Donc ce qui était à la base un oneshot devient une série de oneshots post-film centrés sur nos deux tourtereaux.

Petite pensée à the-zia, dont le commentaire m'a poussée à publier les autres oneshots que j'avais écrits. Je les trouvais un peu trop niais à mon goût, mais finalement j'ai décidé que ce serait dommage de les oublier comme ça.

Alors voilà, j'en écrirai peut-être d'autres en fonction de mon inspiration et de mon temps, donc ne vous attendez pas à une mise à jour régulière (je travaille surtout sur mon autre fanfiction en ce moment...).

Bonne lecture ^^


Je chauffe, tu brûles, ils s'enflamment

Chauffer. Plus de bois. Plus de braises. Déposer la tige en métal. Pas trop longtemps, elle est assez fine. La saisir avec une pince. Aïe, c'est chaud. Mais j'ai l'habitude. La tordre tant qu'elle est encore rouge. Un peu plus… voilà. Non, encore un peu plus. Zut, le métal est déjà froid. On y retourne. Chauffer. Attraper. Aïe. Je vais finir par avoir les mains couvertes de cloques moi… Retordre. Ça m'a l'air bien. Pas trop lourd, mais suffisamment solide. Enfin je l'espère. Plonger dans l'eau. Attendre quelques secondes. Voilà. Voyons ce que ça donne sur moi… C'est pas mal. Je pense que ça ira. Tout de même, il manque quelque chose. C'est trop… simple. Il faudrait affiner, ajouter des détails. Voyons voir… tous les outils sont trop gros ici, je ne pourrai pas faire quelque chose de suffisamment précis. A moins que… Il fait vraiment chaud ici. La fenêtre. Un peu d'air frais. Ouf. Presque trop frais. Il faut choisir. La sueur ou les dents qui claquent. Le chaud ou le froid. Bon, où est-ce que j'en étais moi ? Ah oui. Les détails. Trouver un outil plus fin. L'étagère du fond peut-être. Allons-y. Alors… Trop gros. Trop lourd. Trop vieux. Trop coupant. Pff… Réfléchir. Pas facile avec cette chaleur. Je ne dois peut-être pas sortir, je risque d'attraper froid, surtout avec une telle différence de température. Bon, reprenons. Ce tiroir peut-être. Ouvrir. Je trouverai sûrement là-dedans. Fouiller. Non… Non, pas celui-là… Toujours pas… Ah ! Je me disais bien que je l'avais utilisé une fois ! Mais il est un peu usé… Enfin bon, ça fera l'affaire. Doucement. Aïe. Coupé. Sang. Et zut. Blessure peu profonde heureusement. Un peu d'eau fraîche… ça va mieux. Ça cicatrisera vite. On continue. En faisant plus attention. J'ai les mains complètement esquintées dis-donc… Fichue maladresse. Alors alors… Un peu par ici… Oui, comme ça c'est bien. Encore un petit coup. Ah bah voilà ! C'est tout de suite plus joli. Plus féminin. Une touche finale… Décidément. Recoupé. Si j'ai encore tous mes doigts dans dix ans, j'ai de la chance ! De toute façon j'ai terminé. C'est bien. Ça me plaît. J'espère que ça lui plaira aussi. J'étouffe ici moi. En plus mon haut est tout mouillé de sueur… Bon, tant pis. Je l'enlève. Ah… ça va un peu mieux. Si j'arrêtais de m'agiter autant aussi… Pfiou. Je vais finir nu si ça continue…

Je profitai d'avoir retiré mon haut pour le laver un peu dans de l'eau fraîche. Ceci fait, j'allai le suspendre dans la pièce du fond. Une pile de dessins trônait au milieu de mon bureau. Elle penchait dangereusement. Des tas d'autres feuilles étaient éparpillées partout. Moi et mon sens du rangement… Je soupirai. Il allait vraiment falloir que je trie tout ça. Un jour. Pas aujourd'hui. Pourtant, j'allais devoir rester ici toute l'après-midi, ou au moins jusqu'à ce que mes vêtements soient secs. Je ne pouvais pas sortir comme ça, j'allais à coup sûr me rendre malade. Et puis de toute façon j'étais bien ici, j'étais au chaud et j'avais de quoi faire. Gueulfor était sorti, mais il avait laissé des outils à réparer sur le plan de travail en partant. Je pouvais m'en occuper, il n'y avait rien de bien compliqué à faire. Et après, si j'en trouvais le courage, je pourrais peut-être ranger l'arrière-boutique. Peut-être.

Je retournai donc dans la pièce principale, et ajoutai du bois sur le feu, malgré la température ambiante déjà élevée. J'avais besoin de plus de braises. Puis je commençai mon affaire, concentré sur ce que je faisais et essuyant de temps à autre la sueur qui coulait de mon front.

Après quelques réparations – et aussi quelques blessures et brûlures supplémentaires – je m'autorisai une petite pause. Alors que j'allais m'assoir, j'entendis une voix derrière moi.

« Harold ? Je peux ? »

C'était Astrid. Je me retournai vers elle.

« Bien sûr, entre, fais comme chez toi. Gueulfor n'est pas là, donc…

- … on est tranquilles… acheva-t-elle en laissant courir son regard sur mon torse nu. Tous les deux. »

Elle me regarda avec un sourire en coin. M'efforçant d'empêcher mes pensées de s'égarer, je me souvins du bracelet que je venais de lui fabriquer. Je le cherchai des yeux. Ah ! A côté du seau d'eau. Je l'examinai une dernière fois, et le tendis à Astrid.

« Tiens, c'est… pour toi. Je l'ai fait tout à l'heure.

- Harold, tes mains… me dit-elle en voyant les cloques et les multiples égratignures.

- Oh, ce n'est rien, ça m'arrive tout le temps. Tiens. »

Je lui donnai le bracelet. Elle le saisit et l'observa attentivement. Elle souriait. Il avait l'air de lui plaire. Elle l'enfila finalement à son poignet.

« Ouah… Merci, me dit-elle, émerveillée. Il est vraiment joli.

- C'est la bonne taille ? demandai-je. Sinon je peux le retoucher maintenant, ça ne sera pas long…

- Non, il est parfait. Et je ne voudrais pas te faire souffrir encore plus… » répondit-elle en désignant la brûlure sur ma main gauche.

Elle me tendit son poignet pour que je puisse admirer le résultat de mon travail. Je l'attrapai et lui pris la main. C'était vrai qu'il lui allait bien. Je m'autorisai un peu de fierté, tout en jouant avec le bracelet, le promenant autour de son poignet. Astrid se rapprocha de moi et commença à me caresser doucement la main droite – la moins blessée. Je mêlai mes doigts aux siens, priant pour que mes mains ne deviennent pas trop moites. J'avais déjà chaud, et Astrid n'arrangeait pas les choses. Elle me releva la tête avec sa main libre, m'effleurant la joue. Je fermai momentanément les yeux, savourant la douceur de cette caresse. J'eus à peine le temps de les rouvrir que je les refermai déjà au contact de nos lèvres. Elle m'embrassa tendrement, puis se détacha de moi au bout d'un moment qui me parut bien trop court.

« Ça, c'est pour le cadeau. » me dit-elle en souriant.

D'accord. D'habitude, elle me frappait d'abord, et m'embrassait ensuite. Si elle avait mis le baiser en première étape, quelle était la suivante ? Je frémis de plaisir en imaginant la suite. Astrid produisait chez moi des sensations qui s'amplifiaient de jour en jour. Elle parvenait à chaque fois à éveiller quelque chose au fond de moi. Quelque chose de très agréable. Comme une onde de chaleur, mais qui me faisait pourtant frissonner. Et je commençais d'ailleurs à y devenir dépendant. J'avais de plus en plus besoin de ces contacts quotidiens, même les plus anodins. Ils me faisaient revivre, et j'adorais ça.

Attendant sagement qu'elle décide de ce qui allait suivre, je la fixai avec un regard que je voulais… suggestif. Je tentai de lui faire savoir ce que j'attendais d'elle. Je ne savais pas si ça avait réellement marché, toujours était-il qu'elle m'attira à elle une seconde fois, mais beaucoup plus… fermement. Résolument. Sensuellement. A tel point que je lâchai involontairement un cri de douleur. Elle avait – presque violemment – empoigné ma main gauche, celle où se trouvait ma brûlure la plus importante.

« Désolée ! s'excusa-t-elle immédiatement.

- Ne t'inquiètes pas pour ça, ça va aller, la rassurai-je. Evite juste de… faire ce que tu viens de faire. Mes… mains ne sont pas très… opérationnelles… on va dire. »

Elle baissa les yeux et les observa.

« Bon, eh bien… commença-t-elle. On dirait bien que je vais devoir… toucher pour nous deux. »

Elle avait prononcé cette phrase en l'accompagnant d'un regard évocateur, que je lui rendis.

« Laisse-toi faire… » me murmura-t-elle à l'oreille.

Volontiers. Un sourire aux lèvres, je fermai les yeux et laissai mes bras pendre le long de mon corps, m'offrant docilement à elle. Elle commença par m'embrasser l'oreille, puis elle descendit le long de mon cou, déposant plusieurs petits baisers successifs sur ma peau. J'en eus la chair de poule. Tout en laissant sa bouche continuer son chemin sur mon corps, elle caressa délicatement la paume de mes mains, puis remonta le long de mes bras pour atteindre ma poitrine nue. Elle dessina le contour de mes côtes, et j'étais quasiment certain qu'elle pouvait sentir mon cœur qui cognait violemment contre ma cage thoracique. Cette fille me rendait fou. Elle le savait, et elle jouait avec. Elle reprit ses baisers répétitifs, passant de mon cou à mon visage. Arrivée devant mes lèvres, elle s'arrêta quelques secondes. J'attendis, impatient. Elle m'embrassa d'abord timidement, se contentant d'appuyer tendrement sa bouche sur la mienne. Mon appétit réveillé me poussa à l'attirer contre moi. Je ne pouvais plus la laisser faire sans réagir. J'avançai et la plaquai contre le rebord de la table. Je mis mes mains dans son dos en prenant garde à ne pas me faire mal, et la serrai contre moi. La chaleur de son corps contre le mien éveilla mes désirs les plus profonds. Doucement, progressivement, j'autorisai mes lèvres à s'entrouvrir. Elle fit de même, et attrapa ma nuque, rendant impossible tout mouvement de recul. Dont je n'avais de toute façon aucune envie. Ma respiration s'accélérait, et je m'appuyais contre elle avec tellement de vigueur que nous étions presque allongés sur la table. Elle ne me lâchait pas, je supposai donc que sa position lui était confortable. Elle remonta une de ses jambes pour enlacer la mienne, bloquant ainsi mon bassin contre le sien. Cette proximité avait des effets ravageurs sur ma tentative pour me contrôler, et je frôlais dangereusement les limites de la décence. Mon torse nu ne faisait qu'augmenter la sensualité de la situation, je ressentais chacun des contacts d'Astrid avec ma peau comme un agréable choc électrique qui diffusait en moi une délicieuse vague de plaisir.

J'aurais voulu que cet instant dure des heures.

Des jours.

Des années.

Je ne voulais pas me séparer de ses lèvres, je ne voulais pas libérer son corps de mon emprise, je ne voulais pas laisser s'évaporer son parfum enivrant.

Je la voulais avec moi, près de moi. Très près de moi.

Mais la réalité nous rattrapa, et je me détachai finalement d'elle. Elle se redressa, presque essoufflée par notre étreinte passionnée.

« Bon, eh bien… je suppose que c'était pour… tout le reste, me dit-elle.

- C'est-à-dire ? demandai-je dans un sourire.

- C'est-à-dire juste pour toi, Harold. » répondit-elle simplement.

Je lui souris et lui pris la main. Je n'avais pas envie que ça se finisse. Je n'avais pas envie qu'elle parte.

Notre escapade amoureuse m'avait laissé avec une étrange sensation de bien-être. De bonheur. De sérénité. Mais aussi et surtout de frustration.

J'en voulais plus.

J'en voudrais toujours plus.

« Et toi ? me demanda-t-elle après quelques secondes de silence.

- Parce que j'en avais envie. » répondis-je sincèrement.

Elle me sourit. Je déposai un léger baiser au coin de ses lèvres, et ajoutai en murmurant :

« Parce que je t'aime, Astrid. »


Je ne répondis pas tout de suite. Ces mots m'atteignaient en plein cœur à chaque fois qu'il les prononçait. Ils avaient le pouvoir de me faire perdre mes moyens plus que n'importe lequel de nos contacts – même ceux dans le même genre que celui que nous venions de partager – d'autant plus qu'il me regardait à chaque fois droit dans les yeux en les disant, avec une sincérité et une simplicité qui me désarmaient complètement. C'était comme une évidence pour lui, alors que pour moi c'était tellement plus difficile. Je me trouvais ridicule, mais j'avais autant de mal à lui avouer mes sentiments que de facilités à les lui montrer. Deux mots tout simples, qui avaient les plus grandes peines du monde à franchir mes lèvres. Je le lui avais déjà dit, pourtant. Une fois. C'était tout. C'était peu. Trop peu en comparaison avec ce que je ressentais réellement pour lui. Mais je n'avais jamais été douée avec les sentiments, et avec les mots encore moins. Je savais en revanche très bien me fier à mes sensations, m'en servir pour savoir quoi faire à quel moment, pour guider mes gestes. Mes sentiments intervenaient rarement, car je les jugeais trop instables et imprévisibles. Je me concentrais sur mes sensations quand j'étais avec Harold, sur tout ce qu'il provoquait physiquement parlant chez moi. Les fourmillements, la chaleur, les frissons, le désir et tout ce qui s'en suivait. Mais je savais aussi qu'elles étaient dues à mes sentiments pour lui, et quand les deux se mêlaient, ça pouvait donner des choses… comme ce que cela venait de donner. Des choses tellement agréables, tellement délicieuses, tellement enivrantes, tellement… effrayantes. J'avais si souvent failli perdre le contrôle… Et ce qui pouvait se passer si cela arrivait me faisait à vrai dire un peu peur. Oui, j'avais peur de me dévoiler totalement à lui, de lui ouvrir mon cœur et de le laisser lire en moi. Mais il avait une telle influence, un tel pouvoir sur moi que je me dévoilais à lui un peu plus à chaque fois.

Et plus le temps passait, moins j'étais sûre de ne pas en avoir envie…


Un petit commentaire avant de partir ? :)