Salut tout le monde :) Je reviens aujourd'hui avec un projet un peu spécial... Une traduction ! Le manque d'inspiration aidant, je me suis retrouvé à parcourir des fandoms divers et variés, notamment celui de James Bond, où j'ai découvert cette pépite sur le couple 00Q. C'est une histoire en 5 longs chapitres, mais c'est très bien écrit, intelligent, avec des personnages qui ont une vrai réflexion lucide sur leurs forces et leurs faiblesses, et une relation très intéressante, pas trop idéalisée... Et c'est écrit par la géniale Dhampir72, qui m'a gentillement laissé traduire son histoire de l'anglais. En espérant qu'elle vous plaira, et que j'aurais su transmettre le superbe style de l'auteur.

C'est ma toute première traduction, donc j'attends vivement vos avis et critiques, positifs ou non, pour me permettre de m'améliorer.

Lay it Down

Q aurait dû le prévoir, mais bien sûr, c'était toujours plus facile à dire rétrospectivement.

La douleur siégeait dans sa poitrine depuis plusieurs jours. Ce n'était rien de grave, juste un poids qui reposait en grande partie sur son sternum qui parfois faisait de respirer un peu plus une corvée que d'habitude. Il n'y prêtait pas vraiment attention, l'attribuant aux pluies froides de l'hiver et au froid transperçant jusqu'à l'os qui régnait dans le siège souterrain du MI6. Bond y pensait bien plus qu'il ne le faisait, c'était certain. Un matin, Q se réveilla pour trouver le double-zéro le regardant fixement, comme s'il n'avait pas dormi de la nuit. Les cernes sous ses yeux étaient profondes. Elles n'étaient pas là la nuit d'avant, quand Bond était revenu de sa mission pour le coincer dans la douche et le baiser jusqu'à ce qu'il oublie son propre nom. Q se demanda s'il avait des cauchemars, mais n'osa pas poser la question.

"Impossible de dormir?" demanda Q, se tournant dans le bras de Bond pour jeter un coup d'œil à l'horloge. Comme il ne pouvait pas lire les chiffres correctement, il attrapa l'appareil, le rapprochant de son visage. 06h41. Il le poussa de nouveau sur la table de nuit, avant d'enfouir sa tête plus loin dans son oreiller. Il pouvait encore dormir pendant une heure. Le bras autour de sa taille l'attira plus près, jusqu'à ce que l'autre homme soit une ligne de chaleur contre son dos.

"Tu ne respires pas comme il faut. " souffla Bond contre son épaule, Sa barde de deux jours piquant même à travers le tissu de pyjama de Q. "Et la température de ton corps est différente." Son souffle chaud semblait presque désapprobateur, comme si c'était entièrement la faute de Q.

Q ne savais pas s'il devait être ennuyé ou flatté de ces observations. Cela ne faisait que quelques mois qu'ils avaient commencés ... Ce qu'ils avaient, quoi que ce soit, d'ailleurs. Bond partait parfois pendant des semaines et continuait à avoir des relations sexuelles avec de belles femmes pendant ses missions, mais à chaque fois qu'il revenait à Londres, il se retrouvait inévitablement dans l'appartement de Q, dans son lit, et ce quelque que soit l'état dans lequel il avait quitté le terrain. Le Quatermaster n'avait pas vraiment recherché cette compagnie, mais il n'avait pas protesté non plus, et avait même permis de Bond à garder quelques affaire de rechanges sur un côté de l'armoire. C'était plus par commodité qu'autre chose, ou du moins, c'était ainsi que Q se le justifiait. Bond semblait avoir adopté l'arrangement, dont ils n'ont presque jamais parlé. Ils n'avaient pas vraiment à le faire, après tout, parce que leurs relations personnelles étaient séparées du MI6 et ils agissaient au travail avec un parfais semi-professionnalisme comme ils l'avaient toujours fait.

Donc, rien n'avait vraiment changé, sauf pour le sexe, qui était excellent, soit dit en passant. Et c'est tout ce que c'était: du sexe. Il n'y avait pas de liens, aucune des complications que les relations habituelles apportent. Ils étaient des adultes qui avaient atteint une compréhension mutuelle du genre de relation qu'ils voulaient. C'était simple et physique et rien de plus. Ou plutôt c'est ainsi que cela aurait dû être. Peut-être que ça avait commencé à devenir quelque chose de plus, sans qu'ils s'en rendent compte. Il y avait ces toutes petites choses, comme la garde-robe partagée et Q qui gardait la marque de café préférée James Bond dans son appartement et la brosse à dents supplémentaire près de l'évier de la salle de bains. Il y avait aussi des choses un peu plus visibles, comme quand Bond préparerait le petit déjeuner le matin et qu'ils regardaient la télé avant que Q aille travailler. Puis il y avait les pas-si-petites choses, comme quand Bond venait quelques nuits et se glissait dans le lit avec lui, juste pour se tenir tout contre lui, comme si Q était la seule chose qui le gardait dans ce monde. Ces choses-là ne dérangeaient pas Q, en fait, il les aimait un peu trop. Et ça lui posait parfois problème. Quand Bond était absent, il lui était beaucoup plus difficile d'aller au lit par lui-même et de se réveiller seul, entouré par de petits rappels de la présence de Bond dans sa vie. Tout cela criait que Q était en train de s'attacher alors qu'il n'était pas supposé le faire. Pourtant, il aimait cela et ça l'effrayait plus qu'il ne voulait l'admettre. Et peut-être qu'il n'était pas le seul à s'approcher de trop près: Bond savait de quel côté du lit il préférait dormir, et comment il prenait son thé et où exactement Q besoin d'un massage après une longue journée penché sur un clavier. Et apparemment, Bond avait également mémorisé les modes de respiration de Q et de la température normale de son corps, immédiatement au courant des fluctuations de celles-ci. Cela ramena Q à se demander s'il devrait être agacé ou flatté, et au fait qu'il ne pouvait pas décider.

"Q." appela Bond, d'une manière indiquant qu'il l'avait déjà fait à plusieurs reprises. Il devait s'être assoupi sans s'en apercevoir. Q n'avait même pas réalisé ses yeux s'étaient refermés. Il lutta pour les ouvrir à nouveau.

"Hmm." fut sa seule réponse. Il avait le sentiment qu'il avait pensé pendant un certain temps, mais le réveil était trop loin de lui pour qu'il puisse vérifier l'heure de nouveau. Dehors, il faisait encore sombre. Il pouvait entendre la pluie contre les vitres. Sa poitrine était lourde. Il referma les yeux.

"Tu devrais aller voir un médecin." déclara Bond.

" Tu devrais aller voir un médecin. " marmonna Q dans son oreiller. Il n'eut pas besoin d'avoir les yeux ouverts ou d'être face à Bond pour savoir que sa réplique en demi-teinte fit sourire l'autre homme.

"Ton esprit manque de son mordant habituel." déclara Bond, glissant sa main sous la chemise de Q. Ses doigts brossèrent sa peau comme de l'eau fraîche. Q frissonna malgré lui, se sentant soudain froid.

"Il est encore tôt… " grommela Q, en tirant sur la couette dans l'espoir de gagner plus de chaleur. Les doigts de Bond pressèrent doucement son flanc.

"Tu couves quelque chose."

Il avait l'air... concerné? Q avait juste assez de conscience pour entendre quelque chose comme ça dans sa voix, s'accrochant sur les consonnes. Est-ce que la voix de Q sonnait de cette manière quand Bond était en mission, sur le point de faire quelque chose de stupide qui pourrait l'empêcher de rentrer à la maison?

"Je vais bien." Il se retourna dans les bras de Bond à nouveau, pour mettre l'horloge, la fenêtre et la pluie sur son dos. Il ne voulait pas penser à leurs règles et la manière qu'ils avaient de les enfreindre, parce qu'il aimait avoir des choses de Bond dans sa garde-robe et le café dans la cuisine et la brosse à dents dans la salle de bain. Et parce qu'il aimait quand Bond faisait le petit déjeuner et quand ils regardaient les nouvelles le matin. Et parce qu'il aimait particulièrement quand Bond venait au lit pour le tenir contre lui comme s'il était la seule chose qui comptait. Il était égoïste, il le savait, mais Q aimait tout cela. Il prendrait tout ce qu'il pouvait, tant qu'il le pouvait, et damné soit leur contrat.

Q cacha sa tête sous le menton de Bond, il savait combien Bond aimait quand il a faisait ça. L'autre homme glissa une main dans son dos et glissant doucement ses doigts dans les cheveux à la base de sa nuque. Si Q avait pu ronronner, il l'aurait fait. Au lieu de cela, il se blottit contre la gorge de Bond, ses lèvres effleurant sa peau chaude. «Ce n'est rien ... C'est juste le temps."

Bond ne dit rien, mais Q savait cela ne signifie pas qu'il le croyait. Peu importe, son silence et la pluie et les doigts dans ses cheveux poussèrent Q à nouveau droit dans les bras de Morphée.

00Q00Q00Q

Dans l'après-midi, Bond avait été informé qu'il serait expédié vers l'Espagne.

Même s'il venait de rentrer d'une mission de deux semaines en Syrie et avait gagné un petit sursis, M l'avait voulu de retour sur le terrain. Et Bond n'était pas homme à dire non lorsqu'il s'agissait d'abattre un acteur majeur d'une organisation terroriste de longue date, en particulier alors Mallory lui avait assigné la mission personnellement. Au moins, cela voulait dire qu'il ne pense pas que Bond soit prêt à être mis au placard pour l'instant.

Dossier en main, Bond pris l'ascenseur jusqu'à la Division Q pour s'équiper. Quand il arriva, il ne trouva dans la zone principale qu'une poignée d'employés, qui leva à peine les yeux vers lui lorsqu'il entra. Q n'était ni à la station de travail principale, ni, après enquête, dans son bureau. Cela ne laissait Bond qu'avec aucun autre endroit à regarder à part la R & D. Si les Doubles-Zéro était rarement vu dans la division Q sauf lorsqu'il s'agissait de ramasser leurs armes et autres gadgets leur ayant été assignés en fonction de leur mission, il était encore plus rare de les trouver dans la R & D, où lesdites armes et gadgets sont conçus et testés avant leur utilisation. La plupart des gens portaient des blouses de laboratoire dans cette section et selon la dangerosité des expériences effectuées, des masques faciaux et des gants en latex. Q lui avait dit une fois qu'il ne pouvait ni confirmer, ni nier l'existence de laboratoires de recherche biochimiques dans les profondeurs de MI6. Mais la façon dont il l'avait dit, avait fait se demander à Bond s'il devait avoir peur de ce que la R & D pourrait cuisiner ici.

Il venait de passer une pièce de verre dans laquelle des laborantins travaillaient sur ce qui semblait être une sorte de lance-roquettes haute technologie, quand il repéra Q dans le couloir devant. Il venait d'apparaitre au coin du couloir avec une chercheuse en blouse blanche. Elle parlait vite, mais succinctement, tandis que Q tapait des choses et d'autres sur la tablette dans sa main. Quand elle aperçut Bond, elle se tue rapidement, obligeant Q à faire une pause dans sa foulée et à lever les yeux. Son regard la quitta pour se fixer sur Bond. Il avait l'air pire que quand il avait quitté l'appartement ce matin, si c'était possible, toute couleur semblait déserté son visage. Il lui fallut faire appel à toute sa formation pour ne pas avoir l'air préoccupé.

"007." Lança le jeune homme en guise de salutation.

"Q." répondit Bond. Il leva le dossier et Q lui fit un signe presque imperceptible avant de se retourner vers la chercheuse.

"Vous avez mon autorisation pour continuer avec le projet Mondal" commença Q, tapant quelque chose sur l'écran de sa tablette. "Mais s'il vous plaît restez dans le budget cette fois. Le fiasco Eiago nous a presque mit en faillite pour l'année." Elle eut la décence d'avoir l'air regarder un peu intimidée et commença à prendre des notes

"Et le projet Cardwell ?" elle demanda timidement, après un moment de la saisie.

"Donnez-moi plus de données sur la précision et l'efficacité. Si elle dépasse les normes établies par Boothroyd, je reverrais votre proposition dans quelques semaines" répondit Q.

"Oui, monsieur. " dit-elle, sa voix montrait plus de déception que son expression pouvait le laisser paraitre.

"Impressionnez-moi et vous obtiendrez tous les fonds dont vous avez besoin." Lui assura Q, ses sourcils montant jusqu'à la racine des cheveux. «Je veux au moins cinq d'entre eux pour le programme Doubles-Zéro." Il regarda Bond, puis retourna à sa tablette. "Peut-être deux fois plus, 007 ne rapporte jamais quoi que ce soit en un seul morceau."

«Risques professionnels." répondit Bond. Il vit Q lutter contre un sourire.

"Quelque chose d'autre, Miss Hersland ?"

"Non, monsieur." dit-elle, en fermant le couvercle de sa tablette. "Merci." Et avec cela, elle se retourna et disparut comme elle était venue. Q attendit qu'elle soit hors de vue avant de laissé échapper un soupir et de pincer l'arrête de son nez sous ses lunettes. Bond avait vu le geste plusieurs fois, surtout après avoir ramené de l'équipement brisé, cette fois-ci il semblait un peu plus fatigué que d'habitude. Cela donna envie à Bond de combler la distance entre eux, peut-être même de frotter les épaules de Q comme il savait que l'autre homme aimait tellement. Mais ils étaient au travail et ils avaient convenu de la bienséance, de sorte Bond ne suivit pas cette impulsion.

"Alors je reçois de nouveaux jouets bientôt?" demanda Bond à la place, souriant à Q.

"Absolument pas." refusa Q, passant sa main sur son visage. Il semblait déjà épuisé et le jour n'avait qu'à peine commencé, mais Bond pouvait dire qu'il avait fait un effort pour sourire un peu quand même. Ce sourire était le favori de Bond : le petit qui tirait sur ses lèvres quand il était amusé. "Vous n'obtiendrez nulle part du nouveau matériel avant que nous ne rameniez quelque chose qui n'est pas cassé au-delà de réparation. N'importe quoi, 007. Même un foutu écouteur serait une amélioration à ce stade. "

Pour les spectateurs, ils s'engagèrent dans leur habituelle joute sur l'équipement brisé et les périls du terrain alors qu'ils quittaient la R & D pour se diriger vers le bureau de Q. Une fois qu'ils furent à l'intérieur, Bond ferma la porte derrière eux. Appuyant le deuxième interrupteur sur le mur, il obscurci la seule fenêtre du bureau. Ils pouvaient encore voir l'open space, mais personne ne pouvait les voir eux. Bond aimait la discrétion.

"N'y pense même pas" déclara Q. Il gardait son dos face à Bond comme il déposait sa tablette pour passer au crible certains dossiers sur son bureau.

"Penser à quoi ?" Bond demanda, un sourire se dessinant sur ses lèvres alors qu'il abandonnait son propre dossier sur la chaise la plus proche avant de se rapprocher de Q. Il posa ses mains sur les épaules du jeune homme et commença à frotter ses pouces en de doux cercles le long du haut de sa colonne vertébrale. Presque immédiatement, Q arrêta ce qu'il faisait et se détendit sous ses mains. Un petit, son plaisir lui échappa, et Bond ne savait pas s'il devait le classer comme quelque chose d'excitant ou de simplement adorable. Peut-être un peu des deux. "Je ne pensais pas à autre chose que cela. A quoi pensais-tu ?" Il a se déplaça jusqu'aux omoplates de Q, en massant avec plus que ses pouces maintenant. La tête de Q chuta vers l'avant et il le son lui échappa encore. Bond n'avait pas besoin de voir son visage pour savoir que ses yeux étaient fermés de plaisir. "Eh bien?"

"Rien du tout ..." soupira Q, une partie de la tension quittant son corps alors que Bond travaillait sur un nœud particulièrement agressif dans son épaule droite. "Je ne serais plus en mesure d'accomplir quoi que ce soit pour le reste de la journée, si tu continues sur cette voie."

"Tant mieux. Rentres à la maison. Prend toi une journée." commença Bond, glissant ses mains le long du dos de Q et puis autour de ses hanches, tirant l'autre homme contre sa poitrine. Il le sentait plus faible que d'habitude dans ses bras. Un peu plus de repas et beaucoup moins de thé lui ferait le plus grand bien. Mais Bond n'avait pas insisté, parce qu'il savait maintenant que cela donnerait seulement envie à Q de résister. Au lieu de ça, il a enfouit son nez dans les cheveux doux et indisciplinés de Q. Il sentait comme la pluie de ce matin. "Tu as besoin de dormir."

"J'ai très bien dormi." Q pencha sa tête en arrière pour se reposer sur l'épaule de Bond. "Tu es celui qui a besoin de repos. Être renvoyé en d'Espagne avec à peine, voir pas, de sommeil. Dieu seul sait quel genre de destruction tu vas causer."

"Je garderais ça dans la limite du raisonnable." Il vit le coin de la bouche de Q sursauter en un sourire.

"Menteur"

"J'essaierais de garder ça dans la limite du raisonnable. " Modifia Bond, bougeant sa main pour laisser ses doigts glisser sous le bord du cardigan de Q.

"Mais oui, tu es chanceux, tu es génial. " répondit Q, mais il tapa la main de Bond quand même alors qu'il s'éloignait de lui. Il a pris l'un des dossiers sur son bureau et en sorti une enveloppe, qu'il donna ensuite à Bond. «Ton passeport et carte d'embarquement."

"Première classe?" Bond demanda sans l'ouvrir.

"Tu seras en autocar, avec le reste des paysans", dit Q, mais il sourit d'une manière qui indiquait clairement le contraire. Bond sourit. Q s'arrangeait toujours pour qu'il voyage en première classe, même si la mission ne nécessitait pas de ce genre de couverture, et puisque ses méthodes n'étaient probablement pas sanctionnées par le MI6 (voir légales), il appréciait ce traitement spécial et gardait sa bouche fermée.

"Donc, ça veut dire que je suis ton favori?" demanda Bond, diminuant l'espace entre eux. Q recula un peu sur son bureau, mais ne le repoussa pas quand il posa ses mains sur ses cuisses.

"Je n'ai pas de favori." Son expression resta neutre alors même que les paumes de Bond remontaient sur ces cuisses.

"Vraiment?" demanda-t-il en levant un sourcil. Il agrippa les hanches étroites de Q avec le bout de ses doigts, en se penchant en avant. Presque simultanément, Q pencha sa tête en arrière, exposant un peu plus de sa gorge pâle. C'était un défi flagrant. Bond aimait le cou de Q, mais il savait qu'il ne pouvait pas laisser des marques, ce qui constituait la moitié du jeu.

"Ce serait assez peu professionnel d'avoir des favoris. " répondit Q, en regardant Bond sous ses cils. Il était tentateur et il le savait. S'il n'avait pas un vol qui l'attendait, et que Q n'était pas si fatigué, Bond aurait pu le pousser sur son bureau pour le prendre sur le champ. Deux fois.

"Heureusement, nous sommes tous les deux très professionnels." Dit-il à la place, incapable de résister à quelques instants de la gourmandise. Ses doigts desserrèrent la cravate de Q avec un mouvement d'experts, puis défirent rapidement les deux premiers boutons. La seconde suivante, il avait ses lèvres à cet endroit juste sous la mâchoire Q qu'il aimait tant, respirant l'odeur de la lotion après-rasage et de la peau chauffée alors que sa bouche ouverte embrassait doucement.

"Heureusement." Répéta Q avant qu'un soupir heurté ne lui échappe lorsque Bond frôla sa pomme d'Adam avec ses dents. Ce son sembla envoyer un message directement au sexe de Bond. Au diable le self contrôle. Il amena Q à s'allonger sur le bureau, en tirant pleinement parti de cette position pour commencer à déboutonner habilement son terrible cardigan. Il embrassa sa gorge à nouveau, laissant ses lèvres s'attarder sur sa carotide. Sa langue descendit en suivant cette délicieuse impulsion, laissant une bande humide sur la peau chaude. Les mains de Q vinrent saisir ses épaules, mais il ne le repoussa toujours pas. "Tu es vraiment un homme mauvais." lâcha-t-il dans un murmure, au moment où Bond vaincu le dernier bouton pour ensuite sortir la chemise qu'il avait caché dans son pantalon.

"Je n'ai jamais prétendu être bon." Son sourire le-diable-lui-même-devrait-se -méfier déformait les coins de sa bouche, qu'il remit rapidement au travail, embrassant la colonne de la gorge dénudée de Q. Il ne put pas résister de mordre à la clavicule. Des doigts saisirent ses cheveux courts dans une réprimande silencieuse, mais la façon dont le corps de Q s'arqua contre la bouche de Bond l'encouragea à poursuivre. Un instant plus tard, une belle marque en relief fit son apparition sur la clavicule droite de Q. "Et tu n'es pas un saint non plus." dit Bond, léchant le bleu, faisant trembler le quatermaster sous lui. Savoir que celui-ci serait visible pour une partie de la durée du déploiement de Bond lui donna un profond sentiment de satisfaction. Q ne pourrait faire autrement que penser à lui lorsqu'il verrait la marque la marque chaque jour en s'habillant et en se déshabiller. Et même si elle pouvait être cachée facilement sous une chemise, si quelqu'un la voyait, il saurait que Q appartenait à quelqu'un. L'idée était tout simplement enivrante.

"Je n'ai jamais prétendu en être un." Plaida Q, en déplaçant sa jambe gauche sous Bond, le frôlant exactement au bon endroit et de la bonne façon pour créer ce délicieux et électrisant éclat de plaisir.

"Bien. Je ne t'aurait pas voulu d'une autre manière." Avant de mordre à nouveau la clavicule de Q ses mains glissant sous la chemise avec détermination. Sous lui, le corps de Q réagi immédiatement et Bond commençait à penser que cela valait la peine de prendre un vol plus tard, lorsqu'il prit une pause. Il s'arrêta à mi-chemin le long de l'abdomen de Q, doigts écartés sur protubérances de ses côtes. La peau sous ses paumes brûlait à un degré trop élevé pour être agréable. C'était un peu comme la nuit précédente, quand Bond s'était réveillé après seulement une heure de sommeil à cause du corps surchauffé de Q pressé contre le sien. La préoccupation écrasa son excitation plus rapidement que si quelqu'un lui avait renversé un seau d'eau glacée sur la tête.

"James ? "

Q s'était appuyé sur ses coudes pour regarder Bond, interrogateur. Bien qu'en temps normal il adorait voir le jeune quatermaster dans une telle débauche, pupilles dilatées, chemise entrouverte, une morsure s'assombrissant sur sa clavicule, Bond pouvait maintenant voir les signes de la maladie qui s'accrochaient à lui. Cela chassa toute son envie de prendre Q sur ce bureau, la remplaçant par un besoin massif et désespéré de s'occuper de lui. Ce besoin aurait dû terrifier Bond : lui rappeler les sentiments qu'il avait nourrit pour Vesper et le désespoir qui avait suivi sa mort. Mais avec Q, étrangement cela ne semblait pas aussi troublant que cela aurait dû. C'était venu si facilement et ça semblait si juste, plus qu'avec n'importe qui d'autre dans le passé, et Bond se retrouvait à se laisser aller plutôt qu'à essayer de le repousser.

Quand il était commencé dans cette relation avec Q, ils en avaient convenu: ce serait purement physique. La plupart du temps, cela signifiait du sexe, mais de temps en temps, ça voulait juste dire un corps chaud à côté duquel dormir la nuit. Quoiqu'il en soit, cela ne signifiait surement pas s'engager au-delà d'un certain point, et Bond était déjà bien au-delà. Il le savait depuis quelques semaines, quand il avait cessé de se glisser hors du lit dans les premières heures de la matinée pour revenir à son appartement, juste pour pouvoir se réveiller et passer des matins calmes avec un Q ensommeillé. Il le savait depuis qu'il avait constaté qu'il aimait faire le petit déjeuner pour deux au lieu d'un et qu'il éprouvait une satisfaction à s'assurer que Q avait eu au moins un repas correct par jour. Il le savait depuis qu'il lui arrivait de se réveiller dans une étrange chambre d'hôtel à l'autre bout du monde et de souhaiter que Q soit à côté de lui. Il savait toutes ces choses, et pourtant, elles ne l'effrayaient pas. En fait, Bond aimait ça plus qu'il ne l'avouerait jamais.

"James?" appela encore Q, sa paume glissant le long du bras de Bond. Le geste ramena Bond à l'instant présent.

"Tu es chaud." Répond-t-il. Il n'avait toujours pas bougé ses mains de la poitrine de Q, où la chair n'était rien de plus que fébrile.

"C'est souvent ce qui arrive quand le corps est stimulé." Un sourire amusé dansait sur ses lèvres. Il hésita quand Bond enleva ses mains et commença à remettre sa chemise en place. Q se redressa un peu plus, empêchant Bond de la rentrer totalement son pantalon. "Vous allez vraiment laisser passer l'occasion de me baiser sur mon bureau?" demanda-t-il incrédule. "Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de James Bond?"

"Tu as de la fièvre." Argua Bond en guise d'explication. Bien que baiser le quatermaster sur son bureau était en haut de sa liste de fantasmes, il ne se laisserait pas agir selon ses désirs alors que Q était malade.

"Encore ça ?" demanda Q avec un soupir de lassitude. Il se releva tout seul, chassant les mains de Bond. "Il n'y a rien à craindre. Je te l'ai dit. C'est juste le temps. Je vais bien. " Bond regarda Q reboutonner sa chemise, cachant la marque à sa vue, puis rattacher sa cravate. Il aurait voulu le faire, mais il savait que Q ne l'aurait pas laissé. Bien qu'il ne soit pas en colère, pas encore, Bond pouvait détecter une émotion dans ses mouvements raides, située quelque part entre l'irritation et la gêne. «Maintenant, si je ne me trompe pas, tu as un avion à prendre."

Il est évident qu'il ne voulait pas parler de ce sujet, mais Bond n'était pas homme à abandonner si facilement.

«Q…» commença-t-il, mais l'autre homme le fit taire d'un seul regard, alors qu'il a glissait hors de sa portée pour se tenir debout. Q était presque assez grand pour avoir ses yeux au même niveau que les siens. Derrière les verres de ses lunettes, la fièvre faisait briller ses yeux verts. Bond voulait l'attacher sur le canapé niché dans le coin du bureau et le tenir jusqu'à ce qu'il s'endorme. Au lieu de cela, il amena ses deux mains sur les épaules étroites de Q, puis un peu plus vers le haut, de sorte que ses paumes reposaient sur chaque côté du cou. Ses doigts s'emmêlèrent dans les cheveux noirs alors qu'ils bougeaient pour bercer l'arrière du crâne de Q. La tension du corps de Q s'atténua, ses cils flottant alors que ses paupières se fermaient. Le pouls à son cou se remit à battre calmement, sans aucune trace de peur ou d'appréhension. Ce n'était généralement pas de cette façon que les gens normaux réagissaient quand un double-zéro avait les mains pratiquement enroulés autour de leur gorge. Mais Q n'était pas une personne normale et Bond l'aurait embrassé sans fin si ce n'était la situation n'était pas si pressante. «Je suis inquiet pour toi ...».

La tension revint dans corps de Q avant même qu'il ne rouvre les yeux. Bond sentait la forte hausse de son pouls contre sa paume.

"Stop." déclara Q fermement, mais il ne fit aucun geste pour essayer de se libérer de son emprise. Il regarda calmement à Bond, qui lui rendit son regard sans broncher. «Arrêtez tout cela, James. Nous avions convenu."

"De quoi?"

"On ne fait pas cela."

«Faire quoi?"

"Vous savez quoi."

Bond le savait, mais il voulait qu'il le dise. Q détourna ostensiblement les yeux, son regard fixant sans la voir l'épaule droite de Bond.

"Etre émotionnellement attaché." Lâcha-t-il enfin. "Vous ne voulez pas." Il fit une pause un peu trop longue avant d'ajouter: « Je ne veux pas." Son prochain souffle semblait venir d'ailleurs, comme si ça faisait mal. Peut-être que c'est ce que ça faisait. "Nous avons convenu. "

«Nous l'avons fait.» répondit Bond, déplaçant ses pouces pour caresser doucement le long de la face inférieure de la mâchoire du Q, puis le menton. Si James avait appris quelque chose de leurs quelques mois ensemble, c'était que Q était un amant très sensible. Une pression subtile contre sa peau fut tout ce dont il eut besoin pour qu'il incline sa tête en arrière, regardant à nouveau Bond. "Mais ceci n'enfreint pas l'une des règles."

Q lui lança un regard douteux qui fait rire Bond, mais il se retint.

"Nous ne les enfreignons pas." Continua-t-il. "Je ne te demande pas d'être exclusif. Nous ne sortons pas et nous n'allons certainement pas nous marier et déménager à la campagne ensemble lorsque nous serons à la retraite." Q fit une grimace de dégoût à l'évocation d'abominations telles que le mariage et la campagne. Bond ricana, évoquant une image mentale de Q errant le long d'une lande Ecossaise désolée avec son ordinateur portable dans une tentative de trouver un réseau sans fil décent. "Aucun d'entre nous est à la recherche de quelque chose de sérieux. Tu es occupés à faire fonctionner le département et je suis-"

"Trop occupé à briser tout mon équipement et créer sans cesse plus paperasserie pour moi?" Q fini pour lui. Bond combattit une grimace arrogante et opta à la place pour un charmant sourire.

"Tout ça parce que je me soucie de toi ?" demanda Bond peu convaincu.

"Mmhmm." fut la réponse évasive de Q.

"Quoi qu'il en soit ... Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a rien dans notre accord qui dit que je ne peux pas être préoccupé par ta santé." Q ferma les yeux et il laissa échapper un long soupir de souffrance. "Tu t'inquiètes pour moi tout le temps." Fit-il remarquer, avant Q puisse penser à autre chose à dire.

"Oui, mais c'est mon travail"

"Seulement ton travail?" demanda Bond, en levant un sourcil. Q entrouvrit un œil pour le considérer.

"Si tu n'étais pas si téméraire, cela n'aurait pas à être mon travail." Et il y avait la trace d'un sourire dans sa voix.

"Tu es juste grincheux parce que tu es malade." Réplica Bond avant que le quatermaster ne le envoie un regard noir.

"Je ne suis pas grincheux." Grogna-t-il, offensé.

"Ah, mais tu admets que tu es malade, alors."

«James Bond, méfiez-vous, je vais vous envoyer sur le terrain avec seulement quelques punaises et un yo-yo."

Le regard irrité de Q n'était rien de plus qu'adorable. James rit de bon cœur et l'embrassa sur le front.

«Très bien, n'admet rien." Dit-il avant que son regard ne se fasse plus sérieux. "Mais promet-moi que, si tu ne vas pas à l'infirmerie, au moins tu ne forceras pas trop." Q le regarda un moment avant de croiser les bras sur sa poitrine.

«Je ferai de mon mieux." répondit-il seulement. Ce n'était pas un oui ou un non, mais c'était la meilleure réponse que Bond obtiendrait pour le moment. Il attira Q dans ses bras et le serra contre sa poitrine pendant un moment. Dans un premier temps, Bond pensa qu'il pourrait hésiter, mais les bras de Q vinrent presque immédiatement autour de lui. Malgré ce que les gens pourraient penser du quatermaster, il aspirait au contact autant que n'importe qui, peut-être même plus. Lorsqu'il était offert, Q l'acceptait comme s'il en manquait terriblement, ce qui en un sens, était vrai. Bien que Bond avait été de retour depuis deux jours, à cause de son débriefing et l'horaire de travail de Q, ils avaient obtenu seulement une vingtaine d'heures ensemble après avoir été séparés pendant plus d'une quinzaine de jours. La moitié de ce temps a été consacré à un engagement physique, leur faim désespérée alimentée par un besoin basique de se rassurer, l'autre moitié ils l'ont passés à dormir. Maintenant, sentir Q tout contre lui, plus mince que lorsqu'il l'avait laissé et brulant de la fièvre, le remplit instantanément de regrets. S'il l'avait remarqué plus tôt, il aurait pris soin de lui, l'aurait obligé à se reposer. Mais il n'avait pas de temps pour ça, maintenant qu'il n'avait plus que quelques minutes avant de devoir passer la porte. Il combattit l'irrésistible désir de rester. Le travail passait toujours en premier, ils en avaient tous les deux convenu, mais cela ne rendait pas le départ plus simple.

"Bien." dit Bond finalement, une fois qu'il pouvait parler sans dévoiler ses pensées. "Je serai de retour dans quelques jours."

"Si vous jamais vous partez." Affirma Q, lui titillant gentiment le flanc.

"Tu me fiches dehors ?" demanda Bond, le libérant avec une fausse expression heurté.

"Absolument." Il ramassa les fichiers et les documents de la mission de Bond, les lui tendant avec rien de moins que le plus grand professionnalisme. "Tu auras besoin de ça."

"Mon Walther?" demanda Bond, en prenant les dossiers. "Et l'écouteur?"

"Punaises et yo-yo, tu te souviens?" répondit Q, et Bond considéré un moment à le gronder sa fâcheuse tendance à être effronté, mais ne le fit pas, et grimaça comme un garçon à la place. Q roula des yeux, son stoïcisme épuisé, et ouvrit le tiroir de son bureau pour récupérer un étui à fusil, qu'il passa à Bond. Il ne lui pas demanda qu'il revienne en un seul morceau.

«Où est mon discourt habituel sur le fait d'être gentil avec mes jouets?" demanda-t-il.

"Pourquoi devrais-je me donner la peine? Tu n'écoutes pas de toute façon. " Il s'avança pour redresser la cravate de Bond et refermer le premier bouton de sa veste. Même s'il gronda ses mots, ce ne fut avec rien d'autre que le l'affection.

"Tu me blesse. J'écoute toujours mon quatermaster."

"Ca se serais une journée tranquille. " Fini Q se reculant de Bond pour le voir partir d'une manière beaucoup plus formelle. Ils ne se sont presque jamais embrassé pour se dire au-revoir c'était pour l'intimité de leur propre chambre, pas pour le bureau. C'était une autre partie de leur accord, mais une beaucoup plus silencieuse: qu'ils ne se feraient jamais ce genre d'adieu. Dans leur branche de travail, ça n'était pas de bon augure. "Rapport à 22h00 CET."

"C'est un rendez-vous." Déclara Bond avec un clin d'œil, alors qu'il se dirigeait vers la porte.

"Essayez de ne pas mourir, 007." Lança Q

"Pas de promesses."

00Q00Q00Q

Après que Bond fut partit, Q n'eut pas beaucoup de temps pour réfléchir à leur conversation et à ses répercussions possibles. Immédiatement, il rencontra Tanner pour une réunion prévue à la hâte un plus tôt dans la matinée. Eve se joint à eux et pris des notes très professionnellement, sans dire un mot jusqu'à la fin de leur séance d'une heure, lorsqu'elle s'arrêta enfin se fut pour demander à Q s'il se sentait bien.

"Tu n'as pas l'air d'être en forme." dit-elle, après Tanner soit sorti de la pièce.

"Je vais bien." lui assura Q. Elle était devenue une sorte d'ami après Skyfall, et plus encore pendant les derniers mois. Dans une organisation composée d'espions, Q avait trouvé en elle l'une des personnes les plus dignes de confiance... et des plus attentives. Elle savait pour Q et Bond peut-être même avant qu'ils ne le fassent.

"Si c'est Bond, je peux lui faire du mal pour toi." Offrit-elle. "Ils ne servent pas qu'à la marche, si tu vois ce que je veux dire." Elle fit un geste vers les aiguilles pointues de ses chaussures, et Q ne su pas dire tout de suite si c'était une plaisanterie ou dit avec le plus grand sérieux.

"Aussi adorable que soit cette image mentale, je vous assure, je vais bien." Répondit-il en parvenant à lui sourire. "Je suis juste un peu fatigué."

"Bond t'empêches de dormir?" Un sourire sournois sur ses lèvres. Q pria pour ne pas rougir.

"Quelque chose comme ça." marmonna-t-il, en se frottant à l'épaule où la marque Bond l'élança agréablement quand il pressa son pouce contre elle.

"Déjeuner?" demanda-t-elle, et Q consulta sa montre. Il avait seulement une trentaine de minutes avant son prochain rendez-vous et les excursions de midi avec Eve n'étaient jamais de courtes affaires.

"Déjà mangé. " mentit-il, se dirigeant vers la porte. "Une autre fois ?"

"Absolument. Prend soin de toi, Q."

Il hocha la tête et se retira dans son bureau, la tête basse. Sur le chemin de la cafeteria pour prendre quelque chose de petit et rapide à avaler pour le déjeuner, il reçu un courriel lui indiquant que sa prochaine réunion avait été reportée pour commencer dans cinq minutes. Q fit immédiatement demi-tour et pris l'ascenseur pour monter à l'étage où il été précédemment pour retourner dans la salle de conférence appropriée. La réunion budgétaire dura trop longtemps et fut suivie par deux propositions de recherche officielles avec la R & D, qui s'étendirent jusqu'en début de soirée. Le seul moment où il pensa à Bond fut quand une alerte automatique sur son portable lui confirma que son vol pour Valence était arrivé, avec sept minutes de retard mais en toute sécurité. Après les réunions, Q rencontra un des anciens membres du staff pour discuter des avantages de l'utilisation d'un nouvel algorithme pour l'amélioration de la SIG, qui était principalement utilisée dans le programme Double-Zéro et d'autres formes de surveillance de l'activité internationale et de la sécurité nationale. Bien que Q soit capable généralement discuter sans problème de la géométrie algorithmique, il se trouva légèrement en difficulté pour tenir une conversation fluide. Il en blâma le mal de tête qui était installé à l'arrière de son œil droit depuis la réunion budgétaire.

Au moment où il revint à son bureau, il était 17h30 et le personnel de jour de la Division Q rangeait ses affaires pour rentrer chez lui, tandis que le quart de nuit plus réduit s'installait. Q pris 2 paracétamols pour son mal de tête, les avalant avec les dernières gouttes de son froid et terriblement amer Earl Grey. La dernière gorgée le fit tousser, ce qui lui fit mal à la tête et la poitrine plus qu'il ne voulut l'admettre. Il maudit ses poumons faibles, ce qui arrivait toujours quand le temps est devenu plus froid. Bond avait eu raison en pensant qu'il couvait quelque chose, mais le diable si Q l'aurait admis à haute voix. Cela l'obligea à faire une pause. Pour la première fois depuis plusieurs heures, Q pensa Bond plus qu'un court instant. Cela le frappa d'un coup: ils avaient engagé une conversation semi-sérieuse au sujet de cette chose dont ils ne parlaient jamais. Q réalisa alors qu'il avait amené sur le tapis la seule chose dont il ne voulait absolument pas parler, la toute fragile frontière entre ce qui faisait partie de leur arrangement et le reste. Il se sentait hypocrite, d'avoir accusé Bond d'être trop attaché. Si quelqu'un violait leur accord, c'était bien lui. Il appréciait égoïstement d'être le seul vers qui Bond rentrait, pour bien plus que le sexe, après chaque mission. Il aimait être la personne qui savait à quel point Bond aimait que son café du matin soit chaud et doux, tout comme il aimait savoir quelle marque de dentifrice il préférait. Il aimait le bras autour de lui dans la nuit et les draps encore chauds le matin et la manière que Bond avait parfois d'embrasser ses paupières très doucement en essayant de l'encourager à s'endormir. Il aimait toutes ces choses qui auraient dû le terrifier, qui le terrifiait à un certain niveau. Après tout, Q ne s'était pas engagé, pas plus que Bond. C'était tout le problème. Et pour un instant, Q se trouva à penser traîtreusement que ce ne serait pas si mal...

"Sir ?"

Une voix le coupa dans ses pensées. Il ne pensait pas qu'il avait dérivé très longtemps, mais ses écrans en face de lui étaient en veille. Sa montre lui indiqua qu'il était presque 18h00. Un employé de nuit se tenait hésitant dans l'entrebâillement de la porte à son bureau. Il apportait avec lui une pile de dossiers lui arrivant presque jusqu'au menton. Q ne pouvait pas se souvenir de son nom, mais il le savait très habile en analyse numérique, et c'était à vrai dire tout ce que Q avait vraiment besoin de savoir.

"Je suppose que ceci est pour moi." affirma Q, en fixant l'impressionnante pile de fichiers avec une expression d'indifférence longuement pratiquée. Intérieurement, il hurlait. Quand donc le MI6 se rendrait compte de l'intérêt de faire les choses électroniquement ? Il avait déjà assez de problèmes à traiter concernant les projets en cours, sans avoir à s'occuper des documents archaïques qui nécessitaient une lecture officielle et son approbation orale. Le dernière fois, M lui avait déjà dit qu'il ne pouvait pas s'en sortir en employant quelqu'un d'autre pour tamponner les feuilles pour lui, et avait même demandé à Q de faire une base de données avec toutes les anciennes informations pour les synchroniser ensuite avec les nouvelles feuilles de calcul que les analystes de la Division Q avaient créés. Comme s'il n'avait pas assez à faire, M voulu ajouter une entrée de données abrutissante à sa liste sans fin de responsabilités. Le mal de tête éclata avec une force nouvelle, alors qu'il demandait à l'homme de les mettre sur le coin de son bureau. Après son départ, Q se renversa dans son fauteuil et se frotta les yeux, prenant un soin particulier au droit qui avait été endolori toute la journée. Bien que son travail ait ses avantages, ce n'était pas l'un d'eux. Q considérait l'idée d'aller voler dans le dos de M un stagiaire de RH ou n'importe qui pour travailler sur tout ce bazar archaïque. Mais un coup d'œil sur la lettre ci-jointe au sommet de la pile le fit grommeler: seule une personne ayant une autorisation de sécurité le plus élevé était autorisé à y jeter un œil. Level One signifiant également qu'ils ne pouvaient pas quitter les lieux, il serait donc incapable de travailler dessus à la maison. En plus de cela, il avait jusqu'à la fin de la semaine pour tout terminer.

Il allait avoir besoin de beaucoup plus de thé.

Choisissant de faire cela en premier, Q quitta son bureau avec sa tasse. Il descendit à la salle de repos nichée entre les services techniques et la R & D. Là, il attendit ce qui semblait être un temps obscène pour obtenir une eau à ébullition avant de finalement retourner en courant à son bureau avec une tasse de thé chaud. Une fois assis à son bureau, Q n'eut le temps de profiter de quoi que ce soit à part la première gorgée, se lançant déjà dans sa prochaine mission. Bond appellerait à 22h00 CET ce qui signifiait 21h00, heure de Londres, ne donnant à Q que quelques heures pour travailler sur les informations brutes qu'il avait virtuellement rassemblé toute la journée à l'aide d'un nouveau programme de balayage.

Leur cible était Alesander Velasco, un ressortissant basque qui avait quitté l'Espagne pour la France six ans auparavant avant de se marier avec une ressortissante française. Il avait la double citoyenneté dans les deux pays et travaillait pour une entreprise d'import-export à Paris. Il parlait cinq langues, titulaire d'un diplôme de l'Université de Paris-Sorbonne, et propriétaire de deux animaux de race Bichon Frise. Sur le papier, Velasco semblait aussi propre et efficace qu'il était possible de l'être. Mais en réalité, il était un membre de haut rang de l'organisation terroriste Euskadi Ta Askatasuna, qui luttait violemment pour l'indépendance basque depuis la fin des années 1960. L'ETA était engagé dans tout, du trafic d'armes à l'extorsion de fonds et avait fréquemment attaqués des zones peuplées autant au pays basque que dans la capitale espagnole, Madrid. Ils étaient responsables de plus de 800 morts, dont environ 350 étaient victimes civiles, et avait été déclaré organisation terroriste par la Grande-Bretagne, les USA, et la plupart des membres de l'Union européenne. Bien que l'ETA ait signé un cessez-le feu en 2010 qui était toujours en place à ce jour, Velasco et les autres membres radicaux de la gauche nationaliste ne semblaient pas vouloir déposer les armes sans garantie d'indépendance. L'Espagne n'aidait pas la question, ses responsables gouvernementaux pesaient encore le pour et le contre entre l'octroi de l'indépendance et le risque de raviver les attaques terroristes sur leurs communautés autonomes les plus peuplés. Velasco profitait de la situation et sa position élevée dans l'import-export lui avait permis de d'importer pratiquement tout ce qu'il voulait de partout jusqu'au Pays Basque. Il ne voulait pas d'un cessez-le feu, il voulait une guerre. Et il y avait beaucoup de gens intéressés.

C'est pourquoi Bond était là pour mettre fin aux choses avant qu'elles ne dégénèrent.

L'Espagne avait été débarrassée des attentats aléatoires de l'ETA et autres actes de terrorisme depuis près de deux ans. Le pays a accepté de coopérer pleinement avec la Grande-Bretagne pour éviter de nouvelles turbulences, permettant MI6 un accès légal à ses flux de sécurité. Il avait fallu un mois pour identifier Velasco comme le pivot, puis un autre pour documenter son programme et acquérir une liste de collaborateurs connus. La surveillance indiquait son retour en Espagne, mais il avait dévié de ses trajets aériens normaux à Bilbao et Barcelone, optant à la place pour Valence. Q n'avait pas été en mesure de comprendre pourquoi tout de suite, mais il avait bien quelques idées, allant de présomptions simples tels que l'accès au port à la possibilité que Velasco cherchait à faire des affaires avec d'autres groupes terroristes nationalistes d'Afrique du Nord.

Frottant sa tête douloureuse, Q commença à trier le flux vidéo des dernières 36 heures de l'hôtel Westin Valencia, où Velasco été descendu avec sa femme (suivit par quatre gardes du corps visibles) pour un séjour de cinq jours deux nuits avant. Q avait déjà manuellement regardé les 12 premières heures, sans trouver rien de significatif. Une enquête plus poussée montra que Velasco quittait rarement l'hôtel. Il avait commandé au service d'étage ou mangé au restaurant de l'hôtel. Il ne buvait que du vin cher à l'un des nombreux bars de l'hôtel. La majorité de ses journées avaient été consacrés à paresser à la piscine avec sa femme. Le plus loin que Velasco avait été de l'hôtel Westin était une excursion en bateau pour trois heures de plongée sous-marine le long de la côte. Q a la vidéo en direct, des photographies et des factures pour le prouver. Il semblait que Velasco soit en vacances, mais Q savait que ce n'était pas le cas. Il devait y avoir une raison à cela, et il devait la découvrir. Il pirata le système informatique de l'hôtel Westin avec une facilité déconcertante, relevant les transactions par carte de crédit, le courrier entrant et sortant, les messages, les appels téléphoniques, le service de blanchisserie, des informations sur la location de voitures, toutes les réservations de restaurants et autres rendez-vous. Il laissa les chiffres et les rendez-vous défiler sur un moniteur avant de revenir à la vidéo de surveillance sur un autre.

Il s'arrêta un instant pour prendre une gorgée de son thé maintenant froid avant de revenir à la vidéo. Il vérifia la caméra de l'entrée à 16h00 afin de regarder Bond entrer dans l'hôtel. Il remarqua avec un pincement de jalousie que plusieurs femmes tournèrent la tête pour le regarder, et qu'il leur retourna son petit sourire si séduisant. Ayant déjà été la cible de ce genre d'attention, Q avait une idée assez précise de ce que n'importe laquelle de ses femmes pourrait faire pour obtenir un peu plus. Il avala amèrement le reste de son thé, essayant de ne pas y penser. Ils n'étaient pas exclusifs; Bond pouvait faire ce qu'il voulait.

C'est pourquoi il se sentit une légère rougeur prendre place sur son visage quand, après être entré dans l'ascenseur, Bond tourna légèrement la tête pour regarder la caméra de sécurité au-dessus de lui et faire un clin d'œil, comme s'il savait que Q le regardait.

"Cet homme me tuera." Murmura-t-il, en regardant de loin l'écran. Il glissa le casque Bluetooth sur son oreille et ramassa sa tasse Scrabble, dans l'intention de se faire une tasse de thé. La salle de pause était heureusement vide, ne permettant à personne de juger la quantité presque obscène de sucre qu'il déversa dans sa tasse. Il ne put que regretter d'avoir démantelé sa bouilloire électrique personnelle pour les pièces, l'obligeant à utiliser celle de la salle de pause plus souvent qu'il ne l'aurait souhaité. Sur son interminable liste mentale de choses à faire, Q ajouta acheter une nouvelle bouilloire.

Sur le chemin du retour, Q tomba droit dans une embuscade tendue par deux techniciens, qui avaient besoin de sa signature et autorisation verbale pour outrepasser un protocole nocturne. Le nouveau M se révélait être un maniaque en ce qui concernait la suite de tous les processus de vérification, ce qui avait pour conséquence directe de multiplier le travail de Q. Alors qu'il commençait à imaginer des moyens pour mettre en œuvre une forme créative de vengeance qui n'aurait pas pour conséquence de le voir licencié ou jeté en prison, son casque bipa, indiquant un appel entrant.

"C'est Q." Commença-t-il, avant de prendre une gorgée de son thé.

"Bonjour, ma chérie, comment vas- tu? "

La charmante voix de Bond lui fit l'effet d'un ronronnement dans son oreille droite. Q fut très fier de réussir à ne pas recracher son thé dans sa tasse.

"Il fut absolument merveilleux de ne plus vous avoir dans les pattes, mon cher. Vous ne croiriez pas la quantité de travail que j'ai fait accompli aujourd'hui." Répondit-il, heureux de ne pas être à portée de voix de son personnel, il n'aurait ainsi pas à craindre d'induire quelqu'un en erreur par ses paroles.

"Tu me manques, toi aussi." continua Bond, avant de soupirer de manière un peu spectaculaire. "Mais tu sais comment c'est avec le travail."

"Oh, oui, ça à l'air tellement rude. Comment était le vol en première classe? Et le nouveau modèle Audi qui t'attendait à la location de voiture ?" demanda-t-il, entrant dans son bureau. "J'espère pour toi qu'elle n'aura pas la moindre égratignure, ou ce sera déduit de ta paie."

"Je ferais de mon mieux pour être à la maison dans quelques jours." dit Bond, ignorant ses mises en gardes. "Et comment vont les enfants?"

"Oh, je suis la femme qui reste à la maison?" demanda Q, rallumant ses ordinateurs. "Et si je veux me sentir respectée et prendre un emploi?" Il avala une autre gorgée de son thé tout en parcourant l'hôtel pour trouver son agent. Il a fallu une seule déduction et deux caméras différentes avant de trouver le bon angle. Bond était assis au bar avec son casque Bluetooth et un verre de whisky. Il ressemblait à tous les autres hommes d'affaires qui se posaient dans cet hôtel. A deux sièges vides de lui, Velasco était assis seul. Lorsque Q retourna une dizaine de minutes en arrière, il nota que Velasco était avec sa femme, qui semblait complètement désintéressée à l'idée de parler avec lui. Elle avait quitté le bar au moment où Bond l'avais appelé.

«Quand est le récit de Gertrude?" demanda Bond.

"Gertrude est un nom terrible pour une jeune fille." répondit Q, tout en suivant sur ses écrans les mouvements de la femme de Velasco. Elle entra dans la suite. L'alerte que Q avait mise dans l'ordinateur de l'hôtel pour la chambre de Velasco s'alluma quand elle téléphona au service d'étage.

"Dis-lui que je serai là."

"Quel excellent père." Q utilisait les caméras pour localiser les quatre visages qu'il avait identifiés comme les gardes du corps de Velasco. Seulement deux d'entre eux étaient dans le bar avec lui, à l'autre bout, faisant semblant de regarder un match de football.

"Comment était l'entrainement de Rugby d'Elijah?"

"Tu veux absolument que ta progéniture mâle s'engage dans une sorte de sport violent, n'est-ce pas? " demanda Q. "Et s'il voulait être acteur de théâtre?" Velasco commença à taper furieusement sur son téléphone. Q utilisa cette opportunité et son lien avec le mobile de Bond pour intercepter une copie de son message de SMS, qu'il traduisit de l'espagnol. Il disait: 1h30 à la piscine. Soyez discret.

"Je lui en parlerais quand je rentrerais à la maison."

"Regarde ce que tu as fait. Il tient certainement son entêtement de toi. " Velasco finit son verre et paya son addition. Lorsqu'il parti, ses deux acolytes se levèrent et partirent. Q surveilla les caméras, le suivant dans les couloirs jusqu'à ce qu'il arrive dans le salon réservé aux clients les plus offrant. Il n'y avait pas de caméras de l'hôtel à l'intérieur et Q vu mal durant un moment, mais réussi à obtenir une image granuleuse d'une autre CCTV, probablement à titre de garantie en cas d'incident. Q nota que Velasco y entra seul; ses gardes du corps prenant place dans un salon juste à l'extérieur des portes principales.

"Comme je l'ai dit, chérie, quelques jours de plus et je serai à la maison" Ajouta Bond en appelant le barman pour régler sa facture.

"Ainsi, non seulement je suis la femme qui reste à la maison, mais en plus je t'harcèle ?" Q demanda, à la recherche de l'hôtel pour les deux gardes du corps restants.

"Mais non, tu n'es pas pénible." Même avec les caméras de mauvaise qualité, Q vit le barman jeter à Bond une sorte de regard de de sympathie. Q secoua la tête et resta silencieux, buvant son thé qui refroidissait rapidement en regardant Bond se lever du bar et se diriger vers les ascenseurs. "Chérie, je dois y aller. Je te rappelle dans la matinée." conclu Bond, tout en faisant mine de raccrocher. La connexion, cependant, n'avait pas été rompue. Q profita de l'opportunité pour donner à Bond des informations en matière de surveillance, de données récoltés, donnant à son agent un résumé de tout ce qui c'était passé dans la journée. Il lui dit exactement où Velasco et son épouse étaient à ce moment-là, ainsi que ce qu'il avait sur les deux gardes du corps. C'était agréable de ne pas avoir l'agent au bout du fil l'interrompant sans cesse.

"Connectez-vous à votre ordinateur portable, vous serez en mesure de trouver tout cela sur le serveur sécurisé." Dit Q, en regardant Bond sortir de l'ascenseur et descendre un long couloir tapissé jusqu'à sa chambre. Une fois que Bond fut à l'intérieur, il ne commença pas immédiatement à parler. Q pouvait entendre un bruissement de l'autre côté de la ligne, indiquant Bond avait commencé sa recherche de mouchards. Il n'y avait eu aucune activité dans la chambre de Bond toute la journée, pas même une femme de ménage, mais il était bon de vérifier de toute façon. "Je vais suivre le numéro que Velasco à texté." informa Q.

Cinq minutes plus tard, Bond pris la parole :"Quelque chose ? "

"Il s'agit d'un téléphone prépayé." répondit Q, en tapant une chaîne de commandes codées. "En me basant sur les antennes les plus proche, je peux en déduire qu'il appartient à quelqu'un situé dans un rayon de deux kilomètres."

"Ce n'est pas très utile."

"Oui, je suis au courant. "

"Quel était le message?" Q le lui rapporta. L'agent soupira. "Autant pour la nuit de sommeil."

"Toi ? Te coucher de bonne heure ? Excusez-moi, je pense que je vais avoir une crise." répondis Q sèchement, et Bond au petit rire.

"Longue journée." déclara Bond.

"Oh ? Je t'en prie, dites-moi ce qui a bien pu t'occuper autant ?"

"Promener un peu l'Audi dans le coin. Faire un saut dans la piscine. Boire quelques verres au bar ..."

«Parfois, j'envie ton travail."

Un bruit sourd doux venu à l'autre bout de la ligne. Comme si Bond venait de se laisser tomber sur le lit. A 400 Quid la nuit, Q ne pouvait imaginer comme il devait être confortable. Son corps lui faisait mal de jalousie.

"Qu'est-ce que tu as fait toute la journée?" demanda Bond. Q entendu le son de son ordinateur portable en train de se mettre en route.

"Beaucoup plus de travail que vous. " Commença Q, avant d'ajouter : "Ne met pas ton ordinateur portable sur le lit, Il va surchauffer et je ne t'en autoriserai pas un nouveau. "

"Grincheux. "

"Tu le serais aussi, si tu avais passé la journée ici. Pendant que tu te prélasses, je suis noyé sous une mer de paperasse. Je ne peux même plus voir mon bureau. Pour l'amour de Dieu, pourquoi tout ne peut-il pas être fait par e-mail? Cela rendrait la vie tellement plus facile. "Q fulminait, et c'est seulement après que tous les mots furent sortis qu'il réalisa qu'il était en train de pleurnicher. Bond devait avoir remarqué, mais il ne dit mot. Malgré cela, Q pouvait presque entendre son sourire en coin à l'autre bout de la ligne. "007, dites-le-moi si vous trouvez cela divertissant."

"Non, absolument pas. " dit-il, et Q pouvait dire qu'il mentait. Il grommela en terminant la dernière partie de son thé. Le sucre non dissous irrita la gorge et Q toussa, grimaçant quand cela tirailla le fond de sa poitrine.

"Q ? "

Il éteignit son casque et toussa jusqu'à ce qu'il se sentir étourdi. La toux secoua ses poumons, mais au moins lui éclaircit la gorge. Après cela, il lui fallut presque une minute entière pour récupérer et être en mesure de reprendre son souffle sans que son corps tout entier ne le fasse souffrir. La toux devenait plus profonde, s'installant plus loin dans sa poitrine, humide et lourde. Q pouvait plus nier le fait qu'il était malade, mais se dit résolument qu'il ne laisserait pas cette situation interférer avec le travail.

Pas maintenant.

"Q?" appela encore Bond. Il essuya les coins humides de ses yeux avant de se connecter de nouveau.

"Toujours là." répondit Q, heureux que sa voix ne flanche pas.

"Tu vas bien ?"

"Bien sûr." mentit Q. "Mon thé était trop chaud." Il entra dans le serveur sécurisé du MI6 et chercha l'ordinateur de Bond. Il n'était enregistré. «Pourquoi n'es-tu pas encore connecté?"

"Trop occupé à me demander si mon quatermaster allait cracher un poumon." répondit Bond, et Q pouvait détecter cette inquiétude sous-jacente à nouveau. Q devait arrêter Bond avant qu'il ne dévie. Sa concentration au cours d'une mission, pouvait faire la différence entre la vie et la mort. "Tu-es sûr T'es-"

"Veuillez-vous concentrer sur la tâche à accomplir, 007" déclara Q, d'un ton plein de bon sens. "Connectez-vous sur le serveur." Bond fit ce qu'il avait demandé et resta froidement professionnel lorsque Q lui expliqua les quelques dernières choses qu'il aurait besoin de savoir à propos de Velasco. Ce n'était pas beaucoup, mais à la fin, la voix de Q était rauque. Il blâma la quinte de toux précédente.

"Q" Commença Bond après s'être déconnecté du mini-briefing que celui-ci lui avait envoyé son chemin. "Tu ne toussais pas quand je suis parti."

"Je te l'ai dit, c'était le thé." répondit-il rapidement, ne voulant pas avoir cette conversation. Il était déjà tard et il avait encore un tas de paperasse à traiter. Son mal de tête commençait à revenir lentement et Q se demanda alors combien de Paracétamol il pourrait prendre avant d'endommager définitivement quelque chose d'important.

"Non, ce ne l'était pas."

"Tu as l'air si sûr de toi.» répondit Q, tout en triant ses emails. 1209 messages non lus l'attendaient, presque tous signalés comme URGENT. Il réprima un gémissement. À ce rythme, il serait là toute la nuit.

"Je le suis." Continua Bond. "Tu as été assis à ton bureau tout le temps de la conversation. Je pouvais t'entendre taper. Votre thé aurait dû froid. La seule bouilloire est dans la salle de pause parce que tu as démontée celle de votre bureau il y a deux semaines. Tu m'en as parlé quand j'étais en Syrie ".

Q s'arrêta un peu trop longtemps avant de répondre:

"J'en ai une nouvelle."

"Non, tu n'en as pas."

Il ferma les yeux et se les frottant sous ses lunettes. Il débattit sur l'utilité d'un autre mensonge, se demandant si Bond pourrait croire que l'un des employés lui apportait du thé, avant d'abandonner l'idée.

"Très bien, je n'en ai pas." dit-il, se penchant en arrière sur sa chaise.

"Rentre chez toi." lui dit fermement Bond. "Tu es là depuis 9h ce matin. Tu as besoin de repos."

"Je vais bien" répondit-il fortement. Cela résonna douloureusement dans sa poitrine. Il grimaça et se mordit la lèvre de la douleur, heureux que Bond ne put pas le voir. "Vraiment."

"Q. "

Il déglutit, détestant lorsque Bond utilisait son ton plein de bon sens. Il était bas et presque menaçant, promettant des conséquences que Q n'était pas sûr d'apprécier.

"Très bien. Je vais rentrer à la maison." déclara Q, pliant aux exigences de Bond.

"Et manges quelque chose. " lui dit-Bond, avec la même voix. L'estomac de Q grogna faiblement. Il avait oublié de manger presque toute la journée. Le pain grillé et des œufs du petit déjeuner semblaient soudain très, très loin.

"D'accord." Acquiesça Q, calant ses coudes sur le bord du bureau. Mis son front dans ses mains afin de ne pas à regarder la pile de dossier envahissant son bureau ou les e-mails non lu dans sa boîte de réception. Égoïstement, il aurait voulu que Bond soit là et se tienne à la porte comme il le faisait parfois, le manteau de Q dans la main comme un signal silencieux qu'il était temps de rentrer à la maison. Cela signifiait un voyage en taxi durant lequel Q profitait presque toujours de l'épaule de Bond pour faire une sieste. Avec Bond il était bien, et au chaud, et en sécurité, il était devenu un endroit où il n'avait pas à réfléchir à toute la pression et les responsabilités qui lui incombaient. Etant mal en point, Q voulait ça, maintenant plus que jamais. Il savait qu'il devait être malade parce qu'il n'avait même pas la force de repousser au loin ses désirs.

"Q" Le silence devait avoir duré trop longtemps. Q redressa dans son fauteuil.

"Rapport demain matin à 11h00 CET." Répondit Q, comme si la pause n'avait pas eu lieux. "Si vous avez besoin d'aide, j'ai du personnel ici."

"Je doute qu'il y ai des difficultés." Q pouvait presque voir son sourire. C'était un de ceux qui rajeunissait son visage de 10 ans. Q était l'une des rares personnes qui y avait droit. "Rentres chez toi et dort un peu."

"D'accord. Bonne nuit."

"Bonne nuit." Conclu Bond avant de raccrocher.

Q soupira et se pencha en arrière sur sa chaise pendant un long moment. Rentrer à la maison signifiait se lever et mettre son manteau, marcher tout le chemin pour sortir de la division Q, puis prendre les remontées mécaniques, en passant par la sécurité, marcher jusqu'au métro à un bloc de là, puis prendre le métro sur six arrêts, et marcher encore deux blocs jusqu'à son appartement. De là restait encore cinq volées d'escaliers et un long couloir. La pensée de l'exercice nécessaire épuisa Q presque physiquement. Il n'avait pas l'énergie encore, et décida de faire un peu plus de travail avant d'essayer de rentrer à la maison. Peut-être que s'il restait assit assez longtemps, il se sentirait un peu plus enclins à se relever.

Il a commencé avec quelques-uns des e-mails, puis en a eu marre des demandes et renonça, pour tourner son attention vers la pile de paperasse qui vivait déjà sur son bureau bien que avant la nouvelle pile de dossiers n'arrive. Q lu et signa certaines choses, en refusa d'autres, effectua quelques calculs impressionnants pour faire rentrer un projet dans le budget. Il se fit une note mentale de les prendre avec lui avant de partir, afin qu'ils puissent être déposés dans la zone de livraison, où un assistant d'administration prendrait soin de faire en sorte qu'ils arrivent là où ils devaient aller. Puis il retourna aux e-mails quelque temps, avant de se sentir frustré de nouveau, et de s'attaquer à la nouvelle pile de dossier. Le premier lui fit presque renverser son bureau. Il était proprement exaspérant qu'il ait à faire tout ce travail servile... Il passa ensuite les dix minutes suivantes à tousser douloureusement. La brûlure dans la poitrine ne fit qu'ajouter à la colère qu'il éprouvait pour cette fichue procédure d'audit complet.

Le téléphone sonna alors qu'il feuilletait des pages et des pages de notes si horriblement manuscrites qu'elle le faisait loucher douloureusement. Mais c'était comme un accident de train et il ne pouvait pas arrêter de les lire, malgré le mal de tête qui lui donnait l'impression que son œil droit était sur le point de se liquéfier dans son orbite. Le téléphone sonna à nouveau et Q pris l'appel sur son Bluetooth automatiquement.

"C'est Q."

"Tu es encore au travail ? "

Au moment, où la voix de James Bond passa à travers son oreillette, Q recula et regarda l'horloge. Il était presque deux heures du matin. Il avait seulement prévu de rester une heure au plus, mais le temps était passé bien plus vite qu'il ne l'aurait cru.

"Non... Mon téléphone de travail a transmis l'appel à mon portable ..."

"Q. "

"Je pars maintenant. Tu m'as attrapé sur le pas de la porte."

Même aux oreilles de Q, ça sonnait comme un mensonge pur et simple.

"Quoi que tu fasse en ce moment, pose tout. " ordonna Bond. Impuissant lorsque Bond utilisait sa voix de commandant de la marine, Q fit ce qu'on lui demandait et ferma le dossier. Il ne pouvait pas vraiment résister à un Double-Zéro après tout. Et il était très fatigué... "Maintenant, éteint ton ordinateur, met ton manteau, et ferme le. Prend un taxi à la maison."

"Ok..." Il prit le temps de déconnecter son e-mail, le serveur, et tout le reste. Il éteint la machine avec un soupir et se leva. Alors qu'il s'étirait, son dos fit des sons qui n'étaient probablement pas normaux pour quelqu'un de son âge. "Oh, et ce rendez-vous à la piscine de Velasco?" demanda Q.

Bond renifla.

"Prostitué" at-il dit.

"Programmé dans son téléphone?" demanda-t-il ayant le sentiment de se déplacer dans l'eau quand il fit le tour de son bureau et attrapa son manteau. Son mal de tête rendait son pas hésitant, et il s'appuya contre le classeur le plus proche pour lutter contre le vertige. "Et avec sa femme autour?"

"Les gens font des choses plus folles."

"Je suppose." Convenu Q, enfilant les bras dans sa veste une fois le vertige passé. Il se fichait totalement des boutons, sentant le poids de l'épuisement peser lourdement sur ses épaules à chaque mouvement. "Est-ce qu'elle vaut qu'on enquête?"

"Qui ? "

"La call-girl"

"C'était un homme." répondit Bond et Q s'arrêta momentanément.

"Oh." dit-il en ramassant son sac sur le sol. "Est-ce qu'il vaut la peine qu'on enquête ?" Il y jeta son téléphone et sa tablette à l'intérieur, avant de le refermer.

"Non. Maintenant, rentres à la maison."

"J'y vais..." Q répondit avec lassitude, mettant son sac sur son épaule. «11h00 CET demain. N'oublie pas."

"Bonne nuit, Q." Conclu Bond

"Bonne nuit, 007." répondit Q avant de raccrocher. Il enleva son casque et le remit à charger sur son bureau, puis ramassa la pile de dossier terminés. Ensuite, Q verrouilla son bureau et fis un détour par le box des releveurs pour déposer les documents là où il fallait. Sans même dire au revoir à l'équipe de nuit, Q se glissa dehors. À 2h30 du matin, lorsqu'il faisait un froid mordant et qu'il pleuvait, il était difficile de trouver un taxi. Q réussi à en héler un à environ un pâté de maisons du MI6, où les taxis flânaient près d'un groupe de pubs à de l'heure de fermeture. Q sauta sur l'occasion et, trop fatigué pour se soucier de ses procédures de sécurité habituelles pour éviter d'être à suivit, il donna son adresse au chauffeur. Il fallut seulement vingt minutes avant qu'il arrive enfin chez lui, où il laissa tomber son sac, manteau, et parapluie trempé sur le sol dans le hall encombré. Il eut la présence d'esprit de verrouiller sa porte et activer le système d'alarme avant d'envoyer valser ses chaussures et de couvrir en trébuchant la longueur du couloir vers sa chambre, où il s'affala sans cérémonie sur le matelas, glissant presque immédiatement dans un profond sommeil.

Le carré blanc en bas c'est pour me laisser un petit (ou un grand) message :)