The werewolf thing
Epilogue - Prospérer.
_5 années de passées_
Le froid s'insinuait partout. Il s'introduisait sous mes vêtements au travers des bourasques de vent, il fouettait mon visage offert aux courants d'air, il glaçait mes mains devenues douloureuses. Il était partout, l'hiver canadien n'était pas une légende exagérée du tout.
Essuyant mes bottes sur le tapis de l'entrée, je les y abandonnait et détachais mon manteau. Je ne pensais pas un jour avoir besoin d'en acheter un, mais dans le froid polaire, avoir un corps réchauffé perpétuellement à 40 degrés, c'est bien loin d'être assez.
Secouant la neige dans mes cheveux, j'appelais Hermione depuis le vestibule du chalet. Elle me répondit depuis le salon, je m'empressais de la rejoindre.
" Tu as bien de la chance que je t'aime comme un fou, ce n'est pas tout le monde qui ferait 120 kilomètres pour quelques fraises."
Elle eut un petite rire et m'arracha presque mon butin des mains en tournoyant aussi gracieusement qu'un hippopotame qui se serait mis à la danse classique. Hermione était énorme. Une véritable baleine.
J'interceptais le pas qu'elle allait faire tout en avalant distraitement les fruits. L'emprisonnant dans mes bras pour l'obliger à freiner ses élans artistiques, j'embrassais son front et lui imposait un répit. Elle me glissa une fraise entre les dents et déclara solennellement :
" Merci Jacob Black pour ces fraises, je te revaudrais ça !"
J'eu un rire franc.
" Essaie déjà de porter mon enfant à terme, et on sera quitte."
Elle me regarda et continua sur le même ton, à la limite de la prétention :
" Tu m'as déjà vu échouer ?"
Je préférais ne pas relancer le débat à propos de sa tarte au chocolat, dont elle rejetait l'échec sur le four qui n'avait lui, rien demandé, et aucun moyen de se défendre.
Doucement, sans la brusquer, je me décollais d'elle et la conduisit jusqu'au canapé. J'avais beau lui interdire tout effort, elle était bien trop entêtée pour obtempérer. Elle me rendait malade d'inquiétude. Elle ne s'arrêtait jamais, trouvant toujours une occupation ou à défaut, des exercices de gym ou de danse pour se distraire. Rien ne pouvait la stopper. J'étais perpétuellement angoissé.
J'étais également mort de trouille quand la pleine lune refaisait surface, mais la louve s'était assagie, elle me laissait chasser pour deux à contrecoeur, et se contentait de gambader dans la clairière, indifférente à mes tentatives de la réfréner. C'était un animal, rien ne pouvait l'arrêter.
Je m'étais avachi dans le sofa et avait attiré Hermione contre moi. Comme tous les matins depuis les 8 derniers mois, je posais les mains sur son ventre et attendait une réaction. Ce qui prenait des heures au début et était difficulté par les mouvements intempestifs d'Hermione qui n'aimait pas rester immobile, ne nécessitait à présent que quelques paroles et quelques minutes. La première fois que je l'avais sentit, j'étais tellement abasourdi que j'avais été incapable de bouger et de parler pendant plusieurs dizaines de minutes. J'étais obnubilé par ce contact, ce petit tremblement à la surface de mes paumes, cette petite secousse qui, si elle n'en avait pas l'air, avait littéralement retourné ma vie sens dessus dessous.
Et Hermione s'impatientait, mi-amusée, mi-agacée, elle s'exclamait souvent :
" Arrête Jake, tu vas le faire cuire ce petit."
Précipitamment, je retirais mes mains, inquiet, et elle se mettait à rigoler. Mais n'y tenant plus, je les reposais très vite, incapable de rester longtemps éloigné de ce petit morceau d'elle et de moi si parfait.
Ce matin, mes mains avaient retrouvé leur place habituelle. Hermione, appuyée contre moi, ne me taquinait pas. Ses fraises terminées, elle semblait soucieuse. Je tentais de la dérider.
" Par pitié, ne me dis pas que tu as envie de framboises maintenant."
Elle me fit un signe négatif de la tête, et tendant la main vers la table basse, elle attrappa du bout des doigts une enveloppe que je n'avais pas remarqué.
" Tu as reçu du courrier. Annonça-t-elle timidement."
La surprise m'empêcha de comprendre ce qu'elle venait de dire. Nous vivions dans un endroit si reculé, que le courrier ne nous était acheminé qu'une fois par semaine, et encore, quand il y en avait. Je n'avais, à ce jour, jamais reçu la moindre missive.
A contrecoeur, je décollais une main tremblante de son ventre et attrappais le morceau de papier qu'elle me tendait. Instantanément, je reconnu l'écriture.
Je décachetait l'enveloppe en maudissant Sam qui avait dû lâcher le morceau et communiquer notre adresse. Je parcourais rapidement les quelques lignes d'un oeil distrait, ne m'attardant que sur quelques bouts de phrases penchés, sur les mêmes mots qui revenaient sans cesse, "Je m'inquiète de ne pas avoir de nouvelles.", "Tu me manques Jacob", "J'espère que tu es heureux", "je suis désolée".
Bella Swan pouvait écrire tous les mots qui lui passaient par la tête, pas un seul n'accrocha réellement mon attention. Je balançais la lettre sur la table basse et remit mes mains à leur emplacement habituel, agacé d'avoir dû les retirer pour quelque chose de si futile. Une petite secousse ébranla rapidement mes paumes et un sourire étira mes lèvres. Hermione ne disait rien.
" C'est Bella. Maugréai-je."
Elle ne répondit pas, fronçant les sourcils. Puis, d'une voix hésitante, elle me demanda :
" Tu comptes lui écrire ?"
Je n'avais pas pensé à cette option. Jetant un coup d'oeil par la fenêtre, en direction des bois, je décidais distraitement :
" Peut-être bien."
Je sentis la respiration d'Hermione devenir irrégulière, sa voix était laborieuse alors qu'elle soufflait :
" Eh bien je crois que tu pourras faire des économies d'enveloppes et lui envoyer en même temps le faire-part de naissance du bébé."
Je ne saisis pas de suite ce qu'elle avait dit. Puis, ce fut comme si je me prenais une porte en pleine figure, mes idées se remirent en place, la panique me gagnait.
" Quoi ? C'est pour maintenant ? Là, tout de suite ?!"
Elle acquiesça précipitamment.
" Oh bon sang, heureusement que j'ai pas mis la voiture au garage."
La main d'Hermione serrait la mienne avec une force que je ne lui connaissais pas. La douleur transcendait tout. La souffrance émanait de chaque centimètre carré de son corps pour faire écho dans le mien. Son front était plissé par l'effort, sa peau luisante de sueur, j'entendais nos deux coeurs battre à toute allure. La peine que j'avais de la voir en proie à une telle douleur se répercutait dans tout mon être, résonnait dans mes oreilles, elle me rendait malade. Une larme ou deux dévalaient mes joues. Je ne supportais pas de l'entendre hurler, c'était un calvaire, c'était insurmontable. Et tout ce que j'avais à lui offrir, c'était une main à serrer, et quelques mots qu'elle n'entendait probablement pas.
Tu es forte mon amour, tu vas y arriver. Je sais que donner la vie est une torture, mais tu es courageuse, tu es une guerrière, une louve. Tu es invulnérable et invincible. Tu es magnifique et je t'aime. Je t'aime plus que tout, et plus que jamais en cet instant donné. Tu es en train de me faire le plus beau cadeau du monde, et jamais je ne pourrais assez t'en remercier. Allez, je sais que tu peux le faire, tu le dis toi même, tu n'échoues jamais. Et j'aimerai pouvoir t'offrir plus qu'une main à serrer, j'aimerai prendre toute la douleur, te l'enlever. Je ne peux rien faire mais je suis là, tu te souviens, je te l'ai promis, je partirai pas, jamais, je resterai toujours à tes côtés. Dieu seul sait à quel point je t'aime et à quel point je souffre de te voir tout endurer. Mais tu es forte, je sais que tu peux y arriver, j'ai foi en la louve dont je me suis imprégné...
Et un cri incroyable a retentit. Il n'émanait pas d'Hermione, ni de moi, ni de quiconque se trouvant dans la pièce quelques secondes auparavant. C'était un cri nouveau, empreint de rage et d'envie de vivre. C'était le cri de quelqu'un qui démarre une existence promettant d'être exceptionnelle.
Une vague de soulagement et de bonheur est venue me noyer. J'étais complètement sonné, incapable de comprendre ce qui se passait. Je regardais Hermione et son petit sourire victorieux et je me rendis compte que jamais depuis que je m'étais imprégné d'elle, je ne l'avais aimé aussi fort, aussi passionnément et de façon plus pure qu'en cet instant précis. J'étais bouleversé, et j'en pleurais sans retenue.
Un petit tas de couverture est passé sous mon nez et s'est posé sur Hermione. Tous mes sens étaient en éveil. Il était là, cet enfant que j'avais passé 9 mois à attendre, à espérer, à rêver et que j'aimais déjà bien avant qu'il dépasse la taille d'un petit escargot. Tout mon corps tremblait, ma main libre s'éleva lentement dans les airs, et mes doigts effleurèrent la couverture. Mon coeur battait à tout rompre, comme un fou furieux, pressé, impérieux. Mais je me refusais à gâcher cet instant, cet instant unique. Je regardais la main d'Hermione découvrir le petit visage caché, et dans mon esprit, plus un bruit, le silence radio, comme si tout s'était éteint. Seulement la voix de la femme que j'aimais qui m'annonçait :
" Voici Aurore."
Un calme incroyable baignait la foyer habituellement mouvementé. Je ne percevais pas le moindre bruit, seulement le battement de deux coeurs accordés, et une respiration qui de saccadée était devenue apaisée. C'était la première fois que j'étais face à la baie vitrée, mais que je n'observais pas la forêt. Mon regard s'était posé ailleurs, sur quelque chose de beaucoup plus important et moins imposant, qui reposait alors au creu de mes bras.
Aurore jouait avec un de mes doigts qu'elle essayait d'entourer de ses deux petites mains. Je la regardais faire avec attention. Elle semblait si concentrée, que ça m'impressionnait. Elle s'efforçait de trouver une solution, le front plissé, dans une attitude d'extrême concentration. Tout le portrait de sa mère.
Je passais des heures, chaque matin, à la tenir comme ça, près de moi, à sentir son coeur battre contre le mien, à remercier le ciel de m'avoir offert une femme à aimer et une enfant à adorer. Et c'était ces instants là qui m'avait fait prendre conscience de l'évolution que j'avais effectué, qui m'avaient fait constater que je n'étais plus un adolescent attardé. Aurore avait fait de moi un homme, et un père, deux individus à part entière.
Aujourd'hui, pour la première fois depuis plusieurs semaines, je relevai la tête et jetais un coup d'oeil à la forêt. Puis, me tournant vers ma fille, je commençai à lui parler, alors qu'elle tournait ses grands yeux bruns pour m'écouter attentivement.
" Tu sais Aurore, ta maman et moi, nous ne sommes pas vraiment comme les autres parents. Nous sommes spéciaux, et toi aussi tu es spéciale. Tu es la conséquence d'un amour sous la forme la plus pure et rare qui soit, un amour que tu auras probablement un jour la joie de ressentir pour quelqu'un avec la même force que nous le ressentons tous les trois. Et je sais qu'en grandissant, il y aura des choses que tu ne comprendras pas, que tu auras du mal à intégrer, des différences que tu auras peut-être du mal à accepter. Mais tu dois vivre avec, les admettre et réaliser qu'elles ne font que nous rendre encore plus exceptionnels. Et j'espère que quand ces instants viendront, tu sauras me pardonner mes maladresses et ma rudesse. Parce que rien ne m'a jamais préparé à tout ça. Je n'imaginais pas que quelqu'un comme toi rentrerai dans ma vie avant bien longtemps, mais tu es là aujourd'hui, et rien au monde ne pourrait me rendre plus heureux. Tu es merveilleuse ma beauté, ne laisse jamais personne t'en faire douter."
Aurore continuait à me regarder obstinément, et je ne savais si ça venait de mon imagination, mais un sourire semblait s'esquisser sur son visage. J'en devenais presque aveugle à force de ne voir qu'elle.
Une main s'est posé sur ma nuque, douce et tendre, elle a redessiné la courbe de mon cou tandis que sa propriétaire me contournait. Hermione était radieuse, un véritable rayon de soleil. Ses deux mains ont lentement suivi la courbe de mon menton, et ses lèvres ont fini par prendre le relai, embrassant ma bouche avec tout l'amour qu'elle ressentait.
Puis, avec cette lenteur sereine, elle a glissé son bras droit sous mon gauche et a laissé sa main se poser dans le creu de mon dos. Son bras gauche est venu rejoindre celui qui maintenait le petit corps fragile d'Aurore. Enfin, penchant la tête, elle a appuyé son front contre le mien. Je sentis un soupir monter en elle, comme le souffle qui émane de quelqu'un qui a eut une longue et pénible journée et qui goûte enfin à un repos mérité. Car c'était ce qui nous était arrivé, nous avions traversé près d'un quart de siècle dont la moitié n'avait été que douleurs et souffrances en parts inéquitables. Hermione avait connu plus que quiconque les tourments de la guerre, et la perte d'êtres chers. Aujourd'hui, c'était comme si le destin avait décidé de lui faire une fleur, de lui offrir un instant de paix dans cet horizon de peine. C'était le début d'une nouvelle vie, une existence à laquelle nous nous étions ancrés, prêts à en apprécier chaque seconde. Et la seule photo du chalet, la première écographie, la première image d'Aurore, venait constater le début de cette nouvelle ère de paix et de prospérité.
Le visage d'Hermione avait glissé et était venu se loger dans mon cou. Entre nos bras enlacés, Aurore s'était endormie. Sa bouche près de mon oreille, l'humaine que j'avais découvert cinq années auparavant et dont j'était fou amoureux, murmura quelques mots que j'étais persuadé de ne jamais pouvoir oublier.
" Je crois que je devrais témoigner ma gratitude à Bella en premier, mais elle n'est pas là, alors c'est sur toi que ça va retomber. Merci Jacob, d'avoir toujours été là et d'avoir pris soin de moi. Merci aussi de m'avoir aimée aussi fort et aussi passionnément, merci de me l'avoir prouvé en m'offrant une seconde vie pour renaître, pour exister. Merci de m'avoir confié un amour si beau, si pur et malléable, qu'il a put créer la plus belle petite fille de l'univers. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu n'étais pas entré dans ma vie, et si elle n'avait pas suivi tes pas. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans ça. Parce qu'avant de te rencontrer, ma vie n'était qu'un néant, un trou sans fond dans lequel je m'enfonçais progressivement. Et dans cet amas d'obscurité, tu as apporté un rayon de soleil qui a tout illuminé, une lumière chassant les ténèbres. Je crois bien que pour moi, c'était un peu ça la révélation, si je pouvais m'imprégner, je suis sûre que ça aurait été à cet instant donné, ce moment où tu es apparu et où tu as tout irradié de bonheur. Parce que je t'ai aimé, pas dès la première seconde, mais lorsque pour la première fois tes mains m'ont effleurée. Tu sais, certaines personnes prétendent pouvoir lire la vie d'un homme sur ses mains, dans les sillons de ses paumes. Et je crois que, quand les tiennes, chaudes et douces, m'ont touché pour la première fois, j'ai sû que je ne craignais rien, et que le restant de temps que j'avais encore à vivre, c'était à t'aimer que j'allais le passer. Mais ça ne m'effraie plus, je n'ai plus peur, tu as chassé mes angoisses. La nuit, le noir, la lune, l'avenir, plus rien ne pourra me terrifier tant que tu resteras à mes côtés. Et tant que cette petite chose fragile, douce et débordante d'amour sera entre nous deux, je crois bien qu'on ne cessera jamais d'être heureux."
Un sentiment nouveau et bouleversant s'était emparé de moi et venait se méler au ballet des autres sensations que les mots d'Hermione m'avaient procuré. J'étais déboussolé, perdu, et en même temps, tout me semblait enfin véritablement clair et équitable. Elle s'était imprégnée, à sa façon, et même si nous nous aimions d'un amour inconditionnel et non conventionnel, il était réellement magnifique. L'instant était incroyablement parfait. Tenant les deux femmes de ma vie contre moi, je réalisai la chance que j'avais. Elles étaient tout ce que j'avais de plus précieux, les battements de mon coeur, la prunelle de mes yeux, ma femme et ma fille. En somme, ma seule et unique famille.
Hi Everybody !
Voilà enfin l'épilogue de la saga que vous avez été nombreux à suivre avec application. Merci à tous pour vos messages, vos gentillesses et toute la chaleur humaine que vous avez sû me témoigner. Merci aussi pour votre patience et votre enthousiasme. J'espère pouvoir à nouveau susciter votre admiration au plus vite.
Avec tout mon amour, et les touches de mon clavier,
Lily xo.