Hey tout le monde! Bonne année 2014 :D

Me voici avec une nouvelle fic... Qui a la base devait être un one-shot. Mais vu qu'au final, elle fait très exactement 13 013 mots (j'espère que ça lui portera bonheur) je me voyais mal la poster en une fois. J'ai jamais écrit aussi rapidement... J'ai eu l'idée la semaine passée (j'arrivais pas à dormir :3) et hier, elle était finie :o

La fic peut s'apparenter à un mix du Secret de Brockebrack Mountain et de Whiskey Lullaby (vidéo de cosplay PruAus réalisée par VandettA Cosplay, définitivement mes idoles!) car ils comportent quelques légères ressemblances.

Attention: ceci est une fic... disons dramatique. J'ai pleuré en écrivant... Pas forcément à tous les chapitres, certes.

Warning: Spamano, yaoi, SpaBel et lemons !

Disclaimer: Lovino m'appartient. J'en démordrai pas! ... Trève de plaisanterie. Lovino, Antonio, Nederland et Belgique appartiennent à Hidekaz Himaruya.

Notes sur le cadre: ça se passe en Belgique, dans les années 1950, dans une région qui vivait au rythme des charbonnages. Durant cette période d'après-guerre, beaucoup de familles italiennes se sont installées en Belgique (notamment dans le Borinage duquel je me suis grandement inspirée, connaissant relativement bien la région...) pour travailler dans les charbonnages (c'est là que les Vargas interviennent!). Un terril (vous comprendrez pourquoi plus loin) est un gros tas de résidus miniers qui forment une colline, en bref.

Dernière petite chose: cette fic est terminée et les chapitres seront donc postés régulièrement!


Regresa a mi

Avril 1956.

Le jeune homme arriva au sommet du terril, à peine essoufflé, son cahier sous le bras. Il revenait de l'école, et portait encore la chemise blanche et le pantalon foncé exigé par son établissement.

Ses beaux yeux ambrés se posèrent immédiatement sur la personne qu'il venait voir. Il ne pouvait contempler que son dos pour le moment, ainsi que l'arrière de son crâne et de ses jambes.

En effet, il lui tournait le dos et se trouvait sur le promontoire rocheux surplombant le vide, l'avant-bras nonchalamment appuyé contre un tronc d'arbre. Il ne l'avait pas entendu arriver.

Un sourire se dessina sur les fines lèvres de l'étudiant. Aussi discrètement que possible, il continua sa progression, faisant très attention aux endroits auxquels il posait les pieds.

Finalement, il parvint derrière le jeune homme qui observait la région, la fierté d'un conquérant inscrite sur son beau visage hâlé, et glissa doucement ses mains autour de la taille de son ami, qui sursauta.

-Lovi! s'écria-t-il. Tu m'as fait peur!

-Ce n'était pas le but, rassure-toi, cretino. ironisa affectueusement ledit Lovino.

-Tu te rends compte, si tu avais été plus violent, j'aurais pu tomber dans le vide!

Il se retourna enfin vers le nouvel arrivant et déposa un chaste baiser sur ses lèvres.

-Alors je me serais jeté à ta suite. répliqua l'Italien.

Le brun ne fit pas de commentaire et, ainsi enlacés, la tête de Lovino posée sur l'épaule de l'autre garçon, ils contemplèrent un moment la vue.

Ils aimaient rester des heures à cet endroit, à l'abri des regards et pourtant au meilleur poste d'observation. Au sommet du terril, dominant leur village, ils avaient un sentiment de toute-puissance et de liberté indescriptible. Ce qui les changeait de leur quotidien en famille où ils étaient tous deux contraints de courber l'échine sous la volonté de leur père, de leur employeur ou de leur professeur. Mais par-dessus tout, ce monticule de charbon était le gardien de leur amour.

Car s'ils avaient vite compris, tous les deux, qu'ils ne pouvaient vivre l'un sans l'autre, qu'ils s'aimaient, il n'en allait pas de même pour leur famille, leurs camarades, collègues, condisciples ou voisins. Ils savaient que les homosexuels étaient l'objet de brimades, de violences, quand ce n'était pas pire. Pour se préserver des autres, ils passaient le plus clair de leur temps ensemble sur la colline, quand Lovino avait terminé à l'école et qu'Antonio avait achevé son travail au café pour la journée.

Une tradition qui s'était imposée comme une évidence. Après tout, c'était là qu'ils s'étaient rencontrés, quelques dix ans auparavant. A l'époque, Lovino venait d'arriver d'Italie avec sa famille qui avait investi une petite maison au pied du terril. Le petit garçon explorait alors le prolongement de leur jardin. Antonio, lui, était né en Belgique car la situation en Espagne n'était pas fort reluisante, et il vivait non loin. Il s'amusait avec des amis, attendant que leurs pères sortent de la mine pour rentrer chez eux après l'école.

Certes, leur première rencontre s'était soldée par une flopée d'insultes car Antonio avait eu le malheur de faire une grimace qui ne plut manifestement pas à Feliciano, petit frère pleurnichard de Lovino, provoquant une crise de larmes chez le plus jeune.

Mais au fil des ans, à force de se rencontrer tous les jours au même endroit, Lovino avait fini par tolérer, voire apprécier, la présence de l'Espagnol à ses côtés.

Le terril avait également été le décor de leur premier baiser, puis, plus récemment, de leur première fois. Sil était en effet moins confortable que les maisons des deux adolescents pour ce genre de choses, il avait l'avantage d'être à l'écart et le plus souvent désert, ce qui n'était pas le cas de la chambre de Lovino, qu'il partageait avec Feliciano. Et puis, ils avaient créé une sorte de cabane de bois, au cours des dernières années, dont ils avaient tapissé le sol de couvertures. Il y avait donc moyen de faire ça correctement sans se rompre les os au sol, contre les arbres ou les pierres.

Antonio rompit le premier le silence paisible, installé pour profiter de la simple présence de l'autre.

-Tu as passé une bonne journée?

-Meilleure que la tienne, j'imagine. Moi au moins, je peux m'endormir en cours, tout le monde s'en fout et personne ne le remarque… Toi par contre…

-Tu as raison. rit l'Espagnol. Mon patron le prendrait très mal si je m'endormais sur mon carnet de commandes…

Il y eut un nouveau silence. Antonio trouvait ça drôle: avec lui, Lovino était souvent très calme (même si ça n'avait pas toujours été le cas), alors que n'importe quelle parole de n'importe qui, hors de leur havre de paix, le mettait en rogne et déclenchait le moulin à insultes ambulant qu'il était.

-Mais j'ai du travail pour demain. reprit l'Italien. Et mes parents travaillent tard, je dois m'occuper de Feli.

Antonio eut une petite moue boudeuse mais soupira:

-J'ai compris, tu ne peux pas traîner…

-Ce n'est pas l'envie qui me manquerait, pourtant.

-Je sais… murmura son amant avant de l'embrasser, beaucoup moins chastement qu'auparavant.

Lovino fit un pas en arrière pour éviter que, tous à leurs affaires, ils ne tombent en bas du terril, tout en lui rendant son baiser qui se faisait plus passionné et plus violent.

Haletant, Antonio rompit deux secondes le contact, adossa Lovino au tronc d'un arbre, caressa tendrement sa joue et recommença.

Au bout de quelques minutes d'échange, rompues uniquement par le besoin d'oxygène, Lovino se dégagea de 'l'étreinte de son amant.

-Tonio… grogna-t-il à regret. Je dois y aller…

-Hum… Un dernier pour la route… S'il te plaît.

Lovino lui offrit bien volontiers ce qu'il réclamait, puis, main dans la main, Lovino descendit avec Antonio jusqu'à l'orée du terril, avant qu'ils reprennent la direction de leur maison respective.

Leurs doigts restèrent entrelacés un bon moment, hésitant à se séparer, ne le voulant pas. Finalement, contraint, Antonio murmura à l'oreille de l'Italien:

-Tu sais que je suis jaloux de l'attention que tu portes à Feliciano?

-Mais c'est mon frère, imb…!

Antonio l'interrompit en le blottissant contre son torse.

-Je sais bien. dit-il doucement. Allez, file. Bonne soirée, mi amor.

Lovino se dégagea avec bien peu de conviction de l'étreinte du jeune homme, puis partit dans la direction opposée à celle de ce dernier.

L'Espagnol le regarda disparaître peu à peu et prit enfin le chemin du village.

oOo

Le centre du village était animé. Le temps était magnifique, aussi les habitants étaient-ils dehors, discutant de tout et de rien avec leurs voisins, faisant leurs courses chez l'épicier ou le boucher du coin et s'attardant à papoter avec les commerçants.

Antonio aimait cette atmosphère joyeuse qui régnait dans un village où la situation n'était pas toujours facile, un bourg composé de corons, de campements d'Italiens et habité par des mineurs vivant au rythme et au gré des charbonnages, dans la crainte d'une catastrophe imminente.

Tout à ses pensées réjouissantes, il ne regardait pas où il allait, faisant confiance à ses pieds qui connaissaient le chemin par cœur.

Il ne remarqua donc pas un jeune homme qui arrivait en sens inverse et qui le bouscula sans ménagement.

-Hé! s'indigna-t-il.

Le jeune homme blond, qui avait continué sa route, se retourna. Ses cheveux étaient en bataille, voire même en pétard, ses sourcils étaient froncés et ses yeux lançaient des éclairs.

Bravo, Tonio, tu viens de te cogner dans Willem… Excellente idée…

Le Willem en question était bien la seule personne du village avec qui Antonio ne s'entendait pas. Ou plutôt, avec qui il se disputait à chaque fois qu'ils se rencontraient.

D'origine néerlandaise, son père avait autrefois possédé un charbonnage en Flandre, qui était malheureusement parti en fumée, et la fortune de la famille avec lui, suite à un coup de grisou. Le jeune homme avait connu cette faste période où son père dirigeait d'autres hommes, et il en gardait un sentiment de supériorité par rapport aux villageois.

Paradoxalement, sa petite sœur, Louise, était modeste, gentille et considérait tous les autres comme ses égaux. C'était aussi la meilleure amie d'Antonio, qui avait un an de plus qu'elle.

-Oh… sourit Willem d'un air mauvais. Je ne m'attendais pas à te trouver ici, Antonio. Tu as posé un lapin à ton amant, aujourd'hui?

Willem parlait fort. Trop fort. Les passants l'avaient entendu. Et ce n'était pas la première fois qu'ils assistaient aux remarques et insinuations de Willem à l'égard d'Antonio. Il n'y avait eu que le blond pour remarquer que les deux amants étaient introuvables aux mêmes moments…

Quant à Antonio, son sang ne fit qu'un tour.

Il vit rouge et sans réfléchir, il se jeta sur le Hollandais qui le dominait d'au moins une tête.

-Qu'est-ce que t'insinues, bastardo?

Willem saisit le poing filant en direction de sa tête dans sa paume, tenant Antonio par un bras.

-Tu as dit quelque chose, petit?

Antonio ne se laissa pas démonter et frappa de l'autre main dans l'abdomen du plus grand, qui eut le souffle coupé un moment, avant de poser sur l'Espagnol un regard assassin.

Bravo Tonio, tu l'as réellement mis en colère, en plus.

Le blond le roua de coups, au visage d'abord, partout ensuite. Antonio ripostait tant bien que mal, mais ça ne suffisait pas. Bientôt, sans que personne n'ait osé les séparer, Antonio gisait au sol, le visage en sang et la cage thoracique en feu.

Willem se pencha au-dessus de lui et grogna:

-Tu ne frappes pas trop mal, pour une tapette…

Et il s'en alla avec un sourire triomphant.

-J'suis pas… Une tapette, connard. grogna le vaincu.

Antonio se redressa péniblement, aidé par quelques femmes choquées qui avaient accouru.

L'Espagnol les remercia et rentra chez lui. La maison était vide à cette heure, sa mère devait encore être en train de faire les courses, et son père était encore à la mine.

Il banderait ses plaies tout seul…

Il se laissa tomber lourdement sur une chaise autour de la table dans la petite cuisine.

Il se sentait faible. Il n'avait pas réussi à laver l'affront commis par cet imbécile. C'était comme s'il s'était laissé insulter.

Il n'avait pas honte d'aimer Lovino, bien au contraire. Si la société n'avait pas été ce qu'elle était, il aurait été le premier à clamer son amour pour l'Italien sur tous les toits. Mais il savait qu'il n'en avait pas le droit. Il devait protéger Lovino des brimades ou des coups des autres. Alors oui, il démentait. Il n'avait pas le choix, même si ça lui faisait encore plus de mal que d'être frappé par Willem.

Le blond allait le payer. Oh oui, il allait regretter de l'avoir provoqué. Il suffisait qu'Antonio trouve le moyen…

Il se leva et prit une bouteille d'alcool dans une armoire. Pas encore pour désinfecter, mais pour se remettre de ses émotions. Il s'en servit un verre, se rassit et le but cul-sec.

oOo

Antonio allait se resservir de l'alcool lorsque quelqu'un frappa à la porte de la maison. Il alla ouvrir avec un grognement. L'importun avait intérêt à avoir une bonne excuse pour le déranger…

Dehors, sur le trottoir, c'était une petite jeune fille blonde aux cheveux bouclés retenus par un bandeau qui attendait qu'on lui ouvre. Elle portait un chemisier blanc et une jupe droite bleu marine.

-Louise?

Le sourire qu'elle arborait s'effaça complètement lorsqu'elle vit le visage d'Antonio, et elle poussa un petit cri, avant de dire avec affolement:

-Mon Dieu, Antonio! Tu as une mine affreuse! Je venais voir si tu allais bien, Will m'a dit que vous aviez eu une algarade… Il faut désinfecter tout ça. Je peux entrer?

Pour toute réponse, l'Espagnol s'effaça pour lui libérer le passage et pénétra à sa suite dans la maison.

Elle avisa la bouteille d'alcool et le verre sur la table de la cuisine et gratifia son ami d'un regard désapprobateur.

-Tu as de quoi faire des compresses? demanda-t-elle.

-A l'étage…. répondit laconiquement Antonio.

Elle prit la liberté de monter, Antonio sur les talons. Elle prépara de quoi panser ses plaies et s'assit sur le lit de son ami, attendant qu'il en fasse autant après avoir mis le tourne-disque en route.

Tout en tamponnant doucement les meurtrissures, elle demanda:

-Pourquoi vous êtes-vous battus? Il ne me l'a pas dit.

-Je l'ai bousculé par inadvertance dans la rue. Il était de mauvaise humeur, j'imagine…

Antonio préférait donner cette version plutôt que d'avouer que le frère aîné de la jeune fille avait des soupçons sur son orientation sexuelle. Même elle, sa meilleure amie, n'était au courant de rien. Et il fallait que ça reste ainsi.

Alors qu'elle le soignait, il contempla son beau visage concentré.

Il l'avait, sa vengeance. Lovino serait hors de danger et Willem allait payer le prix fort.

Elle s'appliquait à faire une compresse pour une plaie sur sa joue. Il attrapa sa main et l'arrêta, tandis que l'autre, jusqu'alors posée sur le lit, caressa le flanc de la jeune fille, qui frissonna à ce contact et le regarda d'un air interrogateur.

Antonio lui sourit, rassurant, et rapprocha son visage de celui de Louise, leurs lèvres presque scellées. Presque car elle recula quelque peu, jusqu'à ce que l'arrière de son crâne touche le mur derrière le lit. Antonio suivit le mouvement et l'embrassa lentement, délicatement, pour ne pas l'effrayer. Ses mains parcouraient le dos de la jeune femme et la maintenait contre son torse. Elle se laissa aller au baiser. Les doigts d'Antonio se glissèrent alors jusqu'à son chemisier, dont il défit les deux premiers boutons.

Elle saisit alors sa main et murmura:

-N… Non, Antonio, je…

L'Espagnol recula, sans retirer sa main, et dit, une pointe de défi dans la voix:

-Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu n'en as pas envie.

Ses yeux s'adoucirent.

Il avait raison. Elle ne voulait pas lui résister. Il était si beau, ses cheveux châtains, ses yeux verts… Elle savait depuis longtemps qu'elle l'aimait trop pour dire non si cette situation se présentait. Elle rougit en songeant qu'elle en avait déjà rêvé… Même si ça ne se déroulait pas de la même façon que celle qu'elle imaginait , elle ne pouvait pas refuser…

Alors elle lâcha la main chaude de son ami, le laissa continuer ce qu'il avait commencé et rejeta la tête en arrière.

Antonio la renversa ensuite sur le lit et entreprit de la déshabiller entièrement, de découvrir ce corps offert. Quelques minutes plus tard, alors qu'Elvis Presley déclamait doucement Love Me Tender dans le tourne-disque, il la prit passionnément, presque violemment, lui arrachant des cris de plaisir qui le remplissait d'ardeur à continuer.

oOo

Quelques heures plus tard, Antonio était allongé seul sur son lit, Louise étant partie plus rouge qu'une tomate de chez lui au retour de ses parents.

Il ressassait ses pensées. Il avait trompé Lovino. Pour le protéger, certes, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable: il ne s'était pas contenté de s'envoyer en l'air avec sa meilleure amie, il s'était appliqué à lui procurer du plaisir. Mais c'était un mal pour un bien: si Louise ne se vanterait certainement pas à n'importe qui de cette aventure, elle en parlerait plus que probablement à son frère, même sans le vouloir. A l'heure qu'il était, elle devait être en train de lui raconter combien il était passionné, doué et merveilleux. Et en creusant un peu, l'aîné allait vite découvrir ce qu'ils avaient vécu. Et même s'il serait très en colère qu'il ait pris la virginité de sa sœur avant qu'elle ne soit mariée, il ne dirait rien, car Louise était aussi coupable que lui d'avoir donné son accord. S'il en informait ses parents, elle en pâtirait, elle aussi. Et s'il tentait de faire passer cela pour un viol, sa sœur serait la première à défendre son meilleur ami contre ses accusations mensongères.

Tout irait pour le mieux. Willem regretterait amèrement d'avoir insinué des choses et aurait par la même occasion la pseudo-démonstration qu'elles étaient fausses. Il laisserait Antonio et donc Lovino tranquilles, il aurait trop peur qu'Antonio ne réitère l'expérience et qu'il s'en vante au village, la dignité de Louise serait trop en danger.

Pour ce qui était de Lovino, Antonio ne lui dirait rien et jamais il n'apprendrait quoi que ce soit. Rien qu'un petit mensonge par omission, rien de grave, même si ça lui pesait déjà.

Oui, tout irait pour le mieux. Antonio en était persuadé.

oOo

Juin 1956.

Antonio rentrait chez lui, après sa rencontre journalière avec Lovino, le goût des lèvres de son amant persistant sur les siennes, la tête pleine du rêve que représentait chacune de leurs entrevues.

Il était un peu plus tard que les autres jours, ses parents devaient probablement déjà être rentrés.

Il sourit en entrant dans la maison, tout en lançant un "hola!" enthousiaste.

Mais il comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas. Un jeune homme blond le dominant d'une tête au moins le saisit par le col de sa chemise et le plaqua violemment au mur le plus proche.

Antonio était trop surpris de trouver Willem chez lui pour écouter le flot d'insultes qui sortait de la bouche du blond.

Il ignorait ce qu'il avait fait, cette fois, pour le mettre autant en colère.

Il vit une main se lever, prête à s'abattre sur son visage une fois de plus.

Mais une autre main l'arrêta et le nouvel arrivant grommela:

-Ca suffit. Le frapper ne résoudra rien.

Le père d'Antonio affronta le Néerlandais du regard pendant quelques instants, puis le jeune homme lâcha le fils.

Antonio respira bruyamment, chercha son père des yeux pour le remercier, mais ne trouva qu'un regard dur qui le dévisageait.

-Viens. dit-il froidement en allant à la cuisine.

Autour de la table, la mère d'Antonio était assise et berçait un corps mince, sanglotant et tremblotant, dont le visage était caché à la vue de l'adolescent, mais qu'il identifia comme étant Louise.

-Louise? s'écria-t-il aussitôt en accourant vers sa mère.

Il tenta de poser une main secourable sur l'épaule de la jeune fille, mais Willem l'en empêcha.

-Ne la touche pas. lui défendit-il avec colère.

-Mais qu'est-ce qu'il se passe, bon sang? répliqua Antonio sur le même ton.

-Tu l'as mise en cloque. cracha le frère aîné avec haine.

Antonio fut tellement choqué qu'il en tomba au sol.

-Qu… Quoi?

-Faut te faire un dessin, peut-être?

-Mais…balbutia Antonio.

-Y a pas de "mais", connard.

-… Qu'est-ce qu'elle va faire?

-Ce qu'elle va faire? Mais tu n'as pas intérêt à la laisser tomber! Prends tes responsabilités, vous étiez deux dans ce putain de lit!

Antonio resta coi. Il ne savait que dire, que faire. Il n'osait pas regarder Louise, qui avait sorti la tête de l'épaule de la mère et dont les yeux larmoyants imploraient un signe de sa part.

Mierda…

Jamais il n'avait réfléchi aux conséquences inattendues que cet après-midi aurait pu avoir sur leurs vies! Il devait bien reconnaître que, si Willem les tenait tous deux pour responsables, c'était de sa faute à lui, et à lui seul.

C'était aussi à lui de racheter son erreur. Et seul un mariage pourrait éviter le scandale.

Il devait le faire. Pour Louise. Parce que s'il fuyait lâchement, sa vie serait détruite par sa faute.

Mais malgré la gravité de la situation, il ne pouvait s'empêcher de penser à Lovino. L'amour de sa vie à qui il avait tout caché. S'il se mariait avec Louise et qu'il en apprenait la raison , il allait le perdre.

Mais il devait quand même le faire. Parce que fuir ses responsabilités ne serait pas juste pour Louise, qui n'avait rien demandé. Et de toute façon, dans un si petit village, les rumeurs se répandaient à une vitesse folle. Il perdrait Lovino même s'il n'épousait pas son amie. Autant lui donner sa version des faits avant que les ragots ne le fassent à sa place.

Il n'avait pas le choix.

Il allait se marier avec Louise. Et dire à Lovino que c'était pour le protéger et s'établir une couverture solide, ce qui serait de toute façon le cas. Marié et père d'un enfant, personne n'irait plus imaginer que Lovi et lui pouvaient être plus que des amis. Du moins il l'espérait.

Il devait le faire. Pour Louise, pour Lovino, pour cet enfant… Son enfant.

Il allait le faire.

Il se releva lentement, marcha doucement jusqu'à se désormais future femme. Il s'agenouilla devant elle, lui prit une main qu'il baisa. Il leva vers elle un regard réconfortant auquel elle ne répondit que par un faible sourire qui contrastait avec ses joues mouillées et ses yeux encore emplis de larmes.

-Louise… commença Antonio. Acceptes-tu de m'épouser?

La jeune fille lâcha la mère d'Antonio pour se jeter dans les bras de son fils, ses sanglots reprenant de plus belle.

Antonio prit cela pour un oui.

oOo

Lovino arriva au sommet du terril, un peu essoufflé car il s'était dépêché de venir. Antonio lui avait fait parvenir un message –en Espagnol pour que la famille Vargas, hormis Lovino qui avait quelques notions grâce à son amant, ne le comprenne pas– l'invitant à le retrouver deux heures plus tard à leur point de rendez-vous habituel. En pleine nuit donc, alors qu'ils s'étaient vus quelques heures auparavant. Lovino s'était aussitôt inquiété: ça devait être important…

Cette fois, il n'eut pas l'occasion de surprendre Antonio. Celui-ci l'attendait de pied ferme, assis sur une pierre, face au chemin par lequel Lovino arrivait. Aussitôt l'Italien parvenu au sommet, il s'était levé, comme anxieux, et s'était jeté sur lui pour l'embrasser avec fougue.

Lovino n'eut pas le courage de l'arrêter pour savoir la raison de ce rendez-vous. Il sentait chez son amant une sorte de désespoir dont il n'identifiait pas la cause. Il était plus empressé que les autres fois.

Il fit passer ses mains sous la chemise de Lovino, touchant le plus de centimètres carrés possible de sa peau douce et hâlée. Lorsqu'il s'attaqua à la fermeture du pantalon de l'Italien, le plus jeune l'arrêta en rompant leur baiser.

-Non… murmura-t-il. Dis-moi d'abord ce qu'il se passe.

L'Espagnol devint fébrile. Il sembla chercher ses mots.

-Ecoute. dit-il enfin. Il y a des… Rumeurs… qui courent. Sur nous.

Lovino le regarda, attendant la suite. Antonio peina à soutenir ce regard alors qu'il était en train de lui mentir…

-J'ai donc décidé d'y mettre fin.

Lovino ouvrit de grands yeux.

-Ne me dis pas que ce sont des adieux, bastardo, sinon, je…

Antonio l'attira contre lui, la tête du plus jeune enfouie dans son cou.

-Bien sûr que non. Jamais je ne renoncerais à toi, Lovi.

-Alors… Quoi?

La voix de l'Italien avait faibli. Probablement parce qu'il s'attendait à entendre des choses qui ne lui feraient pas plaisir du tout.

Antonio prit une grande inspiration.

-Je vais épouser Louise.

-Qu… QUOI? s'écria l'Italien en se dégageant violemment de l'étreinte de son compagnon.

-Ne m'oblige pas à le répéter, ça me fait autant de mal qu'à toi. répondit Antonio avec tristesse.

-Mais pourquoi? Perché, cazzo…?

Lovino utilisait sa langue maternelle. Ca arrivait rarement pour autre chose que des insultes et était le signe d'un grand trouble.

Il pleurait à présent, les larmes se frayant un chemin à son insu au travers de ses paupières désespérément closes.

-Pour qu'on… Pour qu'on ne te fasse pas de mal. répondit Antonio avec douceur, se rapprochant à petits pas de Lovino.

-C'est pas possible… Comment tu peux me faire ça, bastardo di merda? T'approche pas de moi!

Il fit quelques pas en arrière encore, se prit les pieds dans une racine et perdit l'équilibre, tombant au sol.

-Lovi, je…

-Ta gueule!

Les bras autour de ses genoux pliés, le front sur sa rotule, il pleurait et ne s'en cachait plus, ou si peu.

Antonio s'approcha de son amant malgré ses protestations et s'assit à ses côtés, le prenant dans ses bras et le berçant doucement.

-Lovino. Je ne le fais pas par plaisir ou pour te faire souffrir. Tout ce que je veux, c'est que tu sois en sécurité.

-Mais personne le savait, connard, tu…

-Si, certains ont des soupçons. Tu te souviens, quand je me suis battu, il y a deux mois?

Lovino acquiesça d'un faible signe de tête.

-Cétait à cause de ça.

Le plus jeune leva vers lui un regard embué de larmes et le serra fort dans ses bras.

-Cazzo… Ti amo, Antonio… Je veux pas te perdre…

-Marié ou pas, je t'appartiendrai toujours, Lovi… Et ça ne changera rien… Je t'aimerai toujours, et on se verra presque aussi souvent qu'avant.

-Y a intérêt, bordel…

-Fais-moi confiance… le pria Antonio.

Il déposa ensuite un baiser sur ses lèvres , puis le prit dans ses bras et l'emmena vers la petite cabane de bois. Tout en l'embrassant, il l'allongea sur les couvertures et se mit à quatre pattes au-dessus de lui, se débarrassant de son pantalon.

Il fit de même avec celui de Lovino avant de s'attaquer à sa chemise et de caresser la peau de son amant avec lenteur et passion.

Jamais ils n'avaient fait l'amour de cette façon. Antonio fut à la fois doux et passionné, lent et intense. Ils prirent leur temps, comme si c'était la dernière fois.

Cette nuit-là, l'idée de rentrer chez eux juste après leurs ébats ne traversa l'esprit d'aucun des deux amants.


J'espère que ça vous a plu! Laissez une review ;D

Si vous avez la moindre question, je me ferai un plaisir d'y répondre! Je posterai sous peu sur mes blogs les liens vers les chansons qui ont accompagné mon écriture. Et il y en a beaucoup x)

A bientôt!