Amestris reborn II

Chapitre 1 : Intrusion

Edward dormait du sommeil du juste quand une voix, tendre et légèrement rauque, commença à lui parler doucement dans l'oreille.

-Edward, réveille-toi...On a du boulot, aujourd'hui !

Le blondinet sourit en reconnaissant la voix et ouvrit les yeux. Il répéta le même geste que les autres matins, à savoir toucher le visage de son amant comme s'il le rencontrait pour la première fois. À vrai dire, il en apprenait tous les jours sur lui, alors il ne cessait de s'étonner. C'était agréable, de ne plus vivre dans la monotonie.

Et cela faisait deux ans que cela durait. Deux longues années passées sur la planète Amestris, la terre natale de son amant, à tenter de la remettre sur pieds en cultivant des champs. Heureusement, le nuage de cendres qui y avait anéanti toute vie n'avait pas eu que des résultats négatifs. En fait, la cendre rendait le sol plus riche qu'il ne l'était déjà.

-Encore plongé dans tes élucubrations de biologiste ? demanda Envy en le voyant regarder dans le vide.

-Heu, désolé, je pensais juste à un nouveau système d'irrigation pour les champs qu'on a installés au nord... Etant donné qu'ils se trouvent dans un angle mort au pied de la montagne, si on creusait des canaux...

-Ed, l'interrompit Envy, on a toute la journée pour parler de ça, alors qu'on a que le matin pour parler de nous ! Relaaaax ! Les récoltes se déroulent bien, les Servants sont contents et Amestris est une grande fille maintenant. Nous sommes tout à fait heureux. Je suis d'accord avec le fait qu'il y ait encore du travail, mais je t'interdis de parler de ça dans mon lit !

-Excuse-moi. Je stresse trop.

-Il n'y a pas de quoi s'en faire pourtant. Allez, embrasse-moi avant que je te frappe !

Edward s'exécuta et rigola quand Envy le chatouilla dans le bas du dos. Il avait été intenable depuis qu'il avait trouvé le point faible de son petit copain.

Ils logeaient dans l'ancien palais royal, la demeure des défunts parents d'Envy. Ils avaient fini par le retrouver non loin de la faille où ils s'étaient rencontrés la première fois, deux ans auparavant. Envy avait décidé de retaper complètement la ruine et avec l'aide des Servants, espèces de dobermans géants, tentaculaires pourvus de pinces et très doués pour la construction et l'excavation, le château avait retrouvé sa splendeur d'antan.

-Tu sais quoi ? fit Envy.

-Non, mais je sens que vas me le dire.

-Les Servants ont retrouvé toute une collection d'œufs dans le sous-sol du palais. De quoi peupler une petite ville.

-Mais c'est génial ! Ils sont viables ?

-Oui, ils ont été parfaitement conservés. On a allumé des feux pour les faire éclore. Après tout, on a bien assez de nourriture pour tout le monde, alors...

Le roi tenta d'embrasser son prince blond, mais il en fut empêché par l'ouverture brutale de la porte de sa chambre. Une tornade dorée s'infiltra dans la pièce et les écrasa en sautant dans le lit.

-Amestris ! On t'a déjà dit de nous laisser tranquilles le matin !

-Et le soir ! renchérit Edward.

-Mais c'est pas marrants, sinon ! bouda la jeune fille.

Elle n'avait que deux ans et pourtant poussait comme un champignon. Elle avait maintenant l'air d'avoir dix-sept ans et était belle et pleine de vie. Elle avait les cheveux blonds et les yeux mauves griffés de pupilles verticales, comme celles des chats. Elle portait des vêtements en tissu d'origines végétales assez courts et moulants, car elle avait les mêmes goûts vestimentaires que son roi. Preuve que les Servants étaient pleins de talents cachés...notamment pour la couture.

La croissance d'Amestris se ralentissait enfin et elle plafonnait à un âge raisonnable.

Par contre, elle avait l'immaturité d'une gamine dans un corps d'adolescente malgré son intelligence héritée d'Edward. C'est pourquoi elle s'amusait à les déranger tous les matins en défonçant la porte de leur chambre et en hurlant à tue-tête.

-C'est quoi ce bruit ? fit brusquement la jeune fille en cessant son tapage.

-Le bruit de mes nerfs qui lâchent ? proposa Envy.

-Non, elle a raison, il y a un bruit. On dirait un moteur, mais c'est impossible... à moins que... !

Edward se précipita à la fenêtre, écarta les rideaux et vit un engin spatial disparaître derrière une crête de sable.

-C'est quoi, ça ? s'étonna Amestris.

-Ca, c'est la famille d'ton père...marmonna Envy, les yeux ronds. (Genre, c'est lui la fille)

Il y eut un grand boum ! et un nuage de sable quand la machine heurta le sol.

-Je vais aller voir, annonça Ed d'un air préoccupé. S'il y a des blessés...

- Je viens avec t...

-Non, Envy, occupe-toi de notre fille. J'irai avec des Servants. Tout ira très bien, tu verras.

Edward s'habilla rapidement et sortit de la chambre pour appeler les créatures. Il forma un petit groupe et il sortit en leur compagnie vers la zone sablonneuse. Quand il se retourna, il aperçut Envy et Amestris qui le regardaient depuis le balcon. La jeune fille lui faisait coucou.

Il répondit d'un geste et se mit en route, sa lance à la main. Juste au cas où.

Edward se coucha derrière la crête quand il entendit des voix graves et râpeuses, des voix qui ne semblaient pas appartenir à des scientifiques et encore moins à quelqu'un qu'il connaissait. Il les espionna depuis la dune. Il ne reconnaissait pas l'emblème peint sur la carlingue, mais il lui semblait que les types étaient Américains, comme lui. Enfin, il ne se considérait plus comme un Américain, car Amestris (la planète) était sa nouvelle maison. Il frémit en reconnaissant des fusils entre leurs mains et écarquilla les yeux en voyant Winry Rockbell parmi eux. Il s'agissait de son ex-fiancée, avant qu'il ne rencontre Envy. Il était venu avec elle sur cette planète deux ans auparavant et elle avait accepté de bonne grâce qu'il y reste. Elle était censée être mariée à son ancien beau-frère, Alphonse.

Edward ne comprenait pas pourquoi elle était revenue avec ces sales types armés jusqu'aux dents. Elle qui d'ordinaire était si pacifique...

-Mais lâchez-moi ! hurla la jeune femme en se débattant, car un des soldats venait de la menotter.

Elle était prisonnière.

-Tiens-toi tranquille ou tu sais ce qui arrivera à ton copain...menaça le type qui la retenait. Indique-nous l'endroit ! Et plus vite que ça !

-Mais je ne peux pas le retrouver comme ça ! Il me faut un GPS pour entrer les coordonnées !

On lui fournit un appareil et elle donna l'information d'un air écoeuré par ce qu'elle faisait.

-Qu'est-ce que vous leur voulez ? Ils n'ont rien fait de mal ! se lamenta-t-elle.

« C'est nous, leurs cibles ?! » comprit Edward.

-Mais on ne leur veut aucun mal ! Notre patron veut juste les rencontrer, c'est tout !

-Oh, oui ! Avec des flingues ! Vous allez les enfermer dans un laboratoire pour le restant de leur vie ! ironisa la jeune femme.

-Bon, tu arrêtes de gémir et tu avances ? cracha un des types en pointant le canon de son arme vers elle.

Elle déglutit et se mit en marche vers la cachette d'Ed.

-Il vont au palais...murmura le jeune homme. Il faut que je prévienne Envy... Toi ! Vas-y ! ordonna-t-il à un des Servants qui partit aussitôt en courant.

Il fit signe aux autres de se cacher et les Servants s'enfouirent dans le sable, un don bien pratique qu'Ed avait découvert quelques mois après son arrivée.

Ne pouvant faire de même, il suivit le groupe du regard et s'arrangea pour toujours rester à l'abri, caché derrière une bosse de sable et camouflé par la couleur de ses vêtements et de ses cheveux. Il remarqua ainsi qu'une partie de l'équipage était restée à bord.

Quand le groupe se fut assez éloigné du vaisseau, Ed donna le signal de l'attaque et les Servants fouisseurs sortirent de terre et bondirent sur l'ennemi qui ne tira pas assez rapidement et fut rapidement mis hors d'état de nuire. Edward délivra son ex-fiancée qui se jeta dans ses bras et se mit à sangloter ouvertement. Edward rougit sous les regards des créatures.

-Oh, Edward, si tu savais combien tu m'as manqué !

-Toi aussi, tu m'as manqué, Win. Que s'est-il passé ? Al est en danger ?

-Ils l'ont kidnappé pour me forcer à révéler l'endroit où vous étiez, Envy et toi !

-Où est-il ?

-Sur Terre, emprisonné par le patron de ces types, un milliardaire dont j'ai oublié le nom...

-...Bon, écoute. Tu vas suivre les Servants jusqu'au château et tu vas raconter ce qui s'est passé à Envy. Il te protègera.

-Mais, toi... ?

- Ne t'inquiète pas, Envy m'a donné des cours de self-défense. Bon, il gagnait tout le temps, mais... Fais-moi confiance, tout se passera bien. Je vais essayer de me débarrasser des autres types et de découvrir pour qui ils travaillent. Ensuite, on pourra partir à la recherche d'Alphonse.

-Prends au moins une de leurs armes !

-Inutile, je ne sais pas tirer. J'ai une lance. Maintenant, file !

Les Servants entraînèrent Winry vers le palais, laissant Edward seul.

Il se dirigea donc vers le vaisseau, tout en réfléchissant à un plan d'attaque. Il réussit à déjouer la vigilance des gardes en lançant des cailloux un peu partout et pénétra en douce dans l'appareil, qu'il inspecta attentivement. Vu la grandeur de l'arsenal, ils ne venaient pas en paix, loin de là. Il ne les laisserait pas s'approcher de sa famille.

Il vit brusquement son ombre s'agrandir et reçut un poids lourd sur la tête au moment où il se retournait.

Et le noir l'engloutit.

Envy avait connu bien des désillusions, mais celle qu'il subit ce jour-là faillit le mettre KO. Il scrutait l'horizon à la recherche de son amant quand une tête blonde apparut entre les dunes, entourée d'une horde de Fouisseurs.

-Edward !

Il se précipita donc au rez-de-chaussée pour l'accueillir et se retrouva nez à nez avec une blondinette hystérique qui lui disait bizarrement quelque chose.

En vrai, ça donne ça :

-HHHHAAAAAAAAAAAAAAHHHHH ! WINRY /ENVY ! (Ça dépend de la personne qui gueule)

La blonde eut une hésitation, puis se jeta dans ses bras en pleurant.

-Mais bordel, qu'est-ce qui se passe ? Je laisse partir mon Edward et je récupère une gamine pleurnicharde à la place ! Où est-il ?!

-Il est resté là-bas... hoqueta la jeune femme.

-Quoi ?! Je vais aller le chercher...

-Attends ! Il faut d'abord que je t'explique ce qui s'est passé !

-Brrmmm... Bon, explique-toi, mais soit brève.

-A notre retour sur Terre, un des membres de l'équipage a parlé de ce que nous avions vu ici, et un certain milliardaire en a eu vent. Votre existence était censée rester secrète... Mais comme j'étais la seule à connaître exactement les coordonnées de l'endroit où Ed t'avait trouvé la première fois, ce type a essayé de me payer pour que je parle, mais comme je refusais, il a pris mon fiancé en otage... ! Je n'ai pas eu le choix...

-Pfff...Tout ça pour un mec.

-Ce mec en question, c'est le frère d'Edward, Alphonse. À ta place, je m'inquièterais quand-même de ce qui arrive à mon beau-frère.

-Ouais, bon ! Tu leur as donné les coordonnées de cet endroit ?

-Non, ils ne les connaissent pas, vu qu'Edward a assommé ceux qui m'accompagnaient. Le GPS a dû être enseveli avec l'arrivée de tes bestioles bizarres...

-Bon, c'est déjà ça. Où est Ed ?

-Il est parti seul se débarrasser des autres bandits. Il veut prendre le vaisseau pour retourner sur Terre et sauver son frère.

-QUOI ?! Tu veux dire qu'il est seul contre je-ne-sais combien de types armés jusqu'aux dents ? Mais quel coooon !

-Que faire ?

-Ben on va lui sauver la peau, comme d'hab !

Quand Edward reprit connaissance, la première chose qu'il vit, c'est qu'il était enfermé dans un genre de sas en acier renforcé. Même Envy aurait eu du mal à le détruire. Il tenta de se lever, mais l'élancement qu'il ressentit à l'arrière de la tête l'en dissuada, du moins pour un temps.

-Hé merde, lâcha-t-il.

Il sentit comme un picottement sur son bras et comprit qu'on lui avait fait une prise de sang. Il y avait donc des scientifiques à bord, et ils ignoraient qu'il était un terrien. Bien, bien, bien. Il se leva avec précautions et réussit enfin à se tenir debout sans vasciller. C'est un petit pas pour l'Homme... !

Ne trouvant rien d'autre à faire, il essaya d'ouvrir l'écoutille, qui était bien entendu verrouillée. Dans sa prison se trouvaient juste un lit et des toilettes. Un morceau de pain et un bol d'eau l'attendaient sur un plateau posé à même le sol. Il soupira et s'empara du pain. Immangeable, quand on avait l'habitude des fruits que la terre d'Amestris lui permettait de cultiver. D'ailleurs, d'après les dires d'Envy, ces fruits avait la réputation d'augmenter l'espérance de vie de celui qui les mangeait. Il aurait donné n'importe quoi pour vérifier cette affirmation.

Un cliquetis attira son attention. On ouvrait sa porte.