Drago n'était pas revenu. Ni le lendemain ni les autres jours. Il n'avait donné aucun signe de vie. Lorsque Hermione retourna au travail ce lundi-là, son ventre était noué d'appréhension. L'avait-il si mal vécu que cela ? Pensait-il qu'elle allait refuser de le voir ? Que fuyait-il ?

« -Bonjour Hélène. Marmonna la sorcière à la secrétaire de Drago.

-Bonjour Hermione ! Alors comment va votre petit ?

-Beaucoup mieux merci.

-Heureusement que vous êtes revenu ! Avec vous et monsieur le directeur absent l'organisation du service commençait à en pâtir !

-Le directeur ? Comment ça ?!

-Ah vous n'êtes pas au courant... Il est absent depuis jeudi. »

« Le lendemain du jour où il est passé à la maison. » Songea la Gryffondor en palissant.

« -Pour quel motif ?

-Raison familiale. »

Aussitôt Hermione fonça vers le bureau de Sally. Elle n'aimait pas ça mais elle devait ravaler sa fierté.

« -Oh bonjour, enfin revenue ? Salua la jeune sorcière sans même lever les yeux de son dossier.

-Oui, enfin. Dis moi, sais-tu pourquoi Malefoy est absent ?

-Tu n'es pas au courant ? Je pensais qu'il t'en aurait parlé...

-Qu'est-ce qu'il a ? Parles ! Pressa la brune devant le visage grave de son interlocuteur.

-C'est Théodore qui me l'a dit. Hermione... La mère de Malefoy est morte... »

Le sang quitta brusquement le visage de la sorcière.

«-C'est impossible... murmura-t-elle les larmes aux yeux.

-Elle est décédée mercredi soir de la Dragoncelle. Ils ont fait son enterrement vendredi. Il paraît qu'il y avait peu de monde. Bref c'est pas la joie pour Drago en ce moment m'a expliqué Théo.

-Comment ai-je pu être aussi aveugle ? gémit alors la brune en s'affaissant sur une chaise.

-Je vais te chercher quelque chose de chaud. »

Lorsque Sally revint un thé à la main elle trouva Hermione roulée boule sur la chaise en train de sangloter bruyamment.

« -Hermione... soupira-t-elle les yeux au ciel. On dirait une adolescente.

-C... Comment ai-je pu être aussi stupiiiiiiiiiide ?!

-Mais tu ne pouvais pas le savoir ! Cesse de vouloir prendre tout le malheur du monde sur tes épaules !

-Pourq... Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ?!

-Il n'en a parlé à personne ! Blaise et Théodore étaient au courant car ce sont des proches de la famille Malefoy c'est tout ! »

Pour seule réponse la Gryffondor se mit à gémir de plus belle.

« -Par Merlin Hermione cela fait bien longtemps que je ne t'avais plus vue dans cet état. La dernière fois c'était lorsque Ron avait oublié de rappeler à tes enfants que c'était la fête des mères.

-...

-Mais tu sais quoi ? Je préfère largement cette Hermione-là que la coquille vide que j'ai côtoyé pendant deux ans. Deux ans avant que Malefoy n'arrive. »

Surprise, la brune releva la tête et plongea les yeux dans ceux de Sally. Cette dernière posa sa main sur la sienne.

« -Faut-il que tu sois aveugle pour ne pas voir à quel point tu l'aimes ?

-Malefoy et... Moi ? »

Sa collègue hocha la tête.

« -C'est impossible...

-Hermione tu as vu ce que tu as accomplie ? Tu as fais preuve d'une volonté hors norme. Toutes tes années à Poudlard tu t'es battue pour offrir un monde meilleur au monde des sorciers. Tu as aidé l'Elue à vaincre le mage noir. Et c'est Malefoy qui te fait peur ?!

-Je n'ai pas peur c'est juste que...

-Cesse de te voiler la face ! »

Les deux sorcières gardèrent alors longtemps le silence, bercées par les rumeurs de la rue.

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Hermione hésita longuement avant de se décider à appuyer sur la sonnette.

Il n'eût d'abord pas de réponse. Finalement, déterminée, la brune réitéra son geste à plusieurs reprises. Le déclic du verrou finit par se faire entendre.

« -Vous ne voyez pas que je ne veux voir pers... Oh c'est toi Hermione. »

Surprise la sorcière détailla Drago de la tête aux pieds. Il était encore plus pâle que d'habitude.

« Oui... Hum tu me laisses entrer ? » Demanda-t-elle après quelques minutes de silence embarrassant.

Le blond soupira et s'effaça du pas de la porte pour la laisser s'avancer.

La pièce était sombre car les volets n'étaient pas ouverts. Le lit était défait, des vêtements juchaient le sol.

«-Qu'est-ce que tu veux ? Demanda le Serpentard d'une voix froide.

-Juste... Voir si tu allais bien...

-Comment pourrais-je aller bien ?!

-Non c'est vrai pardon... Juste voir si tu tenais le coup. Et puis... Et puis te montrer que tu n'étais pas seul. Si tu as besoin je suis là. »

Mais pour toute réponse Drago eût un rire rempli de mépris. Il s'affala sur un vieux siège.

« -Sainte Weasley... L'héroïne, la sauveuse des âmes en peine, des perdants méprisés... Avec moi tu perds ton temps, je suis fini.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Murmura Hermione terrifiée.

-Par Merlin ne fais pas celle qui ne comprend pas ! Toi la petite chouchoute des professeurs et du l'univers entier des sorciers. Celle qui a aidé le célèbre et magnifique Potter à débarrasser notre pauuuvre monde de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Celle qui avait toujours les notes maximales aux examen. ''C'est une sang de bourbe Drago et elle a de bien meilleurs résultats que toi !'' Oui parce que dans mon milieu à moi mépriser les gens comme toi était bien plus facile que de croiser son regard dans un miroir. »

Des larmes plein les yeux, Hermione tenta de s'approcher du blond pour le réconforter.

« -Ne t'approches pas ! Je ne veux pas de ta pitié Weasley. Je ne veux pas de ta sollicitude envers la pauvre loque que je suis. Après tout on a eu ce qu'on méritait après la guerre. La chute, la chute sociale sans fin. ''Regardez ce sont les Malefoy . Ils auraient aidé Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom pendant la guerre. Quels gens maléfiques.'' Et tu veux savoir ? Nous étions méprisés, détestés du Seigneurs des Ténèbres ! Alors au fond nous n'avons jamais eu vraiment de place ! »

Haletant, le sorcier posa sa tête entre ses mains et se tût.

La brune effrayée n'osa bouger de sa place. Sa gorge serrée allait exploser.

« Toi qui sais tout Hermione, répond à ma question. Cette question je me la pose depuis plus de dix-sept ans. Vois-tu, j'ai fais beaucoup de choses que des personnes comme toi auraient qualifié ''d'horrible''. Contre mon gré certes mais je les aie fait. Comme torturer des Mangemorts ou des sorciers ou encore désarmer le directeur de Poudlard dans le but de le tuer... »

Un silence de mort régnait dans la pièce.

« -Alors pourquoi ? Pourquoi les arguments du célèbre directeur de Poudlard m'ont moins dérouté que les cris d'une pauvre sang de bourbe torturée que je croyais avoir détesté toute mon adolescence ? »

Le corps entier de la brune fût secoué d'un frisson.

« -Par Merlin Hermione tes cris je les entends encore lors de mes nombreuses nuits d'insomnie ! Tes cris ils... Ils m'accusaient ! Ils me disaient : ''Pendant que tu te terres au Manoir comme un rat d'autres ont eu le courage de se battre ! De tout faire pour croire en un futur meilleur ! Et tu tue cet espoir !'' Oui j'avais l'impression que c'était moi qui te torturait Hermione et contrairement à ce que j'avais de nombreuses fois imaginé à Poudlard ce fût loin d'être un plaisir ! Tu as été l'élément déclencheur qui m'a fait me sentir comme une pauvre merde jusqu'à la fin de mes jours ! »

Il hurlait à présent, comme un dément. Les larmes dévalaient les joues de la Gryffondor.

« -Puis je t'ai détesté car je t'enviais ! J'enviais ta force, ton bonheur : une guerre gagnée, l'homme que tu voulais, de beaux enfants, un job de rêves... Tous les journaux en parlaient ! Et moi... Moi qui avais rêvé de tout ça je me retrouvais au 26eme dessous. Si seulement j'avais été comme mes parents... Si seulement au moins j'aurais gardé leur arrogance ! Mais même cela je l'avais perdu, tu me l'avais pris. »

Il s'avança brusquement vers elle et elle eût un petit couinement de terreur. Il prit sa tête brune couverte de larmes entre ses mains.

« -Qu'est-ce que tu cherches chez moi Hermione ? Sais-tu seulement ? »

Il posa alors son front sur le sien. La jeune femme se laissa faire, le souffle coupé.

« -Va-t'en pendant qu'il est encore temps, murmura-t-il finalement, tu ne trouveras qu'un homme brisé. »

Il se pencha alors et caressa du bon de son pouce les lèvres de la brune. Il se détourna ensuite d'elle et lui tourna le dos.

« -Va-t'en Hermione s'il te plaît.

-Drago...

-VA-T'EN TU M'ENTENDS ?! VA-T'EN ! »

Il s'écoula un long moment où l'on entendit plus que les pleurs de la brune. Puis doucement elle se détourna. Sans un seul mot, un seul cri, une seule insulte. Pourtant le Serpentard songea amèrement qu'il les avait mérité.

Pour la première fois Hermione réussit ce qu'elle n'avait jamais su faire à Poudlard : se taire. Et cette fois-ci ils le regrettèrent tous les deux.

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« -Drago ?

-Salut Blaise je peux entrer ?

-Bien sûr mon vieux ça me fait plaisir de te voir. Je m'inquiétais pour toi. »

Le blond entra et observa le salon familier de son ami d'un air un peu hagard.

« -Shirley n'est pas là . Je suis seul avec Abby elle joue dans le salon.

-Je vais aller la voir. »

La petite empilait des cubes magiques qui chatouillaient lorsque l'envie leur en prenaient.

« -Salut Abby tu te rappelles de moi ? »

La petite se contenta d'un sourire amical et tendit les bras vers lui.

« -Je peux la prendre ?

-Bien... Bien sûr ! » Répondit Blaise un peu déconcerté par la demande de son ami.

D'une main expérimenté il l'attrapa et la cala contre lui.

« -Et bien je croyais que tu n'aimais pas les enfants!

-Si je les aime bien.

-Elle t'a sacrément changé Granger. »

Drago se tourna vers son ami et éclata en sanglots. Des grosses larmes qui roulaient sur ses joues sans qu'il puisse les arrêter.

« -Redonnes-la moi tu vas lui filer tout tes microbes ! »

La petite regardait le blond un peu décontenancé face à ce spectacle étonnant.

« -Tu veux un mouchoir ? » Demanda maladroitement Blaise.

Le sorcier hocha difficilement la tête. Toutes ses larmes coincées si longtemps dans sa gorge s'étaient à présent libérées et ne voulaient plus s'arrêter. C'était comme si une digue s'était brisée en lui. Il ne savait même plus la raison de ses pleurs tellement il y en avait. Tout cela se mélangeait. Il eût l'impression d'avoir un immense vide que rien ni personne ne pourrait combler. Ce fût la main fraîche d'Abby qui lui fît relever la tête. Pour une fois Blaise se retint d'interférer.

« -Merci Abby... » murmura le sorcier entre deux sanglots.

Doucement il la serra contre lui.

« -Je suis désolé je ne suis pas le parrain idéal. »

L'enfant se blottit contre lui et il s'apaisa un peu.

« -Elle s'en fiche elle t'aime comme tu es. Et ça ne vaut pas que pour Abby, ça vaut pour nous tous. » Répondit Blaise en posant la main sur l'épaule de son ami.