeunes femmes et lança successivement trios rapides Sorts de Changement de Couleur. Leurs cheveux se parèrent d'un orange vif et criard. Après y avoir réfléchi un instant, il changea également leurs tresses en coupes afros particulièrement bien réalisées, selon lui.

À ses côtés, il remarqua que la mâchoire de Luna s'était décrochée. Il fallut très exactement deux secondes et demie aux trois amies pour se rendre compte que quelqu'un avait touché à leurs cheveux.

Des cris stridents résonnèrent dans la salle, immédiatement suivis de nombreux éclats de rire.

Hadrian bondit sur ses pieds et tendit sa main à la blonde. « Viens, Luna. Viens manger avec mes amis et moi, aujourd'hui. Nous pourrons admirer leurs nouvelles coiffures depuis la Table de Gryffondor. »

Luna laissa échapper un rire avant de plaquer sa main sur sa bouche, l'air étonnée. Hadrian sourit de toutes ses dents et attrapa son autre main.

« Tu as le droit de rire, tu sais. » annonça le Poufsouffle en la tirant sur ses pieds. Il agrippa son sac de livres tandis qu'elle récupérait son collier avant de la mener vers la Table des rouges et or.

« Tu n'avais pas à faire ça. » chuchota la jeune fille lorsque Hadrian se mit en marche à ses côtés.

Hadrian pencha la tête sur le côté puis resserra sa prise sur sa main. Suite à quoi, il s'arrêta abruptement. « J'ai décidé que j'allais devenir ton ami, Luna. » déclara le quatrième année. Il ignora la manière qu'eurent ses yeux de s'écarquiller. « Je prends toujours soin de mes amis. Toujours. »

Il considéra le sourire légèrement tremblant qu'il obtint en réponse comme une victoire.


Neville, Ron et Hermione semblèrent tous un peu confus de l'apparition soudaine de Luna dans leur cercle d'amis mais après Draco, Blaise, Théo et Orion, ils l'acceptèrent sans trop poser de questions. Orion n'en avait pas grand-chose à faire, même s'il tressaillait à chaque fois que Luna l'appelait 'garçon de la lune'.

Bien évidemment, il ne fallut pas longtemps avant qu'un débat n'éclate entre Hermione et Luna. Le sujet ? L'existence – réelle ou non - des créatures que Luna pouvait discerner. Hadrian ne comptait pas s'en mêler sauf si cela se transformait en crêpage de chignon. Elles finiraient par devenir bonnes amies, il en était certain.

À part cela, et l'occasionnelle envie de baffer Ron lorsqu'il surnommait la jeune fille 'Loufoca' par accident, il n'y eut pas de problème de ce côté-là. Luna sembla parfaitement s'intégrer à leur vie de tous les jours. De toute manière, leur groupe était déjà étrange.

Hadrian et Cédric ne se parlaient toujours pas mais ce problème fut rapidement réglé lorsque, deux jours après que Hadrian l'ait envoyé promené, le préfet agit pour mettre fin à leur conflit.

Il se leva de sa table, s'en prenant brutalement à ses amis lorsque leurs marmonnements indignés quant à la nomination de Neville atteignirent les oreilles des élèves des autres Maisons. D'un pas décidé, il se dirigea vers la Tables des Gryffondors et se planta devant le Survivant.

« Neville, je suis désolé. » Le sixième année s'exprima suffisamment fort pour ses paroles puissent être entendues par la moitié de la Maison de Poufsouffle. Neville, lui, eut l'air estomaqué. « J'aurais dû croire en ton innocence, même si tu n'avais rien dit. J'ai été un véritable idiot. Je m'en excuse. »

Neville bredouilla pendant un moment avant de trouver les mots. Hadrian savait que le Gryffondor n'avait jamais pu être rancunier. Sauf s'il s'agissait de Voldemort ou de Bellatrix. Ou encore d'Ombrage.

« C'est bon, ne t'inquiète pas. » lui assura Neville avant de se déplacer sur sa gauche pour laisser de la place à l'autre. « Tu veux t'asseoir avec nous ? »

Cédric hésita et tous les yeux du groupe se posèrent sur Hadrian. Ce dernier releva la tête, le regard posé sur le préfet puis haussa un sourcil. Honnêtement, tout ce qu'il avait voulu était que Cédric s'excuse auprès de Neville et c'était exactement ce qu'il avait fait. S'il avait tenté de se faire pardonner auprès de Hadrian, le Poufsouffle lui aurait lancé un sort. « Eh bien, qu'attends-tu ? Une invitation papier ? »

Cédric sourit jusqu'aux oreilles, son expression teintée de soulagement lorsqu'il s'assit à côté de Neville.

« Salut, moi c'est Cédric. » se présenta amicalement le préfet à Luna, assise en face de lui, à côté de Hadrian. « Tu es l'une d'entre nous, maintenant ? Eh bien, je suis certain que Hermione est heureuse de ne plus être la seule fille du groupe. »

Hermione marmonna dans sa barbe et souffla d'un air exaspéré mais ne le contredit pas.

Luna sourit de son air rêveur à Cédric. « Je m'appelle Luna. Savais-tu que Hadrian était peut-être un esprit du vent ? »

Cédric se tourna vers ce dernier et lui lança un regard perplexe. Ce à quoi Hadrian répondit en lui sortant son expression 'fais avec, mon pote'. Le Poufsouffle parut toujours un peu confus mais il se concentra à nouveau sur Luna qui lui parlait des esprits du vent.

Satisfait, Hadrian parcourut la salle d'un vif coup d'œil, les coins de sa bouche tressautant en repérant Cho, Marietta et Rebecca. Elles s'étaient installées au bout de leur Table, la tête rentrée entre les épaules et arborant des chapeaux qui ne cachaient pas franchement leurs coupes afros. Elles mangeaient vite, sûrement pour s'éclipser aussi vite que possible. Leurs nouvelles coupes ne partiraient pas avant la fin de la semaine.

« Est-ce là ton œuvre, Maboul ? » Fred et George se tenaient derrière lui et, s'il n'avait pas reconnu leurs voix, il leur aurait très certainement lancé un sort.

« Je ne vois absolument pas de ce dont vous voulez parler. » répondit-il, l'air de rien.

« Oh, nous connaissons ce regard fier et satisfait qu'arbore un farceur qui vient de commettre un méfait. » ricana George.

« Tu t'es surpassé, je dois dire, Hadrian. » déclara Fred, admirateur.

Hadrian rigola. « Heureux que ça t'ait plu, Fred. »

« Fred, ce n'est pas moi. » objecta machinalement Fred. « Moi, c'est George. »

« Et Fred, c'est moi. » intervint son jumeau.

Hadrian ne fit même pas l'effort de se retourner pour leur adresser un regard peu convaincu. « Nan, celui qui est à gauche, c'est Fred et George est à droite. Vous n'arriverez pas à m'avoir avec votre jeu. »

S'ensuivit un moment de silence songeur.

« Et maintenant ? » s'enquirent simultanément les jumeaux.

Cette fois-ci, Hadrian leva les yeux sur eux. Ils avaient échangé deux fois de places, semblait-il. « Fred est toujours à gauche, George, toujours à droite. »

Il se retourna et passa le poivre à Ron quand le roux le lui demanda.

« Et là ? » reprirent les deux frères.

Hadrian soupira puis leur jeta un coup d'œil scrutateur. « Fred, à droite, George est à gauche. Combien de fois allez-vous me le demander ? »

Les deux roux n'échangèrent plus de place, préférant regarder fixement le Poufsouffle du regard, sans cligner des yeux. Hadrian haussa un sourcil interrogateur. À les voir, on aurait pu croire que ce qu'il venait de faire relevait de l'impossible. Bill arrivait à les différencier et, étonnamment, Percy possédait lui aussi cette habilité. Ron avait toujours besoin d'un peu de temps mais autrement, il arrivait à trouver qui était qui huit fois sur dix.

« Notre propre mère n'arrive pas à nous dépareiller. » annonça Fred après une bonne minute de silence.

« Notre père en est tout autant incapable. » ajouta George.

« Comment y arrives-tu ? » l'interrogèrent-ils.

« Ce n'est pas si compliqué que ça. » déclara Hadrian. Mince, il avait été en mesure de les différencier depuis leur première rencontre. Il n'avait jamais compris pourquoi cela représentait une telle difficulté pour les autres.

« Mais comment ? » insista George. « Tu ne t'es même pas retourné, la première fois. »

Hadrian fronça les sourcils. « La voix de Fred est juste un tout petit peu plus profonde que la tienne, George. Généralement, c'est suffisant pour que je sache qui est qui. De plus, vous vous ressemblez, certes, mais vous n'êtes pas identiques non plus. Et puis Fred est Fred et George est George. C'est aussi simple que ça. »

« C'est aussi simple que ça … » Fred réprima un éclat de rire, l'air quelque peu exaspéré.

« Nous t'en serions grandement reconnaissant si tu taisais la différence de voix, dans ce cas. » lui lança George. « Nous ne voudrions pas que le secret s'ébruite. »

Hadrian haussa les épaules – réellement, peu lui importait – avant de hocher la tête pour montrer son accord.

« Merci vieux. » George lui tapota l'épaule. Puis, comme d'un seul homme, les frères se tournèrent vers la Table des Professeurs. Hadrian suivit leur regard et tomba sur Ludo Bagman qui venait juste de se lever et se dirigeait vers la porte.

« Si tu veux bien nous excuser. » Les traits de Fred se firent plus déterminés.

Le visage de George affichait quelque chose de similaire. « Nous devons nous occuper de quelque chose. »

Et sur ce, les jumeaux fondirent sur Bagman. Hadrian ricana doucement quand le sourire de l'homme se fit plus hésitant. Bien fait pour lui.


« Je ne sais pas comment tu fais pour encore traîner avec Londubat, Diggory. » commenta Draco, l'air méprisant. « C'est ton ennemi, maintenant. »

« Nous sommes amis. » le corrigea distraitement Cédric.

« Et Neville n'a pas mis son nom dans la Coupe ! » ajouta Hermione avec hargne.

« Est-ce que j'ai dit qu'il avait fait quelque chose de la sorte, Granger ? » rétorqua le blond. « En toute honnêteté, Londubat est un tel piètre sorcier que ça en est risible. Sérieusement, je ne vois pas comment qui que ce soit peut croire qu'il a réussi à tromper un artefact aussi ancien et protégé. »

« Neville n'est pas un piètre sorcier ! »

Blaise, comme à son habitude, ne leur prêtait aucune attention, préférant écouter l'explication que Hadrian dispensait sur la rune octachore sur laquelle Théo et lui se baseraient pour leur projet de fin d'année, en Runes. Celle-ci était si compliqué que ça en devenait presque grotesque et c'était pour cette raison qu'ils s'y attaquaient aussi tôt. Draco avait jugé préférable de faire cavalier seul, comme toujours. Toutefois, il ne se pencherait très probablement dessus que début janvier, au plus tôt.

Néanmoins, ce qui était encore plus ridicule était le fait que Blaise était convaincu qu'Evans aurait pu créer ladite rune en quelques heures, deux à trois jours, tout au plus. Le Poufsouffle n'était en aucun cas normal.

« Il faut séparer chaque section et couche. » les instruisait Evans. « À chaque fois que vous en aurez fini une, je vérifierai que vous êtes dans la bonne voie. »

« Donc, en gros, il faut qu'on parte de l'intérieur pour aller vers l'extérieur. » s'assura Théo.

Evans acquiesça. « Il faut suivre un ordre bien précis lors de la création d'une rune composée de plusieurs couches. Tu ne pourras rien intégrer à la rune si les couches extérieurs ont déjà été façon- Draco, pour l'amour de Merlin, Morgana et Mordred, pourrais-tu cesser d'importuner Hermione ? Je vais finir par croire que tu as le béguin pour elle ! »

Théo ricana en avisant Draco qui rosit avant de lancer un regard noir au Poufsouffle. Hermione, quant à elle, avait l'air sensiblement horrifiée.

Blaise se renfonça dans son siège, un sourire moqueur sur les lèvres. Ces jours-ci, à chaque cours que Hadrian dispensait, on pouvait être certain que soit Draco, soit Granger serait réprimandé. En ce sens, le quatrième année était un peu mère poule même s'il était vrai qu'il fallait bien que quelqu'un les rappelle à l'ordre. Ces deux là s'entendaient comme chien et chat.

« La ferme, Evans. » maugréa Draco. « Je ne sais même pas pourquoi je te supporte. »

« Pour ma charmante personnalité, bien évidemment. » répondit Hadrian avec insolence. Le sourire moqueur de Blaise s'élargit. « Je t'avais bien dit que tu finirais par m'apprécier. »

Draco grogna, oubliant momentanément ses manières de Sang-Pur. « Certainement pas. À la limite, je ne suis ici que pour ton intellect. »

Comme d'habitude, Evans n'en parut aucunement offensé. Toutefois, ses traits se firent légèrement inquisiteurs.

« Tu ne vas pas prendre Neville à partie ? » s'enquit le Poufsouffle. Blaise détecta une étrange inflexion dans sa voix. Un petit quelque chose qu'il ne parvint pas à identifier. « Tu ne vas commencer à crier sur tous les toits qu'il cherche simplement à obtenir encore plus de célébrité ? »

Draco souffla, exaspéré. « Je suis beaucoup de choses, Evans. Riche, beau, presque trop intelligent, rusé et Sang-Pur pour ne nommer que quelques unes de mes humbles caractéristiques (Blaise dut réprimer un éclat de rire quand il entendit Granger commenter avec beaucoup de sarcasme, 'Que Merlin nous préserve du moment où il arrêtera de l'être !'), mais je ne suis pas un mouton. Je suis un Malfoy. Nos propres opinions sont ce qui importe le plus. Londubat n'aurait jamais eu les tripes de mettre son nom dans la Coupe. Il est bien trop Sainte-Nitouche pour ça. »

À la fin de sa tirade, Granger paraissait partagée entre rester silencieuse ou s'emporter. Finalement, elle choisit de croiser les bras sur sa poitrine et de se mettre à grommeler dans sa barbe.

Evans, lui, se mit à rire. Blaise ne comprenait pas forcément la raison pour laquelle son ami affichait une surprise aussi plaisante.

Draco non plus, semblait-il. « Quoi ? » s'indigna-t-il.

« Non, rien, ne t'inquiète pas. » Hadrian lui adressa un grand sourire chaleureux et presque … impressionné ? « C'est juste que très peu de choses parviennent encore à me surprendre, ces temps-ci. Aussi, quand ça arrive, ça me rend heureux. »

Draco eut l'air aussi sidéré qu'il était possible de l'être pour un Malfoy. Il se reprit après quelques instants. « Tu es vraiment étrange, Evans. » se décida enfin Draco.

Blaise ne pipa mot pendant l'échange, se concentrant sur ses devoirs quand Hadrian reprit ses explications. Il n'avait aucun problème à badiner mais il avait découvert que le meilleur moyen d'apprendre des choses sur une personne était de l'observer.


« Excusez-moi, mes demoiselles. » Hadrian plaqua un sourire placide sur son visage lorsque les trois filles - qui portaient toujours leurs coupes afros - se retournèrent.

« Qu'est-ce que tu veux ? » s'enquit Cho, légèrement agressive. De nombreuses personnes étaient sans doute venues les trouver pour se moquer de leurs nouvelles coiffures.

Hadrian fit glisser ses yeux sur leurs cheveux crépus avant de plonger ses yeux dans ceux de Cho. Les trois filles rougirent d'embarras et semblèrent sur le point de reprendre leur route.

« J'ai ouïe dire que vous connaissiez Luna Lovegood. » débuta-t-il en douceur.

Marietta lui lança un regard irrité. « Oui, et ? Si tu cherches Loufoca, on ne sait pas où elle est. »

« Luna est actuellement en compagnie de ses amis. » souligna tranquillement Hadrian, toujours adossé au mur, les bras croisés.

Rebecca renifla dédaigneusement. « Tu es ce quatrième année de Poufsouffle, nan ? Celui qui fait toujours des scènes pas possibles. Dernièrement, tu as fait ami-ami avec Loufoca, il me semble. »

« Ma réputation me précède, semblerait-il. » convint Hadrian. « Luna est une fille adorable. Je suis venu vous trouver pour vous demander de cesser de la persécuter. »

Marietta et Rebecca se regardèrent puis éclatèrent de rire. Cho se contenta d'adresser un sourire condescendant à Hadrian. « Qui a dit que nous la persécutions ? Loufoca ? Sa parole ne vaut rien. »

Hadrian lui sourit avec fausseté. « Allons, Miss Chang. » Sa voix prit une note condescendante à son tour, la jeune fille en question se hérissant à l'idée d'être prise de haut par un élève plus jeune qu'elle. « C'est un fait reconnu par tous. Évidemment, vous n'êtes pas les seuls à vous en prendre à elle de cette manière mais vous trois êtes les principales responsables de son malheur ici, à Poudlard. »

Il marqua une pause, son expression se faisant glaciale. En voyant son visage, les trois filles se raidirent puis eurent un mouvement de recul. « Je vous le demande gentiment. Veuillez la laissez tranquille à partir de maintenant. Il en va de même pour ses possessions. »

« Nous n'allons nous laisser marcher dessus par un quatrième année ! » s'emporta Cho. « Retourne d'où tu viens ! Je ne vois vraiment pas comment Cédric arrive à te supporter ! »

Ah. C'est vrai. Cédric avait emmené Cho au Bal de Noël, dans son monde. Et Hadrian lui-même avait un jour eu le béguin pour cette fille. Sérieusement, que lui était-il passé par la tête ?

« Très bien. » Hadrian fit un vif signe de tête en direction leurs coupes de cheveux. « J'espère que vous appréciez. Je doute réellement que cela disparaisse avant quelques temps. »

Silence.

« C'est toi l'enflure qui nous a fait ça ?! » hurla Marietta, ses mains volant vers ses cheveux. « Rends-nous nos anciennes chevelures ! »

Hadrian eut un sourire méprisant. Son aversion pour cette fille avait été encore plus forte que celle qu'il avait éprouvé à l'encontre du Smith de son monde. « Je ne crois pas avoir jamais dit que j'étais responsable de quoi que ce soit. Cela dit, je ne vois vraiment pas pourquoi vous cherchez à vous en débarrasser. Il s'agit d'une nette amélioration, sur toi, Edgecombe. »

Marietta rougit furieusement et sa main plongea dans la poche de sa robe, à la recherche de sa baguette. Hadrian fut bien plus rapide. Il lui lança un Sort d'Entrave qui immobilisa temporairement sa main.

« Je ne ferais pas ça, si j'étais toi. » l'avertit Hadrian sans réelle inquiétude. « Pour ta santé, je te le déconseille fortement. »

Les trois Serdaigles avaient désormais l'air grandement paniquées aussi Hadrian se dit-il qu'il devait peut-être légèrement calmer le jeu. Il avait réussi à méchamment briser mentalement des Mangemorts, sans avoir à fournir beaucoup d'efforts. Ces trois-là étaient de simples adolescentes, après tout.

Il libéra Marietta de son emprise et s'adressa aux filles, son ton décontracté. « Bon, est-ce que j'ai votre parole que vous allez laisser Luna en paix, dorénavant ? »

Les Serdaigles acquiescèrent frénétiquement, leur regards prudents tandis qu'elles s'éloignaient peu à peu de lui.

Hadrian sourit une nouvelle fois, joyeux. « Bien. Je sais de source sûre que vos coiffures reviendront à la normale entre samedi et dimanche. Bonne fin de journée à vous. »

Et sur ce, il s'en fut d'un pas tranquille, marquant une pause en arrivant au niveau de l'angle du couloir. Son regard se porta sur le Gryffondor installé contre une portion du mur, dos à la pierre.

« Tu te prends pour mon garde du corps ? » plaisanta Hadrian lorsqu'Orion le rejoignit.

Le loup-garou grogna. « L'avantage de ma condition est qu'il est singulièrement plus aisé de terroriser les gens. Je me tenais prêt à intervenir, juste au cas où. »

Hadrian rigola doucement. « Ne t'inquiète pas, je pense les avoir suffisamment effrayées comme ça. Pas forcément très éthique, par contre. Ca ne te dérange pas ? »

Orion émit un petit rire nasal. « Pourquoi le sort de ces trois-là m'importerait-il ? Lovegood est peut-être étrange mais ça ne veut en aucun cas dire qu'elle mérite d'être harcelée de la sorte. »

« Hmm. » Hadrian hocha la tête. « Content que tu vois les choses de cette façon. Mais je ne parlais pas de ça. »

Orion lui lança un fugace coup d'œil. « Quand tu passes à l'attaque, utilise tous les moyens qui te sont disponibles. Telle est ma philosophie. De plus, tu as seulement employé un peu de magie sans baguette et promis des afros permanentes si jamais elles ne se pliaient pas à ces nouvelles règles. C'est plutôt doux comme menace, elles devraient t'en remercier. »

Surpris, Hadrian rit. « Oui, peut-être bien, en effet. »

Orion lui lança un faible sourire. Dans son expression, pas une once d'accusation ou de jugement. Hadrian se demanda si le loup-garou se montrerait aussi tolérant si et quand il réaliserait à quel point Hadrian pouvait se montrer impitoyable.


« Hadrian, comment as-tu trouvé ton BUSE de Runes, niveau difficulté ? »

Hadrian jeta un coup d'œil à Ernie. Ses quatre camarades de chambre et lui effectuaient leurs devoirs sur leurs lits respectifs. « Plutôt simple. »

« Il voulait dire, pour nous, pauvres et humbles mortels, » s'exprima Smith d'une voix traînante, ne levant même pas les yeux du parchemin sur lequel il écrivait. « Si jamais on nous faisait passer un BUSE, à quel point serait-ce dur pour nous ? »

« Là, maintenant ? Assez compliqué. » médita Hadrian. « Les BUSEs comme ceux qu'on a en Histoire de la Magie et Arithmancie sont des examens écrits alors pas besoin de s'inquiéter pour un quelconque examen pratique. La plupart des autres, comme Enchantements ou Métamorphose nécessite qu'on démontre une connaissance pratique de la matière mais sont également accompagnés d'un examen papier. Toutefois, la Défense est purement pratique. Et il possible de gagner des points bonus en créant un Patronus. »

Quand il s'arrêta de parler, Hadrian nota que tous – même Smith – avaient posé leurs plumes et l'écoutait avec attention.

« Comment sais-tu tout ça ? » le questionna Justin, légèrement anxieux. « Est-ce que les professeurs sont censés nous en parler ? Est-ce que c'est Babbling qui t'a donné tout ces détails ? »

« Les enseignants vous brossent un vague tableau de ce qui vous attend juste avant que vous ne passiez vos BUSEs. » répondit plus ou moins Hadrian.

« Et comment es-tu au courant, pour le Patronus ? » intervint Hopkins. « On ne nous apprend pas ce genre de choses à l'école. Il me semble d'ailleurs que même la plupart des adultes sont incapables d'en créer un. »

« Quelqu'un m'en parlé. » annonça Hadrian avant d'essayer de rediriger la conversation vers un autre sujet. « Enfin bref, on peut gagner quelques points supplémentaires en parvenant à produire une fine volute mais ce qui fait réellement la différence au niveau de la note, c'est la création d'un Patronus corporel. »

« Est-ce que tu es en mesure d'en faire un ? » le défia Smith. « Un Patronus corporel, je veux dire. »

Hadrian hésita brièvement avant de hocher lentement la tête. Dans sa tête, il passa en revue ses trois Patronus. Ce sort avait toujours été sa spécialité après qu'il soit parvenu à le maîtriser. Cela lui avait d'ailleurs été d'une grande aide durant la guerre.

« Alors, tu peux nous le montrer, s'il te plait. » s'enthousiasma Ernie.

Les lèvres de Hadrian tiquèrent. « Je n'aime pas forcément que beaucoup le sache. Ce n'est pas vraiment commun pour un garçon de quatorze ans d'être capable d'une telle chose. »

« Ça ne sortira pas d'ici. » lui jura Justin. Hopkins et Ernie acquiescèrent à leur tour avec sérieux. Smith, lui, inclina la tête pour montrer son consentement.

Bon, ça ne pouvait pas faire de mal, se dit Hadrian. Même si ce fait s'ébruitait, techniquement, il avait été en mesure de produire un Patronus corporel depuis ses treize ans. Il ne leur montrerait simplement pas son cerf. Ce dernier avait tendance à laisser une empreinte plus vivace dans l'esprit de ses spectateurs. Après tout, un cerf était rare et ne manquerait pas d'alarmer certaines personnes, si jamais celles-ci en entendait parler. Ah, et il serait peut-être judicieux de sa part de mettre sa baguette à profit.

Hadrian songea à ses amis actuels, bavardant gaiement dans la Grande Salle et installés à la Table des Serpentards, qui plus est. Cela fait, il pointa sa baguette au centre de la pièce. « Expecto Patronum. »

Une brume argentée s'échappa du bout de sa baguette avant de prendre la forme d'un chien massif. Avec rapidité, le canidé parcourut la pièce de bout en bout, Justin glapissant et relevant vivement ses jambes quand il passa à son niveau à toute vitesse. Il fit une deuxième fois le tour de la chambre, à l'affût du moindre danger après quoi il revint en trottinant vers Hadrian. De sa truffe, il poussa sa main, inquisiteur.

« Il n'y a pas de danger, ici. » souffla Hadrian. Il déposa sa main sur la tête argentée du chien. « Je ne fais que t'exhiber, Padfoot. »

Le Patronus se blottit contre son genou pendant une seconde avant de finalement disparaître.

Silence impressionné. Hadrian leur laissa un moment pour digérer ça, posant ses yeux sur son essai de Métamorphose auquel il ajouta quelques mots.

« C'était génial ! » s'exclama finalement Ernie et, dans sa voix, on ne pouvait entendre que de la sincérité. Hadrian lui sourit, une étincelle de fierté réchauffant sa poitrine.

« Est-ce … est-ce que tu pourrais nous apprendre comment faire ? » le questionna Hopkins avec hésitation. « Enfin, je veux dire, je suis complètement naze en DCFM et en Sortilèges – je l'admets volontiers. Je suis bien meilleur en Métamorphose. Ça va être assez compliqué d'obtenir mon BUSE en Défense alors je ne vais pas cracher sur la possibilité d'acquérir des points bonus. »

Il marqua une pause puis eut l'air légèrement découragé. « Mais bon, j'imagine que je n'y arriverai pas puisque je suis nul pour le reste et- »

« Tout ce que nécessite la création d'un Patronus est un souvenir heureux et de la volonté. » le coupa Hadrian. « Bien sûr, il est obligatoire de s'entraîner mais la première étape consiste en se remémorer un souvenir particulièrement heureux de votre vie, de le garder en tête puis de lancer le sort. Personne ne sait à quoi son Patronus va ressembler avant qu'il ne soit créé. Et même après, ils peuvent changer de forme. »

« Vrai ? » Justin se pencha vers l'avant. « C'est la première fois que j'en entends parler. »

« Oui. » acquiesça Hadrian, passant automatiquement en mode professeur. « Un Patronus symbolise généralement une personne de confiance à qui tu pourrais confier ta protection alors la forme peut évoluer selon les circonstances. »

« Est-ce que tu peux nous l'enseigner, dans ce cas ? » Ernie paraissait excité à cette perspective. « Imagine ça, nous, des élèves de quatrième année, en mesure de lancer un Patronus ! »

Hadrian prit cette option en considération, songea au Crapaud, à Neville et à l'Association de Défense que quelqu'un créerait peut-être l'année d'après. Il secoua la tête en signe de dénégation. Le visage d'Ernie se décomposa, déconfit et tous les autres eurent l'air plus que déçus. Smith le fusillait maintenant du regard.

« Pas maintenant. » poursuivit Hadrian, catégorique. « Écoutez, je vous propose un marché. Si, l'année prochaine, vous souhaitez toujours apprendre ce sort, je vous l'enseignerai. »

« On ne sera jamais apte à produire un Patronus avant les BUSEs, si on s'y prend l'année prochaine. » grommela Smith qui tentait de paraître à la fois ennuyé et peu intéressé.

Un sourire moqueur vint peindre les lèvres de Hadrian. « Oh, crois-moi, si vous êtes toujours partant à ce moment-là, j'aurais pleinement le temps de me consacrer à votre apprentissage du sort. »

« Très bien, dans ce cas. » consentit brusquement Ernie. « En cinquième année. On veillera à ce que tu tiennes ta parole, Hadrian. »

Hadrian sourit et hocha la tête. Tous se remirent alors au travail.

Si le Crapaud Rose faisait une nouvelle fois irruption dans leur école, ce serait à eux de décider si passer outre les règles qui seraient alors instaurer voudrait la peine ou non.


Nous étions un samedi matin, tôt dans la matinée – assez tôt pour que le brouillard glacial ne ce soit pas encore dissipé.

Hadrian avait effectué son jogging, comme tous les matins mais, après une longue douche bien chaude et rien à faire – il avait déjà fait ses devoirs – il avait prit la décision d'aller voler un peu. Il avait empoigné son balai et était parti voler autour de l'école. Il avait le sentiment que si jamais un professeur le repérait sur un balai alors qu'il n'était que sept heures du matin et qu'il faisait encore frais dehors, cela lui vaudrait très certainement une retenue. Pourtant, il n'y avait aucune règle qui interdisait ce genre de comportement.

Ainsi – tandis qu'il se tenait tête en bas, alangui, voyageant lentement à travers la douce brume et appréciant grandement le silence naturel qui l'enveloppait – ses oreilles n'eurent aucun mal à discerner le faible claquement d'une robe contre le vent, lui signalant l'approche d'une autre personne.

Se redressant, Hadrian se retourna dans les airs, sa main plongeant instinctivement vers sa baguette alors qu'il scannait les alentours, à la recherche du nouvel arrivant. Il se détendit à l'instant même où il reconnut qui progressait sur un Éclair de Feu.

« Bonjour Viktor. » le salua Hadrian, amorçant une tranquille descente vers l'Attrapeur professionnel. Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis la Cérémonie de Bienvenue.

Viktor inclina la tête, ses pupilles sombres le jaugeant avec un intérêt presque flagrant. « Bonjourrr Hadrrrian. Tu as bons instincts. »

Le Bulgare fit un signe de tête en direction de sa main toujours plaquée à sa taille, près de sa poche. Hadrian lui lança un regard penaud. « Désolé. Habituellement, le week-end, je suis le seul à être réveillé et hors du lit à cette heure si matinale. Viktor secoua la tête. « Ça montrrre que tu es bon duelliste. Il n'y a nul besoin t'excuser. »

Hadrian se racla la gorge, embarrassé avant de changer de sujet sans réelle subtilité. « Merci. Alors, que fais-tu debout à sept heures du matin ? »

L'expression de Viktor se serait teintée d'ironie si jamais l'Attrapeur avait été enclin à montrer ouvertement ses émotions. « Les matins sont seuls moments où Dirrrecteurrr Karrrkarrroff ne rrrôde pas autourrr de moi. »

Hadrian ricana avant d'effectuer paresseusement un looping dans les airs. « Ne peux-tu pas simplement lui dire de te laisser en paix ? »

Le Champion de Durmstang haussa les épaules. « Il ne connaît pas sens de ce mot. »

Hadrian sourit de toutes ses dents. « Petit veinard ! »

« En effet. » convint sardoniquement Viktor. Ses yeux suivirent Hadrian lorsque ce dernier fit une vive torpille dans les airs avant de revenir vers le Bulgare. « Tu voles aussi trrrès bien. »

« On m'en a déjà informé. » Hadrian s'arrêta à la gauche de Viktor. « C'est quelque chose que je tiens de mon père. J'ai toujours été en mesure de plutôt bien voler depuis la première fois où on m'a mis sur un balai. »

Il marqua une pause puis fit un signe de la tête en direction du balai de l'autre. « Tu n'es pas mauvais non plus, remarque – tu es joueur de Quidditch au niveau national après tout. »

Viktor balaya ses propos en secouant la tête. « Des fois, c'est plus prrroblématique que autrrre chose. »

Hadrian voyait très bien ce qu'il voulait dire. « C'est compliqué d'avoir déjà une carrière professionnelle tout en étant encore à l'école, c'est ça ? »

« Parfois. » admit Viktor. « Je dois aller souvent à entrrraînement et pourrr cela, je dois rrrater mes courrrs. Ce n'est pas bon pourrr vie sociale non plus, comme ma mèrrre dit frrréquemment. »

Hadrian lui fit un grand sourire. « Eh bien, tu peux toujours te faire des amis ici. Karkaroff ne pourrait rien y faire, surtout durant les repas, où tout le monde est réuni dans la Grande Salle. »

Viktor inclina une nouvelle fois la tête, de reconnaissance. « Toutefois, tu n'as pas mangé à Table des Serpentards depuis dimanche … »

« Hmm, » Hadrian grimaça. « Tu sais déjà que notre école est divisée en quatre Maisons et tout ça, nan ? Eh bien, Serpentard est réprouvée par les autres Maisons de par son- »

« Cette Maison tend à êtrrre pour les Arts Sombres », intervint Viktor.

Hadrian acquiesça. « Oui, aussi Gryffondor, Poufsouffle et Serdaigle ne s'entendent généralement pas avec les verts et argent. Je suis l'exception à la règle, pas la norme. De plus, les Serpentards sont hautement sélectifs dans le choix de compagnie. J'ai fait un marché avec Draco, il y a de cela quelques semaines. Je leur donne des cours de soutien et, en échange, je mange avec lui ainsi qu'avec Blaise et Théo une fois par semaine. Si je tente de m'incruster ne serait-ce qu'un peu plus, les autres Serpentards vont probablement se mettre à penser que je vais les contaminer ou quelque chose comme ça. »

Viktor haussa un sourcil. « … Etrrrange arrrangement. »

Hadrian en fit peu de cas. « N'es-tu pas à l'écoute des ragots ? Il semblerait que je sois le gamin le plus étrange de l'école. Mais en même temps, ce n'est tellement pas drôle d'être comme les autres ! Je n'aime pas être comme les autres. »

« Oui. » Le Bulgare lui lança un faible sourire, qui souleva à peine le coin de ses lèvres, mais un sourire malgré tout. « Il me semble que tu as appelé quelqu'un 'demeurrré décérrrébrrré.' ? »

Hadrian ricana. « Cet idiot l'avait mérité. Des aînés qui tournent leur dos à Neville et qui n'hésitent pas à s'en prendre à lui … il n'a que quatorze ans. »

Viktor acquiesça, pensif. « Tu vas êtrrre pourrr lui ? Ou pourrr Diggory ? Tu es ami avec les deux, je crrrois. »

Hadrian hocha la tête. « Oui et qui a dit que je ne pouvais en encourager qu'un ? Le Tournoi m'importe peu, je souhaite simplement qu'ils en ressortent vivants. »

L'Attrapeur l'étudia d'un regard avide. « Tu prrrends Tourrrnoi trrrès au sérrrieux. »

Hadrian haussa les épaules et se remit tête à l'envers, les jambes fermement accrochées à son balai. Il ne s'embêta pas à répondre, cette fois-ci.

« Tu veux faire la course ? » préféra-t-il proposer.

Les sourcils de Viktor se haussèrent en l'entendant partir dans une toute autre direction. « Pas prrroblème. D'où à où ? »

Hadrian fit signe au Bulgare de le suivre. Ils atteignirent bientôt un des bords du terrain de Quidditch, près des cercles que formaient les buts.

« On fait le tour de l'école une fois. » déclara Hadrian tandis qu'ils s'arrêtaient juste derrière les goals. « Le premier à être de retour ici a gagné. »

Un rare sourire hautain et plein de compétition lui répondit et la réserve habituelle et stoïque de Viktor se transforma en quelque chose de bien plus vivant. « D'accorrrd. Nous allons voirrr si tu es capable battrrre joueurrr de niveau national. »

Hadrian lui fit un grand sourire. « C'est parti. À trois. Un … deux … trois ! »

Les deux s'élancèrent tels des fusées dans les airs, se tenant tête sans que l'un ou l'autre n'arrive à prendre de l'avance sur l'autre.

Le vent sifflait dans les oreilles de Hadrian lorsqu'il s'aplatit sur son balai et poussa son Éclair de Feu à prendre de la vitesse. Du coin de l'œil, il vit que Viktor en avait fait de même, chacun tentant de prendre le dessus sur l'autre.

Toutefois, sa masse corporelle étant plus faible, Hadrian gagna bientôt près d'un mètre sur son opposant même si ce dernier le collait obstinément, refusant clairement d'abandonner. Ils tournèrent à pleine vitesse, juste après avoir dépassé la Tour de Serdaigle. Ils passèrent si près du château que Hadrian sentit son bras frôler la pierre.

Viktor parvint à revenir à son niveau et même à le dépasser pendant quelques secondes, Hadrian se retrouvant derrière pour la première fois. Mais, peu après, ils se retrouvèrent une nouvelle fois au même niveau quand ils eurent à tourner abruptement dès qu'ils eurent dépassés la Tour d'Astronomie. Une fois encore, ils prirent un virage extrêmement serré.

Les deux passèrent près des fenêtres et salles de cours comme des flèches sans même y faire attention. Leurs regards étaient concentrés sur la Tour de Gryffondor qui se profilait à l'horizon. Le terrain de Quidditch se trouvait juste derrière.

Hadrian se força à aller encore un peu plus vite, son corps épousant la forme de son balai et se propulsant vers l'avant au moment même où Viktor ralentit de manière infinitésimale pour virer sur la droite. Comme il l'avait fait un nombre incalculable de fois lorsque voler avait été une nécessité durant la guerre et que sa vitesse avait été la seule chose qui le séparait de la mort, Hadrian ne décéléra aucunement, prenant le virage sans changer son allure.

À la place, il roula.

Une fraction de seconde avant de tourner, Hadrian se renversa et laissa la vitesse le mener naturellement vers la gauche. À partir de là, il n'eut qu'à ajuster sa trajectoire. En se redressant en exécutant une rotation complète et en dépassant Viktor en moins de temps qu'il n'est nécessaire pour un cœur d'émettre un battement, Hadrian parvint à peine à distinguer l'ahurissement affiché sur le visage du Bulgare.

Un rire euphorique passa ses lèvres tandis qu'il fonçait vers la ligne d'arrivée improvisée, le son étouffé par le vent. Il dépassa les buts à une vitesse folle et entama un tour du stade, victorieux.

Il se tourna juste à temps pour voir Viktor passer les goals, une seconde et demi seulement derrière Hadrian.

Toujours ivre d'adrénaline, Hadrian plongea vers Viktor qui avait ralenti, un autre rire lui échappant lorsqu'il se mit à zigzaguer autour de l'Attrapeur, essoufflé.

« Comment tu as fait ça ? » le questionna Viktor au moment où Hadrian fut à portée de voix. Le Bulgare paraissait partagé entre une stupéfaction peu caractéristique et une jalousie peu caractéristique. « Pourrrquoi n'es-tu pas prrrofessionnel de Quidditch ? »

Il marqua une pause puis ajouta, comme après coup. « Tu es fou ? Perrrsonne n'aurrrait essayé ça avec une telle vitesse ! »

Hadrian se mordit la lèvre pour tenter de réprimer un sourire fou de joie. « J'aime voler. Je peux faire n'importe quoi dans les airs. C'est instinctif chez moi. »

Viktor secoua la tête, l'air toujours quelque peu sidéré. « Pourrrquoi tu ne joues pas ? Niveau prrrofessionnel. Toutes les équipes du monde serrraient à tes pieds pour essayer de te rrrecrrruter. »

Hadrian parvint enfin à n'afficher qu'un simple sourire. « Ce n'est pas le Quidditch que j'aime, c'est le fait de voler. Le Quidditch n'est qu'un simple moyen d'en venir à cela. J'apprécie ce sport mais je ne l'aime pas. »

Les traits de Viktor se firent pensifs. « Dommage. J'aurrrais aimé jouer contrrre toi dans un vrrrai match. »

Hadrian émit un 'hmm' songeur. « Eh bien, c'est va être compliqué pour ce qui est du niveau national mais autrement, on pourrait assez facilement se faire un match entre élèves. »

Viktor parut toute ouïe.

« Il y a des tonnes de joueurs de Quidditch à Poudlard. » Hadrian fit un signe de tête en direction de l'école. « À cause du Tournoi, les matchs entre les différentes Maisons ont été annulés, cette année. Néanmoins, je suis certain que beaucoup seraient prêts à jouer si quelqu'un arrange quelques matchs.

« Et tu pourrrais fairre ça ? » s'enquit Viktor.

« Hmm, peut-être pas moi, personnellement. » le corrigea Hadrian. « Mais Cédric est le capitaine de l'équipe de Poufsouffle et Ron est co-capitaine de celle de Gryffondor. Je suis pratiquement certain que Draco est dans l'équipe de Serpentard également alors je pourrais leur demander d'organiser ça. Ce sont des fous du Quidditch et ils le cachent mal. Mais malgré tout, ça pourrait prendre quelques temps. »

« Ça m'est égal si je dois attendrrre jusqu'à fin de l'année. » proclama Viktor. « Es-tu dans équipe de ta Maison ? »

Hadrian fronça les sourcils, perplexe, avant de se rappeler que le Bulgare n'avait aucun moyen de savoir qu'il n'avait été transféré à Poudlard que cette année. « Non, je ne suis pas l'équipe de Poufsouffle mais c'est surtout dû au fait que je suis arrivé à Poudlard en Septembre. Jusqu'à maintenant, j'étais scolarisé à domicile. »

Le visage de Viktor afficha une douce surprise suivie de réalisation. « Est-ce que c'est pourquoi tu n'agis pas comme les autrrres élèves ? »

Hadrian rigola. « Eh bien, je ne sais pas. J'agis juste comme j'agirais d'habitude, c'est tout. »

Viktor semblait toujours un peu confus mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, un cri leur parvint aux oreilles.

« HADRIAN EVANS, DESCENDEZ DE LA, TOUT DE SUITE ! »

« Ah. » Hadrian jeta un coup d'œil en bas et repéra une petite délégation qui progressait rapidement sur le terrain. Minerva McGonagall la menait et était vraisemblablement en train de fulminer. « Oh, mince. »

Derrière elle, Pomona, Karkaroff, James et Sirius lui emboîtaient le pas. Le groupe proposait un spectacle plutôt étrange, ne serait-ce parce que Hadrian ne se serait jamais attendu à les voir ensemble.

« Je vais leur expliquer. » lui souffla doucement Viktor tandis qu'ils amorçaient une lente descente vers le sol. Le directeur de Durmstrang avait l'air furieux. « Karrrkarrroff est enclin à tenirrr rrresponsable n'importe qui quand ils semblent rrreprrrésenter un danger pour ma santé. Ne parrrle pas, je vais fairrre sorrrte tu n'ais pas de prrroblèmes. »

Ils atterrirent et avant même que Hadrian puisse enregistrer ce que Viktor venait de lui murmurer, le Bulgare s'était dressé entre lui et un Karkaroff sévèrement remonté.

« Dirrrecteur. » débuta Viktor avant que Karkaroff – dont les yeux brillaient d'un éclat mauvais, fixés qu'ils étaient sur le Poufsouffle – ne puisse en placer une. « C'est moi qui ai prrroposé une courrrse à Hadrrrian. Il n'a rrrien fait mal. Je voulais me maintenirrr en forrrme et Hadrrrian a été assez gentil pourrr aider. »

La mâchoire de Karkaroff se décrocha quelques instants, au plus grand amusement de Hadrian. Peu lui importait que Karkaroff s'en prenne verbalement à lui pour 'avoir mis Viktor en danger' et normalement, il n'aurait pas laissé un autre mentir pour lui. Néanmoins, Viktor avait clairement fait montre de son envie de l'innocenter et qui était Hadrian pour faire des vagues dans les plans du Bulgare ?

« En-en es-tu sûr, Viktor ? » se reprit Karkaroff, jetant un coup d'œil suspicieux à Hadrian. « Il aurait très bien pu essayer de te blesser pour que tes chances de gagner le Tournoi s'en voient réduites. »

« Mr. Evans ne ferait jamais quelque chose de la sorte ! » intervint Pomona, visiblement contrarié. « Ils étaient simplement en train de voler, Professeur Karkaroff. »

« Elle a rrraison. » confirma Viktor. « C'était une compétition amicale. »

Karkaroff lança un regard méprisant à Pomona mais céda avec réticence quand Viktor corrobora ses dires. Il regarda par-dessus l'épaule de son élève et fusilla Hadrian du regard avant d'abruptement tourner les talons. « Viens, Viktor. Tu ne peux pas commencer la journée sans prendre une douche après un tel entraînement. »

Viktor tenta cependant de gagner un peu de temps, – provoquant ainsi un peu plus l'ire de son directeur – préférant se tourner vers Hadrian.

« Je te verrrais au petit-déjeuner ? » Le Bulgare, bien que de nouveau impassible, accompagna sa question d'un sourcil haussé.

Hadrian sourit. « Oui, tu peux venir t'asseoir avec nous, aujourd'hui. Ron en sera ravi. »

Une étincelle d'humour se peignit brièvement sur le visage de l'Attrapeur lorsqu'il hocha la tête. Après quoi, il s'en fut rejoindre un Karkaroff hautement contrarié.

« On se fait des amis en dehors de l'école, désormais, Mr. Evans ? » s'exprima Pomona dès qu'ils furent hors de portée de voix.

Hadrian se retourna vers les deux Maraudeurs qui avaient des sourires grands comme des bananes, une Minerva blafarde, et une Pomona affectueuse, si ce n'est également un peu pâle. Tous le regardaient.

« Je développe des relations avec des élèves d'autres écoles, Professeur. » répondit aisément Hadrian.

« Et il n'aurait pas été possible d'en faire cela dans des circonstances moins dangereuses ? » Minerva le regardait en fronçant les sourcils, tout aussi furieusement qu'elle l'avait fait durant sa première année. Sauf que maintenant, il arrivait à discerner l'appréciation de sa performance dans son regard. « Ce virage exécuté au niveau de la Tour de Gryffondor était purement et simplement une folie. Vous auriez pu vous tuer ! C'était hautement irresponsable de votre part ! Complètement risqué ! C'était- »

« -absolument génial ! » la coupa Sirius, bondissant sur Hadrian et l'attrapant par les épaules, le secouant comme un prunier. « Une forme parfaite, un balai performant – je n'ai jamais vu qui que ce soit voler de la sorte ! Tu es encore meilleur que Cornedrue ici présent ! »

« Sirius Black ! » Minerva semblait sur le point de cracher des flammes. « Ne l'encourage pas ! »

« Oh, allez, Minnie ! » Hadrian réprima un soupir lorsque le père de son double se mit à le secouer, lui aussi. « Tu dois admettre que c'était exceptionnel ! Je n'aurais jamais pu faire quelque chose comme ça. Tu ne peux absolument pas le punir pour ça ! »

Pomona avait pareillement quelque chose à ajouter. « Il n'est pas blessé, Minerva. Tout va bien, n'est-ce pas, très cher ? »

Hadrian retint un petit rire tandis qu'une suspicion tenace voyait le jour dans son esprit. « Oui, Professeur. Et j'ai déjà effectué cette cascade, auparavant. Je n'ai pas fait ça sur un coup de tête, aujourd'hui. »

« Exactement. » Sa Directrice de Maison plongea ses yeux implorants dans ceux de la Directrice-adjointe. « Tu vois, Minerva ? »

Minerva lui adressa un regard ennuyé. « Tu veux simplement qu'il se retrouve dans l'équipe de Quidditch de Poufsouffle, l'année prochaine ! »

Pomona rayonna. « Imagine ça – la Coupe de Quidditch, dans mon bureau pour au moins les trois prochaines années. L'année prochaine, c'est certain, elle est pour moi, avec Mr. Evans et Mr. Diggory dans la même équipe. »

Minerva semblait ne pas parvenir à décider s'il était préférable de souffler avec indignation à l'insinuation ou de soupirer avec résignation. Elle choisit de soupirer avant d'adresser un regard sévère à Hadrian. Ce dernier envisageait actuellement de retirer ou non le bras de Sirius posé sur son épaule.

« Mr. Evans, même si je veux bien admettre que vous volez plutôt bien- »

« Sacré euphémisme. » marmonna dramatiquement Sirius.

« -je vais devoir vous demander de ne pas recommencer quelque chose d'aussi irréfléchi, à l'avenir. » continua Minerva, ignorant résolument Sirius. « Vous avez bien failli me faire avoir une crise cardiaque quand Mr. Krum et vous êtes passés devant ma salle de classe ! »

Hadrian tenta de paraître contrit mais à en juger par l'expression quelque peu blasée de Minerva, il n'y parvint pas. « Je suis désolé, Professeur. Ça ne se reproduira plus. »

A moins que je ne doive le refaire, ajouta-t-il en silence.

Minerva le scruta avec appréhension mais acquiesça une après une longue seconde. « Très bien, retournez dans votre Maison. Je suppose que vous allez vouloir prendre une douche avant d'aller rejoindre vos amis dans la Grande Salle. »

Hadrian hocha la tête, échappa à Sirius et fit un rapide signe de la main pour saluer les autres avant de rentrer au château. Cette matinée aurait pu se passer bien différemment.


« Hadrian ! C'est une chouette du Ministère ! »

Le Poufsouffle releva la tête. Ron, Viktor, Cédric, Orion – qui écoutait simplement avec un amusement indulgent – et lui avaient, jusque là, été plongés dans une conversation animée sur le Quidditch. En face d'eux, Neville écoutait avec attention ce que Luna lui explicitait en détail. Hadrian était parvenu à entendre les mots 'Grenouilles Lunaires' et 'Enormus à Babilles'.

Étonnamment, Viktor et Cédric s'étaient plutôt bien entendu. Ils avaient été poli et s'étaient serrés la main quand le Bulgare s'était joint à leur groupe. Tous les élèves de Durmstrang avaient, par ailleurs, été passablement décontenancés quand Viktor avait dépassé la Table de Serpentard pour se rendre à celle de Gryffondor. Karkaroff avait manqué de faire un infarctus mais il ne pouvait rien faire, dans cette situation.

Néanmoins, quand Hermione les alerta de l'arrivée de l'animal, tous les membres du groupe – ainsi que de nombreux Gryffondors – levèrent la tête.

La chouette fondit sur Hadrian, atterrissant avec grâce sur une portion vide de la table. Cela fait, elle lui tendit la patte sur laquelle était attachée une missive à l'allure officielle.

Hadrian décrocha vivement la lettre et donna un bout de bacon à l'oiseau, ignorant les nombreuses paires d'yeux qui suivaient de près tout ses mouvements. Il savait qu'il avait réussi ses examens – à quel point, ça il ne le savait pas, mais il était certain d'avoir obtenu au minimum un O à son BUSE et au moins un E à son ASPIC. Ses camarades étaient probablement plus intéressés que lui par ses notes. Hermione sautillait littéralement d'impatience sur son siège.

Hadrian baissa les yeux sur l'enveloppe couleur crème. Peut-être que l'ouvrir en privé serait une bonne …

« Eh bien ? Qu'attends-tu, Yeux Verts ? » s'exprima soudainement Babbling. La femme s'était remise sur ses pieds et se balançait rapidement d'avant en arrière. « Allez, ouvre la. Ça fait des semaines que j'attends ! »

Hadrian soupira. Il ne voyait toujours pas la raison pour laquelle Babbling était plus impatiente que lui de savoir ses notes. Sur un dernier coup d'œil sur ses amis – qui affichaient des expressions intriguées et/ou pleines d'espoir – il se décida à ouvrir l'enveloppe et à en retirer son contenu.

Dans la présente situation exceptionnelle pleinement approuvée par Cornelius Oswald Fudge, Ministre de la Magie, Griselda Marchbanks, Présidente de l'Académie des Examinateurs Magiques, Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, Directeur de l'Ecole de Sorcellerie, Poudlard et Bathsheda Babbling, Professeur ayant proposé le Candidat, les épreuves suivantes ont été formellement traitées et évaluées pour l'élève recommandé.

BREVET UNIVERSEL DE SORCELLERIE ELEMENTAIRE

Le candidat est admis s'il obtient l'une des notes suivantes :

Optimal (O)

Effort exceptionnel (E)

Acceptable (A)

Le candidat est recalé s'il obtient l'une des notes suivantes :

Piètre (P)

Désolant (D)

Troll (T)

HADRIAN EVANS A OBTENU :

Etude des Runes : OOO*

xxx

ACCUMULATION DE SORCELLERIE PARTICULIEREMENT INTENSIVE ET CONTRAIGNANTE

Le candidat est admis s'il obtient l'une des notes suivantes :

Optimal (O)

Effort exceptionnel (E)

Acceptable (A)

Le candidat est recalé s'il obtient l'une des notes suivantes :

Piètre (P)

Désolant (D)

Troll (T)

HADRIAN EVANS A OBTENU :

Etude des Runes : OOO*

* L'attribution de la note OOO indique que le bénéficiaire détient actuellement le record de la note la plus haute de ce domaine d'examen ainsi que l'autorisation nécessaire pour effectuer un apprentissage dans ledit domaine si tel est le souhait du bénéficiaire.

Bon.

Sacré choc.

« H-Hadrian ? »

Hadrian leva furtivement les yeux, le visage dénué de toute expression. Honnêtement, Hermione paraissait terrifiée.

Orion, assis à la droite de Hadrian, pencha légèrement la tête sur le côté pour mieux voir ses résultats. Sa réaction se limita à un haussement de sourcil. « Pas mal. »

Hadrian lui fit un grand sourire. Pas d'éclat, pas de stupéfaction déroutante. Exactement ce qu'il voulait.

« 'Pas mal' ? » répéta Hermione, les yeux grands écarquillés. « Es-est-ce que tu as eu un Acceptable ? »

« Je ne te pardonnerai jamais si jamais tu as eu autre chose qu'un Optimal, Yeux Verts. » déclara Babbling.

Hadrian rigola, passant distraitement la lettre à Hermione qui la lui arracha des mains, tremblante. « C'est bon à savoir, Professeur. »

Tout ce qu'il aurait pu dire ne put jamais franchir ses lèvres puisque Hermione lui sauta dessus pour le prendre dans ses bras. « Par le caleçon de Merlin ! Tu as pulvérisé les records des deux examens, Hadrian ! Tu détiens les plus hautes notes jamais obtenues en Runes Anciennes ! C'est- ! C'est- ! C'est incroyable ! »

Une vague de murmures et chuchotements traversa la salle au moment où Cédric parvint enfin à dégager la lettre des mains de Hermione pour y jeter un œil. Hadrian ne leur prêta aucune attention et se remit à manger son petit-déjeuner. Ou du moins, essaya.

Babbling frappa dans ses mains, l'air aussi enchantée qu'un enfant devant un nouveau jouet. « J'ai mon apprenti ! »

Hadrian se figea, sa fourchette à mi-chemin de sa bouche. « Pardon ? »

« Oh, je ne l'avais pas mentionné ? » La professeur de Runes Anciennes se rassit, souriant gentiment, Pomona, à ses côtés s'en amusant grandement. « Tu vas faire un apprentissage avec moi, Yeux Verts. Nous légaliserons le tout dans les quelques prochains jours. »

Hadrian se serait-il retrouver n'importe où d'autre que la Grande Salle, il serait allé se taper contre le mur le plus proche.

Pourquoi n'avait-il pas son mot à dire, dans tout cela ?


Le vendredi 12 novembre, on put voir Hadrian sortir de la salle de classe de Babbling – ou plutôt Sheda désormais, elle avait insisté – et essayer de ne pas passer sa frustration sur le premier venu qui aurait eu le malheur de croiser son chemin. Les deux s'étaient querellés au sujet de l'apprentissage pendant près d'une heure. Sheda avait fini par gagner.

Hadrian ne trouvait pas l'idée même d'un apprentissage particulièrement repoussante. Il commençait toutefois à trouver les manigances du professeur de Runes extrêmement irritantes. Elle aurait dû le lui en parler des semaines auparavant, avant même qu'il ne passe ses épreuves. Toutefois, Hadrian savait très bien pourquoi elle n'en avait rien fait. Il aurait très certainement protesté.

Il aurait protesté puisque cette saleté de Tournoi l'inquiétait, il devait se préoccuper des vies de Cédric, Neville – mince, même de celles de Fleur et Viktor. Il devait songer au retour de Voldemort et ajuster ses plans en conséquence. De même pour Croupton Jr … et tout cela n'incluait pas toutes les saloperies auxquelles il allait devoir faire face, l'année d'après, un grand merci au Crapaud pour tout cela !

Il avait fallu ce duel verbal avec Sheda pour que Hadrian – après avoir évacué une partie de son irritation – se rende compte que toutes ces tâches ne lui incombaient pas. Il aurait très bien pu briser sa baguette en deux et partir pour Timbuktu, si cela lui chantait.

Mais, bien évidemment, il avait des amis ici, des personnes qu'il souhaitait protéger. Et … eh bien, si Hadrian avait mené une vie normale dans sa propre dimension – au vue de sa passion de la matière – il aurait certainement envisagé une carrière qui aurait eu trait aux Runes Anciennes.

Sheda avait marqué des points en évitant les cris. Elle n'avait même pas eu l'air perturbée lorsque Hadrian avait perdu son calme. Cependant, elle lui avait promis qu'à l'avenir, son avis ne serait pas ignoré, ce qui avait quelque peu apaisé le garçon. À la fin de l'entrevue, Hadrian s'en était allé, toujours fâché mais il avait dit oui et il ne pouvait plus reculer. Ils finiraient de rendre le tout légal durant le week-end, quand il recevrait un tatouage de la forme de son choix. Ce dernier serait imprégné de la magie de sa future mentor – même maintenant, il refusait de nommer qui que ce soit 'maître' – et la femme en recevrait un similaire qui serait infusé de la magie de son élève. S'ils le souhaitaient, les tatouages disparaîtraient à la fin de son apprentissage.

« Hadrian ? »

Le Poufsouffle se figea. Seule la familiarité de la voix l'empêcha de s'en prendre à cette personne. « Salut Luna. Que puis-je faire pour toi ? »

La blonde sautilla rêveusement jusqu'à lui, l'observant de ses grands verts gris. « Pourquoi aurais-tu quoi que ce soit à faire pour moi ? Tu en as déjà assez fait. »

Hadrian soupira. Elle n'était pas censée le prendre au pied de la lettre. « Peu importe. Tu n'as plus cours de la journée ? »

La Serdaigle hocha sereinement la tête avant de passer sa main dans la sienne. Hadrian la laissa faire, déjà habitué à cette manie enfantine qu'elle avait pris. Luna cherchait à être le plus possible avec lui depuis qu'il l'avait sauvé de son triste quotidien.

« Tu sais, » débuta-t-elle tandis qu'ils recommençaient à avancer dans le couloir. « L'invasion de Nargoles dans mon dortoir a disparu. »

« Vraiment ? » Hadrian sourit doucement et Luna lui rendit son sourire, ses yeux brillant d'intelligence.

Elle ne dit plus un mot sur le sujet, passant une mèche de cheveux derrière son oreille avant de songer tout haut. « Neville doit s'être rendu à l'Examen des Baguettes, à l'heure qu'il est. »

Hadrian cligna des yeux. « Ah, c'est aujourd'hui, n'est-ce pas ? »

Il se souvint d'Ollivander et de Rita Skeeter. Peut-être Neville s'en sortirait-il mieux avec la reporter que lui, lorsqu'il avait passé l'interview.


« Qu'est-ce que c'est que ce ramassis de conneries ?! Je n'ai jamais dit un mot de tout ça ! » explosa Neville au petit-déjeuner.

Hadrian ne pipa mot tandis qu'il scannait rapidement la première page de la Gazette du Sorcier. Orion, lui, ignora les autres, préférant donner des petits coups de cure-dents dans la minuscule photographie de Rita Skeeter placée en fin de page. L'article dépeignait Neville en tant que tragique héros. La journaliste avait 'dévoilé' à la Communauté Sorcière que toutes les nuits, Neville s'endormait en pleurant ses parents disparus. Il se serait également fait Champion de Poudlard pour entrer dans le Tournoi à cause d'un traumatisme lui venant de son passé dramatique.

Depuis leur Table, les Poufsouffles adressaient à Neville des regards plutôt haineux. Même s'ils s'étaient légèrement calmés après le premier jour – et en voyant Cédric traîner obstinément et autant que possible avec eux – et n'insultaient plus Neville lorsque ses oreilles pouvaient capter leur outrage, ils restaient malgré tout amers. À la Table des Serdaigles, les élèves de Beauxbâtons se faisaient des messes basses, les journaux dépliés devant eux.

Chez les rouges et or, Cédric et Viktor tentaient de tous leurs êtres de ne pas ricaner aux dépens de Neville alors que Hermione et Ron semblaient dangereusement prêts à faire la chasse Rita Skeeter pour lui faire payer cet affront. Luna chantonnait doucement tout en parcourant tranquillement son exemplaire de son Chicaneur.

« Eh beh, je ne peux dire qu'une chose, » remarqua Cédric avec sympathie. « Je suis heureux de ne pas avoir été celui qu'elle a attrapé. »

« Cédric ! » Neville n'était apparemment pas d'humeur à faire des blagues. Cédric haussa rapidement les mains devant lui en un geste conciliant.

« À Durrrmstrrrang, » commenta Viktor. « Nous n'aurrrions jamais accepté reporrrterrrs comme cette femme sur terrre de l'école. »

« Tant mieux pour Karkaroff ! » rétorqua Neville avec humeur. « Peut-être qu'il pourrait donner quelques tuyaux à Dumbledore. »

Viktor lui adressa un bref sourire ironique. « Il gèlerrra en Enferrr avant que Karrrkarrroff lève petit doigt pourrr aider quelqu'un. Non, les jourrrnalistes n'ont pas le drrroit entrrrer sur les terrres de l'école. C'est la loi en Bulgarrrie. »

Hadrian savait que la principale raison à cela était que le père de Viktor était l'actuel Ministre de la Magie bulgare – un secret particulièrement bien protégé par toute sa famille pour leur propre sécurité – mais personne, ici, n'était au courant de ce fait aussi il garda le silence.

Suite à cela, Neville refusa de manger, bien trop dégoûté pour cela, et tous les autres ne conversèrent que très peu, ne souhaitant pas irriter un peu plus leur ami.

« Est-ce que ça t'embête vraiment ? » s'enquit Hadrian quand il fut l'heure de quitter la Grande Salle. L'article de Skeeter était complètement risible – même si l'article avait porté sur lui, peu lui aurait importé – mais Neville était clairement affecté.

Neville acquiesça lugubrement. « Gran nous fait déjà des scènes de tous les diables, à Dumbledore et à moi parce que, d'une manière ou d'une autre, je me suis retrouvé Champion du Tournoi des Trois Sorciers. Quand elle va voir ça – et c'est probablement déjà le cas – elle va tuer Skeeter pour avoir écrit cet article et elle va me tuer, moi, pour lui avoir donné des idées.

« Hmm, » Hadrian posa un regard pensif sur le journal. Quand il se concentra à nouveau sur Neville, il nota au passage qu'Orion le suivait de ses yeux perçants. « Dans ce cas, laisse-moi m'en occuper. »

Tous ses amis se tournèrent vers lui, le fixant du regard. Hadrian leur sourit, nonchalant.

« Tu ne vas pas faire quoi que ce soit … d'illégal, si ? » lui demanda Hermione, méfiante.

« Bien sûr que non. » la rassura le Poufsouffle en se remettant debout. Il marqua une pause puis haussa les épaules. « Enfin, peut-être que si, finalement. Mais ne t'inquiète pas, Nev, je vais bien m'occuper d'elle. »

Attrapant son sac – qu'il balança sur son épaule – Hadrian leur fit un signe de la main puis se dirigea vers les portes de la Grande Salle. Faire chanter quelqu'un était techniquement illégal mais il avait fait bien pire au cours de sa vie.

De plus, il n'était pas un grand fan de Rita Skeeter. Ca lui servirait de leçon.


Bijour tout le monde. Pour commencer, je voudrais m'excuser platement pour le délai de parution du chapitre ... le fait que je n'ai pas été au mieux de ma forme n'excuse en rien que cela fait presque 1 an et demi que je n'ai rien posté pour cette traduction. C'est malhonnête de ma part et j'en suis réellement désolée ...

M'enfin voilà, je suis enfin de retour et même si je ne promets pas de poster des chapitres traduits (d'ailleurs, il n'en reste que deux, l'auteur n'a toujours pas updaté ... pas forcément cool de sa part non plus, sachant qu'elle m'a promis de finir C'est La Vie) tous les mois, promis, vous n'aurez pas non plus à attendre six mois avant d'avoir des nouvelles !

Pour finir, je voudrais remercier ma Bêta JayIshtar, une personne adorable qui fait un travail merveilleux !

Gros bisous, mes chatons !