Un grand merci à mes lectrices et lecteurs, pour vous le dernier chapitre de cette histoire…

Bises à tous, en particulier à Eladora pour son travail de correction et sa gentillesse.

A un de ces jours pour une nouvelle histoire…

Tout ce que vous reconnaissez est à JKR, bien sûr.

Chapitre 13

Severus, submergé par l'émotion et ne sachant comment la gérer devant Minerva, libéra son doigt, s'éloigna et sortit de l'infirmerie. Il descendit lentement les étages et passa la grande porte. Il se retrouva dans le parc, perdu dans ses pensées. Et là, reprenant conscience, il s'autorisa un voyage dans ses souvenirs, l'ultime.

D'abord son enfance, misérable et malheureuse avec son père qui n'acceptait pas que son fils ait la même « tare » que sa mère et qui les battait tous les deux; son adolescence malmenée par Potter père et sa bande, juste éclairée par la jeune Lily, jusqu'à ce qu'il lui lance au visage les mauvaises paroles et perde son amitié; l'erreur fatale, son entrée dans les rangs du seigneur des ténèbres, la marque, son initiation, les réunions de mangemorts toutes plus sordides les unes que les autres; la prophétie, la trahison et la terrible nuit du trente et un octobre, la chute de Voldemort et son allégeance à Albus Dumbledore.

Et tout avait recommencé, après quelques années de calme. L'arrivée de Potter junior, son rôle d'espion, ses batailles pour protéger Harry, le retour du mage noir, les soirées décadentes chez Lucius Malfoy, le dernier combat et l'attaque de Nagini.

Et enfin la renaissance après deux mois de coma, lorsque ses yeux s'étaient ouverts sur le regard brun velouté d'Helena, son infirmière, son amie, son amante, son amour. Celle qui venait de mettre au monde son merveilleux petit garçon, celle qu'il brûlait tout à coup de retrouver pour s'assurer que tout ceci n'était pas un rêve.

Au pas de course Severus remonta à l'infirmerie et sentit les larmes envahir ses yeux devant le tableau qu'il avait devant les yeux. Lui, le puissant sorcier, l'homme sombre, imprégné de violence depuis tant d'année, se mit à pleurer en voyant son petit garçon accroché au sein de sa mère. Il tétait avidement, sous le regard attendrit de la directrice. Severus s'approcha. Minerva sentant sa présence se leva de sa chaise, lui pressa gentiment le bras et les laissa seuls. Helena laissa couler ses larmes en voyant celles de son compagnon. Au bout d'un moment passé à admirer leur petit miracle prendre son premier repas avec de vigoureux bruits de succion, Helena posa la main sur la joue de Severus et lui chuchota :

—Pourquoi pleurons-nous alors que tout le bonheur du monde s'offre à nous ?

—Parce que ce bonheur est trop fort, il nous faut l'apprivoiser, lui répondit-il sur le même ton.

—Alors tout va bien…

—Oui, sourit Severus, tout va très bien.

Il retira ses bottes, s'allongea à côté d'Helena et les entoura tous deux de ses bras. Là, dans ce cocon protecteur, le petit Phoebus laissa échapper le mamelon de sa mère et s'endormit comme un bienheureux.

La nouvelle se propagea comme une trainer de poudre dans toute l'école et, le soir, à la fin des cours, Ginny et Draco s'empressèrent de gagner l'infirmerie. Ils découvrirent le petit garçon, accroché au sein de sa mère, celle-ci resplendissante et Severus les couvant d'un regard aimant. La jeune rousse eut les larmes aux yeux devant cette image familiale.

—Par Merlin, il est magnifique ! Oh ! Comme il vous ressemble Severus ! Il a vos yeux, vos cheveux, votre bouche. Oh, c'est incroyable ! Il a juste le petit nez d'Helena.

—Merci de me trouver magnifique, Ginny ! Et je remercie le ciel de ne pas lui avoir donné mon nez…

Draco s'esclaffa en embrassant Helena et le front du petit.

—Belle façon de résumer plusieurs phrases Severus. Je te reconnais bien là.

Ils furent interrompu dans leurs rires par Minerva qui entrait dans la pièce avec Poppy.

—Bonsoir à tous. Helena, Severus, je voulais juste vous dire que Phoebus Albus Snape est inscrit dans le grand livre de Poudlard ainsi que dans les registre du ministère, bien entendu. Ce qui veut dire que dans onze ans, vous recevrez sa lettre de convocation pour son entrée à Poudlard.

A ces mots, ils virent tous le maitre des potions blêmir et les regarder, les yeux hagards. Helena le regarda avec inquiétude et lui demanda ce qu'il se passait.

—Je viens juste de réaliser que je vais devoir lui enseigner les potions…

—Et que tu vas l'avoir devant toi, avec tous les autres cornichons décérébrés, conclut Draco.

—Oui, gémit le professeur, en se pinçant l'arrête du nez.

Minerva éclata de rire, bientôt suivie des autres.

—Jai hâte de voir ça, s'écria-t-elle. En attendant, j'ai autre chose à vous demander. Avez-vous pensé à un parrain et une marraine pour ce petit ?

Les deux parents se regardèrent. Ils n'en avaient encore pas parlé mais se comprirent sans mot dire. Severus prit la parole.

—Nous n'en avons pas encore discuté mais je pense qu'Helena a la même idée que moi. C'est pourquoi, en son nom et au mien, je vous demande, Ginny, Draco, si vous voulez ce petit comme filleul.

Les deux jeunes gens sourirent et s'approchèrent pour entourer l'enfant qui venait de s'endormir, repu. Draco regarda tour à tour son parrain et Helena et dit :

—C'est un honneur que vous nous faites là et nous vous en remercions. Nous serons très heureux d'accompagner ce petit dans la vie et de lui faire découvrir le monde magique à vos côtés. Merci du fond du cœur.

Après les congratulations d'usage, Poppy permis à Helena de rejoindre les cachots avec le petit. Il n'était pas nécessaire qu'elle reste à l'infirmerie, l'enfant et elle étant en bonne santé. Ils seraient bien mieux aux côtés de Severus, estima-t-elle.

Severus réduisit donc le berceau et tout le monde se dirigea vers les appartements du couple où ils prirent congé les uns des autres. Helena se sentait fatiguée, quoi de plus normal, et voulait se reposer pendant que son fils dormait. Elle allait devoir se caler à son rythme, dormir en même temps que lui, manger en même temps que lui et garder malgré tout du temps pour le papa.

En arrivant dans leur salon, ils furent accueillis par Albus, installé dans le fauteuil du petit tableau. Les plus jeunes furent touchés par les larmes dans les yeux du vieil homme quand ils lui présentèrent leur fils. Larmes qui coulèrent quand ils lui apprirent les prénoms de l'enfant. Il les félicita longuement, s'extasia sur le petit et prit congé d'eux pour les laisser se reposer, sans doute aussi pour cacher son émotion.

Severus installa le berceau à côté de leur lit et y déposa tendrement le bébé. Curieusement, il avait tout de suite été à l'aise avec l'enfant, le portant avec sureté, sans aucune hésitation ou maladresse. Il revint dans le salon où Helena était assise sur le canapé et dévorait à pleines dents des sandwichs qu'elle avait commandé aux elfes. Le professeur s'assit à ses côtés et la regarda manger.

—Quoi ? Fit-elle, la bouche pleine.

—Rien ! Ou plutôt si, tu m'amuses. Ton appétit n'a pas diminué, à ce que je vois.

—Normal, je n'ai rien mangé depuis hier soir ! Et je te rappelle que j'ai accouché ce matin et que cela demande de l'énergie.

—Tu as été incroyable. Je ne suis pas prêt à te laisser subir encore ce supplice. Je pense qu'un seul enfant nous suffit. A ton avis ?

—Pourtant il est tellement parfait que je suis sûre qu'une demie douzaine d'autres petits aussi réussis formerait une magnifique famille. Tu ne crois pas ?

Il la regarda d'un air effaré avant de discerner la lueur moqueuse au fond des prunelles de la jeune femme. Il lui prit le sandwich qu'elle tenait et le posa sur la table. Il l'enlaça et l'embrassa tendrement. Elle lui rendit son baiser avec amour et tendresse et lui chuchota :

—Je plaisante, tu le sais. Je suis d'accord avec toi. Notre fils ne manquera de rien et aura assez de monde autour de lui pour qu'il ne se sente jamais seul. Il aura une enfance heureuse, Severus, ne ressemblant en rien à la tienne, ne t'inquiète pas. Quant à ta capacité à être un bon père, je n'en doute pas une seconde. Tu as le cœur de ta mère, pas la violence de ton père. Je sais que c'est surtout ça qui te tracasse.

—Comment as-tu fait pour me connaitre aussi bien, en si peu de temps ?

—Je pense que cela vient de mon métier. Je dois être capable de discerner la douleur et les peurs que mes patients cachent et doit être à même de les gérer. De plus, j'ai perdu mes parents dans un accident lorsque j'avais vingt ans ce qui m'a rendu plus sensible aux peines d'autrui.

—Quel genre d'accident ?

—Une attaque de mangemorts en fait, lors de la première guerre. Ils se sont retrouvés au centre d'un combat entre les sbires de Voldemort et les aurors. Ils n'ont pas eu de chance.

—Cela a dû être terrible pour toi…

—Atroce. Mais j'en suis sortie, mon métier, mes collègues m'ont beaucoup aidé, j'ai repris le dessus et j'ai décidé de faire du mieux que je pouvais pour les autres. C'est pour ça que, lors de ma première année dans le monde du travail, j'ai suivi des cours du soir en psychologie pour me permettre d'apporter un plus dans mon contact avec les malades.

—Tu es extraordinaire. D'un drame tu es parvenue à faire une force.

—Mais toi aussi tu es extraordinaire, mon Prince. Ta vie n'a rien de banale et ta force à toi proviens de ce que tu as vécu. Mais tout sorcier puissant que tu sois, tu ne pourras pas nourrir ton fils quand il se réveillera dans quelques heures. Alors comme j'ai besoin de sommeil, je vais me coucher. Et j'ai aussi besoin de tes bras…

Sous le regard bienveillant de son amant, Helena se dirigea vers la salle de bain pour une douche bien méritée et le rejoignit quelques minutes plus tard. Quand elle se lova contre lui, il sourit en posant ses mains sur elle. Il s'était tellement habitué à caresser son ventre distendu qu'il fut un peu perdu de ne plus sentir cette proéminence.

Helena s'en rendit compte tout de suite et se mit à rire.

—C'est surprenant n'est-ce-pas ? Moi aussi je m'y étais habituée ! Mais cette lourdeur ne va pas me manquer longtemps. Maintenant, j'ai du boulot pour retrouver ma silhouette d'avant !

—Tu me plais comme tu es. Peut m'importe ton apparence, c'est ton cœur et ton esprit qui m'intéresse. Dors mon ange, Phoebus ne tardera pas à te réveiller.

Ils sombrèrent dans le sommeil quelques heures, Phoebus, ayant peut-être senti inconsciemment que sa maman avait besoin de repos, ne s'agita qu'aux premières heures du jour. Helena se leva d'un bon au premier gémissement et ramena son fils dans leur lit pour l'allaiter. C'est sur ce tableau que Severus ouvrit les yeux.

—Je voudrais me réveiller tous les matins qu'il me reste à vivre avec vous deux à mes côtés…

—Tu imagines ton fils dans notre lit jusqu'à quel âge ?

—Le temps que tu l'allaiteras… Pas plus, il est hors de question que je te partage dans mon lit avec qui que ce soit, serait-ce un enfant !

—Tu me rassures ! Moi non plus je n'ai pas l'intention de te partager. Dés qu'il ne boira plus au sein, je lui aménagerai ma chambre. Il y sera très bien.

Ainsi fut fait. Quatre mois plus tard, Helena avait repris son travail, alternant avec Poppy la tenue de l'infirmerie et la garde de Phoebus. Son lait avait tari ce qui permettait à Severus de prendre part plus activement à la vie de son garçon. Il s'empressait de renvoyer ses élèves dés le cours terminé pour lui donner son biberon, son bain ou le changer.

Quelques jours après la naissance, Severus avait offert à Helena une jolie bague en or. Elle était ornée d'une magnifique perle noire, d'un noir aussi profond que les yeux de leur fils et entourée de petits diamants. Il avait mis un genou à terre et l'avait demandée en mariage, arguant du fait qu'il fallait absolument faire d'eux des parents honnêtes pour leur petit garçon. Mais surtout parce qu'il l'aimait.

Leur mariage s'était déroulé au début des vacances, très simplement mais avec beaucoup d'émotion. Quelques minutes après avoir célébré le baptême de Phoebus, Minerva eut la grande joie de les unir lors d'une cérémonie simple. Narcissa et Mia avaient accepté avec plaisir d'être les témoins des mariés. La journée se termina dans la grande salle, devant un repas somptueux, préparé par les elfes de Poudlard, heureux de faire plaisir et d'honorer ainsi les deux habitants du château.

Ses anciennes relations, le voyant dans ces situations, se demanderaient ce qui était arrivé à Severus Snape, le terrible professeur, l'ancien mangemort, l'un des sorciers les plus puissant, craint d'une grande partie de la population magique.

En fait, toutes ses années, il lui avait manqué la vie, une vie aux côtés d'une femme. Une femme qui avait su voir au-delà des apparences, au-delà des aprioris, et qui avait lu en l'homme. Elle lui avait fait don de l'amour et on pourrait penser qu'il aurait été un tout autre homme si elle avait été à ses côtés aux heures les plus sombres de son histoire. Mais c'était cette histoire qui avait forgé celui qu'il était. Quelqu'un de respectueux, d'un immense courage et connaissant le prix à payer pour ses actes. Certes, intransigeant envers lui-même et envers les autres mais c'est ce qui en faisait un homme intègre et sur qui l'on pouvait compter.

Et Helena savait qu'elle pouvait compter sur lui pour veiller sur elle et sur leur fils, aussi longtemps qu'il serait de ce monde.