Ceci est une traduction !

Auteur : cywscross

Synopsis : La guerre prend fin le vingt-et-unième Halloween de Harry et, un an plus tard, plus rien ne le retenant sur cette terre, la Destinée entre en scène et jette notre héros préféré dans une autre dimension pour payer sa dette envers lui. Une nouvelle vie sans stress, sans tension pour le remercier d'avoir fait s'accomplir sa prophétie. Une vie où Neville est le Survivant, une vie où James et Lily sont encore en vie. Une vie où son alter ego est relativement normal si ce n'est un vrai con. Le Harry provenant d'une autre dimension veut simplement savoir pourquoi il n'a pas son mot à dire dans tout cela. Et pourquoi il est à nouveau âgé de quatorze ans. Et également pourquoi la Destinée pense, dans son infinie sagesse, que son syndrome du héros ne pointera pas le bout de son nez. Encore une fois, il se pourrait bien que cela soit la raison pour la laquelle la Destinée l'a laissé ici.

Fanfiction Originale : En Cours, 9 chapitres pour le moment, 105 000 mots ( Ne vous inquiétez pas, l'auteur est bien vivante et n'a pas abandonné l'histoire, même si ses updates sont un peu long à arriver )

DISCLAIMER : Les personnages appartiennent à J.K Rowling et l'Histoire appartient à cywscross. Je ne fais que traduire avec la permission de l'auteur.

Notes : Ta Dam ! Une nouvelle traduction ! Je suis super contente d'avoir reçu l'autorisation de l'auteur pour la transcrire en français.

Voici une fanfiction qui n'est même pas encore terminée mais qui entre facilement dans mon Top 5 de mes fanfictions préférées ! Vous allez voir, les personnages sont complètement A. Do. Ra. Bles ! Je n'en dis pas plus et vous souhaite une bonne lecture de ce premier chapitre.

Au passage, un grand grand merci à JayIshtar, ma Bêta hyper douée ! :D


Chapitre Un

Harry Potter se réveilla, un cri bloqué dans la gorge et sa baguette en main.

Cela n'avait, malheureusement, rien de nouveau.

Avec un grognement étouffé, il se laissa retomber sur son lit, relâchant quelque peu sa prise sur sa baguette et passant une main sur son visage en sueur. Il ne tenta pas de replonger dans son habituel demi-sommeil. Ce foutu champ de bataille était tout ce qu'il voyait à chaque fois que ses yeux se fermaient.

Soupirant, il repoussa ses draps froissés à l'aide de ses pieds et se leva, plissant les yeux face à la lumière du soleil qui l'aveuglait. Il avait oublié de tirer les rideaux de sa fenêtre, la nuit dernière. Jetant un coup d'œil dehors, sa bouche se tordit de dégoût et il ferma les volets.

Foutus reporters. Ils campaient devant de sa maison, aussi près de chez-lui que les protections le leurs permettaient depuis qu'il était devenu L'Homme-Qui-A-Vaincu-Le-Seigneur-Des-Ténèbres. Ces surnoms à traits d'union se faisaient de plus en plus longs et de moins en moins imaginatifs, avec le temps.

Encore pire, chaque jour qui passait voyait les gros titres des journaux anglais devenir de plus en plus ridicules. Ça avait commencé avec des conneries : des éloges, leur reconnaissance éternelle envers lui et leurs admirations se voulant flatteuses. Harry avait abhorré tout cela et avait déménagé à la première occasion qu'il avait pu saisir dans la maison de son parrain. C'est-à-dire, juste après avoir vu le début de la reconstruction de Poudlard. Square Grimmaurd était un lieu lugubre et poussiéreux maintenant que même Kreattur était mort et Harry ne souhaitait pas employer de nouvel elfe de maison, ni tout nettoyer lui-même. Mais cette maison était sûrement l'une des mieux protégées de son pays et personne ne pouvait poser le pied dans sa propriété sans son consentement.

Puis les médias avaient commencé à commenter ce qu'il achetait lorsqu'il n'avait plus d'autres choix que de se rendre sur le Chemin de Traverse pour retirer de l'argent et acheter de la nourriture. La foule le rendait mal à l'aise et les reporters le suivant sans cesse avaient plus d'une fois mit sa patience à l'épreuve. Mais les gens autour de lui rayonnaient toujours lorsqu'ils le voyaient, comme s'ils leur donnaient de l'espoir rien qu'en étant là. Alors, bien que rien au monde ne soit capable de le faire sortir de Square Grimmaurd plus d'une fois par semaine, Harry faisait de son mieux pour sourire et s'arrêter pour discuter lorsque les gens l'approchaient.

Et entre ses courses hebdomadaires, n'ayant rien de mieux à faire, les médias étaient passés à la critique de sa garde-robe. Qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire s'il portait des vêtements Moldus ? Un jeans, une chemise et une simple veste étaient des habits bien plus pratiques pour se déplacer et cacher des armes que des robes trop longues aux manches tombantes quand on essayait de parer des Maléfices Explosifs, d'éviter des Sortilèges de la Mort, de garder ses alliées en vie et de tuer autant d'ennemies que possible, tout cela en même temps.

Étouffant un bâillement, Harry descendit lourdement les escaliers, ne portant que son bas de pyjama, ses cheveux partant dans tous les sens. Coquecigrue l'attendait déjà dans la cuisine, cette chouette étant la seule autorisée à lui délivrer du courrier, Harry l'ayant inclue dans ses protections. La boule de plumes était simplement apparue un mois après la fin de la guerre lors d'une sortie d'Harry chez Gringotts et ne l'avait plus quitté depuis. Peu importe le nombre de fois où Harry avait tenté de l'envoyer à ce qu'il restait de la famille Weasley pour qu'elle y élise domicile, elle n'avait pas accepté de l'abandonner. Seuls Percy et Ginny étaient encore en vie et le premier s'était plongé dans la restructuration du Ministère de la Magie aux côtés de Kingsley. La jeune femme … eh bien, tout sentiment entre eux avaient depuis longtemps disparu et, la dernière fois qu'il s'en était informé, Ginny avait postulé pour une place dans une équipe de Quidditch.

Attrapant le paquet de lettres que Coq avait amené, Harry donna un peu d'eau à sa chouette avant de prendre place à table. L'oiseau qui avait autrefois été hyperactif mais qui s'était bien calmé depuis se contenta de hululer doucement et de voler autour de la tête d'Harry pour le remercier avant de plonger sur son eau.

Les lettres étaient de celles qu'il avait l'habitude de recevoir. Une note nous-sommes-là-pour-toi-j'espère-que-tu-es-vivant distante de Ginny avec un post-scriptum poli à l'extrême mais réellement inquiet pour lui de Percy. Une missive du genre sors-de-chez-toi-ce-n'est-pas-bon-pour-ta-santé insistante mais distraite de la part de Hermione qui, Dieu merci, avait survécu même si elle s'était retrouvée dans le coma pendant six mois, s'était réveillée peu avant la bataille finale. Et heureusement, elle avait été dans l'incapacité physique d'y participer. Cela n'avait pas été joli-joli quand Harry s'était retrouvé en charge de lui annoncer la mort de Ron. Mais elle avait enfin réussi à passer à autre chose et Kingsley n'avait pas perdu de temps pour l'engager en tant que son assistante et Directrice de la Restauration de la Communauté Magique de Grande-Bretagne. Ce département avait été créé dans l'instant lorsque la jeune femme avait refusé le poste de sous-secrétaire d'Etat. Ce poste rappelait trop le Crapaud Rose à tout le monde.

La troisième lettre provenait de Kingsley lui-même, lui offrant une fois encore la position d'Auror en Chef. Il ne semblait pas vraiment vouloir laisser Harry tranquille. Le fait que Harry avait mené plusieurs armées dans les différentes batailles et en était ressorti victorieux de nombreuses fois durant cinq, six ans où ils avaient ouvertement combattu Voldemort ne devait pas vraiment jouer en sa faveur.

Mais Harry ne désirait plus se battre. Pour être honnête, il ne désirait plus grand-chose.

La quatrième et dernière lettre se trouvait dans une enveloppe de couleur crème sans aucune adresse marquée dessus. Seuls quelques personnes privilégiés étaient en mesure de lui envoyer des courriers mais Harry n'avait pas survécu jusqu'à son vingt-deuxième anniversaire en étant imprudent.

Il passa les dix minutes suivantes à jeter tous les sorts de Détection qu'il connaissait ainsi qu'à dessiner plusieurs runes pour contrer les maléfices sur l'enveloppe. Si jamais quoi que ce soit de dangereux était identifié, l'enveloppe prendrait feu. La lettre resta intacte. Harry en fut légèrement déçu.

Bien qu'encore suspicieux même si ses instincts et sa magie l'avaient tiré de pas mal de mauvais pas, Harry choisit d'ignorer les deux et déchira l'enveloppe.

« C'est une blague ? » murmura-t-il, haussant un sourcil en attrapant la carte que contenait l'enveloppe. Dessus était représenté un joker perché sur la rampe d'un pont, ce dernier tenant entre ses mains une horloge. Les deux aiguilles du cadran de l'horloge pointaient toutes deux le douze. Et à en juger par le ciel de nuit dans l'arrière-plan, il était minuit.

En se renfrognant, il se releva et jeta l'enveloppe et la carte aux détritus avant de poser les autres sur une pile désordonnée sur le comptoir avec leurs prédécesseurs.

Mais cette blague n'en était pas une.


« D'accord, ça commence à être chiant, là. »

L'enveloppe qui commençait à lui être familière était de retour sur sa table, tout comme elle l'avait été tous les matins depuis sa première arrivée, une semaine auparavant. Cela n'avait aucune importance que Harry la jette dans sa poubelle, l'enterre dans son jardin ou qu'il ordonne à Coq de la déposer autre part, elle revenait tout le temps. Il avait même fait une petite croix sur un bout de l'enveloppe juste pour voir s'il s'agissait bien de la même lettre. Imaginez sa surprise quand la même marque l'avait nargué le lendemain matin.

« Soit c'est plus important que je ne le pense, » marmonna-t-il avec colère en ramassant une nouvelle fois la lettre. « Soit quelqu'un, quelque part n'a pas de vie et souhaite que je le tue. »

Il observa le joker souriant pendant un long moment avant de relancer la carte sur la table. Il n'avait pas de temps pour ça. Halloween était demain et il avait stocké tout ce dont il avait besoin, principalement de l'alcool. Il était absolument hors de question de passer l'anniversaire de mort de ses parents, l'anniversaire de mort de Neville et l'anniversaire de la fin de la guerre sans consommer une quantité astronomique de Whisky-Pur-Feu.

Même les reporters avaient eu la décence de déblayer le planché, sans doute pour rentrer chez eux, se préparer pour le lendemain. Quelques-uns prévoyaient de se rendre dans les cimetières, d'autres prévoyaient de rester chez eux et de fêter tranquillement et encore d'autres seraient comme Harry, cloîtrés dans une pièce avec l'alcool comme unique compagnie.

Il savait que Hermione passerait Halloween avec Ginny et Percy et qu'ils rendraient visite ensemble aux tombes de leurs familles et amis. Harry préférait y aller seul. Il avait enterré nombre d'entre eux lui-même, y compris la moitié du clan Weasley quand Hermione était tombée dans le coma, Ginny, trop occupée à pleurer et Percy pas apte mentalement à le faire seul.

Il devrait également faire un détour par Godric's Hollow. Il avait fait faire une pierre tombale pour Sirius, même s'il n'y avait pas de corps et Remus, Tonks, Andromeda, Ted et le petit Teddy – l'enfant qu'il avait promis de protéger mais avait finalement échoué et avait péri par sa faute – étaient tous enterrés là-bas. Harry aimait penser qu'ils auraient appréciés être placés ensemble.

Passant sa veste sur ses épaules et se chaussant rapidement, Harry marqua une pause pour vérifier qu'il ne paraissait pas trop fatigué ou trop las avant de se diriger vers la porte. Pas besoin d'effrayer les enfants qu'il pourrait éventuellement croiser ce jour-là. De plus, il aurait largement le temps de se saouler dans les jours qui viendraient.


Il apparut bientôt que les longs jours que Harry s'attendait à passer dans un état terrible n'arriveraient pas de sitôt, du moins pas de la même manière que ce à quoi il s'attendait.

On approchait de minuit et le feu dans l'âtre n'émettait désormais plus que quelques lueurs incandescentes.

Comme il était si enclin à le faire lorsqu'il avait de longues périodes de temps à tuer – ce qui lui arrivait fréquemment désormais puisque la guerre était finie – Harry se repassait en tête les batailles qu'il avait gagnées et celles qu'il avait perdues. Lui apparaissaient alors sans réel ordre les visages de ses alliés morts, de ses amis morts, de sa famille morte. Les visages des nombreux sorciers et des diverses sorcières qui les avaient tués n'étaient, dans ce cas, jamais bien loin.

Il apaisa le mélange de rage et d'agonie pesant lourd dans sa poitrine, en se rappelant qu'il avait lui-même traqué et tué la plupart des Mangemorts, si on ne s'était pas occupé d'eux sur les champs de bataille et que le reste d'entre eux pourrissaient dans les geôles d'Azkaban.

Il y a six ans de cela, il ne se serait jamais pensé capable de tuer. Maintenant, eh bien, il n'aimait toujours pas mettre fin aux jours de quelqu'un mais il ne pouvait pas s'empêcher de regretter de ne pas avoir fait sauter la tête de Bellatrix avant qu'elle ait pu s'en prendre à Sirius et il ne regrettait aucunement d'avoir décapité plus d'un Mangemort pour protéger ses proches.

Peut-être était-ce pour le mieux que Dumbledore ait péri un an avant le véritable début de la guerre. Voldemort aurait sûrement déjà conquis plus de la moitié de l'Europe si le vieil homme les menait toujours. Il aurait probablement lancé un regard moralisateur tout en déblatérant un speech tout préparé sur l'amour et aurait gardé Harry enfermé chez les Dursley, l'empêchant ainsi de faire quoi que ce soit d'utile.

Harry ricana amèrement tout en sirotant sa boisson. Le directeur serait grandement déçu de voir ce que sa marionnette du Survivant était devenue... Harry s'en foutait complètement.

Cinq minutes avant Halloween. Les hurlements étouffés du vent d'automne lui parvenaient. Harry prit une autre gorgée de Whisky-Pur-Feu, n'appréciant, ni n'aimant pas la brûlure dans sa gorge.

Des fois, il se demandait ce que sa vie aurait été s'il avait simplement pris ses affaires et avait quitté le pays. Est-ce que Voldemort régnerait sur l'Angleterre, à l'heure qu'il est ? Est-ce que cette foutue prophétie aurait ne serait-ce que compté si elle n'avait pas été accomplie ? Après tout, il n'avait pas détruit les Horcruxes seul, cela avait été le résultat d'un effort combiné, avec ses amis. Sans eux, Harry n'aurait jamais pu éliminer le Seigneur des Ténèbres. En y songeant maintenant, avec du recul, il n'était même pas nécessaire qu'il soit celui qui devait lui porter le dernier coup.

Trois minutes avant le trente-un Octobre, il se demanda distraitement comment ses amis survivants se portaient.

En fin de compte, il n'aurait jamais pu se regarder en face dans une glace s'il s'était enfui dans un autre pays. Il n'avait jamais été du genre à choisir l'option la plus facile. Et laisser ses amis faire face à un fou psychotique aux tendances apocalyptiques et aux illusions de grandeur ne lui aurait vraiment pas convenu.

Une minute avant minuit. Alors il pourrait réellement commencer à s'imbiber d'alcool et personne – comme Hermione pour ne pas la nommer– ne pourrait l'accuser de se laisser aller à la dépression puisque la moitié du continent en ferait de même.

Mais maintenant que la guerre était finie, peut-être que Harry pouvait partir. Simplement … se rendre là où il avait envie d'aller. Il n'allait pas prendre ce poste au Ministère de Magie, qu'importe que Kingsley le veuille réellement. Et Minerva ne toquerait pas à sa porte avec un contrat d'emploi avant au moins un an puisque Poudlard était toujours en reconstruction, bien qu'elle ait subtilement insinué que le poste de professeur de DCFM l'attendrait.

A part cela, Harry n'avait plus de réel but dans sa vie. Se battre contre des méchants sorciers et tenter de ne pas être tuer était principalement ce qu'il avait connu depuis ses onze ans. Rajoutant à cela quinze ans – dont cinq qu'il avait passé dans le coupe-gorge qu'était son école école qui, ironiquement, était un bien meilleur lieu que 'chez-lui' – à éviter les poings graisseux de Vernon, à faire des corvées éreintantes et à échapper aux harcèlements de Dudley. Et il pouvait tout aussi bien ramener toute cette histoire de survie et de problème avec l'autorité quasiment au début de son existence. Pas exactement la meilleure influence possible lorsque l'on tente de choisir un honnête choix normal de carrière.

Vingt secondes avant minuit. Quelques craquements provenant de la cheminée se firent entendre, excessivement bruyants dans le silence de la maison.

En y repensant, Harry pouvait se souvenir du moment exact où l'idée de mener un jour une petite vie tranquille avait commencé à le quitter. Pour être franc, ça avait pris du temps mais à l'instant où la mort de Cédric et le retour de Voldemort avaient réellement été assimilés, Harry avait su que la paix n'était pas – ne pouvait pas être – pour lui. La mort de Sirius l'année suivante n'avait fait que le conforter dans l'idée qu'il ne connaîtrait jamais la tranquillité.

Parfois, encore maintenant, il aurait souhaité avoir été un peu plus intelligent, avoir agrippé Cédric puis ce foutu Trophée des Trois Sorciers pour les ramener au moment-même où ils avaient atterri dans ce cimetière. Il aurait aimé avoir été un peu plus rapide et s'être occupé de Bellatrix avant qu'elle n'ait touché Sirius et l'ait fait passer à travers le Voile. Il aurait aimé avoir été un tout petit peu plus fort et avoir pu empêcher les nombreuses morts durant ces six années de guerre.

Parfois, il aurait aimé pouvoir repartir en arrière et faire mieux.

Cinq secondes avant minuit. Il en était déjà aux trois-quarts de sa quatrième bouteille de Whisky-Pur-Feu et n'était qu'à peine éméché. Il se demanda s'il pouvait mettre la main sur quelque chose de plus fort.

Cependant, d'autres fois, la plupart du temps, en fait, Harry aurait simplement aimé avoir une pause. Laisser les attentes de tout le monde derrière lui. Laisser une bonne fois pour derrière lui toute la farce qu'était sa vie. Laisser derrière lui les yeux hantés de Hermione et de Ginny et les postures abattues de Percy et les rangées de tombes creusées à la main.

Tout recommencer.

Quelque part derrière lui, l'horloge de grand-père carillonna, déclenchant un bruit strident qui résonna dans toute la maison.

« Cela peut s'arranger. »

Même partiellement ivre, Harry fut debout, baguette à la main, un couteau dans l'autre et sa magie prête en l'espace d'un instant. La bouteille avait quitté sa main pour se retrouver par terre et un sort de protection informulé et sans baguette l'entourait déjà.

La même voix qui semblait appartenir à une femme désincarnée se mit à rire, carillonnante et amusée. « Par ici, tout petit. »

Tiquant mentalement au surnom qu'il s'était vu attribué, Harry se tourna d'un geste brusque sur sa gauche, en direction de la voix et s'y prit à deux fois pour être sûr d'avoir bien vu lorsqu'il découvrit cette foutue carte de joker flottant dans les airs. La seule différence était que l'horloge du joker semblait avoir été ouverte, comme une montre à gousset à l'envers. Son mur avait aussi disparu, on pouvait voir à la place, au travers de la carte du joker, un tourbillon d'une éclatante couleur dorée.

Devinant, comme il l'avait fait tant d'années auparavant lorsqu'un elfe de maison s'était pointé chez lui, que 'Qu'est-ce que vous êtes ?' aurait été quelque peu impoli il était un tueur, il n'allait pas le nier mais cela ne voulait pas dire qu'il n'avait pas de bonnes manières, il se décida donc pour « Qui êtes-vous ? ». Avec une menace sous-jacente soulignant le tout. Après tout il n'était pas si poli.

« Calme-toi, tout petit. » La voix était maintenant extrêmement amusée. « Je ne te ferai pas de mal. »

« J'en jugerai par moi-même. » rétorqua Harry, hautain en gardant sa posture de combat. Traitez-le de paranoïaque si vous le souhaitez, il préférait être prêt que d'être pris au dépourvu. « Maintenant, veuillez répondre à ma question précédente, qui êtes-vous ? »

Un autre rire mélodieux fit parcourir un frisson dans son dos. « Tu peux m'appeler la Destinée. Et non, ce n'est pas une blague. »

Ce qui avait été exactement ce qu'avait venait de spéculer Harry, aussi plissa-t-il des yeux. Il admettait qu'il n'avait jamais vu d'entités mystiques atterrir dans son salon sous la forme de carte auparavant - et une carte de joker, qui plus est - mais il avait été élevé à la Moldue, contrairement à Ron, et n'était pas non plus focalisé sur les faits et la logique comme Hermione l'était, alors il avait depuis longtemps accepté le fait que tout était possible dans le Monde Magique.

« Sortez de ma tête ! » ordonna-t-il immédiatement, rangeant son couteau mais gardant sa baguette bien en main. « Et si vous êtes vraiment la Destinée, je me dois de vous prévenir que je n'ai jamais réellement cru en toutes ces histoires de futur prédestiné. Peu importe la raison pour laquelle vous vous trouvez ici, je ne veux pas y prendre part. »

« Tellement sur ta défensive, » songea placidement la Destinée, ignorant complètement sa requête. « Et pourtant, tu as fait s'accomplir ma prophétie en ne protestant que très peu. »

La mâchoire de Harry se contracta avant qu'il ne remette sa baguette dans son étui et ne se laisse retomber dans son fauteuil, ayant la ferme intention d'ignorer l'être désincarné. Malheureusement, la carte flotta jusqu'à lui.

« Cela devait être fait. » déclara Harry d'un ton sec. « Si cela n'avait pas été par moi, quelqu'un d'autre s'en serait occupé. La prophétie s'est accomplie grâce à bon nombre d'entre nous. Il a fallu que nous soyons tous là pour détruire les Horcruxes et retenir les Mangemorts en même temps. J'ai juste été au bon endroit, au bon moment pour éliminer ce foutu bâtard. »

« En effet. » concéda la Destinée avec facilité, faisant froncer les sourcils de Harry, ce dernier se faisant suspicieux. « Néanmoins, ma prophétie t'a apporté tant de douleurs durant toute ta vie. C'est pourquoi, en échange, je suis prête à t'offrir une compensation. »

Harry ricana, dérisoire. « Une compensation ? C'est hilarant. Depuis quand la Destinée parcourt-elle le chemin jusqu'ici afin d'offrir une compensation pour avoir réalisé une prophétie ?'

La Destinée ignora complètement sa rhétorique sceptique. « Tu souhaites tout recommencer. Je suis en mesure de t'offrir un moyen de faire cela. De quitter cet endroit et ses peines pour vivre une vie paisible. »

Harry laissa échapper un long soupir. « Je suis quelqu'un qui suit les vieux adages, si ça parait trop beau pour être vrai, c'est qu'en général, ça l'est. Alors merci mais non merci. »

La lumière dorée se fit plus éclatante, tourbillonnant plus rapidement, comme si Harry avait réussi à l'ennuyer. Mentalement, il poussa une petite exclamation de joie.

« Et qu'accompliras-tu en restant ici ? » le défia la Destinée. « Vous les humains, vous passez votre vie à boire au premier signe de tragédie. »

La colère de Harry enfla soudain mais il n'avait jamais été du genre à exploser à la première occasion et, avec les années passées à commander, il avait d'autant plus eu le temps de s'entraîner. Alors son ton se fit mesuré et neutre lorsqu'il reprit la parole.

« Peut-être que pour vous, six ans de guerre ne sont pas grand-chose dans le grand schéma qu'est l'univers, ou quoi que ce soit, » Sa voix était vide de tout sentiment. « Mais nous sommes ceux qui avons perdu plus que nous n'aurions jamais pu penser perdre. Je vous prierai de garder votre opinion pour vous. »

La voix de la Destinée se fit plus froide, cette fois-ci. « Certes, mais tu n'as rien à gagner en restant ici. Je pourrais t'offrir la chance de tout recommencer, comme tu l'as souhaité i peine quelques minutes. Je pourrais t'envoyer dans un monde où tu ne serais plus le Survivant. Un monde où tu serais simplement qui tu déciderais d'être. »

Harry commençait à s'impatienter. « Et faire quoi exactement ? Que je reste ici ou que j'aille là-bas ne changerait pas le fait que je ne désire plus faire grand-chose. »

« Tu seras envoyé une nouvelle fois à l'école. »

Harry retint un ricanement. « Je ne veux pas être professeur. »

« En tant qu'élève, jeune homme. »

Harry cligna des yeux. « J'ai vingt-deux ans. »

La Destinée parut plus irritée. « Évidemment, je te ferai revenir à un âge plus approprié. Suis, un peu ! »

Harry leva les yeux au ciel et tendit la main pour attraper la bouteille d'alcool abandonnée au sol. Elle disparut lorsque ses doigts entrèrent en contact avec le verre. Il grimaça avec agacement mais se redressa sans se plaindre. « Je refuse de revenir à l'âge de onze ans. »

« Alors tu seras un étudiant de quatorze ayant bénéficié d'une scolarisation à domicile. » proposa la Destinée, un peu trop rapidement, d'après Harry mais cela pouvait aussi être dû à son état de légère ébriété et à sa paranoïa. « Récemment devenu orphelin dû à un raid. Tous les transferts et toute la paperasse que vous, humains, adorez tant, je m'en occuperai, moi-même. »

« Orphelin ? Un raid ? » Harry haussa un sourcil. « Alors Voldemort est toujours vivant et la guerre fait rage ? Et vous vous attendez à ce que j'ai une vie paisible ? »

« Pourquoi cela t'importerait-il ? » le pressa la Destinée. « Tu ne seras plus le Symbole du camp de la Lumière. Tu pourrais tout aussi de ne pas avoir à faire face aux batailles et à simplement être un élève comme un autre, comme tu l'as déjà souhaité auparavant. Tu n'auras pas à vivre toutes ces aventures défiant la mort que tu as vécu ici. »

Harry fronça sombrement des sourcils, une part de lui n'arrivant pas à croire qu'il y songeait vraiment. « … Vous avez dit que j'aurais quatorze ans. Est-ce que cela me fera être en quatrième année ? Pendant le Tournoi des Trois Sorciers ? Mais je ne suis pas le Survivant. Alors … »

« Neville Londubat est le Survivant. » l'interrompit doucement la Destinée avant de répondre aux autres questions qu'Harry formulait actuellement dans son esprit, à son grand déplaisir. « Tes parents sont toujours en vie. Sirius Black n'est jamais allé à Azkaban. Peter Pettigrow s'est encore échappé. Et Cédric Diggory … eh bien, je suppose que tout dépendra de la façon dont Neville Londubat gérera la situation. »

Harry déglutit, ressentant un étrange mélange d'envie et de nausée. Cédric pourrait … Et Neville était … Et ses parents étaient …

« Et moi ? » se hasarda Harry, sa presque hésitation le faisant se renfrogner. « Où suis-je ? »

« Oh, cette version de toi est bien en vie. » Il y avait une note de quelque chose dans sa voix que Harry ne réussit pas à déchiffrer. « Il est également en quatrième année alors tu auras évidemment besoin d'un nouveau nom. »

« Je n'ai pas dit que j'y allais. » protesta abruptement Harry. Ses mains se joignirent. Bordel, il voulait un autre verre.

« Mais tu es en train d'envisager tout ce que je viens de te dire. » le contra la Destinée avec contentement.

Harry fusilla la carte des yeux (Au fait, pourquoi une carte ? Et un joker en plus de cela ?). « Je ne peux pas simplement tout quitter comme ça. J'ai des amis, ici. »

« Des amis avec qui tu n'interagis plus ? » se moqua-t-elle malicieusement. « Quand était la dernière fois que tu as répondu à une seule de leurs lettres ? »

Harry se rembrunit. Apparemment, la Destinée était une harceleuse compulsive. « Vous savez, depuis tout à l'heure, vous tentez de me persuader d'aller dans cette autre dimension mais vous ne m'avez pas donné de vrai raison. Et ne gavez pas avec ces histoires de compensation. Je ne suis pas né de la dernière pluie. »

La lumière se fit encore plus rayonnante. « C'est une compensation. » dit-elle laconiquement. « Les Horcruxes contrent les lois de la Mort et cela est interdit. Tu as aidé à rétablir l'équilibre. Et … tu as permis à la Mort de garder ses droits dans ce monde quand personne ne l'aurait autorisé. Tu as trouvé un moyen de le faire quand personne n'aurait ne serait-ce qu'essayé. »

Harry s'immobilisa, un doigt tapotant sur l'accoudoir. Il ne savait pas qu'il avait fait une telle chose. Il n'avait juste eu aucune envie d'être le maître de la Mort. Alors peu après la bataille finale, après l'avoir jetée de nombreuses fois pour la voir réapparaître peu après, Harry avait utilisé la Baguette de Sureau pour détruire la Pierre de Résurrection. Après cela, il avait brisé la Baguette de Sureau en deux et avait déposé les deux morceaux à des endroits différents dans la Salle Sur Demande. La perte de la Pierre signifiait que personne ne pourrait jamais plus rassembler les trois objets. Et même si la Baguette de Sureau ne pouvait pas être réellement détruite, étant donné qu'un des artefacts n'existait plus, il ne pourrait plus y avoir de maître de la Mort.

« L'équilibre restauré tel qu'il doit l'être, la Mort libérée comme elle devrait l'être. » La lumière s'adoucit et, pour la première fois depuis le commencement de cette étrange situation, Harry ressentit une véritable honnêteté provenant de l'entité. « Nous sommes indiscutablement tes obligés, Harry Potter. C'est pourquoi je t'offre une nouvelle vie. Fais-en ce que tu veux, elle est tienne. Il n'y a pas de piège qui se refermera sur toi, pas d'ultimatum posé sur toi, pas de conditions à remplir un jour, une fois là-bas. C'est un cadeau, librement offert. »

Harry ferma les yeux. « Cela serait trop beau pour être vrai. » marmonna-t-il. Il devait y avoir un piège quelque part mais il était clair que la Destinée n'allait pas divulguer de quoi il s'agissait. Elle ne mentait pas directement. Tout ce qu'elle avait dit sonnait vrai. Mais elle ne lui disait pas l'entière vérité et malgré tout une demi-vérité était un mensonge.

Franchement, la Destinée aurait fait une bonne Serpentard.

Revenons-en au principal, toutefois. Si – Si – il y allait, qu'aurait-il à perdre ? Il n'arrivait pas à se rappeler de la dernière où il s'était vraiment assis et avait parlé à Hermione, après la guerre. Il avait envoyé balader Percy et Ginny avec des réponses courtes et indifférentes à leurs lettres. Et encore, c'était seulement quand il répondait. Il ne ressentait pas le désir de se joindre au Ministère, peu importe à quel point il appréciait et respectait Kingsley. Il n'avait aucunement l'intention de devenir professeur à Poudlard non plus, tout du moins, pas pour le moment, même si un de ses enseignants préférés venaient le lui proposer.

Les autres étaient passés à autre chose, de toute façon alors que Harry était … bloqué. Tous les trois avaient leur travail et même si Harry avait plus qu'assez d'argent pour vivre dans le luxe pour le reste de sa vie, il n'avait rien à faire. Rien qu'il ait envie de faire et plus rien non plus à accomplir. Les vétérans de la guerre n'avaient de travail que lorsque la guerre reprenait.

Et il serait en mesure de rencontrer ses parents. Bon, pas exactement ses parents et il se pourrait qu'il ne les rencontre jamais vraiment mais il serait au moins capable de les voir rire et interagir entre eux. Et cela était plus que tout ce dont Harry ait jamais rêvé, lorsqu'on en venait à son père et à sa mère. Sirius n'arborerait pas cette maigreur sur ses traits, ni lueur hantée, pleine de culpabilité amère qu'Harry avait quelques fois discerné dans le regard de son parrain. A part son traître d'ami, Sirius n'aurait rien perdu.

Et peut-être qu'avec Neville s'occupant de tout à la place de Harry qui avait couru en rond et tout foiré plus d'une fois parce que personne ne lui disait rien ;peut-être que ce futur se révélerait bien meilleur que celui dans lequel Harry vivait. S'il le devait, il pourrait même aiguillonner Neville dans la bonne direction, lui donnant subtilement un tuyau sans laisser personne savoir qu'il le faisait.

Ce ne serait vraiment pas si mal.

« Excellent. »

Harry sursauta presque lorsque la voix enchantée le sortit de ses pensées.

« Alors ne perdons pas de temps. » continua la Destinée. « Comme je te l'ai dit, je m'occuperai de la transition. Tes effets personnels t'attendront là-bas. Oh, par contre, je suis désolée, mais la Cape d'Invisibilité doit rester ici. Le Harry Potter de ce monde en a déjà une et cette pauvre Mort a assez de problèmes comme ça pour traquer ses possessions dans les différents mondes parallèles. »

Harry regarda la carte, bouche-bée pendant quelques instants avant de se remettre hâtivement sur ses pieds. « Quoi ?! Attendez ! Je n'ai pas donné mon accord ! Je pensais simplement que … »

Il fut coupé lorsque la lumière inonda la pièce, l'aveuglant tandis qu'elle l'enveloppait telle une couverture en coton douce et chaude. Juste avant que le doré ne passe à un noir serein, Harry jura avoir vu une silhouette éthérée se tenir devant lui, un sourire presque tendre sur ses traits, presque indiscernable.

« Ce que tu feras à partir de maintenant sera le résultat de tes propres choix. Utilise cette opportunité avec sagesse. Et bonne chance à toi, jeune héros. »

L'instant avant que les ténèbres ne l'entourent, Harry songea qu'il devrait prendre ses jambes à son cou, si jamais la Destinée revenait lui rendre visite. Cette entité était bien trop habituée à ce que tout se passe comme elle l'avait prévu.


Alors, alors, alors ? Qu'en pensez-vous ? Pas mal pour un début, non ? En tout cas, moi, j'ai accroché dès le départ :D