Chapitre 8 : Coupable de t'aimer

Quelques jours après,Yassen vint récupérer Ian à l'hôpital.

S'ils étaient contents de se retrouver, ils ne le montrèrent pas. Durant tout le trajet, ils n'échangèrent pratiquement aucun mot.

On ne pouvait pas dire qu'ils étaient en froid, mais ils ne pouvaient plus simplement prétendre que rien n'avait changé.

Ian avait ouvertement admis que leur relation était différente.

Yassen était revenu le voir entre temps mais Ian n'avait pas de nouveau abordé le sujet; il avait préféré attendre sa sortie d'hôpital pour en reparler.

Et ce jour était enfin arrivé.

Yassen avait à peine fini son créneau que Ian sauta hors du véhicule.

L'Anglais ouvrit le coffre pou récupérer son sac. Il peina à le mettre sur son épaule et finit par le laisser retomber malgré lui.

Yassen intervint à temps pour lui éviter cet effort.

-Laisse, je vais le porter.

Il s'empara du sac avant que Ian puisse répliquer.

Ils entrèrent dans la maison.

Dès l'entrée, Ian huma ce parfum qui lui était familier. Sa maison ne lui avait jamais autant manqué.

Yassen monta dans la chambre du malade pour y déposer ses affaires.

Quand il redescendit, Ian était toujours en train de redécouvrir son habitat, il effleurait ses meubles du bout des doigts.

Yassen interrompit cette distraction nostalgique.

-Je vais récupérer ton neveu, tu as besoin de quelque chose avant que je m'en aille ?

Ian le regarda fixement. Yassen lui avait dit cela sur un ton empressé qui contrastait avait la serviabilité qu'il avait témoigné envers Ian depuis son hospitalisation.

L'Anglais comprit que le Russe ne désirait pas entreprendre une conversation avec lui maintenant.

-Non, j'ai tout ce qu'il me faut. Je te remercie, déclina Ian.

-Bien, dit Yassen en tournant les talons.

Il sentit le regard de Ian suivre ses mouvements.

Quand la voiture démarra, Ian regagna sa chambre.

Il s'allongea sur son lit, fixa un moment le plafond puis ferma les yeux.

Malgré toute la gaieté qu'avait suscité sa sortie de l'hôpital, Ian se sentait un peu triste.

Il était partagé par des sentiments contraires: une partie de lui se réjouissait d'avoir enfin osé avouer au Russe ce qu'il ressentait. Mais son aveu ne l'avait pas l'air de le toucher plus que cela. Ian se demandait si cette révélation en valait réellement la peine.

Il s'endormit en se disant que seul Yassen pouvait mettre fin à son tourment.

Et il espérait qu'il le ferait vite.

Ian se réveilla seulement deux heures plus tard, il avait dormi plus longtemps que prévu.

Il dévala les escaliers pour aller à la rencontre de son neveu.

Il trouva Yassen au salon tenant Alex sur ses genoux.

-Viens mon grand, dit-il en lui tendant son bras valide.

Alex lâcha son hochet et leva ses petits bras vers lui en réponse.

-Fais attention, préconisa Yassen en soulevant Alex pour le donner à Ian.

Ian embrassa plusieurs fois son neveu sur la tempe.

-Tu m'as tellement manqué !

Alex ne le regardait pas. Il était impressionné par les pansements que présentait son oncle à travers le col de sa chemise. Alex tira vivement dessus.

-Il grandit si vite, j'ai l'impression d'avoir manqué beaucoup de chose à cause de mon absence, se reprocha Ian en écartant la petite main qui tâtait son bandage.

-Il reste éveillé plus longtemps, ses cheveux ont poussé, et il gagne en force, énuméra Yassen en souriant.

Alex continua de jouer avec son oncle puis Yassen le récupéra pour aller le coucher.

Au bout d'une heure, Ian regagna à l'étage à son tour.

Ce fut lorsqu'il voulu prendre une douche qu'il se heurta à son premier obstacle. C'était la première fois qu'il prenait réellement conscience de son handicap.

A l'hôpital, les infirmières l'aidaient à accomplir tous les gestes du quotidien.

L'Anglais déploya toute son énergie à essayer de se déshabiller seul.

Au bout de vingt minutes, il était épuisé, et ses gestes forcés commençaient à lui provoquer une douleur à l'épaule.

-Tu as besoin d'aide ? Proposa Yassen en pénétrant dans sa chambre.

Ian ne l'avait pas entendu venir, il tourna brusquement la tête en entendant sa voix.

L'aide de Yassen était la bienvenue, mais cela lui créerait aussi un embarras supplémentaire.

-Non, s'opposa Ian en rougissant.

Yassen ne tint pas compte de sa remarque et s'avança vers lui.

-Cesse de faire l'idiot et dis-moi ce qu'il y a, fit le Russe d'un ton que Ian lui connaissait bien.

L'Anglais soupira, indiquant qu'il s'avouait vaincu.

-Je voudrais prendre une douche mais je...

Il ne parvenait pas à finir sa phrase sans rougir. Yassen lui lança un regard interrogateur.

-Mais je n'arrive pas à me déshabiller, finit par admettre Ian contrarié.

Yassen resta immobile une seconde. Il regretta presque d'avoir insister pour l'aider.

Puis il se dit que sa réaction était injuste, après tout Ian était le plus mal à l'aise des deux.

Yassen s'avança vers lui.

Ian qui était un peu plus grand, dut légèrement baisser les yeux vers son visage.

Il décela des détails qu'il n'avait jamais encore remarqué: ses longs cils presque féminins, son nez droit et régulier, ses lèvres fines.

-Avant que tu ne commences, il faut que je te dise...

Yassen ne le regardait pas. Il s'efforçait de garder son sang froid.

Ses mains étaient en train de défaire le premier bouton de la chemise de Ian quand celui-ci l'interrompit.

-Je suis quelqu'un de très maladroit, il m'arrive souvent de me blesser, continua Ian d'un ton hésitant.

Yassen releva la tête. Il jeta un regard surpris à son interlocuteur.

Il s'attendait à tout sauf à cela.

Ses mains en étaient au dernier bouton de la chemise de Ian. Il la fit glisser lentement le long de ses épaules.

Il comprit alors le sens des paroles de ce dernier.

Des cicatrices.

Le torse de Ian en était couvert.

Le regard du Russe s'affola en les voyant.

Ces cicatrices n'étaient pas récentes, elles ne provenaient pas du dernier incident de Ian.

-Ian ...,Interrogea Yassen d'une voix incertaine.

-Il m'arrive souvent des incidents, expliqua Ian mi-ironique mi-sérieux.

Cette explication ne suffit pas au Russe.

A présent, il examinait du regard le type de blessure qui occasionnait ce genre de marque.

D'un geste naturel, Yassen posa sa main sur la cicatrice qui se trouvait au milieu du torse, puis ses doigts redescendirent vers les côtes. Encore plus bas, il remarqua une ligne sur la hanche de Ian.

Il était sur le point de descendre la main encore plus bas mais Ian l'arrêta.

Il emprisonna la main du Russe dans la sienne.

Yassen n'avait pas remarqué que Ian avait frissonné à chaque fois que ses doigts glissaient le long de son torse.

-Excuse-moi, dit le Russe en rougissant.

Ils se regardèrent enfin droit dans les yeux.

Ian avait toujours la main du Russe dans la sienne.

Il entrelaça ses doigts dans ceux du Russe.

Yassen ferma les yeux et Ian porta la main du Russe à ses lèvres. Il baisa le bout de ses doigts un à un.

Ian sentit son coeur battre à tout rompre. Yassen rouvrit ses paupières.

-Est-ce que je te dégoûte ? Demanda Ian d'une voix tremblante.

-Quoi ? S'étonna Yassen.

-Est-ce que tu me trouves laid, maintenant que tu as vu mes blessures? Renouvela Ian.

-Tu es beau, Ian, souffla tout doucement Yassen.

Il était sincère.

Ian était de ceux qui avait une beauté classique rehaussée grâce au charme de leur personnalité. Ses cheveux fins, de la même couleurs que ses yeux marrons offraient une douce harmonie à son visage.

Ian Rider était quelqu'un de sportif et il en avait l'allure. Il était très classe sans pour autant faire snob.

Il y eut un silence et Yassen poursuivit sur le même ton :

-Tu me surprends tellement. Tu as du mal à faire confiance mais tu ferais l'impossible pour les personnes auxquelles tu tiens. Tu as beau te conduire de manière blessante parfois mais tu fais toujours tout pour te rattraper.

Yassen marqua une pause et Ian se crut défaillir tant il était surpris.

-J'aime bien aussi ta façon de prendre les choses du bon côté. Et même ton caractère impulsif, ajouta Yassen avec un sourire triste.

-Yassen...

Ian crut que son coeur allait s'arrêter. Le Russe était sur le point de lui apporter la réponse qu'il avait tant attendu.

Yassen retira sa main de la sienne.

-Je te demande pardon, Ian.

Le Russe gardait la tête baissée. Sa voix avait tremblé au moment où il s'était adressé à lui.

L'Anglais était en proie à un vertige. Il s'efforça de se maintenir.

-Pourquoi ? Demanda t-il incompréhensif.

-Je sais ce que tu veux me dire, fit Yassen avec beaucoup de douceur.

Il y eut un silence. Ian attendit que Yassen reprenne la parole:

-Tu crois avoir de l'affection pour moi, finit enfin par reconnaître Yassen.

Ian ne put s'empêcher d'intervenir.

-Je suis sûr de mes sentiments, Yassen, répondit Ian d'un ton catégorique.

Yassen hocha lentement la tête.

-Je t'apprécie beaucoup.

Ian eut un sourire qui ne fut qu'éphémère.

-Mais je ne ressens rien de plus que de l'amitié à ton égard.

Yassen venait de donner sa réponse. Ian se sentit plonger dans un abîme.

Le Russe voyait le chagrin qu'il venait de lui causer et s'en voulu terriblement.

-Je suis désolé si j'ai eu une attitude qui a pu te faire croire l'inverse.

Ian secoua la tête avec un sourire triste.

-Ne sois pas désolé si c'est ce que tu ressens.

-C'est ce que je ressens, réaffirma Yassen.

Ian le sonda du regard.

La posture du Russe, son ton , son regard, tout indiquait qu'il était sûr de lui. Ian dut reconnaître avec beaucoup de peine qu'il s'était mépris en croyant que le Russe pouvait partager ses sentiments.

-Merci d'avoir été sincère avec moi.

Yassen ne savait pas quoi lui répondre.

Il voulut poser sa main sur l'épaule de Ian mais il se ravisa.

-Ça me rendrait très triste de perdre ton amitié. Mais je comprendrais si tu veux mettre de la distance entre nous.

C'était une proposition que Ian ne pouvait accepter.

-Je sais faire la part des choses.

Yassen était désemparé. Il voyait le visage de Ian se décomposer. Jamais il n'avait paru aussi triste.

-Tu peux t'en aller, le congédia avec un sourire forcé Ian. Je vais me débrouiller pour le reste.

Cette fois, Yassen n'insista pas.

-Bonne nuit, Ian, dit-il avant de refermer la porte.

Ian resta longtemps sous la douche.

Il espérait que l'eau qui se déversait par litre sur lui le laverait de toute sa désolation. Ou du moins que sa tristesse ne noierait dans cette eau glaciale.

Une blessure plus douloureuse que celle qu'il avait à l'épaule le terrassait.

Ian se décida enfin à sortir de la douche lorsqu'il se sentit à bout de force.

Il avait été stupide de croire qu'il réussirait à oublier son chagrin en une nuit.

Il souffrait et il continuerait à souffrir tant qu'il n'aurait pas trouver un moyen d'oublier.

En temps normal il se serait consacré au boulot ou à des activités tel que le sport pour s'occuper l'esprit.

Mais là ce n'était pas possible: Ian se sentait emprisonné dans son propre corps.

Ce sentiment de détresse le maintint éveillé jusque tard dans la nuit.

Yassen et Alex étaient déjà couchés, sinon Ian n'aurait jamais songé à faire ce qu'il avait juré de ne plus recommencer.

Il descendit dans la cuisine. Tout en lui l'implorait de remonter mais il ne s'écoutait plus.

Il n'eut pas besoin d'allumer la lumière pour trouver ce qu'il cherchait.

Ian prit un verre. Puis un autre.

Il ne remonta se coucher qu'une fois que la bouteille de vin fut vide.


L'Anglais répéta le même rituel plusieurs nuits d'affilées.

Yassen ne remarqua rien, si ce n'était que Ian mettait plus de temps pour se lever le matin.

Il ne pouvait pas deviner que c'était parce qu'il avait la gueule de bois.

Ian cachait les bouteilles qu'il consommait de manière excessive; et comme Yassen ne buvait presque jamais, il ne se rendait pas compte qu'il en manquait.

Le Russe aurait pu se rendre compte que le visage de son colocataire s'était transformé à cause l'alcool. Mais il n'avait pas eu l'occasion d'examiner Ian de près.

Yassen en était venu à penser que, depuis leur conversation, Ian l'évitait.

Il faisait des efforts pour partager des activités avec lui mais l'Anglais trouvait toujours des excuses pour ne pas se trouver en sa présence durant plus de cinq minutes.

Il ne pouvait pas lui en vouloir de se comportement. Même si Ian lui avait demandé de ne pas mettre de la distance entre eux, Yassen ne pouvait pas lui faire de reproche.

L'expression de Ian, lorsqu'il l'avait repoussé était si présente dans sa mémoire. Yassen en tremblait quelque fois.

Pourtant il était bien décidé à contraindre Ian à accepter sa proximité. Il ne ferait pas pour lui mais pour Alex.

Depuis leur réconciliation Ian et Yassen avaient pris l'habitude de s'occuper de l'enfant ensemble.

Or cela faisait quelque temps qu'Alex se retrouvait soit avec l'un ou avec l'autre.

Yassen ne voyait pas pourquoi cet être innocent devait subir les conséquences d'un différend entre adultes.

-Ça te dirait qu'on aille dans le jardin avec Alex ? Proposa le Russe un matin où il faisait particulièrement beau.

Il tenait Alex à la hauteur de son visage, ce qui lui évita de croiser le regard de Ian.

Ce n'est que lorsqu'il cala le bambin dans ses bras qu'il constata avec surprise plusieurs tasses de café sur la table basse.

Il n'avait jamais vu l'Anglais en consommer autant.

-Quelque chose ne va pas, Ian ? S'enquit Yassen d'une voix douce.

Ian repoussa le coussin qui était posé sur ses genoux et se leva.

-J'ai une migraine atroce, je crois que je vais aller me recoucher.

Yassen continuait de le regarder avec inquiétude.

Ian commença à empiler ses tasses vides mais le Russe l'interrompit :

-Laisse, je vais m'en occuper.

Ian osa enfin de regarder dans les yeux.

-Sûr ?

-Tu as l'air crevé, vas te recoucher.

Yassen s'attendait à ce que Ian vienne embrasser Alex sur le front avant de remonter mais il n'en fit rien.

-Merci Yassen, j'aurais aimé être avec vous dans le jardin. Ce sera pour une prochaine fois.

Ce ne fut que par la suite que Yassen nota plusieurs anomalies dans le comportement de son ami.

Ian n'osait plus l'approcher. Mais lorsqu'il voulait prendre Alex dans ses bras, il attendait que le Russe le pose pour s'occuper de son neveu.

Ian ne se plaignait plus de douleurs dues à sa blessure, il avait presque regagné sa motricité habituelle mais pourtant Yassen sentait que quelque chose n'allait pas. Ses gestes étaient lents et il butait souvent contre des objets.

Ian avait confié à Yassen qu'il était maladroit, mais ce n'était que depuis quelques jours qu'il en témoignait les signes. Cela était incohérent pour le Russe.

Enfin, un petit détail presque insignifiant intrigua le Russe: Ian qui avait pris l'habitude de se lever de plus en plus tard trouvait le moyen de sortir les poubelles toujours à temps.

Le ramassage des ordures se faisait très tôt dans la matinée, et c'était Yassen qui s'en été chargé jusque là.

Yassen n'avait jamais vu Ian faire le tri sélectif mais apparemment celui-ci ne manquait pas de s'en occuper.

-Tu tries les ordures pendant la nuit ? Ironisa un jour Yassen.

Ian n'accueillit pas la remarque avec humour.

-Chacun son fonctionnement, tant que c'est fait, répondit-il en se levant.

Cette agressivité froide, Yassen n'en pouvait plus.

Cependant une partie de lui la cautionnait.

Sans parvenir à en connaître la véritable raison, Yassen savait qu'il le méritait.

Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il se sentait coupable.

Ce n'était pas la manière dont il avait repoussé Ian qu'il regrettait.

Un sentiment plus fort que le regret ou la tristesse l'envahissait.

De la trahison.

Yassen se sentait comme un traître pris sur le fait.

Mais de quoi était-il coupable ? Il n'en savait rien.


Ian Rider ne se leurrait pas: il ne pourrait pas continuer de cacher la vérité plus longtemps.

Yassen se rendrait bientôt compte de la supercherie: il avait déjà la puce à l'oreille.

Et puis l'Anglais se dit qu'il devait aussi penser à Alex: plus il mentait au Russe, plus il s'éloignait de son neveu.

Paradoxalement, le fait de boire lui permettait de supporter leur proximité, celle du Russe en particulier, mais surtout l'éloignait d'eux surtout.

Dans le fond, tout ce que souhaitait l'Anglais c'était oublier qu'il avait le coeur brisé.

Et il était assez intelligent pour savoir que l'alcool ne résoudrait rien, seul le temps le guérirait de ses blessures.

Ce fut en vidant son dernier verre de vin que Ian décida de mettre fin à ses mauvaises habitudes de manière radicale.

Sa résolution était sincère, il allait causer du tord à ses proches mais c'était pour leur bien.

Ian décida qu'il devait se retirer quelques jours, pour se retrouver. Ce serait sa manière à lui de faire sa cure et de prendre du recul par rapport à tout ce qu'il avait ressenti depuis son retour de l'hôpital.

Ne voulant pas déclencher la colère du Russe en lui révélant ses problèmes d'addiction, Ian avait prévu de prétexter un déplacement professionnel plutôt que de lui avouer les véritables raisons de son retrait.

Malheureusement pour lui, un imprévu contraignit son plan.

-Alex doit aller chez le pédiatre. Tu nous accompagne ? Demanda Yassen à Ian.

Ian soupira ce qui permit à Yassen de présager sa réponse.

Ce dernier ne comptait plus le nombre de fois où Ian avait décliné ses invitations à partager quelque moment que ce soit avec lui et le bébé.

-Tout compte fait, anticipa Yassen, j'ai pas mal de chose à faire. Est-ce que tu peux emmener ton neveu chez le pédiatre ?

Ian sursauta. C'était la pire chose que le Russe pouvait lui demander en ce moment.

-Je ne peux pas, répondit Ian un peu trop précipitamment.

-Tu as prévu quelque chose ? Fit Yassen surpris.

Cela fait plus d'une semaine qu'il n'avait pas vu l'Anglais franchir le seuil de la porte.

-Je dois faire quelque chose d'important, répondit Ian.

Sa réponse, loin de satisfaire Yassen, l'agaça de plus belle.

-Bien sûr, il y a toujours plus important que ton neveu.

-Yassen, s'il te plaît, juste pour cette fois, je te demande de t'en occuper.

-Juste pour cette fois ? Hurla Yassen. Mais tu ne fais jamais rien pour lui ! Tu m'as proposé de venir vivre avec toi afin qu'on s'en occupe à deux et finalement, je me retrouve seul.

-Yassen...

Il avait l'air las. Le Russe s'en voulut presque d'insister. Mais il décida qu'Alex méritait d'avoir un oncle qui acceptait de lui consacrer plus que quelques minutes par jour.

-Je ne te laisse pas le choix Ian, c'est toi qui emmèneras Alex chez le docteur.

-Je ne peux pas, dit Ian d'un ton tout bas.

Yassen fut hors de lui :

-C'est injuste que tu en veuilles à Alex. C'est après moi que tu devrais être en colère.

Ian hocha la tête.

-Je ne lui en veux pas. Jamais je ne lui en voudrais. Et à toi non plus je ne t'en veux pas, ajouta t-il en le fixant droit dans les yeux.

-Alors pourquoi tu refuses de l'emmener ?

-Ce serait dangereux. Je ne suis pas en état, finit par avouer Ian, honteux.

Yassen sursauta. Il avait cru Ian guéri de ses blessures mais peut-être qu'il s'était trompé.

-Ton épaule ? S'enquit Yassen, mais je croyais que...

Ian l'interrompit. Il se décida à lui avouer la triste vérité.

-Non, ce n'est pas ça.

L'Anglais se leva sous le regard incompris de son colocataire. Il sortit puis revint avec un sac poubelle plein.

Yassen comprenait de moins en moins le sens de cette scène.

-Ian, que fais-tu avec ça ?

-Tu voulais savoir pourquoi je triais les poubelles durant la nuit ?

Ian ouvrit le sac et déversa tout le contenu à ses pieds. Yassen mit un temps avant de réaliser ce que signifiait toutes ces bouteilles d'alcool vides.

Il adressa un regard noir à celui qui les avait abusivement consommé :

-Tu m'avais promis que tu ne le ferais plus.

-Je te demande pardon.

-Depuis quand ? Eclipsa Yassen.

-Je vais arrêter. J'ai prévu de me rendre dans ma maison de campagne pour me reposer quelques jours.

-Depuis quand, Ian ? Exigea de savoir Yassen.

L'Anglais s'assit sur le bord de la table basse. Son regard se posait avec tristesse sur les bouteilles encore éparpillées sur le sol.

-Depuis le soir où je suis rentré de l'hôpital.

Depuis le soir où tu m'as rejeté. Depuis le soir où j'ai senti mon coeur se briser.

Yassen releva son regard vers lui.

Ian eut un frisson.

Il n'y avait aucune empathie dans ses yeux. Il fixait Ian comme s'il représentait ce qu'il y avait de plus dégoûtant sur terre.

Les propos que lui tint Yassen lui confirmèrent tout le mépris qu'il avait pressentit à travers son regard bleu glacial.

-Tu n'es qu'un faible, Ian.

L'Anglais ne s'était jamais autant senti insulté de toute sa vie. Pourtant il décida d'encaisser.

Il avait rompu sa promesse, Yassen avait le droit d'être en colère après lui.

-C'était la dernière fois. Je ne boirai plus.

-Quand est-ce que tu pars ? Enchaîna Yassen sans tenir compte des promesses de Ian.

-A la fin de la semaine, je veux passer du temps avec Alex avant de ...

-Non. Tu pars demain matin, trancha le Russe.

Ian écarquilla les yeux. Yassen ne supportait donc plus de le voir à ce point ? Il le mettait à la porte de son propre domicile.

Ian affronta le jeune homme du regard.

-Yassen, je sais que je t'ai déçu, mais c'est à moi de décider. Et je veux m'occuper de mon neveu pendant les trois jours qu'il me reste, fit-il plein de bonne volonté.

Yassen hocha la tête.

-Tu n'es pas en état de t'occuper de lui. Tu es un danger pour lui, pour moi, fit-il d'une voix pleine de rancune.

-Yassen, je ne vous ferai aucun mal, protesta l'Anglais.

-Evidemment, fais-toi autant de mal que tu veux Ian parce que je ne te laisserai jamais nous en faire à Alex et à moi.

Ian s'écroula sur le rebord du canapé.

Il avait cru que le Russe le soutiendrait dans sa décision. Certes, il était d'accord pour que l'Anglais s'en aille mais par pour son bien- être.

Parce que sa vue lui était devenue insupportable.

Yassen n'avait qu' une chose en tête : qu'Ian se tienne loin de lui et d'Alex.

-D'accord, je ferai comme tu veux Yassen. Je partirai demain dès l'aube, se soumit son interlocuteur.

-Bien, dit Yassen pour clore leur conversation.

Ian le regarda prendre les escaliers. Yassen ne se retourna pas une seule fois.

Ian avait déjà le coeur brisé mais il se sentit tout de même foudroyé. Yassen le haïssait.

Il resta dans sa position bien longtemps après le départ du Russe.


Ian n'eut pas besoin de se lever lendemain : il n'avait pas dormi de toute la nuit.

Malgré cela il n'était pas fatigué. Il avait eu le temps de préparer ses affaires et de regagner son état de sobriété.

Il n'avait pas reparlé à Yassen depuis leur dispute de la veille. Le Russe semblait déterminé à l'ignorer jusqu'à ce que l'Anglais ait regagné sa confiance.

Ian respectait sa décision bien qu'elle lui fît mal. Il se contenta de dire au revoir à son neveu en l'embrassant sur le front.

Puis il prit la route.

Il ne savait pas exactement depuis combien de temps il conduisait lorsqu'il s'aperçut qu'il avait oublié son téléphone.

Or il en avait besoin. Pas pour passer des coups de fils personnels, son travail lui imposait d'être joignable en permanence quel que fût sa position.

Ian rebroussa le chemin tel un automate.

Il était encore très tôt lorsqu'il pénétra chez lui, Alex n'était pas encore levé et il supposa que Yassen aussi.

Il grimpa les escaliers sans faire de bruit et ouvrit la porte de sa chambre.

Ian s'était trompé. Yassen était déjà debout.

Mais que faisait-il dans la chambre de l'Anglais à cette heure-ci ?

Le Russe avait le dos tourné pourtant Ian devina qu'il était plongé dans ses pensées car il n'avait remarqué sa présence.

Ian se rendit compte que la porte de son armoire était ouverte, il était certain de l'avoir fermé avant de partir.

Un rayon de lumière traversa la pièce et l'Anglais put voir brièvement de visage du Russe.

Ce dernier se déplaça d'un demi pas et Ian sut enfin la raison de sa présence.

Yassen avait les yeux fermés, il tenait une des chemises de l'Anglais dans ses bras, puis, gardant toujours les yeux fermés, il la porta doucement vers son visage.

Il recherchait l'odeur de Ian.

L'Anglais ferma un instant les yeux tant la scène lui parut incroyable.

Lorsqu'il les ouvrit, il fut pris d'une seule envie.

Il ferma la porte de manière sec, arrachant Yassen de ses rêveries.

Yassen sursauta. Il était décontenancé, il voulait demandé à Ian depuis combien de temps il l'avait observé. Puis dignité pris le pas sur sa curiosité.

-Je te croyais déjà en chemin, fit le Russe comme si de rien n'était.

Il remit rapidement la chemise sur le cintre et ferma la porte de l'armoire.

-Je l'étais confirma Ian, d'une voix lointaine, comme s'il ne récitait qu'un détail. Mais j'ai réalisé que j'avais oublié mon portable, alors je suis revenu.

Yassen hocha la tête traversa la chambre à grands pas.

-Eh bien, il ne te reste plus qu'à repartir, dit Yassen.

Ian se mit en travers de son chemin.

-Que faisais-tu dans ma chambre ? Interrogea Ian.

Yassen le regarda avec froideur. Ian ne broncha pas.

-Que faisais-tu dans ma chambre, Yassen Gregorovitch ?

Yassen comprit qu'Ian en avait trop vu pour le laisser s'en tirer ainsi.

-Ce n'est pas ce que tu crois, rétorqua t-il d'une voix qui se voulait indifférente.

Ian eut un rictus. Yassen baissa la tête.

-Tu n'étais pas en train de rechercher mon odeur sur l'une de mes chemises?

Yassen le fustigea du regard.

-J'ai commis une erreur, finit-il par admettre.

Il fit un nouveau pas vers la porte et Ian s'interposa de nouveau.

J'ai cru que étais pressé que je parte parce que tu m'en voulais, parce que je t'avais déçu.

-C'est la raison pour laquelle je veux que tu partes, Ian, appuya Yassen.

Son interlocuteur hocha la tête plusieurs fois.

- Yassen, cesse de me mentir. Cesse de te mentir. Ça t'arrange que je m'en ailles parce que tu espères que mon absence te laisse le temps de m'oublier.

Yassen ne put s'empêcher de rougir. Puis son sentiment de honte se transforma vite en colère.

-Ce que tu m'as dit l'autre jour m'a troublé, admit Yassen en guise d'explication.

-Ne me rends pas coupable de ce que tu ressens, surtout lorsque tu sais que c'est réciproque ! Tonna Ian.

-Je crois ressentir quelque chose pour toi mais ce n'est qu'une illusion. Comme le jour où je t'ai embrassé. C'est ta ressemblance avec John qui m'attire. Rien de plus.

-Tu mens, observa calmement Ian.

-Tu n'as rien à voir avec ton frère, ajouta Yassen avec un rictus.

- Je n'ai jamais prétendu ressembler à John. C'est toi qui as envie de le retrouver à travers moi. Et plus tu constates que c'est impossible et plus tu t'en veux de m'aimer. C'est pour ça que tu es en colère. Admets-le !

- Je ne t'aime pas Ian, je te déteste ! Hurla Yassen

- Tu me détestes ? Demanda Ian hors de lui. Tu me détestes, Yassen ?

Yassen n'osa pas répéter le mensonge qu'il venait de dire malgré lui. Cependant Ian n'était pas dans son état normal. Il se sentait trahi.

Le Russe l'avait regardé s'en aller parce qu'il n'était pas sûr d'être assez fort pour pourvoir lui cacher ses sentiments. Et il l'avait traiter de faible.

Il prit le silence du Russe comme un acquiescement.

-Je vais te donner une véritable raison de me détester, Gregorovitch ! Fit Ian.

Sans que Yassen ne s'y attende, Ian s'élança vers lui et l'embrassa à pleine bouche.

Son baiser exprimait tout le désir et la passion qu'il entretenait pour Yassen. Mais il s'en dégageait aussi une forme agressive qui avertir le Russe de l'état de colère dans lequel il avait mis Ian.

Yassen s'arracha de ses lèvres en le mordant. Il le gifla également.

Mais Ian refusait d'en rester là. Il empoigna Yassen avec force et tout en encaissant les coups de celui-ci avec une extrême raideur, il continua de l'accabler verbalement :

-Tu prétends que je suis un faible, un danger pour toi. Qu'il n'y a que ma ressemblance envers John qui t'attire.

Face à n'importe quel adversaire, Yassen aurait déployé toute sa force pour le mettre Ko quitte à lui infliger un coup mortel . Mais là il s'agissait de Ian. Bien qu'il était furieux, le Russe ne pouvait se résoudre à le blesser sérieusement.

Il lui restait plus qu'à implorer Ian de cesser.

-Ian ! Arrête, fit se débattit Yassen.

Mais l'Anglais ne l'écoutait plus. Pire, il l'emportait physiquement sur lui.

Yassen se retrouva allongé sur le lit de force.

-Je t'en prie, Ian , Arrête !

-J'aimerais arrêter Yassen, crois-moi. J'aimerais ne t'avoir jamais rencontré et ne rien ressentir pour toi.

Il y avait tant de sincérité dans son ton que le Russe n'en fut que davantage troublé.

Ian parvint à attacher les mains de Yassen aux barreaux du lit.

Il déboutonna la chemise du Russe :

-J'aimerais ne pas être attiré par toi, fit-il en lui embrassant le cou.

Sentir la pointe de sa langue l'électrisa. Yassen se débattit de plus belle.

-J'aimerais ne plus rêver de ce corps, continua Ian en lui embrassant le torse.

Yassen fut prit d'une crise de panique qui se manifesta par sa respiration saccadée.

La bouche de Ian arriva à son nombril tandis que ses mains déboutonnaient le jean du Russe.

-Ian, s'il te plaît on peut en discuter, continuait de vouloir l'arrêter Yassen.

Il replia ses jambes quand celui-ci essaya de faire glisser son jean. Vaine tentative.

Ian remonta ses lèvres jusqu'au cou exposé du Russe qui s'était arqué pour étudier de quelle manière il pouvait détacher ses mains jointes par dessus sa tête.

Ian posa sa langue sur son téton et glissa une de ses mains sous la fesse de Yassen.

-Arrête ! Cria Yassen pour la dernière fois.

Se sentant pris au piège, Yassen tira sur ses bras de toutes ses forces. Ian ne sembla même pas le remarquer, il était obnubilé par son désir de couvrir tout son corps de baisers.

Au bout de plusieurs tentatives, Yassen fut épuisé. Il hoqueta.

Ian ne remarqua ses larmes que lorsqu'il voulut l'embrasser de nouveau sur la bouche.

-Tu pleures ? Demanda t-il avec tristesse.

Ian essuya ses larmes au moyen de ses lèvres.

-J'ai mal Ian, murmura le jeune homme.

Ian n'était pas allé jusqu'au bout. Cependant Yassen avait perdu toute notion.

Tout tournoyait autour de lui, il ne savait même plus où est-ce qu'il se trouvait.

-Je ne voulais pas te faire de mal, Yassen, dit Ian en enfouissant son visage au creux de son cou.

Il lui caressa les cheveux.

-Tu me fais mal, Ian. fit Yassen. Tu me fais aussi mal que Ash lorsqu'il m'a torturé.

Ian sursauta en entendant ce nom. Il se releva sur un coude et voulut plonger son regard dans celui de Yassen. Mais il ne rencontra que des yeux vides.

Ian l'embrassa de toute ses forces.

-Je ne suis pas comme Ash, Yassen. Je te jure, que jamais je ne te ferai ce qu'il t'a fait.

Le Russe confronta son regard triste à celui de l'Anglais.

- Alors pourquoi est-ce que tu m'as attaché les poignets de la même manière que lui l'avait fait ?

Ce fut la dernière chose qu'il lui dit avant de fermer les yeux.


Ian s'apprêtait à reprendre la route pour la seconde fois. Il avait dû s'écouler une heure depuis que Yassen s'était endormi dans ses bras.

Ian avait détaché ses poignets immédiatement puis il l'avait porté jusque dans sa chambre. Il l'avait recouvert d'une couverture légère et lui caressé les cheveux.

Quand il sentit le souffle de Yassen devenir régulier, il lui donna un doux baiser et s'installa dans la cuisine.

Puis il s'effondra. Jamais il ne serait cru capable d'une telle ignominie.

Son amour pour le Russe s'était transformé en un désir dévastateur et aveugle.

Il ne savait plus où il en était.

Ian s'en voulait de partir sans offrir d'explication à Yassen.

Mais il se résolu en se disant que ce dernier n'aurait pas envie de le voir à son réveil.

Ce ne fut que lorsqu'il atteignit la porte d'entrée qu'il dut s'arrêter malgré lui.

-Tu comptes fuir sans t'expliquer ?

C'était Yassen. Il descendait les escaliers d'un pas résolu.

Ian s'efforça de lui faire face.

-Je regrette de t'avoir fait du mal, dit tout simplement Ian.

En réponse, Yassen le gifla de toute ses forces.

Ian vacilla et s'adossa contre la porte.

-Je ne veux pas que tu aies encore plus mal aux poignets mais si me frapper te soulage, alors vas -y.

Yassen lui donna un coup de poing, cette fois-ci.

Ian sentit sa lèvre saigner. Il toucha du bout des doigts puis se redressa.

-Je ne partirai que lorsque tu te seras entièrement défoulé.

Yassen hocha la tête.

C'était dur pour lui de l'admettre. Il se sentait tellement coupable vis à vis de John. Mais il avait vu ce que le refoulement avait provoqué chez Ian.

Il ne pouvait plus se laisser consumer ainsi de l'intérieur. Il en mourrait, c'était certain.

-Non, Ian. Tu ne peux pas partir. Je ne veux pas que tu partes.

Avant même que Ian revint de sa surprise, Yassen l'entoura de ses bras et l'embrassa fougueusement.

Ian répondit à son baiser avec autant d'ardeur avant de reprendre son souffle.

-Yassen, je suis tellement désolé.

-Moi aussi, Ian. J'aurais dû accepter de voir la réalité en face.

Il embrassa Ian une nouvelle fois et ajouta en un souffle :

-J'ai envie de toi, Ian Rider.

Ian n'essaya pas de résister.

Il souleva Yassen et l'embrassa partout où ses lèvres pouvaient l'atteindre.

Ils s'allongèrent d'abord sur le canapé, changeant plusieurs fois de position pour se sentir à leur aise, puis finirent par se mettre à même le sol, sur le tapis qui ornait le pied du canapé.

Yassen défit la chemise de l'Anglais et se mit au dessus de lui.

Ils s'embrassèrent sur la bouche un long moment. Yassen passa sa main sur le centre du désir de Ian.

Ce dernier poussa un râle de plaisir.

Il s'affola en sentant Yassen glisser son pantalon en même temps que son boxer.

Le Russe embrassa le torse de son amant en s'abaissant de plus en plus.

-Non, Yassen, interrompit Ian en devinant les intentions du Russe.

Celui-ci parut perplexe.

-Mais c'est pour te... tu n'aimes pas ça ? Demanda t-il l'air incompréhensif.

Ian craquait complément pour ce visage confus et tellement attirant.

-Si. Mais je ne le mérite pas pour le moment, fit-il en embrassant le poignet de son amant.

-Ian ! Reprocha Yassen.

-Allonge-toi, dit Ian en inversant leur position.

Et Ian offrit à Yassen ce que lui-même venait de refuser.

Le Russe se cambra à de multiples reprises. Ian dut lui maintenir les jambes écartées pour pouvoir mieux le satisfaire.

Yassen passa une main dans les cheveux de Ian. Il s'agrippait à chaque fois qu'il sentait sa bouche l'aspirer.

-Ian, réclamait Yassen.

Il lui donna un ultime coup de langue avant de se relever. Il hésita à l'embrasser sur la bouche.

Ce fut Yassen qui vint le picorer d'un baiser en souriant:

-Déshabille-moi, entièrement.

Ian s'exécuta et retira la chemise du Russe tout en l'embrassant.

Il s'allongea sur le Russe et glissa ses mains sous ses fesses.

Sentant le moment crucial arrivé, ses caresses se firent plus fougueuses. Un peu trop aux yeux de Yassen.

-Ian, tenta t-il de ralentir une première fois.

L'Anglais prit cette interpellation pour un râle. Il commença à humidifier son sexe au moyen de sa salive.

Il eut du mal à s'imposer.

Yassen le laissa faire tout d'abord mais il fut rattraper par la douleur.

-Ian, fit-il en le repoussant avec ses jambes.

Ian, tout à coup conscient de sa maladresse, cessa la pénétration.

-Je t'ai fait mal ? S'enquit-il.

Yassen reprit son souffle avant de lui répondre.

-Tu brûles les étapes, lui dit-il en souriant.

Le sourire du Russe n'eut pas pour effet de le rassurer.

-J'ai... Je..., essayait d'expliquer Ian.

-Je ne m'enfuirai pas, Ian, comprit Yassen. Je ne m'enfuirai plus. Alors prenons notre temps, d'accord ?

Ian hocha la tête. Il colla quelques secondes son front à celui de Yassen.

Yassen l'embrassa sur la bouche puis attrapa la paume de sa main.

-Essaye d'abord avec tes doigts, dit Yassen me mettant son index et son majeur dans sa bouche.

A ce contact Ian se remit à durcir de plus belle.

Yassen reprit sa position initiale et Ian s'allongea de nouveau sur lui.

Il glissa un premier doigt en lui assez facilement. Ian essaya plusieurs mouvements pour aider son amant à se détendre.

Quand il y parvint, il ajouta un second doigt. Yassen fit un effort pour ne pas se resserrer.

Ian continua ainsi jusqu'à ce que Yassen l'autorise à passer à la suite.

-Ian...je pense que tu peux...

Tout en lui obéissant, les yeux de Ian ne quittèrent pas le visage du Russe. Son expression témoignait d'une certaine appréhension.

Il embrassa Yassen sur le cou puis sur la poitrine.

-Guide-moi, fit Ian en se glissant le long du torse du Russe.

-Il faut que tu ailles à mon rythme. Au rythme de mon souffle, précisa t-il en lui caressant la joue.

Ian comprit.

Il retenta de le pénétrer avec plus de patience et plus de douceur.

Cette fois Yassen ne le repoussa pas malgré la douleur qu'il ressentait.

Ian patienta avant de reprendre le mouvement. Yassen enlaça ses jambes autour de sa taille pour lui indiquer son consentement.

L'Anglais s'évertuait à respecter le rythme de son partenaire, cela ne diminuait pas son plaisir. Au contraire, voir le visage de Yassen exprimer autant de jouissance aurait suffit à le satisfaire.

Il sentit plus d'une fois le corps du Russe s'arquer comme pour jouir puis résister pour faire durer l'instant.

Finalement, ce fut au même instant qu'ils vinrent à bout de leur force.

Yassen se cambra une dernière fois en offrant à Ian la possibilité de s'enfoncer encore un peu plus en lui.

Ils jouirent ensemble. Une fois que Yassen laissa ses jambes retomber, Ian se retira aussitôt pour joindre les lèvres de son amant.

Leurs yeux troubles se rencontrèrent et pour le seconde fois de la matinée, Yassen s'endormit dans les bras de Ian.