Titre : Un autre

Disclaimer : Je ne possède ni les personnages, ni l'univers de Harry Potter qui appartiendraient à une certaine JKR et à ses filiales. Je ne sais pas, je ne l'ai jamais vu personnellement cette brave dame. Et vous ?

Catégorie : Drama/Romance

Rating :M

Beta : Nanola

Avertissements : Il sera question de slash, un yaoi, bref une histoire d'amour entre deux hommes. Si cela ne vous convient pas, homophobes merci de sortir (à gauche, au bout du couloir, vous ne pouvez pas vous tromper).

NDA: J'ai découvert alors que j'écrivais cette histoire une chanson, Impossible, de James Arthur. Je vous conseille de l'écouter en lisant cette fiction.

Fiction à la base qui devait être un OS qui s'est transformée en Two Shot suite aux menaces de punitions corporelles de ma beta, dite Bichette d'amour, et qui finalement se retrouve en trois parties en raison de mon incontinence rédactionnelle. Oui, je suis bavarde ...

... ... ...

Tu trouveras quelqu'un d'autre

... ... ...

Harry regarde son verre de bière. L'amertume de la mousse du liquide légèrement ambré n'est rien comparé à ce qu'il ressent. L'ambre dans le verre semble se mouvoir et il pense à Remus. Ses yeux étaient comme ce liquide, clairs, avec des paillettes d'or. Mais Remus n'est plus, comme tant d'autres et Harry l'a pleuré, plus que les autres.

Le jeune homme lève ses yeux, d'un vert sombre. Il sait qu'ils sont sombres, ils le sont toujours quand il est triste, et Merlin seul sait que cela fait des lustres qu'ils n'ont plus pétillé de cette lueur qui faisait dire à ses amis ou admirateurs qu'il avait des émeraudes à la place des iris. Quelle connerie. Comment des émeraudes pourraient pleurer ? Elles ne le peuvent pas. Lui si.

Son souffle reste en travers de sa gorge. Il le savait pourtant. Quand Draco lui a demandé de venir le rejoindre dans ce bar gay de Soho, il savait ce qui allait se passer.

Est-ce le timbre de la voix de son amant ? Sans doute. Il avait appris, en maintenant un an, à connaître chaque sonorité de l'homme blond. Sa voix, douce, souvent traînante, parfois méprisante, mais depuis un an, si tendre à ses propres oreilles.

Et la voilà qui arrive, la première larme traîtresse, la première perle d'eau au goût de sel. Elle s'échappe de ses cils longs et noirs comme la nuit, comme l'ébène... Comme les ténèbres qui ne veulent pas le quitter et le poursuivront jusqu'à la tombe, il le sait.

« Harry... Non, ne pleure pas, bébé, » souffle son amant. Pour encore combien de temps ? Une minute, deux ? Après, il ne le sera plus.

« Dis ce que tu as à me dire, Draco, ne te préoccupe de rien d'autre, s'il te plaît. Termine cette mascarade et que l'on en finisse, » s'entend-il répondre d'une voix rauque qu'il ne reconnaît pas.

« Harry... Je suis désolé, si désolé. Je ne peux pas faire autrement. Mère... Elle a déjà publié les bans, ils paraîtront demain matin dans la Gazette. Je ne peux pas renier ma famille. Je vais devoir l'épouser, dans un mois, » lance son, maintenant il peut le dire, ex-amant. Ex-amant, mais son amour encore, et pour toujours.

Les larmes coulent sur ses joues, il ne les retient pas, ne le veut pas. C'est fini ce temps-là, il a trop retenu ses larmes pendant des années. Harry enlève simplement ses lunettes à fines montures d'argent pour les poser sur la table et s'essuyer un peu les yeux. Un regard sur l'homme qui lui brise le cœur en face de lui, lui montre son malaise et sa tristesse. Alors le jeune homme fait glisser ses prunelles malheureuses sur le mur à côté de son bras. Des photos d'avions recouvrent le mur blanc. Pourquoi des avions ? Ah oui, le nom de ce bar, c'est le Piper Club, logique en somme.

Et un rire déchire sa gorge. Draco est en train de rompre avec lui dans un bar moldu. Quelle déchéance. Rien ne lui sera donc épargné dans sa fichue vie ? Oh, il ne se fait pas d'illusion, il sait bien pourquoi l'autre jeune homme a fait cela. Par facilité, ruse et lâcheté, croyant qu'ainsi Harry se retiendrait. Mais il avait tort.

Devant lui, Draco se tend. Harry vient juste de poser ses lunettes et son regard divague. Bon sang, il ne sait donc pas à quel point il a envie de sauter par-dessus cette table en bois, pour se jeter sur lui, lui dévorer la bouche et lécher chacune des larmes qui coulent sur ses joues ? Non, il ne doit pas le savoir, et même s'il le savait, ils ne seraient pas moins malheureux, l'un comme l'autre.

Un bref regard en coin l'informe que les autres clients du bar, en majorité des hommes, les regardent, témoins involontaires de leur rupture. Bien que cela n'ait duré qu'une fraction de seconde, Draco a parfaitement saisi les expressions de chacun. Il peut même entendre leurs pensées tant elles sont inscrites dans leurs yeux et hurlantes dans leur cerveau : salaud, ordure, comment peux-tu faire ça à cette adorable créature, devant nous ?

Parce que je suis faible ! A envie de leur hurler Draco à son tour. Parce que j'espérais qu'ainsi Harry ne ferait pas de scène et que je pourrais tenter de l'oublier en gardant d'autres images de lui dans ma tête. Pathétique, pitoyable comme excuse. Encore une fois il n'a pensé qu'à lui. Résultat, Harry pleure en public et lui n'ose pas le prendre dans ses bras pour le consoler. Il se sent minable. Il peut, il l'est.

L'homme aux cheveux noirs émet un sourd reniflement alors qu'une nouvelle fois, sa main recueille les gouttes d'eau qui s'échappent de ses paupières. Même comme cela, il ne se rend pas compte à quel point il est beau et désirable. Draco sent son pauvre cœur se serrer dans sa poitrine. Mais il n'a pas le choix, alors il continue, implacable.

« Harry, je n'ai pas le choix, tu le sais. Je suis désolé. Je croyais que, peut-être, les Greengrass refuseraient. Mais non. »

Deux yeux d'un vert sombre le transpercent. Ils sont humides et reflètent une telle douleur que Draco à l'impression de recevoir un couteau dans le sternum et que son souffle se coupe. Harry n'a pas les yeux de cette couleur avec lui. Pas comme ça, jamais. Ils sont plus clairs normalement, clairs et lumineux, comme ces foutues pierres que sa mère aime tant. Les seuls moments où ils s'assombrissent c'est quand ils s'aiment, mais alors ils n'ont pas cet éclat de douleur. Non, ils sont troubles et flamboyants tout à la fois, emplis de désir et de jouissance. Comme il les aime, ces yeux-là, tandis qu'il se démène dans ce corps fin et musclé, transpirant contre la peau dorée et que Harry se relâche dans un souffle gémissant.

Non, ne pas penser à ça.

Harry et lui, c'est fini.

Il doit remplir son devoir de fils, encore une fois. La dernière. Ensuite, il devra remplir celui d'époux et enfin de père. C'est un sang-pur après tout.

À l'adolescence, sa famille avait mené des tractations pour son futur. Oh bien sûr, à cette époque, elle n'était pas tombée dans la déchéance et son père n'avait que l'embarras du choix. Il avait pris son temps, voulant être sûr de ne pas commettre d'erreur en se précipitant. Draco lui en était reconnaissant, cela lui avait permis de vivre sa vie sans avoir encore de fiançailles au-dessus de sa jolie tête blonde. Mais ensuite, avec la chute du Seigneur Noir, lui et ses parents avaient sombré dans le déshonneur.

Draco ne s'en était jamais plaint, oh que non. Lui, le petit garçon gâté, le fils adulé et chouineur, n'avait jamais protesté. Il avait enduré les questions et interrogatoires des Aurors, subi les coups et les humiliations en serrant les dents. Même quand il s'était retrouvé enchaîné dans cette cellule sordide d'Azkaban, il n'avait rien dit. Parce que tout cela n'était rien comparé à la joie qu'il avait ressentie à l'idée d'être libre de la tyrannie d'un monstre qui avait vécu dans son propre manoir.

Au bout de quelques semaines, il en était sorti, de cette geôle. Grâce à Potter et ses putains d'amis. Grâce à son parrain aussi, qui avait laissé plusieurs souvenirs en testament. Mais à choisir, il aurait préféré que ce dernier ne les confie pas au nouveau Magenmagot. Oui, il avait été torturé, souvent et avec un délice non dissimulé par le Seigneur des Ténèbres et ses sbires, y compris sa propre tante. Oui, il avait pleuré comme un bébé quand on lui avait déchiré la peau et marqué de cet immonde tatouage noir. Mais il ne voulait pas que cela se sache.

Potter avait aussi sauvé sa mère. Son père, lui, n'avait échappé au baiser des quelques détraqueurs restant que grâce à des appuis survivants (l'homme était doué pour jouer sur plusieurs tableaux, cela était indéniable) et à sa non participation à la bataille finale. Mais il devait purger une lourde peine à Azkaban.

Pourtant, depuis sa cellule, le patriarche Malfoy continuait d'ordonner la vie des deux autres membres de sa famille. L'honneur et le blason des Malfoy devaient être redorés. C'était son leitmotiv.

Draco, lui, s'était plongé dans les études et avait finalement intégré l'école des Potionnistes avec l'espoir de passer un master, suivant ainsi les traces de la chauve-souris des cachots et meilleur parrain qu'un petit garçon pouvait espérer avoir.

C'est là qu'il avait de nouveau retrouvé Potter. Pas avec les Potionnistes, non quelle horreur ! Saint Potter était autant capable de réussir une potion qu'un Troll des montagnes de faire une phrase correcte. Non, mais l'école des Aurors se trouvait sur le même campus que l'école des Potionnistes et, comble de malheur, ils faisaient l'un comme l'autre partie de leur équipe respective de Quidditch universitaire.

Ce satané balafré n'avait eu de cesse de le regarder de ses grands yeux innocents derrière ses abominables lunettes, tout en cherchant absolument à lui parler. Comme s'il avait envie, lui, de lui parler ! Non, il voulait simplement le retourner sur la table la plus proche, ou n'importe quelle autre surface à peu près plane, lui retirer ses vêtements qui cachaient un corps de rêve, (du moins, Draco en était persuadé) et lui faire subir les derniers outrages de nombreuses fois d'affilée.

Oui, lui Draco Malfoy fantasmait sur ce sombre crétin depuis sa sixième et terrible année de Poudlard. Mais il n'était pas stupide. Le Sauveur du monde sorcier était fiancé à cette idiote de belette femelle. Il était hétéro et surtout ne s'accoquinerait jamais avec un ancien mangemort et Némésis personnelle de surcroît.

Dans les vestiaires des hommes, il n'avait pas eu d'autres choix que d'accepter enfin de parler au Survivant. Il avait même accepté d'aller boire un verre avec lui après un match, à sa grande surprise et surtout celle de la belette mâle qui lui servait de meilleur ami et accessoirement de futur beau-frère. Ils avaient passé un agréable moment, parlant de la guerre un peu, de leurs querelles d'enfant beaucoup, de leurs erreurs et de leurs espoirs.

Quand il était rentré chez lui, au manoir, Draco avait su qu'il s'était empêtré dans les mailles du filet que Potter avait tissé, sans même que cet abruti patenté ne s'en rende compte. Et il avait su aussi qu'il avait raison : sous la douche, il avait pu détailler sans vergogne le corps effectivement de rêve de son fantasme sur pattes.

Il avait aussi appris quelques jours plus tard que ses parents essayaient de lui trouver un parti, homme ou femme. Ils connaissaient ses préférences bien sûr, mais considéraient cela comme secondaire dans leur projet. Draco avait protesté, mais on ne remet pas en cause vingt années d'éducation comme cela, d'un simple mouvement de baguette.

C'est ce que Harry ne comprenait toujours pas.

« On a toujours le choix, Drake, je l'ai bien fait moi ! » dit alors l'ancien Gryffondor, confirmant ainsi la dernière pensée de l'homme blond.

« C'est différent et tu le sais ! Je ne peux pas aller à l'encontre de la décision de mes parents. Astoria est parfaite pour moi, je dois honorer mon... »

« La ferme, Draco ! Elle n'est pas parfaite pour toi ! C'est juste que tu es un lâche, c'est tout ! Tu préfères... Tu préfères nous condamner tous les deux plutôt que d'affronter tes parents et assumer ce que tu veux. Tu nous sacrifies comme si... Comme si j'étais rien pour toi, alors me demande pas de comprendre ! » La voix de Harry se fait forte, faisant se retourner franchement vers eux la population du bar qui devient silencieuse. Chacun écoute la discussion entre les deux jeunes hommes au fond du pub. Ils savent que c'est une rupture et qu'elle est douloureuse, surtout pour celui aux cheveux noirs.

« Tu n'es pas rien ! Harry... C'est de ma faute, dès que j'ai su que mes parents voulaient me marier, j'aurais dû rompre avec toi. » Un reniflement méprisant cette fois le coupe dans sa lancée. « Mais merde, Harry, tu comprends pas ? Je t'aime mais je peux pas ! Tu trouveras quelqu'un d'autre, quelqu'un qui t'aimera comme tu le mérites, parce que moi, moi je ne peux pas t'offrir cela. Tu mérites mieux que moi, un autre que moi t'aimera et tu seras heureux avec lui. »

Drake s'arrête de parler, il ne veut plus prononcer ces mots vides de sens. Il sait qu'il ment, Harry ne sera jamais heureux avec un autre que lui. Du moins, jamais autant que ce qu'ils auraient pu l'être. Ils sont faits l'un pour l'autre, leur magie le sait, eux aussi, mais c'est ainsi.

« Je ne veux personne d'autre que toi, Draco, » gémit l'autre garçon en fermant ses yeux incandescents.

« Je peux pas, je suis désolé bébé, comprends... »

« NON ! Et m'appelle plus comme ça ! » Le visage de Harry se tord en une affreuse grimace et il se lève brutalement, faisant racler sa chaise sur le carrelage. D'un geste de la manche, il essuie, encore, les nombreuses larmes qui maculent ses joues et s'enfuit dans les toilettes.

Draco reste seul à table, se dégoûtant une nouvelle fois de ce qu'il est en train de faire. Bien sûr que Harry a raison. Il est lâche. Il pousse un bref soupir tout en rejetant sa tête en arrière, ses cheveux presque blancs qu'il a laissés pousser jusqu'au bas de son cou tombant dans le vide derrière lui. Le garçon passe une main aux doigts fins sur son visage. Le contact froid d'une bague lui fait rouvrir les yeux qui se posent sur sa chevalière aux armoiries de sa famille.

Il ne peut plus rien, il a fait son choix qui n'en est pas vraiment un. Harry a raison une nouvelle fois. Draco sort de la poche de son manteau un billet qu'il dépose sur la table. Largement de quoi payer sa bière et celle de son ancien amant, qu'ils n'ont bue ni l'un ni l'autre. De toute façon, il n'aime pas les bières moldues, il n'a donné rendez-vous à Harry à Soho que pour échapper à la population sorcière qui ne sait rien de sa relation avec leur héros.

Un an, cela fait même plus d'un an qu'ils se cachent. Ils n'auront plus à le faire. Dans un mois, Draco sera marié et Harry... Harry n'aura plus rien.

Le sorcier se lève et se dirige d'un pas tranquille vers la sortie, passant entre les tables des autres consommateurs qui le dévisagent d'un œil torve. Bande de connards, puisque vous avez tant de peine pour Harry, allez donc le consoler au lieu de me dévisager ! Ne peut s'empêcher de penser Draco. Mais à peine ces mots ont-ils traversé ses neurones qu'il les rejette avec force. Imaginer l'un de ces lourdauds avec son Harry lui donne envie de rendre son déjeuner.

Ouvrant la porte lourde en bois brut, l'homme respire un grand coup et s'arrête sur le palier extérieur en fermant les yeux. Il bruine légèrement. Normal, le mois de novembre n'est pas connu pour être le plus ensoleillé ni le plus joyeux. Bien qu'à l'abri sous la cochère, Draco sent des minuscules gouttelettes de pluie, aussi légères que de la buée, tomber sur son visage. Puis il entend la porte qui s'ouvre derrière lui et se tend. Est-ce Harry qui l'a rejoint ? Mais le bruit d'un briquet et l'odeur âcre d'une cigarette lui apprend que non. Harry ne fume pas.

« Tu sais que tu es un vrai crétin, pas vrai petit ? » fait une voix grave et sourde à ses côtés.

« Oui, je sais, » répond Draco sans ouvrir les yeux.

« Tu viens de lui briser le cœur et tu le regretteras toute ta vie, » lui assène l'autre tout en rejetant une grosse bouffée de fumée.

Le sorcier se retourne enfin vers l'homme qui lui parle. C'est le barman, il affronte la fraîcheur de cette fin d'automne londonien vêtu de son seul tee-shirt noir qui colle à son torse. L'homme le regarde, de ses yeux sombres qui rappellent brutalement à Draco ceux de son parrain. Il a le crâne rasé et une boucle d'oreille, simple, petite créole en or, sur le lobe de son oreille droite. Alors qu'il reprend une bouffée de nicotine, le jeune homme blond constate qu'il a un énorme tatouage qui lui dévore tout le bras droit. Un dragon. Étrange cette fascination qu'ont les moldus pour des animaux qu'ils considèrent comme mythiques.

« Vous ne savez rien de moi, ni de nous, » répond Draco.

« Je sais que tu as rompu avec lui pour te marier avec une greluche que tu n'aimes pas et que tu n'aimeras jamais. Et c'est pour cela que tu t'en voudras tout le reste de ta putain d'existence. Parce que tu te demanderas tout le temps ce qu'aurait pu être ta vie avec lui. Lui, il finira peut-être par tirer un trait sur vous deux un jour. Mais toi, non. »

Le barman le transperce toujours de son regard de nuit alors qu'il écrase sa cigarette à moitié consumée contre le cendrier extérieur de son pub.

« Comment ? » demande simplement Draco.

« Parce que c'est aussi ma vie, » fait tout aussi laconiquement l'homme au crâne rasé avant de rentrer de nouveau dans le pub.

Après quelques secondes, Draco s'engage dans la rue, marche encore un peu et pénètre dans une impasse. Après un rapide coup d'œil autour de lui, il sort sa baguette et transplane devant la grande porte de son manoir.

... ... ...

Un bras posé contre le carrelage mural bleu ciel des toilettes, la tête à l'abri dans le tissu doux de son pull, Harry éclate en lourds sanglots. Il s'est enfermé dans une des trois cabines et lâche toute la peine et le désespoir qui lui enserrent la gorge et les poumons.

Il a envie de crier, hurler, frapper de ses poings le mur qui pourtant le soutient, mais arrive, par il ne sait quel miracle, à se retenir.

Au bout de plusieurs longues minutes, ses pleurs se calment un peu. Il doit se reprendre pour pouvoir quitter cet endroit et retourner chez lui. Là, il pourra faire ce qu'il veut. D'abord lancer un sort de silence dans tout son appartement, histoire que les voisins ne le dérangent pas, et laisser exploser sa douleur. Ensuite, il se soûlera.

Sortant la tête de son pull, le sorcier fait faire un demi-tour à son corps lourd pour s'adosser au mur. Des petits coups à sa porte le font sursauter.

« Ça va, petit ? » interroge une voix d'homme.

« O-oui, » répond finalement Harry après un instant de surprise.

Il s'oblige à respirer lentement. Merlin, il a donc été si pitoyable que cela pour que des inconnus se pressent à sa porte ?

Après plusieurs autres minutes, le garçon arrache quelques feuilles de papier toilette d'un rose écœurant pour se tamponner les yeux. Puis il ouvre enfin la porte, s'attendant presque à avoir un comité d'accueil. Heureusement, il n'en est rien et Harry peut donc se passer un peu d'eau sur le visage. Cette fois, il prend le papier essuie-mains pour s'essuyer les joues et sécher sa peau. Un coup d'œil dans le miroir lui apprend qu'il a le teint pâle et qu'on ne lui voit que les yeux, d'un vert sapin, entourés de rouge.

Prenant le peu de courage qui lui reste entre ses mains, il ouvre la porte des toilettes et retourne dans le pub. Il s'y attendait, mais de voir que leur table est vide finit de lui briser les pauvres morceaux de son cœur encore intacts. C'est tellement Draco d'agir comme cela. Déglutissant péniblement, il s'avance et constate avec désarroi que toutes les personnes présentes le dévisagent. Il a honte bien sûr et baisse la tête dans une grimace alors qu'il arrive à sa table. La vue du billet posé négligemment entre leurs deux verres pleins l'achève. D'une main tremblante, il met ses lunettes sur son nez et prend son manteau qu'il essaye d'enfiler, dans le silence du pub anormalement lourd.

Le jeune homme veut se cacher dans un trou de souris, ne plus être là, ne plus avoir à affronter de regards, comme maintenant. Il étouffe de tous ces gens qui le dévisagent, ici comme ailleurs. Il voudrait être libre de tout ça... il voudrait mourir.

Harry se retourne brusquement alors que ses yeux le brûlent de nouveau, mais il rentre dans le corps ferme d'un homme en tee-shirt noir.

« Hey petit, tu es sûr que ça va ? » l'interroge l'homme au tee-shirt et Harry reconnaît la même voix que celle dans les toilettes.

Le garçon essaye de se dégager mais l'homme le retient de ses bras musclés.

« Je veux rentrer chez moi, laissez-moi ! »

« Regarde-moi, gamin ! » rétorque l'autre.

Harry lève la tête et ses yeux embrumés tombent dans deux perles noires.

« Je veux juste rentrer chez moi, » répète Harry alors qu'une nouvelle larme traîtresse coule sur sa joue.

« Ne fait pas de connerie petit. Reste un peu, on peut discuter si tu veux. Fais pas de connerie pour un mec qui n'en vaut pas la peine, » lui dit l'autre.

« Je veux rentrer chez moi, s'il vous plaît, lâchez-moi. »

L'homme au crâne rasé hésite, mais finit par enlever ses mains des épaules qu'il retenait.

Aussitôt Harry s'enfuit. Il sort précipitamment du bar et s'engage immédiatement dans la rue. Il ne sait pas où il va, ne voit rien, il ne sent même pas la pluie qui maintenant tombe drue et qui lui dégouline sur le visage. Sans le savoir, ses pas empruntent la même voie que son ancien amant, le faisant arriver dans la même impasse. Et tout comme Draco avant lui, Harry sort sa baguette et transplane, directement dans son appartement.

À peine arrivé, il lance un sort de silence sur son domicile. Il habite un quartier moldu de Londres. Après Poudlard, il a pourtant voulu retourner à Godric's Hollow. Alors il a réparé la maison de ses parents, reconstruit serait d'ailleurs le terme plus approprié. Avec l'aide de ses amis, il a remonté les murs et les pièces, nettoyé les extérieurs. La maison était prête et n'attendait plus que lui.

Il y a habité, mais il n'a pas pu rester. Le monde sorcier dans son entier savait que leur sauveur était là-bas et chaque jour, des dizaines de curieux se pressaient devant chez lui.

Un jour, Harry est parti, il a choisi un appartement, anonyme et depuis s'y cache. Personne ne sait où il habite vraiment désormais, en dehors de Ron, Hermione et... Draco.

Draco...

Le cœur de Harry hurle et l'homme hurle de concert avec lui. Il s'effondre sur le sol et sanglote comme il ne l'a encore jamais fait. Il souffre, il a mal, plus qu'aucun Doloris n'a réussi à le faire.

Au bout d'un certain temps, Harry se relève. Il se déshabille, se mettant nu dans son hall d'entrée. Avec une marche d'invalide, il pénètre dans sa chambre aux couleurs étonnantes. Du moins c'est ce que Draco s'était exclamé la première fois qu'il y était rentré.

« Comment Potter ? Pas même un peu de rouge ou un soupçon d'or, passe encore, mais du vert ? » Et il avait éclaté de rire. Un rire franc et doux, semblable à un concert de petites clochettes. Harry s'était jeté sur lui et avait étouffé ce rire de ses lèvres et de sa langue.

Ce souvenir le fait gémir mais la vue d'un pull en cachemire crème sur la chaise que Draco utilise dans cette pièce pour se déshabiller l'assassine. Il le prend, enfouit son visage dans le tissu doux. Aussitôt, l'odeur du blond lui monte à la tête. Il s'effondre du côté où dort toujours Draco, à sa droite. I peine deux jours, il était là, dans ce lit. Harry se glisse dans les draps, respirant toujours l'odeur ensorcelante de son amant.

Roulé en boule dans son lit, Harry n'a plus conscience de rien, du temps, de la faim, de la soif. Il ne sait rien d'autre que son âme le brûle et qu'il veut Draco auprès de lui.

Avez-vous déjà ressenti cette douleur ? Celle qui vous arrache le cœur, celle qui vous brise, vous empêche de respirer et vous étouffe ?

Vient alors se mélanger un lourd sentiment de dégoût. Comment peut-on être une telle loque ? Pourquoi pleurer alors que l'on a la chance d'être vivant, d'avoir un toit sur la tête, des gens qui nous aiment, et surtout l'avenir devant soi ? Celui que l'on croyait être l'amour de notre vie nous a abandonné, certes, mais ce n'est pas une raison pour désirer abandonner la vie alors que tant d'autres n'ont rien et sont tellement plus malheureux.

C'est ce que Harry pense, les yeux grands ouverts et immobile dans son lit. Il a honte de lui, d'être aussi minable et méprisable. Malheureusement, le fait de savoir que d'autres personnes ont une vie pire que la sienne ne le console en rien, au contraire. Il aimerait pourvoir s'accrocher à n'importe quoi pour se relever, mais tout lui semble fade et sans saveur.

Des heures et des heures qu'il est vautré là, à ne rien faire d'autre qu'à se lamenter sur son petit nombril et sa pathétique vie. Et rien qui ne le pousse à changer d'état d'esprit. Où qu'il tourne son regard, il ne voit que Draco. Avec une nouvelle grimace, il se demande à quoi donc il pourrait penser pour essayer de trouver un but, un espoir, n'importe quoi qui l'empêcherait de faire ce qu'il a de plus en plus envie de faire.

Ses souvenirs d'enfance ? Quoi de plus merveilleux en effet que de se rappeler de son agréable placard et des voix douces et aimantes de sa tante, son oncle et de son cousin. Sans oublier les gestes d'affection qu'ils lui ont accordé. Il retint à peine une grimace alors qu'il repense aux cris, aux coups et à toute la violence qui a marqué ses premières années de vie.

Son adolescence ? Entre peines et chagrins, pertes et angoisses, il y a bien eu des moments de bonheur, mais penser à Sirius reste une torture, Remus aussi. Ils sont morts et leur absence le déchire un peu plus à chaque fois qu'il pense à eux. Il y a aussi les souvenirs de Ron et Hermione, mais immanquablement, ses pensées se détournent d'eux pour revenir à l'autre gamin qui parcourait les couloirs de Poudlard à cette époque. Ce petit aristocrate pompeux, prétentieux qui ne cherchait qu'à le rabaisser. Draco.

Ils en ont tant parlé, avant leur premier baiser et même après. Harry avait été véritablement surpris d'apprendre à quel point le blond avait été blessé par son refus de lui serrer la main. Plus encore quand le Serpentard lui avait avoué, entre deux respirations erratiques, qu'il le désirait depuis ses seize ans.

Le couteau aiguisé de la douleur se plante de nouveau dans son cœur alors qu'il repense à cette confession, qui avait été aussi synonyme de leur première fois.

Après avoir avalé le rire de Draco suite à la découverte des couleurs qui s'étalaient sur les murs de sa chambre, Harry l'avait proprement étalé sur son lit, dont la couette confortable était aussi verte que ses yeux, mêlée de gris. Draco avait encore explosé de rire, une main caressant le drap, avant que l'autre ne vienne se cramponner à la nuque du brun au-dessus de lui pour l'attirer contre ses lèvres, déjà entre-ouvertes. Harry avait immédiatement glissé sa langue dans l'antre chaude, humide et accueillante afin d'aller taquiner celle, si joueuse, du blond. Sa saveur, sa douceur, tout lui plaisait. Il avait déshabillé le Serpentard en de lents gestes sûrs, le sang pulsant fiévreusement à ses oreilles, alors que l'autre garçon se languissait sous lui, paupières à peine closes, haletant entre deux baisers, entre deux mordillements des lèvres.

Harry avait passé sa main bronzée sur le torse plat. Et là, il avait vraiment réalisé qu'il allait faire l'amour avec un homme, les tous petits tétons dressés sur des mamelons roses lui paraissant certes plus courts mais aussi plus délicats que ce qu'il avait connu jusqu'alors. Il avait stoppé les baisers, regardant le corps sous lui, indéniablement masculin. La virilité de Draco s'était pressée contre sa cuisse et ce dernier l'avait regardé, sa lèvre inférieure entre ses dents, les yeux gris emplis de désir mais aussi de peine.

« Tu ne veux plus, Harry ? » avait chuchoté l'homme blond, se trompant sur l'instant d'attente et le regard posé sur son corps.

Le Gryffondor n'avait pas répondu mais sa main était partie timidement à la découverte de ce torse et de ce ventre, si différents de son unique maîtresse, Ginny. Ses doigts avaient alors rencontré une légère aspérité, une marque si fine qu'elle aurait pu ne pas être remarquée. Les yeux verts s'étaient plissés et Harry l'avait vue, les avait vues, les anciennes cicatrices du sort de magie noire qu'il avait lancé contre lui.

« Sectumsempra, » avait-il murmuré.

Draco avait sursauté et sa peau pâle avait rougi.

« Je... Pas seulement... Harry... Qu'est-ce... » avait-il balbutié.

Mais Harry ne l'avait pas laissé finir, il s'était penché et avait retracé de sa langue chaque trait blanc et nacré qu'il avait vu, entraînant la perte de son ancienne Némésis dans la volupté.

Il avait ensuite capturé les minuscules pointes, faisant glapir Draco de plaisir. Harry avait cru devenir fou à ce son, là encore masculin et si dissemblable de ce qu'il avait toujours connu. Mais son excitation était montée en flèche, comme jamais auparavant.

Enflammé, le corps brûlant d'une passion et d'une envie dévorante, le brun avait prestement attrapé les poignets fins de l'autre homme, et les lui avait maintenus avec force de chaque côté de la tête aux cheveux blancs. Car sur l'oreiller vert sombre, les cheveux de Draco avaient semblé presque blancs, brillants avec des reflets d'or et d'argent. Harry avait perdu le peu de lucidité qui lui restait à cette vue plus qu'érotique que lui avait offert le Serpentard.

Il avait fini de lui dévorer chaque mamelon, avait glissé sur le ventre pour s'attaquer au nombril, faisant crier et gémir sa victime qui se tortillait entre ses mains.

Et puis, entraînant les poignets qu'il avait gardés toujours aussi précieusement prisonniers, Harry était descendu encore plus bas, découvrant avec curiosité le pénis érigé de son futur amant. Il était dressé au milieux des boucles blondes, toute la longueur marquée par les veines gonflées de sang qui créaient des monts et des vallées bleutés sur la peau blanche. Le gland était découvert, d'un rose vif tirant sur le rouge. Des perles de désir se montraient sur le méat et coulaient jusque sur le frein. Harry avait délicatement soufflé dessus et Draco avait gémi en se cambrant, ses poignets cherchant une nouvelle fois à sortir des mains qui les retenaient.

Ginny avait toujours refusé de lui faire la moindre caresse linguale, à son grand désespoir, et Harry n'avait nul doute sur le fait que Draco devait en cet instant espérer qu'il cesse de le torturer et lui accorde ce que la rouquine avait rejeté, visiblement dégoûtée. Alors, il avait avancé sa bouche, et lui, homme, avait avalé le pénis d'un autre. Les sons qui étaient sortis de la bouche de Draco étaient devenus purement pornographiques tandis que le Gryffondor s'appliquait à lui faire ce que lui-même avait toujours rêvé de recevoir. Le goût sur sa langue l'avait étonné, mais il l'avait trouvé bien meilleur que ce qu'il avait pu goûter lors de ses précédentes parties de jambes en l'air avec son ex-petite amie. Ce furent les plaintes de plus en plus fortes de Draco, le suppliant de le prendre, qui lui avaient fait reprendre un peu de réalité et redresser la tête. Le blond était luisant de sueur sur le ventre, il avait les yeux clos et les lèvres rouges à force de les avoir mordues, ses joues d'ordinaire pâles étaient vermeilles et son souffle était erratique. Harry l'avait enfin libéré, pour se déshabiller rapidement et se rallonger, cette fois nu, sur le corps languissant qui n'avait pas bougé. Seuls ses yeux d'un argent pur et mouvant s'étaient ouverts et l'avaient dévisagé avec un appétit non dissimulé.

« C'est ma première fois avec un homme, » avait ronronné Harry en lui mordillant le lobe de l'oreille.

« Je... Je sais... » avait gémi Draco tout en écartant ses cuisses. Ses mains s'étaient alors posées sur les fesses dorées du brun et avaient appuyé dessus, pour que leurs bas-ventre se collent avec vigueur l'un contre l'autre.

Ils s'étaient embrassés, encore et encore. Puis Draco s'était redressé, avait pris dans la poche de sa veste étalée sur la moquette claire, une petite fiole qu'il avait agrandie d'un coup de baguette. Il avait ensuite délicatement et amoureusement tartiné la verge turgescente du brun avec le liquide qui était à l'intérieur. « Lubrifiant, » avait-il simplement murmuré à l'oreille du brun qui avait eu un violent frisson.

Puis il s'était rallongé, jambes ouvertes, offrant son corps dans une totale impudicité.

« Mets du lubrifiant sur tes doigts, et viens en moi, prépare-moi avant de me prendre, pour de bon. »

La voix du blond était si excitante que Harry avait cru jouir d'un seul coup sans même le toucher ou le pénétrer.

Il s'était laissé guider par les murmures, les plaintes et gémissements de son amant, le préparant comme il l'avait pu. Draco l'avait guidé, l'avait supplié quand Harry avait enfin découvert la petite boule de nerf qu'il lui avait demandé de chercher. Harry n'en avait pas cru ses yeux, quand, à chaque fois qu'il la touchait, la caressait, faisant rouler ses doigts encore et encore dessus, l'autre garçon avait semblé en proie à un plaisir sans fin. Il avait crié, tordu les draps entre ses doigts, gémi encore et encore, son corps se couvrant peu à peu tout entier de sueur. Il avait fini par pleurnicher, n'en pouvant plus, se mouvant sur le matelas, en suppliant Harry de le prendre, vraiment, de le faire sien non plus avec ses doigts mais avec son sexe. Et Harry l'avait fait. Doucement, il avait fait glisser son pénis dans l'intimité étroite du blond, l'achevant ensuite peu à peu grâce à ses coups de reins énergiques et experts. Ils avaient eu l'un et l'autre un orgasme d'une puissance dévastatrice.

Et c'est là, alors que la tête blonde reposait sur son torse et qu'il lui caressait tendrement le dos que Draco lui avait avoué qu'il le désirait depuis leur sixième année, qu'il avait cru mourir à chaque fois qu'il le croisait et qu'il avait voulu mourir dans ces maudites toilettes quand il l'avait découvert en train de pleurer.

La douleur grandit encore dans sa poitrine, feu dévastateur qui brûle tout sur son passage ne laissant que cendres et désolation.

Harry sait. Il sait qu'il doit réagir, qu'il doit écouter la voix de sa conscience qui lui dit de se relever, d'agir comme il doit le faire. Oui, il est malheureux, oui, il est même désespéré, mais il a des amis, Teddy qui a besoin de lui, sa vie n'est pas finie, il a un avenir, un espoir !

Mais il ne peut pas. Il se déteste encore plus pour cela. Il est méprisable, nul, pathétique. Pas étonnant que Draco ne veuille plus de lui.

Il regarde le plafond, sans vraiment le voir. Puis, prend une décision, du moins, un semblant. Alors Harry se lève, prend une douche rapide pour enlever la puanteur de sa sueur et une fois propre, met le pull de Draco, directement sur sa peau nue. Il finit de s'habiller et s'effondre sur le canapé. Pourtant, il a encore des choses à faire, des lettres à écrire. Avec un petit soupir, il se relève pour prendre plume et parchemins quand des lumières vertes surgissent dans sa cheminée.

« Harry ? Bon sang, Harry, tu es là oui ou non, nom d'un dragon ! » fait la voix de Ron avant qu'une tête rousse ne franchisse les flammes.

« Oui, je suis là, » répond péniblement l'intéressé. Il a mal à la gorge et sa voix est cassée.

« Bien, on arrive, pousse-toi, » ordonne le rouquin sans même lui demander son avis.

Dans les secondes qui suivent, Ron et Hermione foulent le tapis du salon, sous le regard pour le moins estomaqué du brun.

« Par la barbe de Merlin, je peux savoir ce que tu fiches ? » explose Ron à peine arrivé.

« Q-Quoi ? »

« Harry, on devait tous dîner chez les Weasley hier soir. Tu n'es pas venu et depuis ce matin on essaye de te joindre sans que tu ne répondes, on était très inquiets, » fait la jeune fille. Puis elle se tait et regarde attentivement Harry, ses traits pâles et tirés et surtout ses yeux, d'un vert si sombre qu'il en paraît noir, entourés non pas de blanc mais de rouge.

« Harry, mais que se passe-t-il par Merlin ! » s'écrie la jeune fille en se précipitant vers lui.

Mais à son grand étonnement, le garçon se recule alors qu'elle veut le prendre dans ses bras, son visage s'affaisse et ses yeux se mettent à briller dangereusement.

« Il... Il s'est passé quelque chose ? » demande prudemment Ron.

« Désolé, j'ai... euh, j'ai oublié le dîner, » répond le brun, en baissant la tête, refusant de croiser le regard de ses deux amis. « J'ai... non, rien de grave ne s'est passé Ron, c'est juste, juste que j'ai besoin d'être un peu seul, » finit-il par croasser.

Un long silence se fait dans la pièce, que Hermione finit par rompre, d'une voix pleine de colère mal contenue.

« Alors il l'a fait, pas vrai ? Cette ordure a osé faire ça ? »

« P-Pardon ? » fait Harry en redressant prestement la tête.

« Harry James Potter, ne fais pas l'idiot avec moi, tu sais parfaitement de quoi je parle. Je suis en train de te demander si cet enfoiré t'a laissé tomber pour cette idiote de pucelle ! » s'énerve Hermione, son langage châtié créant tout autant la stupéfaction des deux autres que le fond de ses paroles.

« Mais de quoi tu parles, Hermione ? » s'énerve à son tour son fiancé. Il a de nouveau le sentiment d'être le dernier informé d'une nouvelle importante et cela lui tape prodigieusement sur les nerfs.

« Je t'en prie Ron, tu ne pensais quand même pas sérieusement que Harry avait rompu avec Ginny sans raison ! Il est en couple depuis plus d'un an ! » s'écrie la brunette.

Les deux amoureux se font face, alors que le cœur nouvellement solitaire s'effondre dans son canapé. Il croyait pourtant avoir été discret. Jamais Hermione ne lui a semblé soupçonner quelque chose. Alors, il a fait tout ça pour rien ? Elle sait ? Car, au vu de ses propos, Harry n'a pas trop de doute. Hermione sait qu'il était avec Draco, tout comme elle a compris que ce dernier venait de le larguer comme une vieille chaussette sale pour se fiancer à Astoria Greengrass.

Le rouquin quant à lui, fait furieusement marcher ses méninges et finit par se retourner vers le jeune homme sur le canapé.

« Qui ? Et est-ce que tu as trompé ma sœur ? » dit-il d'une voix grondante.

« Je n'ai trompé personne, » répond Harry dans un souffle. Non, il n'a jamais trompé qui que ce soit. Quand il a compris que Ginny n'était pas celle qui lui convenait, quand il a su qu'il était attiré par Draco, lui qui n'aurait jamais pensé être gay, il avait aussitôt rompu avec la petite sœur de son meilleur ami, au grand dam de celui-ci.

Tout le monde pensait qu'ils allaient se fiancer, se marier et faire de nombreux petits Potter, d'autant que leur relation durait depuis longtemps. Rares étaient les couples de sorciers à se séparer. La magie les incitait à trouver d'abord et garder ensuite le conjoint qui leur convenait le mieux.

Oui, depuis des années, la magie de Harry, et lui-même ensuite, n'avaient été attiré que par une seule personne : Draco. Même si au départ, cette attirance avait pris des allures de guerre.

Il n'avait pas trompé Draco non plus. Il lui avait avoué ses sentiments, ils avaient fait l'amour, leurs magies s'étaient reconnues et lui, il avait toujours été sincère avec le blond. Mais voilà... De nouveau Harry sent son cœur se fendre. Il veut que Ron et Hermione s'en aillent, le laissent seul et faire ce qu'il a plus que jamais envie de faire.

« Qui ? » redemande Ron, de marbre.

« Réfléchis donc, Ron. Qui voit beaucoup Harry depuis plus d'un an, mais le plus souvent sans nous ? Et qui a annoncé ses fiançailles pas plus tard que ce matin dans la Gazette ? » scande Hermione.

Le rouquin pâlit brusquement et se tourne vers un Harry décomposé.

« Putain Harry ! Tu es gay et tu sors avec Malfoy ! » hurle-t-il.

Harry craque et fond en larmes, le visage caché dans ses doigts tremblants.

« Sortais, Ron, sortais. Il m'a laissé tombé, il m'a abandonné, » réussit à bafouiller le brun entre deux sanglots.

« Oh, Harry, mon pauvre poussin, » dit aussitôt Hermione en s'asseyant à côté de son ami et en le prenant dans ses bras.

Ron quant à lui, ne bouge pas, trop abasourdi par ce qu'il vient d'apprendre... et par le surnom dont sa petite-amie vient d'affubler Harry. Il refuse d'admettre toutes les informations que son pauvre cerveau vient de lui envoyer. Son regard se perd sur Hermione et Harry enlacés dans le canapé du salon. La brunette console le garçon qui a la tête penchée entre les deux seins de la jeune femme. Ron ne pense pas une seule seconde à être jaloux ou à y voir un quelconque geste malsain. Non, Harry est tout sauf malsain ou profiteur. Sans compter qu'il vient d'apprendre qu'il est gay. Le jeune homme est visiblement dévasté par la douleur. Ron réalise aussi que le pull qu'il porte est bien trop grand pour être le sien et qu'il l'a déjà vu... sur Draco.

« Je vais aller lui casser sa sale petite gueule d'aristo ! » beugle-t-il d'un coup, faisant sursauter le couple assis.

« Ron, s'il te plaît, » geint le brun. « Laisse tomber. Écoutez, j'ai vraiment, vraiment envie d'être seul ce soir... »

« Il n'est pas question qu'on te laisse seul, » proteste Hermione avec vigueur. « Jamais je n'aurai cru que Draco soit aussi lâche ! C'était tellement évident pour vous deux, la façon dont il te dévorait des yeux, dont vous bougiez quand vous étiez ensemble. C'est incompréhensible qu'il se laisse encore manipuler par ses parents de cette façon ! Il n'a véritablement rien appris de la guerre, rien compris ! Tu devrais aller lui parler Harry, parce que c'est ridicule, vous êtes fait l'un pour... »

« Arrête Hermione ! Putain, arrête ! » hurle le garçon aux cheveux noirs en se redressant. « C'est toi qui comprends pas ! Je sais tout ça et lui aussi, mais il changera pas, jamais, ni ce qu'il est, ni sa décision ! Tout ce que tu fais, c'est me torturer encore plus ! Je veux être seul, par Merlin ! Seul ! »

« Harry... » souffle la jeune femme.

« S'il vous plaît, » reprend Harry, les yeux humides. « Je veux pas... je veux pas que vous me voyez comme ça. J'ai besoin d'être seul. »

« Hermione a raison pourtant, mon pote, c'est pas bon pour toi de rester comme ça, » l'interrompt Ron, soucieux.

Malgré le fait qu'il soit surpris de la réaction de son meilleur ami, Harry secoue la tête.

« Qu'est ce que tu vas faire si on te laisse ? Te rouler en boule en pleurant ? Tu ne crois pas que tu l'as assez fait ? Il ne mérite pas autant de chagrin ou de larmes, il ne te mérite pas, » scande durement le rouquin.

Harry se tourne en levant son visage vers le ciel, enfin en l'occurrence, le plafond de son salon.

« Je... Peut-être, je sais pas... J'ai envie de me souvenir, de lui, de nous. Peut-être... peut-être que je vais sortir ce soir, retrouver certains endroits que l'on aimait... »

« Harry, et c'est toi qui ensuite m'accuse de te torturer ? Mais c'est toi qui te torture tout seul ! Ne fais pas ça, tu vas te faire encore plus de mal. Tu dois au contraire l'oublier... »

« Non, » proteste le brun dans un sanglot. « Non je ne veux pas, pas maintenant, pas tout de suite, je ne veux pas et je ne peux pas. »

Il essuie rapidement la traîtresse qui s'est glissée entre ses paupière et dévale sa joue droite.

« Écoutez, ce soir, juste ce soir, je voudrais rester seul. Demain... Demain promis, venez me chercher et on passera la journée ensemble. Vous pourrez me dire tout ce que vous voudrez sur lui, sur nous, me dire à quel point c'est un salaud et une ordure et moi un pauvre crétin pathétique, mais là, ce soir, je veux rester seul. »

Le brun ne les regarde toujours pas, il ne peut pas. Comment le pourrait-il alors qu'il sait qu'il est en train de leur mentir effrontément ?

« Et tu comptes faire quoi alors ? Juste rester ici à te morfondre ? » redemande Hermione.

Harry pousse un bref soupir avant de répondre.

« Oui, c'est une possibilité. Peut-être... peut-être que je sortirais aussi, » rajoute-t-il soudainement, alors qu'une idée fait place dans son cerveau. « On aimait bien un bar, c'est peut-être un peu glauque pour vous, mais je pense que j'irai y faire un tour. Je pense pas que ça vous plairait, c'est un bar gay. »

Les deux autres gardent le silence, un long moment. Voyant que personne ne se décide à relancer la discussion, Hermione rend les armes. Si Harry veut encore rester seul ce soir, elle s'incline. Quand elle a vu ce matin, dans la rubrique des états-civils, que Lady Narcissa Malfoy annonçait les fiançailles de son fils unique, Draco, avec Astoria Greengrass, elle avait frémi pour son ami brun. Et avait compris la raison de son absence de la veille. Depuis, elle et Ron n'avaient cessé de l'appeler par la cheminette.

« D'accord Harry, » capitule-t-elle en se levant du canapé pour se diriger vers la cheminée. « Viens Ron. »

Mais le rouquin ne répond pas. Il a le regard vissé sur le petit brun, dubitatif. Oui, il hésite notre ami Weasley, sixième du nom. Il sent que quelque chose ne va pas, dans la façon dont Harry se tient, parle, détourne son regard. Mais lui n'a jamais vécu de séparation douloureuse, alors, une fois encore, il fait confiance à sa fiancée et la suit, docilement, après un dernier au revoir à Harry.

Comment pourrait-il savoir que c'est en fait un adieu pour le jeune homme esseulé ?

Une fois Ron et Hermione partis, Harry se laisse de nouveau tomber dans le canapé. Voir ses amis l'a chamboulé, plus qu'il ne saurait le dire. Mais l'impression de vide dans sa poitrine elle, n'a pas disparu. Alors il se relève, reprend une plume et un parchemin et s'installe sur sa table basse pour écrire cette fameuse lettre. Au début, il pensait en écrire trois, une pour Ron et Hermione, une pour Draco et une pour Teddy. Mais finalement, il se dit qu'en écrire une sera déjà largement suffisant pour lui.

Il s'en veut, pour ce qu'il va faire, pour Teddy. Il avait pourtant promis sur la tombe de Remus et Tonks de s'en occuper mais... Mais il a des funérailles à préparer et Teddy... Teddy a la chance d'avoir une grand-mère aimante et les Weasley. De toute façon, il ne peut rien apporter, à personne. Sa vie n'est faite que de chagrins et de désillusions. Pire, il se demande s'il ne porte pas malheur. Sans doute que Teddy vivra mieux loin de lui. Non, il ne sert à rien, jamais il ne pourra rendre heureux Teddy et même, le petit n'a pas besoin de lui. Après tout, personne n'a besoin de lui pour être heureux.

Une fois sa lettre terminée, il la pose bien en vue sur sa table basse. Comme cela, quand Ron et Hermione viendront demain, ils la verront tout de suite. Et lui sera déjà loin.

Il retourne dans sa chambre, pour prendre sa baguette et sa veste bien chaude. Il pose sur sa tête un bonnet, cadeau de Draco. Puis il transplane sans l'ombre d'un regret.

Étonnamment, il atterrit dans la ruelle en cul de sac de la veille. Cela le surprend un peu avant qu'il ne réalise qu'il a pensé à ce bar, témoin de leur rupture, avant de transplaner. Après tout, il a bien dit qu'il allait boire un dernier verre non ? Alors d'un pas lent, il se dirige vers le bar incriminé.

Quand il rentre, le pub est à moitié vide. Il se demande s'il doit aller au bar ou à la table qu'il occupait hier avec celui qui était pour quelques minutes encore son amant.

À pas lents, il se dirige vers la table maudite alors que son cœur s'ouvre. Une hémorragie de sang et de douleur emplit son être. Il s'assit à son ancienne place, qui a vu sa merveilleuse histoire d'amour prendre fin.

Son esprit s'évade sur ce jour, et se tourne vers l'homme qui a quitté sa vie. Draco...

Il sort de sa poche une feuille de papier. Finalement, il veut écrire à son amour perdu, à sa vie fichue, à tout ce qui aurait dû être eux mais qui est perdu à jamais.

Draco...

Il a été faible, il le sait. L'amour n'est pas pour lui. Porte-t-il malheur ? Il l'a cru. Maintenant, il pense que non, il ne porte pas malheur, il est le malheur. Dumbledore lui avait dit que l'amour coulait dans ses veines, lui pense que ce n'est pas l'amour. Non, c'est la peine et la douleur qui ont pris la teinte carmine de son sang. Il n'a pas le droit au bonheur, jamais. Sa vie ne lui a jamais appartenu, elle a été sacrifiée depuis le jour de sa naissance, sur l'autel du monde sorcier qui l'a égorgé devant son Seigneur Noir et qui continue de le crucifier, jour après jour, à la face de la population grâce à leurs plumes acérées et leurs journaux maudis.

Ce qu'il avait cru possible ne l'était pas. Ne l'avait jamais été. Et il sait que si Draco ne peut ou ne veut partager sa vie avec lui, il ne sera jamais heureux avec personne d'autre. Il n'est rien d'autre que le Survivant pour les uns, héros ridicule, pantin grotesque d'un destin qu'il n'a jamais voulu. Pour les autres ? Un profiteur et un être arrogant, un être qui ne sera jamais sincère avec quiconque. Il le pense tout du moins. Avec raison ? Pauvre Harry, ton âme ne réfléchit pas toujours comme il le faudrait.

Combien de temps avant que son infortune ne soit découverte ? Draco, et surtout sa femme, sauront-ils tenir leur langue ? Combien de temps avant qu'un de ces foutus journalistes ne remarque son visage torturé quand il croisera le couple ?

Une ombre lui fait relever la tête. Le barman, celui-là même qui lui avait parlé lors de sa rupture se tient en face de lui, avec un verre de liquide ambré qu'il pousse vers sa feuille à peine recouverte de son écriture brouillonne.

« Pleure pas gamin, ta vie n'est pas fichue. »

« Si, elle l'est. Il ne reviendra pas et ma vie n'est plus rien sans lui. »

« Non, ne crois pas cela. C'est ton histoire d'amour avec lui qui est finie, pas ta vie, » insiste l'autre.

« Pour moi, c'est la même chose. »

« C'est là que tu te trompes. Personne ne vaut la peine de croire cela, même lui. Laisse-toi du temps, tu souffres aujourd'hui, mais un jour, dans plusieurs mois, tu comprendras. C'est ton premier vrai amour, pas vrai ? Le premier qui fait aussi mal, celui avec qui on pense finir sa vie, qui nous fait voir des étoiles et qui nous fait oublier tout ce qui n'est pas nous. Il y en aura un autre. »

« Non ! » lance le garçon fermement. L'idée même d'un autre que Draco le révulse. Le moldu ne sait pas non plus qu'en plus de ce qu'il vient de dire, l'essence magique de Harry a aussi reconnu celle de Draco comme étant complémentaire à la sienne. C'est bête, ridicule, mièvre, tout ce que l'on voudra, mais ils sont âmes sœurs. Et le pire c'est que l'un comme l'autre le sait, mais que Draco a préféré jeter leurs vies aux rebuts, comme si elles étaient sans importance. Alors pourquoi et comment la sienne pourrait-elle encore l'être ?

« Avec lui j'étais heureux »

« Tu le seras encore, si tu te donnes au moins cette possibilité, cette chance de continuer. »

« J'ai des choses à faire, » répond le garçon d'une voix éteinte tout en se levant.

Le barman se lève et lui attrape le bras, comme la veille.

« Non, je te laisse pas partir, pas dans cet état. Tu vas faire quoi ? »

« Cela ne vous regarde pas. J'ai des choses à faire. »

« Non. Tu veux te jeter dans la Tamise. »

« Je ne le ferai pas. Si vous voulez tout savoir, ma famille m'attend. On a décidé de se réunir ce soir. Je voudrais simplement rejoindre mes parents, donc s'il vous plaît, lâchez-moi, je ne veux pas être en retard. »

L'homme le regarde intensément. Est-ce que ce gamin lui dit la vérité ? Si demain il apprend qu'il s'est jeté sous une voiture, au fond de l'eau ou autre chose, il ne se le pardonnera jamais. Mais quoi faire. Les yeux verts, si sombres et profonds, ne semblent pourtant pas mentir malgré la détresse qui s'y trouve. Il y voit comme de l'espoir.

« Ils savent ? »

« Ils sauront et ils me comprendront. Ils m'aiment, » répond le jeune brun avec un fin sourire désabusé.

Alors Edward le relâche. Il le regarde partir, même si une désagréable boule au ventre ne veut pas le quitter.

« Fais pas le con, fais pas le con, la vie ne mérite pas qu'on la quitte, » murmure-t-il pour lui même en voyant la silhouette sombre disparaître.

Son regard de nuit tombe sur la table. Le gamin a laissé sa feuille. Elle est pliée en quatre et il est inscrit dessus un simple mot, Draco.

Edward ramasse le mot sans le déplier. Poussant un soupir soucieux, il retourne derrière son bar.

... ... ...

Le transplanage l'a emmené cette fois là où il le désirait.

Les feuilles, mortes elles aussi, pourrissent sous l'épaisseur de neige fraîche qu'il écrase alors qu'il s'avance inexorablement vers son destin.

Il ne s'agenouille pas devant la tombe de ses parents, non, il s'allonge dessus, de tout son long. La neige est froide sous son visage et elle s'insinue dans le col de sa veste, mouillant son cou et ses cheveux libres puisqu'il n'a pas remis son bonnet quand il a quitté le pub.

« Bonjour maman, papa. Remus, Sirius, est-ce que vous êtes là vous aussi ? Comme avant ? Dans cette forêt qui m'a vu mourir une première fois ? Je vous aime. Vous me manquez trop. Je suis désolé si je vous déçois mais plus rien ne me retient ici. Je veux être avec vous. Maman, je veux connaître l'effet que cela fait d'être dans tes bras. Regarde, ton fils souffre et tu n'es pas là. Alors c'est moi qui vais venir à vous, puisque vous ne pouvez pas venir à moi. Papa, Sirius, Remus, je veux être avec vous. Petit Prongs ne veut pas devenir grand loin de vous. »

Harry sort sa baguette et lève un bras devant ses yeux, toujours allongé sur la tombe de ses parents qui deviendra bientôt aussi la sienne.

« Je vous demande pardon, mais je n'y arrive plus, pas sans lui. Je voulais vivre avec lui, on s'aime mais ce n'est pas suffisant pour lui. Alors j'estime que ma vie n'est plus suffisamment belle pour continuer à la vivre. Je veux vous rejoindre et connaître l'amour éternel avec vous. Puisque je n'aurai jamais de famille ici-bas, je veux rejoindre celle que je pourrai avoir avec vous, où que cela soit. Je vous aime. »

Il prend une inspiration, l'une de ses dernières.

« Diffindo, » souffle celui qui était connu sous le surnom de Survivant.

Son poignet s'ouvre en une profonde coupure qui lui arrache une grimace. Le sang s'écoule immédiatement, il s'étale le long de son bras, mouille sa peau et ses vêtements. Le garçon se tourne et change de main pour prendre sa baguette. Sa main tremble mais il réussit à bafouiller une seconde fois le sort sur son autre poignet.

Il laisse tomber bras et baguette le long de son corps, le dos contre la pierre tombale recouverte de neige. La nuit est sombre, sans étoiles ni lune. Normal, le ciel est couvert de nuages et bientôt, le premier flocon tombe sur son nez. Il sent sa vie qui s'écoule et s'enfuit, l'abandonne elle aussi. Un bref regard lui démontre que la neige a pris une teinte vermillon autour de ses mains. Il sourit, cela lui rappelle un conte, que jamais personne ne lui a lu mais qu'il a découvert, seul, un jour à l'école primaire.

« Il était une fois, par une belle journée d'hiver, une jeune reine qui était penchée à sa fenêtre en train de coudre. Elle se piqua le doigt et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige... » sa voix déjà faible baisse encore d'un ton. « Maman... »

Harry ferme les yeux, il ne sent déjà plus le froid de l'hiver.

Un bref instant, il se demande s'il n'a pas fait une bêtise. Mais la douleur dans son cœur se réveille alors que de nouveau, il pense à Draco. Il aimerait être avec lui en cet instant. Il voudrait le voir une dernière fois, entendre le son de sa voix. D'ailleurs, il lui semble presque l'entendre alors que son image se fixe derrière ses paupières closes. Mais cela, comme tout ce qu'il avait pu imaginer avec le blond, est impossible.

Et Harry s'éteint.

... ... ...


NDA : Alors voilà, j'hésite... Faut-il la suite ou pas selon vous ? Les autres parties sont en cours de correction, mais j'aimerais vos avis, après tout l'histoire pourrait s'arrêter ainsi, non ?