Diclamer : Tout appartient à J.K. Rowling. Je réutilise le monde merveilleux qu'elle a crée afin de prolonger le voyage dans cet univers magique... Je ne touche aucun gallion avec ce texte.

Harry/Severus Mentor dans un Univers Alternatif sans magie.

Dans ce chapitre, on découvre la condition de Severus dans sa prison. C'est une sorte de prologue car on n'est pas tout à fait dans le cœur de l'histoire et que notre cher Harry Potter entrera dans le chapitre deux. Mais cela nous laisse l'occasion de voir un Severus différent...

Enjoy et Review !


Chapitre 1 : Derrière les barreaux de la cellule

Severus se tourna et ses yeux vides se posèrent sur le mur. Il n'essaya même pas de fermer ses paupières, il ne dormait plus depuis trop longtemps. Le dos raide, les muscles contractés, la mâchoire serrée, il essayait de respirer calmement. Bien sûr, il n'y arrivait pas non plus. Chaque respiration lui brûlait le cœur, comme si la mort le punissait d'être encore en vie. Mais il n'était pas réellement coupable… Il aurait aimé pouvoir tout simplement arrêter sa respiration et passer de l'autre côté pour la rejoindre. Mais ce n'était pas aussi simple. Rien n'était simple.

« Rogue ! »

Severus tourna lentement la tête vers la voix et il plissa légèrement les yeux. Le problème, dans les prisons, c'est qu'il ne faisait jamais nuit. Il ne faisait pas réellement jour non plus. En fait, c'était comme se retrouver coincer dans un monde parallèle. Un monde de brouillard éternel, entre la vie et la mort, où le seul pouvoir de nos erreurs passées pouvait nous torturer, encore et encore, jusqu'à ce que notre âme quitte définitivement notre corps. Il n'en était pas encore là, mais il s'en approchait… Inexorablement.

Severus distingua donc du premier coup, sans avoir besoin de forcer, le gardien dans la pénombre. Un jeune garçon roux, un peu maigre, qui répondait au nom de Percy Weasley. Il se pavanait avec son trousseau de clés comme s'il était le seigneur des lieux. Les règles de sécurités étaient strictes et elles obligeaient les gardiens à laisser les clés dans une pièce inaccessible aux prisonniers. Mais comme les effectifs étaient réduits et que les prisons débordaient, personne ne faisaient vraiment attention à ce jeune imprudent. S'il se faisait attaquer, ce n'était pas vraiment un problème… Après tout, c'était des choses qui arrivaient, dans les prisons. Le risque du métier, sans doute.

« Debout Rogue ! »

Pour bien se faire comprendre, Percy frappa une bonne dizaine de coups sur l'épaisse porte de métal. Dans les prisons, il n'y avait jamais de silence non plus. De jour comme de nuit, on entendait les éternels cris, les éternuements et parfois même les pleurs, en cachette lorsque personne ne regardait. Malgré cela, le tambourinement violent sur la porte résonna dans tout le secteur sud. La couchette au-dessus de Severus grinça, menaçant de s'effondrer sous le poids du compagnon de cellule. Il avait été réveillé ! Severus grogna… Il allait encore se prendre quelques coups dans la douche, il n'y échapperait pas. Cinq ans auparavant, il aurait rendu chaque coup qu'on oserait lui infliger. Il avait juré que plus personne ne le frapperait… Mais dorénavant, il s'en fichait ! Qu'on lui en mette plein la gueule, et ça lui assurait un moment de calme dans l'infirmerie de la prison. Et la douleur l'empêcherait de ruminer… C'était déjà ça de pris.

Percy ouvrit le premier sasse à peine assez grand pour faire tenir deux personnes de taille moyenne, et il referma les deux verrous qui bloquaient la porte derrière lui. Il ouvrait à présent la porte de la cellule et Severus décida de se lever. Les bleus qui parsemaient son corps l'élancèrent soudainement, mais il ne s'en plaignait pas. C'était déjà assez horrible comme ça, pas la peine d'en rajouter. En plus, il y était habitué.

Debout sur ses jambes tremblantes, Severus releva la tête dans une position de défit. Ridicule, son teint blafard et sa respiration sifflante montraient qu'il était au bord de l'évanouissement. Percy ne s'en préoccupa absolument pas, et il l'attrapa violemment par le bras. Qu'il s'effondre s'il le voulait, de toutes les manières, personne ne lui en tiendrait rigueur… Il le secoua encore plus fort, incessible aux gémissements du prisonnier.

« Maître Dumbledore souhaite vous voir… gronda-t-il de sa voix trop fluette pour le métier. »

Il avait littéralement craché la dernière phrase, se demandant sans doute pourquoi un avocat poursuivait son travail la nuit, osant déranger l'ensemble de la prison. Et Severus le pensait également. Pourquoi ?

« Vos gueules ! hurla un prisonnier. Y'en a qui dorment ici ! »

Percy resserra son emprise sur le bras meurtri de Severus, comme pour lui faire payer le dérangement. Il n'y était pour rien, lui aussi aurait bien voulu se reposer quelques heures avant la séance de douche du matin. Il en toucherait quelques mots à Dumbledore… Etrange personnage. Il semblait persuadé d'avoir le pouvoir nécessaire pour faire libérer Severus. Mais personne ne pouvait l'aider. Il était emprisonné par ses propres démons et la liberté ne lui apporterait qu'un sentiment de lassitude supplémentaire. Il allait lui dire… Il ne devait plus perdre son temps pour lui. Il était déjà perdu. Et cela depuis longtemps.

Percy lia les mains de Severus dans son dos par des menottes trop serrées. Elles lui écorchaient les poignets, mais il ne releva même pas ce léger détail. Son corps entier hurlait de douleur, alors ce n'était pas une brûlure supplémentaire au niveau des mains qui allait le faire pleurer. Tous les prisonniers avaient des marques au niveau des poignets, c'était un signe de reconnaissance. Il marchait derrière le gardien, la tête haute. Au moins, la prison ne lui avait pas enlevé sa dignité… Pour le moment.

Ils marchèrent pendant un moment qui parut interminable à Severus. Sans doute à cause des tapes que lui portait Percy dans le dos, en plein sur un hématome de son dos meurtri, pour le faire avancer plus vite. Ses jambes menaçaient de le lâcher à tout moment… Peut-être aurait-il dû essayer de lutter contre son compagnon de cellule pour garder un morceau de son repas ? Non, de toutes les façons, il n'y aurait pas touché. A quoi bon se prendre d'avantage de coups pour rien ? Quoique les surveillants du jour étaient nettement plus attentifs que ce maudis gardien de nuit. Ils auraient peut-être vu quelque chose si Severus avait au moins essayé ?

De porte en porte, de couloir en couloir, ils arrivèrent en salle d'interrogatoire. Le gardien se posta devant une petite femme replète qui dormait sur le comptoir. Il s'éclaircit la gorge pour la réveiller. Elle se redressa brutalement, et son visage ressemblait étrangement à celui d'un crapaud. Dolorès Ombrage, annonçait le petit écriteau sur sa poitrine. « Douleur ombre », elle portait le nom parfait pour son job. C'était ça la prison… La douleur, encore de la douleur, et tout ça dans l'ombre. Personne n'était au courant et ceux qui savaient y contribuaient. Les gens contentaient de dire que « la prison change un homme », en rigolant. Mais ils ne savaient pas ce qu'ils disaient. S'ils savaient, ils arrêteraient d'en plaisanter. Et ils arrêteraient de glorifier la prison, comme si c'était un lieu où les prisonniers payaient leur peine. Ce n'était pas vrai. Les prisonniers payaient toute la misère du monde.

Le gardien prit un air très important, comme si son métier était beaucoup plus influant que celui de la bonne-femme. Au moins, lui, il ne s'endormissait pas au travail. C'était ce que disaient ses yeux perçant. Mais la femme semblait s'en foutre éperdument et Severus pensa qu'il aurait pu l'apprécier, avant. Des siècles auparavant, lorsque sa vie voulait encore dire quelque chose…

« J'amène le prisonnier Severus Rogue voir son avocat, annonça le gardien de sa voix impériale.

- A quatre heures et demie du matin ? demanda la grosse dame avec un air suspicieux.

- Ouais, je sais… On n'a pas idée de recevoir un client au milieu de la nuit ! Cet avocat est complètement perché.

- C'est surtout interdit, déclara la bonne-femme d'une voix n'impliquant aucune protestation. »

Si la situation n'avait pas été aussi désespérée, Severus en aurait ri. Rien que pour voir l'expression furieuse du gardien, cette petite excursion en valait presque la peine. Presque… Si seulement Severus ne s'était pas placé, au passage, dans la colère du gardien de nuit et de son compagnon de cellule, ça aurait pu être une bonne nuit. Bien plus divertissante que celles passées à fixer le mur taggué de la cellule.

Le gardien serra de toutes ses forces le mince poignet de Severus. Il passait sa rage sur le pauvre prisonnier qui n'avait rien demandé. Mais les prisonniers sont toujours coupable, c'est un fait que l'on apprenait rapidement à Azkaban. Heureusement pour ce dernier, il était trop peu musclé pour le blesser. Il lui enfonça simplement ses ongles dans la chair, qui commençait à saigner… Mais personne ne s'en préoccuperait, qui s'intéresserait à un prisonnier ? Même l'infirmière, madame Pomfresh, ne posait aucune question sur son état. Elle contentait de le bander puis elle le laissait retourner dans sa cellule. Il y en avait trop comme lui et elle ne pouvait pas régler tous les problèmes du monde à elle seule ! Alors elle s'occupait de soigner ce qu'elle pouvait soigner, et tant pis pour le reste. Elle n'y pouvait rien si ses patients se laissaient se faire tabasser sans réagir. Mais elle ne comprenait pas… Personne ne comprenait, personne n'en prenait la peine.

« Severus ! s'exclama la voix aimable de maître Dumbledore. »

Apparaissant de nulle part, il s'avança vers lui avec un air enjoué. C'était la seule personne au monde qui souriait en le voyait. Severus se demandait s'il était fou… Les robes noires des avocats semblaient l'ennuyer car il en avait vêtu une qui était d'un violet criard. Oui, cet homme était probablement un peu fou.

« Maître Dumbledore ! s'exclama la femme en le voyant. Si j'avais su que c'était vous… Percy, tu peux ramener le prisonnier, c'est maître Dumbledore. »

Et il était apparemment très influant, puisque seul son nom lui autorisait à contourner les règles des prisons. Percy regarda Severus avec un regard haineux et il l'amena à l'avocat. Il regrettait sûrement de ne pas pouvoir passer toute sa rage sur Severus. C'est pourquoi il attrapa ses menottes, déchirant au passage la peau du prisonnier. La douleur, rapide mais vive, lui arracha quelques larmes. Il les refoula immédiatement, ne voulant pas satisfaire trop rapidement les ardeurs de ce petit con.

« Tenez, dit-il en jetant Severus comme un vulgaire déchet. Vous pouvez le garder, je reviendrais le chercher dans deux heures. »

Dumbledore regarda d'un air peiné les menottes qui maintenaient Severus mais il ne dit rien. Il hocha la tête, indiquant qu'il comprenait, et il se tourna vers Severus.

« Venez mon ami… »

Etait-ce à lui qu'il s'adressait ? Depuis que Severus avait été enfermé dans cette cage, il avait perdu tout son statut d'être humain. On ne lui parlait pas directement, ou alors avec un dégoût repoussant comme s'il était une sorte de rat des égouts immonde. Il était au mieux un chien des rues, à qui on hurlait des ordres de temps à autres… Mais de là à lui parler comme un être civilisé, on en était loin. Alors l'appeler « mon ami », non, c'était impossible.

Maître Dumbledore posa une main douce sur l'épaule de Severus et il l'amena dans la première salle d'interrogatoire sur la droite. Il alluma la lumière et Severus ferma les yeux, agressé par la puissance des néons. L'éclairage des cellules était faible, le minimum vital et les yeux sombres de Severus s'y étaient habitués. La pièce était petite, neutre. Il y avait une grande table au milieu, sur laquelle étaient posé un ordinateur et quelques papiers. Trois chaises étaient vissées au sol, deux du même côté pour les policiers et une pour l'accusé. Il y avait une grande vitre sans teint et deux petites fenêtres cachées par un store. Ça sentait l'alcool et le désinfectant, mais au moins, il n'y avait pas cette terrible odeur de pisse froide ou de vomi que l'on retrouvait dans les cellules.

« Ce n'est pas terrible, je suis désolé… »

Severus fronça les sourcils, encore peu habitué qu'on le traite comme un homme.

« Ca fait rien, déclara Rogue. »

Sa voix était rauque, comme s'il n'avait pas parlé depuis plusieurs jours… Et c'était effectivement le cas.

Dumbledore s'avança vers la table d'un pas assuré et Severus le suivait, ne sachant quoi faire d'autre. D'instinct, il s'éloigna le plus possible de maître Dumbledore et il s'assit sur la chaise des prisonniers. Il avait une position raide, comme s'il s'apprêtait à bondir loin de là au moindre danger. Ses fesses ne reposaient même pas sur la chaise, ses douleurs l'empêchaient de trouver une position assise confortable. Il gigotait, mal à l'aise, ses mains toujours liées dans son dos.

« Ça vous fait mal ? demanda l'avocat en désignant ses menottes.

- Un peu, oui. »

En vérité, il avait l'impression que chaque geste contribuait à lui arracher la peau. Mais il ne s'en plaindrait pas… Des années que l'on ne l'écoutait plus, cela le marquait encore plus que les cicatrices sur son dos.

« On m'a donné ça, dit Dumbledore en sortant une paire de clé de sa poche. On m'a demandé de vous attacher au bureau, mais je ne trouve pas ça très pratique… Ça doit vous faire mal, non ?

- Consigne de sécurité, grogna Severus. Personne ne demande aux prisonniers si c'est confortable… En vérité, tout le monde s'en fou. »

Maître Dumbledore lui retira ses menottes et il les posa sur la table. Il ne chercha pas à le rattacher et Severus le regarda d'un œil de travers. Oui, il était définitivement fou. Qu'aurait-il fait s'il avait été du genre à planquer un canif sous son T-shirt ? Mais Severus ne faisait plus partit de cette catégorie de personne, cela lui avait trop coûté. Et maître Dumbledore le savait pertinemment.

Il regarda Dumbledore s'installer. Une fois assit, ce dernier sortit de son manteau une théière et deux tasses en porcelaine bleu et blanche. Severus esquissa un petit sourire. Le service à thé était trop luxueux pour la pièce et il semblait décalé… Maître Dumbledore sortit une grosse boîte à thé, et il vida deux petites cuillères de thé noir dans la théière.

« Il n'y a pas d'eau chaude, dans cette prison ? demanda-t-il avec un air innocent. »

Severus ricana et il déclara qu'il n'y avait sans doute pas le budget suffisent.

« Quel dommage, regretta Dumbledore. Comment veulent-ils qu'on travaille efficacement si nous n'avons même pas les moyens de nous faire un thé convenable ? »

Severus ne détestait pas cet homme. Il le trouvait plutôt intéressant, presque amical. Mais ses manières bourgeoises commençaient sérieusement à lui taper sur les nerfs ! Du thé… Et pourquoi du sucre et des petits gâteaux au beurre ? Il n'avait même pas suffisamment à manger, entre la purée pâteuse écœurante qui avait une odeur ressemblant étrangement à celle d'un chien mouillé et la viande dont on n'arrivait pas à déterminer si c'était du bœuf ou du poulet, et cet homme se souciait de l'eau de son thé. Etait-il déjà entré dans une prison ?

« Je travaillais dans une école, avant, déclara Dumbledore comme s'il avait lu dans sa tête. La prestigieuse université de Poudelard. Vous connaissez, sans doute ? »

Severus grommela une réponse négative, mais Dumbledore ne lui laissa pas le loisir de l'interrompre.

« Quelle merveille ! Les parcs étaient verdoyants en été, et nos lycéens enlevaient leurs uniformes en cachette pour sauter dans le lac… Nous ne manquions jamais de thé, à Poudelard. Non, cela aurait été une véritable calomnie. »

En disant cela, maître Dumbledore sortit une petite cuillère en argent de sa poche et il touilla distraitement les feuilles de thé, toujours sans eau.

« Bien sûr, nous triions nos élèves sur le volet. Il était impensable pour nous d'héberger des cancres. Nous sommes réputés pour éduquer de futurs grands hommes. Diplomate, politiciens… Ils sont tous passés par chez nous. »

Severus détaillait la pièce. Il avait compté sept caméras, placées à des angles stratégiques, qui permettaient de couvrir l'ensemble de la pièce. Il y avait aussi quatre fissures et deux tâches d'humidités. Il était en train de détailler une mare de sang séché quand il entendit le nom.

« Tom Jedusor…

- Qu'avez-vous dit ? demanda Rogue de sa voix bourru. »

Maître Dumbledore leva un sourcil étonné, et il sourit d'un air paternel qui énerva d'avantage Severus.

« Je parlais de Poudelard et de ses merveilleux élèves.

- Non, après ça… »

Severus se fichait bien d'une école prestigieuse. C'était toujours pareil, les riches avaient tous les privilèges et les autres croulaient dans leur merde sans que personne ne s'en préoccupe. Tout le monde pouvait entrer dans une école comme celle-ci, même le plus grand des imbécile. Il suffisait d'y mettre le prix. Mais Tom Jedusor. Plus personne ne prononçait ce nom. A moins d'être un imprudent. Ou un fou…

« Tom Jedusor, vous le connaissiez ? demanda Dumbledore avec un sourire aimable. »

Il lui en parlait comme s'il s'agissait d'un grand ami. Ça ne pouvait pas être un hasard, il le savait. De tous les avocats qu'il n'ait jamais eus, maître Dumbledore était le premier à avoir osé prononcer le nom interdit. Severus ne savait pas si c'était d'un courage incroyable ou d'une pure connerie. Mais il l'avait fait…

« Un garçon formidable, très talentueux. Sombre, asociale, mais brillant. Quel gâchis…

- Comment… Vous ? »

Severus n'arrivait pas à exprimer une phrase correcte. Son cœur battait la chamade, il se sentit brusquement observé par tous les côtés. Il se tournait dans tous les sens, dévisageant les caméras avec des yeux effrayés.

« Il est à peine cinq heures du matin, annonça Dumbledore. Je doute que des fonctionnaires soient au travail de si bonne heure. Vous pouvez vous calmer, personne ne nous écoute. »

Cela n'eut aucun effet sur le rythme cardiaque de Severus mais ce dernier s'immobilisa quand même. Oui, ils étaient seuls, c'était une certitude. La raison de la visite si matinale de cet avocat paru soudainement évidente. Et Severus le remercia mentalement.

« Tom… continua Dumbledore avant d'être interrompu par Severus.

- Etait un criminel. »

Severus ne savait par quel moyen ce mystérieux Dumbledore connaissait son maître, mais il paraissait évident qu'il l'avait côtoyé. « Monstre », « criminel », « sanguinaire »… C'étaient les mots qui revenaient le plus souvent dans la bouche des gens qui en parlaient. Mais ils ne savaient pas. Personne ne pouvait deviner la beauté ténébreuse, le talent froid ou la fascination morbide qu'il incarnait. Personne, à moins de le connaître réellement.

« Certes, accepta Dumbledore en hochant la tête. »

Mais il continua quand même :

« Tom était très solitaire… J'ai essayé à de nombreuses occasions de lui apporter mon aide. Pauvre garçon.

- Tous ceux qui l'ont aidé sont emprisonnés. »

Il en savait quelque chose, c'était de sa faute qu'il croupissait en prison. Cinq ans passé à être enfermé, sans voir la lumière du jour… Il regrettait sincèrement de ne pas avoir été tué par la balle qui lui avait perforé un muscle. Il pensa amèrement à son ami Lucius Malfoy et il ajouta d'une voix sinistre :

« Ou très influents. »

Maître Dumbledore sembla trouver la plaisanterie amusante car il rigola doucement dans sa longue barbe blanche. Il sortit un bonbon de sa poche et il l'avala en souriant. Le ventre de Severus trouva la chose insoutenable car il gronda plus fort que jamais. Severus grogna, supposant que c'était impoli. Il n'avait jamais été très fort dans les usages de la société de toutes les manières.

« Bonbon au citron ? proposa Dumbledore en donnant un bonbon identique à son client. »

Severus le mit dans sa bouche et il gronda de plaisir. Le bonbon avait sans doute traîné dans la poche du vieil homme, mais il ne s'en formalisa pas. Le sucre délicieux se rependit dans l'ensemble de son palais et le léger goût citronné rendait le tout doux et amer à la fois. Un vrai régal…

« Si seulement nous avions du thé… regretta Dumbledore. »

Mais Severus se fichait bien du thé. Il essaya de garder le bonbon le plus longtemps possible en bouche, mais il fondait trop vite pour lui. Bientôt, il ne resta plus qu'un minuscule petit bout qu'il croqua pour libérer tout le jus merveilleux. Et il avala le bonbon, regrettant déjà le goût légèrement acidulé.

« Tom a fait de nombreuses erreurs. Je regrette sincèrement de ne pas avoir vu plus tôt sa détresse. C'était un des rares pensionnaires qui avaient pu obtenir une bourse. Les autres pensionnaires ne les considéraient pas comme les leurs, et ils restaient bien souvent entre eux. Pas Tom, bien sûr. Tom avait la fâcheuse habitude de rester tout seul. Enfin, avec ses animaux. Il aimait les animaux, le saviez-vous ? Il avait une passion certaine pour les serpents que les autres ne comprenaient pas. Enfin, à part Hagrid. Lui aussi était un boursier et il aimait les animaux encore plus fortement que Tom. Il domestiquait une énorme araignée dans sa malle. Personne n'a jamais été au courant, avant que Tom ne se décide à le dire à tout le monde. Ils auraient pu être amis, mais Hagrid n'avait pas les mêmes ambitions, et Tom… Eh bien, Tom était Tom. Un jour, il a semé la panique dans son dortoir en ramenant un serpent. Quand on lui a demandé pourquoi il avait fait ça, il a simplement répondu qu'il avait le droit de ramener ses amis. Il a été renvoyé quelques jours dans son orphelinat et il est revenu encore plus déterminé qu'avant. Froid, distant et glacial. Je n'ai jamais su ce qu'il se passait dans cet orphelinat, mais quand Tom revenait à la rentrée, il était encore plus intimidant qu'à son habitude. Je crois qu'il n'était pas très heureux, là-bas. Ses petits camarades devaient lui faire payer la chance qu'il avait de pouvoir s'échapper à Poudelard. Les gamins, entre eux… »

Severus se demandait pourquoi Dumbledore s'entêtait à lui raconter des anecdotes parfaitement intéressantes sur la vie de Tom Jedusor. Après tout, s'il aimait les serpents, ce n'était pas son problème.

« Il a disparu, maintenant. Il ne peut plus faire de mal à personne. »

Dumbledore ne semblait pas convaincu, mais il ne dit rien. Severus en avait vraiment assez ! Dans moins d'une demi-heure, on allait le ramener dans sa cellule. Son compagnon de cellule allait lui piquer son repas, puis il se ferait tabasser dans les douches. Ensuite, il allait soit se retrouver une nouvelle fois à l'infirmerie, soit il retournerait dans sa cellule pour fixer inlassablement le mur. Son compagnon de cellule irait au parloir à quatorze heures, comme tous les jours, et il y ramènerait des choses interdites. Couteaux, téléphones, cachets, cigarettes… Il avait terminé d'amasser des choses pour sa collection personnelle, il allait revendre tout ça à des prix astronomiques pour se fournir encore plus d'objets interdit et affermir sa position de chef du secteur sud. Puis, peut-être allait se faire enculer dans un lieu inaccessible pour les gardiens. Ainsi, il se payerait la protection d'un dur à cuir qui empêcherait les débordements. Il avait trop de bleus et de coupures pour supporter qu'on le tabasse à nouveau. Non, il n'avait pas honte de servir de pute pour se payer les services d'un garde du corps. Il avait dépassé depuis trop longtemps cet état de honte, désormais. Se faire enculer dans les douches ou sur une cuvette de toilette, ça lui paraissait un moyen de payement parfaitement normal, pas plus différent qu'un cachet de doliprane ou un couteau de cuisine. Les forts payaient avec du fric ou de la drogue, les faibles payaient avec leur corps. C'étaient les lois de la prison.

« Pourquoi êtes-vous là ? gronda finalement Severus. Vous ne m'avez pas réveillé à quatre heures du matin pour blablater sur les agissements de Tom Jedusor ! J'en ai rien à foutre de votre école Poudelard ! Qu'est-ce que vous voulez que ça change à ma vie ? J'ai fait des conneries, oui. Maintenant j'en paye le prix. Mais je ne vous ai pas demandé de venir me faire chier avec vos histoires d'internat et de serpents ! Alors sortez d'ici, ramenez votre putain de thé chez vous et payez-vous les services d'un psy pour discuter de tout ça. Je veux juste qu'on me laisse tranquille, vous pouvez comprendre ça ? »

Severus envoya valser les feuilles sur le sol et Dumbledore posa ses yeux sur les menottes. Qu'on le menotte à nouveau, qu'on le considère comme une bactérie à éliminer et qu'on lui fiche la paix. Il n'aurait jamais dû venir jusqu'ici… Il n'avait pas le choix, puisqu'il n'en avait jamais, mais il aimait imaginer qu'il avait un minimum d'influence sur sa vie. Il fusilla Dumbledore du regard, mais l'air paisible et doux de ce dernier calma sa fureur. Severus souffla :

« Ecoutez, ça part peut-être d'un bon sentiment, mais vous ne pouvez rien pour moi. Personne ne peut plus rien pour moi. J'en ai encore pour quatorze ans de prison, dix si je me conduis bien. Personne ne peut plus rien pour moi, le dossier est bouclé depuis des années maintenant. Allez trouver quelqu'un d'autre pour discuter… Ne perdez plus votre temps avec moi. Ça ne sert à rien. Lord Voldemort a ruiné ma vie et je ne veux plus qu'on me parle de lui. Jamais. »

Pourquoi se cacher la vérité ? Tom Jedusor était mort depuis longtemps. Il était mort le jour où il avait décidé de se faire appeler Lord Voldemort. Autant l'appeler par son nom. Son nouveau nom.

« Je viens chercher Severus Rogue… »

La voix était étouffée par l'épaisse porte, mais le silence était tel que les deux personnes l'entendirent distinctement. Severus remit ses menottes tout seul, et la porte s'ouvrit. Le jeune gardien était là, son regard agacé se posa sur Severus, puis sur l'avocat.

« Maître Dumbledore, je dois ramener le prisonnier dans sa cellule.

- Très bien, nous avions terminé. »

Severus passa devant Dumbledore pour rejoindre le gardien du secteur sud. Il entendit une phrase à son attention, pas plus forte qu'un murmure. Et son cœur se serra. Il n'y croyait plus, et cela depuis trop longtemps… Mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer. Peut-être avait-il un espoir après tout ?

« Je vais vous sortir de là. »

Et le gardien attrapa ses poignets blessés, le poussant sans ménagement vers les cellules.


Voilà voilà, c'est terminé pour le moment... Alors, vous avez aimé ?

Merci de me dire ce que vous en pensez, c'est ma première potterfiction. J'ai hâte d'avoir des retours...

Merci pour votre lecture.

Prochaine mise à jour : 19/01/2014