Bonjour et bienvenue à tous !
L'Aube Bleue est ma toute première fanfiction. Elle est basée sur l'univers du Seigneur des Anneaux, que j'avais envie d'explorer depuis longtemps. Le scénario n'a rien d'original, mais je promets un personnage non marysuesque et une intrigue recherchée !
note du 4/12/2015 : Voilà plus de 2 ans que cette fanfiction a été publiée. Je suis ravie du succès que ce premier écrit a remporté, et je tiens à tous vous remercier. Le fait est qu'en deux ans, mon écriture et mon état d'esprit ont évolué et je me rends bien compte qu'il existe quelques défauts dans l'Aube Bleue. Si un jour j'ai le temps, je ne manquerai pas de la remanier légèrement tout en conservant son caractère d'origine (que j'assume totalement malgré les quelques défauts) =)
Rien ne me fait plus plaisir, même deux ans après, de recevoir vos avis, vos critiques, vos reviews ou MP sur cette histoire !
Pour celles et ceux que ça intéresse, j'écris actuellement une seconde fanfiction qui se déroule en Terre du Milieu : Les Enfants de la Lune =)
Il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture !
Chapitre 1 : l'art de s'éclipser
Il ne s'est jamais passé grand chose dans ma vie.
Je soupire et l'air exhalé s'écrase sur la vitre en formant une buée blanchâtre. Je chasse les gouttelettes de condensation avec le revers de ma manche et le jardin réapparait alors sous mes yeux.
Dehors, des enfants jouent à se courir après dans le jardin. Ils font voler les quelques feuilles mortes tombées sur le gazon entretenu à la perfection. Il me semble reconnaître la fillette, qui doit être ma petite cousine, mais les deux jeunes garçons me sont inconnus. Je les envie. Autour de moi, les conversations vont bon trains. Deux femmes échangent sur leurs derniers voyages autour du monde, un groupe d'hommes âgés débattent sur les dernières conférences qu'ils ont tenu, un couple de trentenaires se vantent de la récente fête qu'ils ont organisé et de leur liste d'invités célèbres.
Je ne me sens pas à ma place. Ma vie me semble tellement dérisoire à côté des leurs. Non pas que je n'aime pas ma vie, loin de là. J'ai grandi dans une famille aimante. Mes parents se sont rencontrés lorsqu'il étaient étudiants. Tous deux venaient de deux mondes opposés. Mon père avait grandi dans une famille nombreuse de la bourgeoisie. Son destin était tout tracé. Il était en dernière année à la faculté de médecine et devait devenir chirurgien. Ma mère avait vécu dans un village du Sud de la France, au milieu de hippies. En grandissant, elle avait choisi de suivre des études d'Arts à Paris. Mes parents se sont aimés au premier regard, ou du moins c'est ce qu'ils se plaisent à me dire.
Mon père a rapidement épousé ma mère contre l'avis de sa famille. Il n'est pas devenu chirurgien mais médecin dans un cabinet modeste à Paris. Ma mère est devenue peintre. Ses œuvres ne se sont jamais bien vendues, mais mon père a subvenu à nos besoins et nous avons toujours été heureux tous les trois.
Quant à moi, j'ai grandi choyée en héritant de la fibre artistique de ma mère. C'est pourquoi après avoir parfaitement réussi ma scolarité, j 'ai choisi de suivre des études d'Histoire de l'Art. J'y ai rencontré Jack, et au fond de mon cœur, j'espère vivre avec lui la même passion et la même harmonie que celles qui règnent entre mes parents depuis des années. Il ne s'est donc jamais passé grand chose dans ma vie. Rien d'exceptionnel. Et pourtant, je ne l'échangerai contre rien au monde.
- Comment allez-vous Anna ?
Je sursaute légèrement. Mes yeux quittent le jardin et se tournent vers mon interlocuteur. Je le reconnais aussitôt. C'est l'oncle de mon père, un homme âgé au visage sévère.
- Très bien, dis-je d'un ton dégagé.
Mon grand-oncle m'envoie alors un regard désapprobateur et je regrette aussitôt mes paroles. Je sens le rouge me monter aux joues et bégaye :
- Enfin... Je veux dire que ça peut aller... malgré ces tristes circonstances...
- Tristes circonstances en effet, marmonne mon oncle, avant de repartir dans la pièce de réception.
Je balaye d'un regard les gens vêtus de noir qui discutent dans la vaste salle. Tous venus pour l'enterrement de ma grande-tante, une femme aigrie que je ne connaissais à peine. A vrai dire, je ne connais pas la majorité des gens présents, et le peu de personnes qui me sont familières ne m'ont pas vue depuis une quinzaine d'années. Mon père a presque entièrement coupé mes ponts avec sa famille, et nous nous contentons d'assister aux événements obligatoires comme il les qualifie.
Je porte mon verre de vin à mes lèvres, avant de me rendre compte qu'il est vide. A nouveau... Je soupire d'agacement, et me dirige vers le buffet situé à l'opposée de la salle de réception. Cette dernière est somptueuse, les murs sont entièrement recouvert de boiseries sombres et finement sculptées, les dorures du plafonds envoient des reflets chaleureux dans toute la pièce, et les meubles d'époque en merisier se fondent parfaitement dans ce décor luxueux. Mes talons claquent sur le vieux parquet en chêne alors que je me faufile tant bien que mal entre les gens absorbés dans des discussions toutes aussi inintéressantes les unes que les autres.
- …Oui avez-vous vu les nouveaux résultats de la bourse à Londres...
- … Cet été nous partons à l'île Maurice...
- … J'ai renouvelé mon abonnement au club-house, vous devriez venir faire une partie de golf...
J'arrive enfin au buffet, et échange mon verre vide contre un verre de vin rouge. En jetant un coup d'œil sur ma gauche, j'aperçois mes parents, en pleine discussion avec un de mes cousins. Ma mère à l'air de s'ennuyer tout autant que moi. Je sais que si mon père n'avait pas insisté elle ne serait jamais venue, ne se sentant pas plus à sa place que moi dans ce monde de la bourgeoisie. Je porte de nouveau mon attention sur le buffet, et j'attrape un petit four au saumon. Juste à côté se trouvent les bouteilles de vin encore fermées. Je marque un instant d'hésitation.
Pourquoi pas après tout? C'est tellement ennuyeux ici …
Je regarde discrètement à droite et à gauche, personne ne semble faire attention à moi. J'ouvre la fermeture de mon sac à main et y glisse une bouteille à toute vitesse. Quelques gouttes de sueur perlent sur mon front, j'ai l'impression d'être une sorte de James Bond Girl. Je tente de prendre un air décontracté avant de me retourner. Mon sac à main est assez lourd, et le porter comme si de rien n'était n'est pas si facile. J'essaie de retrouver mon chemin vers le hall d'entrée, chose peu aisée aux vues du nombre important de pièces de cette demeure, et de mon ivresse grandissante. Après quelques minutes, je finis par atteindre le hall. J'attrape ma veste laissée dans le vestiaire et l'enfile rapidement avant de m'éclipser par la lourde porte d'entrée. Une fois dehors j'inspire à pleines bouffées l'air frais.
Quel soulagement !
Sans réfléchir, je me dirige vers le jardin que j'observais par la fenêtre quelques minutes auparavant. Je parviens à un escalier de pierres grisées par le temps qui mène au parc de la demeure. Ma démarche est maladroite, mes talons crissent sur les graviers blancs immaculés. Le jardin est magnifique. La brise automnale balaye les feuilles des arbres teintées d'un camaïeu d'orange. Je m'extasie devant les plantes avant de m'assoir sur un banc en pierre, caché derrière un buis assez haut.
Ma main plonge alors dans mon sac pour en sortir la bouteille de vin. Après quelques minutes d'acharnement pour réussir à l'ouvrir sans tire-bouchon, j'entame le nectar à grandes gorgées. Puis je retourne fouiller dans mon sac. Hâtivement, je retire mes talons et les fourre dans mon sac avant d'enfiler une paire de baskets confortables.
Le jardin est assez calme, contrairement à l'agitation et aux discussions bruyantes qui régnent à l'intérieur de la demeure. J'entends malgré tout les cris des enfants qui s'amusent un peu plus loin. Je savoure le temps passé dans ce jardin, et pense tristement à la soirée qui arrive, où je serai de nouveau cloitrée dans mon petit studio parisien, une fois que mes parents m'auront déposée chez moi. La nature en ville est plutôt rare.
Cela doit bien faire une demie-heure que je suis assise sur ce banc, l'air se rafraichit et le contact de la pierre refroidit mon corps. Mais je reste absorbée dans la contemplation du manoir me surplombant. Ah, si j'avais autant d'argent que la plupart des invités, moi aussi j'achèterais une immense maison. Et même un château. Tout équipé. Avec dressing, salle de sport, salle de... Quelque chose vibre contre ma cuisse, interrompant le cours de mes pensées. Mon portable. Je peine à le sortir, et ne décroche qu'au bout d'une dizaine de sonneries.
- Anna, comment vas-tu ma chérie ?
- Salut mon amour ! Oh tu sais, c'est assez ennuyant ici...
Je me lève, ma tête tourne beaucoup, et je commence à marcher en titubant légèrement le long de l'allée, vers la forêt.
- On se voit bientôt ne t'inquiète pas. C'est si terrible que ça ?
- Oh oui ! Plus que tu ne peux l'imaginer. C'est vraiment un autre monde, je marmonne.
J'enjambe la bordure de l'allée avant de m'enfoncer dans la forêt. Je n'ai pas envie que quelqu'un m'entende critiquer la réception et ses invités. Pendant un bon quart d'heure je raconte ma journée à Jack, ne lui épargnant aucun détail. Tenues vestimentaires tout droit sorties des boutiques les plus chics, discours barbants prononcés lors de l'enterrement, tout y passe.
- Courage ma chérie. Tu penses être rentrée pour quelle heure ?
- Hum je ne sais pas... Peut-être 19h...
- Cela te réconforterai si je passais la soirée avec toi ?
Mon cœur s'emballe à cette phrase, un large sourire s'étire sur mon visage. Ma soirée ne sera peut-être pas si terrible après tout.
- Ce serait génial ! J'ai tellement hâââ aaaAAAHHHH !
Je ne sais pas comment, mais je viens de tomber en arrière. Mes yeux se sont fermés dans la chute. Je gémis de douleur, vautrée par terre dans l'humus humide, et j'entends la voix inquiète de Jack au téléphone. Mes yeux se rouvrent lentement pour découvrir les branches feuillues des arbres agitées par le vent. Après quelques instants, je tend mon bras et tâtonne le sol pour attraper mon portable. Ma main glisse sur la mousse et frôle quelque chose de solide. Je me tourne sur le côté, intriguée, et soulève ma paume pour voir le mystérieux objet. La mousse sombre le recouvre, et je dois la gratter avant de découvrir un petit objet doré.
Une bague.
Je l'attrape, et de mon autre main, saisis mon portable que je coince entre mon oreille et mon épaule.
- Allô ? Anna ?!
- Oui... Je viens de tomber, tu aurais dû voir ça !
De mes deux mains libres, je retourne la bague dans tous les sens afin d'en observer les moindres détails. Elle est lourde pour sa taille et doit être en or massif. Une pierre d'un rouge profond et scintillant est sertie au milieu, surement un rubis. Je crois ne jamais avoir vu de pierre précieuse de cette taille de toute ma vie. Le bijou est orné de décorations florales gravées dans l'or de l'anneau. Cette bague magnifique doit appartenir à quelqu'un de ma famille, une tante ou une cousine, qui a dû la perdre en se promenant dans la forêt...
- Jack, je vais te laisser. A ce soir !
- D'accord, j'espère que tu vas bien en tout cas. A ce soir, me répond Jack avant de raccrocher.
Je glisse mon portable dans mon sac et tente de me relever. Ma tête tourne toujours beaucoup et je dois m'y prendre à deux fois avant de réussir à me tenir debout. La bague est enfermée dans ma paume. J'ai l'intention de la rendre une fois que je serai de retour dans la maison. J'ouvre mes doigts doucement pour la regarder encore une fois.
Quel dommage de rendre un bijoux pareil ! Un de ceux que je ne pourrais jamais m'offrir...
Inconsciemment je prends la bague et la glisse à mon annulaire droit. Mon mal de tête s'accentue, je me sens nauséeuse tout à coup. J'ai l'impression que la lumière est plus vive, mes yeux sont éblouis. J'avance de quelques pas en titubant et m'accroche à l'arbre le plus proche pour ne pas tomber. Mes yeux se ferment sous l'intensité de la lumière. Je suffoque, et me penche en avant parce que j'ai vraiment l'impression que je vais vomir.
Et puis, plus rien. Ma migraine est passée, ainsi que mes nausées. J'ouvre lentement mes yeux. Mes doigts lâchent l'écorce de l'arbre. J'éprouve tout de même un certain malaise. Je reste quelques minutes dans la même position afin de recouvrer mes esprits, puis finis par me retourner vers la demeure. A ma grande surprise, je ne vois que des arbres et des buissons.
Bizarre, je ne pensais pas m'être éloignée à ce point là...
D'un pas maladroit, et encore secouée par ce qu'il vient de m'arriver, je rebrousse donc chemin en direction du jardin. Je marche difficilement, mes chevilles se coincent dans des plantes rampantes. Je n'avais pas réalisé que la végétation était aussi dense, je devais être trop absorbée dans ma conversation téléphonique. Quelques minutes plus tard, il n'y a toujours pas de demeure en vue. Je sens le malaise grandir en moi, mais continue de marcher. Et soudain, la vérité éclate. C'est évident, quelqu'un essaie de me faire une blague. Surement ce Jean-Louis que j'ai rembarré tout à l'heure, ou alors les gamins qui jouent dehors. Des oiseaux gazouillent, et tout à coup je réalise : je n'entend plus les enfants. Ma respiration s'accélère.
Tout va bien. Pas de panique. Surtout pas de panique.
Le tout est de ne pas s'affoler. Après encore quelques instants de marche, je me dis que j'ai dû me tromper de direction, et essaie donc de scruter les alentours, mais partout je ne vois que des arbres. Des gouttes de sueur dégoulinent sur mon visage et dans mon dos. Mon t-shirt me colle sur tout le dos. Je sors mon portable et compose le numéro de ma mère, avant de porter l'appareil à mon oreille. Hélas, je n'entend rien. Je regarde l'écran, perplexe. La barre de réseau a disparu.
Ce n'est pas possible, j'ai passé un coup de fil i peine dix minutes !
C'est à ce moment là que la panique m'envahit vraiment. Mes jambes continuent de marcher, mais je sens ma vision se troubler sous l'effet du stress. Des larmes se forment dans mes yeux et commencent à couler sur mes joues. Je les essuie avec la manche de ma veste d'un geste rageur.
Je n'aurais vraiment pas dû boire autant...
- Il y a quelqu'un ? EH OH !
Pas de réponse. A mon avis, je dois rêver. J'ai dû m'endormir sur le banc ou ailleurs. Malgré tout je marche à travers la forêt. Au bout d'une heure, le désespoir m'envahit. La nuit commence à tomber, la pente du terrain s'accentue et mes jambes sont fatiguées. Mon maquillage a coulé sur tout mon visage à cause de mes pleurs. Les arbres de cette forêt sont de plus en plus grands, et j'ai l'impression que je n'en ai jamais vu de semblables. Leurs racines sont énormes et forment des cavités dans le sol. L'obscurité envahit peu à peu les bois. Lasse et apeurée, je décide de m'assoir sous une racine d'un immense arbre. Ma vision est trouble, je suis épuisée. Malgré moi, je sens mes paupières se fermer avant de tomber dans un sommeil profond.
C'est le froid qui me réveille.
Il faut vraiment que je remette le chauffage dans mon appart'...
J'entre-ouvre mes yeux collés et ne distingue pas tout de suite les alentours. Je suis comme plongée dans un brouillard. Après plusieurs clignements de paupières, la brume se dissipe et je réalise que mon cauchemar n'est pas terminé. Je ne suis pas chez moi. Il fait encore sombre, mais la lumière du matin commence à faire son apparition. Je suis toujours à moitié couchée à même la terre. L'humidité a trempé mes vêtements et je suis mouillée jusqu'à l'os. De toute ma vie, je pense ne jamais avoir eue aussi froid. Je me mets à greloter. Après quelques minutes, je tente de bouger, mais regrette aussitôt lorsque je sens mes muscles endoloris. Des larmes perlent au coin de mes yeux.
Je vais mourir ici, toute seule, et personne ne me retrouvera jamais...
Bientôt, mes larmes se transforment en sanglots. Mon dos se heurte aux racines noueuses à chacun de mes halètements, ce qui réveille encore plus la douleur de mon corps. Je reste ainsi, à pleurer tout mon saoul durant ce qui me semble être des heures.
L'aube est bien là maintenant, et je suis épuisée. Je fixe la forêt devant moi, où j'aperçois les premiers rayons de soleil perçaient à travers les arbres. Tout à coup, mon ventre se met à gargouiller, me rappelant que je suis encore bien en vie. Après plusieurs efforts, j'arrive enfin à m'extirper de la racine et sors à quatre pattes. Ma main s'accroche à l'écorce du tronc, et je m'y appuie pour me relever. Plusieurs gémissement rauques sortent de ma bouche alors que mon corps s'étire et que mes muscles se réveillent. A mon avis, je suis couverte de bleus. Une fois que je m'en sens capable, je fais quelques pas avant de regarder les alentours. Ne sachant pas quoi faire, je me remets à avancer. Si je reste ici à ne rien faire, je vais devenir folle.
A moins que tu ne le sois déjà Anna...
Au bout d'un moment, la pente du terrain se met à descendre légèrement. Je devais être sur une colline. Je continue de marcher, mais mon ventre vide commence à riposter. Depuis quelques minutes, j'entends un bruit au loin, un bruit continu, un bruit sourd, comme celui d'une rivière. Mes jambes me poussent dans sa direction. Je ne progresse pas très vite, mes muscles se refusent à tout mouvement brusque. Je finis par tomber sur un ruisseau, pas très profond mais assez large. Je jette un coup d'œil aux alentours, craignant d'y voir une quelconque menace, mais il n'y a rien. Je m'assied donc sur la rive de cailloux et ôte mes chaussures avant de tremper la pointe de mes pieds dans l'eau. Elle est froide mais elle a un effet revigorant sur ma peau. J'y plonge alors tous mes pieds ainsi que mes mains. Je lave mon visage et m'essuie tant bien que mal avec ma veste.
Après cette toilette rudimentaire, je reste assise au soleil sur les cailloux et entreprend de faire l'inventaire des mes affaires. J'ouvre donc mon sac à main et vide son contenu sur le sol. Après un tri assez rapide, toutes mes affaires sont étalées devant moi. Je suis donc en possession de mon porte-feuille, mon téléphone, ma trousse de maquillage, deux paquets de mouchoirs, et d'une paire d'escarpins. Il y a aussi une barre de céréales et trois petits bonbons que j'ai récupéré à la sortie d'un restaurant. N'écoutant que mon estomac affamé, je me rue sur la nourriture, et quelques instants plus tard, il n'en reste rien.
Ma gorge est sèche, et après un instant d'hésitation, je m'avance à nouveau vers le ruisseau. L'eau a l'air claire et propre, alors je mets mes mains en coupe, les plonge dans le liquide froid avant de les porter à ma bouche. L'eau glaciale me brûle d'abord la gorge, mais très vite mon corps déshydraté la réclame. Après avoir bu plusieurs gorgées, je me rassois dans les cailloux. Je jette un coup d'œil à mes vêtements. Ma veste de tailleur, qui m'avait coûté un petite fortune, est foutue. Elle est couverte de poussière et de boue, tout comme mon pantalon. Je ressors mon portable de mon sac et regarde l'écran. Malheureusement, la barre de réseau n'est toujours pas réapparue. Inconsciemment, je vais dans mon dossier photo et regarde pendant plusieurs minutes les clichés de Jack et moi, de ma famille, de mes amis... Le désespoir m'envahit à nouveau.
Et si je ne les revoyais jamais ?
Je repense à Jack, qui doit être mort d'inquiétude d'avoir attendu toute la nuit à mon appartement sans que je ne revienne. Ou encore mes parents qui ont dû me chercher partout après la réception... Ont-ils contacté la police ? J'essaie de me rappeler ce qu'il s'est passé la veille, de reconstituer mon après-midi, de replacer tous les événements. Plongée dans mes pensées, je range mon portable, mais ma main reste bloquée dans mon sac.
La bague s'est coincée dans un fil. Après m'être dégagée, j'observe à nouveau le bijou. Le rubis reflète la lumière du soleil, il semble scintiller. Alors je me souviens. Le malaise que j'ai ressenti la vieille s'est produit juste après que j'ai enfilé la bague. J'avais mis cette étrange sensation sur le compte de l'ivresse, mais ... Et si c'était cette foutue bague ? Mes pensées filent à toute vitesse, tandis que mon rythme cardiaque s'accélère. Je ferme les yeux et attrape le bijou.
S'il vous plait, faites que tout redevienne normal. Faites que je rentre chez moi...
Tout en priant, je retire le bijou, les paupières toujours closes. Je me sens soudain plus légère. J'ai l'impression que la lumière du soleil est plus vive derrière mes paupières. Je souffle et compte jusqu'à trois dans ma tête avant de rouvrir les yeux.