Bon... finalement, il m'a fallu du temps aussi pour ce chapitre-là ! Mais vous comprendrez sans doute pourquoi en lisant ! Et puis... il est beaucoup plus long que prévu alors ça rattrape un peu, non ? ^^

Bonne lecture !


Mes jambes cédèrent dès que la porte claqua. Qu'est-ce que je venais de faire ? Les mots s'imposèrent à moi : donner rendez-vous au marimo. Un soulagement et un enchantement m'envahirent. Enfin, j'avais pris une décision et les devants, enfin, je lui avais montré que j'avais surmonté mes faiblesses, enfin… J'en tremblais encore mais je jubilais.

Je fermai les yeux et laissai ma tête glisser vers l'arrière puis reposer contre le bar, profitant de ce bien-être inconstant et de cette étrange fierté. J'écoutais, enchanté, résonner en moi ces battements bien trop forts qui commençaient seulement à se calmer. Je sentais, amusé, la chaleur quitter mon visage et les fourmillements délaisser mes mains.

J'écoutais, insouciant, le tic tac de l'horloge qui avançait lentement l'heure du repas. Je sentais, distrait, le carrelage froid qui commençait douloureusement à me rappeler ma position finalement peu confortable.

J'écoutais, au dehors, les voix de mes compagnons, surtout une, au ton dur, celle d'un bretteur arrogant et fort. Droit et sévère. Indomptable, inflexible. Impitoyable. Je sentais, confus, le doute repartir à l'assaut de ma confiance.

Qu'est-ce que je venais de faire ? Les mots s'imposèrent à moi, cruels : offrir un passe-droit à ses pulsions sexuelles. J'avais réclamé, que pourrais-je refuser ? Jusqu'où comptait-il aller ? Se montrerait-il plus dur ? Ou plus… doux ? Bien trop rapidement, le remord fit fuir mon apaisement. Je venais de me jeter dans la gueule du loup. Oui, un loup féroce, noble et fier.

Un loup. Avec option camouflage dans les herbes hautes. Je ricanai à cette pensée mais ce rire faux s'étrangla alors que s'imprimait dans mon crâne sa putain de question à laquelle j'avais répondu la veille sans un mot, sans hésiter, d'un coup de semelle, pour le rassurer…

De quoi as-tu peur, stupide cuistot ? Cette question avait le goût de la pluie et de nos coups, un goût de tempête et de sincérité, elle avait juste le goût si subtil de notre complicité. Question intime à laquelle j'avais toujours réagi sans hésiter. Question intime pourtant restée tant de fois sans réponse cette semaine.

De quoi as-tu peur, stupide cuistot ? Cette question, il me la posait depuis le premier de ces jours douloureux, dans chacun de ses regards hésitants qui osaient rompre sa brutalité. Cette question, je l'avais évitée, refusée, niée et j'avais fait de lui un autre. Je l'avais renié, désavoué, condamné. Lui et notre confiance.

De quoi as-tu peur, stupide cuistot ? Nous qui nous comprenions toujours d'un seul regard, cette fois, pourtant, nous ignorions nos dires. Parce que je lui reprochais de comprendre mes pensées plutôt que mes mots, parce que je lui défendais de tout me dévoiler. Parce que j'ignorais ses demandes, parce que je réfutais les miennes. Parce que je m'interdisais. Parce que je nous interdisais.

De quoi as-tu peur, stupide cuistot ? Car ce n'était pas « de qui ? ». Le marimo était le marimo. Un nakama. Pourquoi l'avais-je imaginé contre moi, alors qu'il avait toujours été avec moi, m'entraînant dans une aventure dans laquelle j'avais désiré être embarqué. Dans une aventure, un peu différente. L'aventure de nos sens.

De quoi as-tu peur, stupide cuistot ? Cette question, je me devais d'y répondre, sans un mot, sans hésiter. Pas d'un coup de semelle, cette fois. Et pas pour le rassurer. Pour davantage encore, pour effacer.

S'il était un loup, demain, clairement, il ne faudrait plus que je sois l'agneau. Car finalement… Qui de nous deux avait le plus souffert de mes errances ? Depuis le départ, qui avait vraiment joué au loup ?


Dès qu'il revint, indifférent, pour le dîner, je lui dis tout. Mes erreurs et mes excuses. Il vit tout mais son regard, plus sombre que j'aurais voulu l'admettre, ne se risqua pas à comprendre. Je n'allais pas lui reprocher cette mauvaise habitude que j'avais moi-même engendrée. Il m'avait fallu six jours pour accepter, il lui en faudrait peut-être autant, voire plus, pour pardonner. Je soupirai. Les résolutions sont faciles mais leurs promesses bien plus difficiles…

Pourtant enfin, j'osai le regarder, vraiment, sans honte. Celui, si assuré, qui ne savait plus comment recoller les morceaux que j'avais moi-même éparpillés. Celui, si fiable, que je n'avais cessé d'égarer de mes invitations sans suite. Celui, si tenace, qui se fatiguait sans doute de mes trahisons. Notre rendez-vous se devait de vite arriver.

Je l'attendais, fébrile. Car c'est ainsi qu'il faut attendre un véritable rendez-vous, n'est-ce pas ?


Le cœur battant de mille questions qui avaient du en habiter un autre avant moi, je gravis le mât : est-ce qu'il viendrait ? Est-ce qu'il m'accepterait ? Encore une fois ? La salle était douloureusement emplie de lui et je sentais qu'un rejet me serait insupportable. Comment avait-il encaissé les miens, répétés ?

Dégageant son matériel, j'installai le futon au milieu de la pièce. J'esquissai un sourire, m'accrochant de toutes mes forces à la pensée qui l'avait autorisé : si quelqu'un d'autre que le marimo se pointait, j'étais mort. Mais la pensée s'échappa bien vite, me ramenant à l'essentiel : le marimo l'avait bien fait, lui, en premier, sans aucune certitude.

Les gestes étaient mécaniques, concentrant mes efforts à lutter contre cette envie irrépressible de m'enfuir. Finalement, je m'assis maladroitement sur le matelas. Il ne me restait que le plus difficile : attendre. Je m'allumai une clope et m'allongeai, fixant résolument le plafond. Je comprenais enfin pourquoi, cette fois-là, il n'avait pas été ici. Non, il n'avait pas esquivé le danger, ce n'était définitivement pas le genre du marimo mais il avait pris le droit de ne pas être celui qui attendrait.

Il m'avait aussi laissé une occasion de rattraper le coup. Et j'avais merdé, encore. Je n'y avais pas cru. Pire que ça, je lui avais reproché son absence alors qu'il avait pris le soin de me laisser un indice de son passage. Aveuglé, enfermé dans l'amertume, j'avais encore douté de lui quand il m'avait affirmé être venu et la preuve irréfutable de ses propos m'avait tout juste rendu l'idée tolérable. Quel con j'avais pu être…

Je fermai les yeux sur ma propre bêtise, expirant la fumée relaxante. Aujourd'hui, s'il me laissait une énième chance, j'avais à reconstruire une confiance abîmée. Rien que ça. Encore une fois, belle résolution. Mais que faire avec ? La première chose était peut-être d'y croire, tout simplement. De ne plus douter de cet homme qui viendrait.

Définitivement, le marimo viendrait. Comme toujours. De quoi as-tu peur, stupide cuistot ? Comme toujours. Après tout, il m'avait fait une promesse. Car cette putain de question, c'était surtout une promesse, n'est-ce pas ?

Il viendra.

Zoro viendra.

Le cœur léger de cette confiance déjà à moitié réparée, j'ouvris les yeux sans crainte, profitant des dernières volutes grisâtres, le sourire aux lèvres. Le plus dur était sans doute déjà fait, l'autre moitié suivrait… J'avais confiance.

Un léger craquement interrompit mon silence. Puis un autre. Et encore un autre.

Un battement de cœur doubla ma conscience. Puis un autre. Et encore un autre.

Il grimpait et mon cœur cognait. C'était bon. D'avoir enfin raison.

Les craquements cessèrent. Plus bas, il hésitait ou il avait réussi à se paumer devant la trappe, sait-on jamais. Je me redressai, près à l'accueillir dès que ses doutes cesseraient. Il franchit la trappe et je sus tout de suite que les doutes étaient encore là, c'était l'espoir qui l'avait poussé à entrer. Peu importait, aujourd'hui, lui n'avait rien à prouver. C'était mon tour.

« Putain, marimo, tu pouvais pas monter plus discrètement ? T'as presque hurlé à la terre entière : hey, stupide cuistot, ça te dit une petite branlette ? »

Il ouvrit des yeux ronds. Puis la surprise s'esquiva, noyée dans un timide soulagement qui m'étira un sourire, bien malgré moi. Ce sourire, il me le rendit, bien malgré lui. Un sourire doux, où la froideur n'avait plus sa place. Je ne fis que l'entrevoir car il fit immédiatement demi-tour.

« Qu'est-ce que tu fous, bretteur de mes deux ?

- J'aime pas faire les choses à moitié, sourcil en vrille, alors je vais le gueuler une bonne fois pour toutes ! »

Finalement, c'était peut-être bien d'un coup de semelle dont il avait besoin…

« Mais t'es pas bien, algue demeurée ! Je savais qu'il n'y avait pas grand-chose dans ta cervelle ! Mais ma conception du néant absolu a ses limites ! »

Je m'étais levé et j'avais agrippé son haut. Il se stoppa.

« Hey… fis-je, plus doux. Reviens-là, collectionneur de cure-dents. »

Je me glissai devant lui, le coinçant entre moi et le futon, rétablissant notre contact visuel. Il semblait batailler, tentant sans doute de m'accorder à nouveau cette confiance piétinée. Je le repoussai doucement, le forçant à s'allonger sous moi. Il se laissa faire et, pour la première fois, je le sentis presque fragile, ou plutôt usé sous les coups d'un partenaire. Pourtant, c'est calmement qu'il m'arrêta lorsque ma main posée sur son torse brûlant se voulut caressante. Me dévisageant longuement d'un regard dur, il lâcha, sans émotion :

« T'as intérêt à bien choisir tes mots… »

Donc ce serait ça, le coût de son pardon. Des mots. C'est vrai que mon comportement n'avait aucun sens… Lui reprocher ses premiers pas, le laisser oublier pour finalement franchir ce même pas… Avais-je seulement les mots pour lui expliquer ma putain d'inconstance ? Je déglutis et acquiesçai en silence car, visiblement, il avait l'air de vouloir commencer. Je m'apprêtai à recevoir le premier reproche lorsqu'il reprit :

« On est d'accord que tu es là pour nous et pas seulement pour baiser ? »

Donc on allait baiser quand même. Je sentis le rouge me monter aux joues et ma pulsation s'affoler. Le marimo avait le don d'utiliser les mots qu'il ne fallait pas dans les situations bien trop sérieuses.

« Ouais, esquivai-je, mais c'est toi qui… »

Je m'interrompis et me mordis la lèvre devant ses sourcils froncés et son regard profond déjà bien trop lassé de mes complications. Je fermai un instant les yeux, respirant calmement puis m'autorisai à plonger dans les siens, lui délivrant ma sincérité.

« Oui, repris-je simplement. »

Je vis une vague de chaleur naître et disparaître aussi vite dans ses deux orbes ombragés qui réclamaient bien davantage.

« Qu'en sortant de cette pièce, il n'y aura plus besoin de demander ou d'hésiter mais seulement de recommencer ? ajouta-t-il gravement.

- Oui, m'engageai-je en toute honnêteté. »

Ma franchise enfonça les barrières trop récentes dressées par mes propres conneries, laissant le poids de nos souvenirs lui rappeler ce que nous étions et submerger de promesses ces yeux rongés de défiance.

« Qu'aujourd'hui, risqua-t-il… tout sera différent ? »

- Oui. »

L'instant se suspendit et je perçus la vague agitée par un trop plein de reconnaissance dévaster son regard encore égaré. Brutalement, le marimo détourna son visage et glissa, dans mes cheveux, une main que j'avais déjà vue hésiter mais pourtant jamais trembler, attirant mon front dans le creux de son cou pour m'aveugler.

Alors que je me blottissais contre lui, son autre bras se crispa dans mon dos, pour m'empêcher de partir, pour m'empêcher de mentir à nouveau. Son corps se relâcha par à-coups d'une tension accumulée bien trop longtemps. Il me serrait toujours plus fort à en faire mal mais mon impuissance face à la douleur de sa délivrance me faisait plus mal encore et je sentais mon propre regard s'embrumer de remords. Quel con j'avais été d'imaginer qu'un abruti de bretteur pouvait ne pas avoir de sentiments…

Un vrai marimo reste de marbre devant la souffrance. Il la connait, il l'encaisse, sans jamais perdre de vue son objectif. Mais tout ça n'a jamais voulu dire qu'il ne la ressent pas… Et le soulagement, un marimo le connaît peut-être un peu moins alors ça ne s'y prépare pas… Comment avais-je pu être aveugle à ce point alors que trois putains de lettres auraient pu tout changer depuis le début : oui.

Oui. C'était dit. Aujourd'hui, notre tendresse tant redoutée serait de la partie. Aujourd'hui, je serais de la partie. Aujourd'hui, notre confiance serait de la partie. Pas comme deux amants que nous n'étions pas, mais comme deux complices que nous avions toujours été. Du moment qu'on ne s'embrassait pas franchissant la fine barrière séparant les uns des autres, j'étais maintenant prêt à tout. À tout, pour lui.

Il finit par s'apaiser mais nous ne bougions ni l'un ni l'autre. Nous n'en ressentions pas le besoin. Quelque part, c'était déjà assez pour aujourd'hui et nous rattrapions la douceur que nous avions désespérément évitée. Alors, quand sa respiration se fit parfaitement calme et posée, quand son front auparavant détourné consentit à rencontrer le mien, quand ses mains radoucirent leurs prises, quand ses yeux délicieusement sereins se posèrent sur moi, alors seulement, du bout des doigts, je commençai à le redécouvrir.

Timidement, je les perdis dans la chevelure verte avant de les glisser doucement sur son oreille, soulevant un à un ses pendants dorés. Mes doigts échouèrent alors dans le creux de sa mâchoire, poursuivant lentement leur course jusqu'à son menton. De là, je lui voilai la vue de ma main entière, me reculant doucement, pour laisser la pulpe de mon index et de mon majeur suivre la courbe apaisée de son sourcil. Puis le dos de mes phalanges rencontra sa joue, y laissant une caresse aussi tendre pour lui que pour moi. Il ferma les yeux. Ma caresse s'éteignit sur ses lèvres dont seul mon pouce osa suivre la ligne dangereuse.

« Marimo, murmurai-je le souffle court de gestes naïfs, je vais faire une connerie. »

Et je déposai ma bouche sur la sienne, offerte. Je fermai les yeux, redoutant la violence déchaînée de nos passions en joute pour la dominance, mais ce baiser ne fut que douceur. Une douceur si pleine qu'elle enveloppait tout le reste d'un voile d'un blanc éclatant, soulageant même les battements devenus sourds de mon propre cœur. Aveuglé de silence, étourdi de réelles chimères, enivré de pureté, je savourai cette infinie bouffée d'oxygène sans même respirer… respir… resp… r…

Je décollai mes lèvres, haletant, encore transporté par un interdit brisé. Le marimo sourit avant de partir d'un rire rare et franc devant mon trouble.

« La plus belle de toutes tes conneries ! »

Sans hésiter, j'aurais dit « oui » encore une fois, s'il n'avait pas scellé ma réponse entre nos bouches à nouveau réunies, se tournant tout à fait contre moi. Nos langues se retrouvèrent, se mêlèrent, se cherchèrent dans un ballet que mon émoi s'abaissa enfin à me laisser découvrir. On s'embrassait. Mais qu'est-ce que ça pouvait faire après tout ? Du moment qu'on ne s'aimait pas…

M'habituant lentement aux sensations exquises de nos salives réunies, je pris brusquement conscience de nos corps brûlant, l'un contre l'autre : sa main qui avait franchi la barrière de mes vêtements, frôlant mon dos ; l'autre, celle de mes sentiments, caressant tendrement ma nuque ; les miennes, encore trop prudentes, déposées sur ses pectoraux ; nos torses cherchant à se coller toujours plus malgré mes bras ; nos jambes entremêlées ; nos intimités frottant imperceptiblement l'une contre l'autre. L'étreinte était simple, franche et jamais je n'avais eu aussi chaud.

Enfin, je cédai à nos corps le droit de se rejoindre tout à fait et me laissai emporter par la fièvre de les sentir ainsi enlacés, comme jamais nous ne nous l'étions autorisé, brisant une distance devenue douloureuse. Rapidement, mon bassin commença à s'animer de longs et langoureux mouvements répondant à ceux que le marimo imprimait au sien alors que nos doigts couraient, empressées, sous les épaisseurs de tissu. Trop nombreuses. Beaucoup trop nombreuses.

Le marimo se détacha de moi pour me faire basculer sur le dos. Je sentis ses lèvres puis sa langue glisser dans mon cou, tandis qu'une main agile entreprenait de déboutonner ma chemise. Je m'agrippai de plaisir à son dos musclé, glissant mes mains sous son t-shirt que je ne tardai pas à lui enlever, le forçant ainsi à se redresser et libérant son torse à ma vue. Pour la première fois, je me permis de le contempler.

En proie à mon regard d'une avidité incontrôlée, je le sentis suspendre complètement ses gestes. Comme pris en faute, je quittai mes délicieuses observations avant de plonger, rassuré, dans des yeux aussi concupiscents que les miens, nous révélant sans peur, l'étendue de nos désirs. Mes doigts glissèrent sur sa peau musclée et il s'abandonna un instant à mon doux traitement, laissant son bassin reprendre un mouvement dangereusement avilissant qui eut bientôt raison de mes efforts.

Alors, j'oubliai son torse pour m'attaquer au pantalon, caressant sans pudeur ces fesses que j'avais toujours évitées. Le marimo eut un soudain regain de conscience pour se débarrasser de ma ceinture et de tout le reste avant de s'allonger sur moi me comblant d'une chaleur inégalée. Nos lèvres se rejoignirent, camouflant nos souffles trop rapides, cherchant à canaliser nos esprits loin de ce qui se jouait plus bas. L'excitation était trop forte. La passion trop puissante.

Je le repoussai, lui laissant le loisir de retrouver le confort du matelas tandis que je cheminais doucement vers son entrejambe, marquant mon passage de baisers légers et bien vite d'un sillon humide qui finit par atteindre le désir de mon partenaire. Je le pris en bouche, de ma propre initiative, de ma propre volonté, pour lui offrir un plaisir que j'avais décidé seul.

Mon intervention lui arracha le premier gémissement, de ceux que je ne devrais qu'à moi. Le sentir si dur en moi n'aida pas la flamme de mon envie à se calmer et je dirigeai mes doigts vers ma propre érection pour la soulager d'un abandon déraisonnable, nous imprimant un même va-et-vient. Je commençais à perdre la tête quand ses mains me remontèrent, à quatre pattes au-dessus de lui.

Il déposa sur mes lèvres ardentes un dernier baiser et il me livra un dernier regard enfiévré, avant de se dégager, m'intimant de ne pas bouger. Agilement, je le sentis se positionner à genoux entre les miens, son torse surplombant mon dos et son sexe appuyé contre mes fesses, sa main se saisissant du mien. J'aurais sans doute du protester, pour la forme, mais, perdu dans les méandres du plaisir, je me cambrai de nous sentir si scandaleusement proches de mon fantasme le plus inavouable.

Je suivis, embrasé, chacun des baisers humides que le marimo déposait sur ma peau, ici, et là, plus bas, toujours plus bas jusqu'à ce que sa langue s'ose finalement à caresser doucement mon intimité, délaissant un temps mon érection. Je frissonnai sous la sensation totalement nouvelle de sa salive humidifiant longuement, agaçant distraitement, rassurant gentiment et je ne pus réprimer un soupir profondément lascif qui lui arracha, je le savais, un de ces sourires détestablement séduisants.

Satisfaites, ses lèvres remontèrent enflammer mon dos tandis que sa première main reprenait son lent va-et-vient, la seconde venant s'accrocher à l'une de mes fesses. Son pouce se glissa devant mon interdit déjà détendu et, entre les vagues de chaleur, une vague inquiétude osa s'inviter, balayée aussi vite par notre confiance retrouvée.

Sans peine, le marimo enfonça lentement son doigt, imprimant en moi la désagréable impression que les choses n'allaient décidément pas dans le bon sens. Il se fit attentif à ma gêne sans s'en émouvoir, peut-être même amusé et rassuré de passer outre une quelconque douleur. Retirant son pouce, mes perceptions ne firent qu'empirer. Cette fois, les choses allaient dans le bon sens mais indépendamment de ma propre volonté.

J'avais l'insupportable sensation de perdre le contrôle mécanique de mon corps, bien loin de l'abandon émotionnel que j'avais osé espérer. Seuls l'inlassable va-et-vient sur mon sexe, le contact brûlant du marimo et la pensée de ce que nous faisions et nous apprêtions à faire, parvenaient à maintenir cette douce excitation et mon corps détendu.

Alors que je sentais l'intrus s'immiscer à nouveau, je ne pus m'empêcher de marmonner :

« Marimo… c'est pas… c'est vraiment pas… »

Je m'interrompis, réalisant le timbre, bien trop passionné, avec lequel je m'étais adressé à mon partenaire qui ne sembla pas s'en formaliser.

« Laisse-toi aller, ça va passer… »

Sa voix délicieusement rauque, murmurée dans mon dos, me fit frissonner. De son côté, le marimo redoublait d'efforts pour m'emporter avec lui dans la volupté, et peu à peu, je m'habituai à cette présence indécente devenue plus caressante, me cambrant pour mieux la recevoir.

Brusquement, une bouffée de chaleur eut raison de mes réticences et je me sentis accompagner le mouvement que je voulus plus fort, plus profond. Je perdais pieds. Mon souffle s'accéléra, frustré, réclamant davantage. Et le marimo avait bien davantage à m'offrir. Entre deux sursauts de conscience, je finis par lui abandonner ma raison dans un gémissement impatient.

Sans attendre, il se retira et je le sentis s'apprêter à m'enfoncer deux doigts quand je réclamais tellement plus. Aussi avide qu'enflammé, je m'empalai sans attendre, lui intimant de me pénétrer.

« Encore… plus… »

Enfiévré par ma demande, il retira ses doigts aussi vite que je les avais accueillis et se positionna enfin. Hésitation mêlée d'empressement, il me pénétra doucement, nous arrachant un râle commun et mon cœur accéléra au fur et à mesure de sa progression. Il se retira puis s'avança à nouveau, plus loin, nous projetant tous deux dans un plaisir sauvage. Il ne tarda pas à s'enfoncer entièrement et je découvris cette sensation incomparable de me sentir plein. Plein de lui. Je l'avais en moi, si dur, et, dès qu'il se retira, une seule pensée vibra encore en moi : reviens.

J'accompagnais chacun de ses mouvements, je le voulais encore, je le voulais entier, je le voulais lui. Et pourtant, il finit par se retirer complètement de mon corps, laissant un vide profond en moi. Cependant, il me faisait déjà basculer sur le dos, m'offrant son regard trop longtemps dissimulé. Il était intolérablement imprégné de luxure, mais souillée de tant d'autres émotions : passion, désir, tendresse, plaisir, confiance surtout, sincérité aussi… Et amour. Définitivement.

Il s'enfonça de nouveau en moi, au cœur de notre étreinte et de nos lèvres scellées. Ça n'avait plus rien à voir. Je n'étais plus seulement plein. J'étais comblé par cette chaleur qui n'avait cessé de se jouer de nous, par cette douceur essentielle, par cette union simplement vraie. Comblé de nous. C'est là que je réalisai ce que nous étions réellement en train de faire. On ne baisait pas. On ne couchait pas. On ne faisait même pas l'amour. On s'aimait. Mais qu'est-ce ça pouvait faire après tout ? Du moment qu'on ne le disait pas…

Pourtant, il y a bien quelque chose que je voulais dire. Plus que tout. Ce mot qui me hantait, qui m'emplissait autant que lui, qui me submergeait. Sans interrompre nos mouvements, je glissai mes lèvres au creux de son oreille, mon souffle bousculant ses trois pendants d'or.

« Zo… ro… »

Je le sentis vibrer au-dessus de moi, me pénétrant plus passionnément encore.

« San… ji… »

Sa voix profonde et vibrante m'emporta au-delà de notre réalité. Asservis l'un à l'autre. Subjugués. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Lui. Moi. Il n'y avait plus que nous et, dans un ultime mouvement partagé, je me libérai, entraînant à ma suite Zoro dans une jouissance éclatante.


Embrumés dans un plaisir dont nous n'avions que subi l'ampleur sans vraiment la réaliser, errants dans la chaleur de nos deux corps, égarés bien loin de nos fiertés et de nos maladresses… nous.


J'émergeai entre ses bras, débarrassé de l'excuse de nos désirs et pourtant sans crainte. Un temps, je profitai de cette étreinte, plus calme, avant d'ouvrir les yeux sur un homme en qui j'avais toute confiance.

S'il y avait quelque chose à dire, nous le dirions. Ça ferait mal si ça le devait. Ça ferait du bien si ça le devait. Mais ça cesserait de briser ce que nous étions. Oui, nous le dirions, sans détour. Et ce serait tout. Car c'était le marimo.

Je croisai son regard. Doucement dépravé et fièrement serein. Sérieusement, comment pouvait-on avoir ce regard-là ? Il m'étira un demi-sourire et je me redressai, tâtonnant à la recherche d'une clope et de quoi l'allumer. Sans un mot, je me rallongeai contre lui, soufflant les premières volutes vers le plafond. Je fermai les yeux et savourai cette paix intérieure qui m'avait tant manquée. Le temps filait et je m'en foutais. Lui aussi.

« J't'aime, tu sais. »

Il avait lâché ça comme ça. Un constat. Un rappel. Un avertissement, peut-être. Je soupirai. S'il y avait quelque chose à dire, nous le dirions, n'est-ce pas ? Mais qu'est-ce ça pouvait faire après tout ? Du moment que…

« Enfoiré…

- Quoi encore ? »

Rien. Il n'y avait rien. Il n'y avait plus rien. Plus rien de ces doutes. Plus rien de ces conneries de limites. Plus rien pouvant encore tout foutre en l'air. Plus rien que nous.

« J'sais pas… Il manque un truc, là… T'aurais pu l'dire mieux que ça quand même…

- T'avais qu'à l'faire en premier ! Ya pas cinquante façons de…

- Si ! Une déclaration, ça peut être doux, passionné, désespéré… T'aurais pu y mettre un brin d'émotions, non ?

- Ta gueule. »

Oui, on pouvait bien se le dire, ça ne nous changerait pas. On continuerait à se chercher, à s'insulter, à se disputer. Un sourire franc étira mes lèvres, un sourire qu'il ne vit pas mais qu'il sentit parfaitement. Car c'était le même que le sien.

« Et il manquait quoi ? »

Un instant, je me penchai sur la question. La réponse était plus qu'évidente :

« Un simple… jus de citron. »


C'est la fête ! J'ai réussi à la finir, cette fic ! Victoire ! Bon, pour la qualité, je vous laisse en juger !
Et j'avoue, j'ai mis un temps effroyable à écrire ce dernier chapitre (sauf certains détails / certaines répliques prévus depuis le départ) ! Parce qu'il n'est pas simplement un chapitre final, il est aussi un éclairage des chapitres précédents... Evidemment, il y a aussi eu l'accro inévitable du "vrai" lemon... Mais le plus dur : la relation Zoro - Sanji quand la douceur s'y mêle... Sincèrement, je n'ai pas assez de recul (en temps et sur moi aussi sans doute) pour évaluer le résultat ! Une seule chose est sûre, alors que j'arrivais jusque là à avoir des tailles de chapitres semblables, ce coup-ci, j'ai explosé mon quota ! Quel échec! xD Enfin, l'essentiel est que j'ai aimé l'écrire, ce putain d'chapitre, n'est-ce pas ? ^^ J'aurais encore tant de choses à dire mais je sens que ça tournerait vite à la recherche de prétextes pour tout ce qui se passe alors bon, assumons un peu et laissons le texte agir seul !

Donc, merci à tous ceux qui m'ont suivie jusqu'au bout ! Merci encore davantage à celles qui me laissent de magnifiques reviews, c'est un véritable plaisir ! Et enfin, merci à ma petite Elowlie ! ^^

... ... ... Ayaya, je n'ai plus de fic en cours, ça fait presque peur ! xD