Une vie bien étrange
Bonjour bonjour !
Je vous poste enfin le troisième chapitre d'Une vie bien étrange. Sincèrement, depuis quelques semaines, plus je vois le titre de la fiction, et plus je me dis que j'ai vraiment manqué d'inspiration ce jour-là. Surtout que le titre ne correspond pas réellement à l'histoire... Enfin bon. J'ai la flemme de changer.
Bonne lecture !
Heloc61.
Chapitre 3,
ou quand un Mage Noir décide de refaire une armée
Lucius Malfoy venait juste de rentrer dans son manoir quand sa femme vint l'accoster, froide statue de glace, les yeux brillants de colère.
« Qu'est-ce que c'est que ça, Lucius ? »
Elle lui brandit sous le nez un parchemin long de quelques dizaines de centimètre, où s'étalait une écriture fine sur chaque petit centimètre carré du papier.
« Je ne sais pas... »
« Comment ça, tu ne sais pas ?! »
Elle prit le parchemin par la fin et lui montra la signature.
« Pourquoi ce truc t'a-t-il écrit ?! »
Ne voyant pas grand chose, Malfoy pensa à prendre des lunettes. Il recula la feuille qui était juste sous ses yeux et vit que l'auteur semblait être un certain « maître du monde ». Il se rappela que c'était une lettre passablement farfelue.
« Ce truc ? »
« Oui. Ton fameux Seigneur des Ténèbres... »
« D'ailleurs, Narcissa, à ce propos... »
« Quoi ? »
Il ne voyait pas vraiment comment lui dire que le Truc avait décidé de les faire déménager dans son Manoir, et que le Truc semblait être doté d'une intelligence phénoménale. Que ce Truc comme elle le disait si bien était peut-être en train de programmer leur mort prochaine si ses ordres n'étaient pas exécutés immédiatement.
« Suis-moi. »
Après avoir jeté un regard passablement mauvais au dos de Lucius – qui marchait vite vers le Grand Salon, elle se décida à le suivre en claquant des talons.
Sur le chemin, ils croisèrent leur petit garçon – âgé de onze ans – et Lucius lui ordonna de les suivre. Il protesta un peu puis, finalement, après avoir regardé sa mère qui semblait ne rien comprendre, il les rejoignit.
Ils s'installèrent chacun dans un fauteuil, dans une ambiance assez déroutante.
« Bon. Ce soir, comme vous le savez... J'avais rendez-vous chez Lord Voldemort. »
Narcissa renifla dédaigneusement. Il lui donnait du Lord, maintenant ?
« J'y suis malheureusement arrivé en retard... »
En fronçant les sourcils, elle observa son mari essayer de trouver ses mots, chose qui ne lui arrivait jamais en temps normal. Que s'était-il passé … ?
« Et le Lord m'a menacé de sa baguette pour que nous nous installions chez lui. »
Là, elle éclata de rire.
« Quoi ? Il t'a menacé ? Laisse-moi rire ! Face à toi, il n'a aucune... »
Elle s'interrompit en voyant le regard mortellement sérieux de Lucius. Nooon...
« Narcissa. Ce n'est en AUCUN CAS une blague. Alors, tu vas m'obéir quand je te demande d'empaqueter toutes nos affaires TOUT DE SUITE. »
« Mais... »
« Narcissa... »
« Mais, et moi ? Je veux pas y aller..., geignit Draco. Il est trop bête ce gars...»
Sans remarquer le regard d'avertissement de son père, et que le feu de la cheminée crépitait bizarrement, le garçon continua :
« Il est vraiment ridicule... Sincèrement, vous vous rappelez quand il a transformé son serpent en chihuahua ? Qu'il a fait le ménage de lui-même alors qu'il a des Elfes de Maison ? Et qu'il a laissé des MOLDUS entrer chez lui ?!»
« Je vois que vous êtes bien renseigné à mon propos... intervint une voix grésillante. »
La famille Malfoy sursauta et se tourna comme un seul vers la cheminée d'où l'on pouvait voir la si sublime tête de Voldemort.
Lucius Malfoy blanchit d'un coup, tandis que Narcissa émettait une sorte de hoquet indigné.
« Que faites-vous ici, vous ?! »
« Narcissa ! Tais-toi ! »
« Non, mais tu l'as vu, lui ?! Il entre chez MOI comme ça ! »
« Narcissa... »
« Je ne suis pas vraiment rentré chez vous pour le moment, très chère. Par contre, effectivement, là, je vais rentrer. Faites place... »
Draco observa l'individu s'incruster chez lui, avec un unique sourcil relevé, tandis que Narcissa plissait les yeux de mépris. Lucius, lui, semblait vouloir se terrer dans un coin, ou s'envoler au loin. Il se disait que, de toute manière, quoiqu'il choisisse, le Seigneur des Ténèbres pourrait toujours venir le chercher pour le torturer, le tuer, et le trucider. Ou même, il pourrait ne même pas avoir à se déplacer, et il ferait une sorte de vaudou indien. Oui, il l'imaginait très bien... Ça collait bien avec son image... NON ! NON, il n'est PAS ridicule !
Lord Voldemort atterrit d'un air parfaitement digne dans la cheminée des Malfoys. Narcissa fut quelque peu dubitative devant cette démonstration de dignité, Draco avait toujours un unique sourcil relevé, et Lucius avait encore plus envie de s'enterrer : il semblait dégager de Voldemort une aura pleine de colère méprisante, et aussi un peu d'amusement. Mais pourquoi s'amuserait-il... ?
Narcissa se leva d'un bon en voyant le Mage Noir poser un pied plein de crasse sur le beau tapis neuf du salon.
« Alors vous, ça va pas se passer comme ça ! »
« Narcissa ! »
« Mère ! »
« Allons, ma chère... On ne crie pas ainsi sur les gens... Cela ne vous sied guère... »
« N'essayez pas de m'amadouer ! Vous allez me nettoyer ça, et vite fait ! »
Voldemort eut un petit rictus, et une drôle de lueur que Narcissa n'intercepta pas brilla dans ses yeux. En riant doucement d'un air parfaitement méprisant, il porta sa main à sa baguette qu'il empoigna en rabattant ses doigts un à un sur le manche.
« Narcissa, assis-toi, s'il-te-plaît. »
« Non ! Je veux bien qu'il soit un soi-disant Seigneur des Ténèbres (L. V. releva un sourcil en accentuant son rictus – Narcissa ne le regardait pas.) MAIS je REFUSE qu'il laisse des traces de pas sur mon tapis ! Il y a un minimum de décence à avoir quand on va chez les gens ! Vos parents ne vous l'ont jamais appris, demanda-t-elle en se tournant vers l'homme vêtu tout de noir ?! »
Lucius semblait avoir du mal à respirer. Merlin... Sa femme cherchait-elle à les tuer ?!
« Je n'ai pas eu de parents, Madame Malfoy. »
« Ceci explique donc cela. »
Le coin de la lèvre de Voldemort tressauta et ses yeux se plissèrent.
« Bien sûr. »
« Humpf. Vous allez me nettoyez ça, oui ?! »
« Bien sûr. »
Il marqua un temps de pause, avant de se tourner vers Narcissa.
« Dites-moi... Je ne sais pas trop ce que je dois vraiment retirer du tapis... Une vague trace de pas ou cet immonde crapaud qui se trouve devant moi ? Je ne sais trop que faire... »
« Mais il n'y a pas de... »
« NARCISSA FERME-LA ! »
Elle se tourna, indignée, vers son mari.
« Pardon ? »
Et elle comprit ce que Voldemort venait d'insinuer, alors, d'un bond, elle se retrouva face à lui.
« JE NE VOUS PERMETS PAS DE... »
D'un vague geste de la main, sans prononcer un seul mot, sans même utiliser sa baguette, le plus Grand Mage Noir de tous les temps venait de réduire Narcissa Malfoy au silence. Et ce fut une Narcissa doublement – voire triplement – indignée qui alla s'installer sur son fauteuil.
En sortant sa baguette de sa poche, Lord Voldemort s'adressa à Lucius.
« Tu remarqueras, Lucius (il prononça son prénom d'une manière tellement sifflante que le dit Lucius en eut des sueurs froides), que j'ai eu la bonté de laisser vivre ta femme. »
« Oui, je... Je vous en remercie, Maître... »
Narcissa eut un sursaut de stupéfaction alors qu'elle ouvrait et fermait sa bouche avec agitation. Ses yeux semblaient vouloir lui sortir de la tête. Lucius était sûr qu'elle était juste en train de l'engueuler purement et proprement. Il remerciait – même s'il ne le dirait jamais – le Mage Noir de lui avoir lancé un Silencio.
« Tu te doutes que je vais agir en conséquence. Ta femme m'a dit des choses que, si elle avait eu un tant soit peu de respect pour moi, elle n'aurait jamais eu ne serait-ce que l'audace d'y penser. »
« Euh... Je... »
« Cesse de bégayer, c'est une des choses qui m'horripilent le plus. »
« O... Oui, Maître. » glapit Lucius. Merlin. Comme il aurait souhaité être enterré.
« Tu seras puni – car je me répugne à punir les femmes. Enfin, Bellatrix, ça ne me dérange pas. Elle a plus de l'animal que de l'humain, quand on y pense. Donc, je disais, mise à part Bellatrix, je ne m'autorise pas à torturer les femmes. »
Torturer ? Il avait parlé de torture ? Je ne suis pas devant Voldemort qui me menace de me torturer, je ne suis pas... Quand il sentit les effluves de douleur, il ne put plus se permettre d'y penser.
Draco, qui avait observé sa mère se démener avec Voldemort avec un air blasé, fut sorti de sa torpeur dès le moment où il entendit son père crier. Ce dernier lui avait toujours dit : « Un Malfoy ne crie pas. Jamais. Il reste stoïque quelle que soit la situation. » Or, il venait de briser son propre précepte. Pourquoi ? Parce qu'un crétin agitait sa baguette magique avec un air sadique ! C'était une blague, n'est-ce pas ?
« Père ! Père, mais reprenez-vous enfin ! »
Voldemort eut un gloussement en voyant le jeune Malfoy se lever en fronçant les sourcils pour aller réprimander son père. Il avait l'impression d'assister à une comédie un peu décalée.
« Dites-moi, Draco... » commença-t-il en interrompant le Crucio.
Lucius, qui avait recommencé à respirer, manqua soudainement d'air en voyant Voldemort s'adresser à son fils. Et, alors qu'il faisait une crise d'asthme, il eut la désagréable impression d'être dans un rêve étrange et purement effrayant.
« … Votre père vous a-t-il appris les sorts impardonnables (il émit un ricanement amusé en prononçant ce dernier mot) ? »
« Évidemment ! Mon père n'est en rien un incapable ! Un Malfoy n'est jamais incapable, de toute manière. »
Précepte à la con, pensa soudainement Malfoy père. Mais pourquoi il avait enseigné tout ça à son fils ?
« Vous êtes donc parfaitement capable de lancer un Crucio ? »
Draco releva le menton avec un rictus et un sourcil relevé. Il semblait vouloir paraître plus grand, mais il avait surtout l'air d'un gamin un peu trop gâté qui voulait ressembler à un adulte. C'est ce que pensèrent simultanément les trois adultes dans la pièce, en plus de certaines autres choses.
Merlin. Mon fils est pourri gâté. Pourquoi fallait-il que ce soit dans ce genre de situation qu'on se rendait compte de beaucoup de choses importantes ?
Merlin. Mon fils a un de ces airs... Narcissa, les yeux ronds, observa son fils qui ressemblait plus à une fille qu'à autre chose.
C'est un garçon. N'est-ce pas que c'est un garçon ? Hébété, Voldemort regardait le jeune Malfoy dont les cheveux blonds tombaient aux épaules et dont les yeux étaient bien trop clairs pour paraître tout à fait innocents. Il ressemblait un peu à une poupée de porcelaine, avec son air androgyne et un peu candide. En tout cas, il ne ressemblait en rien à un garçon.
Le Mage Noir toussota pour reprendre contenance. Les yeux de Narcissa volèrent sur le Lord qui se mordillait la lèvre pour apparemment réfréner un rire malvenu.
« Bien sûr que je sais lancer un Crucio ! Je le sais depuis que j'ai neuf ans ! »
« Ah. »
« QUOI ?! »
L'intervention de Lucius passa inaperçue.
« Et sur quels sujets as-tu essayé ? »
« Ben... Mes peluches ! »
« Tes... peluches ? »
Narcissa renfila bruyamment et Lucius parut soulagé.
« Et ça marche sur des... peluches ? »
« Ben oui. »
« Lucius, je me demande vraiment ce que tu voulais lui faire comprendre en jetant un Crucio sur des peluches. C'était tout à fait inutile. »
Le grand blond sentit une rougeur s'installer sur ses joues.
« Mais je n'ai pas le temps pour cela. »
« Vous partez bientôt ? » demanda précipitamment Draco avec une note d'espoir dans la voix.
« Vous voulez tant que cela que je parte ? »
« Oui ! »
« NON ! »
Est-ce qu'il était le seul à réfléchir dans cette maison ?! Lucius en aurait pleuré de frustration.
Voldemort considéra de haut Lucius qui était toujours assis par terre, Draco qui le regardait avec une lueur de défi dans les yeux, et Narcissa qui le foudroyait du regard.
« Je sens que nous aurons une cohabitation très intéressante dans les années à venir. Lucius, je te conseille de t'entraîner à rejeter mes Crucio, tu risques d'en avoir besoin... »
Il planta ses yeux dans ceux de Madame Malfoy.
« Un jour, Madame... Vous serez totalement obligée de m'accorder votre respect. Et je vous ferai m'appeler « Maître ». Mais ne vous inquiétez guère... Ce ne sera pas avant quelques jours... Rappelez-vous tout de même qu'un Impero est si vite arrivé... Je vous attends demain, aux alentours de huit heures du matin. »
Avec un signe de tête, il salua Draco, il prit la poudre de cheminette, prononça tout bas sa destination – mais Lucius comprit tout de même Godric's Hollow, et disparut du Manoir Malfoy en laissant derrière lui une drôle d'atmosphère.
A Godric's Hollow, ce matin-là, il régnait une agitation particulière.
En effet, la veille, on y aurait aperçu – encore une fois ! - Voldemort qui était resté planté deux bonnes heures devant la maison des Potter. Ces derniers, fort heureusement pour eux – ou pour lui ? - , étaient absents... Enfin, pas tous, mais ça, personne ne le savait encore.
Il y avait une personne qui avait eu l'occasion de voir Voldemort par les carreaux de la fenêtre de la cuisine. Il l'avait détaillé de haut en bas, et avait finalement fixé ses yeux dans les siens qui ne le quittaient pas non plus. C'était un peu étrange. Cela sonnait comme une reconnaissance d'ennemi. Car, oui, au fond de lui, Voldemort savait que celui qui le tuerait serait ce gamin fraîchement revenu de chez ses oncles et tantes. Il avait d'ailleurs été étonné que ce gamin Potter ne daignasse pas appeler sa famille pour le faire déguerpir. C'était le Professeur Rogue, résidant dans la même rue, tout au fond, qui avait eu la bonne idée de venir lui parler des Malfoys, et, de fil en aiguille, ils s'étaient retrouvés chez le professeur de Potion chez qui arriva bientôt l'objet de la discussion. Ce dernier était resté scotché un moment en voyant le sujet de son tourment dans le salon de son meilleur ami. Il en avait presque fait une crise d'asthme.
Harry n'avait rien dit à propos du fait qu'il avait sciemment laissé Voldemort s'en aller sans dommages. En fait, il ne comprenait même pas pourquoi il aurait du l'attaquer. Ce gars, mis à part le fait de lui avoir fait une cicatrice ridicule en forme d'éclair sur le front, ne lui avait pas fait grand mal. Soit, il avait voulu le tuer. Mais bon. Voldemort avait eu l'esprit tellement embrouillé qu'il avait très mal visé. Ça ne comptait pas vraiment.
En revanche, il y avait nombre de personnes qui lui avaient fait du mal sans le vouloir. Du moins, ils ne le voulaient pas au premier abord. Et Harry pensait que ceux-là étaient les pires. Si j'y pense bien... Les seules personne à qui je veux rendre la monnaie de leurs pièces seraient... Mathéo, Lily, James, Sirius, Pétunia, Vernon, Dursley, la vieille aux chats qui m'a envoyé bouler comme un mal-propre et, éventuellement Hagrid qui a une drôle de ressemblance avec un chien, de part son aptitude à toujouuurs tourner autour des Potters pour attirer leur attention... Mis à part eux, il ne voyait personne d'autres... Il eut un rictus en constatant que les personnes à qui il aurait bien fait du mal représentaient plus de la moitié des gens qu'il connaissait.
Il sortit de ses pensées quand il entendit de légers coups frappés à la porte.
« Mathéo ? T'es réveillé ? »
Il considéra la possibilité de ne pas répondre, puis, peut-être parce qu'il était un peu las, lança :
« Ouais ouais. »
« On va chez les Weasleys. Maman a dit que tu restes ici, et elle a pris ta baguette. Je comprends pas pourquoi, tu ferais pas grand chose avec... [vu comme t'es nul...] »
Aussi vite qu'il était arrivé, Mathéo-Harry s'en alla.
Je ferais pas grand chose si j'avais une baguette à portée de mains ? Harry faillit hurler de rire sur son lit. Sérieux ? Du bout des doigts, il essuya les quelques larmes qui coulaient de ses yeux. Merlin. Le con. J'ai tellement envie de l'étriper...Moi, nul ? Pour qui il se prend, le pseudo survivant... ? S'ils savaient... Putain...
Il eut un rictus, et, d'un coup, son humeur chuta. Il eut envie de tout faire exploser dans sa chambre. Pas qu'il y ait grand chose à faire exploser de toute manière. N'empêche que Lily avait eu le nez fin : s'il s'était retrouvé en possession de sa baguette, nul doute que la maison aurait ressemblé à un gros tas de cendres fumeuses à leur retour, Harry disparu.
Il repoussa sa couette, et contempla le plafond blanc, froid, impersonnel. Comme d'habitude, il avait ce léger sentiment qui le faisait se sentir totalement étranger à l'endroit où il était. Cette boule au ventre, et cette irrépressible envie de s'enfuir, loin, pour retrouver son chez-lui. Mais c'est quoi, mon chez-moi ?
Il se tourna sur le flanc, vers le mur et passa le doigt sur la surface lisse.
J'en ai pas. Ouais. Chez Pétunia, je vivais dans un placard. Difficile de s'y sentir chez soi. Et là... Là, je suis chez mes parents qui m'ont abandonné à deux ans, et qui préféreraient de loin me voir disparaître. Chez mon putain de frère qui a usurpé mon identité. Connard. (Il donna un coup rageur dans le mur.) Et si j'allais chez Voldemort ? Peut-être que chez mon supposé ennemi, je m'y sentirais bien... Il eut un léger sourire, et s'assit sur son lit. Il se frotta les yeux délicatement. Il regarda d'un air rêveur le paysage qu'il voyait par la fenêtre de sa chambre. Le ciel était nuageux et éclairé par le soleil, offrant une luminosité étonnante, créant un contraste saisissant.
Je me demande ce qu'il se passerait si je leur disais que je suis Harry...
« Quoi ?! Mais c'est pas possible ?! Harry c'est lui ! Pas toi ! »
« Mais non, James... Pas du tout ! Tu vois, t'es tellement con que t'as même pas pu reconnaître tes fils... Tiens, d'ailleurs, est-ce que tu sais qui de nous deux jouait le mieux au Quidditich ? (Oui, parce que Harry se voyait très bien jouer à ce jeu qu'il avait regardé lors de sa promenade au Chemin de Traverse, et il était intimement persuadé qu'il serait bien meilleur que Mathéo.) Oui, oui, James. C'était bien moi... Crétin. »
« Mathéo ! Ne parle pas comme ça à ton père ! »
« Oh mais Lily, je lui parle comme je veux... Vous n'êtes pas mes parents... Tout au plus mes géniteurs... Et puis, je n'ai pas de compte à vous rendre, je ne suis pas de votre côté de toute manière... Quoi, ne me regarde pas comme ça. Ça fait bien quelques jours que j'ai décidé de rejoindre Voldemort – et je suis absolument sûr et certain qu'il serait ravi. »
Le pied. Sincèrement, ce serait jubilatoire. Et il rigolerait bien en voyant leur tête... Et il rejoindrait Voldemort et il...
Il s'arrêta brusquement dans son délire quand il vit passer juste devant sa fenêtre un homme aux longs cheveux blonds vêtu d'une cape noire, sur un balai. Qu'est-ce qu'il rêverait de voler... Il courut jusqu'à sa fenêtre et l'ouvrit en grand. Le vent s'engouffra dans la pièce mais il n'y prêta pas attention. Il regardait, émerveillé, l'homme voler sur son balai, aussi gracieux qu'un... qu'un... qu'un quoi, d'ailleurs ? Un aigle ? Euh...
Le blond descendit en piqué et il sortit du champ de vision de Harry qui était persuadé qu'il était chez l'homme aux cheveux noirs et gras qui avait prétendu être un professeur. Comme peut-on oser enseigner avec une telle apparence, franchement ? Ses éventuels élèves devaient vraiment se foutre de sa gueule, dans son dos, et devant lui. Et son nez crochu ne devait rien arranger.
Décidant de calmer son ventre qui gargouillait comme pas possible, Harry sortit de sa chambre. Et, alors qu'il descendait l'escalier avec une moue de dégoût provoquée par les nombreuses photos de famille, quelqu'un toqua à la porte.
Il haussa un sourcil, et se dirigea vers la porte d'entrée. Un peu méfiant, il appuya sur la poignée, tout en tournant la clé dans la serrure.
« C'est qui ? »
Il n'y eut aucune réponse. Voldemort ? Il entrebâilla la porte pour voir sur le perron l'Homme aux cheveux gras. Il plissa le nez en ouvrant la porte plus largement.
« Vous voulez quoi ? »
L'homme sursauta en l'entendant et posa ses yeux noirs sur lui.
« Je voudrais voir ta mère. »
« La co... Ma mère n'est pas là. »
Rogue, qui avait bien entendu eu l'oreille attentive, ne put s'empêcher de remarquer le début d'insulte et le dégoût évident qu'il dégageait pour sa mère.
« Hum. Et sinon, qui es-tu ? »
« Moi ? Vous vous en foutez, non ? »
Le professeur tiqua et Harry réprima un rire.
« Apparemment, je m'appelle Mathéo. »
L'adulte haussa un sourcil.
« Apparemment ? »
« Ouais. »
Mais pourquoi il s'intéressait à lui ?
« Et pourquoi je ne t'ai jamais vu ? »
« Parce que j'étais chez ma tante. Vous en avez d'autres, des questions aussi stupides ? »
« TOI, TU VAS ME PARLER SUR UN AUTRE TON ! »
« Ah. Je comprends maintenant pourquoi vous vouliez voir Lily. Vous voulez des cours sur « comment apprendre à bien hurler sur les gens » ? Vous savez, je pourrais également vous aider. Il se trouve que, bien que je sois plus discret, je peux aussi faire du bruit. Vous voulez que je vous montre ? »
« Que... Mais... TU TE FOUS DE MA GUEULE ! »
Harry feignit d'être surpris.
« Mais comment vous avez trouvé si vite ? »
« Très bien, gamin... » Rogue se passa une main sur le visage, honteux que son masque si parfait soit parti en fumée pour un gamin pareil. Lui qui était si maître de lui d'ordinaire... « Tu diras à … ta mère que je suis passé. »
Harry allait fermer la porte, quand Rogue fit volte face.
« Et j'aimerais savoir pourquoi tu as fixé le Lord aussi longtemps, hier. »
La question le prit de cours et Harry ouvrit et ferma la bouche bêtement.
« Euh... Hum... Ben... »
« A ce que je sache, tu ne devrais que ressentir de l'aversion pour lui, non ? »
« Eh... Euh... »
« Et la réponse aurait du fuser... »
Pensif, Rogue se caressa le menton.
« En fait... Tu serais peut-être un Serpentard... »
« Hein ? »
« Et là, tu aurais du t'indigner bêtement, tout comme ton crétin de père l'aurait fait... »
Le professeur planta ses yeux dans les yeux de Harry qui fronça les sourcils.
« Mais qu'est-ce que vous racontez ? »
« Est-ce qu'on t'a déjà expliqué le fonctionnement de Poudlard ? »
« Et qui aurait pu m'expliquer ça ? »
« Lily ou James... »
« Je ne suis chez eux que depuis deux jours... »
« Et c'est vrai que chez Pétunia, tu n'as pas du... »
« Vous connaissez la girafe ?! »
Devant le regard interloqué de Rogue – qui se retenait de ne pas approuver le surnom qui donnait Harry à Pétunia, le garçon eut un sourire nerveux.
« Euh... Désolé... »
« Non, non. Pour répondre à ta question, il se trouve que j'ai effectivement le malheur de connaître Pétunia. »
« Euh... »
« Et, ça t'arrive souvent de rester planter des heures devant la fenêtre ? »
« Quand il y a quelque chose d'intéressant de... Manipulateur ! »
Harry fronça les sourcils, mécontent de s'être presque fait avoir.
« Ecoute, ga... Mathéo. (Autant partir sur de bonnes bases, pensa Rogue en voyant l'aura un peu étrange qui émanait du deuxième fils de Lily.) Je viens de Serpentard, et, s'il y a bien une chose pour laquelle les Serpentards sont réputés, c'est pour leur don de manipulation. »
« Hinhin. »
« Et tu arrêtes de jouer à l'insolent, parce que ça va te coûter très cher. »
« Ah. »
Severus respira un bon coup. Il ne le supportait pas. Pas du tout. Ce gamin se payait sa tête. Il avait horreur de ça. Ce gamin le sortait de ses gonds. Il était horrifié par ça. Il le haïssait.
Ce gamin était le fils de James. Et de Lily. Il devait en prendre soin. Parce que, autrement, il ne verrait plus Lily. Sa Lily...
En plissant les yeux, il détailla Mathéo. Il ne devait pas mesurer plus d'un mètre quarante, et ne devait pas peser plus de trente cinq kilos. Il avait un visage fin, un peu creusé, et des yeux verts un peu ternes. Quoique, là, ses yeux semblaient plus froids que ternes. Ses cheveux étaient tout aussi noirs que ceux de James et Severus résista à l'envie de renverser un pot de peinture jaune sur sa tête pour lui changer sa couleur de cheveux.
« Et donc, as-tu dit à ta mère que Voldemort se tenait sur sa pelouse hier ? »
« Ma génitrice n'a cure de tout ce qui se rapporte à moi. De toute manière, je ne lui aurais pas dit. Ça aurait servi à quoi ? Elle aurait sûrement piqué une crise, elle m'aurait baffé, elle m'aurait envoyé dans ma chambre, serait revenue pour faire bonne mesure, on se serait engueulé, elle serait repartie après m'avoir re-baffé et ainsi de suite. »
Rogue resta silencieux un moment en regardant le garçon.
« Bon, je retourne chez moi. On se reverra sûrement à Poudlard. Au revoir. »
HEIN ?! Il était professeur à Poudlard ?!
Harry contempla l'homme un moment, avant de refermer la porte. Il venait de creuser sa tombe en moins de cinq minutes. Cet homme allait lui faire vivre un enfer après tout ce qu'il lui avait dit. Intérieurement, il se traita de tous les noms possibles.
A dix heures du matin, Voldemort, assis à son bureau, sifflotait gaiement et tapotait la tête de son serpent de temps à autres, tandis qu'il observait les allers et venues des déménageurs. Debout dans un coin de la pièce, Lucius regardait d'un œil consterné ses affaires être traitées de la pire manière qui soit.
« Alors, Lucius ? Ton installation ? »
L'interpelé se tourna vers le Seigneur des Ténèbres et se mordit l'intérieur de la lèvre. Il eut la mauvaise idée de le regarder dans les yeux. Une horreur. C'est une horreur. Narcissa n'arrête pas de hurler parce que la chambre est trop petite, Draco n'arrête pas de geindre parce qu'il n'a pas de chambre, parce qu'on n'a pas de salon, pas de salle à manger, pas de distraction, pas d'amis, pas de téléphone sorcier, pas de cheminée à portée de mains. Ils n'arrêtent pas de me casser les couilles parce qu'ils devront manger avec ÇA tout le temps, parce que le serpent leur fiche une peur bleue, et parce que NARCISSA M'A IMPOSE L'ABSTINENCE A CAUSE DE DRACO QUI DORT DANS NOTRE CHAMBRE !
« Bien. Très bien. Vraiment. »
Voldemort eut un sourire, et commença à rire comme un dément.
« Lucius... Mais QUAND apprendras-tu à ne pas me mentir ? »
D'un vague geste de la main, il envoya un Endoloris vers Lucius qui commença à grimacer de douleur.
« Tu me fais vraiment perdre mon temps... » soupira le Mage Noir en arrêtant le sortilège au bout de quelques secondes – juste assez pour que le blond n'ait plus vraiment conscience de ses membres.
Alors pourquoi vouloir de moi sous votre toit ?
Voldemort eut un petit sourire et s'expliqua, en regardant amoureusement sa baguette qu'il tenait toujours dans sa main :
« Il faut que je retrouve mon armée. »
« Une... Une armée ? »
« Eh bien oui. Si je compte faire un coup d'Etat, il me faut tout de même des suiveurs et des gens à jeter dans la gueule du loup pendant que je m'occupe d'affaires urgentes, non ? »
« Hm. Oui, je suppose. »
« Tu doutes de moi ? »
« Non ! Non ! Mon Seigneur, jamais je n'oserais... »
Les yeux larmoyants, le blond le suppliait presque de ne pas le torturer. Douce puissance... Voldemort en avait le sourire jusqu'aux oreilles. Qu'il était bon de voir que Lucius Malfoy était à ses pieds...
« Je disais donc. Il me faut une armée. Et c'est pour cela que tu es ici, Lucius. Tu as toujours été bon en diplomatie. » Il faut toujours flatter l'orgueil de ses serviteurs. C'est ainsi qu'ils sont plus aptes à obéir. Voldemort, en repensant fugacement à ce qu'un jour un ami très proche lui avait dit, eut un sourire. Quel prodigieux conseil. « Et, moi, je ne vais pas te surprendre si je te dis que je suis considéré comme un crétin fini. »
« Ce que vous n'êtes absolument pas, Maître ! »
Il eut un gloussement ravi.
« Non, effectivement. Merci de ton soutien, Lucius. Il faut donc qu'au Ministère, tu trouves les personnes les plus aptes à me rejoindre. Pour le moment, n'importe qui fera l'affaire. Mais je te préviens. Si, d'ici trois jours, jour pour jour, personne d'autre ne s'est rejoint à nous... Attends toi à une punition. »
« O... Oui, Maître. »
Considérablement pâle, Lucius sortit du bureau en faisant une légère courbette et Voldemort resta sur sa chaise, les pieds sur le bureau, son serpent à ses côtés.
« Il est marrant Lucius, hein, ma chère Nagini ? »
« Oui. Mais tu vas vraiment reprendre le contrôle ? »
« Évidemment. Le Monde a trop souffert de la domination de Dumbledore. »
Alors qu'il disait ces paroles, il songea vaguement au gamin Potter qui l'avait observé par la fenêtre de la cuisine. Nul doute qu'il était une victime du jugement de Dumbledore. Tout comme lui.
Voilà ! En espérant, que le chapitre vous ait plu,
Heloc61.