Note : Hello à toutes et tous. Comme promis, me voici de retour dans un nouveau fandom, et on commence avec un petit prologue :)
Pairing : 00Q
Cover image : BrilCrist (à retrouver sur Deviantart)
Rating : T pour l'instant - qui sera changé en M dans les chapitres suivants (lemon, smut, drama, aventure et angst sont au programme !)
Reviews : je les aime d'amour.


Un geste après l'autre, une lente progression silencieuse dans l'eau bleutée. Une inspiration, une poussée lente, une expiration, un visage qui se tend. Toujours le même rythme, latent, ennivrant, reposant. Pour une minute au moins. Encore quelques mètres à peine, avant d'ouvrir les yeux, avant de revenir au bord.

Les gestes de Q se font plus lents et James, debout près de la piscine du MI6 l'observe sans un mot. Il l'attend, laissant son regard fatigué se poser sur le corps pâle qui semble danser face à lui. Il ne nage pas, il vole, se mouvant à peine, ses bras pourfandant l'eau avec une telle grâce qu'aucun son ne vient troubler la tranquilité chimérique. Q garde ses yeux fermés mais l'espion sait qu'il sent sa présence. Des jours à s'apprivoiser, des semaines à se cottoyer pour enfin se comprendre. Il distingue à peine les traits de son visage qu'il sait tirés, esquintés, à l'image des siens. Si on oublie les seize ans qui les séparent bien sûr.

Q évolue dans une volupté enivrante, l'eau glissant tout contre sa peau laiteuse, les lumières sous-marines se reflétant avec parcimonie sur son corps bien trop frêle. Os apparents, articulations fragiles, mais libre de toute cicatrice ou traumatisme ; le parfait contraire de James, de son corps musclé, de sa peau hâlée marquée par les balles, les lames et le temps. Seize ans putain.

Il semble pouvoir oublier ce qui les attend. Mais James connait trop son Quatermaster pour se laisser duper par son calme. Il sort sa main droite de son pantalon taillé sur mesure pour vérifier l'heure et alors que la petite aiguille marque un arrêt, les doigts de Q touchent enfin le bord carrelé, à quelques centimètres des pieds de l'espion. Synchronisation parfaite à en faire pâlir de jalousie la plus suisse des horloges. James baisse son regard jusqu'au jeune homme, voit sa main gracile passer sur son visage trempé. Il ne se lassera jamais de le voir sans ses lunettes, il en est certain.

Ils ne parlent pas, tous deux sachant la suite des événements, et recevant un petit geste d'approbation de la tête de l'aîné, le Quatermaster rejoint l'échelle la plus proche et la monte docilement. James l'attend, pincant du bout des doigts la serviette prévue par son cadet. Il lui prend la serviette des mains, s'enroule sommairement dedans et James sourit malgré lui.

Les couloirs sont vides à cette heure ci. Lorsque le MI6 était encore dans le quartier de Vauxhall Cross, bien trop voyant comme aimait le penser Bond, il y avait toujours quelqu'un, partout, tout le temps. Depuis l'attaque, depuis leur déménagement dans les abris souterrains mis en place durant la seconde guerre mondiale, l'équipe de nuit est aussi discrète que possible. Q s'arrête dans les vestiaires, et James le laisse fermer la porte avant de s'appuyer contre un mur. Il a bien joué son rôle de garde du corps les semaines précédentes, autant continuer. Il n'a pas le temps de consulter à nouveau sa montre que l'informaticien est déjà face à lui, habillé, ses lunettes sur le bout de son nez retroussé. Il a remit un de ses fichus gilet jaune moutarde et a mal enfoncé sa chemise dans l'arrière de son pantalon, mais James ne dit rien, il sourit tout au plus. Q est un gamin quoi qu'il puisse dire.

Ils arrivent dans la salle centrale et Bond remarque le coup d'oeil discret de son cadet vers son écran fétiche aujourd'hui éteint, celui bien trop grand qui ponctue la pièce froide, celui là même qui a eu raison de la vision de Q. Porter des lunettes à son âge, quel gâchis. Ils n'arrivent pas à voir si sa tasse est toujours posée à côté de la lampe du bureau, mais si l'espion s'en fout il sait maintenant que ce genre de détail importe au jeune homme. Pas le temps de plaisanter à propos de son foutu sentimentalisme de toute façon. Ils montent les quelques marches qui les séparent du bureau de M puis Q pose sa main frêle sur le métal froid de la clanche et s'arrête sans y exercer la moindre pression. Il n'appuyera pas.

"Q." Appelle James d'une voix neutre.

Ce rendez-vous, ils le savent inévitable mais James ne peut s'empêcher de comprendre les réticences du Quatermaster – un gamin reste un gamin. Les dernières semaines qu'ils viennent de vivre n'auraient jamais du se passer ainsi. Elles n'auraient jamais du se terminer ainsi. James le sait. Il est trop vieux de toute façon, pas étonnant qu'il foire de temps à autre.

À dire vrai, la réussite de sa mission est sujet à discussion. Mais James ne parle pas, il exécute. Alors, il affronte le regard réprobateur de Q, celui là même que le gamin lui lance à chaque fois qu'il veut s'opposer à lui, lui dire non, donner son avis ; à chaque fois qu'il est trop timide pour ouvrir les lèvres en somme.

Hier encore, Q aurait pu lui parler. Mais hier était un autre jour. Aujourd'hui ils sont à Londres, à quelques mètres du nouveau M, à quelques instants de devoir s'expliquer, à quelques secondes de se faire virer. Au mieux.

Le Quatermaster soupire et se recule, James reste impassible, supportant à lui seul le courage qui fait défaut à son cadet. Il met sa main sur la clanche laissée vide, appuie de ses doigts fermes et entre enfin dans le bureau.

Il ne regrette rien de toute façon.