Salut ! Comment ça va ? Moi, c'est Eya Silvers. Alors, la vie est belle ? *arrête son show débile*

Bref, je commence la présentation. Déjà, cette histoire porte sur Rise of the Brave Tangled Dragons alias The Big Four, avec Raiponce (Rapunzel) Corona, Harold (Hiccup) Haddock, Merida DunBroch et Jack Frost. Version dark, voilà pourquoi cette fic est Rated M.

Sont présents : gore, psycho, tragédie, suicide. Pas de mots grossiers, seulement des choses du genre de Stephen King. Oui, je m'inspire pas mal de cet écrivain que j'adule profondément, ainsi qu'un peu de Pierre Bottero (non, il n'y a pas de gore dans ses livres) pour certaines phrases. Les enfants ou personnes sensibles, NE LISEZ PAS. C'est très important. Ne venez pas reviewter en disant "je déteste, c'est trop horrible". Je vous snoberai totalement.

Il y aura quelques spoilers, mais des fins alternatives. Vous allez voir ;)

Special thanks to the-twisted-big-four ! And sorry to post it that late...

Disclaimers : ROTG, HTTYD, Tangled et Brave ne sont pas à moi, mais à DreamWorks ou Disney et/ou Pixar. Certains moments appartiennent à the-twisted-big-four, mais l'écriture est à moi (non, sans blague -') L'image n'est pas non plus à moi, mais encore à the-twisted-big-four.

Encore une fois, ne lisez pas lorsque vous êtes démoralisés, par pitié !


Raiponce

Ligotée. Enfermée. Capturée. Emprisonnée. Emmurée. Séquestrée.

Tous ces mots flottaient dans sa tête, sans qu'elle ne puisse les empêcher de la blesser, sans la permettre de se libérer.

Se libérer. Se défaire de ces liens qui lui tordaient la bouche, de ces chaînes qui lui ensanglantaient les poignets, de cette tour qui l'empêchait de voler, de cette mère qui usait de ses cheveux, de cette vérité qui s'imposait à elle telle un fardeau.

Tenter. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment. Se débattre, hurler. Même avec une volonté de fer, personne ne pouvait y arriver.

Raiponce tira de nouveau sur ses chaînes de toutes ses forces. Ses articulations de poignets manquèrent de claquer, lui arrachant un nouveau cri de douleur. Haletante derrière son bâillon, elle arrêta tout mouvement et ouvrit les yeux sur le monde autour d'elle.

Triste monde. Elle voyait les fresques sur les murs qu'elle avait peintes avec joyeuseté. Elle voyait le sol propre devant ses yeux au carrelage finement décoré. Elle voyait son lit aux draps soigneusement faits. Elle apercevait Gothel, cachée derrière les rideaux de la fenêtre, son poignard à la main. Elle voyait Pascal qui se terrait derrière l'armoire où, il y avait de cela des centaines d'années, une jeune femme nommée Raiponce qui avait un rêve avait enfermé un voleur de couronnes et de sacoches. Tout cela paraissait bien loin. Tout cela paraissait appartenir à une autre personne.

Une autre personne, oui. Une fille aux longs cheveux d'or qui était partie vers les lanternes s'élevant haut dans le ciel en compagnie d'Eugène Flytzherbert, un jeune homme apprenti dragueur. Ils étaient tombés amoureux. Ils s'étaient embrassés sous les lanternes brillantes. Mais la fille avait été enlevée par une sorcière et elle était à présent captive dans une tour si haute qu'elle semblait toucher le soleil. Puis, Eugène était arrivé. Il l'avait sauvée... tout allait pour le mieux.

« Oui » se dit Raiponce, écumante. « Oui, tout va se passer ainsi, comme dans mes rêves. Moi, j'ai un rêve... c'est de voir les lanternes qui dans le ciel s'élèvent... »

Elle chantonna doucement, yeux clos, pour s'immerger dans une féerie naïve.

Elle ne sut pas combien de temps elle resta allongée au sol, ses cheveux lui tombant devant le visage, à mordre son bâillon puis ses lèvres au sang, les chaînes toujours plus froides frottant, irritant, coupant sa peau fragile. Peut-être seulement quelques minutes. Ou des heures. Elle ne le savait pas.

- Je brosse ma chevelure... dans cette prison où j'ai grandi...

Elle se focalisait sur ce qui lui restait. Ses chansons. Mais elles paraissaient dénuées de toute poésies, étouffées par le lien qui la faisait baver.

- Je me demande... et demande... et demande, et demande... où se cache la vraie vie... ?

Elle finit sa phrase avec un sanglot. Un sanglot perdu, désespéré, terrifié. Ce sanglot eut alors un écho. Un cri, plus précisément.

- Raiponce !

« Est-ce bien mon nom ? Où est-ce celui d'une autre personne, possédant la même vie que moi mais partageant des moments de bonheur avec Eugène ? » se demanda la fille sans bouger.

- Raiponce ! Descends ta chevelure !

« Pourquoi descendrais-je ma chevelure puisqu'elle est incapable de guérir mon coeur mourant ? Allez chercher une autre tour, je vous prie. Je ne suis pas la vraie Raiponce. »

La blonde ouvrit les yeux pour mieux voir la personne qui montait. Ce ne pouvait pas être Eugène. Non. Il était mort. Pendu. Pendu par sa faute... si elle ne lui avait pas tourné le dos... si il n'était pas parti seul sur le bateau... rien de tout cela ne serait arrivé.

Elle vit Gothel regarder le bas de la tour. Un sourire de mauvais augure naissait sur son visage. Raiponce frissonna. Non pas de froid, puisqu'on était en plein été, mais de peur. D'un mouvement du bassin, elle se retourna et se mit difficilement à genoux, bavant encore un peu sur son baîllon à cause de l'effort. Les chaînes frottèrent encore à ses poignets et elle gémit. Elle n'essaya pas de trouver une position plus confortable. Quoi qu'elle fasse, elle se blessait. Aussi bien physiquement que moralement.

Elle entendit alors des halètements et releva la tête. Un homme, grand, avait escaladé la tour grâce à la chevelure dorée de Raiponce et se tenait à présent dans l'encadrement de la fenêtre, tentant de reprendre son souffle.

- Raiponce ! fit-il une nouvelle fois en cherchant la fille des yeux. J'ai cru ne plus jamais te revoir...

Alors, elle hurla. Tenta de hurler. Le bâillon lui enserrait toujours la bouche, couvert de salive, et elle se débattit encore plus fort, les bras presque écartelés.

- EUGÈNE !

Mais seul un grognement étouffé sortit de sa gorge sèche.

Invisible dans la pénombre du rideau, Gothel eut un sourire ravi. L'homme était là. Enfin. Tous leurs ennuis étaient terminés. Leur secret sera emporté dans sa tombe.

- PARTEZ ! hurla encore Raiponce sans autre bruit qu'un gargouillis inintelligible.

L'homme amorça un pas vers elle, la peur sur son visage. L'inquiétude, surtout. Mais elle hurlait, le priait de fuir, sanglotait misérablement tandis que ses pleurs résonnaient dans la pièce ronde.

Gothel passa rapidement son poignard devant la gorge d'Eugène. Puis le laissa tomber au sol. Au début, l'homme ne comprit pas. Il continuait simplement de tituber vers Raiponce, ses yeux bruns toujours grands ouverts, la bouche ouverte en un cri muet.

La blonde hurla de nouveau lorsque le sang gicla sur son visage pâle. Un gargouillement horrible provint alors de la gorge ouverte d'Eugène qui se rendit soudainement compte de sa situation. Il plaqua ses mains contre sa trachée ouverte. Tomba à genoux.

- Raiponce... murmura-t-il.

Seul un hoquètement affreux et une nouvelle giclée d'hémoglobine s'échappèrent d'entre ses lèvres et il tomba à terre.

Raiponce le regarda. Elle avait arrêté de hurler. Arrêté de pleurnicher, de supplier ou de se débattre. Cela ne servait plus à rien. Elle ne faisait que regarder l'homme qu'elle aimait tomber à quelques mètres d'elle, des flots de sang sortir de son sourire sous le menton, couler au sol tels un ruisseau sombre. Le liquide chaud louvoya vers les cheveux de la blonde, les imprégnèrent comme une teinture rouge et parvint jusqu'à la robe rose et violette de la fille. Raiponce regarda tout ce sang qui s'écoulait sur elle. Elle sortit alors sa langue et lécha les commissures de ses lèvres. Le goût du fer s'installa dans son palais et elle se retint de vomir.

- Bien ! fit soudain Gothel en enjambant Eugène mourant. Il emportera notre secret dans sa tombe, ma jolie fleur.

Elle passa tranquillement à côté de Raiponce en sautant par-dessus les flaques de sang pour empêcher le liquide de tacher sa robe imacculée, et tira violemment les chaînes de la blonde. Raiponce resta encore quelques secondes le regard fixé sur le corps sans vie d'Eugène. Une larme glissa sur sa joue et tomba dans la flaque à ses pieds. Le sang recouvrit rapidement l'eau salée. Gothel tira encore sur les chaînes pour l'obliger à bouger, et Raiponce gémit. Elle revint alors à elle et une seconde larme coula sur sa joue rose. Puis, elle ferma les yeux.

Comme la femme aux cheveux noirs l'entraînait de plus en plus fort, l'impatience montant sur son visage légèrement ridé par l'âge, Raiponce tira de son côté, yeux toujours clos. Elle n'avait pas perdu ses rêves, non, elle voulait juste les faire perdurer. Les prolonger. Comme elle voulait prolonger la vie d'Eugène.

Il ne pouvait pas être mort. C'était impossible. Il était puissant. Elle l'avait déjà vu supporter des blessures. Comme la fois où il avait utilisé les longs cheveux de Raiponce pour voler d'un côté à l'autre de la falaise, jusqu'à ce qu'il rencontre inopinément une planche en bois dans l'estomac. Comme lorsqu'il s'était coupé la main sur la roche en tentant de les libérer alors que l'eau montait rapidement. Ou encore, au début de leur aventure, elle avait falli lui casser le nez. Il est vrai que Eugène était fort. Il était son héros, il était invincible. Son prince charmant. À la fin de toutes les histoires que la fille avait lues, le prince charmant venait et sauvait la princesse. C'était si magique. Alors pourquoi baignait-il dans la mare de son propre sang ? Pourquoi sa gorge était hideusement ouverte par le poignard affuté de la sorcière qui avait enlevé la princesse alors qu'elle n'était qu'un bébé ? Pourquoi ne se réveillait-il pas, tout sourire, et allait la délivrer de ses chaînes qui l'empoisonnaient ? Pourquoi ?

Encore une fois, quelque chose n'allait pas. Non. Rien ne se passait comme prévu. L'histoire ne se finissait pas comme ça. Elle allait le guérir, assurément. La princesse allait sauver le prince charmant. Oui. Elle devait changer tout cela, toute ce conte illogique et barbare.

"Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants."

Raiponce réouvrit les yeux et mordit le bâillon, secoua brutalement la tête pour tenter de le faire glisser, et y parvint. Le morceau de tissu tomba autour de son cou et elle planta ses pieds au sol en hurlant encore, sans aucune barrière pour empêcher que son cri de douleur s'envole au loin. Ses poignets craquèrent, elle ne le sentit pas, toute à sa souffrance et à sa rage impuissante. Ses bras manquèrent de se déboîter, elle s'en moquait cordialement. Tout ce qu'elle voulait, c'était sauver Eugène. Sauver son amour.

- Calme-toi, Raiponce ! lui ordonna Gothel en tirant encore. Tu es à moi, à présent, nous allons rester ensemble ! Alors ARRÊTE DE BOUGER !

- NON ! hurla la fille en retour.

Son pied glissa dans le sang et elle tomba sur le côté, haletante, en sueur. Mais Gothel força encore sur les chaînes, Raiponce eut un cri et s'affala sur le dos, pour être traînée comme un vulgaire objet.

Alors, Pascal le caméléon surgit de sous l'armoire. Il avait vu la scène avec des yeux terrorisés, il avait vu Eugène mourir et Gothel attirer Raiponce. Alors, Pascal, si chétif, petit et inoffensif qu'il était, bondit sur Gothel et attrapa une boucle de ses cheveux entre ses dents plates. La femme brune eut un cri de surprise et lâcha les chaînes pour donner une violente claque au caméléon qui s'envola sous le coup. Il retomba plus loin avec un bruit mat, assommé.

Mais Gothel avait lâché les chaînes de Raiponce. La blonde se projeta en avant, tirant sur ses liens plus fort qu'elle ne l'avait jamais fait, une seule pensée traversant son cerveau : sauver Eugène. A tout prix.

Il y eut alors un craquement. La fille se sentit partir en avant et s'affala au sol comme une poupée de chiffon. Avec un nouveau cri, elle se redressa en prenant appui au sol de ses deux mains, repoussant ses cheveux d'un geste de la tête. Elle appuya ses deux mains libres. Et se sentit tomber à plat ventre.

Tout d'abord surprise, elle regarda sa main droite. Un bouillonnement de fluide sanguin s'écoulait le long d'une fossette profonde de la tranche, et, curieusement, le majeur, l'annulaire et l'auriculaire paraissaient comme agités de tics nerveux, sans qu'elle ne puisse les forcer à arrêter leurs spasmes. Les deux autres doigts pendaient à sa main, inertes. Une petite protubérance, celle qui l'empêchait depuis si longtemps de se déchaîner, avait claqué sinistrement et traînait, toujours attachée à sa main par un morceau de peau à vif. La deuxième main était l'exact semblable de sa jumelle.

À force de tirer sur les liens, elle avait réussi à s'en délivrer. Au prix de ses os et de son sang.

Elle n'avait pas mal... pas pour le moment.

- RAIPONCE ! hurla à nouveau Gothel, derrière elle.

Elle ne répondit pas. Ses yeux verts clairs étaient animés d'une fureur sauvage, meurtrière, démentielle. Alors, ne faisait fi de ses mains en bouillie, elle se redressa d'un bond et attrapa solidement sa chevelure avec les trois doigts agités de tremblements qui marchaient encore.

- Restez où vous êtes.

Et elle la menaça d'une voix tranquille, si tranquille qu'elle en paraissait lointaine, étrangère. Alors qu'au fond, elle bouillait de rage difficilement contenue.

Gothel s'avança. D'un pas. Ses rides étaient on ne peut plus visibles et ses yeux d'un noir de jais brûlaient d'une flamme dangereuse. Raiponce l'avait prévenue.

Alors qu'une douleur sourde grimpait enfin le long de ses mains, des coudes aux épaules pour atteindre son cerveau, la fille lança sa chevelure tachée. Les cheveux ligotèrent Gothel à la taille, l'enserrant dans un étau étrangement puissant, puis la ramenèrent vers sa prétendue fille lorsque Raiponce attira vers elle sa chevelure.

Gothel, prise dans son élan, courut presque vers la blonde. Raiponce s'effaca alors devant la brune et, d'un geste vif, poussa la femme vers le balcon avec un autre craquement de ses os cassés.

Elle ne vit rien venir. Elle sut simplement que la fille qu'elle avait enfermée durant dix-huit longues années venait de se rebeller. De se rebeller au point de tuer la femme qui l'avait protégée durant tout ce temps des méchants bandits, des voleurs et des brigands. Voilà comment on remerciait les personnes qui se préoccupaient des autres. En les jetant du haut d'une tour.

Bien sûr, elle hurla lorsque le vent fouetta son visage ridé, lorsque la terre se rapprocha sous ses pieds, elle hurla quand sa propre cape s'enroula autour de son corps encore magnifique pour son âge, au point de l'enserrer comme un rat dans un gant d'acier, noire telle le baiser ultime de la mort qui l'attendait patiemment, elle et sa faux, du bas de la tour. Elle hurla tout au long de la descente. Ce ne fut que lorsqu'elle heurta la terre que son cri se tut, accompagné d'un écoeurant bruit de brisement et de l'air s'échappant violemment de poumons implosés.

La cape l'enserrait toujours.

.

Raiponce regardait la fenêtre, haletante, écoutant le hurlement se taire avec les gazouillis gais des oiseaux bleus, ses yeux lui dévorant le visage tellement ils paraissaient emplis de terreur. Une écharde de douleur lui parcourut de nouveau les mains, et elle les secoua. Elles pendirent, inertes à ses bras, inutiles. Raiponce les regarda un instant.

Ça faisait mal... Mais moins que son coeur éventré.

Alors, elle se souvint. Eugène.

- Non, non non... !

Elle tourna la tête vers le beau brun qui était allongé dans la mare de son propre sang. Elle courut vers lui, manqua de glisser sur le liquide, se rattrapa de justesse et finit agenouillée devant lui. Elle l'observa en silence.

Raiponce tendit alors une main ensanglantée vers le visage étrangement serein de ce qui aurait pu être son premier amour. Elle le toucha, le palpa, évita de regarder la plaie hideuse de sa pomme d'Adam, caressa ses sourcils, passa la main dans ses cheveux doux tout en ignorant la douleur de plus en plus vive. Elle voulait toucher tout le corps d'Eugène, s'assurer de sa santé, vivre de nouveaux instants avec ce bel homme.

Elle chercha une respiration quelconque : n'en trouva pas. Vérifia son pouls : qui ne battait pas.

Alors, elle avança son visage piqué de minuscules taches de rousseur et de sang, et frôla de ses lèvres humides celles, froides, du voleur de son coeur. Elle l'embrassa pour la première fois, mais ne découvrit sur sa langue que la saveur de la mort. Elle se retira donc, déçue. Rien n'avait plus de goût.

Même pas les rêves.

Peut-être les chants.

Fleur aux pétales noires

Répand ton pouvoir

Rends-moi mon passé

Qui m'a été enlevé

Efface mes brûlures,

Mes cris et mes blessures

Rends-moi ce baiser

Qui m'a été enlevé

À tout jamais...

Elle avait chanté d'une voix entrecoupée de sanglots déchirants, sans même savoir qu'elle avait murmuré des paroles différentes de son Incantation de la Guérison. Elle avait simplement dit ce qu'elle avait sur le coeur.

Mais ses cheveux brillèrent. La pièce rendue soudainement lumineuse, elle saisit une de ses mèches dans sa main gauche pour plaquer sa chevelure contre la gorge béante de Eugène. Ou plutôt, elle tenta. Ses deux doigts mous ne voulurent pas remuer, et ce fut comme si un poignard se plantait dans son corps maigre ; elle étouffa un hurlement de souffrance mais réessaya d'attraper la mèche blonde. Elle tendit ses deux mains, cette fois, et parvint à emprisonner quelques cheveux au creux de sa paume d'où s'échappait encore des filets de sang sombres. Elle ne savait pas combien de litres elle avait perdus, mais elle s'en fichait. Rien n'avait plus d'importance. Seul le sauvetage d'Eugène comptait.

Fleur aux pétales noires

Répand ton pouvoir

Rends-moi mon passé

Qui m'a été enlevé

La magie irrigua plus fort sa chevelure et s'immisca dans ses doigts, referma les plaies ouvertes, réattacha les protubérance arrachées à la chair et les mains de Raiponce redevinrent jeunes, lisses et roses. Elle aurait pu croire que tout ça n'était qu'un rêve si son sang trempait toujours le sol et sa robe. D'un geste vif, elle enroula ses cheveux autour de la gorge d'Eugène en prenant bien garde à ne pas regarder la blessure affreuse.

- S'il vous plaît... implora-t-elle, faites que ça marche... par pitié... Fleur aux pétales noires, répand ta magie, rends-moi mon passé, et ce qu'il m'a prit... Je sens l'herbe... j'ai des cheveux magiques qui s'illuminent quand je...

Elle mélangeait tout. Des phrases sans queues ni têtes résonnaient dans son cerveau choqué, se heurtaient à un mur d'incompréhension.

(que le voile enfin s'est brisé)

Puis, sa magie s'éteignit.

- NON ! hurla la fille. Guéris les blessures ! Par pitié... éloigne la pluie... ce destin si pur... QUI M'A ÉTÉ ENLEVÉ !

(et les lumières brillent pour nous)

L'homme restait inerte, la magie... s'éteignit. Comme on souffle la flamme d'une bougie. Raiponce chanta encore, hurla toujours pour que son pouvoir brille, mais il ne se raviva pas.

(maintenant tout semble différent)

Tout va revenir dans l'ordre. Il le fallait. Sinon, elle savait qu'elle ne s'en remettrait pas. Jamais. Elle deviendrait folle, folle de la cruauté de Gothel, folle de la mort de son voleur de cœur, folle de cette stupide chevelure qui ne voulait pas guérir celui qu'elle aime, ou plutôt, qu'elle aimait et qu'elle aimera toujours, folle de ce destin si hideux qui lui barrait sans cesse le chemin, folle de cette vie infâme qui lui ravageait l'existence.

(je veux croire en nous)

Il n'y avait plus de nous, il n'y avait plus qu'elle. Elle et sa folie.

Folle à lier.

(et dans la douceur du soir, je sens que le monde a changé...)

Folle à lier.