Snape's Second Chance

9 - Un bonheur incurable.

La chambre dans laquelle il pénétra était d'un blanc imaculé et d'une propreté irréprochable. Cela n'avait pas grand chose d'étonnant. La personne à qui il rendait visite ne se rendit même pas compte que quelqu'un avait fait irruption dans la pièce. Cela faisait des semaines qu'ils ne s'étaient pas vus.

Le visiteur était accompagné d'un second homme. Aucun des deux n'a parlé pendant longtemps, puis, le premier s'est assis sur une chaise, et a regardé l'homme en laissant échapper un soupir. Il ne le reconnaissait plus trop, alors qu'il savait bien qu'il n'avait pas changé dans le fond. Un sourire hagard flottait sur ses lèvres, et ses yeux observaient par la fenêtre un horizon imaginaire.

" Je suis content de vous revoir...Souffla le visiteur."

L'homme ne cilla même pas.

Severus Rogue ouvrit les yeux, une odeur de café flottait dans l'air et un mince rayon de soleil filtrait à travers les rideaux. Il regarda à sa gauche et constata l'absence de Lily. Jetant un coup d'oeil au réveil qui indiquait 9 heures, il consentit à se lever.

Rejoignant sa fiancée dans la cuisine, il se rendit compte que quelque chose clochait, une sensation étrange l'opressait. Mais la vue de Lily, attablée devant son petit-déjeuner, qui lui souriait l'apaisa.

" Bien dormi ? Lui demanda-t-elle

- Pas vraiment, j'ai fait quelques cauchemars.

- Tu veux en parler ?"

Il fit signe que non, mais ne put s'empêcher d'y repenser en se servant un café. C'était étrange, quelque chose le troublait, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

L'homme qui avait accompagné le visiteur proposa de le laisser seul, mais il refusa, l'interrogeant sur l'état de santé du patient. Le guérisseur lui indiqua que c'était stationnaire et lui expliqua que les crochets du serpent n'avaient pas pénétré assez profondément pour le tuer, mais suffisamment pour l'empoisonner. Le visiteur demeura pensif.

Severus tira la chaise et s'assit face à Lily. Il eut un vertige, sa vision se brouilla. La cuisine tangua autour de lui et l'espace d'un moment il ne reconnu plus la pièce que sa fiancé avait redécoré avec amour. Tout devint blanc. Il tenta de se focaliser sur Lily, mais tout était flou, il en devenait fou. Il ne reconnu plus son visage, il voyait James Potter à la place. James Potter et les yeux de Lily.

"Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Murmura-t-il".

Le visage de James s'estompa, les yeux de Lily demeurèrent. Peu à peu, il repris le controle de son esprit.

" ça ne va pas ? Demanda Lily inquiète.

- Je...Je sais pas. C'est sûrement la fatigue ou un truc du genre.

- Tu travailles trop Severus. Beaucoup trop.

- Que veux-tu Lily ? Je refuse qu'il nous manque quoi que ce soit.

- Severus, l'argent ne compte pas.

- Si, quand c'est pour te gâter toi."

Lily rougit. Elle jeta un coup d'oeil à la magnifique alliance qu'il lui avait offert un mois avant.

" Tu vas me rendre superficielle...

- Tu pourrais avoir tous les défauts du monde que pour moi tu serais quand même parfaite. "

Emue de tant d'amour, Lily se pencha par dessus la table et embrassa l'homme qui la rendait heureuse depuis une décennie déjà. Ce baiser étourdi encore Severus. Des voix s'étaient mises à résonner dans sa tête, une conversation de deux personnes dont les intonations lui paraissaient familières.

" Est-il toujours comme ça ? Silencieu, perdu, hagard, mais étrangement heureux ?

- Oui. Je crois qu'il vit dans une autre réalité. Il parle parfois, doucement, souvent quand il dort. Et il prononce toujours le même prénom.

- Lequel ?

- Lily."

La jeune femme se retourna. Elle laissa tomber les rosiers qu'elle était en train de tailler, se releva et rejoignit la personne qui l'avait interpelé.

" Où étais-tu passée ?

- Dans le jardin. Je m'occupais des fleurs.

- Elles me volent la vedette celles-là, je me sens délaissé."

Lily eut un éclat de rire et entoura Severus de ses bras. Celui-ci ne changea rien à sa prétendue moue boudeuse. Elle tenta de le dérider.

" Laisse moi le temps de m'occuper des choses négligeables le matin, et je m'occuperai des choses importantes, le temps restant."

Il sourit, lui proposa de l'aide, elle refusa. Mais se ravisa.

" Tu pourrais aller m'acheter ce qu'il manque pour le repas de ce soir ? "

Il la regarda perplexe.

" Severus, pitié, ne me dis pas que tu as oublié que mes parents venaient diner."

Il haussa les épaules et reçu un coup de coude dans les cotes.

" Hey ! Je te charriais juste, pas la peine d'attaquer de suite."

Elle lui tira la langue et se remis à son ouvrage. Le parfum des roses embaumant l'air s'estompa, le ciel devint blanc, un étrange sentiment de claustrophobie submergea Severus.

" Va-t-il rester comme ça toute sa vie ?"

Le guérisseur mis quelques secondes à répondre.

" Il a échappé de très peu à la mort, cela frise le miracle, il doit avoir un sacré ange gardien pour avoir survécu. Je vous dis ça pour que vous vous rendiez compte de la chance qu'il a eut et pour que vous ne soyez pas déçu. Nous avons récupéré les crochets du serpent et nous faisons des recherches dessus pour essayer de trouver un remède. Mais, rien n'indique si nous sommes près ou non d'y parvenir."

Le visiteur hocha la tête calmement. Son regard tourna à nouveau vers l'homme allongé. Un étrange sourire flottait sur son visage paisible. Il était plus calme que jamais, plus serein probablement aussi. Il le détailla longtemps, s'attardant sur ce sourire qu'il n'avait jamais vu et qui le troublait profondément. Puis, il repensa au prénom. Il se remémora les évenements et fini par dire lentement, sans quitter l'homme des yeux.

" Arrêtez vos recherches."

Le guérisseur, surpris, ne put cacher son étonnement.

" Mais...Etes vous sûr de votre décision ?"

Ledit hocha calmement la tête. Sa décision était peut-être spontanée, mais elle était la meilleure qu'il pouvait prendre. L'homme qu'il avait en face de lui connaissait enfin le bonheur, après des années et des années d'une douleur sourde et torturante. Personne n'avait le droit de lui enlever ça. Et lui, Harry Potter était bien déterminé à ce qu'on respecte cette volonté. Par admiration pour l'homme qui, tant de fois l'avait sauvé.

Il allait partir. Se penchant près de l'homme, il lui dit avec douceur :

" Soyez heureux monsieur le professeur."

Severus fronça les sourcils, sa tête lui jouait vraiment des tours. Puis, haussant les épaules, il balaya ses soucis d'un revers de la main, et alors qu'il s'aprêtait à sortir de la maison, embrassa Lily dont l'étreinte l'apaisa et l'ému étrangement. Il repensa aux derniers mots qui avaient retentit dans son esprit, et se dit qu'être heureux, avec une telle femme à ses côtés, ne devait pas être chose bien compliquée.