Note : Hello à toutes et tous ! Voici ma nouvelle fic consacrée cette fois-ci à l'univers Avengers. Les super-héros étant quand même une source inépuisable d'inspiration, je me lance dans cette grande aventure. Les personnalités de Stark et de Banner seront au coeur de cette histoire, mais il y aura également Clint, Natasha, Steve… bref un peu tout le monde !
Beta reader : la formidable et unique Nathdawn que je remercie du fond du coeur pour son incroyable travail.
Pairing : Tony Stark / Bruce Banner
Cover image : par BrilCrist à retrouver sur DeviantArt.
Rating : M (lemon, vous avez dit lemon ?)
Reviews : fortement appréciées !


"Monsieur, il est actuellement 23h16."

"Merci Jarvis."

L'atelier entier était quasiment plongé dans le noir. Seul le plan de travail où était attablé Tony était éclairé d'une douce lumière bleue, que l'ingénieur avait orientée sur la maquette dont il modifiait une nouvelle fois les composants électroniques. Il ne croyait pas vraiment en cette nouvelle invention, du moins, il était bien conscient que pour la faire réellement fonctionner, il devait générer un nouveau réacteur ARC, signifiant un voyage à la filiale Stark Industries de Los Angeles, pour qu'il puisse y trouver quelques composants nécessaires. Et ça, c'était hors de question. Bien que conscient que ce qu'il faisait de servait pas à grand chose, Tony soupira discrètement, concentra son regard sur un micro-processeur qu'il avait récupéré d'une vieille machine et se remit à souder.

Il ne faisait pas particulièrement froid ce jour-là, mais la peau de Tony était légèrement marquée, son visage quelque peu creusé. Il avait passé la journée dans son atelier, et soyons honnêtes, il n'en était même pas sorti pour aller déjeuner. Et pour être encore plus honnête, cela faisait des semaines que cela durait. Noël avait été une sale période. Pourtant, Tony Stark -ou devait-on dire, le Grand Tony Stark ?- n'était pas homme à se laisser abattre. Ce génie des temps modernes avait toujours pris un malin plaisir à raconter à qui voulait l'entendre, les journalistes les premiers, que malgré les aléas de la vie, il s'en était toujours sorti, plus fort, plus puissant, et plus beau que jamais. Cela était vrai pour une grande partie de son existence. À deux exceptions près. Deux pays, deux expériences aussi différentes que traumatisantes.

L'Afghanistan, la prise d'otage et Yinsen.

New York, l'attaque des Chitauris et le portail.

La main qui tenait le fer à souder se mit à trembler. Il débrancha de sa main libre l'outil qu'il reposa soigneusement sur une tablette à côté de lui, poussa un long soupir bruyant –une technique de respiration qu'il avait longuement étudiée chez Natacha- et ferma les yeux. Une, deux, trois secondes. Tony ouvrit les yeux, se redressa et dans un bruit sourd, plaqua ses mains sur le plan de travail pour en arracher violemment tout ce qu'il s'y trouvait. Dans une avalanche de sons plus pénibles les uns que les autres, les bouteilles en verre, les composants électroniques, les piles de dossiers volèrent en éclat à travers la pièce. Une explosion visuelle de qu'il ressentait à l'intérieur. Cette table si bien rangée où il travaillait comme si de rien n'était, lui avait donné la nausée ; repenser au portail lui avait donné la nausée, et au-delà même, le vertige.

Tony porta sa main moite et tremblante à son visage qu'il toucha mollement, comme pour se rassurer, juste pour se sentir, et chercha à tâtons son tabouret, qu'il rapprocha d'un geste sec pour s'y asseoir rapidement. Un bourdonnement incessant l'oppressait : les battements de son cœur ; Une douleur aiguë le paralysait : sa poitrine. Merde. Non. Pas maintenant. Pas cette connerie de… comme il détestait ce mot… de crise d'angoisse ?

Respirer, respirer calmement, c'était la seule solution de toute façon. Comme Tony pouvait se détester dans ces moments-là, la moindre sensation un tant soi peu étrange, le moindre mot ambigu se retournaient contre lui avec une violence telle, que tout son monde s'en trouvait chamboulé. Son cœur se mettait à battre douloureusement, à lui faire presque regretter d'en avoir un, son cerveau tournait à cent à l'heure sans jamais réussir à formuler une pensée cohérente. Il n'était plus maître de rien et bon sang, comme ça pouvait lui faire peur !

"23h35 monsieur."

"Pas maintenant Jarvis."

"Il semblerait que monsieur soit en train de faire une… crise d'angoisse. Dois-je appeler Mlle Potts ?"

Tony cligna des yeux malgré lui, avait-il rêvé ou son cerveau malade lui jouait des tours, mais il lui avait semblé entendre Jarvis hésiter, comme conscient que le mot déplairait à son créateur. Qu'à cela ne tienne, il jetterait un coup d'œil au serveur général du majordome virtuel plus tard.

"Surtout pas Jarvis, et fais en sorte de virer l'équation "crise d'angoisse + Pepper" de ton programme interne."

"Je m'en occupe dès à présent, monsieur."

Dieu merci, à défaut d'être entendu par son propre cerveau, Tony était entendu par son robot. La modernité dans ce qu'elle avait de plus ironique.

L'ingénieur n'avait pas parlé à Pepper Potts depuis cinq jours déjà. Les derniers événements, tous plus traumatisants les uns des autres, les avaient pourtant rapprochés pendant quelques semaines. Potts était à ne jamais en douter, une femme incroyable et unique, dont il était tombé fou amoureux. Elle avait tout : l'intelligence, la force, l'indépendance, l'humour, et une chevelure de feu à faire pâlir de jalousie Natacha et ses couleurs chez le coiffeur –Tony en était sûr, c'était trop beau pour être naturel. Il avait nommé Pepper directrice de son entreprise il y avait quelques temps déjà et cette simple décision était la seule dont il n'eut jamais aucun doute ou aucun regret. Mais passé le temps de la passion, les événements qu'ils avaient endurés les avaient fragilisés plus que de raison. Du moins, ils en avaient égratigné un au passage, qui n'arrivait pas à s'en remettre : Tony –puisque de toute façon, il s'agissait toujours de lui.

Cela avait commencé par quelques insomnies, courtes, puis de plus en plus longues. Une perte d'appétit, puis d'intérêt pour des choses simples de la vie, jusqu'à arriver à une baisse de libido aussi surprenante que radicale. Un simple baiser sur les lèvres de sa bien-aimée lui donnait la chair de poule. Pepper le voyait et en souffrait, elle ne pouvait décemment pas le laisser comme ça. Elle avait pourtant bien essayé de l'emmener voir un psychologue, pour parler de New York, de l'Afghanistan aussi peut-être, et pourquoi pas de son père, mais cette proposition avait engendré leur plus grande et douloureuse dispute ; qui s'était finie en rupture, ni plus ni moins. Tony avait sorti de grandes phrases, plus pédant et insupportable que jamais, reprochant à Pepper d'être faible, de s'être faite avoir par la "mascarade" de Loki et qu'aller voir un docteur pour si peu était tout simplement ridicule.

Mais la rousse était bien loin d'être idiote et avait parfaitement compris entre les lignes : lorsque Tony lui aboyait qu'il ne l'aimait plus, il voulait réellement dire qu'il ne s'aimait plus.

Consciente que le simple statut de couple nuirait à sa guérison, elle le laissa décider de leur rupture et le soir-même, prépara ses valises pour s'installer dans un autre immeuble appartenant à la Stark Industries – la Stark Tower était pourtant gigantesque, mais il valait mieux pour les deux ex-amoureux s'éloigner, pour de bon.

"23h57 monsieur."

Tony haleta, avait-il perdu connaissance quelques instants ? Il porta sa main à sa poitrine et grimaça en cognant deux de ses doigts contre le réacteur. Il avait oublié qu'il était là. Ces crises d'angoisses allaient le rendre fou, il en était sûr maintenant. Son cœur s'était néanmoins calmé et sa respiration était moins bruyante. Il regarda ses pieds et se rassura ; le vertige était passé. Doucement mais d'un pas décidé, il se leva et avança à travers la pièce. Il devait vraiment s'être évanoui car chacun de ses muscles était engourdi et pourtant, il sentait monter en lui une formidable chaleur : il reprenait petit à petit le contrôle. Un coup d'œil à droite et à gauche lui suffirent pour comprendre que l'atelier était vraiment trop en bordel et qu'un coup de ménage dès le lendemain s'imposait. Il s'était terré dans ce refuge des jours durant et pour la première fois, il commençait à s'y sentir à l'étroit. Pendant son état des lieux rapide, l'ingénieur fut rassuré de retrouver au milieu du foutoir une bouteille de whisky intacte. Il se servit un grand verre qu'il garda fermement dans sa main en se rapprochant de la baie vitrée.

New York n'était jamais plus belle que lorsqu'il faisait nuit. Les lumières incessantes et tourbillonnantes lui donnaient une âme si chaude, si envoûtante, que Tony ne cessait jamais d'y plonger du simple regard. Il sourit tout de même. Il venait de se rendre compte que l'on entendait strictement rien – et pourtant, comme New York était bruyante, une vraie pipelette qui ne s'arrêtait même pas de parler pour reprendre son souffle.

Au loin, il laissa son regard triste s'attarder sur le quartier ravagé par la chimère qu'ils avaient combattu. Il avait exprimé l'ordre ferme et brutal qu'on ne lui communique jamais le nombre de morts causés par cette attaque, ça, il n'aurait tout simplement pas pu le supporter. Il respira profondément –respirer, toujours respirer !- et reposa un regard plus serein face à lui. Time Square était facilement reconnaissable. On y affichait d'ailleurs encore les portraits lumineux de ses amis et lui, les Avengers comme aimait les appeler Fury, avec en lettres scintillantes le mot "HEROES". Il sourit. Un sourire faible mais un sourire quand même.

"Minuit monsieur."

"Bien."

Tony porta le verre à ses lèvres, hésita une demi-seconde, et garda son regard ancré sur la ville tout en avalant l'alcool qui lui brûlait délicieusement la gorge. C'était une belle soirée, il aurait presque pu voir des étoiles. Il posa son verre sur une table basse derrière lui et enfonça ses mains dans les poches de son pantalon en tournant le dos à la baie vitrée.

"Monsieur ?"

"Oui ?"

"Je vous souhaite une bonne année monsieur."

"Bonne année à toi aussi, Jarvis."

Tony appuya d'une poigne faible sur l'interrupteur et plongea immédiatement l'atelier dans le noir. Il l'avait trop vu, il s'y était trop caché et il en était fatigué. Il était fatigué tout court. Ce soir, il dormirait dans son lit, et demain, il irait de son plein gré déjeuner avec Clint, Natacha et Bruce –enfin, s'ils n'étaient pas encore en train de décuver.

Avant de fermer définitivement la porte de son refuge, il releva les yeux et vit au loin le feu d'artifice de Times Square illuminer le ciel. C'était indécent à quel point c'était beau.