Chapitre 0

Lors de son arrivée au chalet, Morgan a découvert qu'un groupe s'était installé dans la prison toute proche, elle n'a jamais essayé de prendre contact avec eux. Mais quand elle égare un objet précieux dans la forêt et qu'il est ramassé par un homme du groupe armé d'une arbalète, elle n'a pas d'autre choix que de se dévoiler.

Chapitre 1

#Il est là cet enfoiré ! Et seul !# Morgan s'avança prudemment, « Il » était accroupi, occupé à détacher un lapin pris dans son piège avec un couteau, une arbalète était posée à ses côtés par terre. Lentement, elle porta la main à la hachette accrochée à sa ceinture, elle était à un mètre derrière lui, il ne l'avait pas entendu, tant mieux, la surprise était sa meilleure arme ! Elle comptait lui porter un coup à la tête pour le déstabiliser. Morgan leva son arme, quand soudain le chasseur se retourna et pointa son couteau sur sa gorge :

- Lâche ça ! gronda-t-il

Elle sentait la lame froide sur son cou, tandis que le tranchant de sa hachette était posé sur la tempe de l'homme. Ils se toisaient, il planta son regard bleu azur dans le sien, elle ne vit aucune peur, mais plutôt de la détermination.

- Lâche ça ! répéta-t-il

- Hors de question, toi d'abord, sinon je t'ouvre le crâne en deux !

Un clic retentit près de son oreille #merde# Elle avait baissé sa garde, elle tourna la tête et vit un deuxième homme qui pointait son revolver sur sa tempe, il lui dit doucement, mais fermement :

- Lâche ça… Tout de suite !

Morgan regarda les deux hommes passant de l'un à l'autre, deux contre un, c'était peine perdue… Un seul, elle aurait pu gérer, mais deux… Elle allait baisser sa hachette, quand un hurlement retentit :

- Riiiiiiiiick !

Cela venait de la prison, les deux hommes tournèrent la tête de ce côté, c'était sa chance et elle la saisit : elle envoya son pied dans le ventre du chasseur, il tomba à terre le souffle coupé, avant que l'autre ne réagisse, elle tapa dans son revolver avec sa hachette, qu'il lâcha sous le coup de la surprise, elle put la récupérer avant lui et les mit en joue. Le chasseur grogna toujours allongé sur le dos :

- Putain, mais tu veux quoi ?

Elle s'avança vers lui, donna un coup de pied dans l'arbalète pour l'éloigner et lui dit :

- Rends-la-moi !

- De quoi tu parles ?

L'homme au revolver avait un genou à terre, il regarda son ami, puis s'adressa à elle :

- Ecoutez, restons calmes et discutons… Que voulez-vous ?

- L'écharpe !

Les deux s'exclamèrent en même temps :

- Quoi ?

Elle leur pointa le pistolet dessus à tour de rôle, puis elle s'arrêta de nouveau sur le chasseur :

- Hier, dans la forêt, tu as ramassé une écharpe noire nouée en deux, je veux que tu me la rendes et tout de suite, sinon je te flingue la rotule !

L'autre homme parla à sa place :

- Attendez, vous venez ici, vous vous attaquez à Daryl… pour une écharpe !

Elle ne sentait aucune moquerie dans sa voix, plutôt de la surprise, pourtant elle dirigea le canon de l'arme sur lui, il semblait être le chef, elle allait donc s'adresser à lui :

- Ton nom ?

- Rick…

- Ecoute Rick, ton ami a pris quelque chose qui m'appartient, je veux qu'il me la rende et après ça, vous ne me reverrez plus jamais !

Rick se tourna vers Daryl :

- Tu sais de quoi elle parle ?

- Ouais !

- Tu l'as sur toi ?

- Ouais !

- Rends-lui !

Le chasseur ou plutôt « Daryl » fouilla dans la poche intérieure de sa veste et tira lentement le tissu, elle ne savait pas s'il avait vu son visage s'illuminer ou si elle avait pu cacher sa joie, mais elle lui arracha des mains quand il le lui tendit. L'arme toujours pointée dans une main, elle porta le tissu à son visage de l'autre, l'odeur était toujours là… Elle en pleurait presque de soulagement et par la même occasion, elle en oubliait presque les deux hommes à sa merci… Rick essaya de se relever, elle l'interrompit :

- Ne bouge pas !

Rick leva les deux mains en l'air :

- Tu as eu ce que tu voulais !

- Oui et je vais m'en aller, alors restez où vous êtes !

Soudain, quelqu'un déboula à travers les buissons, un jeune asiatique visiblement inquiet :

- Rick !

Il se stoppa net quand il vit la jeune femme son arme braquée sur lui, Rick se releva et se mit devant le nouvel arrivant :

- Oh calme-toi, il s'appelle Glen et il n'est pas armé !

Glen s'adressa à Rick :

- Judith est malade !

La sueur perlait sur le front de Rick qui lui lança :

- Vois ça avec Hershel !

- Il dit que nos médocs ne sont pas adaptés à un bébé…

Morgan se figea et demanda :

- Bébé ?… Vous avez un bébé ?

Rick dut voir le voile de tristesse passer dans ses yeux, car il se radoucit quelque peu et baissa les mains.

- Oui, ma fille Judith !

- Quel âge a-t-elle ?

- 6 mois !

Dans un réflexe inconscient, la jeune femme ramena de nouveau l'écharpe sur son visage et ferma les yeux. Daryl en profita pour se relever et s'avancer vers elle, mais avant qu'il ne tente quoi que se soit, elle lui plaça le canon de l'arme entre les deux yeux.

- Ne bouge pas Cowboy !

- Attend que je n'ai plus une putain d'arme pointée sur moi et tu verras de quel bois je me chauffe !

Daryl lui jeta un regard noir, elle sentait la tension dans ses poings serrés, Morgan était sûre que ça le démangeait de lui en coller une. Elle les regarda tous les trois en reculant, puis elle jeta le revolver aux pieds de Rick et s'enfuit en courant.


Rick regardait la jeune femme porter l'étoffe de tissu à son nez et Daryl se relever tel un félin. Elle était bizarre cette fille, mais il ne put s'empêcher de ricaner intérieurement en l'entendant traiter Daryl de cowboy, mais il n'était franchement pas rassuré par cette fille qui pointait maintenant son arme pile entre les deux yeux de Daryl. Soudain, il la vit se reculer de quelques pas, jeter l'arme à ses pieds et s'enfuir. Daryl partit à sa poursuite, mais se stoppa quand Rick lui ordonna :

- Non, laisse la, elle a eu ce qu'elle voulait !

- C'est qui cette fille et que voulait-elle ? interrogea Glen

- Elle voulait l'écharpe que j'ai trouvée hier dans les bois… Putain, elle a pris tous ses risques pour un bout de tissu ? balança Daryl

- Elle avait l'air de beaucoup y tenir en tout cas ! observa Rick

- Et qu'est ce qu'on fait pour elle ? demanda Daryl, sous-entendant qu'il pouvait la pister dans la forêt

- Elle n'a pas l'air d'être une menace pour le moment… On avisera plus tard ! répondit Rick, retournons à la prison.

Pendant le trajet de retour, Rick repensa à la jeune femme, elle ne semblait pas affamée, elle était « propre », elle savait utiliser une arme et pourtant elle lui avait rendu, bien que ce soit un objet recherché, ses vêtements et ses chaussures n'étaient pas usés, elle avait une longue chevelure brune, des yeux noisette et devait avoir la trentaine, qui est-elle et comment avait-elle survécu ? Ce qui était sûre, c'est qu'elle devait avoir un repère non loin de là. Il fut coupé de ses pensées quand il entendit Glen appeler Maggie :

- Alors ?

- Elle a beaucoup de fièvre, Papa essaye de lui faire tomber, mais ça ne marche pas !

- Faut retourner dans une pharmacie ! lança Rick

- On les a toutes vidées sur des kilomètres à la ronde, l'interrompit Daryl

- Même les crèches, poursuivit Maggie

Ils furent coupés par Carl qui, du haut de son mirador, cria en pointant le doigt vers la clôture :

- Papa, il y a quelqu'un là-bas !

- Rôdeur ?

- Non une femme !

Daryl explosa :

- Putain Rick, elle nous a suivi !

- Daryl essaye de la prendre à revers…

- Papa, elle a jeté quelque chose par-dessus le grillage… Elle s'enfuit dans les bois ! hurla Carl

Rick contempla de loin le gros paquet blanc, il jeta un coup d'œil à Daryl qui lui fit un signe de la tête :

- Allons voir ! … Carl surveille les alentours et préviens moi si tu vois quelque chose !

Son fils pointa le pouce en l'air pour lui dire OK, Maggie s'approcha et dit :

- C'est qui cette femme ?

Glen la prit par le bras et lui répondit :

- Viens, je vais te raconter !

Pendant que Daryl surveillait les rôdeurs agglutinés à l'endroit où la fille se tenait, Rick s'était accroupi devant ce qui ressemblait à un baluchon, il l'ouvrit délicatement et fut surpris par ce qu'il contenait : Il y avait un paquet de couches de grande taille, des vêtements et des pyjamas de garçon et soigneusement enveloppé dans tout ça, un médicament pour nourrisson. Rick jeta un coup d'œil à Daryl qui fit une grimace :

- Putain, mais c'est qui cette nana ?

- Je n'en sais rien, mais elle vient de sauver Judith… Attends, il y a un papier plié en deux !

Rick l'ouvrit et sentit Daryl qui lisait par-dessus son épaule, « Cela vous sera plus utile qu'à moi ! » était griffonné à la hâte. Rick fut submergé par des milliers de questions quand il retourna auprès des autres le précieux butin dans les bras.


Le groupe s'était réuni pendant qu'Herschel administrait le médicament, Daryl faisait les cent pas, en attendant que Rick finisse de parler de leur rencontre avec la folle de la forêt. Herschel parla en premier dès que Rick eut fini :

- Elle ne doit pas être dangereuse !

- Elle a quand même essayé de m'attaquer à coup de hachette et elle a pointé une arme sur Rick et Glen, bordel !

- Mais elle n'a pas tiré et a rendu son arme à Rick ! poursuivit Glen

- Elle est tarée, elle s'en est prise à moi pour une écharpe… Ca fait trop longtemps qu'elle vit seule au milieu des zombies, elle est siphonnée !

- Ou alors méfiante, et courageuse pour s'attaquer à toi, le coupa Michonne, si elle vit seule depuis tout ce temps, elle doit savoir se démerder !

- Elle a sauvé Judith… murmura Carl, on devrait peut être l'aider ou…

- Je ne pense pas qu'elle ait besoin de nous, intervint Rick, mais peut être pouvons-nous entretenir des relations de bon voisinage !

- Et l'inviter à un barbecue aussi tant qu'on est… N'importe quoi, non mais vous vous écoutez ? Vous n'avez pas retenu la leçon ? Autant c'est une fêlée comme le Gouverneur !

- Daryl, pourquoi nous a-t-elle fait parvenir le médicament ? … Elle n'avait qu'à s'enfuir, mais elle est revenue, pour aider un enfant qu'elle ne connaît même pas !

- C'est juste une folle avec une horloge biologique qui la démange… Elle va vous amadouer, et puis, qui te dit qu'elle ne veut pas ta fille ? Après tout, on ne sait rien d'elle, qu'est ce qu'elle fout avec des habits et des médocs pour môme ?

Daryl vit Rick se passer la main dans les cheveux et il savait que le shérif n'en ferait qu'à sa tête. Il soupira et sortit des cachots en leur lançant :

- C'est bon, si elle a un abri dans le coin, je la trouverai !

Quand il fut totalement sorti du périmètre sécurisé, il pesta :

- Putain fais chier !

Il s'engouffra dans la forêt et retrouva le lieu de leur altercation, à partir de là, il pourrait suivre sa piste, il suivit des traces de pas qui slalomaient entre les arbres et faisaient des détours, Daryl était perplexe, cette bonne femme avait volontairement tourné en rond dans la forêt ou quoi ? Il passa plus d'une heure à suivre les traces de pas de taille 39 et au bout d'une heure, il perçut le clapotis de l'eau, il se rapprochait d'une rivière. Avec cette chaleur, il n'était pas contre le fait de piquer une tête pour se rafraîchir. Tout en restant à l'affût, il plongea sa main dans l'eau et s'en aspergea le visage. Il ne savait pas pourquoi, mais quelque chose clochait dans la végétation en face de lui sur l'autre rive. Des couleurs qui n'étaient pas à leur place, cela l'intriguait. L'arbalète au poing, il s'avança lentement, le regard fixé sur les feuilles en face de lui, en s'approchant du monticule de l'autre côté de la rivière, une odeur le prit à la gorge, une odeur de charogne ! Resserrant sa prise sur son arme, il escalada la butte et comprit ce qu'il l'avait tracassé. En face de lui, ce n'était pas des feuilles, c'était une tenture de camouflage de l'armée, qu'est ce que ça foutait là ? Toujours sur ses gardes, il contourna la tenture sans la faire bouger et tomba sur ce qui était à l'origine de l'odeur de charogne : des morceaux de rôdeur !

- C'est quoi cette merde ?

L'immense tissu servait à camoufler une petite clairière au bout de laquelle se tenait une cabane de chasseur dissimulée derrière des branchages et feuillages divers. Ça ne pouvait être que la tanière de cette harpie se dit Daryl en avançant doucement, il se stoppa en découvrant sur son chemin une tranchée creusée d'un mètre cinquante de large pour autant de profondeur tapissée de pieux ensanglantés. Un piège à rôdeur… ou à type trop curieux ! Cette femme avait beau avoir l'air d'une folle, elle était maligne, elle avait bien choisi sa cachette, l'eau de la rivière et la butte servaient de barrière naturelle, les morceaux de rôdeur pour leur faire passer leur chemin et si jamais un s'approchait un peu trop, il s'empalait dans la tranchée. Daryl se dit qu'elle avait trouvé un endroit stratégique : la clairière et la cabane était entourée par le lit de la rivière, on accédait à la clairière que par une bande de terre de deux mètres de large qu'elle avait bloqué avec un vieux pick-up et pour camoufler encore plus la clairière, elle avait tendu entre les arbres, ce camouflage de l'armée surement volé dans un surplus militaire, même dans plusieurs, vu la quantité de tenture utilisée. Daryl était plutôt admiratif de ce qu'avait accompli cette femme solitaire. Il s'avança vers la cabane en sautant par-dessus la fosse et jeta un coup d'œil à l'intérieur de la cabane. Il y avait du mouvement, il vit la jeune femme assise sur un lit plongée dans ses pensées, il l'observa, elle semblait si lasse… Il se demanda quelle était son histoire et comment elle avait survécu jusqu'à présent : avait-elle fait partie d'un groupe ? Avait-elle perdue sa famille ? Depuis quand était-elle dans cette forêt ?

Il était plongé dans ses pensées quand tout à coup, il la vit se lever. Il la suivit du regard, son intérieur était rudimentaire, mais confortable, elle avait de la nourriture et de l'eau coulait d'un robinet, au fond de la pièce, il y avait même une cheminée et à côté un vieux poêle à bois sur lequel était posée une casserole. La tarée des bois se faufila dans une autre pièce, Daryl longea la cabane à la recherche d'une autre fenêtre, de nouveau, il regarda à l'intérieur, elle était là dans une petite salle de bains contenant un lavabo surmonté d'un miroir, une grosse bassine en fer en guise de baignoire et un wc. La jeune femme se regardait dans la glace, Daryl mit quelques instants avant de s'apercevoir qu'elle était en train de pleurer, il voyait les sillons laissés par ses larmes dans la poussière étalée sur ses joues. Le chasseur était mal à l'aise d'être le spectateur muet de la détresse de cette femme, il allait détourner le regard quand elle fit quelque chose qui le surprit, elle écrasa son poing dans le miroir, le fendant de toute part et regarda les gouttes de sang couler le long de ses doigts jusque dans l'évier.

C'en était assez pour Dixon, il savait ce qu'il voulait savoir, il voulait s'en aller, loin d'elle, cette fille tourmentée le mettait mal à l'aise. Il contourna la cabane et fit des découvertes intéressantes : elle avait installée un récupérateur d'eau de pluie qu'elle avait raccordé à la maison pour avoir l'eau courante, pas bête se dit Daryl, juste à côté, il y avait une cuve remplie d'essence et quelque chose recouvert d'une bâche, il la souleva un peu et vit un quad, on ne pouvait pas faire plus bruyant comme véhicule, il remit la bâche en place et décida de retourner à la prison pour raconter tout ça à Rick.