Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada

Rated : M – YAOI – Lemon (pas énormément mais il y en a alors...)

Résumé : Les victimes de la guerre sainte contre Hadès ont bénéficié d'une nouvelle vie sous réserve d'une condition particulière. Mais le passé laisse des traces indélébiles et le pardon n'est que d'essence divine. Réapprendre à vivre ensembles ne se fera pas sans difficulté.

Couples : Rhadamanthe X Kanon mais nous verrons beaucoup Saga, Camus, Milo et Mu !

Petite histoire avant l'histoire : Bon voilà, je ne voulais pas poster cette fiction avant de l'avoir achevée et totalement retravaillée, mais nous sommes un jour exceptionnel et j'ai promis de poster en fin de semaine donc l'occasion est parfaite. La Relique Dorée est donc encore en cours d'écriture, mais je devrais pouvoir avoir un bon rythme d'une parution par semaine. Voir un peu plus pour les chapitres qui ne demanderont pas trop de modifications.

23 Chapitres sont prévus si je suis mon plan.

L'histoire démarre lentement, je sais, mais il faut poser quelques bases.

Je préviens de suite que mes Dieux sont largement OOC. Désolée pour les puristes, c'est pour les besoins du récit. Surtout Poséidon qu'assurément, vous ne reconnaîtrez pas !

Pour ceux qui je l'espère, vont aimer, si vous n'avez pas lu « Il y a dans vos regards », je vous le conseille vivement en cas d'ennui entre deux chapitres. Non pas que je fasse de la pub pour augmenter un nombre de lecture qui ne me sert strictement à rien, mais c'est surtout que malheureusement, je pense avoir réussi à faire passer bien plus de choses dans ce one shot que dans la fiction dont il est tiré, à savoir, celle que vous vous apprêtez à lire.

Je tiens à remercier PeregrinTouque et Saharu-Chan pour leurs encouragements quant à la publication de la Relique car oui, je suis une grande timide lorsqu'il s'agit de croire en ce que j'écris et surtout de publier.


CHAPITRE 1

Nouveau départ – Nouvelle chance

La chance n'a rien à voir avec les probabilités. Pour la trouver, il faut la chercher. Pour la garder, il faut l'entretenir. Et lorsqu'on l'a perdue, il faut trouver la force de la reconquérir.

Le Sanctuaire - 3ème temple

Reprendre un semblant de conscience. Un semblant seulement, l'esprit refusant catégoriquement de se remettre en route, au moins autant que les yeux refusent de s'ouvrir. C'est quoi cet engourdissement intense du corps et des pensées ? Non, il ne sera pas dit qu'une fois de plus il perd le contrôle de lui même. Forcer. Ouvrir au moins un œil. La paupière papillonne deux ou trois fois. Car oui, même après la cuite mémorable de la veille, un son lourd parvient à ses oreilles, celui de pas à moitiés réveillés portés sur le sol de marbre, à quelques mètres de lui. Ah voilà, la paupière se soulève. Un peu.

La porte de la chambre de Kanon se referme. Il sait que c'est la sienne, elle grince. Sa porte à lui est parfaitement huilée, alors que celle de son cadet n'a reçu aucun intérêt depuis bien longtemps et même avant, lorsqu'il lui arrivait de réussir à passer une nuit ici, ça n'était pas le genre de détail à attirer son attention. Au contraire même, il affichait un certain plaisir à signifier, tard dans la nuit, qu'il était enfin rentré en usant de cette porte.

Son œil papillonne une fois de plus, pour tenter de se concentrer sur ce qu'il peut encore apercevoir sans accroître pour autant sa migraine. Une table basse parfaitement dégagée, un fauteuil, le canapé, du moins le rebord de l'assise, sur lequel il est douloureusement installé. Les courbatures dont son corps l'afflige doivent probablement venir de là. Une paire de jambes passent à sa hauteur. Oui à sa hauteur, celle du divan, c'est bien trop compliqué de lever la tête. Hum... Une paire de jambes halées surmontées d'ailleurs d'un superbe fessier moulé dans un boxer noir. Il referme les yeux souriant, le « rendormissement » n'en sera que plus agréable.

Une minute.

Ce morceau de corps n'appartient PAS à Kanon !

Il relève la tête brusquement, laissant échapper un râle caverneux et porte immédiatement sa main à son front en grimaçant.

- Tiens bonjour Saga !

Qu'il se la ferme ! Sinon sa tête est fichue d' exploser tandis qu'il la repose dans un coussin. Mais ça n'est pas le moment de se rendormir ça non ! Aller, quelques secondes de courage plus tard, ses yeux s'entrouvrent à nouveau. "Le corps" est tranquillement en train de se servir un verre d'eau appuyé contre le frigo. Une boucle bleue parvient à être analysée par sa vision. Et cette voix, cette silhouette... Aucun doute possible...

- ...'jour Milo....

- Et bien... Je ne pensais pas les gémeaux aussi peu résistants !

- Mmmhmmm... Arrête de hurler...

Il n' hurle pas pourtant. Mais...

Fermer les yeux, se souvenir de la veille. Il est encore vivant, c'est déjà ça ! Car oui, la résurrection est si récente qu'elle est encore un peu trouble dans l'esprit de certains. Parfois même, il leur arrive de penser qu'elle n'est pas réelle, que le monde n'est pas le même, que c'est encore un caprice divin. Et pour cause. Athéna n'a pas permis qu'un seul d'entre eux quitte le sanctuaire depuis leur retour. D'ailleurs, même sur leur nouvelle vie, elle n'a exprimé aucune théorie, confiant cette "charge" à Shion, quand les ors seraient tous entièrement remis, de leur en dévoiler les tenants et aboutissants. Et la Déesse s'en était allée pour le Japon en compagnie des cinq divins. Temporairement. Du moins ça, c'était la version officielle.

Cependant, au bout de seulement quelques jours, rien ne s'était vraiment passé comme la Déesse l'avait prévu. Elle qui avait pris soins d'accorder à tous son pardon, estimait qu'il était suffisant pour que chacun oublie. Son suprême pardon rendant implicitement caduques les douleurs, non-dit, et rancunes soufferts par chacun d'entre eux. Au delà de l'expression d'un pouvoir divin particulièrement orgueilleux, c'était une façon certaine de réduire à néant l'expression individuelle de 14 personnalités ayant grandi et s'étant construites ensembles, en leur interdisant d'exprimer des sentiments, aussi négatifs soient-ils.

Alors non, tout n'allait pas bien. Non, tout le monde ne s'entendait pas. Non, le pardon humain n'est pas sans valeur et oui, le temps de la reconstruction ne concernait pas seulement les édifices de pierres. Loin s'en faut. Il suffisait pour le comprendre de regarder les entraînements. Bien que beaucoup d'entre eux n'avaient encore retrouvé toutes leurs capacités, certains combats tenaient moins de l'entraînement que du règlement de compte. Il n'était pas rare que Dohko doive intervenir. Oui car pour son plus grand malheur, c'était la charge que lui avait confiée Shion, celle de surveiller les "gamins" comme il aimait à les appeler. Et c'était aussi une façon pour Shion de s'assurer que Dohko lui laisse au moins quelques heures de répit pour travailler.

Et devant les difficultés de communication de chacun - ou presque -, le Taureau s'était empressé de proposer une soirée made in Brésil pour faire honneur à son pays et surtout, pour tenter de recoller tout le monde, ce qui s'avérait être une entreprise à étaler sur le long terme vu les éclats de voix qui lui revenaient en mémoire lors de la dernière soirée.

Et puis il y avait eu cet alcool. Comment il appelait ça déjà ? Caïpirinha ? L'aîné des gémeaux en avait raffolé sans être le seul... Un cocktail à base de citron mais visiblement ravageur... Vers 4 heures ils avaient tous tenté de regagner leur temple. Pour Mu, cela avait été plus facile... Quoiqu'il fallait espérer qu'il ne rate aucune marche... Puis l'Atlante n'avait pas le même rapport à l'alcool et Shion avait expliqué sournoisement, sans en faire part à son disciple, qu'il n'en sentirait les effets que bien trop tard. Finalement, arrivés au 3ème temple, Angélo et Aphrodite s'étaient trouvé le courage de grimper un étage de plus. Les autres avaient fait de même, en espérant qu'aucun ne soit resté coincé avec ces deux là, ce qui annonçait encore quelques terribles disputes au sein du Sanctuaire. Mais le scorpion lui, était resté à gemini. Oui, Milo n'était certainement pas en état de grimper une seule marche de plus et Camus avait menacé de l'enfermer dans un cercueil de glace afin de lui refroidir le corps et l'esprit pour le faire taire en attendant qu'il cuve totalement... Oui, le français, toujours sérieux (et surtout rodé au vin et à la vodka Russe depuis bien longtemps), avait fait parti des quelques lucides à aider les autres à remonter chez eux. Et Milo ivre, était un Milo plus loquace encore qu'un Milo sobre, la raison en moins. Pas qu'il fut toujours raisonnable en étant sobre, mais la veille, il était parfaitement insupportable aux dire du verseau qui, il faut bien l'avouer était au centre de ses plaisanteries. Milo avait donc était installé dans la chambre de Saga, tandis que celui-ci s'effondrait dans le canapé, de suite fauché par Morphée.

Mais alors...

- Une minute !

Se dirigeant vers la salle de bain, le 8ème gardien s'arrêta et tourna vers Saga un visage souriant légèrement provoquant.

- Qu'est-ce que tu foutais dans la chambre de Kanon ?

... Non mais c'est quoi cette question, vraiment, vraiment tordue ?

Le scorpion s'en amuse.

- J'en sais rien Saga, répondit-il avec un sourire prédateur et une voix aussi fausse que possible. Tu te souviens l'état dans lequel nous étions hier soir... Toujours est-il que je me suis réveillé ce matin avec ton cher frère dans les bras et une couverture de cheveux azurs entre les mains ! Absolument délicieux !

Saleté !

Et à lui de partir en riant s'enfermer dans la salle de bain.

Ni une ni deux, le premier jumeau se précipite dans la chambre de Kanon pour le retrouver à moitié à plat ventre, enroulé autour d'un oreiller et le drap remonté jusqu'aux oreilles. Forcément, maintenant que le brûlant scorpion à filé, il doit avoir froid...

- Kanon ! Kanon !

- Hmmmmm...

- Kanon mais réveilles toi ! Hey ! Qu'est-ce qui s'est passé avec Milo ?!

Le cadet relève la tête et deux yeux s'ouvrent entre les mèches de cheveux. Deux émeraudes devenues sombres de colère à l'attention de son frère.

- Tu peux m'expliquer ce que tu fais dans MA chambre à cette heure-ci ?!

- Milo sort de ta chambre. Il a ouvertement insinué - tiens, étrange comme expression - que vous aviez fait autre chose que dormir ! Alors ?!

Le cadet réfléchit un instant. Il faut dire que oui, lui aussi supporte assez mal l'alcool brésilien et que si ses yeux, au contraire de ceux de son frère, ont retrouvé toute leur acuité, ce sont ses neurones qui ont des difficultés à s'agencer correctement. Et puis il y a ce parfum, oui, celui de Milo, qui émane de l'oreiller qu'il étreint entre ses bras. Et puis les draps, qu'il ne peut pas avoir froissé ainsi tout seul... Mais pourtant...

- Nan, je me souviens de rien...

Un mensonge de plus ou de moins...

- Mais Kanon au delà du souvenir, non parce que vu comment tu étais ivre je ne me raccroche pas trop à eux, tu dois bien le savoir mince, ça.. se ressent !

Les yeux de l'ex-marina deviennent plus sombres encore.

- De toutes façon je peux savoir en quoi ça te regarde ? T'étais là ? Tu t'en souviens ? Non ? Alors que ce soit oui ou non qu'est-ce que ça peut bien te faire ! De toutes évidences, si c'est le cas, ça ne t'a pas empêché de dormir !

Et le cadet se lève - totalement nu- et s'habille à la hâte avant de claquer sa propre porte au nez de Saga, resté sidéré, autant par la gifle verbale qu'il vient de se prendre, que par le fait que Kanon ait dormi nu avec Milo. Oui, Milo quoi... S'il avait partagé, même nu, le lit de Camus, ça n'aurait pas été pareil... Mais c'est Milo ! Il suit son cadet, plus calmement, jusque la cuisine où il achève de remplir une cafetière à ras bord avant de l'allumer et de s'adosser au plan de travail en se massant l'arrête du nez. Dur les lendemains de cuite. Il n'a même pas vu son frère qui le regarde depuis l'entrée avant de s'engouffrer à son tour dans la cuisine.

Il est juste là, son petit frère. Quelques jours seulement qu'il l'a retrouvé, qu'il s'est installé avec lui, et pourtant il faut bien l'avouer, s'ils ont vécu quelques jours de douce sérénité grâce à cet accomplissement d' être enfin réunis, le cadet a très vite marqué une certaine distance et des difficultés dans ses rapports avec lui. Et surtout, il refuse catégoriquement d'en parler, s'emportant immédiatement dès que l'aîné tente un rapprochement, une explication, une trop grande attention.

- Kanon... Excuses moi...

- Tu veux du café ?

Bon... C'est déjà pas si mal, il n'a pas hurlé. Il a changé de sujet certes, mais il n'a pas hurlé... Maintenant... Saga jette un regard vers le café plus noir que noir... Est-ce bien le moment de lui répondre, "non, un thé" ? Il est téméraire mais pas suicidaire - enfin pas cette fois- alors...

- Oui merci...

Tant pis s'il doit rajouter du lait. Kanon sert trois tasses. Oui trois, car Milo vient de passer la porte, frais et pimpant, un regard amusé vers Saga qui le toise à son tour d'un regard vert sombre. Prenant la tasse que Kanon lui tend, il s'installe à ses cotés contre le meuble et s'accoude à son épaule.

- Bonjour Kanon. Bien dormi ?

Saga les observe, cherche des réponses. Tout dans le comportement de Milo lui laisse penser qu'ils sont effectivement passés de l'étape amis à celle d'amants, mais le scorpion est bien fichu de s'amuser à le faire croire autant pour que ça finisse par arriver que pour faire enrager l'aîné des gémeaux. Car oui, Saga est jaloux. Non pas qu'il convoite son frère, non, certainement pas. Mais malgré tout, ça reste SON frère. Voir même SON PETIT frère. Car oui, Saga ne l'a pas vu grandir et de le retrouver à 28 ans lui demande un peu de temps d'adaptation. Et puis il y a Camus, son ami, voir même, son grand ami. Et sa relation avec Milo est loin d'être au beau fixe. Alors imaginer Kanon avec Milo...

Le cadet lui, ne tique pas au comportement du scorpion. Il faut dire que cette proximité est assez courante, les deux gardiens sont très proches depuis leur retour à la vie. Lorsque Kanon boude l'intégralité du sanctuaire, comme souvent donc, l'intégralité souffre une seule exception, c'est Milo et il n'est donc pas rare qu'il claque la porte du 3ème temple ou de n'importe quel autre, pour aller calmer ses nerfs auprès du 8ème gardien. Et la réciproque est valable dans le sens où Kanon sert d'alibi à Milo, lorsqu'il doit éviter de se rendre dans un endroit où il est susceptible de croiser Camus. Bref, autant dire que ces deux là se sont bien trouvés. Mais les imaginer ensemble... Milo... Avec SON frère... Ça non.

Kanon émerge enfin de sa tasse. De toutes façons Milo le sait et n'attendait pas une réponse immédiate. Chaque matin c'est pareil, faire parler Kanon avant qu'il ait avalé au moins une demi tasse de son café plus noir encore que les ténèbres, ça n'est pas la peine.

- Oui merci... Et toi ?

- De même ! Exquis ton café comme toujours.

Saga manque s'étouffer - bien qu'il ait rajouté du lait - et trouve comme excuse pour calmer le regard noir de Kanon qu'il s'est juste brûlé. Pas la peine de jeter de l'huile sur le feu. Et ces derniers temps, Kanon est aussi incandescent que Milo dans le sens « porté sur la colère ».

Car oui Milo est brûlant, mais d'une douce chaleur. Oh bien entendu la chaleur qui émane de lui n'est douce que pour ses amis, mais même Kanon est rarement doux avec ses amis. Bon, ses amis en fait, ça se résume à une personne. Milo. Saga ne prétend pas en faire partie. A la fois parce qu'il a l'orgueil de vouloir être plus ; le grand frère, mais aussi parce qu'il espère devenir le confident, puis le protecteur aussi. Oui parce que Kanon cumule les conneries, déjà avant son retour, mais l'habitude ne lui est pas passée après, même si ça ne fait que peu de temps que cette nouvelle vie à débuté pour eux. Disons qu'il est convoqué chez Shion à peu près tous les... Non, toutes les demies journées. Convocations auxquelles bien entendu, il ne répond jamais. Il faut vraiment respecter les règles au sanctuaire ? Ah, il faut aussi respecter le protocole ? Parler correctement au Pope et ne pas ignorer les gardes de l'entrée en les fracassant dans la porte pour la pousser ? Drôle de mœurs... De toutes évidences, Kanon est en rébellion alors finalement, Saga n'a peut-être pas tout à fait tord, ou du moins a t-il des circonstances atténuantes, pour éprouver des difficultés à ne pas le regarder comme ayant encore 15 ans. Oh pourtant son frère a changé, ça oui, il en a pleinement conscience, il a versé des larmes, cette nuit là, quant il s'en est rendu compte. Mais certains travers demeurent intacts. Kanon a besoin de provoquer. Provoquer pour sortir du lot, provoquer pour refuser d'être enchaîné, provoquer pour se rappeler simplement qu'il est vivant. Sa simple existence est une provocation de toutes façons. Saga sourit.

Puis Milo se rend compte du silence pesant entre les deux jumeaux. Il ébouriffe les cheveux de Kanon avant de finir sa tasse et de la reposer.

- Bon, merci pour le café, je rentre... On se voit à l'entraînement.

Aucune réponse. Il n'en attendait pas, disparaissant de suite par la sortie. Rapidement Kanon termine son café et sort de la cuisine pour s'engouffrer dans la salle de bain sans plus de regard à Saga qui soupire longuement avant de poser ses coudes sur la table et de faire disparaître sa tête dans ses mains. Détestables ces lendemains de cuite... Et puis pourquoi être allé chercher le diable en le réveillant pour se mêler de ses affaires ? Et puis pourquoi il ne veut pas lui en parler de ses affaires après tout ? Il est son frère, son jumeau de surcroît ! Ignorer ses excuses pour une faute aussi "peu" grave, c'est tout de même du Kanon tout craché. Fier, buté, et surtout colérique. Oui mais bon... Se mêler de son intimité ce n'était pas non plus judicieux si tôt après leurs retrouvailles. Oh et puis c'est un casse tête ce frère ! Oui parce que, Saga lui, il est simple. Il se trouve simple, limpide. Et pourtant...


Le Sanctuaire - Arène

Lorsque Saga arrive dans l'arène ce matin là, il est - à peu près comme d'habitude - bon dernier. Mais le spectacle qui s'offre à ses yeux est loin de ressembler aux combats habituels. Et pour cause, puisque de combat, il n'y en a aucun. Dohko a rassemblé ses paires, sagement assis sur les gradins, en attente de l'aîné des gémeaux devant un 7ème gardien visiblement soucieux et irrité.

- Hum... Pardonnez-moi, visiblement j'ai raté quelque chose...

Dohko se redresse et s'approche davantage.

- Non rien encore, nous t'attendions... Alors vu qu'on a déjà assez perdu de temps, on va de suite rentrer dans le vif du sujet, à savoir : Shion.

Houla... Nul au sanctuaire n'ignorait que depuis leur retour à la vie, Shion passait plus de temps derrière ses livres, feuillets et autres compte-rendus qu'avec eux même. Bien sûr ça n'était pas pour déplaire à certains, Kanon le premier. Mais parallèlement Dohko en devenait si invivable que chacun s'accordait à penser qu'effectivement, il était grand temps d'agir et de changer les habitudes du vieux bélier, qui d'ailleurs, n'avait plus rien de vieux.

- Si j'ai voulu vous parler à tous ce matin, c'est parce que ça ne peut plus durer. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait pendant les années de votre enfance, mais moi, ce Shion là, ça n'est pas celui que j'ai connu, et je peux vous garantir que MON Shion à moi, on va le sortir de ce corps outrancièrement désirable pour qu'il cesse de se comporter comme un vieillard de 250 ans tout juste bon à régler quelques paperasses !

Devant l'assistance presque entièrement ébahie, la balance grimaça. Peut-être était-il allé un peu loin dans la description du Pope... Peut-être que les gamins, comme il aimait à les appeler, étaient encore un peu peu trop dociles quant à la rigueur du sanctuaire... Il chercha donc un appui dans le regard de Kanon qui, d'une façon générale n'était choqué par : rien.

- En gros tu veux qu'on lui rappelle qu'il n'aura pas cette jeunesse pendant encore 250 ans, et qu'il serait grand temps qu'il profite un peu ?

- Tu as tout compris Kanon... Effectivement, j'aurais peut-être dû présenter les choses ainsi... Nouveau regard à l'assistance.

- Nan mais laisse, ils font semblant, parce qu'ils savent très bien que tu es proche de Shion mais en réalité s'ils sont choqués, c'est Zeus qui se fout de l'Olympe. J'ai une idée pour la réunion de demain ajouta Kanon, l'air diaboliquement ingénieux. En fait il faut le surprendre ? Bousculer un peu ses règles rigides et austères ? Changer ses habitudes ?

- Et si possible réveiller son coté "Homme", ajouta Dohko.

- Alors demain, ne râlez pas pour sa réunion, parce que je peux vous garantir qu'on va s'amuser, promit Kanon dans un large sourire.

Quelques secondes après les rangs se resserrèrent autour de lui, le temps qu'il explique son projet le plus silencieusement du monde et les seuls bout de phrases prononcées dans un cri de colère ou d'indignation, créaient un étrange tableau pour les autres usagers de l'arène s'entraînant à quelques mètres. C'est ainsi que l'on pouvait entendre des "Hors de question je suis pas une statue grecque !" "Non... sera TRES mignon !" "J'en ai pas !" "On t'en trouvera !" "T' fais chier Kanon !" "Lui parle pas comme ça c'est une très bonne idée !" "Oui moi j'ai trop hâte !" "Toi ça n' étonne personne !" "Et toi tu ne fais que te plaindre, ça sera comme ça et pas autrement !"...


Sanctuaire - 13ème temple

Représentant divin, diplomate, négociateur, chevalier, chaperon d'adolescente capricieuse, comptable, gestionnaire, modèle de droiture et depuis peu garde d'enfants, psychanalyste voir carrément psychiatre, la liste des attributions de Shion grandissait à vue d'œil. Alors rajouter la fonction d'amant, ça, c'était inenvisageable. Donc depuis peu, à son emploi du temps, le Pope avait ajouté un créneaux "engueulades" et prié Dohko de ne venir le voir qu'à cette occasion. Les murs du temple avait tremblé pour finalement laisser place à un silence pesant, la Balance l'ayant quitté précipitamment. Mais pour l'heure, celui qui se tenait devant lui hors du créneaux "doléances" n'était autre que l'aîné des gémeaux. Bien entendu Shion fut tenté de le mettre à la porte aussi vite qu'il était venu et c'est d'ailleurs ce qu'il s'apprêtait à faire, lorsque, levant sur lui son regard parme, il était resté stupéfait de voir autant de mélancolie dans celui du gémeau. Soupirant, il avait posé son stylo et d'un geste, invité à s'asseoir.

- Saga, je t'accorde 5 minutes, désolé, pas une de plus, je suis débordé...

-... Vous faites quoi ?

Shion plisse le nez une seconde, traduisant un brin de méfiance récurrent, chaque fois que le 3ème gardien se mêle des affaires popales. Mais il se reprend très vite, chassant de son esprit les derniers souvenirs d'un Saga au double maléfique et conscient de l'atout que peut représenter son expérience et ses qualités pour son travail. Néanmoins, il n'a pas pu contenir cette légère ride nasale qui fait soupirer l'ex-Pope désormais totalement certain d'une chose : Il a commis l'erreur de venir pousser cette porte. Oui, il faut bien avouer qu'il a hésité à le faire. Saga confier un souci dont il ne parvient à trouver l'issue, c'est un phénomène rare. Mais choisir le Pope pour le faire, c'est strictement inimaginable. Et pourtant, dans ce cas précis, Shion est bien le seul à pouvoir l'écouter et porter un jugement totalement impartial sur son affaire. Une belle erreur visiblement. Il se lève pour partir et est retenu de justesse par un Pope qui s'est élancé de l'autre coté du bureau.

- Attends ! Puisque tu es là... Tu sais ce qu'on va faire ? Certes j'ai peu de temps à te consacrer... Mais si tu m'aides à éplucher toute cette odieuse paperasse, peut-être bien que ça nous servirait à tous les deux et dans tous les cas, nous aurons le temps de parler.

Et les prunelles du gémeau s'illuminèrent à en sidérer le Pope durant quelques secondes.

- Très sincèrement ce sera avec plaisir, si je peux vous apporter mon aide.

Il ne peut y avoir que Saga pour aimer s'adonner à des travaux aussi pénibles qu'ennuyeux. C'est à se demander s'il aime ce genre d'obligations, ou si au contraire il s'en afflige avec plaisir pour épurer sa dette. Car oui, lorsque Kanon, au cours de leurs nombreuses disputes, lui balance en pleine face qu'il n'est qu'un drogué de la mortification, il n'a pas vraiment tord. Et c'est bien là l'un des sujets de prédilection des jumeaux lorsqu'ils en manquent pour se quereller. Quoique ces derniers temps, vu l'humeur du cadet, un simple couvert posé légèrement de travers pouvait prétexter une dispute.

- Puisque je te le dis... Et puis ça me permettra de me consacrer tout entier à la nouvelle décision divine "très particulière" dont je vous ferai part demain... La voix de Shion s'était faite, à la fois sarcastique et anxieuse, laissant imaginer une nouvelle lubie divine révolutionnaire.

Saga commence à se faire une place sur le bureau, entre les multiples brouillons de Shion, tous raturés, voir froissés ou déchirés, sa tasse de thé vide, la théière qui l'était tout autant, deux piles de dossiers et quelques vieux livres, parfois ouverts, ou bien fermés, marqués de nombreux marques pages. Même le rangement du Pope, il le fait avec une application inquiétante. Shion préfére aller refaire du thé.

- Bien... Alors, ça concerne Kanon...

- Tiens donc... Qu'est-ce que monsieur calamité a encore fait ?

- Kanon n'est pas une calamité. Il est merveilleux.

- Une merveilleuse calamité oui, je n' ai pas dit le contraire... L'Atlante revient avec le thé en train d'infuser, se réinstalle derrière son bureau, s'appuie sur les accoudoirs, enlace ses doigts entre eux et fixe l'ex-assassin. Aller continue...

- En plus le coupable dans l'affaire, c'est surtout moi...

- Le contraire m'eut étonné...

Saga grimace et se tait quelques instants.

- C'est ironique Saga enfin ! Tu as fait quoi pour avoir un problème avec Kanon ? De quoi t'es tu rendu coupable ? Tu lui as volé sa brosse à dents ?

- J'imaginais, visiblement à tord, que nous pourrions discuter sérieusement.

- Effectivement Saga mais il faut bien que tu comprennes que t'en vouloir sans cesse pour trois fois rien dès qu'il s'agit de ton cadet, devient légèrement pathétique...

- Non mais là c'est différent...

Shion soupire et se met à l'écouter.

- Hier soir nous sommes rentrés de la fête d'Aldébaran en étant un peu... Enfin nous avions légèrement trop bu je crois...

- Comprendre : nous ne tenions plus debout tellement nous étions ivres... Je traduis au fur et à mesure hein... Je rajouterai "interprète" à ma liste de fonctions...

Saga grimace, mais nier serait revenu à mentir. Il poursuit donc.

- Nous avons gardé Milo avec nous, il était épuisé et nous nous entendons plutôt bien...

- Milo était donc incapable de tenir debout aussi... Continue...

- Je lui ai donné ma chambre, Kanon est parti dans la sienne, j'ai pris le canapé...

- J'espère que tu ne te sens pas coupable de ça parce qu'autrement je jette l'éponge moi...

- Shion !

- Oui oui, bon vas y poursuis...

- Et bien ce matin c'est du lit de Kanon qu'il sortait et bien entendu il insinuait qu'il s'était passé quelque chose entre eux.

- Je t'arrête tout de suite Saga... Tu sais bien que ce genre de sujet, au Sanctuaire d'Athéna, il faut mieux que vous le gardiez pour vous, plutôt que de m'en parler à moi. Je suis tout de même son Pope et je ne peux rien lui cacher, du moins si elle demande et tu te doutes que c'est le genre de thème que je n'ai pas la moindre envie d'aborder avec elle ! Vous êtes des chevaliers d'or, vous savez à quoi vous êtes astreints, surtout sur le plan de la moralité.

Pour la première fois depuis bien longtemps, Saga esquissa un sourire un peu narquois.

- Quoi ?

- Allons Shion... Le huitième et le douzième temples sont bien entre le septième et le treizième non ?

Shion afficha toute sa méfiance.

- Je ne vois pas où tu veux en venir...

Disons plutôt qu'il refusait de voir où Saga voulait en venir mais au fond de lui, il ne pouvait que comprendre, avec horreur, l'insinuation du gémeau. Car oui, le scorpion et le poisson étaient certainement, avec le cancer, deux des plus grandes observateurs du sanctuaire. Alors de toute évidence, les trajets de Dohko depuis le le 7ème temple à toute heure du jour et de la nuit, enfin surtout le soir et le matin - très tôt- d'ailleurs, ne pouvaient leur avoir échappés. Partant du principe que le chinois était allergique à tout objet représentant de près ou de loin à un stylo ou à un bout de papier, il était facile d'en conclure qu'il ne passait pas des heures à l'aider dans l'administration du Sanctuaire. Il restait bien l'hypothèse soulevée par Shaka l'ingénu selon laquelle ils conversaient de leurs souvenirs du passé, certes, 250 ans ça prend du temps à raconter, mais c'était sans compter sur la personnalité très particulière de la Balance. Le problème entre le couple le plus ancien du sanctuaire était bien là : Dohko était aussi franc et libéré en matière de sexe que Shion était réservé sur le sujet. Réservé dans le sens où il prônait la discrétion et qu'il ne se sentait pas coupable de mentir sur la réalité pour conserver une image idéale d'un saint Pope d'Athéna. Aussi réservé dans les apparences, que licencieux au lit. Et même si ces derniers temps Dohko était plus souvent mis à la porte qu'invité à partager ses draps, il tentait chaque soir les mêmes voyages, ne serait-ce que pour l'observer travailler.

Alors il fallait mieux éviter le sujet...

-... Mais peu importe, continue ton histoire. Hem...

Saga lâche un léger sourire entendu et poursuit.

- Et bien j'ai questionné Kanon, mais il a catégoriquement refusé de me donner une réponse claire. Il m'a juste dit, qu'il n' en avait pas le souvenir. Par l'Olympe mais il devait bien le savoir ! Je vous passe les détails de sa tenue vestimentaire en sortant du lit, ou plutôt de son absence de tenue. Alors évidemment, mon ingérence dans sa vie l'a poussé à se mettre en colère contre moi. Je ne peux que le comprendre, du moins après coup, hélas. Je me suis excusé pour m'être immiscé dans ses affaires de cette façon, c'est vrai, c'était idiot et malvenu. Mais il a ignoré mes paroles et depuis, il m'évite. Toute la mâtiné à l'entraînement il ne m'a pas adressé un regard. J'ai bien essayé par cosmos interposé, mais il est imperméable. Depuis notre retour, je ne cesse de tenter des approches, et j'ai cette fois l'impression d'avoir gâché le peu d'évolution qu'a connue notre relation. Très honnêtement, j'ignore même ce qui m'a pris de venir vous en parler. Peut-être que de mettre des mots sur nos difficultés peut m'aider à y voir clair.

- Bon, bon bon... Commençons par le début... En quoi une relation entre Kanon et Milo te dérange ? Non pas que j'approuve bien entendu, au contraire, Milo, perverti par Kanon, le fidèle Milo...

- Shion ! Kanon ne pervertit personne et très honnêtement, Milo ne l'a pas attendu pour ce genre de choses !

- Ça ne répond pas à ma question...

- Parce qu'ils sont amis et qu'aucun d'entre eux n'a envie que ça change ! Alors d'accord, une aventure, juste comme ça, parce qu'ils sont seuls, je veux bien l'admettre, ça peut arriver...

- Ça n'est pas censé arriver non...

- Oui mais c'est un fait, ça arrive et je ne vais pas leur jeter la pierre. Vous si ?

- Ça n'est pas le sujet, poursuis...

- Vu l'extrême gâchis que représente sa relation avec Camus depuis notre retour, je trouve que oui, c'est malvenu. Et que Kanon complique encore plus les choses en se rendant complice de l'aggravation de leur querelle, je suis absolument contre ! Ça n'est pas comme si Camus et Milo traversaient un simple petit froid passager non, c'est carrément l'ère glacière entre les deux ! Et étrangement, c'est au Verseau que ça plaît le moins ! Quand à Kanon, je n'ai pas envie qu'il se mette Camus à dos, ni qu'il s'en veuille ensuite d'avoir compliqué la chose, et surtout pas qu'il sacrifie l'amitié qu'il a avec Milo parce que c'est bien la seule personne avec laquelle il s'entend ici... Ça j'ai du mal à comprendre d'ailleurs. Mais s'il n'avait plus Milo, ce serait dramatique...

- Tu ne crois pas que ton frère a pu penser que tu le sacrifiais au profit de Camus ?

Éclat de stupeur et de drame dans les yeux du troisième gardien.

- Tu débarque dans sa chambre, tu lui demandes des comptes sans aucune explication, alors que tout le monde sais ici que Camus fait partie de tes quatre plus proches amis, pour ne pas dire le plus proche des quatre et tu t'étonne que Kanon prenne mal ta réaction ? Alors que tu souligne avec insistance que d'ami, lui, il n'en a qu'un, que c'est Milo, qu'ils sont libres tous les deux vu que ce dernier est "en froid", comme l'expression est bien trouvée, avec Camus et qu'ils ont donc tous les droits de s'accorder une nuit, même sans lendemain, si on oublie le fait qu'ils sont chevaliers d'Athéna, bien entendu, c'est un détail...

La voix de Shion s'était faite ironique mais déjà Saga n'entendait plus, noyé sous la culpabilité et la vague de sentiments qu'il imaginait avoir lui même envoyé ravager son propre frère. Shion soupire... Il est peut-être allé un peu trop loin, encore une fois.

- Saga, il serait largement plus constructif, maintenant que tu as compris, de chercher le moyen de t'expliquer auprès de lui, sans le forcer et sans tourner autour du pot en risquant d'aggraver plus encore la situation. Mais après le travail que je t'ai confié !

Saga opine et se met au travail sans un mot de son coté du bureau tandis que Shion reprend son ouvrage.

- Elles sont si graves les dernières décisions d'Athéna ?

- Hum... Grave n'est pas le mot... Disons qu'elles sont... Renversantes.


Enfer - Première prison - Tribunal

Dans le bureau du griffon, les trois juges parlementent. Ou plutôt, deux des juges discutent et le troisième écoute, ou du moins fait semblant. Minos est à son bureau, Eaque lui fait face, de l'autre coté, installé dans un fauteuil, une jambe relevée sur l'accoudoir et Rhadamanthe est à quelques mètres, appuyé à la fenêtre, un verre de scotch à la main, le regard posé à travers le carreau vers l'Acheron. Tous trois en tenue de juges, longue robe noire cousue de motifs au col et aux bras rappelant l'écu d'Hadès et le signe de leur étoile maléfique. Depuis la fin de la guerre, seuls les gardiens des prisons portent encore le surplis de façon continuelle.

- Ça n'est pas une bonne idée j'en reste convaincu...

- Minos, c'est une décision divine, il ne nous appartient pas de la juger, hélas...

Soupire du marionnettiste.

- Une décision Divine Eaque ? Je crois plutôt que c'est un caprice de Pallas réincarnée dans le corps d'une humaine trop gâtée qui a toujours eu ce qu'elle voulait.

- Peut-être, mais même si je te le concède, il n'en demeure pas moins que nous ne pourrons rien y changer et que cette rencontre se passera comme elle l'a décidé. Rhadamanthe ? Tu n'as pas un avis sur la question ?

Les deux juges reportent leur attention sur lui, le forçant à détourner son regard de l'extérieur.

Le blond soupire longuement avant de leur répondre avec le ton le plus détaché qui soit.

- Vous avez tous deux raison, seulement vos pensées se complètent, comme toujours... C'est effectivement une mauvaise idée. Ce sera l'occasion de mettre en présence des gens qui de toute évidence ne pourront pas mettre de coté leurs différents. Mais comme le dit Eaque, peu importe... C'est une décision divine et c'est aussi celle d'Hadès, Minos... Alors nous irons...

- Je te trouve étrangement accommodant ces derniers temps...

- Je ne discute jamais un ordre d'Hadès. Plus sûrement ceux de Pandore...

- Et cette décision n'est pas de mon fait ! S'exclame la brune en rentrant dans le bureau du Griffon. Rhadamanthe... C'est toi que je suis venue voir... La brune avance jusque la fenêtre sans porter la moindre attention aux deux autres. La wyverne baise la main tendue par obligation sans pour autant manquer d'application avant de redresser son regard ambré vers Pandore.

- Altesse, que puis-je pour vous ?

- Je n'en vois aucun autre que toi, plus susceptible de recevoir l'honneur de m'avoir pour cavalière lors de notre séjour sur Terre.

Eaque et Minos échangent un regard compatissant tandis que Rhadamanthe ne laisse filtrer aucune expression. « Cavalière », le mot était étrange. Il allait falloir la suivre dans tous ses déplacements pour assurer sa sécurité. Et il fallait s'attendre à une chose : Pandore allait parader, comme à son habitude et entraînerait le blond partout avec elle en restant solidement accroché à son bras. Il serait donc affecté personnellement à sa protection, éloigné d'Hadès et surtout, de sa tranquillité. Une autre raison à son mécontentement ? Non, aucune qui soit vraiment acceptable. Après tout Pandore est la sœur d'Hadès et son Dieu lui recommanderait sûrement de se plier aux volontés de sa chère sœur.

- Il en sera fait selon votre volonté Altesse.

- Exquis...

La brune se retourne vers les deux autres en leur adressant un regard des plus sévères et quitte la pièce aussi vite qu'elle s'y était introduite.

- Elle se déplace maintenant ?

- Pour espionner sûrement...

Rhadamanthe se tourna à nouveau vers l'Achéron sans répondre.

- Rhadamanthe...

- Eaque, vas expliquer à Hadès que j'ai refusé de tenir compte de son pardon en désobéissant aux ordres de Pandore... Et puis tu n'as aucun souci à te faire, je sais ce que je fais, surtout avec elle

Et pourtant rien n'était moins certains que cette affirmation. Hadès a pardonné à Pandore, obligeant ainsi son armée à observer la même allégeance à son égare que par le passé. Pour Minos et Eaque, les choses sont différentes. Certes ils ont accepté la décision de l'Empereur, mais leurs rapports avec sa sœur ont évolué d'une obéissance soumise à une obéissance dépendante de l'approbation d'Hadès. Pandore s'est donc rejetée sur le blond auquel elle prodigue toutes ses attentions et sur lequel elle jette désormais tout son dévolu, positif comme négatif.

- D'ailleurs nous ferions mieux de nous remettre au travail... Charon vient d'amener du monde...


Sanctuaire - 1ère maison

Retrouver Kanon.

Pour l'heure c'est la seule préoccupation de Saga. Tenter de renouer avec lui, lui dire qu'il l'aime, qu'il lui est nécessaire. Non ça c'est trop égoïste... Lui dire qu'il lui manque, qu'ils ont déjà perdu assez de temps - par sa faute – oui c'est cela, par sa faute, ne surtout pas culpabiliser son cadet. Et puis lui dire quand même, qu'il ne s'est jamais senti aussi entier que depuis qu'il l'a retrouvé. Et si son cadet s'enlise dans ce refus de lui pardonner ? Et si Kanon lui rit au nez en prétendant qu'il fera comme il a toujours fait : sans lui ? Pire encore, s'il lui dit qu'il ne partage aucun de ses sentiments, qu'il s'est fait tout seul et qu'il entend bien à ce que cela continue ?

Retrouver Kanon.

Et puis on verra. Le reste à peu d'importance, il faut qu'il sache qu'il l'aime, tant pis s'il doit entendre le pire. Au moins Kanon gardera dans un coin de son esprit à quel point il compte pour son aîné.

Et à force de réflexion sur une réaction qu'il ne peut maîtriser, le voilà planté devant la maison du bélier. Avec un peu de chance, Mu sera à l'arène, ou trop occupé à réparer une armure, à donner une leçon à son disciple, ou à boire un thé avec qui que ce soit. Car depuis leur retour, s'il croise Mu lors de certains entraînements ou durant les réunions, Saga s'arrange toujours pour ne jamais être seul en sa compagnie. Non pas qu'il lui fasse peur... Quoique si peut-être, à bien y réfléchir, c'est bien par peur qu'il évite l'isolement avec le bélier. Peur de son regard. Ce regard si percutant de l'Atlante, ces yeux verts qui forcent son âme et s'insinuent en lui pour parcourir son esprit et y lire ses sentiments aussi aisément que dans un livre ouvert. Ce regard qui viole ses pensée pour en dévoiler le moindre secret, même les mieux gardés. Et contre ces deux yeux si perturbants qui caressent avec tant d'ardeur l'intimité de son esprit, l'aîné des gémeaux sait qu'il n' a jamais eu la force de lutter. Jamais. Et Mu l'a bien compris.

Comme ce fameux matin, où le petit bélier devait avoir cinq ou six ans. Trois jours que Kanon, dont personne ne connaissait l'existence parmi les novices, n'avait plus donné signe de vie. Une fugue inhabituelle et réellement inquiétante. L'adolescent qu'était Saga s'était laissé aller à la mélancolie, phénomène assez rare chez lui, pour que le petit tibétain s'en trouve alarmé. Il n'avait rien dit, s'était contenté de rester à ses cotés, ses deux grands yeux verts si particuliers, plongés dans ceux de son aîné, clignant de temps à autre, durant de longues minutes. Saga avait fini, presque sans y réfléchir, par y plonger les siens lui aussi, en retour, interloqué et attiré par cet étrange manège. Ils s'étaient souris, après quelques minutes, le gémeau à dix lieues de ses soucis. Non pas que l'inquiétude quant à l'état de Kanon ait totalement disparue, mais il s'était senti comme assuré qu'il allait bien. Quant à Mu, il n'avait posé qu'une seule question. Quelques mots, pour une révélation.

- Kanon, c'est joli comme prénom. Il te ressemble vraiment beaucoup ?

Les yeux de jade s'étaient illuminés.

- ... Ça fait longtemps que tu sais Mu ? Ça fait longtemps que tu arrives à faire ça ? Shion sait-il que tu peux le faire ? Quelque part l'enfant l'effrayait parfois. Certes c'était l'élève du Pope, mais le petit bélier avait une maturité précoce et c'en était aussi triste qu'impressionnant. Son cosmos sagement caché était en réalité bien plus développé qu'il ne le laissait penser, derrière ses airs si enfantins.

Le petit plissa le nez.

- Juste avec toi. Et pour Shion... Je ne sais pas, il ne m'en parle pas, mais il sait tout, maître Shion...

Et depuis ce jour là, Saga sait qu'il ne peut rien contre ce regard. Mais plus que de lire en lui, Mu avait cette faculté d'adoucir les tissus de son esprit, par la caresse apaisante du sien. C'était thérapeutique. Mu était un remède. Remède à ses angoisses, à ses peines, à ses doutes. Et ce depuis toujours car il faut bien admettre que si Saga prenait très à cœur son rôle d'aîné parmi les novices, aucun ne passait autant de temps à ses cotés que le petit bélier. Son aspect si fragile qui appelait sa protection ? Ce goût en commun pour la littérature ancienne ? Ou plus simplement le fait que le petit mouton parme lui vouait un culte bien au delà de l'admiration dont faisaient preuve les autres enfants ? Le besoin, impérial chez Saga, de se sentir aimer ? Tout à la fois probablement, pour donner un duo soudé, qui pouvait sembler bâti pour surmonter toutes les épreuves, mais dont il estimait aujourd'hui, qu'il avait lui même brisé les fondations. Et de cette culpabilité, de ce gâchis, était né ce besoin d'éviter de croiser Mu, et saint Saga s'en trouvait encore plus coupable.

Lorsqu'il traversa le couloir sacré du 1er temple, les petits pas de Kiki résonnèrent sur le marbre pour stopper net à quelques mètres lorsqu'il aperçut Saga. Interloqué le gémeau s'arrêta lui aussi, s'interrogeant sur le regard méfiant et colérique du petit roux resté à distance respectable. Le mini bélier prit une mine boudeuse et croisa les bras.

- Hummmm... Tu es Saga ou Kanon ?!

Saga esquissa un sourire. C'était donc ça. Il n'avait pas l'habitude.

- Ne peux tu pas le deviner, peut-être futur chevalier du bélier ? Défia Saga, l'air amusé.

Le petit bélier courut jusque lui en souriant.

- Saga !

- Oh et bien voilà qui fut rapide. Saga oui, tu as très bien jugé. Comment tu as fait ? Je n'ai pas cru ressentir le moindre cosmos..

Le petit se mit à rougir gêné de ne pas avoir pu employer ce genre de méthode devant un illustre aîné.

- ... Kanon m'aurait déjà dit une phrase méprisante en disparaissant... Dans le meilleur des cas...

L'étonnement se dessine que le visage du chevalier.

- Kanon te pose problème ?

- Non Non ! Je voulais pas dire ça Saga ! Saga esquissa un nouveau sourire devant la gène de l'enfant. C'est juste qu'il me déteste ! Et il se dispute souvent avec Mu à ce sujet... Le petit bélier pique du nez, honteux en tordant ses doigts entre eux.

Et durant quelques secondes l'ainé observe l'enfant, réfléchissant à la réponse la plus constructive à lui donner et s'accroupit à sa hauteur.

- Tu sais Kiki je comprends que tu lui en veuilles et que tu te méfies même si je reste persuadé que mon frère ne te ferait pas le moindre mal. Mais... Je crois qu'il ignore complètement la façon dont il doit se comporter avec toi. Or, pour Kanon, la meilleure défense reste l'attaque. C'est ce qui lui a permis de se survivre. Je suppose que le fait d'ignorer comment te considérer, le pousse à te bousculer un peu... Ça ne veut pas dire qu'il faut tout lui pardonner, non, mais tu vois, en t'expliquant cela, je réalise moi aussi pourquoi il se comporte avec moi comme il le fait et en ayant bien en tête cette raison, peut-être que l'on trouvera ensemble la façon de le rassurer pour qu'il soit serein à nos cotés. Alors, tu m'aides à trouver la façon de rassurer Kanon ?

Kiki fait la moue quelques seconde avant de se parer d'un grand sourire et d'en faire la promesse. Après tout, le mini bélier adore s'occuper des affaires des grands et que Saga ne le considère pas comme un enfant au point de l'investir d'une mission hautement importante ne peut que satisfaire l'apprenti. Il peut aider Saga, l'ancien Grand Pope, le chevalier des gémeaux. Oui, c'est sûr, il y parviendra. Saga le remercie.

- Et dis moi Kiki... Il... Il est dans les parages ton maître ? Ajouta t-il en détournant les yeux vers la colonne la plus proche dont le marbre revêtait d'un coup une importance capitale.

- Tu veux voir Mu ! Je cours lui dire Saga !

- Hey attends ! Kiki !

Le petit revînt sur ses pas, dépité.

- Je n'ai pas dit ça voyons... C'est juste que... Je passe par ce temple donc logiquement... Je demande où est son gardien...

- Tu ne fais pas cet effort habituellement...

La voix de Mu. Calme et pourtant chargée de reproche, venait se s'élever derrière lui. Saga ne se retourne pas, restant accroupit face à l'enfant qui court vers son maître.

- Maître Mu ! Saga m'a donné une mission !

- Je sais Kiki, j'ai bien entendu. Lui répondit l'Atlante avec une douceur visant à calmer l'emportement de l'enfant.

Saga soupire discrètement, se redresse et se décide à faire face.

- Bonjour Mu... Kiki, ça n'est pas une mission, c'est plus... un service que je te demande, un peu comme celui que tu viens de me rendre en me forçant à réfléchir sur le comportement de Kanon. Rien ne m'autorise à te le demander d'ailleurs et... Bref... Je ferais mieux de partir...

Mu était un bélier, un vrai, d'un calme Olympien, d'une réflexion à toute épreuve. Et pourtant en cet instant, il bouillait intérieurement. En environ 20 secondes, Saga venait de le saluer sans même le regarder, en seulement deux mots, pour de suite reporter son attention sur son disciple, s'efforçant de justifier les paroles échangées avec l'enfant comme si elles avaient été coupables, pour enfin annoncer sa fuite comme "préférable" ?

- Non mais tu te moques de moi Saga ? Le ton trahissait malgré tout légèrement sa colère. Il y avait une pointe d'incompréhension et de reproche.

Et c'était si rare que le gémeau détourna lentement, très lentement, son regard vers le sien. Il y resta accroché, sans même prononcer la moindre réponse. La dernière fois qu'il avait pu regarder Mu dans les yeux, il était un renégat, et dans ce sublime regard vert, il n'avait vu qu'incompréhension, inquiétude et douleur. Même pas de reproche. Les reproches, il les voyait maintenant, alors qu'il était redevenu l'un des leurs. Et puis le visage de l'Atlante s'apaisa, de toute façon Saga n'entendait plus rien, il ne faisait que contempler cette beauté apaisante, puisant à la source du problème, le courage nécessaire pour l'affronter.

- Tu te moques de moi Saga, parce que tu évites avec la plus grande application que nous nous retrouvions dans une situation qui nous permette d'échanger quelques mots et ce, depuis notre retour. Je t'ai même entendu invoquer des excuses toutes moins valables les unes par rapport aux autres. Tu débarques chez moi, tu t'enquières de ma présence et tu comptes partir sans me voir ? Ton impolitesse me surprend, elle est loin de te ressembler. Tu me salues à peine, pour ne pas dire pas du tout. Je n'attends pas de toi un salut extravagant, mais juste que tu daignes me dire bonjour en me regardant. Mais au lieu de ça, tu reportes ton attention sur Kiki. J'ai entendu votre conversation, et je ne vois pas pourquoi tu cherches à t'excuser ou à minimiser ce que tu lui as dit. Ou bien as tu si peu confiance en mon jugement ? Jugement que d'ailleurs tu ne cherches pas à connaître, puisque tu t'apprêtes à fuir une fois de plus en sous-entendant que "cela vaut mieux" ? Comment dois-je le prendre exactement ?

Le gémeau grimaça, Mu n'avait pas tord et ce genre de comportement ressemblait peu à la noblesse dont il avait toujours -enfin presque – fait preuve, une noblesse mêlée de courage et d'assurance.

- Mu... Si je dis que je ferais mieux de partir c'est justement parce que je ne veux pas empirer les choses, soit par mon silence, soit par des mots qui seraient inadaptés. Ça n'a rien à voir avec toi...

- Tu as raison ça n'a rien à voir avec moi si tu restes silencieux ou si toi, Saga, pour la première fois de ta vie, tu crains de ne pas trouver les mots. C'est très logique... De toute façon, tu n'as pas le choix, tu es encore chez moi et je suis seul à décider qui passe. Dans ton cas, tu ne passeras pas. Pas avant d'avoir tenté de m'expliquer. Et je ne veux pas entendre que tu es désolé. En fait, que tu sois désolé n'a aucune espèce d'importance. Ce que je veux comme réponse c'est : Pourquoi. Cristal walls !

Et le passage du couloir sacré fut condamné.

- Mu, mais enfin !

- Enfin quoi ? Enfin je t'oblige à parler? Alors vas y Saga, parle, tu n'as que ça à faire. Kanon est en bonne santé, à l'arène, il s'est déjà battu et Milo est avec lui, il n'est pas seul. Passons à tes amis maintenant... Angélo et Aphrodite sont chez le cancer, inutile de souligner qu'ils n'ont pas besoin de compagnie. Camus est toujours aussi déprimé, mais ça n'est pas en fonçant le voir, que tu résoudras le problème. Shura est parti le réconforter de toutes façons... Tu as un peu de temps pour tes "anciens" amis ?

Toc toc Toc

Dohko attendait, bras croisés, de l'autre coté du mur. Mu, un brin agacé, révoqua le premier coté et le réinstaura de suite après l'entrée de la Balance.

- Les enfants, je dois vous dire un truc... Si vous voulez vous jeter l'un sur l'autre pour faire l'amour jusqu'à n'en plus pouvoir sans risquer d'être dérangés, faites le entre 4 murs oui, mais Mu franchement, pas des murs transparents ! Parce que là c'est sûr, vous allez avoir des spectateurs...

Les deux gardiens fixaient le dernier arrivé avec stupéfaction, Mu s'empressa de couvrir de ses mains les oreilles de Kiki, mais Dohko n'abandonna nullement son air détendu et hautement amusé. Mais chez Saga, la stupéfaction cédait de plus en plus la place à une folle envie de rire, comme lorsque votre esprit croule sous la pression et qu'elle s'évacue brutalement sous une impulsion inattendue. Dohko alla s'appuyer sur son épaule et les regarda tour à tour.

- Tu vois Saga, je vais te faire part de mon expérience. Les Atlantes, niveau sexe, c'est super trompeur. En apparence, tu leur donnerais Athéna en confession, mais alors une fois qu'ils ont refermé les portes - ou les murs - là tu comprends toute la dimension du mot "plaisir" ! Bon courage mon ami ! Il tapota plusieurs fois l'épaule de Saga avant de se tourner vers Mu, livide de stupéfaction et de lui montrer le second mur à ouvrir.

- J'aimerais autant ne pas vous gêner dans ce premier rendez-vous donc si tu me laissais passer, ça serait bien !

Mu répéta pour le second mur, la même opération que pour le premier, sans se dépeindre de son nouveau coloris. L'avantage dans tout cela, c'est qu'il n'attendait plus la réponse de Saga puisqu'il avait de toute façon oublié la question.

- Mu... Je ne te considère pas comme un "ancien" ami...

Saga avait le premier retrouvé le fil de ses idées, merci Dohko pour ce déblocage de situation bélier ferma trois secondes les yeux en inspirant profondément, prêt lui aussi à reprendre la conversation.

- Force est de constater que tu passes ton temps avec les anciens renégats et je déplore, crois le bien, que 12 heures de vos vies, aussi intenses fussent-elles, remplacent toutes ces années que nous avons passées ensemble. C'est malsain, Saga, de ne pas dépasser cette... épreuve.

- Tu as probablement raison...

- Ça je te le confirme oui, assura le bélier souriant. C'est indéniable, il avait gagné en assurance après toutes ces années. Ce que je veux savoir c'est pourquoi tu fais ça.

- Alors... Est-ce que nous prenons le risque de nous affliger nous même en nous exposant aux commentaires de tous ceux qui vont remonter de l'arène pour voir lequel osera pousser les détails plus loin que Dohko ?... Ou est-ce que tu m'invites à boire un thé chez toi ?

A cette réponse, Mu resta stupéfait durant quelques secondes. Des semaines que Saga l'évitait avec un soin méticuleux pour finalement presque s'inviter lui-même.

- Ah tu... On va boire ce thé ! Viens !

Les appartement privés du temple du bélier bénéficiaient d'un confort tout aussi spartiate que celui des autres temples. L'espace était restreint, la pièce à vivre était prolongée d'une cuisine séparée par une console. Bien entendu la décoration et le mobilier étaient chez Mu d'inspiration tibétaine, en tous cas pour les ornements.

- Assieds toi, je vais chercher le thé. Kiki, je te le confis, méfies toi, il est capable de tenter de s'échapper.

La petite main du rouquin s'empare de celle de Saga pour le pousser à s'installer dans le canapé , histoire de tenir son rôle de gardien très sérieusement.

Mais alors que Mu amenait le service à thé, Kiki voit les deux chevaliers se raidir tandis qu'ils échangent un regard inquiet avant de courir vers le couloir sacré.

L'explication allait devoir attendre.