Bonsoir !

Eh oui, je suis encore en vie, j'ai suvécu au Bac, au travail, et aux vacances que je n'ai toujours pas entamé. Have fun ! D'où ma petite absence, j'avais des tas d'autres choses à faire qu'écrire et lire, et pas tellement envie lorsque le temps se présenter. Donc voilà, maintenant je suis de nouveau dedans, et ce soir je vous publie cette deuxième partie, en grande pompe (or not !), ainsi que très prochainement, un OS. Et la troisième partie, what else ? Autant dire que je tiens une forme d'enfer ! J'espère qu'il en est de même pour vous d'ailleurs, bien les vacances ?

En tout cas bonne lecture !

Et merci pour vos avis, ça m'a fait grand plaisir !


Partie II ~ Vie

Les Dix premières années s'étaient toutes déroulées de la même manière. Dans la joie et la bonne humeur. La fraicheur des fêtes. Les rires et les sourires. Les missions. Les factures et les amendes qui s'entassaient. Le découragement du Maitre. Et l'éternel danse des fées, sur l'air entraînant de la magie. Et malgré tout, l'irrépressible envie de voir son sourire.

Dix années si longues, et malgré tout si courtes. Des années remplies, mouvementés, joyeuses, tristes, transcendantes. Vivantes. Plus vivantes qu'il n'aurait jamais pu le rêver. Dix ans où il n'était pas parvenu à percer le secret des fées, le secret de ce symbole qui savait toujours aussi bien le faire rêver. Dix ans qu'il vivait un rêve éveillé, plus beau que tous les fantasmes d'enfant qu'il avait pu avoir. Dix années vécues dans un monde à l'abri de l'horreur et des morts, loin de ces guerres sordides qui prenaient tant de vies. Dix années magiques, sans aucun doute. Dix années passées hanté par sa seule présence.

Il avait appris à comprendre ces personnes qu'il avait au premier abord pris pour des fous. Puis il avait continuait de les considérer comme tel. A bien des égards, ces gens là ne se différenciaient guère des traînes misères qu'il avait pu croiser sur son chemin d'enfant détruit par les guerres. A bien des égards. Mais pas de son point de vue.

Il avait su déceler en eux ce qui les opposait aux malheureux de ce monde. Une note d'espoir dans le regard, un imperceptible besoin de voir le sourire sur le visage de leurs proches. Une force et une envie de vivre, plus forte que la mort elle-même, et plus forte même que le destin. Ces gens savaient de quoi la vie avait besoin pour s'épanouir, et de quoi elle devait se nourrir pour exister. Ils étaient indéniablement plus remplis de vie que ses parents eux-mêmes avaient pu l'être, et que lui-même n'aurait pu espérer l'être un jour. Ils étaient ce qu'il voyait comme idéale, miraculeux mais pourtant affreux, car vivre signifiait s'écarter du monde réel, pour oublier ses maux, mais pour sombrer dans le paradis. Un paradis qui avait la couleur de ses yeux.

Il avait évoluée au sein même de la Magie, s'accoutumant de ses gammes et de ses arpèges, apprenant peu à peu à jouer ses propres symphonies aux couleurs chatoyantes et aux rimes décadentes, sous l'œil avisé du Maître, chef d'orchestre aux mille et un secrets. Il lui avait enseigné l'air des Fées, représentation même de la fougue et de la folie qui habitaient les Mages de la guilde. C'était sur ces notes qu'il avait appris à comprendre les gens qui l'entouraient, sur ces notes qu'il avait réappris à vivre, sur ces notes qu'il avait appris à la connaître.

Il était rentré dans le moule, prenant exemple sur ses aînés. Il était aussi fou qu'eux, et n'avait mis que peu de temps à le prouver. Il était borné, fonceur, tête brûlé, parfois trop taciturne, mais cela ne l'empêchait pourtant en rien de les aimer toujours plus forts. Mais il aimait encore plus se battre avec eux. Il était un Mage de Fairy Tail, non ?

Il avait aussi rencontré des gens qui, comme lui, avaient fini par ne plus rien attendre de la vie. Des enfants aux souvenirs douloureux, pour qui sourire rimait avec mourir, la guerre ne pardonnant pas la moindre faiblesse. Ils avaient erré, eux aussi, oubliant tout réconfort, reniant toute chaleur. Puis, tout comme lui, ils avaient fini par trouver le chemin de Fairy Tail, d'une façon ou d'une autre. Et la page s'était tournée, énonçant avec elle une nouvelle histoire aux lignes plus douces et joyeuses.

Rob et Aria faisaient partis de ce nombre. Mages de naissances, ils avaient longtemps vagabondé seuls le long des chemins, fuyant le plus souvent possible les villes et villages qui se dressaient sur leurs routes. Ils étaient pourtant passés par Magnolia, un jour d'hiver, à la recherche d'un peu de chaleur et de repos, et d'un bon repas pour remplir leurs ventres vides. Inconsciemment, leurs pas les avaient guidés jusqu'aux Mages de Fairy Tail, qui les avaient accueillis à bras ouverts, et éduqués à leurs façons.

Ils avaient su en faire de même avec lui. Il se souviendrait toujours de ce moment qu'il avait trouvé, aussi bête que cela puisse paraître dans un lieu pareil, magique. On lui avait apposé la marque de la Guilde, prouvant au monde entier qu'il était bien un Mage, et non une erreur de la nature que tous devaient renier. Ce jour-là, il avait pleuré. Un autre il avait ri. Toutes les journées vécus à leurs côtés avaient été si semblables et pourtant si différentes qu'il n'aurait su dire laquelle était sa préférée, tant il les aimait toutes. C'était une vie magique, tout simplement.

Les jeunes Mages l'avaient intégré, lui apprenant les noms, les préférences, les secrets et les sourires de chaque membre de la Guilde. Il n'avait mis que peu de temps à tout assimiler, évoluant avec aisance au sein d'un univers qui lui correspondait à merveille. Il s'était inventé ses propres héros, modelant à sa façon les contes et légendes qu'on lui contait, pour finalement arriver à la conclusion que Purehito, le Maître et le cœur même de la Guilde, était issu de l'un de ces récits fantastiques. A cette époque, il avait replongé dans le monde de l'enfance, légitime pour un petit garçon de huit ans. Et l'homme lui avait paru être la personne la plus digne de confiance qu'il soit, ainsi qu'un modèle digne de ce nom. Naïveté enfantine.

Et en grandissant, le monde enfantin avait pris les couleurs de celui des adultes. Il avait découvert la vie, d'une façon différente, et fait l'expérience d'un univers plus sombre encore.

L'extérieur, ce qu'il y avait en dehors de la Guilde, avait revêtu des couleurs encore plus ternes au fur et à mesure qu'il apprenait les causes et les conséquences de toutes ces souffrances. Mais il avait appris à affronter ces horreurs, s'acharnant à créer autour de lui un îlot de paix que la guerre ne saurait détruire. Aria et Bob l'y avaient aidé, le réchauffant de leur chaleur naturelle lorsqu'il n'avait plus la force de continuer. Ainsi que tous les autres. Parce qu'ils étaient devenus sa famille, remplaçant la vague image qu'il gardait de ceux qu'il avait inconsciemment pris pour les siens.

Et au-delà de tout ça, il avait découvert ce qu'on lui avait toujours refusé. L'amour, tendre et beau, inattendu. Il avait eu le malheur de se perdre une fois, une seule, dans ses beaux yeux, et il ne les avait jamais plus quitté. A travers eux, il avait vu les choses sous un angle tout autre, plus beau, plus pure. Parce qu'elle au moins parvenait à oublier toutes ces images, effacer tous ces cris. Parce qu'elle était bien plus forte que lui, quoi qu'on en dise, et parce que grâce à elle, lui aussi oubliait. Elle était son remède aux malheurs, simplement.

Il avait rêvé sa présence durant dix ans, dix longues années, sans même le savoir. Du jour de leur rencontre, jusqu'au moment précis où il avait osé prononcer ces mots qui lui brûlaient la gorge depuis tant de temps. Il avait mûri, en dix ans. Il avait oublié, appris, décidé, mais jamais encore il n'avait osé aimer. Et elle le lui avait offert, de cette façon si belle et si douce qui était la sienne. Avec un sourire, un rire. En plongeant ses beaux yeux dans les siens, et en ne les quittant plus, jusqu'à la mort. Parce qu'ils se l'étaient promis. S'aimer jusqu'à ce que la mort les sépare.

Et il s'était aimé. Comme ils l'avaient promis, comme ils l'avaient rêvé. Un enfant était né, donnant forme à leur amour, apportant un vent nouveau pour eux, mais aussi pour la Guilde elle-même. C'était une époque nouvelle qui était née avec lui, loin des guerres et des cris. Il avait semblé que le pays lui-même s'était embelli suite à sa naissance, fleurissant de nouveau, sous un jour différent. Ivan.

Puis il avait grandi, rêvé, et mûri, comme tous les enfants. Il avait vécu toute sa vie au beau milieu de ce monde de rêve, bercé par l'air magique de la Guilde. Il était un enfant de Fairy Tail, mais lui n'avait pas connu la guerre. Il n'avait connu que la joie et le bonheur, les rire et les sourires. Il n'avait connu que le paradis. Alors pourquoi ?

Makarov, lui, avait fini par comprendre. Il avait trouvé la réponse à la question qui avait dicté sa vie depuis son arrivée à Magnolia. Un jour qui avait de nouveau changé la sienne. Ce jour-là, il avait eu peur. Vraiment. Il avait cru qu'il ne serait pas à la hauteur de la tâche qu'on venait de lui confier. Aujourd'hui encore, il pensait fermement ne pas l'être plus que quiconque, mais il s'y acquittait du mieux qu'il pouvait, comme il l'avait toujours fait. Pour la simple et bonne raison que la réponse lui avait ouvert un champ de possibilité qu'il avait auparavant totalement ignoré.

« Dis-moi petit, sais-tu ce que cet emblème signifie ? »

Oui, il le savait. Les fées ont-elles une queue ? A quoi ressemblent-elles ? C'était une question universelle, une aventure illimitée, qui ne connaîtrait jamais de fin. Personne n'avait de réponse. Pourtant, se lancer dans cette quête de l'impossible, c'était s'autoriser à rêver, à espérer chaque jour, vivre comme si demain n'était qu'un mirage lointain. Etre Mage de Fairy Tail, c'était vivre en prenant conscience de chaque instant, et de profiter de celui pour avancer. C'était accepter ses faiblesses, affronter les difficultés, et toujours les surmonter. Pour soi, pour la Guilde, pour la famille.

« Peut-être que les fées ont une queue...

En fait, personne ne l'a jamais vraiment su.

C'est une énigme éternelle et donc une aventure éternelle ! »

Le jour où il avait enfin donné sa réponse au Maître, il avait hérité de lui quelque chose d'important. Bien plus que la conscience de la Guilde, Purehito lui avait offert le poids d'une famille à protéger. Il avait déchargé son fardeau sur ses épaules, et était parti, et n'avait plus jamais donné la moindre nouvelle, quittant sa famille et sa vie, pour une autre. Il aurait tellement préféré avoir tord.

Il était alors devenu Maître de Fairy Tail. Le troisième. Et il n'aurait jamais imaginé la charge de travail que cela pouvait entraîner. Il avait toujours cru que Purehito ne faisait que veiller sur eux d'un œil attentif, et qu'il n'avait pas grand-chose à faire. En plus d'être naïf, il avait découvert qu'il était bête, aussi. Très bête. A moins qu'il n'existe quelque chose de pire encore.

Ils étaient loin d'être calmes et raisonnés. Pas même intelligents. Non, en fait ils ne l'étaient même pas. Ils passaient leur temps à se battre et à détruire tout ce qui avait le malheur de passer entre leurs mains, sans la moindre pitié. Tout. Les factures s'entassaient, jour après jour, de même que les avertissements du conseil, qu'il avait un moyen très pratique de traiter. Et ses cheveux blancs, eux, se faisaient de plus en plus nombreux. Et sa famille changeait, s'agrandissait. Ou rétrécissait.

oOo

La lune éclairait faiblement la pièce, dispensant une douce lumière qui ne suffisait pourtant en rien à donner le jour sur les visages des deux occupants de la salle. Elle n'arrivait qu'à alourdir l'atmosphère déjà étouffante qui s'était installée, la rendant sombre et lugubre. Deux hommes se faisaient faces, silencieux dans le calme angoissant des lieux. Aucun d'eux ne semblaient vouloir parler, mais leurs yeux - que l'on apercevait grâce aux rayons de l'astre - parlaient d'eux-mêmes.

On pouvait lire dans ceux du premier homme une haine et un dédain sans nom. Aucune humanité n'émanait d'eux, comme si un monstre tenait là. De la colère se dégageait également d'eux, écho de la haine qui le déshumanisait. Dans les yeux du second se lisait un calme à toute épreuve, ainsi qu'une douce compassion, teinté d'un soupçon de tristesse. Lui n'avait aucune animosité, seulement de la douleur.

-Dis-le, allez, ose seulement le faire, vieux fou ! cracha le premier.

-J'aurais préféré ne jamais avoir à le faire… murmura l'autre, comme si l'avouer relevait d'une terrible faute.

-Garde tes secrets, vieillard, si ça t'arrange. Mais n'espère pas rester en paix bien longtemps.

-Pars, hors de ma vue, continua le premier, sur le même ton, ignorant l'expression hargneuse de son vis-à-vis.

oOo

Dix ans. Dix longues années. Jamais il n'aurait cru avoir à recommencer. Il avait dû bannir son propre fils, pour protéger ses enfants, et il s'en était voulu durant dix longues années. Il avait tourné le dos à sa propre descendance, sans le moindre regard en arrière. Et pourtant, Ivan était parti, définitivement.

Et dix ans plus tard, il faisait maintenant face à Laxus, qu'il avait le plus grand mal à comprendre. Lui aussi avait souffert. Son père lui avait fait vivre un enfer. Sa mère n'avait pas vécu assez longtemps pour pouvoir l'aider. Et lui avait fermé les yeux, se contentant des étoiles qu'il faisait naître dans les yeux de son cher petit fils. Pourtant il l'avait aimé. A tel point qu'il avait fini par l'étouffer, et le priver de cette reconnaissance qu'il affectionnait tant. Alors il pleurait, tandis qu'il lui tournait le dos. Des larmes de douleurs, qui signifiaient tellement plus que du regret. Parce qu'il savait. Il n'avait pas pensé à mal, mais il avait agis. Par impulsion, par orgueil. Makarov aurait aimé lui hurler de rester, qu'il acceptait de lui offrir une seconde chance. Mais il ne pouvait pas. Lui aussi était fier. C'était un trait de caractère familial, après tout.

Mais il l'avait fait. Et il était seul.

Quatre-vingt ans plus tard, pour la première fois, il se sentait seul. Bien sûr il avait la Guilde. Mais il aurait aimé tellement plus. La joie de la ville engendrée par la Fantasia n'arrivait même pas à lui rendre le sourire. Il avait le cœur lourd, et il était fatigué.

« Aria, tu me manques tellement… »


Alors, qu'en pensez-vous ?