Disclaimers : Tous les personnages appartiennent à William Joyce et au film Dreamwork. Mon seul paiement sont vos reviews.

Genre : Angst/Family

Résumé : « D'où vient cette souffrance mon enfant ? Pourquoi remplis-tu le ciel de tes larmes ? », susurre la voix de Pitch Black au creux de son oreille. Elle ne dit rien, se mordant les lèvres, incapable de dire ce mot. Ce simple mot. « Papa ».

Playists : Illuminations – Hurts

Après Au creux des souvenirs et Mon Père, ce Héros…voici le dernier OS (en deux partie) sur le passé de Pitch et de sa fille Séraphina.

(Une page facebook a été créée : Mikipeach. Présentations de mes fics, de mes projets, partage, échange, "coup de coeur"...venez si le coeur vous en dit ;) )

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Rosier blanc


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—Mademoiselle Pitchiner…votre père est…Après avoir réussi à enfermer toutes les peurs du monde…Il s'est dévoué pour les garder…mais…Ils ont fini par avoir raison de lui…

—Où…où est papa, gémit-elle en serrant contre son cœur son petit lapin.

—Je suis désolé…C'était un héros.

Kozmotis Pitchiner, valeureux général de l'Age d'or. Dont l'âme fut dévorée par les cauchemars.

Il était un héros. Il était son père. Il n'est plus qu'un souvenir. Le cœur de l'enfant se brise, centaines de morceaux tressautant et blafards qui se font avaler avec un plaisir délectable par les esprits de la peur et du chagrin.

—Non ! Non ! Papa…papa…, pleure-t-elle en fuyant le salon.

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C'est une douce journée de printemps. Les rayons du soleil se faufilent entre les feuillages du petit jardin derrière la demeure. Le portail en bois grince dans une morne plainte, rouillé par les ans et le temps. Un bruissement de jupons alors que l'enfant se dirige vers le fond du jardin. Ses doigts effleurent les buissons remplis d'une palette de fleurs multicolores, ses jupons se froissent et glissent sur l'océan de gazon, ses yeux d'un tendre bleu nuit errent sur les différentes plantes qui éclosent et éclatent dans un feu d'artifices de couleurs et un tourbillon d'odeurs. Le vent bruisse entre les feuilles, les oiseaux chantent, les abeilles butinent et elle reste au milieu de ce paradis dont elle a patiemment érigé les fondations en plantant chaque graine, en arrosant chaque plante, en arrachant chaque mauvaise herbe. Doux jardin secret que des mains enfantines ont créé avec amour juste pour que papa soit fière d'elle.

Mais papa n'est plus. Le poids des souvenirs oppressent sa poitrine, rendant sa respiration sifflante et faible tandis qu'un voile de chagrin embue ses yeux. Sa main passe sur son visage. Un hoquet s'échappe d'entre ses lèvres. Son menton tremble.

L'odeur de la rose embaume soudain ses narines. Ses yeux se posent sur un petit rosier blanc au pied d'un des murs de la maison, à l'ombre, sous le vieux peuplier et non loin du puits recouvert d'une glycine coquine.

Le petit rosier est au pied du mur de la maison. Ses pas crissent sur le gravier tandis qu'elle s'approche des roses blanches qui ouvrent leurs vaporeuses corolles à la mer azuréenne. Les lézards courent le long des pierres de la demeure. Vaste manoir si grand, si froid, si étouffant depuis qu'elle sait que Papa ne reviendra plus.

Ses doigts glissent et effleurent les pétales vierges de toute impureté. Elle se souvient de ce cadeau. Papa l'avait ramené d'un lointain désert, à son retour d'une violente bataille. C'était un petit rosier, aussi blanc que la neige, que Kozmotis Pitchiner avait offert à une enfant toute joyeuse.

« N'oublie jamais de prendre soin de ce rosier….pour ne pas m'oublier. »

« …Je ne vous oublierais jamais Père. Merci pour ce cadeau. Vous êtes le meilleur père du monde. »

« Je t'aime ma fille. »

« Je t'aime aussi papa. »

« Si tu ne m'oublies pas…Si tu m'attends toujours alors je reviendrais. Je ne te laisserais jamais seule Ina. »

Elle avait tenu sa promesse. Elle s'était toujours occupée du rosier pour ne pas l'oublier et qu'il revienne un jour près d'elle. Tout cela avait été vain. Papa était mort. Papa est mort. Ses doigts se crispent sur les fleurs immaculées, son menton tremble, ses yeux s'embuent de larmes.

Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort.

Cruelle litanie tournoyant dans sa tête. Ses doigts serrent avec plus de force les roses, des pétales tombent sur la terre meuble.

Papa est mort. Qui viendra la protéger des cauchemars crépitant dans la nuit sombre ? Qui la suivra dans le jardin avec un sourire pour admirer les plantes dont elle s'occupe avec temps d'amour ? Qui lui lira des histoires au coin de l'âtre ronronnant ? Qui l'appellera « Ina », si ce n'est plus lui ? Papa est mort.

« Papa, vous êtes revenus ! » s'écrit la petite brune en courant vers le guerrier se tenant sur le pas de la porte du potager. L'arrosoir tombe sous le choc du pied d'une fillette enthousiaste. L'eau ruisselle dans l'herbe miroitante, sous un soleil de plomb. Les rires aimants bruissent dans le vent.

Des perles de rosées ensanglantées roulent sur les pétales des roses blanches. Ses larmes tombent et se diluent dans le sang coulant de ses doigts. Dans un sanglot, elle serre avec plus de force le rosier, enfonçant la pulpe de ses doigts avec plus de rage dans les épines.

« Papa. Vous ne me quitterez jamais ? » chuchote la fillette à la lueur pâlissante d'une bougie.

« Jamais mon enfant. » murmure sa voix dans la tendre pénombre de la chambre.

Dans un hoquet de douleur, se recroquevillant sur elle-même, Seraphina pleure la mort de son tendre père.

Sous les rayons d'un soleil de printemps, le rosier blanc pleure des larmes de sang.

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La porte de la chambre est rarement ouverte. On toque parfois sur le bois lisse et sombre mais seul le silence répond à cette prière muette pour pénétrer dans la chambre d'une endeuillée. Les domestiques finissent par entrer sans demander, se faufilant discrètement dans l'atmosphère étouffante pour exécuter leurs besognes. Puis ils disparaissent dans un grincement de porte sous les yeux mornes de Seraphina.

Sa bouche est toujours close. Plus de sanglots d'enfants ne s'échappe d'entre ses lèvres. Désormais c'est comme une femme qu'elle pleure. Les yeux rougis et les larmes ruisselants sur ses joues dans le silence de la douleur. Son lit est son royaume. Sa chambre est son monde. Les souvenirs sont ses sujets. Et le monde coloré apparaissant par la fenêtre n'est qu'une insolence à sa souffrance. La vie continue mais pas pour elle. Le deuil est devenu une seconde peau dont elle se vêtit comme d'une parure.

Elle erre, la bouche sèche et le cœur oppressé, dans cette chambre. Parfois elle s'affale dans un discret pouf sur les couvertures de son lit, regardant les rideaux du baldaquin se balancer mollement dans un miroitement de bleu rêveur. Les livres sont éparpillés dans la pièce, comme les morceaux de sa douleur. Son esprit ne parvient pas à se fixer sur les images gravées sur les pages jaunies. Les mots ne l'attirent plus, la pulpe de son doigt ne fait que glisser sur des souvenirs lui arrachant des torrents de larmes. Elle se laisse emprisonner dans une sombre apathie. Parfois quand elle a assez de force, Seraphina se lève et s'assoit près de la fenêtre. Alors elle regarde le jardin, le vaste horizon qui s'étend devant ses yeux bleus et elle attend. Un signe. Un retour qui ne reviendra jamais. Qu'importe elle attend dans le silence de son chagrin.

Les jours et les semaines passent sans qu'elle ne sorte de sa chambre. Le printemps disparait sous le soleil brulant d'été. Et quand l'automne embrasse le monde de ses vents froids, c'est une petite ombre pâle et maigre qui déambule dans les grandes pièces de la demeure. Elle se mue avec une douce élégance, sa chevelure sombre effleurant ses omoplates, ses yeux rougis et vides d'émotion. Un siècle semble s'être abattu sur cette fillette.

Envolés les rires et l'insouciance de l'enfance. Disparus les doux sourires pleins de vie. Oubliés le babillage enthousiaste. Ce n'est plus qu'une enfant silencieuse, économisant ses mots dans une douce indifférence. Les invités sont poliment éconduits et quand ils franchissent le pas de la porte c'est toujours la dame de compagnie – et nourrice – de Seraphina qui les reçoit. Pendant ce temps, la fille de Kozmotis Pitchiner disparait toujours dans un froissement de jupons sombre. Loin de la compagnie qui envahit le salon. Loin de la vie.

Le deuil ronge cette petite mais la vie lui pèse d'autant plus. Maman n'est plus là. Papa est mort et ne reviendra plus.

Alors il ne reste plus qu'à déambuler dans les pièces du manoir et se réfugier dans la serre ou le jardin. Les plantes sont sa seule consolation. Il n'y a pas besoin de mots entre elle et ses seules amies.

Au pied du mur le rosier blanc est mort. Parce que papa ne reviendra jamais.


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Alors qu'en pensez-vous pour une première partie ?

Normalement cet OS devait être en un seul bloc. Le problème c'est que je trouvais que cette première partie se suffisait déjà à elle-même et que faire un seul bloc aurait atténué l'impact de cette dernière. Alors j'ai décidé de diviser en deux l'OS pour marquer les différentes étapes de la vie de Seraphina et de sa relation avec son père.

C'est la première fois que je fais un Two-Shot je dois avouer que ça fait bizarre et en même temps c'est une expérience à tenter. Même si en me relisant j'ai plus la sensation d'offrir une ouverture à une mini-fanfic...en fait je n'en sais rien et j'avoue qu'avoir vos avis m'aiderait beaucoup.

Tout avis, critique ou commentaire seront les bienvenus pour m'aider à m'améliorer, me motiver ou simplement pour me faire sourire, car vous savez combien j'adore vos reviews :D

A bientôt pour la suite !