Et voici un nouveau chapitre, en espérant qu'il vous plaira!

Chapitre 22 : Asgardienne

Ma mère me racontait étant enfant que le palais royale surplombait toute la ville, et l'éclairait de sa sagesse bienveillante. Alors avec fascination, j'observais le magnifique édifice dorée. Pourtant en grandissant, une certaine rancœur s'était infiltrée dans mon cœur et celui des autres habitants de la ville. Il fut un temps où la vie était simple et joyeuse, où les rires se faisaient entendre dans toute la ville. Où les enfants chahutaient joyeusement dans les rues. Où les jeunes hommes paradaient fiers comme des paons rêvant de grandes aventures et des futurs jupons qu'ils allaient soulevés. Où les jeunes filles se préparaient avec diligence tous les matins pour plaire à ces mêmes jeunes hommes. Mais ces jours de gloire se sont peu à peu dissipés pour laisser place à la cruauté, à la haine, à la discorde, au désespoir, à la tristesse, à la famine et au chaos.

Mon père travaillait en tant que garde au palais royale. Mes deux frères et moi ne le voyait que peu. Mais lorsqu'il rentrait à la maison. Un grand sourire était affiché sur son visage. Le soir, tandis que ma mère rangeait la vaisselle, ils nous faisaient asseoir près du feu, et nous racontaient ce qu'il avait vu au palais. Ce que les nobles et le roi faisaient. Le roi Bor était un homme bourru, grand et fort, d'une infinie sagesse à l'époque. Je ne l'ai vu qu'une seule fois étant enfant. Dans son armure d'or, Gungnir en main, ses cheveux blonds à l'air libre et sa couronne posée avec déférence sur sa tête. Il imposait le respect.

Puis vint la guerre. Je venais à peine de rentrer dans les premiers émois de l'adolescence, et commençait à me rebeller contre l'autorité maternelle. Je me rappelle de ce jour comme si c'était hier. Je m'étais enfuis à l'aube pour éviter les tâches ménagères. J'allais souvent me promener vers le contre-fort du palais. C'était un endroit calme et l'ombre du palais empêchait la lumière d'éclairer la zone. Une vaste étendue de prairie, un petit bosquet et un petit ruisseau se tenaient là. Peu de gens venait ici, trop occupé à vaquer à leurs activités. Ce jour-là pour ne pas déroger à mes habitudes je m'étais assise contre un arbre et écoutait de loin les bruits de la ville. C'est en début d'après-midi que le son du cor de guerre résonna, me tirant brutalement de ma rêverie. Avec rapidité, je rentrais à la maison. Ma mère était avachie par terre devant l'entrée en pleurs. Comme d'autres femmes dans toute la ville.

Je me précipitais vers elle pour la prendre dans mes bras. La garde royale venait de réquisitionner tous les hommes en âge de faire la guerre, dont mes deux frères aînés. Cette guerre n'était pas la première, mais elle venait de sonner le glas d'une paix de plus d'un millénaire. C'était ce qu'on appelle aujourd'hui la première guerre Jotuns. Cette guerre dura près de cinq siècles. Personne ne la gagna. Une sorte de trêve avait été conclu entre les deux parties. Seul le plus jeunes de mes frères revint à la maison. Les pertes furent nombreuses. Avant la guerre, mon frère était un jeune adulte fier et pédant. Il rêvait d'aventures et de grandes batailles. Il fanfaronnait devant tous avec sa masse nouvellement acquise. Au retour de la guerre, il était devenu un fantôme. La vie avait quitté ses yeux. Il était devenu méconnaissable et violent. Quant à ma mère, la perte de son mari et de son fils aîné l'avait considérablement vieilli. Elle ne mangeait plus beaucoup. Elle restait souvent assise dans le salon à pleurer. Difficilement, la vie reprit son cours. Je dû trouver du travail rapidement. Mon frère dilapidait nos maigres économies en boisson et ma mère n'avait pas la force de travailler. Je fus engager en tant que domestique en cuisine au palais.

Le roi Bor eut un enfant nommé Odin. Il grandit rapidement. Devenant un jeune garçon espiègle et rieur. Il égaillait les couloirs du palais devenus froids et silencieux. Le roi Bor avait perdu de sa sagesse. Devenus paranoïaque et seuls quelques uns de ses plus proches sujets pouvaient encore le voir. Il se barricadaient dans ses appartements. Parfois, le personnel du palais l'entendait hurler dans la nuit. C'est à cette période là que je perdis ma mère. En ce qui concerne mon frère, six mois après la mort de notre mère des gardes le retrouvèrent dans une basse fosse, mort. Personne ne savait comment il était réellement mort mais l'odeur forte d'alcool suffisait à comprendre les raisons de sa mort.

La reine Bestla donna naissance à deux autres enfants. Des jumeaux Vili et Vé, avant de mourir quelques heures plus tard d'épuisement. A partir de ce moment-là, le royaume dépérit à vue d'œil. La reine était la dernière personne qui permettait encore au royaume de sortir la tête de l'eau. Le roi Bor était selon les rumeurs devenu une véritable loque. Ma tâche avait changé, de domestique en cuisine, j'étais devenue chambrière. Alors pour la première fois de ma vie, je fus autoriser à pénétrer dans les appartements royaux. Ce que je vis ce jour-là fendrait le cœur de n'importe qui. De ce roi digne et respectueux, il n'en restait rien. Ce que j'avais devant moi n'était qu'un vieillard sans forme. Ses magnifiques cheveux blonds étaient devenus blancs et éparses, il n'en restait que quelques touffes. D'immenses plaques de gale jonchaient la peau de son visage et de ses bras et je n'eus à ce moment-là aucun mal à imaginer qu'il en avait sur tout le corps. Une odeur nauséabonde s'échappait de lui. Il ne se lavait plus. Le roi ne se rendit pas compte de ma présence dans la pièce. Attristée, je nettoyai au mieux la pièce. Durant six cents ans, je m'acharnais à rendre cette chambre agréable en ignorant la douleur de voir ce grand roi de jadis ainsi dépérir. Je lui parlais, lui faisait la conversation, lui lisait même des livres. Avec le temps, il me fit suffisamment confiance pour l'approcher et le toucher. Alors avec gentillesse, je pris soin de lui, le lavant, l'habillant, le soignant, je l'amenais même faire ses besoins. Parfois, il me parlait, me racontait des brides de souvenirs de sa vie, seuls vestiges de sa véritable conscience. Il lui arrivait parfois de perdre la mémoire, de ne plus se rappeler qui il était, ni où il était. Avec le temps, ces passages à vide se faisait plus long et plus fatiguant. Mais toujours avec le sourire, je m'occupais de lui, vu que personne ne voulait le faire. C'était un vieil ami du roi qui s'occupait tant bien que mal du royaume. Mais il ne savait pas quoi faire, il était impuissant face au dandys de la cour qui ne mettait jamais le nez dehors. Les nobles dépensaient sans compter, oublieux du reste du monde et de la population qui mourrait de faim au porte du palais.

Quant à Odin, il continuait à grandir. La cour le gâtait, les nobles à l'aide de sourire mielleux l'embobiner autour de leurs petits doigts. Épuisée de voir cette affreuse mascarade tous les jours, je parvins un jour à l'emmener voir son père. Cette rencontre le marqua terriblement. Deux semaines plus tard, il vint me demander de l'emmener en ville. Il voulait acheter quelques fleurs pour les déposer dans l'ancienne chambre de sa mère. Au départ joyeux, le jeune Odin parut décontenancé par la ville. De toute sa vie, il n'avait jamais mis les pieds hors du palais. Il avait été aveuglé par la nonchalance des nobles. A mi-chemin, il demanda à rentrer les larmes aux yeux, et sa main gauche serrait sur la bourse pendant à sa taille. La colère et l'indignation se lisait sur son visage.

Après ce jour, le prince passa de nombreux jours à lire des vieux livres, tellement anciens qu'ils tombaient en lambeaux. Il avait oublié ses jeux, il avait oublié les nobles, il s'était enfin concentré sur le royaume. Une fois par semaine, il rendait visite à son père et en ressortait avec plus de colère, et de rage dans ses yeux mais également avec une détermination inébranlable dans son cœur. C'est moi qui trouva un matin le roi Bor, allongé dans son lit, son épée fermement enserrée dans sa main droite et une feuille dans la main gauche. Un léger sourire aux lèvres. Je ne pus m'empêcher de pleurer à sa vue, si paisible. M'approchant de lui, je lus rapidement la missive. Un message à son fils. Un message d'un ancien roi à un futur roi. Alors doucement, je déposai un baiser sur son front et lettre en main, je me dirigeai vers la salle du trône où se tenait un banquet et où je savais trouver le prince Odin.

Il était installé sur une chaise près du trône de son père, observant avec dégoût les nobles festoyer. Les dits nobles me regardèrent de haut tandis que j'avançais au centre de la pièce. Avec un courage que je ne me connaissais pas, je relevais ma tête et mon regard se posa directement dans ceux du prince. D'une voix forte mais tremblante je demanda le silence. Et avec tristesse, j'annonçai la mort du roi Bor. Un silence pesant répondit à mes paroles. Alors doucement, je m'approcha du prince lui tendit la missive trouvée dans la main de son père et m'agenouillai devant lui en disant : « Longue vie au Roi ! ». L'ensemble des gens présents dans la pièce m'imitèrent rapidement.

Il ne fallut que quelques heures pour que la nouvelle fasse le tour des neufs royaumes. Après ce jour, les temps devinrent plus doux pour la population. Odin devint un roi respecté et aimé, ramenant lentement mais sûrement la joie au sein du royaume et sortant son peuple du désespoir.

La seconde guerre Jotuns éclata plus durement encore que la première et je priais les Nornes toutes les secondes pour ramener la paix rapidement. C'est durant le début de la guerre que la reine mis enfin au monde un prince. Le prince Thor. Elle avait essuyé plusieurs fausse couche et cette grossesse l'avait amené au bord de la mort. La guerre dura un moment. Quelques siècles. Puis elle prit fin. Cette fois si il y eut un vainqueur. Jotunheim avait perdu. Asgard avait retrouvé sa force et fut projeté vers une gloire sans pareil. Odin ramena avec lui un enfant que la reine considéra rapidement comme le sien. Et au fil des années et des siècles, les deux jeunes chenapans qu'étaient les princes Thor et Loki grandirent rapidement. Néanmoins Odin fut trop laxistes avec Thor et pas suffisamment avec Loki. Oh il les aimait tous les deux, mais il était occupé par autres choses, par un royaume au bord du précipice. Les nobles n'attendaient qu'une chose, qu'il fasse une erreur, de même que les autres royaumes. Si le peuple aime le roi, il n'en est pas de même pour les nobles. Pour eux, il les avaient trahis. Et les diverses taquineries de son fils cadet n'aidaient pas à apaiser les nobles, bien au contraire.

Le couronnement raté de Thor, ses agissements irréfléchis, la réelle nature de Loki firent gronder la cour royale. Et la rancœur et la haine grossirent dans leurs cœurs. Rapidement, leurs regards se portèrent vers le conseil. De sordides rumeurs venaient à apparaître, fausses pour la plupart, mais toutes sonnaient comme une sentence en défaveur du roi. Les complots pour le destituer commencèrent à être de plus en plus virulent. Bien sûr, le roi n'était pas stupide, il avait rapidement comprit que les événements tournaient mal. Alors qu'il avait envoyé la reine au loin sur Midgard, je le prévins de la révolte du conseil.

C'est le cœur gros que je le vois monter sur son cheval et s'enfuir vers le bifrost. Une nouvelle guerre venait de commencer. Et cette fois-ci elle se tenait directement à Asgard. Je me fais décidément trop vieille pour se genre de chose. Je ne suis pas sure de survivre au désespoir d'une troisième guerre. Debout devant l'immense pont menant au bifrost, j'attendais. Les cris de rages des nobles et de la population embobinée par les machinations du conseil se firent entendre dans tous le palais et dans toute la ville. Le roi avait fui. Je les entends le traiter de lâche. Je souris bêtement. Quels imbéciles ! Les gardes et le conseil arrive rapidement devant moi, l'arme à la main. Je me redresse devant eux en souriant. Derrière moi, les hennissements de Sleipnir, le cheval d'Odin se font de plus en plus lointain.

« Je mourrais en sachant ne pas avoir trahi mon roi. Je ne crains pas vos représailles et votre colère. Je suis asgardienne et fière de l'être. Et si vous voulez atteindre le roi vous devrez me passer sur le corps. Je suis fille de garde, je suis fille d'Asgard et en son nom et au nom du roi, je vous interdis de faire un pas de plus ! »

Leurs regards haineux hérissent mes poils, mais j'empoigne avec fierté l'épée de mon frère.

« Pour le roi ! Pour Asgard ! »

Je m'élance vers eux et malgré mon âge avancé je les mets en difficulté. Mon père m'a appris à me battre. Lorsque je me retourne l'espace d'un bref instant, je vois le bifrost s'activer et le gardien, Heimdall sort finalement de la salle pour se poster à l'entrée. Et c'est sur cette dernière vision que finit ma vie. Le roi reviendra. Il reviendra et rétablira la paix.

Une petite review, ça fait pas de mal et ça prends que quelques secondes^^ Au prochain chapitre.