Blabla préalable: J'ai décidé de dédier cette fiction à Pou-chan et Panda-chan, les deux personnes qui m'ont converties à Death Note, à la fanfic et au yaoi. Parce que sans elles, elle n'aurait tout simplement pas vu le jour, et que si j'en suis aujourd'hui à publier ce prologue, c'est qu'elles me poussent à écrire à grands coups de pieds au derch. Voilà. Merci mes chatons :)

Sinon, ce prologue, comme Pou-chan me l'a fait remarquer, est relativement long. Et peut-être un peu lourd. C'est à dire qu'il me sert essentiellement à m'habituer à écrire selon les pov de L et de Light et que, une fois que j'ai eu fini de le taper et tout et tout, ça me faisait mal au coeur d'en enlever des morceaux. Je l'ai un peu modifié depuis mais si peu qu'il reste long et inutile. Alors je vous présente toutes mes excuses. Voilà.

Bonne lecture (j'espère).

Prologue.

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"L'avantage des émotions, c'est qu'elles nous égarent ; l'avantage des sciences, c'est qu'elles ne font pas de sentiments."

Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray)

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Il est des choses en ce monde qui ne devraient pas exister. Il est des choses auxquelles Light Yagami niait le droit d'exister. Du fond de son cœur. Les criminels, bien sûr, en faisaient partie. Les sentiments aussi. Quelle utilité que d'éprouver des sentiments? Ridicule, pitoyable. Une faiblesse. Les dieux n'éprouvent pas de sentiments. Et il était un dieu. Le Dieu de ce nouveau monde. Il était Kira. Il était Dieu. Il était la Justice. Avez-vous déjà vu la représentation de la Justice? Mais si, cette femme qui tient une balance. Ses yeux sont bandés. Elle n'a pas de sentiments. Elle est impartiale. Et Light Yagami était la Justice. Il était de son devoir de juger les criminels. Il était de son devoir de venger.

Ainsi pensait Light Yagami. Il se savait destiné à régner sur un nouveau monde, un monde dépourvu de criminels. Un monde parfait. Le Death Note l'avait choisi, lui avait donné le pouvoir de juger, le pouvoir de condamner. Il était la Justice. Cette certitude était ancrée au plus profond de son cœur, gravée en lettres d'or dans son âme. On ne recule pas devant sa destinée. Combien d'hommes cherchent le sens de leur existence? Light connaissait celui de la sienne. Light savait.

Et pourtant. Pourtant, un homme avait réussi à insinuer un doute imperceptible au plus profond de son cœur. Une légère ombre, presque invisible, dans un coin du tableau de ses certitudes. Un homme? Pas un simple homme, parmi la lie que représente le commun de l'humanité. Pas un homme ordinaire, non. Une élite. Une élite au-dessus des élites. Un cerveau aussi performant que le sien. Un égal. Un adversaire à sa hauteur. Enfin. Un adversaire sans nom. Sans visage. Jusqu'à aujourd'hui.

-Je suis L.

Le cœur de Light rata un battement. Mais son visage n'en laissa rien paraître. Ce garçon bizarre, à peine plus vieux que lui, avec ses grandes cernes et sa manière de se tenir, était L? Non, L ne révélerait jamais son identité. Ridicule. Impensable. Et pourtant, possible. Une balance dans l'esprit de Light oscillait entre "ridicule" et "possible". Entre "possible" et "probable". Il choisit une solution de facilité. Un passe-partout. Sait-on jamais.

-Si c'est vrai, alors tu es une des personnes que j'admire le plus, répondit-il.

Une voix neutre, mesurée. Là. Alors L, qu'en dis-tu? Light s'autorisa un vague sourire avant de reporter son attention sur la scène. Du moins en apparence, car son esprit tournait et retournait la révélation dans tous les sens.

-Je te remercie. Je te dis ça parce que j'aimerais que tu nous aides sur l'affaire Kira.

A nouveau, le cœur de Light rata un battement. Merde. Mais il se reprit. Il ne pouvait pas se permettre de laisser paraître son trouble. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Le moindre faux pas et L... Light reprit une contenance, feignant d'être absorbé par la cérémonie.

..oOo..

Assis dans sa position habituelle, il observait du coin de l'oeil le jeune homme posté près de lui. 5%. Il y avait une probabilité de 5% pour que ce garçon soit Kira. Son cerveau effectuait mille calculs. Mille probabilités lui traversaient l'esprit, influaient sur le résultat final. Elles croissaient et décroissaient au fur et à mesure d'objections qu'il faisait à ses propres raisonnement, s'entrecroisaient, se mêlaient, s'appuyaient, se contredisaient. Pour en arriver toujours à la même conclusion. 5%.

Plus il observait Light Yagami, plus il le trouvait parfait. Trop parfait. Au sens littéral. Trop parfait. Quelque chose clochait. Sa perfection devait dissimuler quelque chose. Et L découvrirait ce que c'était. L saurait. Nécessairement. L ne pouvait pas ne pas savoir. L saurait simplement parce qu'il était L. Il était le plus grand détective au monde après tout. Aucun secret ne pourrait lui résister bien longtemps. Aucun, fut il caché au plus profond du cœur d'un homme.

La cérémonie s'était terminée. Watari était venu le chercher avec la limousine et il avait quitté Light. Il était désormais dans une chambre d'hôtel, assis devant un écran d'ordinateur. Mais son regard fixait l'écran sans le voir. Son esprit était occupé à tout autre chose. Ses yeux ne voyaient pas un écran. Ses yeux voyaient un visage. Et ils ne parvenaient pas à s'en détacher. Il finirait par découvrir ce que ce visage angélique dissimulait. Il devait comprendre. Il en allait de sa propre vie, si son hypothèse se confirmait. La probabilité était de 5%, mais au fond de lui, il était intimement persuadé d'avoir raison. Light Yagami était Kira. Pour sa raison, il y avait peu de chances (qu'est-ce que 5%?) mais son intuition, elle, en était sûre.

Il esquissa un sourire. Pour percer les défenses de Yagami, il devrait s'en approcher. Pour avoir une chance de l'atteindre, il devrait s'exposer. Si le jeune Yagami était Kira, L risquerait sa vie à chaque instant. Il ne devait baisser sa garde sous aucun prétexte. Jamais. Jusqu'à ce qu'il soit sûr de lui. Jusqu'à ce qu'il soit prêt. Jusqu'au moment de frapper. Et L attendrait le dernier moment pour frapper. La Justice, la véritable Justice, celle qu'il incarnait, ne faillirait pas. Elle frapperait au moment où l'usurpateur s'y attendrait le moins.

..oOo..

Light était assis à son bureau. Il réfléchissait à toute allure. Ryuga Hideki. L. Pouvait-il croire cet homme sur parole? Pourtant, c'était possible. Possible que L le soupçonne, possible qu'il cherche à le pousser à se dévoiler. Mais Light n'était pas si stupide. Il n'allait pas se laisser piéger. Certainement pas. Il était trop intelligent pour cela. En toute modestie.

Si L voulait l'atteindre, il serait obligé de s'approcher de lui. Il tenterait probablement de devenir son ami. Et Light le laisserait faire. Il gagnerait sa confiance. Et, à moment ou à un autre, l'un d'eux commettrait une erreur. L'un d'eux laisserait paraître à l'autre une faille dans son armure. Et à ce moment-là, celui qui aurait été assez stupide pour se laisser avoir aurait perdu. Le perdant mourrait, très probablement. L voulait qu'ils soient amis? Très bien. Ils seraient amis.

-Je vais gagner ta confiance pour te tuer de mes mains, susurra-t-il.

Ryuk à ses côtés se mit à rire. De son rire qui était un ricanement, désagréable à l'oreille. Light sourit. Le Death Note était une bénédiction. Un signe du destin. Avec le Death Note, il ne pouvait pas perdre. Avec une alliance telle que celle de son cerveau et la puissance du cahier, rien ne lui était impossible. Rien ne lui résisterait. Il avait été choisi. Il créerait un nouveau monde, quoi que L puisse en dire. Le détective, fut-il le meilleur au monde, ne pourrait rien contre lui. Light possédait le Death Note. Light serait le dieu d'un monde parfait, quels que soient les obstacles qui se dresseraient sur son chemin.

..oOo..

Les hommes ont besoin de repos. Et les futurs dieux d'un monde parfait n'échappent pas à la règle. Light se retourna dans son lit. Il n'y arrivait pas. Le sommeil ne voulait pas venir. Un jour, il écrirait le nom de Morphée dans le Death Note pour cette offense. Il grogna. Depuis plus d'une heure, il se tournait et se retournait entre ses draps, cherchant désespérément le sommeil. Il était fatigué. Mais il ne parvenait pas à dormir. Chaque fois qu'il fermait les yeux, un visage venait le hanter. Un visage d'une pâleur surnaturelle qui tranchait nettement avec la noirceur du regard qui l'éclairait. Un regard vif, noir comme le charbon le plus pur. Il était persuadé que ce regard était capable de lire en lui. Il était persuadé que ces yeux noirs entourés de cernes avaient eu un aperçu de son cœur. Mais il fallait que cet aperçu en reste un. Un vague aperçu, un souvenir. Pas une preuve. Pour ainsi dire, rien.

Light changea de position pour la énième fois. Il détestait L pour cette insomnie qu'il lui devait. Il marmonna une insulte entre ses dents. Ses yeux, grands ouverts, avaient une lueur de haine. Ils fixaient un point connu d'eux seuls, au-delà du visible. Il ne parvenait pas à se sortir L de l'esprit. Et cela avait comme seul effet de l'énerver plus encore contre lui. Il était près de 4 heures du matin et il n'avait pas fermé l'œil. Il ne manquait déjà pas de raisons pour avoir envie de tuer L sans avoir à y ajouter le manque de sommeil qu'il lui devait.

Il retourna à son lit et s'allongea par-dessus les couvertures, les bras croisés derrière la tête et les yeux fixés sur le plafond, blanc, parfaitement neutre et impersonnel, de sa chambre. Le lieu reflétait l'image que Light donnait de lui au monde extérieur. Immaculé et surtout, parfait. Un homme qui se fondait dans la masse, mais qui, pourtant, sortait du lot. Admirable. Aussi beau qu'intelligent. Il sourit. Il vaincrait L. Cela ne faisait aucun doute à ses yeux.

..oOo..

Light Yagami avait changé. Imperceptiblement. Un changement si léger que personne n'en avait pris compte. Personne sauf L. Parce qu'il était le plus grand détective au monde. Et surtout parce qu'il l'avait sous les yeux H24 depuis plusieurs semaines. Il pouvait sans hésitation dater avec précision le changement. Parce qu'il avait été brusque. Aussi violent et soudain qu'une éruption volcanique. Sitôt qu'il avait croisé son regard, L avait su. Un éclat avait disparu au fond de ses yeux. Ils avaient gagné en innocence, en pureté. L ne comprenait pas comment c'était possible, il se méfiait de la soudaineté de ce changement. Mais cela n'empêchait pas une lueur d'espoir de brûler au fond de lui. Un espoir que Yagami ne jouait pas la comédie.

L reporta son regard sur l'écran qui transmettait en direct la cellule de Light Yagami. Il hésitait. Le relâcher? Oui mais si il jouait la comédie, si il était Kira... Trop dangereux. Mais le laisser enfermé alors qu'il y avait de plus en plus de chances qu'il soit innocent... D'autant qu'il n'avait absolument pas avancé dans son enquête en surveillant ses moindres faits et gestes jour et nuit. Il devait trouver une solution intermédiaire. Une qui lui permettrait d'un coté de le garder à l'œil et de l'autre de pouvoir utiliser ses capacités pour les besoins de l'enquête. Parce que L reconnaissait Light comme son égal. Ça ne lui était jamais arrivé auparavant. Il n'avait jamais reconnu aucun des gamins de la Wammy's comme ayant son potentiel. Mais Light Yagami était différent.

Il se retourna au son d'une porte qu'on ouvrait. Watari entra dans la pièce, un plateau chargé de friandises dans la main gauche. Il referma la porte d'un coup de pied et vint poser le plateau à portée du détective.

- Quelque chose te perturbe?

L se tourna vers lui. Il avait toujours été étonné de la facilité qu'avait Watari à lire en lui. Son regard se planta dans celui du nouveau venu.

- Un peu. J'ai quelques problèmes avec le jeune Yagami.

Watari fronça les sourcils, d'un air sévère.

- Il fait des siennes?

- Non! Non, pas du tout. Simplement, je me demande...

La fin de sa phrase se perdit dans ses réflexions. Watari arqua un sourcil interrogateur. Il soupira avant de lui expliquer:

- Il me pose un problème sur son devenir. Je ne sais pas quoi en faire. J'hésite à le libérer.

- Tu sais pourtant ce que tu risquerais à le faire. Si tes soupçons s'avèrent fondés...

L esquissa un sourire. A force de vivre l'un avec l'autre, ils en étaient venus à développer les mêmes craintes, les mêmes appréhensions.

- Je sais. Je cherche une solution.

Watari sourit et s'assit à côté de lui. L appréciait la présence du vieil homme près de lui. Il était un peu comme un père pour lui. Du moins ce qui pouvait le plus s'en approcher à ses yeux. L aimait Watari. De sa manière particulière d'aimer. Cette manière d'accorder sa confiance, sans geste affectif particulier, mais qui permettait à Watari de se rendre indispensable à ses yeux. Le vieil homme était devenu une sorte de talon d'Achille pour L. Il ne voyait pas sa vie sans lui. C'est pourquoi, en homme d'une froide logique qu'il était, il veillait à ce que Watari reste un cas unique.

..oOo..

Light Yagami. Un nom oxymorique à l'image de l'homme, puisque Yagami signifie dieu de la nuit. Il aimait à penser qu'il était plus proche de la lumière que de la nuit. Premièrement parce qu'il était brillant. Et puis parce qu'il aimait la justice. Et la nuit ne fait pas la différence entre les criminels et les innocents. Le dieu de la nuit considère que tous les chats sont gris, tous sont égaux à ses yeux, quels qu'aient été leurs actes passés. Et Light, dans son ambition d'être détective, voulait être le serviteur de la justice. Et c'est pour cela qu'il avait du mal à comprendre comment L pouvait le soupçonner d'être Kira. Kira était un meurtrier de masse, complètement mégalo, qui se prenait pour un dieu justicier. Et lui, pour brillant qu'il soit, n'avait qu'une ambition: servir la justice. Comme son père l'avait fait avant lui. En tant que détective. Il ne cherchait pas la gloire.

Mais L ne semblait pas voir les choses comme cela. Il avait perdu la notion des jours depuis qu'il était enfermé dans cette cellule. Depuis combien de temps s'était-il constitué prisonnier? Il ne saurait le dire. Mais il savait que cela faisait longtemps. Bien trop longtemps. Et pendant tout ce temps, il n'avait eu comme occupation que ses propres pensées à ressasser. Son cerveau tournait en rond. Il avait l'impression de devenir fou. Et il savait que L le regardait. Qu'il notait chaque aspect de son comportement pour les besoins de l'enquête. Chacun de ses gestes était passé au peigne fin, et influait sur le degré de probabilité qu'il soit Kira.

La probabilité qu'il soit Kira. C'était ridicule. Il n'était pas Kira. Il était innocent, et il espérait que L s'en rendrait vite compte. Être comparé à ce meurtrier de masse était sans doute la chose la plus insupportable de son emprisonnement. Pire encore que son isolement. Pire que son désœuvrement. Comment pouvait-il tolérer d'être considéré comme un criminel, lui qui n'aimait que la justice? Il avait toujours admiré le travail de L, mais maintenant qu'il connaissait ses méthodes, son estime pour le détective avait commencé à se ternir. Sans doute était-ce parce qu'il ressassait cette idée d'injustice depuis des jours.

Il était allongé à même le sol, les poignets noués dans son dos, le regard fixé sur la caméra la plus proche. Il savait que L se tenait à l'autre bout de la caméra. Il se savait observé. Et cela le faisait enrager. Il avait beau ne pas être Kira, il se sentait de plus en plus une envie incontrôlable de tuer L.

Post-scriptum: Sinon, j'adore le passage de l'insomnie. C'est lui qui a subit le plus retouches après la correction de mon petit panda adoré que j'aime *air niais*. Enfin tout le monde s'en fout. Tant pis.

Oh! J'ai oublié de le préciser au début, mais, évidemment, les personnages ne m'appartiennent pas. Je voudrais bien hein, mais je crois que deux Japonnais ne sont pas d'accord...

J'espère que ce prologue vous a quand même donné envie de lire la suite,

Arrivederci!