Non, je n'abandonne aucune de mes fics.

Oui, ça prendra sûrement beaucoup de temps pour les terminer toutes les 3.

Merci, à tous ceux qui lisent mes fics et ce chapitre.

Je vous aime tous ;)


Titre : Mortellement vivant.

Chapitre : Desgarron

Couple : GrimmIchi, Urahara/Yoruichi, Stark/Hallibel, Nnoi/Shinji ?, Gin/Uluquiorra ?

Rating: M pour la suite (oui, bientôt, bientôt, mais pas tout de suite).

Résumé :Ichigo vient d'une longue lignée de sorciers, mais il a renoncé à son héritage pour étudier la psychologie au Sereitei, où il a une vie simple et ordinaire. Jusqu'au jour où un homme mystérieux lui arrache une promesse. Il ignore alors qu'il vient de recevoir un ancien et très puissant pouvoir, que tous –vampire, sorciers et elfes- convoitent ardemment. Parmi eux, Grimmjow Jaggerjack, un vampire aussi redoutable qu'insupportable. Un tueur puissant et magnétique qui semble être plus que ce qu'il laisse paraître. Ichigo se retrouve vite au cœur de la tourmente, entre un héritage maudit et un amour impossible…mais si tentant.

Disclaimer : Les personnages appartiennent à Tite Kubo, et l'univers m'a été inspiré par D. Harkness .

Warnings : AU, OOC (le moins possible mais c'est inévitable), Romance, Humour, Supernatural, Mystère, Vampire/Sorcier/Elfe Fic…


Chapitre 17 : Desgarron

Un goût de musc m'envahissait la bouche et j'étais littéralement momifié dans ma couette. Le matelas geignit quand je m'étirai dans ce cocon.

-Chhhh, murmura Grimmjow à mon oreille, collé contre mon dos, un bras autour de moi.

-L'est quelle heure ? Demandai-je d'une voix pâteuse.

Il s'écarta légèrement pour consulter sa montre.

-13heures passées.

-Combien d'temps j'ai dormi ?

-D'puis 18heures hier soir, Bambi.

Hier soir.

Des images se bousculèrent dans ma tête : la menace de Baraggan, mes doigts chargés d'électricité virant au bleu, la photo de ma mère, son corps détruit, son visage, figé dans l'horreur.

-Tu m'as donné des cachets, dis-je en tentant vainement de me libérer de la couette. J'aime pas prendre des cachets, Grimmjow.

-La prochaine fois qu't'auras une crise d'panique, j'te laisserai souffrir inutilement, répondit-il avec exaspération en m'aidant à me dégager.

De nouvelles images me vinrent à l'esprit. Le visage grimaçant de Soi Fon me mettant en garde contre les secrets trop bien gardés et le message m'ordonnant de me souvenir. L'espace d'un instant, je redevins un petit garçon, perdu au bord de la rivière en se demandant comment sa mère, si merveilleuse et aimante, avait pu disparaître de ma vie. Je tendis une main vers Grimmjow, comme un désespéré tentant de se rattacher à un quelconque réconfort. Mais quand ma main rentra dans mon chant de vision, tremblante, pâle et si pathétiquement dépendante, je me dégageai brusquement des bras de Grimmjow et ramenai mes genoux sous mon menton pour me protéger.

Grimmjow voulait m'aider, je le voyais bien, mais il doutait de moi. La voix de Baraggan résonna de nouveau en moi, venimeuse : « Rappelles-toi qui tu es, vers qui va ton allégeance. Faute de quoi, tu le regretteras»

« Rappelles-toi », disait le message.

Soudain, je me retournai vers le vampire et me blottis contre lui…oui, je change d'avis tout le temps, mais ma mère avait disparu, et alors que j'étais seul, effrayé, et que je ne croyais pas pouvoir m'en sortir indemne, Grimmjow était là. Ma tête sous la sienne, je guettai pendant plusieurs minutes le prochain battement de son cœur. Et ce rythme lent finit par m'assoupir.

Je me réveillais de nouveau en sursaut et me redressai tant bien que mal. Grimmjow alluma la lampe.

-Qu'est-ce que t'as ?

-La magie m'a trouvée. Les sorciers aussi. Je vais être tué à cause de ma magie, tout comme l'a été ma mère, débitai-je d'un trait, en proie à la panique, avant de me lever d'un bond.

-Non, gronda Grimmjow en s'interposant devant la porte à la vitesse de la lumière. On va affronter ça Ichi, quoi qu'il arrive. Sinon, tu'vas passer ta vie à fuir.

J'étais partagé : je savais qu'il avait raison mais d'un autre côté je n'avais qu'une envie : fuir dans la nuit. Mais comment aurai-je pu, avec un vampire qui me barrait le chemin ?

L'air commença à s'agiter autour de moi comme pour dissiper cette sensation d'emprisonnement. Un souffle glacé souleva le bas de mon pantalon et remonta jusqu'à mon visage en faisant voler mes cheveux. Grimmjow étouffa un juron et s'avança vers moi en tendant les bras. Le souffle se transforma en rafales qui secouèrent les rideaux et les draps.

-S'okay, Bambi, tout va bien ! Cria-t-il par dessus le sifflement du vent, tentant de me calmer.

Mais c'était largement insuffisant.

Le vent continua d'enfler et je levai les bras, formant une colonne tourbillonnante d'air qui me protégeait comme la couette. De l'autre côté, Grimmjow s'était figé, une main encore tendue, les yeux fixés sur moi. Quand j'ouvris la bouche pour lui dire de ne pas s'approcher, il n'en sortit qu'un air glacé.

-Tout va bien, répéta-t-il sans me quitter du regard. J'bouge pas, okay ? (C'est seulement en l'entendant prononcer ces mots que je compris quel était le problème.) I promise ya*.

Le vent faiblit. Le cyclone qui m'enveloppait diminua jusqu'à redevenir un souffle, puis disparut complètement. Je tombais à genoux en étouffant un cri.

-Qu'est-ce qui m'arrive ?

Tous les jours je faisais du jogging et du yoga et mon corps m'obéissait. Jusqu'à maintenant. Maintenant, j'étais un monstre avec des pouvoirs inimaginables. Je vérifiais que mes mais ne crépitaient pas d'étincelles et qu'aucun vent ne tourbillonnait plus autour de mes pieds.

-C'est un Getsuga Tenchō, expliqua Grimmjow sans bouger. Une sorte d'vent sorcier. T'sais ce que c'est ?

J'avais entendu parler d'une sorcière d'Albany capable de provoquer des orages, mais jamais de « getsuga tenshō ».

-Pas vraiment, avouai-je en continuant de jeter à la dérobée des coups d'œil à mes mains et à mes pieds.

-Certains sorciers ont la faculté d'maîtriser l'élément air. T'en fais partie, Bambi.

-C'est pas exactement ce que j'appellerai « maîtriser », maugréai-je.

-Pour une première fois, si, dit-il en balayant la pièce d'un geste circulaire. T'as pas arraché les rideaux, les draps sont intacts, et les vêtements sont toujours à leur place. On est encore debout et la chambre n'a pas l'air d'avoir été traversée par une tornade, c'est d'la maîtrise Bambi, ricana-t-il.

-Mais je ne l'avais pas cherché. Ces feux électriques et ces rafales de vent surviennent souvent comme ça, sans que les sorciers les invoquent ?

Je repoussai les cheveux qui me tombaient sur les yeux et vacillai, épuisé. Il était arrivé trop de choses au cours des dernières vingt-quatre heures.

-Getsuga et les doigts bleus sont des phénomènes rares d'nos jours. Y'a d'la magie en toi, beaucoup d'magie, et elle veut sortir, qu'tu le d'mandes ou non.

-J'avais l'impression d'être pris au piège, me rappelai-je en grimaçant.

-J'aurais pas dû t'retenir hier soir, se lamenta Grimmjow. J'sais jamais comment agir avec toi, c'est putain d'frustrant ! Ragea-t-il en se passant la main dans les cheveux. Mais t'es animé d'un mouvement perpétuel et j'voulais simplement qu't'arrêtes de bouger pour écouter pour une fois.

Ce devait être encore plus difficile de supporter mon incessant besoin d'action quand on était un vampire qui a à peine besoin de respirer. Une fois de plus, je trouvais que l'abîme qui me séparait de Grimmjow était immense. Mon cœur se serra et je voulus me relever pour fuir cette sensation.

-Tu m'en veux pas, hein ? demanda-t-il avec une tête de chien battu.

Je sentis un sourire attendri me soulever le coin des lèvres.

-Non, bien sûr que non. Merci d'avoir pris soin de moi Grimmjow, lui dis-je en lui lançant un petit sourire timide.

-J'peux m'approcher alors ? Ajouta-t-il en désignant ses pieds figés.

Je hochai la tête. Il fit trois pas et m'aida à me relever. Je m'effondrai contre lui comme ce premier soir dans la bibliothèque, quand je l'avais vu, charismatique, aristocratique et avec son sourire de prédateur. Mais cette fois, je ne reculais pas. Je m'appuyais contre lui et sa peau fut d'une fraîcheur apaisante au lieu de me paraître froide et effrayante.

Nous restâmes sans rien dire un moment, dans les bras l'un de l'autre. Mon cœur se calma et il ne tenta pas de m'étreindre davantage, même si je sentais que cela lui était très difficile. Mon état de panique avait dû faire ressortir Monsieur Alpha Loup avec vengeance.

– Je suis désolé, moi aussi. Je vais essayer de maîtriser mon énergie.

-T'as pas à être désolé, Bambi. Ni à essayer d'être c'que t'es pas, dit-il avec force.

Je souris. Oui en effet, mon Alpha Mâle préféré était de retour. C'était trop tentant d'en profiter. Dans cet état-là, Grimmjow me cédait tous mes caprices. J'avais pas mal utilisé cet avantage pour en apprendre plus sur lui auparavant, mais cette fois-ci je voulais quelque chose de plus concret.

-J'ai soif Grimm, dis-je doucement.

-Bienvenu au club, sourit-il. T'veux du thé ?

-Tu vas me faire du thé ? Demandai-je avec un sourire moqueur.

-Hey, j'suis parfait, j'peux t'faire c'que tu veux, répondit-il avec un haussement de sourcil suggestif.

-Des promesses, des promesses, le narguai-je.

Son regard s'assombrit mais j'étais trop faible pour qu'il me saute dessus, nous le savions tous les deux. Mon bien-être était sa priorité, sa « femelle » était affaiblie, il allait me rendre des forces, pas me les retirer avec une folle partie de jambes en l'air. Tout de même, le voir grand et imposant, les muscles tendus sous l'envie de me toucher, me rendirent un peu fébrile. Les joues rosissant, j'arrachais mon regard du corps parfait du vampire. Dehors, il faisait encore nuit noire.

-Quelle heure il est ?

Il leva le bras.

-Trois heures passées.

-Je suis affreusement fatigué, gémis-je, mais un thé me ferait plaisir.

-Je vais l'préparer, dit-il immédiatement en m'embrassant furtivement sur le front et en ôtant délicatement mes bras noués autour de sa taille. J'reviens.

Je le suivi tandis qu'il fouillait parmi les innombrables boîtes et sachets de thé.

-Je t'avais dit que j'adorais le thé, souris-je.

-T'as une préférence ? Demanda-t-il en désignant un assortiment dans le placard.

– Le sachet noir avec une étiquette dorée, s'il te plaît.

Du très vert : c'était ce qui serait le plus apaisant. Il s'affaira avec la bouilloire et la théière, versa l'eau sur les feuilles parfumées et me tendit un mug ébréché avec « We're all mad here » incrusté sous le sourire du chat d'Alice au Pays des Merveilles. L'arôme de thé vert, de vanille et d'agrume était bien différent de son parfum, mais il me réconforta. Il s'en servit une tasse et la flaira d'un air satisfait.

– Ç'pas une odeur trop déplaisante, finalement, reconnut-il en buvant une petite gorgée.

C'était la première fois que je le voyais boire autre chose que du vin.

– On s'assoit ?

- Dans l'salon, dit-il, on doit parler.

Il prit place au coin du confortable vieux canapé et je m'installai en face. Les volutes de vapeur de mon thé me montaient au visage, me rappelant le vent sorcier.

– Bambi, il faut qu'tu comprennes qu'maintenant qu'Baraggan est sûr que t'as l'Nagi, t'es plus en sécurité ici, dit-il de but en blanc.

Je le savais bien. Mais je ne voulais pas fuir. Je savais bien que ce que Grimmjow voulait c'était me jeter sur son épaule et bondir dans la nuit pour me cacher dans un endroit ou rien ni personne ne m'atteindrait. Mais je ne voulais pas ça. J'en avais assez de me cacher et de fuir. Je ne m'étais jamais perçu comme un lâche, jusqu'à ce que je me rende compte dernièrement que j'en étais un. Je me cachais derrière mon père, derrière mes sœurs, derrière une fausse identité, et maintenant derrière Grimmjow. J'en avais assez. Il me fallait trouver une solution. Je repassais mentalement la conversation avec le sorcier, Soi Fon, le Nagi, mes parents, tout en bougeant les pièces de mon puzzle intérieur, mais elles refusèrent de former une image. La voix de Grimmjow me tira de mes pensées.

–Bambi ?

-M'appelle pas comme ça, dis-je d'un ton distrait.

-T'fais quoi ?

-Rien, répondis-je un peu trop précipitamment.

-T'utilises la magie, dit-il en posant sa tasse. J'le sens. Et j'le vois. T'es en train d'scintiller.

-C'est ce que j'ai l'habitude de faire quand je n'arrive pas à résoudre une énigme, répondis-je en haussant une épaule. J'imagine une table blanche recouverte de différentes pièces. Elles ont des formes et des couleurs et bougent pour former un motif. Quand le motif apparaît, elles s'immobilisent et je sais que je suis sur la bonne piste.

-Et tu joues souvent à ce p'tit jeu ? demanda-t-il après un long silence.

-Constamment, répondis-je à contrecoeur. C'est instinctif, comme quand je sais qui me regarde sans tourner la tête.

-La voilà la logique ! S'exclama soudainement Grimmjow avec un grand sourire.

-Quoi ?

-T'utilises la magie quand t'réfléchis pas ! Et si parfois t'perds le contrôle, c'est parce que tu t'mets à réfléchir ! Tes émotions s'embrouillent avec ton psychique et t'perds le contrôle.

Je restais silencieux pendant quelques instants.

-Donc, t'es en train de me dire que je devrais arrêter de réfléchir ? Demandai-je, dubitatif. C'est impossible, c'est comme quand les gens disent « arrête de penser à un éléphant », le premier réflexe qu'on a c'est de s'imaginer un éléphant. Je ne peux pas juste arrêter de penser.

-Pas de « penser », mais au moins arrête de t'prendre la tête, affirma-t-il avec un grand sourire.

Je lui envoyais un coussin dans la tête, qu'il attrapa avec un éclat de rire.

Après quelques instants au calme à siroter nos thés, Grimmjow repris la parole avec un air sérieux, ses yeux trop bleus attrapant les miens.

-Ichigo, j'veux t'ramener à la maison.

Ichigo. Grimmjow n'utilisait mon prénom que dans deux situations : quand il me séduisait, parce qu'il savait qu'entendre mon prénom de sa voix grave me remplissait de désir, et quand il était extrêmement sérieux et qu'il voulait la totalité de mon attention.

-Je ne veux pas retourner chez mon père, je ne veux pas mêler mes sœurs à tout ça.

-Pas ta maison. La mienne. Il faut qu'tu quittes l'Sereitei.

-Je veux bien aller à Las Noches, lui accordai-je.

Je savais qu'il me préférait dans son territoire et je n'avais pas le cœur à me battre avec ses instincts protecteurs avec si peu de force. C'est qu'il était têtu l'Alpha Mâle.

-Las Noches est l'une d'mes maisons, Bambi, expliqua-t-il. J'veux t'emmener chez moi, en Angleterre.

-En Angleterre ? hoquetai-je.

-Les sorciers ont la ferme intention d's'emparer du Nagi et d'empêcher les autres créatures d'l'avoir. Le prestige d'ta famille les a empêcher d'faire comme bon leur semblait jusqu'à présent, mais clairement on peut plus compter sur ça maint'nant.

J'eus un frisson. Il avait raison. Les sorciers avaient franchis la limite. Je fermai les yeux pour ne pas revoir la photo de ma mère.

-Et ils ne prendront pas de gants.

-C'est l'cas d'le dire. J'ai vu la photo, Ichi. J'veux qu'tu sois loin d'Baraggan et d'la bibliothèque. Qu'tu restes sous mon toit pendant un moment.

-Soi Fon a dit que c'étaient des sorciers. (Mon regard croisa le sien et je fus surpris de voir combien ses pupilles étaient rétrécies. Habituellement, elles étaient énormes et noires, mais là je me noyais dans le bleu électrique de ses yeux, inhumainement vivant dans la lumière tamisée de mon appartement. Quelque chose avait changé chez Grimmjow ce soir. Il avait moins le teint d'un spectre et ses lèvres paraissaient plus colorées.) Elle a dit vrai ?

-Ouais, répondit-il, désolé.

Un petit déclic se fit entendre et le répondeur se mit à clignoter. Je soupirai. Même si le volume était baissé, le vampire allait entendre le message. Je me levai pour décrocher.

-Je suis là, je suis là, coupai-je ma sœur.

-On t'croyait mort baka Ichi-nii, répondit Karin.

-Quand même pas, murmura Yuzu doucement.

-Ça va fils ? demanda la voix étrangement grave de mon père.

Je les vis assis dans la cuisine, le téléphone au milieu en mode haut parleur. Je regardai mon père, échevelé, le regard rivé sur le téléphone. Il vieillissait. Je regardai mes sœurs, elles avaient l'air mortes d'inquiétude. Je me fustigeais pour faire vivre tant d'épreuve à ma famille.

-Je ne suis pas mort, je suis chez moi avec Grimmjow, il a dû brouiller vos pouvoirs.

Je lui fis un petit sourire qu'il me rendit avec son propre air de dément, l'air fier de lui.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda la voix impérieuse et impatiente de Karin.

-Rien, j'ai été un peu malade hier soi…

De longs doigts froids s'emparèrent du téléphone et me le retirèrent.

-Famille Kurosaki, j'suis Grimmjow Jaggerjaquez, dit-il. (Je voulus lui reprendre l'appareil, mais il me saisit le poignet et secoua la tête.) Ichigo a été menacé. Par d'autres sorciers. L'un d'eux est Baraggan.

Je n'avais pas besoin d'une ouïe aiguisée de vampire pour entendre les éclats de voix à l'autre bout du fil. Grimmjow me lâcha le poignet et me rendit le téléphone, l'air satisfait.

Je le fusillai du regard et il me fit un clin d'œil aguicheur. Je fis craquer mes doigts. Son sourire disparu.

-Un sorcier ! S'écria Karin. (Grimmjow ferma les yeux comme si le cri lui brisait les tympans. Ha, bien fait pour toi.)

-Ta mère ne lui faisait pas confiance, déclara mon père.

-Il a essayé de rentrer dans ma tête, je l'ai combattu comme j'ai pu mais je n'ai pas été très brillant je crois.

Je vis mon père hocher la tête pendant que Karin et Yuzu s'échangeaient un regard inquiet. Je revis la photo et le sol se déroba sous moi. Grimmjow me rattrapa de justesse. Je détestais être aussi faible devant lui mais ses yeux ne me jugeaient pas. Je m'essuyais les yeux, sans pouvoir chasser l'image de ma mère déchiquetée et mutilée.

-Ichi-nii, qu'est-ce qu'il t'es arrivé d'autre ? demanda Yuzu.

-Barraggan t'a fait peur, ok, mais il y a manifestement autre chose, insista Karin.

-Quelqu'un m'a envoyé une photo de maman, dis-je en saisissant le bras de Grimmjow.

Il y eut un long silence au bout du fil.

-Oh, fils, souffla mon père. Cette photo-là ?

-Quelle photo ? demanda Yuzu qui était trop petite au moment des faits pour s'en rappeler.

-Ne t'en soucis pas ma Yuzu, n'essaie pas de t'en rappeler non plus, Karin, leur demanda mon père.

Elles acquiescèrent.

-Repasse-le moi, demanda mon père.

-Il t'entend très bien de là où il est, dis-je. Et tu peux t'adresser directement à moi, dis-je d'un air sévère.

Un Alpha Loup c'était déjà suffisant, deux c'était trop.

-Alors écoutez-moi tous les deux. Partez, fuyez loin de Baraggan. Et que Grimmjow veille à ce que tu obéisses, sinon je l'en tiendrai responsable.

Je regardais mon téléphone avec un air ahuri. Depuis quand mon père se comportait ainsi ? Et depuis quand il m'ordonnais d'obéir à un vampire ?

Grimmjow rapprocha sa tête du combiné, je le laissai faire, toujours sous le choc.

-J'amène vot' fils en Angleterre, chez ma famille M'sieur Kurosaki, dit-il.

-Quoi ? demanda faiblement Karin. Mais c'est trop loin…

Grimmjow tendit la main. Je lui donnai le téléphone.

-Karin c'est ça ? (Silence.) J'te jure d'protéger Ichigo d'toutes mes forces, t'entends ? Sous mon toit, j'laisserai personne lui faire de mal, et le premier qu'essaie j'te jure d'le déchiqueter et de t'en laisser un morceau, qu'est-ce que t'en dis ? Proposa-t-il férocement avec un sourire de carnivore qui découvrait toutes ses dents.

-Grimmjow ! Le grondai-je. Ne la tente pas !

Il éclata de rire, de toute évidence la réponse de ma sœur lui plu.

Super, ils ont trouvé un terrain d'entente…sauve qui peut.

Il leur donna un numéro où ils pourraient « appeler à tout moment », puis promis de veiller sur moi et raccrocha. Je fis un coucou à mes sœurs et les vis me rendre mon salut avant de couper ma connexion mentale.

Je soupirai, et évitai de croiser le regard trop bleu du vampire.

-Tout est de ma faute, dis-je faiblement. Je me suis conduit comme un humain qui ne comprend rien à rien.

Il alla s'asseoir sur le canapé, aussi loin possible de moi. Mon cœur se serra un bref instant mais je me redressai. Plus de fuite.

-T'as pris la décision d'pas laisser entrer la magie dans ta vie quand t'étais gosse et effrayé. Maint'nant tu marches sur des œufs à chaque fois qu'tu fais un pas, comme si ton avenir en dépendait. (Il parut surpris que je vienne m'asseoir à côté de lui et que je prenne ses mains dans les miennes, résistant à l'envie de lui dire que tout irait bien. Je savais que de nous deux, celui qui avait le plus peur pour moi, c'était lui.) En Angleterre, t'pourras être toi-même pendant quelques jours sans avoir peur d'commettre une erreur ou d'pas arriver à t'contrôler, continua-t-il. Tu pourras t'reposer, j't'ai jamais vu t'arrêter un instant. T'sais qu'tu bouges même dans ton sommeil ? Sans la couette tu m'aurais rué de coups, sourit-il, comme si cette perspective l'amusait grandement.

-J'ai pas le temps de me reposer Grimm, dis-je, ne sachant pas trop si je voulais quitter ma bibliothèque. Je dois faire ce que j'ai à faire pour Urahara et si je n'ai pas accès à la bibliothèque, je ne pourrai pas finir mes devoirs, et il ne me prendra pas dans sa clinique, me lamentai-je.

Grimmjow leva les yeux au ciel.

-Tu m'prends pour un bouseux ? J'ai des tas d'livres chez moi et même internet, comme ça t'envoies tes devoirs par mail et t'es tranquille.

Il ancra son regard inhumain dans le mien.

-T'as aucune excuse, Bambi.

Je lui tirai la langue. Il me lança un regard de renard.

-J'ai même des originaux.

Mon corps tout entier se redressa, comme si j'avais mis le doigt dans une prise.

-Originaux ?

-Freud, Lacan, Winnicott, Klein, Piaget… laisse tomber les premières éditions, j'te parle des originaux. T'pourras même sentir leur essence sur les pages, me susurra-t-il avec son regard hypnotique.

-Il y a vraiment des notes sur les pages, celles qui n'ont pas été rajoutées sur les autres versions ? Demandai-je avidement.

-T'vas devoir aller en Angleterre pour l'savoir.

-Allons-y alors, me hâtai-je de répondre.

-T'y vas pas pour t'mettre à l'abri, mais pour mes manuscrits ? S'étonna-t-il. Bravo pour ton bon sens, p'tite tête.

-J'en ai jamais eu, avouai-je. Quand est-ce qu'on part ?

-Dans une heure ?

-Une heure !

Ce n'était pas une décision prise sur un coup de tête. Il avait prévu ça depuis la veille.

-Combien d'temps pour mettre tes p'tites culottes dans une valise ? Railla-t-il.

-Qu-je t'emmerde ! Rageais-je, rouge de honte. J'suis pas une fille et j'en assez que tu me charries avec ça !

-Oh Bambi, sa voix se fit sirupeuse et un frisson me remonta le long du dos. Ecarte pas l'idée trop tôt j'aime bien l'image mentale, j'suis sûr qu'tu s'rais craquant avec un string.

Il se saisit brusquement de mes fesses et un miaulement s'échappa de mes lèvres. Traitresses. Il explosa de rire et me lâcha, l'air supérieur.

-T'vois, toi aussi t'aimes l'idée, ronronna-t-il.

-Je te déteste, soufflai-je, rouge de honte et de colère.

Il me claqua les fesses et s'éloigna, son sourire de carnivore bien en place.

-Prends pas grand-chose. On sortira pas et y'aura qu'ma sœur et des potes, mais pas tout l'temps.

Sa sœur. Ses potes.

-Ça m'étonnera toujours que quelqu'un comme toi aies des amis, le raillai-je.

-Hey, j'les paie suffisamment chers pour ça, lança-t-il depuis la cuisine.

J'éclatai de rire et me dirigeai vers ma chambre. Me stoppai. Me retournai lentement.

-Ta sœur ?

-'Tain, parfois Ichi t'es trop lent.

-Grimmjow ! M'écriai-je, ma voix partant légèrement dans les aigues.

Il soupira.

-J'ai deux sœurs, Cirruci, qu't'as vu à Las Noches en peinture et qu'était ma soeur biologique humaine, et Nelliel, qui fait parti d'ma Famille.

Grimmjow, c'était une chose. Une maisonnée remplie de vampires inconnus, c'était une tout autre affaire. Mon empressement à consulter les manuscrits refroidit devant cette dangereuse perspective. Mon hésitation dut se voir.

-J'avais pas réfléchi, dit-il, un peu blessé. Bien sûr, t'as aucune raison d'faire confiance à Nell. Mais elle a promis qu'tu serais en sécurité avec elle et t'as rien à craindre de mes gars.

-Si tu leur fais confiance, alors moi aussi.

Ma sincérité me surprit moi-même, même si j'étais un peu inquiet qu'il ait dû leur demander s'ils avaient l'intention de me mordre le cou.

-Thanks, dit-il simplement. (Son regard glissa sur mes lèvres et un fourmillement me parcourut.) Fais tes bagages pendant que j'passe des coups d'fil. (Il saisit ma main quand je passai à côté de lui.) T'as pris la bonne décision, Ichi, murmura-t-il.

Comme je l'espérais.


Un jet privé. Evidemment que ce fou furieux avec un jet privé. Pourquoi étais-je même surpris ?

Sa richesse hallucinante n'arrêtera jamais de me surprendre.

Nous embarquâmes immédiatement après vérification de nos passeports. Une fois l'altitude de croisière atteinte, Grimmjow détacha sa ceinture et alla prendre des couvertures et oreillers dans un placard sous les hublots.

-On s'ra bientôt en Angleterre, dit-il en inclinant mon siège et en me dépliant la couverture. En attendant, dors un peu.

Je ne voulais pas dormir. Pour tout dire, ça me faisait peur. La photo ne cessait de me revenir en mémoire. Il s'accroupit à côté de moi, sentant ma détresse. Je pouvais pratiquement voir sur son visage la douleur que lire mes émotions lui infligeait. Mon pauvre loup, trop protecteur, désemparé face à ma souffrance. Mon cœur se gonfla.

-Qu'est-ce que t'as Bambi ?

-Je ne veux pas fermer les yeux.

Il me saisit les mains, me releva, pivota jusqu'à s'asseoir dans mon siège incurvé et me fit m'asseoir sur ses genoux.

-Viens là, dit-il en en prenant délicatement ma tête pour la poser entre son coup et son épaule.

Quand je fus installé il déploya la couverture sur nous deux. Son corps était froid mais avec la couverture, mon cœur qui battait la chamade et la chaleur qui se déversait en moi, j'avais tout sauf froid.

-Merci, murmurai-je.

-Tout l'plaisir est pour moi Bambi, j't'assure, dit-il avec une voix grave et cajoleuse.

Il me saisit le menton et me releva juste assez pour m'embrasser. Au début ses lèvres se contentèrent de caresser les miennes, comme s'il savourait un dessert, puis il appuya plus fortement sur mes lèvres et gronda doucement pour que j'ouvre la bouche. Il entra immédiatement sa langue et la fit tourner en moi. Mes orteils se recourbèrent dans mes chaussures et je sentis de gentilles pulsions me titiller l'aine. Après avoir cajolé ma langue, mes dents et mon palais, il me relâcha enfin.

-Dors bébé, j'suis là.

Je dormis effectivement d'un profond sommeil sans rêve, bien au chaud contre le corps puissant et protecteur de Grimmjow, qui m'entourait possessive ment la taille de ses bras musclés. Je ne me réveillai que lorsque les doigts froids de Grimmjow frôlèrent mon visage et qu'il m'annonça que nous allions atterrir.

-Quelle heure il est ?

-Huit heures.

-On est où ?

-Près d'Londres, il sourit sous ma curiosité. On prendra la voiture pour aller à la maison, elle est plus dans la campagne.

-C'est de là que tu viens ? Demandai-je en m'étirant, les bras tendus au dessus de ma tête et mon ventre en avant, le dos courbé.

Grimmjow ne pu s'empêcher de passer sa main sur mon ventre, sous mon pull et je frissonnai en me tortillant sur ses genoux. Il gronda doucement pour me faire comprendre que je l'excitais et que je devais me calmer. Ce n'était pas vraiment le lieu approprié pour exciter le vampire. Et je me souvenais bien qu'il m'avait dit ne plus pouvoir se retenir très longtemps de me prendre complètement. Mon sexe eut un soubresaut d'impatience et je lui jetai un regard rempli d'innocence. Ses pupilles se dilatèrent légèrement et il me pinça les fesses. Fort.

-Aïeuh! Criai-je en lui donnant un coup de poing dans le ventre.

Il se contenta de rire ce fauve. Mais la douleur m'avait effectivement calmé mes ardeurs. Je me levai en me massant ma fesse endolorie, lui lançant un regard noir.

-C'est d'ta faute Bambi, si t'arrêtes pas d'me donner envie, t'vas l'regretter, ri-t-il de toutes ses dents.

-Alors, redemandai-je impatiemment en l'ignorant, c'est de là que tu viens ?

-Nan, j'suis pas né en Angleterre, mais en Suède. Mais vu qu'j'ai été amené en Angleterre dès mon troisième mois, et qu'j'ai été changé en vampire ici, j'me considère britannique.

Je digérais cette nouvelle information. L'un des aspects positifs de ce voyage c'était que j'allais en apprendre plus sur Grimmjow, et sachant à quel point il était mystérieux, toute information était bonne à prendre.


-T'as besoin d'une voiture pareille en Angleterre ? Demandai-je avec exaspération.

-Oh ouais, dit-il avec un sourire si grand que j'eus l'impression qu'il allait lui manger le visage. T'verras quand on s'ra dans la campagne.

Je montai sans l'énorme Range Rover, la voiture était à peine moins luxueuse que sa Maserati mais ce qui lui manquait en élégance était compensé en robustesse. C'était comme rouler dans un char blindé.

Nous traversâmes une région magnifique où se dressaient ça et là de grandioses châteaux et de grandes plaines. Grimmjow se moquait de mes yeux émerveillés mais je m'en fichais, bien trop heureux de voir des paysages différents que le Japon pour la première fois.

Grimmjow continua de rouler vers l'ouest. Il ralentit, prit une route étroite et se gara.

-Voilà, dit-il en désignant le lointain. Desgarron.

-C'est pas espagnol comme nom ça ?

-Si, mon père adorait l'Espagne.

Son père vampire, devinai-je. Au centre d'un ensemble de collines se dressait un pic aplati surmonté d'une massive bâtisse crénelée de pierre rose et beige. Elle était entourée de sept petites tours et d'un corps de garde à tourelles. Ce n'était pas un château de conte de fées pour un bal au clair de lune. Desgarron était une forteresse.

-C'est chez toi ?

-C'est chez moi. (Il sortit son portable). Nell ? On est presque là.

Quelqu'un répondit brièvement et raccrocha. Grimmjow eut un sourire pincé et redémarra.

-Elle nous attend ? Demandai-je en réprimant avec peine le tremblement de ma voix.

-Yep.

-Et ça l'ennuie pas ?

Je m'abstins de poser la véritable question- t'es sûr qu'elle est d'accord pour que tu ramènes un sorcier chez elle ?- mais ce n'était pas nécessaire.

-Nell n'aime pas autant les surprises qu'moi, dit Grimmjow d'un ton léger, sans quitter la route des yeux.

-C'est pas une réponse, Grimm.

Il ne répondit pas et tourna sur un véritable sentier de chèvres qui montait entre des châtaigner. Une fois au château, Grimmjow passa entre deux des sept tours pour pénétrer dans une cour pavée devant l'entrée. De part et d'autre, j'aperçus des jardins et des parterres donnant sur la forêt. Le vampire se gara.

-Prêt ? demanda-t-il avec un grand sourire.

-Non, on rentre au Japon ? Gémis-je.

Il renversa sa tête en arrière et rit à gorge déployée. Je sentis mon propre sourire lui répondre.

Il ouvrit ma portière et m'aida à descendre. J'étais si nerveux à l'idée de rencontrer ceux qui faisaient parti de sa famille et de ses proches que je ne protestais même pas. Mais qu'il ne s'y habitue pas quand même. Je relevai le col de ma veste et levai les yeux vers l'imposante façade de pierre. La silhouette menaçante du château n'était rien en comparaison de ce qui m'attendait à l'intérieur. La porte s'ouvrit.

-Courage, elskan min, dit Grimmjow en déposant un baiser sur mes lèvres pincées.

Je pris une profonde inspiration, relevai la tête, fronçais les sourcils avec détermination, et fis un pas en avant.


*Je te promets.

Je rappelle que « elskan min » signifie « mon amour » en vieux norrois.

Résultat du vote : Le OUI pour le Mpreg a largement été majoritaire, merci à tous d'avoir voté !

Comme je l'avais dit il n'apparaîtra que vers la fin de la fic et PAS de manière « wam bam, on a un gosse alors qu'on est deux mecs et qu'on s'y attendait pas du tout, trop cool ! » D'ailleurs, vu que je n'ai pas encore fini la fic, je ne sais même pas pour quel genre de fin je vais opter…si ça se trouve il n'y aura même pas de Mpreg xD (la relou).

Je vous aime tous, j'espère que ce chapitre vous a plu,

Ayase.