Chapitre 30: premières leçons.

Au début, tout se passa bien. Akito était appliqué, et sage. Il faisait des progrès rapides et constants. A chaque fin de séance, l'enfant courait immanquablement vers son père en s'exclamant qu'il avait encore appris des trucs «trop cools»!

Kakashi était fier de son fils, d'autant que l'enseignement d'Iruka restait axé sur la maîtrise du chakra. Akito avait ainsi appris à grimper aux troncs des arbres, ce qu'il adorait. Mais le sensei et accessoirement parrain d'Akito ne lui avait encore rien appris de réellement dangereux, comme le maniement des armes de jet, ou l'exécution de techniques de combat.

Iruka avait affirmé à Kakashi qu'il prendrait son temps pour cela, et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Akito ne montrait pour l'instant aucune impatience dans ce domaine. Du haut de ses presque six ans, l'enfant semblait pleinement satisfait de ce qu'il apprenait. Mais Iruka avait aussi noté que le garçonnet commençait à ne plus trop aimer aller à l'école. Il avait d'ailleurs déclaré à son parrain qu'il préférait venir apprendre des trucs avec lui. Mais le sensei s'était bien gardé de rapporter ces propos à Kakashi. Le ninja copieur aurait probablement été très inquiet, et Iruka ne voulait pas gâcher l'apparente adhésion que Kakashi semblait montrer pour son enseignement.

Lorsque Tsunade informa le ninja copieur qu'il était temps pour lui de reprendre les missions, celui-ci tenta de rechigner. Mais il savait Akito entre de bonnes mains, et Tamaki avait repris le travail à l'hôpital. Outre le fait que les journées lui paraissaient particulièrement longues, il savait sa famille en sécurité, et le manque d'action commençait à lui peser aussi.

A la fin de la séance d'entrainement de son fils, Kakashi s'approcha de son ami et déclara:

«Iruka, je pars en mission demain, pour trois ou quatre jours.»

Le sensei ne répondit pas immédiatement, laissant son regard se porter au loin pour suivre Akito qui s'amusait à courir après les papillons.

«Quel rang?» demanda Iruka.

«Un simple rang B, histoire de me remettre dans le bain en douceur.»

«Ok, tu veux qu'on arrête les entrainements avec Akito en attendant que tu reviennes?»

Kakashi posa un regard amical sur Iruka. La diplomatie était vraiment l'une de ses grandes qualités.

«Non, vous pouvez continuer» répondit le shinobi en souriant. «Akito serait très triste de devoir arrêter de toute façon.»

Iruka se tourna vers son ami et posa une main affectueuse sur son épaule.

«Je sais que c'est dur pour toi, de voir grandir Akito si vite.»

Kakashi poussa un soupir résigné.

«Tant qu'il ne se met pas en danger. Et je sais que je peux compter sur toi pour veiller au grain. D'ailleurs, je ne t'ai pas remercié pour ça. Sans toi, Tsunade m'aurait sûrement obligé à inscrire Akito à l'Académie.»

Iruka agita la main, comme pour balayer les propos de son ami.

«C'est normal, je suis son parrain, et je tiens moi aussi à ce qu'il puisse grandir sereinement. Je passerai le chercher à l'école du coup, et je le ramènerai chez toi le soir. Tamaki est au courant que tu pars en mission?»

Kakashi fit la moue avant de répondre:

«Non, je lui annoncerai ce soir. Il va encore me faire son petit sermon sur la prudence et tout et tout.»

Iruka se mit de nouveau à sourire.

«C'est marrant, Tori me sert le même discours à chaque fois que je pars en mission! Enfin, mes missions sont quand même moins dangereuses que les tiennes. Je comprends Tamaki, ça doit être dur pour lui.»

Après quelques secondes de silence, Kakashi reprit:

«Des fois, je me dis que c'est une erreur de vivre avec un civil. On leur fait vivre des moments vraiment durs. Des fois, je me dis que Tamaki ne mérite pas ça, toute cette pression, cette angoisse.»

Iruka hocha la tête en signe de compréhension.

«Et en même temps, ce sont des gens comme Tamaki et comme Tori qui nous permettent de garder les pieds sur terre, et surtout notre part d'humanité.»

Kakashi acquiesça tandis qu'Akito s'approchait discrètement. Enfin c'est ce qu'il croyait. Les dernières leçons d'Iruka avaient concerné le camouflage et l'approche furtive. Mais Akito manquait encore un peu d'entrainement dans ce domaine apparemment. Kakashi vit son fils arriver. Et lorsque le petit se jeta sur lui, il n'eut qu'à tendre le bras pour saisir son petit poignet et le faire pivoter, pour le réceptionner dans ses bras.

«Il va falloir que tu t'entraines plus sérieusement que ça si tu veux arriver à me battre Akito!» déclara Kakashi en riant.

Le petit, la mine boudeuse, rétorqua:

«J'y étais presque!»

Le shinobi et le sensei éclatèrent de rire et Iruka relança:

«Tu sais quoi, Akito? On va avoir quatre jours pour mettre au point une technique d'attaque spéciale «papa». Et quand il rentrera de mission, je suis sûr que tu arriveras à le prendre par surprise.»

«Ouiiii!» s'écria Akito en se libérant des bras de son père, qui poussa un soupir amusé, tandis que le petit partait déjà en courant et en s'écriant:

«Je vais battre papa, je vais battre papa!»

Le ninja copieur se mit à rire.

«Et bien, j'ai hâte de voir ça!»

Iruka était heureux de voir Kakashi détendu. Il avait rarement vu Kakashi s'énerver autant que lors de leur réunion dans le bureau de l'Hokage. Mais la colère, et surtout l'inquiétude, semblaient être passées. Les deux hommes prirent le chemin du retour vers le village en discutant. Kakashi promit à Iruka de passer faire un bisou à Shizuka dès qu'il rentrerait de mission.

Tamaki rentra assez tard ce soir-là. Il y avait eu affluence en consultation pédiatrique, et le jeune médecin s'affala dans le canapé en soupirant.

Kakashi s'approcha et s'agenouilla devant son compagnon. Il défit ses chaussures et le fit pivoter de manière à ce que le médecin se retrouve allongé sur le canapé.

«Kakashi, qu'est-ce que...»

Mais le shinobi ne le laissa pas finir. Il s'assit à côté de lui et, plaçant les pieds de son amoureux sur ses genoux, il commença à lui masser doucement la plante des pieds. Tamaki ne put réprimer un soupir d'aise.

Kakashi ne savait pas trop comment annoncer sa mission à Tamaki. Le jeune médecin lui avait encore dit, pas plus tard que la veille, qu'il ne serait pas raisonnable pour Kakashi de repartir si vite. Le shinobi avait alors argué qu'il se sentait en pleine forme, mais le médecin avait froncé les sourcils d'un air professionnel. Kakashi soupira, ce qui n'échappa pas à Tamaki.

«Kakashi, quelque chose ne va pas?»

«Non, tout va bien. C'est juste que...»

«Que?» l'encouragea Tamaki.

«Je pars en mission demain» déclara sobrement Kakashi.

«Ah. Il fallait s'y attendre.»

Kakashi leva un oeil étonné vers son ami.

«Tu... Tu n'es pas fâché?»

Ce fut au tour de Tamaki de soupirer.

«Qu'est ce que ça changerait de toute façon? C'est ton travail après tout. Je pense, comme hier, que c'est trop tôt. Mais je suppose que personne d'autre que le génialissime ninja copieur ne peut faire cette mission» ironisa le médecin.

«S'il te plait, ne le prends pas comme ça. je suis sûr que tout se passera bien et...»

Tamaki pose un regard à la fois ferme et peiné sur son homme.

«Kakashi, arrête. J'ai accepté depuis longtemps le fait que tu ailles risquer ta vie. Mais s'il te plait, ne me dis pas que tu es sûr que ça ira. Ce n'est pas vrai, on ne peut jamais être sûr. Et ça ne me rassure pas de te l'entendre dire. C'est même tout le contraire.»

Kakashi accusa le coup, et choisit de rester silencieux. Tamaki avait parfaitement raison. Une simple mission de rang B pouvait se transformer en mission de rang S. Le shinobi pouvait ne jamais rentrer vivant. C'était une possibilité, peu probable compte tenu de la mission du lendemain, mais envisageable cependant.

«Papa, on mange?» lança la petite voix d'Akito qui venait d'apparaitre dans le salon, coupant court au débat entre les deux hommes.

Tamaki reposa ses pieds au sol et partit en direction de la cuisine sans un mot de plus. Kakashi ne savait pas trop si le médecin était en colère, inquiet, agacé, ou un peu de tout ça à la fois.

Ils mangèrent en silence, Akito lui même ayant conscience de la lourdeur de l'atmosphère. Après le repas, Akito partit rapidement se coucher, les entrainements avec son parrain avaient tendance à l'épuiser.

Kakashi hésita, mais laissa finalement Tamaki bouqiner tranquillement dans le salon. Le shinobi préféra aller s'asseoir au pied de l'arbre, dans le jardin. Il partirait à l'aube demain, direction le pays de la pluie pour récupérer un parchemin. Les dangers viendraient sur le chemin du retour, avec les ninjas renégats qui tenteraient probablement de lui subtiliser le précieux document officiel. Si tout se déroulait comme prévu, il serait de retour dans quatre jours. Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas Tamaki s'approcher doucement.

«Kakashi, on devrait aller se coucher. Je suppose que tu pars très tôt demain» déclara Tamaki d'une voix douce.

La colère semblait avoir disparu. L'inquiétude restait, tapie dans l'ombre de ses beaux yeux bruns. Kakashi hocha la tête et combla les quelques centimètres qui le séparaient de son compagnon.

«Tamaki, je...»

Kakashi hésita, que pouvait-il lui dire de plus de toute façon? Une seule chose lui vint à l'esprit, comme une évidence.

«Je t'aime.»

Tamaki se mit à sourire, et se pelotonna contre le torse du shinobi.

«Moi aussi je t'aime Kashi.»

Les deux hommes rentrèrent à l'intérieur et Kakashi n'attendit pas qu'ils soient dans leur chambre pour être entreprenant.

«Kakashi, tu crois que... Raisonnable... devrais... dormir...»

Kakashi se mit à sourire tandis que Tamaki tentait de prononcer une phrase cohérente, mais les attouchements du ninja copieur eurent finalement raison de lui.

Kakashi avait besoin de se sentir aimé, et il avait besoin d'aimer ce soir. il avait besoin de se perdre dans le corps de son compagnon, dans ses soupirs de plaisir, dans la douceur de sa peau. C'était ce qui lui donnait l'énergie de combattre, la force de partir risquer sa vie.

Le lendemain, Kakashi partit sans un bruit alors que toute la maisonnée dormait encore. Le soleil se levait à peine lorsqu'il franchit les grandes portes de Konoha. Sans un regard en arrière, le ninja s'enfonça dans la forêt en direction du pays de la pluie. Il avait déjà hâte d'être de retour.

...

Ce jour-là, Tsunade était de bonne humeur. Elle était à jour dans ses papiers, personne n'était encore venu se plaindre de quoi que ce soit, les sages n'avaient exprimé aucune doléance particulière au dernier conseil, et le temps était magnifique en ce début d'automne.

L'Hokage décida donc de se prendre une petite pause bien méritée, d'autant que Shizune n'était pas dans les parages pour lui trouver une tâche ingrate à effectuer, qui serait malencontreusement passée à l'as. Il fallait reconnaitre qu'avoir nommé la jeune femme à la tête de la classe spécialisée avait plus d'un d'avantage!

Accompagnée de deux anbus, Tsunade décida donc d'aller faire un tour dans les rues de Konoha. Elle était très populaire et tous, shinobis et simples civils, la saluaient avec déférence.

«Hé, Tsunade ba-chan!»

L'Hokage poussa un soupir exaspéré avant de se retourner. Avec déférence hein? Un mot qui ne devait pas faire partie du vocabulaire de Naruto.

«Qu'est ce que tu fais là, toi? Tu ne devrais pas être en train de t'entrainer?»

«Et bien justement» déclara le petit blond un peu gêné, «je cherchais Kakashi-sensei pour m'entrainer! Mais...»

«Kakashi est en mission. Il ne reviendra pas avant quelques jours.»

«Ah bon? Ben je vais essayer de trouver Iruka sensei alors! Il doit encore être à l'Académie à corriger des copies!»

Tsunade se mit à sourire. L'enthousiasme de Naruto faisait plaisir à voir. Lui qui avait été considéré si longtemps comme le cancre, se révélait à présent fort et brillant. Tsunade lui répondit, taquine:

«Ah, je dois te dire une chose: Iruka-sensei donne un entrainement particulier à un futur shinobi en ce moment. Je ne sais pas s'il aura le temps de...»

Le front plissé, Naruto lança boudeur:

«Quoi? Comment ça il entraine quelqu'un d'autre? J'espère que ce n'est pas ce morveux de Konohamaru!»

Tsunade se mit à rire. La relation particulière que Naruto entretenait avec Iruka était irremplaçable bien sûr. Mais voir l'affection, voire la possessivité du jeune homme vis-à-vis du premier homme qui lui avait accordé crédit et confiance était plaisant à voir.

«Et bien justement, je me rendais auprès d'Iruka-sensei pour voir comment se passait son entrainement. Tu veux venir avec moi?»

«Ouais!» lança Naruto. «Comme ça je pourrai voir qui m'a volé mon sensei!»

Et Naruto emboita le pas de Tsunade.

Lorsqu'ils arrivèrent en vue du terrain d'entrainement, ils eurent juste le temps d'entendre Iruka crier:

«Non pas dans cette direction!»

Un énorme geyser d'eau partit tout droit dans le ciel, accompagné d'un cri de peur, rapidement transformé par un cri de joie.

Le geyser commença à s'effondrer sur lui-même, et Tsunade prit alors conscience que le petit se trouvait à son sommet. Elle se précipita pour réceptionner l'enfant et arriva en même temps qu'Iruka.

Akito se retrouva, san vraiment comprendre comment, dans les bras joints de Tsunade et de son parrain.

«C'était super! On recommence?» demanda l'enfant, totalement inconscient du risque qu'il venait de prendre.

Tsunade pose un regard dur sur Iruka et demanda:

«Je peux savoir ce que tu essayais de lui apprendre au juste?»

Penaud, le sensei répondit:

«Akito était censé apprendre à marcher sur l'eau. Il ne sait pas encore bien doser le chakra dans ses pieds apparemment.»

«Apparemment» répondit Tsunade en fronçant les sourcils. «Si Kakashi avait été là...»

«Il m'aurait tué!» lâcha Iruka sur un ton dépité.

Pendant leur petite discussion, les adultes ne virent pas qu'Akito avait déjà filé sur la terre ferme. Il se tenait à présent devant Naruto, jambes écartées et poings sur les hanches.

«Je suis pas un morveux!»

«Oh que si. Tu ne sais même pas marcher sur l'eau. T'es pas prêt de devenir un shinobi, crois-moi!»

«Et toi, toi, t'es qu'une vieille patate pourrie!» lança l'enfant.

Naruto plissa le nez, vexé, avant de reprendre.

«Et toi t'es qu'un sale mioche!»

«Ca suffit!» hurla une voix tonitruante derrière eux.

«Naruto, tu n'as pas honte de t'en prendre à un enfant de cinq ans? Franchement!»

Akito, qui venait de se glisser derrière les jambes d'Iruka, ne put résister au plaisir de tirer une langue moqueuse à Naruto.

«C'est lui qui a commencé» déclara le blondinet, ne voulant pas céder devant le garnement.

«C'est marrant, je trouve qu'Akito te ressemble par certains côtés» déclara Iruka.

L'enfant et le jeune homme lui lancèrent un regard outré.

«Même pas en rêve! Moi j'avais beaucoup plus la classe à son âge!»

Tsunade et Iruka se mirent à rire.

«Je suis sûr que je peux te battre!» lança Akito, provocateur.

Naruto posa sur l'enfant un regard dédaigneux et s'apprêtait à répondre qu'il acceptait le défi, mais Iruka préféra mettre un terme à la querelle.

«Et si, au lieu de vous battre comme des idiots, vous vous entrainiez ensemble?»

Les deux garçons se regardèrent, ou plutôt se jaugèrent, et finirent par acquiescer. Iruka lança un coup d'oeil à Tsunade qui hocha la tête en signe d'assentiment.

Iruka se pencha alors à la hauteur d'Akito et lui dit:

«Akito, aujourd'hui je vais t'apprendre l'une des choses les plus importantes pour un shinobi: le travail d'équipe. Avec tout ce que tu sais, tu vas essayer de me toucher, avec l'aide de Naruto. Si tu me touches, tu as gagné.»

«Ouais!» répondit Akito, content de ce nouveau petit défi. L'enfant se tourna alors vers Naruto et lui lança:

«Viens avec moi, on doit mettre au point une stratégie.»

Le blondinet resta quelques instants bouche bée. Entendre un enfant de cinq ans sortir le plus sérieusement du monde le mot «stratégie» était un peu perturbant. Naruto regarda l'enfant d'éloigner. Aussitôt l'image de Kakashi apparut dans sa tête, et cela lui sembla tout de suite moins improbable. Il accéléra donc le pas pour rejoindre le petit garçon, et ensemble ils commencèrent à chuchoter, tout en gardant Iruka et Tsunade dans leur champ de vision.

Les deux adultes décidèrent de les laisser élaborer leur fameuse stratégie et commencèrent à discuter.

«Alors Iruka, comment se passe l'entrainement d'Akito?»

«Cet enfant est... très doué. Il apprend à une vitesse incroyable, c'en est presque effrayant.»

«Le digne fils de son père.»

«Oui, il a acquis quasiment toutes les bases en deux mois seulement. C'est ce qu'on fait en un semestre à l'Académie habituellement. Et encore, avec des enfants qui ont deux fois l'âge d'Akito!»

Tsunade posa un regard amical sur Iruka.

«Ca t'inquiète?»

«Un peu. Si Akito continue comme ça, je vais devoir commencer à lui enseigner des techniques de ninjutsu. La seule chose pour laquelle il est limité, c'est le taijutsu, compte tenu de son âge.»

«Il existe un grand nombre de techniques que tu pourrais lui apprendre et qui ne sont pas dangereuses, la permutation ou le dédoublement par exemple.»

«Oui, mais à ce rythme, il aura acquis tout ça en un mois, et je me retrouverai avec le même problème sur les bras.»

«Le problème, ce n'est pas Akito, c'est Kakashi n'est-ce-pas?»

Iruka hocha la tête, gêné.

«Je ne pense pas que Kakashi soit très content si j'apprends des techniques de combat à Akito si rapidement.»

«Et pourtant, c'est l'un des buts de cet apprentissage. Kakashi devra fatalement accepter les progrès de son fils. Entre apprendre à Akito à se défendre et l'envoyer combattre, il y a quand même une grande marge.»

«Je sais» répondit Iruka, «mais je me mets aussi à la place de Kakashi. Je le comprends d'autant plus maintenant que j'ai Shizuka. Et puis la vie n'a pas vraiment épargné les Hatake jusqu'à présent.»

«C'est vrai. Mais Akito a un destin fabuleux qui se dessine à l'horizon. Je suis persuadée que Kakashi saura faire les bons choix.»

Tsunade eut juste le temps de terminer sa phrase qu'un bruit assourdissant résonna dans l'air, accompagné d'un gros nuage de fumée. Celui-ci commença à se dissiper et les deux adultes virent Naruto et Akito, plantés à quelques mètres d'eux, en position d'attaque. Iruka leva les yeux au ciel. Pour la discrétion, ce n'était toujours pas ça.

«Iruka-sensei!» se mit à hurler le blond. «J'espère que vous êtes prêt, parce qu'on arrive pour vous mettre une raclée!»

Tsunade émit un petit rire avant de s'éloigner un peu.

«Bon, et bien je te laisse gérer ça Iruka!» chantonna-t-elle en disparaissant à la limite du terrain.

Iruka vit alors Naruto et Akito foncer droit sur lui. Attaque frontale donc. Pas très subtil, et même à deux contre un, il devrait pouvoir s'en tirer.

Mais à quelques mètres seulement de leur cible, Naruto commença à faire des signes, et Akito disparut comme par enchantement. Un clone! Mais alors, où était passé Akito?

Iruka n'eut pas plus le temps de réfléchir. Il sentit comme un courant d'air derrière lui, et eut juste le temps de se retourner pour parer le coup. Akito avait presque réussi à le toucher! Le petit fit quelques bonds en arrière, visiblement déçu. Iruka se redressa, tout en surveillant Naruto derrière lui, et lança au plus jeune:

«C'était très bien joué Akito. Mais il va t'en falloir plus que ça pour...»

Iruka vit un sourire narquois s'étaler sur le visage de l'enfant alors qu'il finissait sa phrase. Le petit lui montra le ciel, et Iruka leva les yeux, comme au ralenti. A l'instant où il prit conscience qu'un deuxième Akito fonçait droit sur lui par la voie des airs, le premier Akito disparut dans un pof de fumée.

Alors que l'enfant semblait tomber la tête la première vers lui, Iruka eut le réflexe malheureux d'ouvrir les bras pour empêcher Akito de s'écraser au sol. Mais malgré la vitesse, le petit prit tout simplement appui sur l'épaule de son parrain avec sa main gauche et envoya ses deux pieds frapper violemment le dos du sensei avant de retomber sur ses appuis.

Sous la force du coup, Iruka fit quelques pas en avant, la respiration coupée, mais il ne tomba pas au sol. La technique, bien que maitrisée à la perfection, n'était pas assez puissante pour envoyer un adulte au tapis. Iruka se retourna vers l'enfant, qui jubilait, félicité par Naruto.

«C'était très bien joué Akito. Tu m'as eu!»

«Ouais, et la prochaine fois, c'est papa que j'aurai!»

Iruka et Naruto se mirent à rire, avant que le sensei ne réponde:

«A mon avis, ce ne sera pas aussi facile avec ton papa. Mais si tu continues comme ça, il sera sûrement très fier.»

Iruka proposa alors aux garçons d'aller manger des ramens chez Ichiraku. En sortant du terrain, il lança à Tsunade qui avait assisté à la scène:

«Je crois qu'on peut retirer le dédoublement de la liste des techniques à apprendre à Akito. Quand je vous disais qu'à ce rythme, il sera prêt pour l'examen chunin dans quelques mois.»

Tsunade ne prit pas la peine de répondre mais posa une main affectueuse sur la tête d'Akito.

«Tu es très fort Akito, Tu vas devenir un shinobi exceptionnel!»

Tsunade s'invita à manger avec le petit groupe. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas passé une aussi agréable journée.

Alors que les deux adultes discutaient entre eux, Naruto proposa en douce à Akito de l'entrainer lui aussi. Il vanta ses mérites auprès de l'enfant, et Akito sembla particulièrement réceptif aux arguments du jeune homme. Naruto lui avait en effet parlé de techniques «super cools» et surtout, il lui avait promis de lui apprendre à lancer des shurikens et des kunais. A l'abri des oreilles de Tsunade et d'Iruka, ils se donnèrent donc rendez-vous un peu plus tard dans la soirée. Akito savait très bien qu'il pourrait aisément faire faux bond à Tamaki, sans que celui-ci ne remarque rien.

...

Kakashi traversa le grand hall du palais d'un pas rapide. Le grand conseil du pays de la pluie venait de lui confier le fameux rouleau, et c'était maintenant que sa mission commençait réellement. A priori, rien à craindre tant qu'il serait entre les murs du village. Les ennuis risquaient de commencer dans la forêt qui entourait le village. Il avait repéré à l'aller les différents lieux où une embuscade serait idéale. Mais avant de repartir, il décida d'aller faire un petit tour dans les rues commerçantes du village de la pluie. Il imaginait déjà la tête des deux amours de sa vie en ouvrant leurs cadeaux. Il ne pourrait bien sûr pas s'encombrer d'objets trop volumineux. Mais à la vue du nombre important de magasins en tous genres, Kakashi sut qu'il trouverait rapidement son bonheur.

La première partie du trajet du retour fut calme. Trop calme peut être. Kakashi se demanda même à un moment si les risques n'avaient pas été surévalués par les deux pays. Mais au moment même où il décida de faire une petite pause, au bord d'un lac surmonté d'une petite cascade, il sentit la présence de ninjas hostiles autour de lui. Un, deux... Quatre, cinq... Huit en tout. Ils n'avaient pas fait les choses à moitié. Kakashi s'immobilisa et scanna le terrain. Pas une feuille ne bougea, pas une brindille ne grinça. Pourquoi restaient-ils cachés? Attendaient-ils la nuit pour passer à l'attaque?

Tout à coup, une voix grave s'éleva dans les airs.

«Hatake Kakashi. Konoha a donc décidé d'envoyer son plus valeureux shinobi. Mais quelle prétention de t'envoyer seul. Crois-tu vraiment que tu parviendras à t'échapper?»

Son rire diabolique s'éleva dans l'air, et Kakashi eut juste le temps de faire un bond sur le côté pour éviter une première salve de shurikens.

Le ninja copieur ne sut pas vraiment pourquoi, mais une seule pensée lui vint en tête à cet instant, alors que le sharingan tournoyait déjà dans son oeil gauche.

Je vais me faire défoncer par Tamaki si je reviens avec une blessure.

Kakashi ne put réprimer un sourire. Drôle de pensée au milieu d'un combat! Ses ennemis prirent d'ailleurs son sourire pour une provocation et passèrent à une offensive plus directe. Kakashi n'eut pas de mal à se défaire des trois premiers attaquants. Les deux suivants n'eurent pas beaucoup plus de chance. Mais il sentait déjà que le sharingan commençait à l'épuiser. Et la logique voulait que les trois shinobis restant fussent les plus coriaces.

Deux d'entre eux se postèrent en haut de la cascade, prêts à fondre sur lui à la moindre occasion. Et celui qui devait être le chef sortit enfin des fourrés pour se placer devant lui. L'homme avait une carrure imposante, et tenait une énorme hache dans ses mains. Pas très subtile comme arme de combat. Mais lorsqu'il imprima une bonne dose de chakra dans son arme, Kakashi sut qu'il n'aurait pas droit à l'erreur. S'il était touché, ne serait-ce qu'une seule fois, par l'instrument tranchant, ce n'était pas une blessure qu'il ramènerait à Tamaki, mais sa mort. Les deux hommes se jaugèrent, et comme mûs par un instinct guerrier, se précipitèrent l'un sur l'autre.

Le cri du chidori retentit dans l'air, Kakashi était plus rapide. au moment de l'impact, il sentit la hache frôler sa veste, tandis que son poing pénétrait l'abdomen de son ennemi. Il n'eut que le temps de se dégager que les deux autres ninjas fondirent sur lui en glissant le long de l'eau.

Au lieu de s'arrêter, Kakashi décida de jouer le tout pour le tout. A bout de chakra, il savait qu'il n'aurait pas la force de produire une autre attaque. Mais le chidori qui commençait à s'ammenuiser dans sa paume devrait suffire. Alors qu'il levait les yeux vers le centre de la cascade, il eut l'impression d'apercevoir le visage d'Hana, scintillant. Le contact du chidori avec l'eau eut l'effet escompté, et Kakashi vit son chakra se propager et se démultiplier au contact de ce vecteur d'électricité. Les deux shinobis furent projetés à une bonne distance de la cascade, tandis que Kakashi s'immobilisait enfin. Il constata que sa nouvelle attaque, dévastatrice, n'avait laissé aucune chance à ses ennemis. Leurs corps étaient tout simplement carbonisés. La technique Honji avait pour vocation de soigner à distance. Mais Kakashi en avait fait une technique d'attaque particulièrement efficace.

Le ninja copieur fit rapidement disparaitre les corps et reprit sa route. Le danger était à présent écarté, et il avait même gagné un jour sur le programme prévu. Tamaki et Akito allaient sûrement être surpris et ravis.

Tamaki accueillit en effet son homme avec joie. Il ne se méfia pas lorsque Kakashi lui montra sa veste déchirée, en déclarant qu'il avait sûrement besoin de soins. Le jeune médecin suivit donc docilement son compagnon dans la salle de bain.

«Mais tu n'es pas blessé en fait» déclara le jeune homme alors que Kakashi s'était déjà déshabillé et que la baignoise se remplissait lentement.

«Non, mais toi, tu es pris au piège maintenant!» murmura Kakashi d'un voix particulièrement sensuelle, tout en poussant Tamaki vers le bord de la baignoire.

«Kashi, je te rappelle qu'Akito va bientôt rentrer de l'école, ce n'est vraiment pas le mom...»

Mais le médecin ne finit jamais sa phrase. Kakashi venait de plaquer ses lèvres contre celles du jeune homme. Ses mains expertes eurent rapidement raison de ses vêtements, et la salle de bain devint vite une piscine, les gerbes d'eau partant dans tous les sens.

Alors que le calme était revenu dans la salle de bain, Tamaki, collé contre le torse de son compagnon, déclara:

«Je te préviens, c'est toi qui remettra la salle de bain en ordre!»

Kakashi se mit a rire doucement avant de déposer un doux baiser sur l'épaule de son homme.

«Promis.»

«Akito!» s'écria Tamaki affolé en se levant brusquement.

Le médecin se retourna vers le shinobi et poursuivit:

«C'est pas normal qu'il ne soit pas encore là!»

Kakashi lui sourit avant de répondre:

«Pas de panique, il est dans le salon depuis trente minutes.»

Tamaki poussa un soupir soulagé, avant que son visage ne se décompose de nouveau.

«Trente minutes? Mais pourquoi tu ne l'as pas dit avant? Le pauvre chou, il doit se demander ce qu'on fabrique!»

«Je ne l'ai pas dit avant parce que je n'étais pas en mesure de parler» déclara Kakashi sur un ton taquin, «et je pense qu'il a très bien compris ce qu'on fabriquait.»

Tamaki, déjà en train se se rhabiller, bougonna:

«Et tu trouves ça drôle. Franchement t'es vraiment irrécupérable.»

«Dit le médecin qui vient de passer les trente dernières minutes à pousser des soupirs de plaisir!» le taquina Kakashi, en commençant lui aussi à remettre ses vêtements.

Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon, l'enfant était tranquillement assis devant la table du salon, et dessinait. Il leva les yeux vers les deux hommes et lança:

«Il a duré drôlement longtemps votre jeu dans la salle de bain. Qui a gagné?»

Les deux hommes s'échangèrent un regard avant d'éclater de rire.

«Je crois qu'on peut raisonnablement dire que c'est moi qui ai gagné» déclara Tamaki le plus sérieusement du monde.

Kakashi préféra ne pas relever. Il trouvait qu'Akito avait l'air un peu ronchon et lui demanda si tout se passait bien à l'école, et avec Iruka. L'enfant lui répondit par l'affirmative, levant les inquiétudes de son père. Mais ce qui chagrinait Akito, c'est que le retour prématuré de son père risquait de mettre en péril ses plans d'entrainement spécial avec Naruto. Autant Tamaki ne se serait jamais rendu compte qu'un clone l'avait remplacé dans son lit, autant duper son père s'avérait plus compliqué.

Le petit poussa un soupir de déception, que son père prit pour un soupir de fatigue. Ils décidèrent donc de manger rapidement, et Kakashi leur offrit les petits cadeaux ramenés du pays de la Pluie.

Akito eut droit à un poisson qui nageait à l'aide de piles, à mettre dans son bain. Il était ravi. Tamaki sentit une bouffée d'émotion l'envahir quand il ouvrit le petit écrin que Kakashi lui tendait. A l'intérieur, un simple anneau, ciselé d'une petite vaguelette qui en faisait tout le tour. Kakashi lui murmura alors:

«Tu vois, je suis comme une vague, je reviendrai toujours auprès de toi».

Tamaki prit le temps de faire un long câlin à son homme. Ce cadeau hautement symbolique, il matérialisait un engagement, une promesse que les deux hommes s'étaient déjà implicitement faits.

Tamaki décida de porter son anneau au bout d'une chaine, à son cou.

Akito ne tarda pas à aller se coucher. Il n'osa pas, cette nuit-là, rejoindre Naruto. Il faudrait trouver un autre moment pour leurs entrainements, parce que tromper la vigilance de son père lui semblait insurmontable. Peut-être qu'il arriverait plus facilement à duper maîtresse Shizune et s'éclipser à l'heure du déjeuner à l'école. Une chose était sûre, il voulait apprendre des vraies techniques de ninja, et pas les petits trucs de gamins que son parrain lui avait fait faire jusqu'à présent.