Auteur : Archimède

Bêta auditrice : mandala7338

Bêta Correctrice : Nanola

Rated : M

Disclamer : Rien ne m'appartient, tout est à J.K Rowling. Histoire à moi !

Note : Cet OS est un cadeau pour Jenny-Chana qui m'a donné les idées directives pour l'histoire. J'espère que ça va te plaire :)

Meurtrier : Peeves.

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Note de Nanola : Sache ma femme que je te hais, je t'exècre et je te maudis ! M'obliger à corriger ? Tu as une idée de l'état dans lequel je suis ? Avec le cœur qui bat à toute vitesse, une envie de me barrer à 10 000 km de là et une furieuse envie de pleurer toutes les larmes de mon corps.

Sur ce, bonne lecture !


L'esprit frappeur de la poussière


« Il existe sur terre des créatures si petites que l'on imagine pas leur degré de vice.

Elles se cachent dans la poussière et portent le terrible nom d'acariens. »

By Nanachan14

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- Mec, je suis vraiment désolé.

Harry retint difficilement un soupir. Ce devait bien être la centième fois que son meilleur ami, Ron, s'excusait.

- Je t'ai déjà dit que ce n'était pas grave, Ron, alors arrête de t'excuser toutes les cinq minutes.

Le rouquin ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma aussitôt quand il vit le regard noir que lui lança le Survivant.

Les deux garçons étaient assis sur l'un des canapés de leur Salle Commune, devant la cheminée, et le jeune Weasley n'avait de cesse de lui demander pardon depuis qu'ils s'étaient retrouvés.

En effet, un peu plus tôt dans la soirée, peu de temps après avoir pris leur repas dans la Grande Salle, ils s'étaient rendus ensemble à la bibliothèque dans le but de faire leur devoir de Métamorphose qui était à rendre pour le lundi suivant. Sachant qu'on était jeudi, ils avaient voulu prendre de « l'avance », pour profiter de leur week-end à faire du Quidditch.

Le fait qu'ils soient en Sixième Année leur laissait beaucoup de temps libre entre les cours car ils avaient choisi des matières spécifiques en fonction de ce qu'ils désiraient faire de leur avenir. Mais ce temps libre ne signifiait pas pour autant qu'ils n'avaient rien à faire. Ils avaient énormément de devoirs à rendre, et tentaient d'en finir le plus possible en semaine pour avoir leurs week-ends de tranquilles.

Sauf que ce soir-là, lorsqu'ils s'étaient rendus à la bibliothèque, les choses ne s'étaient pas déroulées comme d'habitude.

°Flash-Back°

Quand Harry et Ron arrivèrent dans l'antre de Madame Pince, ils se dirigèrent vers la partie Métamorphose et s'installèrent à une table pour travailler. Une fois là, ils se séparèrent, Ron allant chercher les livres dont ils auraient besoin et Harry préparant leurs affaires.

Au moment où le brun termina de sortir plumes et encriers, Ron revint au pas de course vers lui, le souffle haché et les joues rouges. Il semblait furieux.

- Ron ? lui demanda le Survivant, surpris. Ça ne va pas ? Qu'est qu'il t'arrive ? Pourquoi tu n'as pas les livres ?

Mais le rouquin ne sembla pas l'entendre. Au lieu de ça, il s'assit lourdement sur sa chaise, s'attirant de ce fait plusieurs regards noirs de la part d'autres étudiants qui se trouvaient autour.

- Ron ? tenta à nouveau Harry à voix basse tout en prenant place à côté de son meilleur ami.

- McLaggen… encore… et elle… laisse faire…

Le brun fronça les sourcils. Que venait faire Cormac dans cette histoire ? Quel rapport avec la soudaine colère de Ron ?

- Ok… fit-il lentement. Je peux savoir ce qu'il a fait ? Parce que là, je suis un peu perdu.

Mais en voyant les oreilles du rouquin se colorer d'un joli rouge tomate ainsi que le regard mauvais qu'il lui lança, Harry sut qu'il aurait mieux fait de se taire.

- McLaggen n'est qu'un con qui n'arrête pas de tourner autour d'Hermione pour se la faire, et elle, elle est bien trop aveugle pour s'en rendre compte ! Ils… ils sont en train de flirter dans la bibliothèque !

Plus il avait parlé, plus sa voix était montée haut, ce qui avait bien évidemment attiré l'attention, notamment de Madame Pince qui les fusillait des yeux et leur intima l'ordre de se taire depuis l'entrée de la réserve où elle retourna ensuite.

- D'accord, d'accord, s'empressa de dire Harry, mal à l'aise. Mais je ne pense pas qu'Hermione soit attirée par Cormac, je veux dire… Tu es sûr de ce que tu as vu ?

Ron poussa soudain un cri de rage et se leva, faisant tanguer dangereusement la table dans sa manœuvre.

- Évidemment, comment peux-tu remettre ma parole en doute ?

Harry écarquilla les yeux, étonné.

- Mais, je…

- De toute façon, tu comprends rien, t'es jamais sorti avec une fille, cracha le roux avec colère.

- Et toi tu te comportes comme un petit ami jaloux alors qu'il n'y a aucune raison ! répondit Harry sur le même ton.

Sans s'en rendre compte, le brun s'était levé et les deux garçons se faisaient à présent face, aussi énervés l'un que l'autre.

- Je ne suis pas jaloux ! asséna Ron, au bout de quelques secondes d'un silence tendu où tout le monde attendait une réponse.

- Ah ouais ? Permets-moi d'en douter, rétorqua Harry.

Mais alors que Ron ouvrait la bouche pour répondre, le jeune Potter enchaîna :

- Tu es fou amoureux d'Hermione mais tu as trop peur de lui dire, résultat, ta jalousie te fait perdre la tête !

- Ah, tu peux parler ! T'y connais quoi, toi, en relations amoureuses ?

Harry voulut dire quelque chose, mais il fut incapable de parler.

- Exactement, déclara le préfet de Gryffondor avec un air satisfait. Alors avant de donner des leçons, réfléchis !

Puis le rouquin s'empara de son sac et y fourra ses affaires sans la moindre délicatesse.

- Et c'est toi qui me dis ça ? Tu ne crois pas que tu es mal placé, Ron ?

Mais ce dernier ne lui répondit pas. Il se contenta de refermer son sac et de partir à grands pas, sortant de la bibliothèque en claquant la porte.

Furieux comme jamais, Harry frappa de son poing contre la table, avant de pousser un gémissement de douleur. Il avait frappé trop fort. Il prit ensuite son sac et commença à ranger ses affaires quand un raclement de gorge le stoppa.

Lentement, il leva les yeux et croisa ceux de Madame Pince qui lançaient des éclairs.

- Que les choses soient claires : je me moque éperdument de savoir qui a commencé, Monsieur Potter, mais pour avoir troublé le silence de la bibliothèque, vous viendrez me voir en retenu ce week-end. Maintenant, dehors !

°Fin Flash Back°

Après cet incident, Harry était rentré à la Salle Commune de Gryffondor, une colère sourde grondant en lui. Quand il était arrivé, Ron n'était pas présent, et il était plutôt content car il n'aurait pas été certain de pouvoir de se retenir de lui hurler dessus et de lui mettre son poing dans la figure pour lui remettre les neurones en place.

Il était donc parti se calmer dans sa chambre pour redescendre une heure plus tard, apaisé. Il avait ainsi retrouvé Ron qui était assis sur le canapé, penaud.

Le roux avait commencé à s'excuser à ne plus en finir, avant qu'Harry ne l'arrête et ne lui dise qu'il ne voulait plus entendre ses pardons à répétitions.

Et ils en étaient là, à se regarder sans trop savoir que faire suite à leur dispute.

- Pardon Harry, j'ai été stupide. J'ai agi trop instinctivement, et je n'aurais pas dû. Tu… tu as raison, tu sais ?

Harry haussa les sourcils, attentif.

Ron soupira.

- Hermione est assez grande pour faire ce qu'elle veut mais… Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose de mal… Je ne veux pas qu'elle souffre…

Le brun leva les yeux au ciel. Ce n'était pas exactement ce à quoi il s'était attendu, mais c'était déjà mieux que rien. Au moins son meilleur ami reconnaissait qu'il avait agi comme un imbécile.

- Je sais, mais tu devrais vraiment faire quelque chose pour contrôler ta jalousie, Ron.

- Je ne suis pas… Le Gryffondor s'arrêta soudain. Bon, peut-être un peu, mais qu'est-ce qu'elle pourrait bien trouver à un type comme moi ?

Harry s'apprêtait à répondre lorsque le tableau qui gardait l'entrée de la Salle Commune s'ouvrit pour laisser passer une Hermione décoiffée et à l'air furieux.

- Ronald Weasley ! Comment as-tu osé faire un tel scandale dans la bibliothèque ? Pour qui est-ce que tu te prends ?

Les deux garçons sursautèrent à l'unisson et se tournèrent ensuite vers la jeune fille qui arrivait à grands pas dans leur direction.

En la voyant, Ron pâlit dangereusement et se ratatina sur le canapé, comme s'il désirait se fondre dans le tissu, chose qui était bien évidemment impossible.

Hermione s'arrêta devant lui, les poings sur les hanches.

Si un regard pouvait tuer, il était manifeste que le rouquin serait mort depuis longtemps. En effet, la rouge et or le fusillait des yeux avec force.

- Euh… Comment dire… euh…

- Alors ? J'attends Ron !

Le garçon déglutit difficilement. Il lança un regard d'appel à l'aide à son meilleur ami qui se contenta d'hausser les épaules, impuissant.

En réalité, Harry n'avait pas du tout l'intention de s'en mêler, et il savait que Ron l'avait compris.

Finalement, ce dernier prit une grande inspiration et commença :

- Écoute Mione, pour le scandale… En fait, j'avais pas l'intention d'en faire un, et puis d'ailleurs, ça n'en était pas un, mais euh… pour répondre à ta question… comment dire… c'est juste que je me soucie de toi et comme on est amis…

- Attends, le coupa-t-elle en levant une main pour le faire taire. Tu te soucies de moi ? C'est une blague, n'est-ce pas ? Non parce que si c'est le cas, je crois que j'ai raté quelque chose là…

Ron ouvrit et referma plusieurs fois la bouche, cherchant ses mots.

- Je… Mais pourquoi tu dis ça ? C'est pourtant vrai ce que je dis ! Je me soucie de ton bien être !

Hermione haussa les sourcils, clairement dubitative. À leurs côtés, Harry secouait dramatiquement la tête, désespéré.

Comment Ron pouvait-il sortir ça ? Certes, il savait que ce dernier disait la vérité, mais il se n'y prenait vraiment pas de la bonne façon. Par ailleurs, vu comment Hermione était remontée contre lui, ça n'arrangeait pas les choses, loin de là.

- Si comme tu le dis, tu te souciais réellement de mon bien-être, Ronald, je ne pense pas que tu agirais comme le crétin que tu es ! asséna-t-elle sèchement.

- Quoi ? s'écria Ron en se levant.

- Ok, c'est bon, je crois qu'il va falloir vous calmer là ! s'exclama Harry en sautant sur ses jambes pour se placer entre ses deux meilleurs amis afin de les empêcher de se sauter dessus.

Bon, il avait décidé qu'il ne s'en mêlerait pas, mais en voyant la tournure que prenait la situation, il avait changé d'avis.

- Me calmer ? Mais tu as remarqué comment elle me parle Harry ? reprit Ron avec humeur.

Hermione émit un son outragé.

- Comment moi je… Alors ça c'est la meilleure !

- Hermione ! gronda doucement Harry en lui lançant un regard chargé d'avertissements tandis qu'il forçait le Préfet des rouge et or à se rasseoir et faisait de même.

La Gryffondor grimaça et croisa les bras sur sa poitrine, agacée.

Harry soupira. Il avait beau adorer ces deux-là, depuis quelques temps, il commençait à en avoir un peu marre. En effet, depuis que Ron sortait avec Lavande Brown, Hermione était constamment énervée. Ou du moins, elle l'était lorsqu'ils étaient tous ensemble. Pourtant, il y avait des moments où tout allait très bien, mais au moindre problème, aussi infime soit-il, elle partait au quart de tour et cela se finissait en dispute.

Et quand ils n'étaient pas tous les trois, Ron n'avait de cesse de la chercher des yeux. Harry lui en avait d'ailleurs fait la remarque une fois, mais ça s'était quasiment fini de la même façon qu'aujourd'hui, à la différence près que la jeune fille ne les avait pas surpris.

- Je veux savoir quel est le problème de Ron, déclara Hermione, l'arrachant à ses pensées.

Ron se raidit alors qu'Harry soupirait. Il sentait que les choses allaient être encore pires.

- Je n'ai pas de problème… Aïe ! s'écria-t-il en s'écartant d'Harry et en se massant le bras. Mais ça va pas ? Qu'est-ce qui te prend ?

- Ron, arrête de faire ça et parle-lui. Il faut vraiment que vous régliez ça.

Le rouquin rougit.

- Mais je… heu…

- Ron, soupira Hermione en s'approchant de lui, ce qui le surprit et le fit se reculer un peu plus dans le canapé. Dis-moi.

Le dernier fils Weasley grogna. Puisqu'il n'avait visiblement pas le choix…

- McLaggen se fout de toi, Hermione, débuta-t-il en plongeant ses yeux dans ceux de l'adolescente. Tout ce qui l'intéresse, c'est de coucher avec toi. Le reste, il s'en moque. Ses histoires de travailler à la bibliothèque et tout, ce sont ne sont que des excuses pour se rapprocher et toi, tu te laisses berner. Hermione, tu vaux mieux que ça !

Lorsque Ron se tut, un silence régnait dans la Salle Commune. Et quand le garçon s'en rendit compte, ses rougeurs s'accentuèrent.

Face à lui, Hermione l'observait, les yeux écarquillés sous le choc. Quant à Harry, il ne savait pas vraiment quoi faire : pleurer de désespoir devant la débilité de son meilleur ami ? Ou le frapper jusqu'à ce que ce dernier comprenne qu'il avait fait une connerie ?

- Tu es un idiot, Ronald Weasley. Un putain d'idiot, renifla soudain Hermione.

Les deux garçons la regardèrent, surpris pour le roux et inquiet pour le brun.

- Cormac est un coureur de jupons, et alors ? Si je veux passer du temps avec lui, je fais ce que je veux. Je pense être assez grande pour pouvoir décider avec qui j'ai envie de passer du temps. Maintenant, si toi, tu n'es pas d'accord avec ça, je te prierais de te taire. Tu n'es vraiment pas le mieux placé pour me dire de telles choses.

- Hein ? s'exclama ce dernier. Mais Hermione, c'est pour toi que je dis ça !

- NON, C'EST FAUX !

Puis la jeune fille éclata en sanglots.

Harry bondit aussitôt sur ses pieds et la serra dans ses bras tout en mimant du bout des lèvres à l'adresse de Ron : « La vérité, dis-lui la vérité. »

Le jeune Weasley était perdu. Lentement, il se leva et s'approcha du duo qui ne bougea pas.

- Mione, je veux seulement que tu ne fasses pas d'erreur, reprit-il maladroitement. Tu mérites de trouver quelqu'un qui te rende heureuse, comme moi je le suis avec Lavande…

Pour le coup, Hermione cessa de pleurer. Et Harry de respirer.

- Par Merlin, Ron, ce…

- Laisse Harry, trancha Hermione d'une voix rauque.

Elle se dégagea ensuite des bras du Survivant et s'approcha doucement de l'autre garçon qui la regarda faire, dansant d'un pied sur l'autre.

Et sans que personne ne le voie venir, elle lui administra une gifle retentissante.

- Ça, Ronald, c'est pour n'être qu'un con, et ça, continua-t-elle en le giflant une nouvelle fois, suite à quoi le garçon recula vivement pour retomber, assis, dans le canapé. C'est pour le scandale dans la bibliothèque. Maintenant, j'aimerais que tu arrêtes de te mêler de ma vie privée. Si vraiment tu te soucies de moi, alors laisse-moi tranquille et reste avec Lavande.

Sur ces mots, elle tourna les talons et partit en courant en direction de son dortoir, les larmes coulant sans retenue sur ses joues.

Restés seuls, Harry et Ron se fixèrent, silencieux. Autour d'eux, les conversations avaient repris, bien que moins fortes. Il n'était pas difficile de comprendre de quoi il en retournait.

- Je crois que j'ai fais une grosse connerie Harry, souffla Ron en se massant les joues, les yeux brillants. Mais est-ce que ça méritait deux claques ?

Le brun l'observa quelques instants.

- Franchement, je suis d'accord pour la connerie, tu aurais dû lui dire la vérité. Et pour les claques, elles étaient amplement méritées.

Le préfet grimaça.

- Disons aussi qu'elles compensent en partie la retenue que je me suis prise pour toi, acheva Harry sous le geignement de l'autre garçon.

0o0o0

Le jour suivant, Harry n'eut qu'une hâte : que la journée s'achève le plus rapidement possible.

Effectivement, depuis que les cours avaient débuté le matin-même, la tension qui régnait entre ses deux meilleurs amis était pire que tout. Pour faire simple, ils refusaient de s'adresser la parole et Harry se retrouvait à faire l'intermédiaire, à son plus grand dam.

Voilà pourquoi, alors qu'il était à son dernier cours de la journée, il aspirait à ce que celui-ci se termine incessamment sous peu pour s'enfuir loin de cette ambiance pesante.

Lorsque la sonnerie retentit dans le château, marquant ainsi la fin de la classe de Sortilèges et Enchantements, Harry rangea ses affaires avec une joie non dissimulée. À ses côtés, Ron faisait de même en marmonnant dans sa barbe des mots que le brun ne comprit pas. Ce n'était pas comme s'il avait envie de le faire, de toute façon.

Soudain, il sentit quelqu'un lui bousculer le bras sans ménagement, et s'apprêta à interpeller la personne quand il se rendit compte qu'il s'agissait d'Hermione.

- Eh, Mione, pourquoi tu m'as poussé ? demanda-t-il, surpris.

La jeune fille s'arrêta et se tourna vers lui.

- Désolée, je…

Mais elle se tut et ses yeux se plissèrent alors qu'elle fixait un point derrière lui.

Seulement, avant qu'Harry n'ait pu se retourner, quelqu'un se jeta sur Ron et l'enlaça fortement.

- Oh mon Ron-Ron, j'ai bien cru que cette heure ne se terminerait jamais ! se lamenta Lavande en déposant un baiser sonore sur sa joue.

Harry détourna la tête, légèrement écœuré. Du coin de l'œil, il put voir Hermione clairement grimacer et faire demi-tour, sortant de la classe sans un regard en arrière.

- Lavande chérie, entendit-il, pourquoi tant de démonstration ? Je veux dire… On est pas encore sorti de classe et je…

- Tu me manquais trop mon petit chaton, je ne voulais plus attendre avant de pouvoir te serrer dans mes bras.

La réponse de la jeune blonde donna un haut-le-cœur à Harry qui le mima dans le dos de la concernée à l'adresse de son meilleur ami dont la couleur de ses joues faisait concurrence à leur maison.

Il n'y avait pas à dire, niveau mièvrerie, Lavande gagnait haut la main !

- Ok, euh… Toi aussi, mais tu ne veux pas me lâcher ? Tu m'étouffes un peu…

Mais la blonde ne sembla pas l'entendre, ou alors elle l'ignora délibérément car elle resserra son étreinte, faisant doucement mais sûrement virer le garçon au violet.

D'ailleurs, celui-ci lançait un regard désespéré en direction de son meilleur ami qui avait entrepris tranquillement de ranger ses affaires dans son sac.

Avec ce qu'il avait dû endurer tout au long de la journée entre Ron et Hermione qui avaient refusé de s'adresser la parole, et ayant encore un peu en travers de la gorge la retenue qu'il s'était prise par la faute de Ron, il n'était pas décidé à donner un coup de main à ce dernier. De toute façon, il s'agissait de sa copine, c'était donc à lui de gérer cette situation.

- Je vais y aller Ron, on se retrouve au dîner ce soir, déclara-t-il en passant la bandoulière de son sac par-dessus son épaule.

- Ry…

- À plus tard, fit Harry avec un petit signe de la main avant de sortir de la salle de classe.

Une fois seul, il s'autorisa à respirer un grand coup. Il se mit ensuite en marche en direction de sa Salle Commune, le pas tranquille. Se retrouver seul ne lui faisait pas de mal, bien au contraire. Il était plutôt soulagé car il pouvait enfin s'entendre penser et n'avait pas à supporter les regards à la fois furieux et tristes de ses deux meilleurs amis.

Et dire qu'ils n'étaient même pas capables de voir qu'ils étaient faits pour être ensemble ! Si seulement Ron avait été moins borné la veille au soir et qu'il avait dit la vérité à la brunette, Harry était certain que, à l'heure actuelle, Lavande ne serait qu'un lointain souvenir ! Mais non ! Il avait fallu que Ron se défile au dernier moment et qu'il fasse la boulette du siècle ! Comment lui faire comprendre qu'Hermione n'attendait qu'une chose : qu'il lui demande d'être avec lui ?

Mais s'il n'y avait que ça, ça aurait été trop simple ! Il fallait en plus que Lavande soit jalouse de l'amitié qui liait Ron et Hermione et qu'elle en rajoute une couche ! Évidemment, elle avait bien compris que cela touchait la Préfète plus que de raison, et elle n'hésitait pas à jouer sur la corde sensible. Surtout depuis qu'elle avait entendu le scandale que Ron avait fait dans la bibliothèque. D'ailleurs, Harry ne comprenait même pas pourquoi Ron ne profitait pas de cette occasion pour faire part à la jeune fille qu'il ne voulait plus continuer à sortir avec elle.

Ils en avaient discuté pendant la pause du matin, profitant qu'Hermione se soit absentée en prétextant avoir oublié un truc dans la tour des Gryffondor. Et Ron avait haussé les épaules, disant que ce n'était pas une mauvaise idée, mais qu'il ne savait pas comment s'y prendre et qu'il ne savait plus trop où il en était.

Harry espérait seulement que le rouquin allait rapidement ouvrir les yeux et se rendre compte à côté de quoi il passait. Il fallait dire aussi que s'il pouvait profiter de ses meilleurs amis sans avoir à jouer le messager pour un oui ou un non, ça l'arrangerait !

Tout à ses pensées, il ne remarqua pas qu'il venait d'arriver devant le portrait de la Grosse Dame, et ce fut la voix de cette dernière qui le ramena dans l'instant présent.

- J'ignore ce qu'il peut bien se passer dans votre esprit, mon garçon, mais vous semblez bien perturbé. Quoiqu'il en soit, je ne pense pas que me foncer dedans me rendra plus encline à vous ouvrir le passage.

- Oh, euh… Pardon. Citrouille baveuse.

La Grosse Dame hocha la tête et ouvrit le passage par lequel le garçon ne tarda pas à s'engouffrer.

La Salle commune n'était pas très remplie. Après tout, on était vendredi soir, et Harry savait que la plupart des élèves préféraient traîner dans les couloirs ou dans le parc, même s'il ne faisait pas très chaud, pour décompresser un peu et passer du temps entre amis. C'était parfait pour lui qui n'aspirait qu'à un peu de détente et à finir ses devoirs afin de pouvoir avoir un week-end à lui, malgré sa retenue à effectuer. D'ailleurs, en songeant à sa retenue, il se dit que, tant qu'on ne lui dirait rien, il n'irait pas se renseigner pour savoir à quel moment il devrait la faire.

C'est ainsi qu'Harry passa la fin de l'après-midi dans sa Salle Commune à travailler, seul. Il n'était pas réellement surpris par ça, car il se doutait bien qu'Hermione devait être à la bibliothèque pour ne voir personne et Ron quelque part avec Lavande. Pour ce qui était des autres garçons de son dortoir, il n'en avait pas la moindre idée, mais ils devaient sûrement avoir trouvé des occupations plus intéressantes.

Harry ne vit pas le temps passer. Plongé dans ses devoirs, il avait occulté le monde autour de lui, si bien qu'il fut surpris lorsqu'il entendit son prénom.

- Harry ?

Le garçon leva les yeux de ses parchemins pour tomber sur Ginny qui se tenait à côté de lui.

- Gin ? fit-il d'une voix étonnée. Il y a un problème ?

- Quoi ? Oh non, pas du tout. Mais le dîner a commencé, et comme tu es toujours là, je voulais juste te prévenir.

Harry cligna des yeux, stupéfait. Il était déjà si tard ? Un coup d'œil à la montre qu'il portait au poignet gauche le lui confirma.

- Mince ! J'avais pas vu ! s'exclama-t-il en commençant à ranger frénétiquement ses affaires. Ça t'ennuie pas si on y va ensemble ? demanda-t-il à la jeune fille.

Le brun ne remarqua pas cette dernière se mettre à rougir, bien trop occupé à fourrer ses plumes et parchemins dans son sac.

- N-non, pas du tout, répondit-elle doucement. Je t'attends.

- Super, merci Gin, s'empressa-t-il de dire alors qu'il se levait pour aller poser ses affaires dans son dortoir.

Une dizaine de minutes plus tard, ils faisaient tous les deux leur entrée dans la Grande Salle. Là, ils se séparèrent, Ginny allant rejoindre ses amis tandis qu'Harry s'installait à côté d'Hermione qui releva la tête lorsqu'il s'assit.

- J'ai cru que tu ne viendrais jamais, fit-elle en lui tendant le plat. Tu étais où ?

- Dans la Salle Commune, je travaillais et je n'ai pas vu l'heure.

La brunette hocha la tête.

- Oh, ça me fait penser, Madame Pince m'a donné un papier pour ta retenue, reprit-elle en lui tendant un bout de parchemin.

Harry le prit et le lut. Qu'il le fasse ici ou plus tard, cela revenait de toute façon au même. Après avoir pris connaissance du mot, il le plia et le rangea dans la poche de sa robe de sorcier.

- Alors ? questionna son amie avec un regard compatissant.

- Demain soir, à partir de vingt et une heures, lui apprit le brun en se servant du jus de citrouille.

Soudain, Ron s'assit en face d'eux avec fracas, les faisant sursauter.

- Par pitié aidez moi, gémit-il. Lavande veut me tuer !

Les deux amis se regardèrent, étonnés. Pourquoi Lavande voudrait-elle assassiner son petit ami alors que quelques heures auparavant, ils paraissaient soudés à tel point qu'il était impossible de glisser une feuille de parchemin entre eux ?

Un soupir se fit alors entendre.

- Qu'as-tu encore fait, Ronald Weasley ? gronda Hermione en dardant un regard noir sur le concerné.

Pour elle, il n'y avait aucun doute quant au fait que le rouquin était responsable. Une autre option n'était même pas envisageable.

- Quoi ? Mais... commença Ron avant de se faire couper.

- Si Lavande veut te tuer, c'est que tu as fait quelque chose. Je me trompe ?

Un silence s'installa entre eux.

- On... On a rompu ? déclara le rouquin d'une toute petite voix au bout de quelques secondes.

À l'évidence, la rupture n'avait pas été acceptée des deux côtés. De l'avis d'Harry qui s'en fichait éperdument, Ron avait dû mettre les pieds dans le plat et annoncer qu'ils n'étaient plus en couple et Lavande, folle amoureuse de son Ron-Ron, avait refusé, engendrant des larmes et des menaces de mort.

C'était plausible, se dit-il après un petit moment de réflexion alors qu'il se mettait à manger.

Oh, certes, sa première réaction aurait été de vouloir dire au rouquin qu'il avait mis le temps et qu'il était content pour lui qu'il se soit enfin décidé, mais avec ce qu'il avait dû endurer toute la journée et la veille, il préférait rester loin de cette histoire. Surtout vu comment Hermione réagissait en ce moment même.

- Tu lui as dit quoi ? s'agaça la jeune fille en pointant sa fourchette sur Ron qui eut un mouvement de recul.

- Eh ben... hésita-il, qu'elle et moi c'était fini ?

- Les mots exacts, Ronald !

Le roux rougit et se tassa en marmonnant quelque chose que le commun des mortels ne pouvait comprendre.

Mais avant que la rouge et or me puisse insister davantage, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent brutalement sur une Lavande Brown rouge de colère. Ses cheveux blonds partaient dans tous les sens et ses yeux étaient comme fous et injectés de sang.

Elle parut fouiller le réfectoire des yeux avant de tomber sur le trio et plus particulièrement sur Ron qui tentait de se cacher sous la table.

- Toi ! beugla-t-elle sans faire attention aux élèves qui se tournèrent vers elle, étonnés de cet éclat de voix.

Harry secoua la tête, affligé. Visiblement, profiter d'un dîner calme et reposant était trop demander.

- Oui ?

- Comment...

Mais au lieu de continuer, Lavande fondit en larmes, rattrapée par une Parvati Patil qui avait accouru derrière elle et fronçait les sourcils.

- Ron, tu n'es qu'un indécrottable crétin à qui il faut tout apprendre, y compris la base. C'est lamentable.

Puis elle tourna les talons, entraînant son amie dont les sanglots ne semblaient vouloir cesser. Une fois les deux filles, dont une folle, éloignées, le jeune Weasley sortit de sa cachette parfaitement visible et soupira de soulagement avant de se servir copieusement de haricots blancs.

Tout à son action, il ne remarqua pas le regard meurtrier d'Hermione.

- Ronald ! Qu'as-tu fait à cette fille ? siffla-t-elle dangereusement, interrompant le garçon dans son geste.

- Quoi ?

- Lavande ! Tu lui as dit quoi ? !

- Mais que nous deux, c'était fini, répondit-il perdu.

- Je sais, sombre crétin ! Mais je veux savoir ce que tu lui as dit exactement !

Ron fronça les sourcils. Lui qui avait cru que cette discussion était finie, il s'était lourdement trompé. En réalité, elle venait juste de commencer.

- Que c'était...

Harry grimaça, suppliant Merlin de donner un peu de bon sens à son ami s'il ne voulait pas finir en chair à saucisse ou ingrédients pour potions.

- Par Merlin, Ron. Je veux les mots exacts ! grogna Hermione.

- Tu veux vraiment savoir ? fit le garçon en se redressant et posant les coudes sur la table.

- Oui.

Ron soupira exagérément, comme si cet aveu lui coûtait.

- Eh bien, je lui ai fait comprendre que je ne l'aimais pas vraiment. Je lui ai dit qu'elle était collante et que ça me fatiguait. Que nous deux, ça m'ennuyait profondément et que j'en avais marre. Donc j'ai rompu. Après, je ne sais pas pourquoi elle s'est mise à me hurler dessus en pleurant. Elle m'a même mis une claque.

Harry pouffa.

- Tu trouves ça drôle ? répliqua Hermione en le toisant. Et toi ? Tu t'étonnes ? Mais Merlin, aide ces deux abrutis ! Il n'y en a pas un pour racheter l'autre !

Harry préféra se taire et plongea dans son assiette pour se soustraire aux remarques d'Hermione. Il espéra très fort que Ron suivrait son exemple, mais ne pouvait jurer de rien.

- Mais, Hermione ! Je...

C'était officiel, son meilleur ami était un boulet qui n'avait pas fini d'entendre Hermione hurler.

- Quoi ? Ce n'est pas vrai peut-être ? Tu es un sombre idiot, Ronald Weasley ! Comment peux-tu dire à une fille ce que tu lui as envoyé ? Tu n'as aucun tact, bon sang !

- Bah quoi ? J'ai été honnête.

Il ne comprenait pas. Sa mère lui avait toujours répété qu'il fallait être franc avec les gens ! Il ne faisait qu'appliquer ce qu'elle lui avait appris !

- Mais qu'il est bête. Mais qu'il est bête ! Faut vraiment tout te dire à toi, hein ?

Harry aurait voulu se boucher les oreilles pour ne pas avoir à entendre les cris d'orfraie de la brunette. Elle pouvait avoir une voix franchement désagréable quand elle s'y mettait. Il tenta de se faire oublier mais cela parut attirer l'attention sur lui.

- Et toi, tu ne dis rien, Harry ? Je vois, tu aurais fait pareil, n'est-ce pas ? Tu aurais été dire à ta copine qu'elle te gonfle ? Stupide solidarité masculine. Et après on s'étonne que vous n'ayez pas de petite amie. Vous êtes tous les deux aussi nuls l'un que l'autre !

- Et toi alors, tu as un petit ami peut-être ? répliqua soudain Ron.

Un silence de mort s'abattit ensuite dans la Grande Salle.

Lorsqu'il s'en rendit compte, le rouquin rougit jusqu'à la racine des cheveux et rentra la tête dans les épaules.

Hermione le fixait, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés alors qu'Harry avait stoppé ses mouvements, la fourchette suspendue à deux centimètres de ses lèvres pour le dévisager, ahuri.

Le bruit d'une assiette qu'on repousse ramena tout le monde à l'instant présent.

- Tu n'es qu'un con, Ron. Tu comprends jamais rien, déclara la brunette avant de partir en courant vers la sortie de la Grande Salle, les larmes aux yeux.

Dès que les portes se furent refermées derrière la jeune fille, des murmures s'élevèrent de toutes parts dans la pièce. Ron se tourna vers son meilleur qui avait repris son repas et lui demanda :

- Pourquoi est-ce qu'il faut qu'elle réagisse comme ça à chaque fois que je dis un truc de vrai ?

Harry marqua un léger temps d'arrêt avant de fixer son ami avec un air grave.

- T'es vraiment un boulet Ron, lui dit-il dans un soupir.

- Quoi ? Mais...

- Harry a raison, tu sais ? intervint soudain la voix de Ginny. Tu manques cruellement de tact et si tu n'as pas compris ce qu'il vient de se passer, personne ne pourra rien pour toi.

Sur ces paroles, elle se remit à manger, ignorant superbement le regard scandalisé de son frère. Et quand il remarqua que plus personne ne faisait attention à lui, il se renfrogna et débuta son repas, marmonnant dans sa barbe.

Quand le dîner se termina, Harry et Ron retournèrent ensemble dans leur Salle Commune où, lorsqu'ils entrèrent, les regards des personnes présentes se tournèrent vers eux.

- On va dans le dortoir ? proposa le brun en donnant une petite tape amicale dans le dos de son meilleur ami.

Ce dernier se contenta de hocher la tête, abattu.

Ils montèrent ensuite dans leur chambre. Une fois arrivés, ils se dirigèrent chacun vers leur lit. Harry prit son sac qu'il avait déposé à la va-vite avant de descendre dans la Grande Salle avec Ginny et finit de ranger correctement ses affaires sur le petit bureau attenant à son lit. Lorsqu'il eut terminé, il se tourna vers le préfet des Gryffondor qui était assis sur son matelas, les yeux dans le vague.

Le Survivant soupira.

- Ron, fit-il en s'asseyant aux côtés de ce dernier. Un jour ou l'autre, il va falloir que tu parles avec Hermione et que tu lui dises toute la vérité. Et quand je dis la vérité, c'est pas les conneries que tu as pu lui dire jusqu'à présent ! s'empressa-t-il de rajouter quand il vit que le rouquin ouvrait la bouche pour dire quelque chose.

Le jeune Weasley secoua la tête.

- Je ne sais pas, Ry, j'ai l'impression qu'Hermione me prend pour un moins que rien maintenant, et je ne suis pas certain que ce soit le bon moment pour lui dire ce genre de choses.

- Pourquoi faut-il que tu fasses preuve de bon sens seulement maintenant ? souffla le brun avec défaitisme.

- Quoi ? demanda Ron avec un air surpris.

Mais Harry balaya sa question d'un vague geste de la main.

- Rien. Par contre, je pense que si tu commences par présenter tes excuses à Hermione demain matin, ça pourrait être un bon début…

Ron fixa son ami, visiblement plongé dans ses pensées. Puis il finit par hocher la tête.

- Tu as sûrement raison. Je le ferai demain. Et on verra plus tard… pour le reste… rougit-il en détournant le regard.

Harry eut un petit sourire.

Après cela, les deux garçons se souhaitèrent une bonne nuit, épuisés par la journée qu'ils venaient de passer, et se couchèrent sans demander leurs restes.

Si ses deux meilleurs amis n'étaient pas aussi têtus, il était évident que Ron et Hermione seraient ensemble depuis un moment maintenant et que bien des disputes auraient pu être évitées, songea Harry avant de plonger dans les bras de Morphée.

0o0o0

Si Harry avait cru que la journée suivante serait plus reposante une fois que Ron aurait présenté ses excuses à Hermione, il s'était lourdement trompé. En fait, son meilleur ami n'avait jamais eu le temps de le faire.

Effectivement, lorsqu'ils étaient descendus le matin du dortoir, ils avaient trouvé une Hermione aux yeux rougis et cette dernière, lorsqu'elle s'était rendue compte de leur présence, était sortie de la Salle Commune sans leur adresser la parole.

Surpris par son attitude, bien qu'un peu compréhensible, Harry et Ron avaient décidé d'un commun accord de ne pas s'en occuper pour le moment et d'aller prendre leur petit-déjeuner. Après cela, ils étaient remontés à la tour des Gryffondor pour finir leurs devoirs.

Cependant, le calme qui s'était installé entre eux lors de leur séance de travail avait été rompu quand l'heure du déjeuner était arrivée. En effet, Hermione était revenue dans l'antre des Gryffondor et s'était plantée devant eux, les bras croisés et tapant du pied sur le sol.

Étonnés, les deux garçons l'avaient observée sans comprendre, avant que Ron ne se soit décidé à prendre la parole. Seulement, il n'avait pas eu le temps de dire quoique ce soit qu'Hermione lui avait hurlé dessus, lui reprochant tous les maux de la terre. Évidemment, Ron avait vu rouge et était rapidement monté sur ses grands hippogriffes.

La dispute avait été inévitable.

Malheureusement pour Harry, qui avait tenté vaillamment de se sauver sans être vu, celui-ci avait été pris à parti et s'était retrouvé à devoir trancher entre les deux. Autant dire que ça ne lui avait pas plu.

C'est pourquoi, avec tout le calme dont il avait pu faire preuve, il leur avait gentiment expliqué qu'il ne voulait rien avoir affaire dans leurs histoires de cœur. Mais il n'avait pas pu aller plus loin que Ron et Hermione lui avaient quasiment sauté à la gorge en arguant qu'ils n'étaient pas amoureux l'un de l'autre.

Harry avait explosé.

Il avait hurlé qu'il n'en pouvait plus de leurs disputes incessantes, que ça crevait les yeux pour tout le monde qu'ils étaient faits l'un pour l'autre mais qu'ils étaient bien trop bornés pour s'en rendre compte et l'accepter. Il avait également ajouté qu'il ne prendrait jamais parti entre les deux, mais que tant qu'ils ne sauraient pas se mettre d'accord, il refusait de rester avec eux.

Depuis, la situation était plus que tendue. Après s'être pris la tête, les trois jeunes gens s'étaient séparés pour aller manger chacun dans son coin. Ils ne s'adressaient plus la parole et se fuyaient comme la peste.

Ainsi, dans l'après-midi, on put voir Hermione qui se réfugia à la bibliothèque (comme elle le faisait à chaque fois) et Ron qui s'enferma dans le dortoir des Gryffondor et qui ne voulut plus en sortir. Quant à Harry, il marcha sans but dans le château, énervé contre tout et n'importe quoi.

Puis le soir arriva, et avec lui, le dîner.

Lorsqu'Harry entra dans la Grande Salle ce soir là, il remarqua tout de suite qu'un silence anormal régnait à sa table. Lentement, il s'avança jusqu'à la hauteur de Neville qui se tenait en bout de table et s'assit à ses côtés.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il au garçon qui se servait du jus de citrouille tout en lançant des regards en coin à l'opposé de la tablée.

- Hermione et Ron sont assis par là-bas, répondit-il en désignant d'un petit signe de la main ses deux amis qui se trouvaient à l'opposée de là où il était. On dirait qu'ils vont se sauter dessus…

Harry grimaça. Il n'avait vraiment pas envie de voir ça. Et au vu de la tête que tiraient les autres personnes de sa maison, eux non plus.

- De toute façon, va bien falloir qu'ils ouvrent les yeux à un moment ou à un autre… marmonna Harry tandis que Neville hochait la tête à ses paroles.

L'attrapeur de Gryffondor commença alors son repas plus ou moins tranquillement.

Il conversait doucement avec le jeune Londubat depuis une bonne dizaine de minute quand, brusquement, il vit passer devant lui Hermione à toute allure.

Curieux, il leva les yeux en direction de Ron. Ce dernier affichait un air contrit. Visiblement, il venait de faire une bêtise de plus. Et si Harry se fiait à son instinct, s'il laissait Ron se lever comme il était actuellement en train de le faire et qu'il se mettait à la poursuite de leur amie, cela risquait de très mal se finir.

Mais, d'un autre côté, il s'était promis de ne pas s'en mêler. Alors il resta assis, quand bien même ce geste lui coûta, et termina son dîner.

Après cela, il remonta dans les étages avec Neville jusqu'à la tour de Gryffondor. Mais au moment où ils pénétrèrent dans la Salle Commune des lions, ils eurent droit à un concert de hurlements et d'objets volants en tout genre.

Hermione était en train de lancer des sorts à Ron et lui hurlait dessus avec toute la force de ses poumons.

- Par Merlin ! glapit Neville en se baissant pour éviter un livre qui faillit lui percuter violemment la tête. Harry, il faut faire quelque chose pour les empêcher de s'entretuer !

Mais le brun hocha négativement la tête.

- C'est hors de question. Je refuse d'intervenir.

- Quoi ? Mais…

- De toute façon, il faut que j'y aille, j'ai une retenue ce soir.

Neville eut un air surpris.

- Harry, il est seulement huit heures vingt et…

Le jeune Londubat n'eut pas le loisir de finir sa phrase. Harry avait déjà tourné les talons et venait de passer le tableau de la Grosse Dame.

0o0o0

- Monsieur Potter ? s'étonna la bibliothécaire lorsqu'elle vit Harry se poster en face d'elle, l'air déterminé. Mais que faites-vous là si tôt ? Votre retenue ne commence que dans trente minutes…

- Je sais Madame, mais je n'avais rien à faire jusqu'à vingt-et-une heures. Alors je me suis dit que commencer plus tôt ne pouvait pas faire de mal.

Madame Pince cligna des yeux, surprise. Ce n'était pas tous les jours qu'un élève arrivait en avance pour une retenue, et encore moins Harry Potter. Il avait dû se passer quelque chose pour que ce dernier se présente de bonne heure…

- Très bien, annonça-t-elle sans chercher à approfondir. Attendez-moi ici deux minutes, je dois finir quelque chose dans les rayonnages, et je vous expliquerai en quoi consiste votre travail de ce soir.

Harry hocha la tête, puis l'observa s'éloigner. Dès qu'elle fut assez loin, il se permit de laisser échapper un soupir.

Il ne savait pas ce que la soirée allait lui réserver, mais rien ne pourrait être pire que d'affronter Ron et Hermione… En fait, le brun ne voulait même pas y penser. Tout plutôt que d'être avec eux à se prendre la tête.

Lorsque Madame Pince revint, elle lui intima de la suivre.

- La Réserve, Madame ? demanda-t-il avec étonnement quand ils passèrent les doubles portes que la femme avait déverrouillées juste avant.

- Oui, Monsieur Potter, la Réserve. Il y a pas de mal de choses à faire ici, et votre aide va m'être très précieuse ce soir.

Harry se mordit la lèvre. Plus ils avançaient entre les rayons, plus un sentiment d'angoisse le prenait aux tripes. Mais avant qu'il n'ait le temps de se demander d'où cela pouvait provenir, la voix de Madame Pince le sortit de ses pensées.

- Votre retenue de ce soir va consister à nettoyer et ranger des livres, Monsieur Potter. Je suis actuellement en train de faire du nettoyage dans la Réserve, et il ne m'en reste que très peu à faire. Quatre allées pour être précise. Mais ce soir, vous ne me ferez qu'une seule rangée de l'une d'elle. Par ailleurs, je vais vous demander de faire extrêmement attention car la majorité de ces ouvrages sont très rares, voire uniques. Et j'y tiens tout particulièrement.

Puis elle tourna dans un rayonnage sur leur gauche et s'arrêta.

- Voilà, nous sommes arrivés Monsieur Potter.

Harry, qui venait de s'immobiliser à sa hauteur, écarquilla les yeux face à la scène qu'il avait devant lui.

C'était surréaliste.

Ça et là, des livres jonchaient le sol, ce qui contrastait fortement avec l'ordre habituel qui régnait dans la bibliothèque, mais en plus, de nombreux bouquins étaient empilés les uns sur les autres, formant des piles un peu partout dans la rangée. Les étagères étaient également vides, attendant d'être nettoyées et qu'on y dépose les livres.

- Mais qu'est-ce que…

- Je sais Monsieur Potter, je sais. Ce n'est pas courant de voir un désordre pareil, et j'en suis la première navrée, commenta Madame Pince avec une petite moue. Mais voyez-vous, la Réserve contient des trésors dont on doit s'occuper, et comme ces ouvrages sont très peu utilisés, il faut en prendre soin plus que les autres. On ne peut pas les laisser prendre la poussière.

Harry eut un mouvement de recul.

La poussière. Il avait horreur de ça. Non pas qu'il en ait peur ou quoi, ce qui était ridicule. En réalité, il en était allergique. Et vu l'implication des mots de la bibliothécaire, il allait devoir mettre le nez en plein dedans.

- Excusez-moi Madame, mais vous savez que je suis… allergique, à la poussière ?

La femme se tourna vers lui, un petit sourire aux lèvres.

- Assurément, Monsieur Potter. C'est pourquoi je me suis renseignée auprès de Madame Pomfresh afin que vous puissiez mener votre travail de ce soir à bien.

Le Gryffondor se retint de soupirer de désespoir. Lui qui avait cru pendant une seconde qu'il en serait exempté !

- Vous croyez sincèrement que, parce que vous vous appelez Harry Potter, je vais vous épargner ? Détrompez-vous jeune homme ! Vous êtes un élève comme un autre !

- Je n'ai jamais dit le contraire, grogna Harry qui se reçut un regard noir en retour.

- Bref, comme je vous le disais, j'ai une solution pour votre allergie, reprit Madame Pince en sortant sa baguette de l'une de ses poches. Un simple sort fera l'affaire.

Harry l'observa, curieux. Il n'avait jamais entendu parler d'une telle chose. Oh, il savait que son allergie pouvait lui causer quelques soucis de temps à autre, notamment lorsqu'il était chez les Dursley et qu'il devait faire le ménage. Mais dans ces moments là, sa tante lui donnait un masque pour ne pas qu'il s'étouffe avec.

C'est que son allergie pouvait être particulièrement violente quand il aspirait des grains de poussière. Il s'était retrouvé une fois avec la trachée qui avait doublé de volume et avait eu du mal à respirer pendant un long moment. Heureusement pour lui, les particules n'avaient pas été suffisamment nombreuses pour atteindre les alvéoles pulmonaires, ce qui fait qu'il n'avait que peu souffert d'effets secondaires.

En revanche, depuis qu'il était dans le monde sorcier, il n'avait jamais eu de problème. En même temps, le château était particulièrement propre grâce à l'aide des elfes de maison qui récuraient la bâtisse de fond en comble avec une efficacité remarquable. De ce fait, Harry n'avait jamais eu à souffrir de la poussière depuis son arrivée à l'école.

- Removeo Pulvis !

Harry sentit un courant d'air chaud le parcourir et il eut l'impression d'être entouré par une bulle protectrice. Du moins, il en eut la sensation car l'air qu'il inspirait était devenu soudain plus frais, moins lourd.

- Wow, c'est impressionnant, souffla-t-il en se tâtant les narines.

Madame Pince eut un petit rire.

- Bien Monsieur Potter, je doute que vous ayez envie d'y passer la nuit, alors voilà ce que vous allez faire. Vous allez me nettoyer tous les livres qui se trouvent dans cette rangée. Vous en aurez pour un moment, mais je ne veux rien savoir. Vous les époussetterez avec le chiffon mis à votre disposition, puis vous les rangerez dans les étagères. Ils sont tous classés par ordre alphabétique. Ne les mélangez pas.

Elle fit quelques pas vers les livres et s'empara d'un tissu qu'elle lui lança.

- Je ne peux pas rester, je dois encore fermer la bibliothèque et ranger les livres là bas. Si vous avez besoin de quoique ce soit, faites-le-moi savoir. Vous pourrez partir quand vous aurez fini la rangée de droite.

- Vous ne me surveillez pas ? demanda le Survivant, surpris.

- Quoi ? Oh, non, je vous fais confiance. Et puis de toute façon, vous ne pourrez pas quitter la Réserve sans que je n'en sois avertie, répondit-elle avec un petit sourire.

Harry hocha la tête. C'était vrai après tout.

- Bien, je vais vous laisser commencer. Mais avant toute chose…

Elle revint vers lui et tendit la main.

- Votre baguette.

Le brun cligna des yeux.

- Quoi ?

- Donnez-moi votre baguette, jeune homme. Je vous fais peut-être confiance, mais je sais que vous serez tenté d'utiliser la magie, et pour rien au monde je ne vous laisserez faire une chose pareille. Ces livres me sont très précieux, et je veux qu'on en prenne soin comme il se doit.

Elle leva légèrement le bras, l'incitant à obéir.

Bon gré mal gré, le garçon s'exécuta. Il n'aimait vraiment pas être séparé de son artefact magique, cela lui donnait l'impression d'être mis à nu. Comment ferait-il pour se défendre si l'un des livres décidait de l'attaquer ?

Bon, certes, c'était peu probable qu'une situation pareille ne se produise, mais tout de même !

- Bien Monsieur Potter, je vous laisse. Soyez sérieux.

La bibliothécaire le contourna et commença à s'éloigner, avant de brusquement s'arrêter et de revenir sur ses pas. Harry l'observa faire, surpris.

- Par Merlin, mais que je suis bête, marmonna-t-elle.

Elle lui remit d'office sa baguette dans la main.

- Mais je croyais que…

- Vous en aurez besoin Potter. En fait, le sort que je vous ai lancé doit être réitéré toutes les deux heures. Et je ne sais pas si j'aurais fini pour venir le faire. Pour ce soir, cela va vous être indispensable.

Harry ne dit rien, à la place, il reprit sa baguette et la rangea.

- Bien, cette fois, je m'en vais pour de bon. À plus tard Monsieur Potter.

Et elle partit, laissant Harry seul.

Le Gryffondor fit alors face aux livres et les fixa, un air las sur le visage. À vue d'œil, il devait y en avoir au moins cinq cent. De quoi tenir une bonne partie de la soirée très facilement.

- Bon, ce n'est pas aussi atroce que de se retrouver entre Ron et Hermione. Au moins, je peux m'entendre penser.

Il finit par secouer la tête et s'attela à la tâche.

Il allait en avoir pour un bout de temps.

0o0o0

Cela devient bien faire plus de trois heures qu'Harry était en train de dépoussiérer les livres et de les ranger à leur place. Il avait fait la moitié de la rangée qu'il devait faire, et il sentait déjà la fatigue poindre le bout de son nez.

Un peu plus de deux heures après avoir commencé, il avait renouvelé le sort que Madame Pince lui avait lancé, ayant pendant un bref instant failli oublier. Il avait fallu qu'il sente son nez le piquer et qu'il commence à avoir du mal à respirer pour qu'il s'en souvienne.

Depuis, il était serein et s'activait.

De temps en temps, il était tout de même obliger de s'arrêter et de s'étirer car son dos le lançait affreusement. Il fallait dire qu'être constamment debout et se pencher et se redresser en permanence n'était pas vraiment pour l'aider. Mais il faisait avec.

Plongé dans son travail, un air de chanson en tête, il ne vit pas Peeves qui passa au dessus de lui, un rictus sadique sur ses lèvres transparentes. Ce dernier se glissa silencieusement jusqu'à lui et se plaça dans son dos, l'observant avec des yeux rieurs.

- Salut Potter ! fit-il soudain.

Harry, qui n'avait même pas senti un courant d'air, sursauta violemment, faisant voler le livre qu'il avait dans les mains quelques mètres plus loin.

- Par Merlin, Peeves ! s'exclama-t-il en se tournant vers l'esprit frappeur qui venait d'exploser de rire face à la réaction du garçon.

- Ah, pauvre petit Potty, effrayé ? demanda le fantôme avec amusement.

Pour toute réponse, Harry grogna et alla récupérer le livre qu'il nettoyait quelques secondes plus tôt.

- Allons, Potty, ça ne se fait pas de ne pas répondre.

- Je n'ai rien à dire, Peeves. Maintenant, laisse-moi, j'ai des choses à faire.

Sans plus de cérémonie, Harry se redressa et vérifia minutieusement que le livre ne soit pas abîmé. Quand il fut assuré qu'il n'y avait pas la moindre trace d'égratignure ou qu'une page soit froissée, il soupira de soulagement et repassa un coup de chiffon sur le livre. Après quoi, il le rangea sur l'étagère à la suite des autres dont il s'était déjà occupés.

Satisfait, il se retourna et tendit la main pour s'emparer du suivant. Pour s'arrêter quasi instantanément dans son geste.

Peeves se tenait sur la pile de livres qu'il devait terminer et le fixait droit dans les yeux, un sourire machiavélique sur son visage translucide.

- Tss, tss, tss, Potty, tu sais que tu es très mal élevé ? le sermonna le fantôme en secouant négligemment la tête.

Harry se mordit les lèvres, irrité. Pourquoi l'esprit frappeur avait-il décidé de faire de lui sa victime ce soir ? Ne pouvait-il pas choisir quelqu'un d'autre ? Non parce que, sincèrement, dans le genre embrouille, il en avait sa dose depuis deux jours !

- Je suis vraiment désolé de t'avoir offensé, Peeves. Tout ce que je veux, c'est pouvoir finir ma retenue tranquillement, et ne pas avoir plus d'ennuis que nécessaire. Donc, si tu pouvais te décaler et me laisser travailler, ça m'arrangerait beaucoup, déclara Harry avec calme.

Le Gryffondor n'avait vraiment pas envie de se prendre la tête. Alors autant aller dans le sens de Peeves afin que ce dernier le laisse tranquille et retourne à ses occupations ailleurs dans le château.

- Et pour répondre à ta question, reprit-il en croisant les bras, oui, tu m'as fait peur car je ne m'attendais à ce que quelqu'un vienne, aussi bien humain que non humain, rajouta-t-il pour accentuer ses dires.

Peeves l'observa un long moment, semblant réfléchir. Harry soutint son regard, tentant de rester le plus impassible possible.

Qui sait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de l'esprit frappeur !

Finalement, Peeves hocha la tête et se décala.

- Très bien Harry Potter, tu as été honnête, alors je te laisse finir ton travail. Tu risques de toute façon d'en avoir pour un moment, alors je vais rester dans le coin pour te tenir compagnie. Tu te sentiras moins seul comme ça…

Harry tiqua. L'air entendu que venait de lui adresser le fantôme ne lui plaisait pas vraiment.

- Comment ça ? fit-il avec une légère pointe d'inquiétude dans la voix.

Mais il n'obtient aucune réponse. Peeves venait de passer au travers d'une rangée de livres.

Le jeune homme resta planté là pendant de longues secondes avant de hausser les épaules. Au final, mieux valait que le fantôme soit parti, il pouvait au moins continuer sa retenue en paix.

Harry reprit donc là où il s'était arrêté.

Seulement, après avoir nettoyé une dizaine de livres supplémentaires, Harry entendit un bruit étouffé. Surpris, il cessa tout mouvement et tendit l'oreille, aux aguets.

Un autre bruit sourd lui parvint, et cette fois-ci, il remonta la rangée par là où il était arrivé plus tôt dans la soirée et se plaça dans l'allée principale de la Réserve.

- Y a quelqu'un ? appela-t-il.

Aucune réponse.

Plissant les yeux, il vit que les portes qui marquaient l'entrée de la Réserve étaient toujours fermées, signe que Madame Pince ne devait pas être là.

- Peeves ? tenta Harry, un pli soucieux lui barrant le front.

Un son sur sa droite le fit sursauter et il virevolta vivement, la baguette pointée droit devant lui.

- Bah alors Potty ? Un problème ?

Harry cligna plusieurs fois des yeux afin d'être sûr de ne pas halluciner. Et il dut se rendre à l'évidence. Ce qu'il voyait était bien réel.

Peeves, l'esprit frappeur du château, se tenait au-dessus des livres qu'il lui restait encore à nettoyer, et tenait entre ses mains au moins trois grimoires dont Harry aurait été incapable de donner l'âge tant ils paraissaient ancien.

- Comment… C'est impossible… souffla-t-il d'une voix basse. Tu n'es pas censé pouvoir porter des objets consistants

Peeves ricana.

- Pourquoi ? Parce que je suis mort ?

Harry acquiesça tandis qu'il laissait son bras retomber le long de son corps, abasourdi. Il ne comprenait pas.

- Tu sais Potter, la magie est capable de bien des choses… susurra l'esprit frappeur avec un air fourbe.

Le Gryffondor fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Mais Peeves ne lui répondit pas. À la place, il regarda avec attention les livres qu'il avait dans les mains avant de reposer son regard sur Harry. Il répéta ce manège un certain nombre de fois, avant de s'élever un peu plus dans les airs, les yeux fixés dans ceux de Harry.

Malgré le fait qu'il ne soit qu'un fantôme, donc mort, Harry pouvait jurer y voir une lueur de défi briller dans le regard du fantôme.

- Il parait que tu es un excellent Attrapeur Potty. Me laisserais-tu vérifier cela ?

- Que…

Avant qu'il n'ait le temps de dire ou même de prévoir quoique ce soit, Harry vit Peeves lever haut les livres au dessus de sa tête et les lancer dans sa direction.

Horrifié, mais aussi plus par réflexe qu'autre chose, le brun se précipita devant lui et tendit les bras. Il arriva à réceptionner les grimoires poussiéreux mais la violence du choc, du fait principalement qu'ils soient lourds, le fit basculer vers l'avant et il laissa tomber deux livres au sol qui s'écrasèrent dans un nuage de poussière.

Vif comme l'éclair, il se redressa d'un bond et recula de quelques pas, la respiration saccadée.

Un ricanement lui fit lever les yeux. Peeves, les bras croisés, se moquait ouvertement de lui.

- Bah alors Potty ? On a peur de la pauvre poussière ?

Harry serra les poings.

Il n'avait pas peur, mais depuis l'incident chez les Dursley quand il était plus jeune, il avait acquis certains réflexes et la moindre particule de poussière le faisait fuir au triple galop.

- Je n'ai pas peur, grinça-t-il entre ses dents alors qu'il se déplaçait pour ramasser les livres.

- Ah ? J'aurais pourtant juré le contraire… chantonna Peeves en venant flotter au-dessus de lui.

Le jeune Potter lui lança un regard noir.

- Je n'ai vraiment pas que ça à faire, Peeves, alors laisse-moi tranquille. En plus, ces grimoires sont vraiment importants pour Madame Pince, alors je te demanderai de ne plus y toucher !

À peine eut-il fini sa phrase qu'Harry comprit qu'il aurait mieux fait de se taire.

Les yeux de Peeves venaient de briller étrangement, ce qui produisait un résultat plutôt bizarre pour un fantôme. Cela fit frissonner Harry. Soudain, l'esprit frappeur fondit sur le brun et s'arrêta en face de lui, leurs corps uniquement séparés par quelques centimètres.

- Je suis un méchant fantôme, déclara sans préambule Peeves.

Il s'éleva ensuite dans les airs et passa la bibliothèque qu'Harry venait de ranger dans un grand rire, faisant au passage tomber une bonne dizaine de grimoires au sol.

À la fois agacé et inquiet par ce que ces mots signifiaient, Harry se hâta d'aller reposer les ouvrages qu'il avait en mains pour ramasser ceux qui étaient tombés. Il vérifia qu'ils n'avaient rien puis repassa un coup de chiffon dessous avant de les ranger de nouveau par ordre alphabétique.

Une fois terminé, il retourna près de la pile qu'il avait laissée en suspend et s'empara du premier livre lorsque…

BOUM !

Harry cessa tout mouvement. Pendant plusieurs secondes, il resta dans la même position, la main levée devant lui avec le chiffon prêt à être utilisé, tandis que l'autre était calé contre lui. Avec une lenteur mortelle, il pivota sur ses pieds et regarda la rangée qu'il venait de faire durant les heures passées.

Une grande masse de livres – qu'il venait accessoirement de remettre en place auparavant – gisaient sur le sol, entassés les uns sur les autres. Certains étaient ouverts et Harry pouvait voir que des pages s'étaient cornées à cause de la chute. Mais le pire à ses yeux était tout de même Peeves qui flottait tranquillement autour du tas, les bras croisés derrière la nuque avec un air innocent sur son visage translucide.

- Peeves, fit doucement le garçon d'une voix claire. Je pourrais savoir, exactement, pourquoi tu as fait ça ?

Le Gryffondor insista bien sur ses mots afin de faire comprendre au fantôme que sa patience avait des limites, et qu'il n'avait pas envie de jouer avec lui. Mais alors pas du tout !

- Allons Potter, ne sois pas si coincé ! De toute façon, les livres étaient mal rangés, tu t'étais trompé dans l'ordre des lettres, se moqua Peeves en penchant la tête sur le côté.

S'il avait pu, Harry l'aurait volontiers frappé. Malheureusement pour lui, son interlocuteur était un fantôme. Cela rendait la chose impossible, et donc d'autant plus frustrante pour lui.

- Par Merlin, Peeves ! Mais tu ne peux pas aller embêter quelqu'un d'autre ?

- Pourquoi faire ? En plus, tout le monde est couché à cette heure-là, rétorqua le spectre avec un rictus.

Harry eut envie de s'arracher les cheveux. Et alors ? Comment faisait-il les autres nuits ?

- Dégage Peeves ! siffla-t-il avec colère.

Le susnommé fit la moue. Il n'appréciait visiblement pas qu'on lui parle aussi vertement, mais Harry n'en avait cure. Sans se soucier de lui, il posa ce qu'il avait dans les mains puis ramassa les livres au sol qui n'avaient rien demandé et les rangea précautionneusement dans les étagères, comme il l'avait déjà fait plusieurs fois précédemment. Le tout en respectant les consignes de bases.

Cela lui prit tout de même quelques minutes. Lorsqu'il eut tout remis en place, il sortit sa baguette. Malgré ce que Madame Pince lui avait dit plus tôt en début de soirée, il ne se priva de donner un rapide coup de baguette qui leur enleva toute trace de saleté.

Sincèrement, refaire au chiffon plus d'une vingtaine de livres qu'il avait faits ne l'enchantait guère.

Alors qu'il se frottait le nez qui commençait doucement à le gratter, un craquement sur sa gauche le fit légèrement sursauter.

Étonné, il tourna la tête. Et écarquilla les yeux démesurément.

- PEEVES !

Son hurlement se répercuta dans la pièce, mais il ne s'en soucia pas.

- Par Merlin, mais arrête ça ! Les étagères ne sont pas faites pour contenir autant de livres ! ARRÊTE !

Peeves, qui s'était fait le plus silencieux possible – ce qui en soi, n'était pas dur puisqu'il était mort – était en train d'entreposer le plus naturellement du monde les grimoires qu'Harry n'avait pas encore nettoyés sur les étagères vides. Seulement, plus que de les poser comme tout livre est normalement rangé dans une bibliothèque, il faisait des tas. Des tas bien trop hauts et bien trop lourds pour la pauvre étagère qui, malgré sa taille et sa force, n'était pas faite pour contenir autant d'ouvrages.

Mais ce n'était pas cela qui inquiétait le plus le Survivant. Non, en réalité, c'était plus la manière inquiétante dont tanguaient les livres qui l'alarmait.

Si par malheur ils venaient à tomber, il était certain que la moitié d'entre eux ne serait plus en état et ce serait lui qui se ferait remonter les bretelles par une Madame Pince en furie. Et cette perspective ne l'enchantait guère.

Il ne voulait pas se retrouver en retenue pour le restant de sa scolarité pour des livres dont il n'avait que faire, surtout à cause d'un esprit frappeur qui avait décidé de faire de lui sa victime.

- S'il te plaît, Peeves, arrête ça et va te défouler sur quelqu'un d'autre ! s'écria Harry, furieux.

- Pourquoi je devrais t'obéir, Potty ? Hein ? le nargua le fantôme en entassant une autre pile d'ouvrages sur le sommet de la bibliothèque, hors de portée du garçon qui grinça des dents en s'en rendant compte.

- Je te jure que si tu continues comme ça, je vais chercher Madame Pince et crois-moi, tu vas le sentir passer !

Pour toute réponse, Peeves explosa de rire.

- Ah ah, mais que de menaces mon cher Potty. Où est donc passée la vertu des Gryffondor ? Au placard ?

Harry, qui enlevait les grimoires au fur et à mesure que le fantôme les mettait, se figea. Il leva le regard et observa longuement Peeves, sans un mot.

- Tu fais chier, Peeves, vraiment.

C'est alors que, à la plus grande surprise du brun, Peeves s'arrêta. Il vint se poser aux côtés de Harry, silencieux.

- Je voulais juste m'amuser un peu tu sais ? La vie au château est morne ces derniers temps, et personne ne m'accorde de l'attention.

Avec sa petite voix triste, Harry aurait presque pu le plaindre s'il ne savait pas à qui il avait affaire.

Il leva les yeux au ciel.

- Arrête ton baratin. Je sais parfaitement que tu te moques de moi.

L'esprit frappeur tourna la tête vers lui, un petit sourire contrit aux lèvres.

- Tu crois ?

Harry acquiesça, soupçonneux.

- Eh bien tu as raison, car ton calvaire ne fait que débuter.

Sans plus de cérémonie, Peeves fonça sur les livres encore au sol et passa au travers. Cela eut pour effet de les faire sauter dans tous les sens.

Harry dut se baisser pour un éviter un qui lui fonçait droit sur le visage et ce dernier finit sa course sur l'étagère derrière. Il rebondit ensuite sur les ouvrages et tomba, entraînant dans sa chute deux autres grimoires.

Le Survivant soupira.

Il commençait très franchement à en avoir marre.

D'un rapide coup de baguette, il remit les deux « naufragés » à leur place et ramassa le coupable qu'il épousseta brièvement.

Puis il renifla.

- Mais il ne faut pas pleurer Potter, ça va bien se passer… se moqua gaiement Peeves qui avait repris son activité.

- Que… Bon sang Peeves, dégage de là !

Le fantôme se contenta de lui faire un grand sourire, sans pour autant cesser.

Désormais, la pile au sommet de l'étagère menaçait fortement de s'écrouler, et des particules de poussière voletaient devant la bibliothèque, au plus grand dam de Harry qui se recouvrit le nez de la main.

- Je te jure que si tu ne t'éloignes pas de là, je te jette un sort donc tu te rappelleras pendant des années, le menaça-t-il.

Sa réplique eut l'air de marcher car Peeves s'arrêta, un livre plutôt volumineux entre ses mains translucides.

- Fais ça, et je te lance ce bouquin sur la tête.

Harry cligna des yeux.

- Sérieusement ?

- Ouais.

Les deux protagonistes se regardèrent en chien de faïence, prêts à réagir au moindre geste venant de l'autre.

Puis, au bout de longues secondes qui parurent interminables au jeune Potter, Peeves se recula et posa doucement le livre sur la pile. Celle-ci tangua furieusement, mais rien ne tomba.

Pendant la manœuvre, Harry s'était rapproché pour pouvoir agir si jamais un problème survenait, mais quand il vit que rien ne se produisait, il se permit un soupir de soulagement.

- Tu vois Potter, absolument rien ne…

Seulement, Peeves ne put jamais terminer sa phrase.

Les ouvrages venaient de pencher de nouveau dangereusement et le dernier que l'esprit frappeur avait posé glissa. Et ce fut le premier d'une longue série.

Sitôt qu'il commença à tomber, les autres suivirent dans un pêle-mêle totalement désorganisé. Par ailleurs, les livres qui étaient amassés en trop grand nombres sur les étagères du dessous furent victimes des secousses que provoqua la chute des premiers ouvrages.

Et ce qui devait arriver arriva.

Les étagères de la bibliothèque cédèrent.

Harry, qui se trouvait alors spectateur passif, esquissa à peine un mouvement qu'il se prit un volumineux grimoire sur la tête, l'assommant à moitié. Il tomba à genoux sur le sol, les mains sur le crâne pour, à la fois se protéger, mais aussi tenter de faire cesser les points noirs qui dansaient devant ses yeux.

Mais lorsqu'il entendit le craquement à côté de lui, il ne put que voir, impuissant, le drame qui se jouait.

Tous les livres tombèrent au sol dans un immense nuage de poussière, entourant Harry qui se boucha le nez instinctivement. Seulement, avant de le faire, il avait également pris une longue inspiration. Par conséquent, il avait avalé de la poussière.

Sa gorge commença aussitôt à le brûler, et il toussa violemment. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux, et il ressentit le besoin de prendre de grandes goulées d'air pour se reprendre. Seulement, la poussière l'environnant le faisait réprimer cette envie. Résultat, une quinte de toux était en train de le saisir. Au bout de plusieurs secondes de ce traitement insoutenable, il n'y tint plus. Il inspira.

Cette fois-ci, ce fut ses poumons qui commencèrent à le brûler. Mais pourquoi cela lui arrivait-il ?

Il tenta de se lever, mais ne put faire qu'un pas que sa crise de toux recommençait. Il retomba à genoux, les mains autour de la gorge.

- Potter ? l'appela Peeves. Tu vas bien ?

Harry était incapable de répondre. Il voulait, mais à peine essayait-il de formuler un mot qu'il repartait de plus belle.

Pourquoi réagissait-il de façon aussi virulente ? Il avait pourtant renouvelé son sort, non ?

Le garçon écarquilla les yeux. Oh oui, il l'avait fait… il y a de cela plus de deux heures. Il aurait d'ailleurs dû le refaire il y a peu, mais sa « bataille » avec Peeves avait fait que ça lui était complètement sorti de la tête.

- Oh, Potter ! Tu m'entends ?

Oui, il l'entendait, bien que cela relevait plus d'un son sourd qu'autre chose. Harry toussait à s'en arracher la gorge, et il sentait sa trachée gonfler de plus en plus, lui bloquant efficacement la respiration.

- Oh Merlin, mais qu'est-ce qu'il se passe ? paniqua Peeves. Potter, tu bouges pas, je vais chercher de l'aide.

Sur ces bonnes paroles, l'esprit frappeur partit, laissant Harry seul au milieu des livres éparpillés partout autour de lui, un nuage de poussière l'entourant et le recouvrant peu à peu.

Le Survivant se laissa tomber au sol, face contre terre. Son souffle était de plus en plus irrégulier et sifflant. Il tendit la main pour prendre sa baguette, mais celle-ci avait disparu dans le grabuge.

Un gémissement sourd résonna dans le silence de la Réserve. Ce fut aussi l'un des derniers sons que l'on entendit avant qu'un hoquet douloureux suivi par un halètement difficile ne résonne.

Puis le silence. Plat.

Un bruit de course se fit soudain entendre, les portes de la Réserve claquant avec fracas contre les murs.

- Peeves ! hurla Madame Pince à plein poumons. Je te jure que s'il lui est arrivé quoi que ce soit, tu vas le payer cher !

Dès qu'elle arriva dans la rangée où Harry était étendu au sol, elle poussa un hurlement. Sans attendre, elle se positionna près de lui et lui lança une batterie de sorts pour éloigner la poussière. Après quoi, elle prit son pouls.

Rien.

- Non, non, non, ce n'est pas possible, Monsieur Potter, vous m'entendez ? Monsieur Potter ?

Seulement, après de longues minutes à s'être acharnée pour faire revenir le jeune Gryffondor à lui, elle dut finalement se rendre à l'évidence.

Harry Potter venait de rendre son dernier souffle dans son antre à cause d'une allergie à la poussière et de la bêtise monstrueusement monumentale de l'esprit frappeur de Poudlard.

- PEEVES !


FIN