A en voire la végétation et les fleurs intactes, tout semblait figé. Et j'avais déployé mes ailes, planant, les pattes dans le vide au-dessus de cette forêt luxuriante. Au-dessus du ruisseau qui laissait s'écouler une eau clair, qui clapotait. Pour ensuite redescendre et me laisser tomber dans les herbes hautes, avec pour seul objectif me rouler dedans tel un gros chat …

J'adorais ça ! J'étais libre et heureux. Mes moments à moi de pur bonheur. Un enfant qui redécouvre la magie. Un enfant aimé par ses parents, un enfant satisfait de la moindre petite chose. Oui, je garderais à jamais cela pour moi. C'était mon cadeau offert par la magie …

Je marchai ensuite, les ailes toujours déployées balayant les herbes hautes et les énormes coquelicots peuplant le sol de cette clairière. Le soleil couchant donnait sur la cime des saules et autres arbres étranges dont j'ignorais toujours le nom. Allant boire au ruisseau, le museau dans l'eau et les moustaches gouttant, je lapais de ma langue l'eau pure et claire. Mes oreilles frétillaient au moindre bruit, dans un sens puis dans l'autre. Tandis que ma crinière sombre ondulait sous la brise fraiche qui arrivait du nord. Et mon cœur battait au rythme du bonheur simple, incommensurable qui me submergeait comme à chaque fois.

Le retour s'était fait avec reluctance. Mais le processus inverse de transformation ne s'était pas passé comme d'habitude. Une douleur irradiante dont l'épicentre se situait dans mes omoplates envoyait des pics de souffrances des nerfs jusqu'à mon cerveau. Lequel envoyait des signaux douloureux dans tout le reste de mon corps tel une affliction fiévreuse et lancinante.

La douleur était telle, que je ne parvenais plus à bouger. Luttant contre mon désir de hurler, des bruits de pas non loin, ne manquèrent pas de m'encourager au silence. Mon apparence n'approchant que de loin celle d'un humain, il ne fallait surtout pas que je me fasse repérer, étant un animagus non répertorié. Bien qu'à cette époque, je n'existais même pas. Alors un peu plus ou un peu moins de mystère, ne changerait pas grand-chose. Il ne valait mieux pas jouer au plus main. Prenant sur moi, serrant les dents, j'accélérais le processus et retrouvais forme humaine en quelques secondes. L'effort m'avait fait relâcher ma concentration et un cri strident de pure douleur m'avait échappé.

Je sentais ma peau se déchirer en deux grandes balafres sur mes deux omoplates. Quelque chose cherchait à sortir … Une douleur atroce mais déjà expérimentée avait pris possession de mon corps. Sachant pertinemment comment les prochaines minutes seraient et que je ne parviendrais jamais à retenir le moindre cri de douleur. Je ne m'étais pas plus restreins. Et j'avais fait de mon mieux pour apprivoiser la douleur afin de rendre cet instant moins infernale.

Je savais … J'avais conscience d'avoir attiré l'opportun qui se baladait bien loin des limites de la forêt autorisées, aussi bien aux élèves qu'au personnel, pour des raisons de sécurité.

Et ne je n'avais même pas pris la peine de relever la tête lorsque j'avais senti sa présence dans mon dos. Trop soufrant et épuiser pour ne serais-ce qu'exécuter un geste, aussi minime soit-il.

Etonnement, l'inconnu n'avait pas paniqué, si ce n'est qu'il fouillait dans ce que je supposais être un petit sac ou une bourse. Le bruit identifiable de fioles s'entrechoquant, ne m'avait rassuré que partiellement.

Une potion antidouleur, moins avancée que celle de mon époque m'avait été administrée et ma chemise blanche désormais imbibée de sang retirée magiquement. L'inconnu avait ensuite appliqué avec douceur et prévenance un baume aux propriétés inconnues de ma personne sur mes blessures qui s'ouvraient de plus en plus.

La douleur atteignait des pics anormaux. Et je commençais à craindre pour ma vie. La souffrance se répartissait dans tout mon corps avec de plus en plus de détermination et la fièvre semblait avoir atteint des cimes impressionnantes.

Mon inquiétude fut confirmée par la main de l'inconnu appuyée de manière exagérer et les gestes plus brusques de mon sauveur. Luttant contre la catatonie de mon corps crispé par la souffrance, l'élève puisque s'en était un, s'était obstiné à me mettre sur le dos.

« -Ne vous inquiétez pas, professeur, je vais vous mener dans un endroit sûr.

-Pas … pas […]

-Non, je ne vous amène pas à l'infirmerie.

-Mer … ci. »

La douleur eu raison de moi et j'avais perdu conscience, au moment même où je reconnu la voix. L'inconnu, mon sauveur, n'était autre que Severus Snape.

°0°

La journée avait mal, très mal commencé, et c'était un euphémisme. Narcissa me tapais légèrement sur le système avec ses pleurnicheries quant à sa sœur et son sal caractère. Crabe et Goyle me rendait littéralement malade à fantasmer sur Harry. Poudlard me rendait nauséeux et agressif à parler de Harry : de sa beauté, de sa voix, de son sex-appeal, de […]. J'allais tuer quelqu'un ! C'était sans compter le fait que Severus avait séché les cours. Et ceci expliquant cela, il avait encore dû être malmené par les maraudeurs. Harry Potter/Smith avait intérêt à faire quelque chose pour ça.

Les cours étaient ennuyants à mourir. J'allais sans mal, être le meilleur de ma promo et des prochaines, pour avoir pratiqué pendant 30 ans environ tout ceci. Les sélections de quidditch étaient pour 14h00. J'avais hâte d'y être ! Mais d'ici là, j'espérais que tout ce petit monde me lâcherait. Je n'avais qu'une envie … rejoindre les appartements d'Harry pour être au calme et me sentir un minimum moi et en sécurité. Jouer l'adolescent à longueur de journée c'était avéré épuisant. Supporter des gosses ne l'était que plus.

Une mauvaise impression eu tôt fait de terminer le tableau de cette magnifique journée. Un sentiment désagréable que celui-ci, inquiétude mêlée à incompréhension. Je me doutais qu'il y avait un lien avec Potter … Après tout, tout était lié à lui depuis quelques jours. Pourquoi ce pressentiment serait-il différent ?

Seulement, je n'avais aucun moyen de le savoir, et même d'avoir une explication à mon inquiétude irraisonnée et malvenue.

Les sélections passèrent à une vitesse fulgurante et le poste d'attrapeur me fut littéralement offert sur un plateau au vu des performances de mes camarades. Je comprenais mieux maintenant la raison de tant de défaite de ma maison dans ce sport. Bien que cette année, il était quasi certain que notre équipe remporterait la coupe. Potter restait un bien meilleur joueur que quiconque dans cette école, étant assez bien placer pour l'affirmer dans la mesure où je l'ai tant admiré lorsqu'il volait. Ce que bien sûr, il ne saurait jamais !

Un sourire passa le barrage de mon masque d'impassibilité au souvenir de la colère que ce talent engendrait chez mon fils et moi-même. Nous ne supportions pas que Harry Potter-Le-Survivant, soit le foutu Potter-je-réussi-tout-ce-que- j'entreprends ! Mais Drago avait beau avoir un aussi bon jeu que le mien, avait beau avoir le dernier balais sorti, et tout ce qu'il fallait pour le battre … Harry Potter avait le vol dans la peau et c'est ce qui faisait la différence et qui le ferait certainement toujours.

J'avais hâte d'ailleurs de voler avec lui. La perspective de l'affronter m'excitait au plus haut point. Me mesurer à lui me rendait fébrile, et lui annoncer mon poste dans mon équipe une petite fierté qu'il partagerait surement. Il faudrait également que je m'arrange pour qu'il m'enseigne quelques-unes de ses techniques de vol. Après tout n'était pas serpentard qui voulait !

°0°

J'avais mal au crâne, et le simple fait de devoir ouvrir les yeux me rendait malade. Le souvenir pourtant, qu'il s'agissait de Séverus Snape et que je me trouvais surement dans une de ses antres m'avait forçé à bouger un minimum. Pas tout à fait rassurer quant à la durée de ma survie.

Certes, lui et moi nous étions rapprochés dans le futur, au point où nous pourrions même dire que nous étions amis. Mais il aura fallu combien d'années pour que ce soit le cas ? Le simple souvenir de toute la méchanceté et la colère que renfermait l'homme que j'avais connu me fit frissonner. Le seul fait qui jouait en ma faveur, était que je n'étais quelque part, tout du moins pour lui, pas le rejeton Potter.

« -Ne bougez pas trop vite ! Vous allez vous blessez !

-Que […]

-RESTEZ SUR LE VENTRE !

-Mr Snape, calmez-vous, que voulez-vous qu'il m'arrive désormais ?

-RESTEZ SUR LE VEN-TRE !

-Bien bien.

-Raahh, mais ce n'est pas vrai, vous avez la moindre idée du temps qu'il m'a fallu pour stopper l'hémorragie et nettoyez vos ailes sans vous blesser ! Sans compter les délires vous agitant. Vous n'avez fait que rouvrir la peau à la naissance de vos nouvelles ailes, c'était infernal ! Il faut que leurs bases cicatrisent totalement avant que vous puissiez bouger !

-C'était donc bel et bien ça …

-Pardon ?

-Des ailes … J'ai des ailes ! Je m'y attendais un peu pour tout vous dire.

-Comment, par Merlin, auriez-vous bien pu vous y attendre ?

-J'ai rencontré un vieux sorcier qui en possédait et il m'avait conté le comment de cette modification étrange.

-Et c'est tout ce que vous avez à dire ?

-Que voulez-vous que je vous dise de plus, jeune homme ?

-Je ne sais pas, après tout, il est vrai que vous êtes un nouveau professeur. Duquel personne ne sait rien, bien sûr ! Si ce n'est, ce que vous racontez sur votre prétendu vie. Que nous sortons d'une guerre, que le monde reste encore légèrement paranoïaque et qu'un quelconque sorcier ayant des ailes connu pour ne pas en avoir la veille, ne s'est encore jamais vu en Grande Bretagne !

- Calmes-toi, je ne voudrais avoir à repasser à l'infirmerie parce que tu t'es évanouie sous la pression ! Il me suffira de les rendre immatérielle et de les dissimule. Ce qui en soi est fatiguant mais reste faisable.

-Fatiguant ? Fatiguant ? Et par quel miracle comptez-vous les rendre ne serais-ce qu'immatériel ?

-Avec le sort adéquat voyons !

-Je ne connais rien de tel !

-C'est tout à fait concevable dans la mesure où c'est un sort de mon invention.

-Impossible ! Vous seriez-vous fêlé le crâne en plus de vous être fait pousser des ailes ?! Créer un sortilège relève d'un niveau de magie relativement élevé. Ce genre de magie peu tuer, ce n'est pas pour rien, que les sortilèges sont répertoriés car ils sont précieux et difficiles voire impossible à créés. Vos fanfaronnades me fatiguent !

-Nous verrons cela plus tard, quand auront-elles totalement cicatrisée ?

-Dans moins d'une heure, le nouveau baume est vraiment efficace, je n'aurais jamais cru.

-De la sève d'acajou, du pus dilué de bubobulb. Il y a également surement de la dictame ainsi que de l'œuf de doxy, des ailes de fée pillée et hum … Du girofle ! De l'essence d'ellébore, quelques sangsues ainsi que du sisymbre cueilli certainement à la pleine lune.

-Vous avez oubliez la Grapcorne. Mais … Comment avez-vous su ? Je veux dire, je viens de créer ce baume, alors comment […]

-Lors de l'un de mes voyage, j'ai rencontré un homme dur et vraiment asocial, aigri et blesser par les années. Il s'était enfermé dans un monde fait d'équation logique entre les plantes et tout ce qu'on pouvait trouver d'organique ou de potentiellement utilisable pour ses potions. Il passait son temps à en concocter. En améliorant certaines, en créant d'autres. Grace à lui, je reconnais n'importe qu'elle ingrédient à l'odeur, la couleur et la texture de n'importe qu'elle matière faite à partir d'une potion. Je regrette juste de ne pas avoir reconnu la Grapcorne. Il me reprenait souvent pour cet oubli qui revient encore aujourd'hui.

-Il devait être très doué, pour le niveau de la démonstration à laquelle j'ai eu droit.

-Ça, pour être doué, il l'était et le sera toujours.

-Toujours est-il que je ne veux pas que vous bougiez avant qu'elles ne soient totalement cicatrisées.

-Bien. Et que vais-je donc faire pendant ce temps, si je puis me permettre ?

-Discutons potion !

-Et bien, ça ne change vraiment pas quel que soit l'époque !

-Je vous demande pardon ?

-Rien, une vielle anecdote qui a refait surface. Donc de quoi souhaiterais-tu parler ?

-Les antidotes ? Les baumes cicatrisants ? Les variantes de la potion tue-loup ?

-OK, d'accord, calmes-toi. Nous avons tout le temps que nous souhaitons, donc, nous parlerons de ce que tu veux. Pas besoin de me submerger de suggestions. »

La conversation avait durée longtemps. Comme avant. Enfin, avant, que Séverus et moi sommes devenus « amis ». C'était rafraîchissant ! Bon certes, le sujet tournait toujours autour des potions. Mais ça me faisait du bien, je retrouvais quelques-uns de mes repères avec Lucius et Séverus. Rien de bien concret, mais des repères tout de même.