Pride and Prejudice

[Disclamer, Rating, et Avertissements : voir Chapitre 1]

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RAR :

Elaelle : Merci pour ton commentaire ! Je suis contente que tu trouves ma fiction cohérente. J'espère que la suite répondra à tes questions

Sab : Merci beaucoup pour ta review. C'est vrai que je dois changer pas mal de détails vu qu'Elizabeth est ici Harry, mais je prends beaucoup de plaisir à le faire et tant que cela reste cohérent pour les lecteurs, c'est parfait ! En tout cas, j'ai toujours un énorme sourire quand je lis des reviews de ce genre, si enthousiastes et encourageantes ! Merci beaucoup de ton intérêt, le neuvième chapitre est enfin disponible !

Perle : Merci beaucoup pour ton commentaire et tes compliments. La suite s'est longuement faite attendre mais la voilà enfin, j'espère qu'elle te plaira toujours autant !

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Note de l'auteur : Bonjour à tous, qui avez encore la décence de venir lire cette suite qui s'est trop faite attendre. Je tiens à vous remercier pour tous vos mots et toutes vos attentions. Le chapitre 9 est donc en ligne, et le chapitre 10 est en cours d'écriture. Cette fiction aura probablement 15 chapitres en tout. Merci encore pour votre soutien et bonne lecture !

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La musique s'élança, aussi gracieuse qu'un envol d'hirondelles. Mr Malfoy s'approcha du balcon, la tête haute et le regard perçant. En passant à côté des longs rideaux de satins blancs, il tendit la main afin de s'en saisir d'un pan, et de l'entraîner à sa suite, le fermant ainsi un peu sur la double baie vitrée qui les séparaient des convives encore présents dans le salon dînatoire. Ceux ci commençaient à s'agiter, l'excitation se faisait grandissante, la prochaine danse allait commencer incessamment sous peu.

Malfoy s'approcha encore. Harry ne savait plus comment respirer. Comment pouvait-il être si faible face au regard d'un homme qu'il s'était résolu à haïr ? Il entendit la voix d'Hermione dans sa tête lui recommander de ne pas faire l'idiot et de ne pas, sous le courroux d'un orgueil malmené, se montrer désagréable à l'égard d'un homme dix fois plus important que lui.

Il devait bien s'admettre qu'en dépit de la surprise, que celle-ci soit bonne ou non, il se sentait flatté de l'honneur qui lui était fait de pouvoir danser avec un homme dont, il en était convaincu, la plupart des convives donnerait de bon cœur la moitié de leur bourse pour ne serait-ce qu'échanger une valse avec lui.

Une valse… Les violons ne laissaient que peu de surprises quant à eux sur le type de danse à exécuter.

Une fois parvenu à sa hauteur, ils restèrent face à face sans prononcer un mot, leur échange de regards seulement interrompu par les mèches brunes qui, le temps d'une brise, venaient voiler le regard vert. Harry se mit à imaginer que leur silence allait persister pendant les deux danses de la valse. Résolu tout d'abord à ne pas le rompre, tout du moins pas le premier, il se fit la remarque qu'obliger son partenaire à parler constituerait certainement pour lui la pire des punitions, peu loquace comme il l'était.

- Allons-nous réellement valser sur le balcon, Mr Malfoy ? Lui dit-il, à brûle pourpoint, ancrant son regard au sien, qui se fit plus vif.

- Je pensais que le plein air était votre élément.

Le silence s'installa à nouveau, rompu par les accords mélodieux de l'orchestre. Ils avaient déjà manqué le premier pas. Harry voulait danser... et le faire ici, sur le balcon, à l'abri des regards, seul avec Mr Malfoy, lui paraissait en effet être une délicieuse idée.

Les violons grincèrent de plus belle, et Harry fit une brève révérence à son partenaire, qui ne manqua pas de la lui retourner. Ainsi, nous y étions. Draco fit un mouvement en avant, attrapant la main d'Harry dans la sienne, afin d'intervertir leurs positions.

Le rythme était lent, et les mains de Mr Malfoy incroyablement chaudes, contrastant avec la température du dehors. C'était à Harry de faire le second mouvement il refit un pas en avant, ses mains toujours soutenues par celles de son partenaire, et ils tournèrent l'un autour de l'autre avant de regagner leurs places de départ et d'effectuer un tour sur eux-mêmes.

Les mouvements de Mr Malfoy étaient plein d'une sensualité et d'une grâce qui donnaient à Harry l'envie de s'arrêter pour simplement l'admirer. Mais Harry connaissait par cœur, pour avoir participer à chaque bal dispensé dans son village, les pas à effectuer aussi espérait-il que Mr Malfoy le remarquerait. Ainsi, ni l'un ni l'autre ne détachèrent leurs regards, et les pas se firent plus longs, à mesure que le rythme fondait comme une marée.

Au bout de quelques instants, Harry relança la conversation :

- C'est à votre tour, maintenant, de dire quelque chose, Mr Malfoy.

Mr Malfoy lui sourit, de ce sourire malicieux et sombre à la fois.

- Je vous dirai ce que vous souhaitez entendre…

- Cette réplique fera l'affaire...

Il marqua un temps de pause avant de reprendre :

- Je dois dire que j'apprécie davantage les bals privés aux bals publics.

Harry se mordit la langue pour ne pas se faire l'affront de mentionner que c'était son premier bal aussi privé. C'était la première fois qu'il dansait la valse avec une personne qui lui créait un tel émoi, la première fois qu'il dansait avec un homme, la première fois qu'il dansait sur un balcon, dissimulé par d'épais rideaux. Cela faisait beaucoup de premières fois.

Malgré l'air frais de la nuit. Malgré l'amertume de ces derniers jours. Malgré Seamus. Malgré Ginny. Malgré Mr Nott. Malgré le peu de sommeil. Malgré Lui… Harry se sentait incroyablement grisé par cet instant. Leurs mains se touchaient, leurs regards s'étaient depuis longtemps trouvés, et Harry se sentait vivant. La musique était sublime. La tenue et la danse de Mr Malfoy étaient parfaites.

Le moment tout entier était parfait.

Harry avait perdu l'envie de se disputer avec lui, pris en son entier par la danse, sensuelle et entraînante. La musique était hypnotique, ses yeux gris aussi… Harry était soulagé d'être un aussi bon danseur, sinon il aurait perdu de sa superbe. Ayant déjà du mal à calmer les mouvements erratiques de son cœur, il eut été possible que ses pieds le lâchent et qu'il se ridiculise davantage devant cet être si mystérieux, si intransigeant, mais si accompli.

- Parlez-vous toujours lorsque vous dansez ?

- Parfois. Il est de coutume de discuter un peu pendant la demi-heure où nous sommes ensembles, quand bien même pour faire plaisir à certains, il faudrait parfois pouvoir mener la conversation de manière à en dire le moins possible.

- Faites-vous ici référence à moi, ou bien à vous ?

- Je ne saurais le dire. Il y a une grande similitude entre nos deux tournures d'esprits.

Draco sourit. Ce fut léger, mais Harry le remarqua sans l'ombre d'un doute. Cela lui plaisait-il ? La danse continuait, et Draco effectua un autre tour sur lui-même, avant de ne prendre qu'une des deux mains de Harry dans la sienne, et ils marchèrent de concert en avant, se retrouvant presque bloqués dans leurs mouvements par la rambarde en marbre qui encerclait le balcon. Ils se firent fasse avant d'entamer le chemin inverse et de reprendre les rondes. Harry reprit la parole :

- Ceci étant dit, nous pouvons être taciturnes et garder le silence.

- Voilà au moins un point qui nous différencie. Vous êtes peut-être sauvage, mais non asocial.

Sa joute humoristique un peu tombée à l'eau, Harry ne put s'empêcher de rajouter :

- Vous avez simplement trouvé un autre moyen de vous exprimer.

Draco l'interrogea du regard, avant de le détourner, pour la première fois. Harry fut confus l'espace d'un instant, avant de comprendre ce que Mr Malfoy avait cru qu'il venait d'insinuer. Il rougit furtivement lorsqu'il se rappela que Mr Malfoy était capable de s'exprimer aussi par son corps. Le moment dans l'escalier lui revint en mémoire, lorsqu'il l'avait interrogé, et qu'au lieu de lui répondre par la parole, Draco l'avait embrassé contre la palissade.

L'air se fit plus palpable, et les mains d'Harry se réchauffèrent d'un coup dans le creux de celles de son acolyte.

- La musique. Je voulais dire... par le biais de votre piano.

- Je vous envie. Harry en fut stupéfait. Mr Malfoy reprit : Être capable de s'exprimer comme vous le faites, peu importe les situations, semble si naturel. Je tâche de plus en plus d'exprimer mes émotions, mes pensées, par la musique, mais... Il fit une pause. Je n'arriverai jamais à parler comme vous le faites.

En cet instant, se dit Harry, vous le faites très bien…

- J'ai moi aussi ce sentiment, parfois, de parler, mais de ne pas me faire comprendre.

Ils échangèrent un long regard et la fin de la première valse se clôtura sur des notes de piano. Les coïncidences avaient parfois du bon. Ils se sourirent brièvement, l'ayant tous les deux remarqué. Et ils se repositionnèrent l'un en face de l'autre, afin de se saluer.

Le temps que l'orchestre fasse un court aparté afin de s'ajuster pour la deuxième valse, aucun des deux ne reprit la parole. Ils se fixèrent, et l'air se chargea d'une nouvelle tension.

En entendant le bruit de roues d'un carrosse sur les graviers juste en dessous d'eux, Harry se rappela où il était. Sur le balcon de la demeure de Netherfield, au bal de Miss Parkinson, là où il était censé retrouver Seamus et oublier Mr Malfoy. Et pourtant, il était là, devant cet homme aussi arrogant que sublime, à se regarder, à avoir conversé de manière civilisée, à avoir même partagé des brefs moments de complicité, et à attendre impatiemment que le deuxième rythme commence afin de pouvoir retrouver cette proximité, ce moment d'intimité qui n'appartenait alors qu'à eux.

Mais tout ceci était bref et passager. Mr Malfoy allait disparaître aussi brusquement qu'il lui était apparu. « Je ne peux vous apporter ce que vous désirez… Oubliez-moi. »

La rancœur fit son apparition, elle aussi abrupte, dans le cœur de Harry qui jusque-là l'avait totalement délaissée au profit de la danse. « Hélas, on se souvient mieux d'une claque que d'une caresse », avait dit Shakespeare, et Harry ne pouvait être plus d'accord avec cette maxime qu'à cet instant précis. Le blond le sortit de ses pensées :

- J'ai l'impression que vous n'êtes plus focalisé sur l'instant présent...

- En effet, veuillez m'excuser. Je m'interrogeais sur les motivations de l'inconstance d'un homme.

- De quel homme s'agit-il ? Demanda Draco, réellement intrigué.

Les accords de la seconde danse commencèrent à résonner. Harry reprit la main de Mr Malfoy, et enchaîna le premier et le second mouvement. Pouvait-il réellement lui avouer qu'il pensait à lui ? Il n'eut pas le temps de s'interroger davantage, car Mr Malfoy semblait avoir mal interprété son silence, et un air plus froid, et presque hautain, se peignit sur son visage.

- Vous devez penser à Mr Finnigan. Il a de si aimables manières qu'il ne saurait manquer de se faire des amis... qu'il sache les garder, voilà qui est moins sûr.

Comment osait-il ? Harry tourna autour de lui en lui disant :

- Il a eu la malchance de perdre votre amitié, pour une affaire dont il n'est certainement pas celui à blâmer, et cela, j'imagine, ne peut être révocable.

Draco s'arrêta net et approcha Harry de lui d'un mouvement sec.

- Vous avez donc eu l'opportunité de faire partie de ses confidences sur l'oreiller, siffla-t-il avec une colère qu'Harry n'avait pas encore vue dans ses yeux. C'est en effet irréversible. Pourquoi demandez-vous cela ?

Blessé par la première phrase de son partenaire qui sous entendait clairement qu'Harry n'avait plus sa vertu de gentleman, Harry ne se déroba pas et s'approcha même davantage de Mr Malfoy.

- Pour vous cerner, Mr Malfoy.

- Est-ce que vous y parvenez ?

Il fit une pause pendant laquelle chacun des deux sondaient le regard de l'autre.

- Absolument pas. J'entends dire sur vous des choses si différentes que tout cela me laisse perplexe. Et je m'interroge. Avec tous les affronts que vous me reprochez, quand allez-vous enfin cesser de me parler ?

C'était agressif et blessant. Harry le savait. Parler sur ce ton à un homme de la stature et du caractère de Monsieur Malfoy, et avec des propos sous entendant clairement de ne plus l'approcher, il savait qu'il avait été trop loin. Mais il n'était pas celui qui avait commencé les hostilités !

Draco le lâcha et tous deux reprirent la danse, leurs regards toujours accrochés. Harry ne savait plus ce qu'il voulait. Ils dansèrent un long moment, n'ayant autre chose à l'esprit que la présence de l'autre, et les pas à effectuer. Les joutes étaient tellement faciles. La peine, aussi. Mais si Mr Malfoy ne se montrait réellement plus ? Il fit une autre ronde, d'abord sur lui-même, puis autour de son partenaire. Il ne savait plus.

La musique cessa. Leurs mouvements également. Sur le balcon résonna les applaudissements des danseurs, et cela mis fin à leurs pensées respectives. Les deux partenaires se saluèrent d'une révérence, et Harry se déplaça le premier, s'avançant vers la double baie vitrée attenante au salon, où il reprendrait enfin totalement pied dans la réalité.

Une main sur son bras stoppa son avancée. Il se retourna, et Draco rapprocha son corps du sien afin de n'être plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Harry leva son regard dans celui du noble tandis que celui-ci passait sa main, encore brûlante, dans sa nuque, rapprochant leur visage.

Harry ferma les yeux lorsque l'odeur de Draco emplit son monde, et ferma son esprit lorsque ses lèvres rencontrèrent les siennes.

Le baiser fut comme leur danse. Sensuel à ses débuts, lorsque leurs lèvres s'entrouvrirent pour goûter l'air de l'autre, puis brutal, lorsque pour la première fois, grisé par une audace qu'il commençait à connaître, Harry sortit sa langue pour toucher les lèvres de Draco. Celui-ci hoqueta de surprise et raffermit sa prise sur la nuque de Harry, qui se fit alors plus entreprenant en passant lui-même ses mains dans les cheveux du blond.

Terrassé par un désir impérieux, Harry grogna de plaisir lorsque Draco répondit à sa débauche, l'entraînant à sa suite contre la vitre. Ses mains s'échappèrent de la nuque du brun afin d'attraper les siennes et de les poser de manière avide au-dessus du visage d'Harry. Tout son corps fut écrasé contre celui du blond qui remplit sa bouche de sa langue.

Leur baiser prit de l'ampleur, et une des mains de Draco quitta son emprise, l'autre maintenant fermement les deux poignets d'Harry. Il fit entreprendre à ses doigts la descente du visage du brun, s'arrêtant sur la barbe naissante, retraçant les contours de sa mâchoire, avant de plaquer sa paume contre sa clavicule, et renverser ainsi d'un mouvement assuré la tête d'Harry et intensifier davantage leur baiser.

Harry perdait peu à peu l'équilibre, même s'il ne savait dire si cette impression était due à leur position ou aux mouvements de la langue de Draco sur la sienne. Il leva sa jambe droite pour la faire remonter lentement mais durement contre la hanche du blond et ainsi permettre à leur corps une plus grande proximité.

Harry ressentait tout. Le souffle brûlant de son partenaire sur la peau de son visage. Sa main qui irradiait sa gorge. L'intensité du geste, surtout, qui laissait transpirer un désir puissant, brutal, et possessif. L'autre main qui enserrait presque douloureusement ses poignets. La langue dans sa bouche qui lui faisait découvrir des merveilles jamais encore imaginées.

Il entendait les soupirs, il ressentait les frissons, lorsque leurs lèvres se détachaient juste momentanément avant de fondre l'une sur l'autre de manière toujours plus avide. Il sentait la dureté du corps de Draco, de sa cuisse, les os de sa hanche, la fermeté de ses fesses contre son talon. Il sentait Draco. Il le sentait plus qu'il ne l'avait jamais senti.

Il en aurait pleuré. L'intensité était trop forte. Il perdait pied. Il voulait revoir, il voulait toucher cette peau laiteuse. Il fit un mouvement afin de dégager une de ses mains de l'emprise de celles de son vis-à-vis. Mais celui-ci resserra encore davantage son étau et poussa encore plus contre son corps. Ce qu'il ressentit à ce moment la lui fit ouvrir les yeux d'un coup, rencontrant au même moment ceux du blond.

Contre toute attente, il se sentit pour la première fois, homme. Grâce à un autre homme. Grâce à Draco Malfoy.

Le baiser prit fin, et Draco poussa à nouveau. Harry gémit, prêt à reprendre leur activité, mais tout se passa très vite. L'on entendit des rires s'élevaient dans l'autre pièce, ainsi que d'horribles notes, fausses et dramatiques, sortirent d'un piano. Harry sut de suite à qui ils devaient cette prestation maladroite : Percey.

Un coup de vent fit décoller un peu l'épais rideau qui les séparait du salon. Ils se regardèrent, l'instant s'éternisant, mais la magie rompue. L'esprit d'Harry se remit vite, beaucoup trop vite, tout comme le masque de Mr Malfoy, qui se dégagea lentement de leur étreinte. Harry repose sa jambe tandis que Draco lâchait ses mains, et il se les massa brièvement avant de se redresser totalement. Draco le regardait, tendu, visiblement dans l'expectative.

Les éclats de rire résonnèrent à nouveau. Harry soupira et se décolla du mur. Il était perdu.

- Je ne fuirai plus, lui dit Draco presque dans un souffle.

Il le regarda. Il ne savait plus. Trop. Tout. Il se détourna, poussa le rideau et s'apprêta à sortir du balcon.

- Vous n'aurez plus à le faire. Lui répondit-il sur le même ton. C'est moi qui m'en vais, ajouta-t-il dans sa tête.

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Harry traversa le salon dînatoire, l'air grave. Sans surprise, c'était Percey qui jouait du piano, et bon nombre de convives riaient de lui. Il croisa le regard d'Arthur qui entrait dans la pièce à la recherche de son fils pour le faire stopper ce vacarme avant que la risée ne soit trop grande. Arthur l'interrogeât du regard et Harry fit de son mieux pour lui faire son plus beau faux sourire.

Il fallait qu'il sorte. L'air intérieur était oppressant et les vannes de son esprit allaient bientôt lâcher et laisser libre cours à la déferlante d'émotions, de ressentis, de questions, de doutes et d'autres problèmes. Il fallait qu'il soit seul. Et à l'abri des regards.

Mais alors qu'il se dirigeait pour sortir de la pièce et emprunter un des corridors de la demeure qu'il savait inoccupé par le bal, il percuta un corps. Mr Nott se recula prestement et s'excusa. Harry n'était plus du tout, mais alors du tout, d'humeur à écouter ce personnage. Aussi lui demanda-t-il de bien vouloir l'excuser et s'apprêta à reprendre son chemin, mais Mr Nott prit la parole :

- Est-ce Mr Malfoy, de Pemberley ?

Harry se retourna et vit Draco sortir du balcon, l'air aussi grave que lui.

- Oui, je crois…

- Parfait. Je dois aller me présenter. Il est le neveu de ma très chère Lady Bellatrix de Lestrange.

- Je ne pense pas que ce soit une idée judicieuse, Mr Nott. Il pourrait y voir de l'impertinence –

- Je ne doute pas de l'excellence de votre jugement, lui répondit-il en le coupant abruptement, mais permettez-moi de vous dire que je considère la fonction d'homme d'Église égale en dignité aux rangs les plus élevés du royaume.

Harry lui fit un signe de tête révérencieux et préféra partir maintenant. Il emprunta les salles dans lesquelles il avait le moins de chance de rencontrer une personne de sa famille ou un ami, et sorti en espérant ne pas être vu.

Il marcha sur les graviers qui encadraient l'immense porte d'entrée du domaine, leva la tête lorsqu'il se rendit compte qu'il devait être en dessous du grand balcon sur lequel il avait passé une bonne partie de la soirée, rougit, et courut presque jusqu'au sol pleureur, assez loin de l'agitation caractéristique du bal, tout en entendant suffisamment l'orchestre afin de savoir lorsqu'il serait l'heure de refaire surface afin de quitter le domaine.

Qu'avait-il pu vouloir dire par « je ne fuirai plus » ?

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La voix de Ron extirpa Harry de son sommeil inopiné. Ron l'avertit que le bal touchait à sa fin, et que, de leur famille, ne restait plus que sa mère, les jumeaux, et eux deux. Tandis qu'ils se rapprochaient du perron, Ron ne l'interrogea pas sur son absence lors des dernières danses, et Harry en fut plus que reconnaissant.

Il l'informa que Mr Nott n'avait pas voulu danser avec d'autres personnes que Ginny, ce qui avait semblé déplaire au plus haut point à Mr Zabini, alors Hermione pris les devants et s'assura d'être sa cavalière de temps en temps pour ne pas que Ginny s'effondre. Harry se fit la remarque qu'il devait réellement revoir Hermione, elle et son panache lui manquaient...

Sur la route du retour les quatre frères écoutèrent plus ou moins silencieusement leur mère débattre avec engouement de la soirée et de la jalousie que suscitait Ginny.

Le matin arriva bien trop tôt au goût de la famille Weasley, qui fût réveillée par les allées et venues incessantes de Mr Nott dans les escaliers, qui ne pouvait prétendre ne pas avoir remarqué le bruit tonitruant qu'ils faisaient. Au cours du petit-déjeuner, Harry essaya tant bien que mal de faire parler sa sœur, mais de toute évidence il devait attendre de se retrouver seul avec elle pour que celle-ci se confie.

Personne n'interrogea Harry, mais il sentit le regard d'Arthur, pesant, jusqu'à ce qu'un coursier n'arrive avec une lettre pour Ginny. Elle venait de Netherfield. L'effervescence n'avait pas eu le temps de se propager autour de la table qu'Harry l'entraînait déjà à l'étage, où Ginny ouvrit la missive, tremblante.

L'enveloppe renfermait une élégante petite feuille de papier glacé, entièrement recouverte d'une écriture féminine, belle et hésitante à la fois. A mesure que sa sœur lisait, Harry la vit changer de physionomie lors de certains passages précis. Il lui prit la main et l'invita à s'asseoir sur le lit afin de lui raconter.

- Elle est de Pansy Parkinson. Ils ont tous quitté Netherfield et sont en route pour Londres, sans aucune intention de revenir.

- Partis ?! Mais pourquoi seraient-ils partis ?

Harry se redressa sur ses pieds d'un coup, passant ses mains dans ses cheveux, l'air abasourdi.

- Enfin, cela ne se peut pas Ginny, Blaise est totalement épris de ta personne ! Ils doivent avoir des affaires à Londres qui les rappellent prestement, mais je suis certain de son retour.

- Lis la lettre, Harry, avant d'avancer des choses qui sont fausses, lui dit-elle, des trémolos dans la voix. Il est son propre maître. S'il souhaite partir, il part.

Sa voix se brisa avant qu'elle n'enchaîne :

- Nous ne nous sommes pas engagés.

Harry lui pris la lettre et s'assit à nouveau.

Je ne prétends pas avoir quoi que ce soit à regretter dans le Hertfordshire, si ce n'est votre compagnie, à vous et à votre frère, ma chère amie. […] D'ici à ce que Blaise règlent ses affaires en ville, j'espère que nous pourrons atténuer la tristesse de cette séparation par une correspondance aussi régulière que sincère. […] J'avoue ne pas comprendre le comportement de mes cousins. […] Après le bal chacun d'eux s'est terré dans son silence. J'ai peut-être une justification pour l'attitude de Blaise, mais il n'a rien voulu me confier. […] Pour ce qui est de Draco, d'après ses dires, il a hâte de voir sa sœur. […] Mais personne ne peut prétendre à l'étude de son caractère, aussi, je n'en sais pas plus que vous. […] Nous ne savons pas de quoi l'hiver sera fait […]

Harry lâcha la lettre et regarda sa sœur. Il fallait qu'il soit concentré sur Ginny. Il aurait tout le temps de prendre en considération les propos sur Mr Malfoy une fois seul à nouveau.

- N'est-ce pas suffisamment clair ? Ne dit-elle pas de manière implicite l'indifférence de son cousin ?

- Vraiment, Ginny, tu dois me croire. Quiconque vous a vu ensemble ne saurait douter de son affection.

Avec force conviction, il expliqua son point de vue à sa sœur et eut bientôt le plaisir de voir l'heureux effet qui en résultait. Il n'était pas dans le tempérament de Ginny de se laisser aller au désespoir et, peu à peu, elle se remit à espérer que, même si les incertitudes de l'amour l'emportaient parfois sur l'espoir, Mr Zabini retournerait peut-être à Netherfield pour y satisfaire les désirs de son cœur.

Une semaine s'écoula, dissipant peu à peu les espoirs de la famille. Harry avait repris ses habitudes de solitaire. Ses lectures, ses promenades, ses travaux dans les jardins de la demeure. C'était lorsqu'il se mettait à jouer du piano que les vannes de son esprit s'ouvraient et que toutes ses pensées affluaient, qu'il essayait tant et si mal de refouler. Et s'il n'était pas parti du balcon ? Mr Malfoy lui avait dit ne plus fuir. Et pourtant ! Il était reparti chez lui. Sans un mot. Sans une explication. Il n'était décidément pas quelqu'un de constant.

Harry était vidé. Il ne souhaitait plus penser. Il voyait le malheur de sa petite sœur tous les jours, et cela seul lui faisait plus souffrir que tous les hommes blonds aux yeux gris de l'Angleterre. La vérité était qu'il se sentait blessé dans son orgueil, à nouveau. Et ce sentiment lui permettait de mettre au second plan toutes les émotions de rancœur et de dépendance qu'il avait à l'égard du noble. Il l'avait encore dupé. Il avait encore fait fi des sentiments d'Harry, et cela, il ne pouvait le supporter.

Pour ce qui était des sentiments, Harry ne doutait nullement de ceux de Blaise, même après son départ abrupt et l'absence totale de correspondance depuis. Pour autant, il commençait à croire ce qu'Hermione lui avait dit lorsqu'ils s'étaient vus ces derniers jours.

- Harry, tu ne peux blâmer Mr Zabini de la sorte pour ne pas avoir vu clair dans les sentiments de Ginny. Personne ne la connaît mieux que nous, nous savons comme elle est réservée ! Mais aux yeux de tous, cette timidité pouvait se transformer en indifférence. De plus, lors du bal privé, elle a passé toute la soirée à danser avec Mr Nott, comprends bien que-

- Mais elle y était obligée, Hermione ! Elle ne l'a pas fait de bon cœur ! Molly a su le retenir jusque-là de faire sa demande, elle aussi ayant foi dans le retour de Mr Zabini, mais Mr Nott commence à perdre patience. Il doit repartir à la fin de semaine. Si d'ici-là il n'a pas trouvé quelqu'un d'autre que Ginny…

Après quelques minutes de silence, Hermione reprit la parole :

- Écoute, j'ai peut être une solution… Mais raconte-moi d'abord ce qu'il s'est passé au bal, tu n'étais pas là lors des dernières rondes !

Harry entreprit alors de lui raconter dans les grandes lignes sa déception de ne pas avoir vu Seamus, qui le lui avait promis, sa rencontre avec Mr Malfoy, leurs danses et leurs conversations sur le grand balcon.

Il passa sous silence leurs ébats contre la vitre, dissimulés par les rideaux. C'était bien trop privé, et même si Hermione avait conscience des élans de son cœur pour le blond, il doutait qu'elle tolère leur rapprochement physique qui manquait de discrétion. Le fait qu'elle accepte ses préférences ne signifiait pas que la société entière y était encline. Harry ne le savait que trop bien.

Hermione émit l'idée que Ginny devrait s'en aller pour quelques temps. Elle ne pouvait épouser Mr Nott. Ils allèrent voir sa sœur ensemble pour la convaincre de rejoindre leur tante à Londres. De la sorte, elle ferait une pierre deux coups. Elle serait en ville, et le ferait savoir, afin que peut être, et Harry l'espérait plus que tout, Blaise aille à sa rencontre et, n'étant plus dans sa campagne, Mr Nott ne pourrait lui faire ses vœux. Harry prit en aparté Molly, et, contre toute attente, celle-ci fut on ne peut plus d'accord. Peut être finalement que Molly avait un cœur… Et un appétit conséquent pour le douaire de Mr Zabini.

Tout le monde approuva, et sans pour autant consulter leur cousin, Harry aida Ginny à préparer ses affaires, et celle-ci partit rapidement.

- Faites mes salutations à ma sœur ! Et essayez de ne pas être un fardeau, ma chérie. Ecrivez-nous !

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Ginny partie, la maison semblait vide pour Harry. En y repensant, Mr Nott n'avait pas semblé si contrarié à la nouvelle de son départ, et Harry ne pouvait s'empêcher de s'en demander les raisons…

Durant ces deux derniers jours, Harry avait envisagé la possibilité que Mr Nott crût voir en Hermione celle qui l'accompagnerait toutes ces années durant, au vu des nombreux regards qu'il lui accordait, celle-ci passant le plus clair de son temps chez eux. Mais l'idée que son amie pût l'encourager dans cette voie lui semblait aussi improbable que grotesque.

Tandis qu'Harry s'affairait dans le jardin qui jouxtait l'arrière de la demeure familiale, Hermione vint à sa rencontre, arborant une gaieté étrange qui semblait presque fausse. Elle l'aida quelque peu avec les mauvaises herbes, avant de se redresser, s'épousseter sa robe et de lui prendre la main, se positionnant juste devant lui.

- Harry. En réalité, je suis venue pour t'annoncer la nouvelle.

Elle prit une profonde respiration, lui fit un sourire qui se voulait confiant, et lui dit :

- Mr Nott et moi sommes fiancés.

Le brun en fut si abasourdi qu'il passa outre la bienséance et ne put s'empêcher de s'exclamer :

- Fiancés... tu veux dire, tu vas te marier avec lui ?

Elle rit quelque peu, d'un rire mal assuré.

- Oui, Harry, nous allons nous marier... c'est ce que signifie se fiancer.

- Mais Hermione, c'est… Il est ridicule, enfin !

Face à un reproche aussi direct, Miss Granger lui lâcha la main et perdit un peu de l'assurance avec laquelle elle avait raconté son histoire rapidement à celui qu'elle considérait comme son meilleur ami. Mais, étant une fille intelligente, elle s'était préparée à cette réponse violente. Aussi lui répondit-elle sur le même ton :

- Pour quoi cela te surprend-t-il, Harry ? Crois-tu qu'il soit inimaginable que Mr Nott soit apprécié d'une femme parce qu'il n'a pas eu le bonheur de réussir auprès de ta sœur ? Je ne serai pas moins heureuse avec lui qu'avec un autre !

- Mais Hermione, tu pourrais avoir n'importe quel autre homme !

- Mais c'est là que tu te trompes Harry ! Regarde-moi ! Mes traits d'esprit ne plaisent qu'à toi ! Pour avoir maintes et maintes fois parlé de la société dans laquelle nous vivons toi et moi, je pensais que tu pourrais être plus ouvert d'esprit sur ton jugement. J'ai 27 ans ! Je n'ai ni argent, ni perspectives ! Je suis déjà un fardeau pour mes parents. Je suis une femme, bon sang, Harry ! Ne compare pas nos situations. Tout le monde ne peut pas se permettre d'être romantique.

Harry encaissa le coup. Il fallait qu'il recouvre son calme. Mais sa meilleure amie allait se marier à son cousin, risible et, lui, étroit d'esprit. Au prix de gros efforts il réussit à reprendre un peu le dessus sur sa mauvaise surprise.

- Je suis désolée, Hermione. C'est juste… Enfin. Je… Avec tout ce qui nous rapproche, je n'avais jamais envisagé l'idée que nous puissions avoir un jour cette discussion.

- Je comprends ce que tu éprouves, répliqua Hermione. Mais lorsque tu auras pris le temps de repenser à tout cela, j'espère que tu ne m'en voudras pas de ma conduite. Tout ce que je demande, c'est une maison confortable, et, compte tenu du caractère de Mr Nott, de ses relations et de sa situation, je suis convaincue que mes chances d'être heureuse avec lui ne sont pas plus faibles que celles de la plupart des futurs mariés.

- Mais depuis quand ton bonheur passe-t-il par celui de quelqu'un d'autre ? Tu te sacrifies pour Ginny ! Pour Mr Nott ! Tu ne peux pas sincèrement éprouver quelque chose pour cet homme si-

- Oh, tais-toi, Harry. Tu peux bien éprouver des sentiments pour un homme, toi, alors pourquoi pas moi ? Ne t'avise pas de me juger. Pas toi. Pas après –

Elle se tut, consciente d'avoir laissé parler son tempérament plus que son affection. Harry ne répondit rien. Cela faisait plus mal que tout le reste. Il pensait, il croyait avoir un soutien. Mais même Hermione ne voyait pas ses liaisons d'un œil parfaitement neutre. Hermione s'en alla sans un mot de plus.

Harry se laissa tomber au sol. Il réfléchit à ce qu'il venait d'entendre. Il mit longtemps à se faire à l'idée d'un couple si mal assorti. Il avait toujours senti que la position d'Hermione vis-à-vis du mariage n'était pas tout à fait semblable à la sienne, mais il n'aurait pas cru possible qu'elle fut réellement prête à sacrifier les nobles sentiments sur l'autel du confort matériel.

Hermione, l'épouse de Mr Nott ! Et au chagrin de voir sa meilleure amie se faire ainsi du tort et baisser dans son estime, s'ajoutait la douloureuse conviction qu'il lui serait, pour lui, impossible d'être heureux.

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Quatre semaines passèrent sans autre événement notable pour la famille Weasley, qui connut peu de distractions en dehors des promenades jusqu'à Meryton, tantôt dans la boue, tantôt dans le froid. Quatre semaines sans que Ginny réussît à voir Mr Zabini. Elle tenta de se persuader qu'elle n'en n'éprouvait aucun regret, mais elle ne pouvait plus rester aveugle face à l'indifférence présumée de ce jeune homme dont elle s'était éprise.

Au terme de la lecture de la lettre que sa sœur lui avait adressé, Harry secoua la tête. Il avait été convaincu dès le départ que seul le hasard pouvait révéler à Mr Zabini la présence de Ginny à Londres, mais il avait quand même compté sur la chance. Il serra la missive entre ses mains. Il avait suivi au cours de ce mois l'évolution psychologique et émotionnelle de sa sœur. Elle avait rapidement été dévastée, mais elle avait su profiter de la capitale. A présent elle semblait résignée.

Harry avait réussi, comme sa sœur, à prendre du recul sur son cœur, et à faire la part des choses. Il avait vécu des moments hasardeux et vivifiants, mais c'était à présent révolu et il allait bien. Il avait pansé ses plaies par le travail. Il s'était rapproché de ses frères, et Ron l'accompagnait presque toujours lors de ses balades à Meryton.

A bien y réfléchir, il se fit la réflexion que c'était peut-être mieux ainsi. Leur vie reprenait leur cours normal. Il n'était même plus en colère vis-à-vis de Mr Malfoy. A dire vrai, c'était envers Pansy qu'il avait le plus de ressentiments, dû au fait qu'elle n'avait pas tenu son engagement de leur écrire.

Après l'annonce d'Hermione, Harry avait décidé qu'il était temps d'aller confronter Seamus. Tout d'abord pour que celui-ci se fasse entendre sur la raison pour laquelle il n'avait pas tenu sa promesse de le rejoindre au bal et sur le silence prolongé qui lui avait succédé. Mais également, car il était temps pour Harry de mettre un terme à la duperie.

Il avait été troublé par la proximité de Seamus, il avait adoré sa compagnie, les moments partagés ensemble étaient de bons souvenirs, mais Harry souhaitait leur amitié. Rien de plus. Il ne pouvait plus se mentir, ni lui mentir, après ce qu'il s'était passé avec Mr Malfoy au bal.

Il alla donc à la rencontre de l'officier, deux jours après le départ de son amie. Lorsqu'il le vit, riant avec des amis, il lui fit signe de le rejoindre dans le parc. Il marcha jusqu'au lac, lieu de nombreuses de leurs rencontres, et l'attendit. Seamus avait l'air fort mécontent en s'approchant de lui, et, dès le début, leur entrevue fut houleuse.

Harry lui reprocha de ne pas avoir tenu sa promesse, et Seamus lui reprocha d'avoir laissé plus d'une semaine s'écouler avant de venir prendre de ses nouvelles. Harry l'informa que de nombreuse choses s'étaient passé à sa demeure depuis le bal, et qu'il n'avait pas eu la tête à cela. Ce à quoi répondit l'officier que peut être s'il avait moins de sa propre personne en tête, il arriverait à accorder du temps aux autres. La réplique blessa Harry, qui ne s'était jamais envisagé comme quelqu'un d'égoïste.

Seamus était décidément furieux, et Harry ne comprenait pas la cause d'une telle rancœur. Il s'excusa pour avoir causé des maux à son ami par son absence prolongée, mais Seamus le coupa dans son élan.

- Je ne vous en veux pas de m'avoir fait attendre, Harry. Je vous en veux pour m'avoir menti !

Harry s'était senti fort mal, pensant que Seamus avait compris son secret. Compris que ce qu'il éprouvait pour Mr Malfoy ne souffrait d'aucune comparaison, et qu'il avait laissé son ami avoir de l'espoir en une relation qu'il ne pouvait entreprendre avec lui.

Mais il s'avéra qu'Harry se trompait, Seamus lui reprocha en effet de lui avoir menti sur sa fortune. Il reprocha à Harry d'avoir prétendu venir d'une famille aisée, de se comporter comme un bourgeois, et de fait, de ne pas avoir été honnête sur sa classe et sur sa bourse. Harry se sentit insulté, et tenta tant bien que mal de se défendre de ses fausses accusations. Il n'avait jamais prétendu être quelqu'un d'autre avec l'officier.

Seamus mit fin à leur dispute, en lui disant que cela ne servait plus à rien de se tenir compagnie à présent, leur amitié déchue.

Les jours s'étaient écoulés, et lorsqu'ils se voyaient en ville, aucun des deux ne s'ignoraient, sans pour autant être réellement amical l'un envers l'autre. L'apparente inclination de Seamus pour lui avait disparu, et ses attentions avaient cessé.

Désormais, il en admirait une autre. Harry était assez vigilant pour l'avoir remarqué, mais il était capable de le voir et de se le dire sans souffrance perceptible. Il était surtout surpris que Seamus s'intéresse à une femme.

Son cœur n'avait été que légèrement touché et sa vanité se satisfaisait de la pensée que c'était peut-être lui que Seamus aurait choisi si le sort l'avait permis. Les dix milles livres que Miss Patil venait brusquement d'acquérir étaient le plus remarquable attrait de cette jeune femme, aux yeux de laquelle l'officier cherchait à présent à se rendre agréable.

Mais Harry ne lui reprochait pas son désir d'indépendance. Il n'oubliait pas ce qu'il lui avait confié sur son départ chez les Malfoy. Rien, au contraire, n'était plus naturel selon lui, et il souhaitait que Seamus soit heureux, malgré les reproches qu'il lui avait fait.

L'absence avait renforcé son désir de revoir Hermione et atténué le dégoût que lui inspirait Mr Nott, et ils entretenaient depuis lors une correspondance.

Je suis maintenant convaincu que je n'ai jamais été amoureux de lui, car si j'avais réellement éprouvé cette passion, je détesterais maintenant jusqu'à son nom et je lui souhaiterais tout le mal possible. Or, non seulement mes sentiments sont cordiaux à son égard, mais ils sont également impartiaux envers Miss Patil.

Je suis ravi que la maison, le mobilier, et la région te plaisent, et que Lady Bellatrix de Lestrange se montre amicale et obligeante lors de vos rencontres. Sans toi ni Ginny ici, j'avoue que mon paysage est plutôt gris. Quant à la faveur que tu me demandes, ce n'en est pas une, et je viendrais volontiers te rendre visite dès qu'il te plaira.

Bien à toi, etc.

C'est ainsi qu'Harry quitta lui aussi le domaine familial afin d'aller passer quelques temps hivernaux chez sa grande amie. Molly s'en attrista quelque peu, mais une fois consciente de la proximité du domaine de Lady Bellatrix et du presbytère de Miss Granger, elle essaya de convaincre Harry de tirer profit de la situation, en rencontrant, par exemple, la fille de cette femme si riche.

Harry leva les yeux au ciel avant de saluer Arthur, qui lui demanda même de ne pas hésiter a lui écrire « s'il y a quoi que ce soit dont tu voudrais parler, Harry ». Sur le trajet, Harry se fit la remarque qu'Arthur était peut-être la personne au monde qu'il souhaiterait le moins décevoir. Son silence n'avait alors pas de prix.

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Merci de votre lecture,

J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, et si l'histoire suit une direction qui vous plait.

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