Bonjour à tous!

Mon nom est Blume Shullman et je vous propose une histoire d'amour entre nos Avengers préférés, Steve Rogers and Tony Stark.

Les chapitres sont courts mais ils devraient être nombreux. Attendez-en une dizaine environ.

Je vous souhaite une bonne lecture.


Quand il avait repris conscience, Tony s'était senti tellement choqué, frappé au ventre par une peur terrible, que sa réaction instinctive, pour nier cette sueur froide dans son dos, avait été d'écarter immédiatement tout sérieux. C'était comme se répéter à soi même : « je vais bien, tout va bien. » Le visage de Steve tout proche du sien l'agaçait, il pouvait trop voir ses yeux, il voulut le repousser, gagner un semblant d'intimité pour contenir son angoisse. Se sentir scruté et pire encore, par un regard bienveillant était infantilisant. Il avait prononcé, d'une voix qui ne montrait heureusement pas l'agressivité qu'il y mettait vraiment : « Dites-moi juste que personne ne m'a embrassé .»

Cette pique fut perçue comme telle par Steve, qui recula promptement en une zone plus respectable et lui répondit, en évacuant tout timbre personnel, qu'ils avaient gagné. En tant qu'équipe, tous les Avengers. Cette phrase le rasséréna un peu et dans la respiration qui suivit, il trouva la force de repousser encore un peu le moment ou il faudrait bien qu'il soit lui-même. Il déblatéra, parce que c'est en soi un défouloir dans la parole, sur un restaurant au nom étrange ou il voulait absolument aller. On le laissa dire et rapidement les secours arrivèrent. Il se releva assez mal et rejeta d'une pichenette la main tendue de Steve ce dont il s'excusa dans un soupir douloureux l'instant d'après. Les autres les avaient rejoints mais ne prêtaient pas tellement attention à eux. Steve le soutint jusqu à l'ambulance. Il semblait déjà remis de son violent coup dans les côtes. Tony serrait les dents. Une douleur intense et endormissante envoyait comme des décharges de sang dans sa jambe gauche, ses hanches et sa taille. Il avait l'impression que ça devait être du sang qui se propageait à l'intérieur, parce que les zones blessées semblaient très chaudes. Il ne criait pas du tout, mais sentait que ses forces le quittaient inexorablement, à une vitesse alarmante. Il s'évanouit une seconde fois. Quand il ouvrit les yeux il se trouvait dans une ambulance et le capitaine Rogers, regard inquiet de rigueur, planté dans le bleu, de rigueur également, de ses yeux d'acteur de spot publicitaire, était assis comme de bien entendu à ses côtés. Le ressentiment de Tony passa directement dans sa bouche sans qu'il ait pu se dire si l'idée était ou non judicieuse : « Monsieur Parfait, quand est-ce que tu vas bien vouloir te casser ? » Il comprit dans l'instant qui suivit combien cela était blessant, sans le regretter pour autant. Steve se détourna, détachant sa main de l'emprise de celle de Tony, qui n'avait pas remarqué qu'il la tenait et en eut honte. Il entendit Steve pousser un soupir à fendre l'âme, comme on n'en fait plus au vingt-et-unième siècle.

- Ecoute, je suis vraiment désolé pour tout ce que je t'ai dit. J'avais tort à ton sujet et j'ai été odieux. Personne n'a le droit de contester ta valeur. J 'ai cristallisé ma rancoeur sur toi, comme si tu étais le problème et évidemment il n'a pas fallu plus de quelques heures pour que tu prouves combien j'ai été injuste. Je m'en veux vraiment et si tu veux m'éviter, si tu es en colère, je peux le comprendre. Je ne sais pas quoi dire à part que je suis profondément désolé.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Ca n'a rien à voir !

- Comment ça ?

- Je suis blessé, putain ! Tu comprends ça ? Je ne refais pas mes cellules dans l'instant, moi ! Tu es là à me parler des tes putain de sentiments alors que je sais pas si je vais pouvoir me reservir de ma jambe ! Et il faut que j'aie le parfait exemple de la force américaine triomphante, avec sa santé indestructible , ses bonnes intentions et ses yeux bleus qui me narguent et me fassent sentir encore plus minable ! Tu comprends pas que j'ai besoin d'être seul? Mais casse-toi, casse-toi !

Il était hystérique, secoué déjà de sanglots qui soulevaient ses épaules et lui faisaient mal au ventre. Steve ouvrit la porte et descendit dès que le véhicule se gara, il courut au loin alors que des brancardiers faisaient sortir Tony et l'installaient avec précaution. Tony, les yeux écarquillés et tremblant de tout son corps, demanda lui-même qu'on le pique pour le calmer, et il s'endormit.

...

Quand il se sentit un peu plus maître de son corps, et que la peur des séquelles disparut des possibles qu'on lui présentait, il repensa à la violence de son dernier entretien avec Steve. Il n'était pas fier de son attitude, mais avait compris d'instinct qu'il valait mieux qu'il ne s'excuse pas. Il eut la visite de Pepper, et en voyant son regard tendre et plein de cette affection si douce qu'elle tempérait si souvent, et qui ne filtrait que dans de grands moments d'intimité, il se surprit à s'éloigner en pensée. Il était absolument certain qu'elle méritait d'avoir tout ce qu'elle voulait et il était clair qu'elle voulait son amour, mais il sentait qu'il prenait son cœur avec légèreté. Que rien de tout ça ne griffait. C'était un stade d'évolution attendue dans lequel il se laissait couler parce qu'il y consentait. Peut-être était-ce de l'orgueil, mais une voix en lui vint lui rappeler d'un coup de patte que tout de même il aurait bien voulu crever de désir et se battre comme un fou par espoir qu'un jour… Mais elle ne pouvait pas être son idéal. Pepper était trop complètement femme, peut-être, trop à l'aise avec la vie. Il ne cherchait pas une femme plus belle, juste plus compliquée et moins forte. Une femme, aussi horrible que ça paraisse, moins heureuse. Enfin une femme qui aurait vraiment besoin de lui. Il demeura pensif quand elle repartit et ne la rappela pas. Il prit son temps pour guérir.

Une semaine s'était écoulée depuis la bataille de New York quand Tony sortit de l'hôpital. Natasha, qui lui avait rendu visite, lui avait raconté que Thor et Loki étaient repartis d'où ils étaient venus. Bruce semblait vouloir en faire autant dès qu'il se serait assuré que Tony allait bien. Il l'attendait. Cette perspective avait fait sourire Tony. S'il y en avait un en qui il avait confiance, en dépit de tout, c'était Bruce. Peut-être du fait même qu'il était si dangereux. Tout comme il aurait pu faire confiance à Loki ou Steve, alors même qu'il ne les aimait pas, parce qu'ils avaient souffert, et qu'ils étaient des parias d'une façon ou d'une autre. Ce genre de personne sait accorder de la valeur à l'amour qu'on leur donne, parce qu'ils en ont terriblement besoin.

On lui avait donné des béquilles, qu'il avait fait semblant d'accepter et qu'il avait jeté dans une benne dès la première occasion. C'est donc sur ses jambes, dont la gauche lui faisait toujours mal et qui avait tendance à trembler et se dérober s'il s'appuyait dessus, qu'il fit le trajet jusqu'aux locaux de SHIELD. La salle de conférence et le laboratoire étaient déserts. Il les trouva tous à la salle de sport. Clint le salua par une exclamation de surprise, et tous se retournèrent en sa direction. Steve était le plus éloigné de lui, et Tony écarquilla les yeux en le voyant avancer vers lui à grands pas, dépassant les autres sans plus de considération qu'il n'en aurait eu pour du mobilier, se planter droit devant lui, vraiment très près en vérité, et lui dire : « Te voilà enfin ! » Le ton était péremptoire, mais le regard avait une tendresse ineffable qui laissa Tony désemparé, ne sachant que faire sinon sourire. Steve le prit dans ses bras, a la surprise générale, y compris de Bruce qui poussa un grognement peu engageant. Tony se retrouva l'espace d'un court instant inondé de colère et d'une confiance inédite, absolue en Steve, et aussi brusque qu'un éclair, mais qui n'empêchait en rien sa colère, qui semblait au contraire la nourrir. Il y voyait la preuve que Steve était une personne honnête et intrinsèquement bonne mais il n'en aimait pas davantage les surprises et les soldats pour autant.

Steve se détacha avant que Tony ne le repousse mais ces instant infimes avaient dans l'esprit de l'assistance pris un sens dont il était loin de se douter, étranger qu'il était au monde libéral du vingt-et-unième siècle. Tony ne partageait pas son insouciance, et s'interrogea longtemps sur ce geste, même quand il eut présenté ses politesses, qui consistaient davantage en piques et plaisanteries qu'en politesses proprement dites, et même quand les battements de son cœur se furent régularisés, même quand il se coucha dans son lit où il n'eut pas à redouter de trouver Pepper qui passait quelques jours à Péquin pour un contrat dont il s'admettait avoir oublié la nature. Il se demandait si Steve, en dépit de tout ce qu'il haïssait chez lui et c'était beaucoup, ne valait pas mille fois la peine de mourir pour lui si jamais il se trouvait que le capitaine avait des sentiments pour lui. Et la conclusion qu'il en tirait était que s'il était vrai qu'il n'avait pas la réponse à cette question, il avait celle qui concernait Pepper. Il allait mettre fin à cette relation en bouton, sur le point de s'ouvrir, et il se félicitait du moins d'avoir ouvert les yeux avant d'avoir tiré le jus de cet amour à sens unique qui aurait fait de lui un profiteur sans âme.


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