Merci à ceux qui ont laissés des messages au fil des chapitres, brigitte26, Snow In Universe, Petite-Licorne-Arc-en-Ciel, Gunzy, Phoenix studio, Oznela, Ben-Antoine, Mwa... Vous êtes des anges, vous m'avez illuminé mes journées avec vos reviews et je ne peux qu'espérer que cette suite et fin vous plaira (je vous vois aussi les anonymes dans mes stats, z'êtes cools :P)

CHAPITRE 11

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Jour 34, 13H07

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Harry les avait fait transplaner dans la vieille cabine téléphonique.

-Tu ne pouvais pas nous faire aller directement à l'intérieur ? demanda Draco en se tenant le ventre.

-Je n'ai pas réussi.

Il composa le code qu'il avait utilisé la première fois, priant pour qu'il fonctionne toujours.

Une voix retentit dans la cabine.

-Nom et raison de la visite ?

-Harry Potter et Draco Malfoy. Nous sommes… venus chercher de l'aide ?

Un silence.

-Messieurs Potter et Malfoy sont actuellement à Poudlard. Nom et raison de la visite ?

Ils se regardèrent, abasourdis.

Harry répéta :

-Harry Potter et Draco Malfoy ! Nous avons réussi à sortir de Poudlard et nous avons besoin d'aide.

-Messieurs Potter et Malfoy sont actuellement –

Draco s'énerva :

-Messieurs Potter et Malfoy veulent aller au Ministère et maintenant !

La voix s'arrêta et un grésillement prit sa place.

-Harry ? Mr Malfoy ?

Ils reconnurent la voix immédiatement.

-Professeur McGonagall ?

-Oh, par Merlin ! Faites-les descendre immédiatement !

La cabine entama enfin sa descente vers le Ministère. Harry n'avait pas lâché la main de Draco depuis qu'ils étaient arrivés.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent, ils sortirent au niveau de l'Atrium.

Un groupe de sorciers les attendaient déjà, McGonagall devant eux. Elle s'approcha rapidement.

-Oh, enfin vous êtes sortis ! Où sont les autres ?

-Les autres sont toujours à Poudlard, Professeur, répondit Draco.

-On ne sait même pas comment on a fait ! ajouta Harry.

McGonagall fronça les sourcils. Elle sortit sa baguette et conjura une table et des chaises en plein milieu de l'Atrium. Les sorciers autour d'eux firent de même.

-Asseyez-vous. Tout le monde ici s'occupe du problème de Poudlard depuis qu'il a commencé.

-Professeur, intervint Harry. Nous devons retourner rapidement à l'école. Les autres manquent de nourriture.

-Et la magie ne répond plus comme avant, ajouta Draco. Presque personne ne peut en faire à l'intérieur.

McGonagall hocha la tête.

-Cela confirme ce qu'on pensait. Jones ? Pouvez-vous leur expliquer ?

Un homme se leva et s'éclaira la gorge avant d'expliquer :

- Après la bataille de juin dernier, les protections du château n'étaient plus aussi fortes. Un groupe d'Aurors a été chargé durant l'été de consolider les sortilèges qui l'entourent.

-Vous avez fait du zèle, les protections sont un peu trop bonnes, railla Draco.

Le dénommé Jones fit semblant de ne pas l'entendre. Il continua :

-On ne sait pas qu'elles en sont les raisons, mais la nouvelle barrière s'est déclenchée lors du banquet, le soir de votre arrivée à l'école.

McGonagall se retourna vers eux.

-Ce soir-là, nous avons été expulsés de force et nous nous sommes retrouvés à l'extérieur de Pré-au-Lard.

-Pour nous, fit Draco, c'était comme si vous aviez disparu.

-La sensation n'était pas des plus agréables. Surtout que nous nous sommes retrouvés en compagnie des elfes et des fantômes de l'école. Tous très affolés.

-Les araignées et les centaures ! s'exclama Harry.

McGonagall hocha la tête.

-Bien que je doive dire que le plus difficile a été de gérer Graup. Mais l'important n'est pas là. Vous n'étiez pas avec nous.

-C'est une des particularités des nouveaux sorts de protection, reprit Jones. En cas d'attaque, les élèves devaient être protégés.

-En expulsant tous les adultes ? s'exclama Harry. En quoi cela nous aide, de ne plus avoir les professeurs pour nous protéger ?

Jones eut l'air gêné.

-Il y a un aspect que nous n'avions pas pris en compte : vous êtes des adultes. Pendant le dernier mois, nous avons fini par en conclure que le château a été perturbé par la présence d'élèves qui n'auraient pas dû être là.

-Vous voulez dire que c'est de notre faute si la barrière a agi de cette façon ? demanda Harry, tout à coup pâle.

- Vous n'êtes en rien coupables, tempéra McGonagall. Le sortilège a apparemment réagi à une sorte d'intrusion et les sortilèges auraient dû être mieux adaptés.

Elle lança un regard noir envers Jones et son équipe. Clairement, ce n'était pas la première qu'on leur reprochait leur erreur.

-Mais ça veut dire qu'on aurait pu sortir depuis le début, réalisa Harry, le souffle court.

-Vous ne pouviez pas le savoir, tenta de le rassurer McGonagall.

Draco comprit soudainement.

-Le Mangemort…

Tout le monde le fixa avec inquiétude.

-Nous avons retrouvé un Mangemort dans la Cabane Hurlante, continua Draco. Il était déjà mort quand nous sommes arrivés…

-Et bien voilà ! s'écria Jones. Notre sort était programmé pour tuer immédiatement toute menace envers l'école. Le sortilège n'a pas complètement raté !

-Je ne l'appellerai pas un succès, répliqua Harry.

Draco sentait le ton monter et se leva.

-Il faut qu'on retourne au château. Dites-nous juste comment on peut faire sortir tout le monde de là.

Jones les regarda, perplexe.

-Pourquoi vouloir faire sortir les élèves ? Il vous suffit d'enlever le sort pour nous puissions rentrer à l'intérieur.

Harry n'appréciait pas le ton léger de l'homme et ouvrit la bouche pour rétorquer. Draco mit une main sur son épaule et demanda :

-Pourquoi ne l'avez-vous pas fait dans ce cas ? Vous avez créé le sort, vous auriez pu l'enlever.

-On a bien fait notre travail, Mr Malfoy, rétorqua Jones. Si quelqu'un tente de désactiver le sort de l'extérieur, il reçoit en retour un sortilège Doloris.

McGonagall lui lança un regard exaspéré avant de se tourner vers Draco :

-Le contre-sort se trouve dans mon bureau. Il a la forme d'une maquette du château.

-Merlin… soupira Harry, la tête entre ses mains. On l'a vu quand on est allé dans votre bureau.

-Quand vous l'aurez, continua McGonagall, mettez votre baguette sur l'horloge. Le sortilège devrait se briser au même moment.

Draco hocha la tête.

-On y aller le plus vite possible. Juste… tenez-vous prêts à rentrer dans le château.

McGonagall avait l'air inquiète. Draco soupira :

-La situation n'est… pas la meilleure.

Elle conjura une carte du château sur laquelle était tracée un cercle. Elle ressemblait exactement à celle qui était sur les murs de leur chambre à l'infirmerie.

-Il faut qu'on rentre par-là, fit Harry en pointant le point le plus proche de leur campement.

McGonagall ne dit rien sur le fait qu'ils allaient atterrir dans la Forêt Interdite.

-Vous pouvez transplaner d'ici. On se retrouve tout de suite.

Elle fit signe à plusieurs personnes derrière elle, qui transplanèrent aussitôt, avant de disparaitre à son tour.

Harry dit à voix basse :

-On aurait pu sortir dès le début Draco…

Celui-ci se tourna vers lui et prit son visage entre ses mains.

-On peut les aider maintenant. Mais il faut se dépêcher.

Il lui prit la main et ils transplanèrent à leur tour.

Ils atterrirent à quelques mètres à peine de la barrière. Des hommes et des femmes continuaient à arriver autour d'eux, faisant léviter des sacs derrière eux.

-Que se passe-t-il si vous touchez la paroi ? demanda Draco à McGonagall.

La Directrice avança, la main en avant, jusqu'à être arrêtée par un mur invisible.

-Nous avons vraiment essayé d'entrer, soupira-t-elle. Mais nos Aurors sont apparemment aussi incapables que puissants… Mcdougall, amenez les provisions ici ! Les garçons, vous en prendrez une partie avec vous et nous garderons le reste ici.

Un homme arriva devant eux. Il avait l'air heureux d'être là. Il leur dit :

-Vous devrez porter les provisions à la main. Les autres élèves majeurs devraient pouvoir entrer et sortir comme vous, ils n'auront qu'à venir se servir ici en attendant que vous enleviez la barrière.

Harry et Draco ne lui répondirent pas. Ils l'observaient tous les deux, pâles.

-Mcdougall ? demanda faiblement Harry.

L'homme acquiesça. Plus ils le regardaient, plus ils pouvaient voir la ressemblance avec ses trois filles.

-Vous connaissez sûrement Morag, dit-il en souriant. Elle est préfète dans la même année que vous.

Les garçons hochèrent la tête, le cœur serré.

Ils ne pouvaient pas partir sans rien dire.

-Vas-y d'abord Harry, fit Draco. Tu peux prendre des sacs. Je te rejoins tout de suite…

Harry s'écarta, laissant Draco emmener Mr Mcdougall à l'écart des autres.

McGonagall lui jeta un regard curieux. Harry murmura :

-Vous ne trouverez pas l'école dans le même état, Professeur. Il y a eu deux morts.

La Directrice blanchit.

-Qui ? demanda-t-elle la voix tremblante.

-Herbert Fleet et Isabel Mcdougall. Une maladie. Mais j'ai peur pour la suite, le château est en train de tomber en ruines. Littéralement.

McGonagall hocha la tête, les lèvres pincées.

-Dépêchez-vous de le lever le sort. Nous serons prêts à arriver dès que vous aurez réussi. Bon courage, Harry.

Harry lui fit un petit sourire de remerciement, prit le plus de sacs possible avec lui et traversa la barrière.

Il se retourna.

Les adultes avaient de nouveau disparu.

-HARRY !

Se retournant vers le campement, il vit Susan Bones courir vers lui. Derrière elle, les élèves le fixaient avec de grands yeux ébahis.

Il avança jusqu'à arriver au centre du groupe. Il n'était plus qu'une vingtaine.

-Servez-vous, dit-il en posant les sacs de nourriture sur le sol. Pas de bagarre, il y en a bien assez pour tous. Tout sera bientôt terminé.

Mais personne ne se jeta sur les sacs.

-Pour de vrai ? demanda une première année avec espoir.

-Pour de vrai, répéta Harry en répondant à son sourire.

Il se tourna vers Susan.

-Vous aviez disparu ?! Où étiez-vous ?

-Au Ministère, répondit Harry. Où sont tous les autres ? Pourquoi il n'y a presque plus personne ici ?

Susan fit une grimace.

-Essaye de faire de la magie, Harry.

Il prit sa baguette et essaya de faire léviter les sacs de nourriture.

Mais il ne réussit qu'à les éparpiller.

-C'est comme ça depuis que toi et Draco êtes partis, dit la préfète. La magie ne répond plus pour personne, même les septièmes années.

-Ils sont retournés au château ?

-Oui, pour prévenir les autres qu'ils ne pouvaient plus rien faire pousser. Comme ils ne peuvent plus se défendre avec la magie, ils ont préféré y aller tous ensemble pour mieux se faire écouter.

-Ou pour paraître plus menaçants, grogna Harry. Il ne faut pas que quoique ce soit arrive maintenant. McGonagall m'a expliqué comment supprimer la barrière. Je pars pour Poudlard dès que Draco arrive.

-On peut y aller dans ce cas, fit la voix de l'intéressé derrière lui.

Il portait un autre chargement de sacs.

-On les prend pour aller au château ? demanda Harry. Ça serait une offrande de paix.

Draco secoua la tête.

-Trop lourd. Il faut qu'on y aille le plus vite possible.

Harry se retourna vers Susan.

-Tu restes ici ?

-Oui. Morag et moi, on montera la garde.

Les garçons regardèrent plus loin et virent la Serdaigle faire le guet au bord du campement.

Ils se dirigèrent vers elle.

-J'ai tout entendu, dit-elle avant qu'ils ne puissent parler. Dépêchez-vous d'y aller.

-Morag… dit Draco. Ton père est de l'autre côté de la barrière.

Les larmes montèrent aussitôt aux yeux de la préfète.

-Oui, je m'en doutais. Il travaille dans la section des Sortilèges au Ministère…

-On… Il est au courant.

Morag hocha la tête sans répondre. Elle détourna le visage.

-Allez-y.

Ils ne pouvaient rien faire de plus pour elle. Ils la laissèrent et se mirent à courir en direction du château.

Comme ils ne pouvaient pas sprinter sur toute la distance qui les séparait de Poudlard, ils durent faire des pauses, durant lesquelles ils se forçaient tout de même à marcher rapidement.

-On aurait dû leur demander des balais, souffla Harry.

Une explosion retentit, venant du château.

Ils se remirent à courir.

À partir de ce moment-là, des bruits assourdissants résonnèrent dans la forêt toutes les dizaines de minutes. Ils n'arrivaient à savoir s'il s'agissait des murs de l'école qui s'écroulaient, ou si c'était le son de duels de magie mal contrôlés.

Ils arrivèrent enfin à l'orée de la forêt.

Et s'arrêtèrent net.

Un trou béant avait remplacé la porte d'entrée. Des élèves étaient cachés derrière les éboulis et empêchaient les autres de rentrer. Des élèves couraient sur la pelouse, éparpillés.

-On est parti quoi ? s'écria Draco. Deux heures ?

-Là ! s'exclama Harry en pointant la cabane de Hagrid.

Cachés derrière se trouvaient Ron, Hermione et d'autres élèves de différentes années. Ils leur faisaient signe de les rejoindre.

Harry et Draco coururent vers eux.

-Vous étiez où ?! cria Hermione.

-Au Ministère de la Magie. On n'a pas le temps de tout expliquer mais on doit aller dans le bureau de McGonagall pour enlever la barrière. Les Aurors sont prêts à entrer dès qu'on l'aura fait.

-Mon vieux, tu vois l'état de la porte là-bas ? le coupa Ron. Vous ne rentrerez pas dans le château.

Le sol trembla, comme pour accentuer ses propos.

-Il faut essayer d'aller leur parler, on veut tous sortir d'ici ! s'écria Harry, excédé.

-On a déjà essayé, dit Hermione. Quand on est arrivé, la porte était déjà détruite par les sorts de pousse qu'ils ont lancé. Quand ils nous ont vu arriver, ils se sont barricadés à l'intérieur. Ils ont dû se dire qu'on venait les punir.

-Neville a essayé d'aller leur parler, de leur dire qu'on était venu pour se réconcilier, continua Ron. Mais au moment où ils ont compris qu'on avait plus de magie…

Il pointa du doigt un élève allongé sur le sol, une dizaine de mètres à côté de la porte.

-Il est juste endormi, rassura Hermione. Mais impossible d'approcher maintenant. Ils doivent vouloir garder la nourriture des cuisines.

Ron énuméra :

-Donc pas moyen de lancer un sort pour augmenter sa voix, pas de moyen de se protéger, pas moyen de se soigner s'il arrive quelque chose…

-Merci pour le soutien, Ron ! On fait quoi alors ?

-Les portes près des serres ? coupa Draco.

Hermione réfléchit.

-Ça pourrait fonctionner… Mais vous arrivez aux cachots par là. Il reste tout le château à remonter ensuite.

Harry regarda Draco.

-On va pouvoir tester ton passage secret, dit-il avec un sourire.

Draco comprit son idée.

-On ne sait même pas s'il fonctionne !

-Il faut qu'on essaye.

Draco passa ses mains dans ses cheveux, soufflant longuement.

-Ok.

-On vient avec vous, fit Ron.

Harry l'arrêta et pointa les élèves qui étaient à l'extérieur du château.

-Toi et Mione, vous allez essayer de ramener tout le monde au campement. Même les plus grands. Vous leur dites que McGonagall sera là pour les nourrir et les protéger. Avec un peu de chance, ça alertera ceux qui sont restés à l'intérieur et peut-être qu'ils sortiront.

-Ça pourrait fonctionner, jugea Hermione. On attire l'attention vers l'extérieur et vous pouvez marcher tranquille dans le château.

-Ça s'appelle faire l'appât, Mione, grommela Ron.

La préfète se retourna vers les autres élèves présents. Ils avaient tous écouté la conversation.

-Ceux qui veulent aller au campement, c'est maintenant. Il y en a qui connaissent déjà le chemin et qui pourront vous guider. Les autres, on va essayer de ramener ici tous les élèves qui sont encore dehors. Vous restez assez loin de la porte pour ne pas être touché par les sorts, mais assez près pour être vus. Qui ça intéresse ?

Trois élèves levèrent la main.

-Ok, ça suffira, fit Hermione avant de se retourner vers Harry et Draco. Attendez qu'on soit sorti pour y aller. Passez par le côté est, on vous verra moins.

Le reste du groupe disparaissait déjà dans la forêt.

-On est prêts ? demanda-t-elle.

-C'est parti ! cria Ron en s'élançant le premier.

Hermione jura, faisant tourner la tête des trois élèves restants, et sortit de la cachette pour le suivre.

Harry et Draco les regardèrent un instant attirer l'attention de l'élève le plus proche. Celui-ci avait l'air terrifié, mais il était seul et il baissa sa baguette pour les écouter.

Ils avaient aussi attiré l'attention de ceux qui gardaient la porte. Ceux-ci tentèrent de leur jeter un sort, mais la distance était trop grande, et le sort retomba.

En revanche, la déflagration fit de nouveau trembler les murs du château, faisant crier les élèves les plus proches.

-On y va ! s'exclama Harry.

Ils croisèrent quelques élèves qui, en voyant Harry, s'enfuirent le plus loin possible.

Il n'avait pas le temps d'aller leur courir après, mais il espérait que Ron et Hermione réussissent à réunir tout le monde.

Ils arrivèrent prudemment près des serres.

Personne ne s'y trouvait, mais les vitres avaient été brisées. Surement parce que les portes étaient fermées par des sorts. Heureusement, le pillage avait déjà eu lieu et l'endroit était désert.

La porte qui servait habituellement pour aller en cours de Botanique était ouverte. Harry et Draco ne croisèrent personne, ni dans les escaliers qui descendaient aux cachots, ni dans le couloir qui suivit.

Ils s'arrêtèrent devant l'entrée de la salle commune des Serpentards.

-Je sais que tu es déjà venu là, chuchota Draco. Mais tu te tais et tu me suis.

Harry leva le pouce et se plaça derrière lui. Il avait levé sa baguette, même s'il savait qu'elle ne lui servirait pas à grand-chose.

Ils ne trouvèrent personne dans la salle commune, mais ils entendirent du bruit venant du dortoir des filles.

Draco prit le couloir opposé. Harry n'était jamais allé aussi loin et il le suivit jusqu'à un cul-de-sac, au bout duquel se trouvait le tableau de la nymphe verte.

Vide.

-Merlin, elle n'est pas dedans, jura Draco entre ses dents. Normalement, elle essaye toujours de flirter avec nous.

-Tu crois que c'est elle qui ouvrait le tableau pour Gryffondor ?

-Je te l'ai dit, c'est une légende. Je ne sais même pas si elle est vrai.

Draco posa sa main sur le tableau.

Rien ne se passa.

Il tenta de le décrocher du mur mais le cadre resta immobile.

-Décale-toi.

Harry avança à son tour.

À peine arriva-t-il devant le tableau qu'un mécanisme se fit entendre.

Le tableau s'ouvrit.

-Comment s'est possible ? protesta Draco.

Harry se retourna et lui fit un clin d'œil.

-Je suis un Gryffondor qui a un amant à Serpentard…

Draco marmonna en le suivant dans le passage secret.

-Amant… Je ne suis pas ton amant

Le chemin pour remonter jusqu'au septième étage était long. Et sombre.

Ni Harry ni Draco n'arrivaient à maintenant de Lumos et ils durent marcher à tâtons dans le noir. Le passage allait constamment en montant et ils commençaient à fatiguer.

-On court depuis ce matin, souffla Harry. Je n'en peux plus.

-Je propose qu'une fois la barrière enlevée, haleta Draco, on se cache dans le lit pendant toute la semaine.

-Mais il va falloir le rendre à Pomfresh, réalisa Harry.

-… J'avais pas pensé à ça.

-Il faudra peut-être le nettoyer avant…

Draco ne put s'empêcher de rire, essuyant les gouttes de sueur qui lui tombait dans les yeux.

Après ce qu'il leur semblait être des heures, Harry finit par toucher la fin du tunnel et poussa le tableau qui le fermait.

Un instant aveuglé par la lumière, il regarda autour de lui. Ils étaient arrivés en plein centre de la salle commune des Gryffondors.

Et deux élèves les regardaient avec des yeux ronds.

Harry leva les mains pour montrer qu'il ne voulait pas leur faire de mal.

-Ritchie et Andrew, c'est ça ? demanda-t-il calmement.

Les deux garçons hochèrent la tête.

-McGonagall arrive avec de la nourriture. Vous pouvez descendre prévenir les autres ?

Ils hochèrent de nouveau la tête, sans répondre.

Harry attendit quelques instants.

-Allez-y alors !

Les garçons partirent en courant de la pièce. Draco lui jeta un regard amusé.

-Tu ne les as pas du tout terrifiés.

-Au moins, ils nous ont laissés tranquilles…

Ils sortirent de la salle commune et prirent la direction du bureau de McGonagall. À ce niveau du château, ils ne croisèrent pratiquement personne. S'ils entendaient des pas, ils se cachaient quelques instants dans un recoin et attendaient d'être à nouveau seuls pour repartir.

Arrivés devant la statue de l'aigle qui gardait le bureau, Harry s'arrêta.

Il se tourna vers Draco.

-Ne me dis pas qu'on a oublié de demander le mot de passe à McGonagall ?

Draco répliqua avec un sourire :

-Tu as oublié de demander le mot de passe à McGonagall. Patacitrouille !

La statue tourna, leur laissant l'accès à l'escalier.

-Harry ?

Ils se retournèrent.

Jeremy arrivait vers eux.

-Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Draco.

-Ritchie et Andrew sont venus nous dire que vous étiez entrés dans le château sans que personne ne vous voit. Apparemment, vous êtes venus récupérer de la nourriture et vous racontez que les adultes vont arriver pour nous faire peur.

-Non, McGonagall va arriver, jura Harry. Mais on doit d'abord leur ouvrir le passage.

-Les autres ne vous croient pas. Ils pensent que vous dites ça parce que vous ne pouvez plus faire de magie.

-Tant pis pour eux, coupa Draco. Pourquoi tu es là ?

Une petite secousse fit trembler le sol.

-Quand Jason a entendu que vous étiez là, il est parti à votre recherche. Je voulais vous prévenir.

Une secousse plus forte vint faire trembler les murs. Les trois garçons regardèrent avec méfiance le plafond.

Jeremy continua.

-Je lui ai dit d'aller vers le sixième étage, je me doutais que vous seriez plutôt-

A ce moment-là, le choc qui secoua Poudlard fut tellement puissant que des pierres tombèrent du plafond.

Harry leva sa baguette et cria :

-Protego !

Mais le sort n'eut pas d'effet, et il couvrit sa tête avec ses bras et ferma les yeux.

Le tremblement durant une dizaine de secondes. Les pierres continuaient de tomber et un nuage de poussière les entoura. Le château semblait être sur le point de s'écrouler.

Quand le silence revint, Harry se redressa. Un bloc lui avait atterri sur la main, écorchant sa peau jusqu'au sang.

-Draco ? demanda-t-il.

Il entendit Draco tousser. La poussière retombait doucement.

-Jeremy ?

Quand il ne reçut pas de réponse, Harry ouvrit doucement les yeux et vit que le garçon était tombé sur le sol. Du sang coulait de son front.

-Draco !

Celui-ci s'était déjà penché au-dessus du Serdaigle.

-Tu as du tissu propre ? demanda-t-il.

-Rien sur moi, non. Je peux aller en chercher…

-Non. Je reste avec lui, va chercher le contre-sort et ouvre la barrière ! Maintenant !

Harry se retourna et monta les marches quatre à quatre.

Il s'arrêta face au bureau.

La maquette de Poudlard était posée là, en évidence sur une des étagères.

-Tout ça pour ça… souffla Harry en la prenant dans ses bras.

Il la posa sur le bureau de McGonagall. Il chercha quelques instants, et essaya d'appuyer sur l'horloge miniature.

Rien.

Sa magie ne revenait pas.

Il courut vers la fenêtre la plus proche. Il aperçut brièvement des élèves. Mais pas d'Aurors.

Harry tenta à nouveau de poser sa baguette. Puis il essaya de la poser sur toutes les parties du château.

Rien n'y faisait.

Il n'avait plus aucune magie.

Il sortit du bureau et descendit les marches en courant.

-Draco !

Draco se retourna vers lui. Il avait déchiré une partie de sa chemise et l'avait posé sur le front de Jeremy pour arrêter le saignement.

-Je… Je n'y arrive pas, balbutia Harry. Le contre-sort ne fonctionne –

Une nouvelle secousse fit encore une fois bouger les murs.

Harry lâcha le château se positionna au-dessus de Draco et de Jeremy pour les protéger. Mais heureusement cette fois ci, aucune pierre ne tomba sur eux.

-On ne peux pas rester là, dit-il. On doit -

-Jeremy ? Tu es là ?!

Ils tournèrent la tête vers le bout du couloir.

Jason arrivait, la baguette levée.

-On n'a pas le temps pour se battre, Samuels ! cria immédiatement Draco. Il faut qu'on l'aide !

Jason s'arrêta en voyant l'état de son ami.

-Quoi ? – pas lui… Pas lui. Il peut pas mourir…

-Si on ouvre la barrière, on pourra laisser entrer les adultes, le coupa Harry.

-À quoi ça sert ? s'écria Jason. J'ai… j'ai déjà tué Isabel et… c'est moi… j'ai dit à Jeremy d'aller…

Il parlait de plus en plus vite et s'agrippait à sa baguette.

Harry tenta de l'approcher doucement.

-Calme-toi, Jason.

Des étincelles jaillirent de sa baguette.

-Non ! Personne ne voudra de moi dehors ! Pas si j'ai… s'il.. s'ils sont morts -

-Jeremy n'est pas mort, l'interrompit Draco. Viens voir.

Jason s'approcha et se laissa tomber à genoux à côté de son ami. Draco lui prit une main et la posa sur la poitrine de Jeremy.

-Tu vois… Si ça bouge, c'est qu'il respire. Tu ne l'as pas tué.

-Et Isabel non plus, continua Harry. Maintenant, fais le bon choix.

Le Serdaigle eut un rire dérisoire.

-Comme quoi ? demanda-t-il, la voix rauque.

-Pose ta baguette déjà, demanda Harry. Tu nous fais peur, là.

Jason eut un soupir tremblant.

Il lâcha sa baguette.

Celle-ci tomba sur le sol, à côté de la maquette de Poudlard.

Jason la regarda quelques instants.

-Comment on utilise ça ?

-McGonagall nous a dit de mettre notre baguette sur l'horloge, mais ça ne fonctionne pas…

Jason se pencha.

-Tu entends ça ? demanda-t-il.

Harry se pencha pour reprendre la maquette. Lorsqu'il tendit l'oreille, il entendit le bruit d'un mécanisme.

Il leva le château au-dessus de sa tête et le jeta sur le sol.

La maquette se brisa.

À l'intérieur se trouvait une horloge qui indiquait « Jour 34, 19H20 ».

Sans hésiter, Harry se pencha et posa sa baguette dessus.

L'effet fut immédiat.

Pas d'explosions, mais Harry sentit la magie revenir en lui, tel un torrent.

La puissance de l'effet lui coupa le souffle.

Jason tomba sur le sol en se tenant la poitrine.

Draco avait l'air tout aussi désorienté. Il réussit à prendre sa baguette et la pointa sur la tête de Jeremy.

-Episkey ! Somnium !

La blessure sur son front se referma aussitôt.

Jason se redressa difficilement, fixant son ami.

-Pourquoi il ne se réveille pas ?

-J'ai seulement arrêté l'hémorragie et je l'ai endormi… Il faut que les médicomages viennent pour observer son crâne maintenant.

Jason hocha la tête et vint s'asseoir à côté de Jeremy.

Harry alla jusqu'à la fenêtre. Elles s'étaient toutes brisées lors de la plus grosse secousse.

Il envoya dans le ciel des étincelles pour indiquer leur position.

Puis il se laissa glisser contre le mur, à côté de Draco.

Il mit sa tête entre ses mains et ferma les yeux.

Dehors, il pouvait entendre des cris d'enfants.

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1 semaine plus tard

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-Miss Granger ? Vous n'avez pas encore touché à votre thé…

Hermione se redressa et regarda McGonagall avec un sourire d'excuse.

-Désolé, Professeur.

-Ça ne fait rien. Je disais qu'il faudra interdire l'accès au parc pendant que les familles Fleet et Mcdougall seront là.

Hermione acquiesça.

Elle prit une gorgée de son thé, fixant à nouveau la maquette du château qui, réparée, avait repris sa place sur l'étagère.

McGonagall le remarqua.

-La nouvelle version fonctionne correctement, la rassura-t-elle.

-Beaucoup d'élèves en doute, soupira Hermione. Il aurait fallu reprendre les cours immédiatement, ils ont passé la semaine à se demander quand est-ce que vous disparaîtriez à nouveau.

McGonagall resta un instant silencieuse.

Hermione baissa les yeux.

-Excusez-moi, Professeur.

-Non, vous avez raison. Mais cette semaine de pause était nécessaire. Les familles avaient besoin de se retrouver... J'ai déjà eu beaucoup de mal à convaincre certains parents ne pas désinscrire leur enfant.

-Tout le monde sera donc de retour pour demain ?

-Presque tout le monde, comme vous le savez…

Hermione ne répondit pas.

-Je vous libère pour l'instant, Miss Granger. Vous demanderez à un autre préfet de vous aider pour garder les élèves à l'intérieur.

-Très bien. À tout à l'heure, Professeur.

Hermione se leva et sortit du bureau de McGonagall.

Elle n'était pas réellement satisfaite de sa discussion, mais elle n'était plus en position d'autorité maintenant.

En bas des escaliers, elle sursauta en voyant que Ron l'attendait, adossé au mur. Il avait la Gazette du Sorcier dans les mains.

-Il vaut mieux que tu vois ça avant que les élèves viennent te poser des questions… dit-il en lui tendant le journal.

Le titre – ''Nos enfants sont-ils encore en sécurité à Poudlard ?'' – la fit grogner.

-Pas encore…

-J'ai entendu Evan dire que si la barrière revenait, il foncerait droit dessus pour s'endormir. Je lui ai dit que c'était une bonne idée et qu'il ne devait pas oublier son oreiller avant d'y aller.

Hermione lui lança un regard peu impressionné.

Elle parcourut rapidement l'article. Rien de nouveau n'y apparaissait : des élèves sous-nourris, deux morts, le château en ruines… Tout cela avait tourné en boucle dans les journaux durant la semaine.

Elle le referma en soupirant.

-Si on trouve le temps de râler en lisant la Gazette, c'est que les choses sont vraiment revenues à la normale.

-Exactement ! s'exclama Ron. Maintenant que ça, c'est fait, c'est l'heure du repas !

Il lui prit la main et partit avec un grand sourire en direction de la Grande Salle.

Depuis que les adultes étaient revenus, les élèves allaient manger avec enthousiasme. Les portions n'avaient pas été les mêmes au début, car il avait fallu réhabituer leur estomac, mais les elfes avaient compensé par une meilleure qualité.

Après plusieurs semaines de repas médiocres, ils étaient tous facilement impressionnés.

La Grande Salle paraissait encore assez vide. Beaucoup de parents avaient récupéré leurs enfants et tous n'étaient pas encore rentrés.

Mais quelques-uns avaient déjà fait leur retour et Hermione sourit aux nouveaux arrivants.

-Bonjour Lilith, bonjour Jordan. Vous allez mieux ?

Les deux premiers années acquiescèrent en lui rendant son sourire.

-Aucune perte de mémoire, je suis comme neuve ! s'exclama Lilith.

-Et toi, Jordan ? demanda Hermione.

-Je vais bien, dit-il doucement.

La préfète leur fit un signe de tête avant de partir.

-Tu es sûr que ça va ? demanda Lilith en se penchant vers son ami. Tu es un peu blanc…

Jordan fit un mouvement de tête pour indiquer la porte d'entrée.

Jason venait d'arriver et s'installait seul à la table des Serdaigles.

Lilith se retourna vers lui.

-J'arrive pas à croire qu'ils l'ont laissé revenir à l'école !

Jordan haussa les épaules.

-Je ne lui en veux pas… Apparemment il a même aidé Harry Potter à ouvrir la barrière.

-Ça change rien, fit Lilith avec une moue dégoûtée. Il aurait pu…

-C'est pas grave, Lilith, la coupa Jordan. Aide-moi à finir ma lettre plutôt.

Jordan ne préférait pas parler de ce qui aurait pu lui arriver. Il avait fait des cauchemars toute la semaine et avait même dormi certaines nuits avec ses parents.

Il se concentra sur la lettre qu'il écrivait, écoutant Lilith d'une oreille.

-Simon devrait revenir ce soir, disait-elle. Enfin j'espère, sinon ça sera triste dans ton dortoir ! Les filles sont toutes revenues dans le mien, mais là, j'aurais préféré qu'elles restent chez elles ! Après, Lila a été gentille avec moi hier soir, elle m'a demandé si on pouvait s'asseoir ensemble en potions…

Jordan posa sa plume.

-Terminé !

-Tu vas la donner à un des hiboux de l'école ? demanda son amie.

-Pansy m'a proposé de l'envoyer pour moi.

-Je peux venir avec toi la donner ? s'exclama Lilith. J'ai pas vu Gregory depuis que je suis revenue !

Ils laissèrent leurs affaires pour aller jusqu'à l'autre bout de la table des Serpentards, vers le coin des septièmes années.

Gregory sourit en voyant Lilith et lui demanda de ses nouvelles. Aussitôt, la jeune fille s'élança dans le récit de sa semaine chez son père avec des gestes animés.

Jordan alla jusqu'à Pansy et lui tendit sa lettre.

-Je ne sais pas quand tu auras de réponse par contre, le prévint-elle.

-C'est pas grave, dit Jordan. Je voulais juste lui donner des nouvelles et lui dire comme j'allais.

-Et comment tu vas ? demanda Théo.

Jordan ne répondit pas, baissa la tête.

-Tu as été parlé à Miss Khana ? Elle travaille à Sainte Mangouste mais elle va rester ici pendant plusieurs semaines.

-C'est une psychomage, c'est ça ? demanda timidement Jordan.

-C'est ça, confirma Théo. Son bureau est à côté de l'infirmerie. Je pense que tu devrais aller la voir.

-J'y suis allée plusieurs fois déjà, dit Pansy. Elle est très gentille.

Jordan hocha la tête, un peu rassuré.

-J'irai la voir cette après-midi, promit-il.

Il repartit avec Lilith, laissant les septièmes années d'humeur moins légère.

-Je n'en peux plus, soupira Théo, il faut que ça reprenne.

-Qu'on baille chez Binns, sourit Blaise.

-Et qu'on se plaigne de Trelawney, renchérit Gregory.

-Tout sauf rester encore à ne rien faire…

-Je n'ai pas hâte aux cours de botanique par contre, fit Blaise. J'ai lancé assez d'Herbivicus pour toute une vie.

Théo sourit malgré lui. Il se tourna vers Pansy.

-Ça va Pans' ? Tu es silencieuse…

La préfète n'avait presque pas touché à son assiette depuis le début du repas. Elle posa ses couverts.

-Tu sais si Morag sera là tout à l'heure ? demanda Théo.

-Oui… Ils vont récupérer le corps d'Isabel.

Personne ne répondit.

-Elle reviendra quand même pour les cours demain, continua Pansy. Mais elle ne veut plus être préfète.

Gregory passa un bras autour des épaules de son amie.

-Tu vas aller lui parler ?

-Je n'ai pas le choix, Hermione m'a demandé de l'aider à bloquer la grande porte. Je dois y aller d'ailleurs, dit-elle en se levant.

-Je peux prendre ta place, proposa Théo.

-Non, il vaut mieux que ça soit moi.

Elle quitta ses amis et rejoignit Hermione, qui l'attendait en bas des escaliers du Hall d'entrée.

La Gryffondor ne fit pas de commentaire concernant le silence de Pansy.

-Je vais rester au niveau de la porte, dit Hermione, et tu peux aller surveiller un peu plus loin.

Pansy hocha la tête et partit se placer dans le parc.

Ni elle ni Hermione n'étaient vraiment utiles. Tous les élèves étaient au courant que les familles Fleet et Mcdougall allaient venir récupérer les dépouilles de Herbert et d'Isabel.

Et personne ne voulait assister à cela. Ils se souvenaient bien assez de l'enterrement.

D'où elle était placée, Pansy pouvait voir les familles. McGonagall discutait avec eux. Les parents de Herbert étaient venus seuls, mais ceux d'Isabel étaient accompagnés de Morag.

Elles s'étaient quittées en de bons termes et avaient échangé quelques hiboux durant la semaine, mais il était difficile de parler par courrier.

Morag avait écrit qu'elle n'avait pas eu le temps de penser trop longtemps à sa sœur quand ils étaient enfermés à Poudlard. Mais durant cette semaine dans sa famille, c'était l'inverse, elle ne vivait qu'autour de ça. Elle avait écrit à Pansy qu'elle avait l'impression de revivre la mort de sa sœur une deuxième fois.

Alors que la famille Fleet transplanait, Pansy vit Morag marcher vers elle. Son ventre se serra.

Quand elle arriva face à elle, Morag eut un léger sourire.

-Salut Pansy, dit-elle doucement.

La Serpentard s'avança et la prit dans ses bras.

Morag posa sa tête sur son épaule et inspira profondément.

-Katherine n'est pas là ?

Morag secoua la tête.

-Elle attend avec mes grands-parents. L'enterrement se fait maintenant.

-Merlin… Et vous revenez quand même demain ?

Morag eut un petit mouvement de tête.

-Il faut que la vie reprenne…

Elle serra Pansy un instant, avant de reculer.

-On se voit demain ?

-On a potions en première heure demain. On pourra s'asseoir ensemble.

Morag eut un sourire, un vrai cette fois. Elle se retourna et rejoignit ses parents.

Elle voulait revenir à Poudlard.

Toute la semaine était passée trop vite. Les membres de la famille se succédant à la maison et les reporters voulant leur réaction. Mais en même temps, le temps s'était immobilisé, chaque jour semblable au précèdent, le chagrin omniprésent.

Morag voulait revenir à Poudlard, où chaque instant ne lui rappellerait pas que sa sœur était morte.

Elle transplana avec ses parents jusqu'à leur village, sur la côte est de l'Angleterre.

Une foule était réunie sur la place, mais Morag garda les yeux fixés sur le sol. Elle ne voulait plus voir personne. Tout le monde lui avait demandé des détails sur l'enfermement à Poudlard. Pourquoi les choses avaient-elles dégénérées ? Pourquoi les plus âgés n'avaient-ils pas réussi à garder le contrôle ? Pourquoi Morag n'avait pas été présente pour Isabel ? Morag avait fini par hurler sur ses parents, leur demandant de ne plus lui poser de questions. Ils avaient accepté, à condition qu'elle aille voir la psychomage en revenant à Poudlard.

Elle savait qu'elle en avait besoin. Depuis, ses parents arrêtaient les gens lorsqu'ils commençaient à poser lui trop de questions.

Morag avait l'impression que sa vie s'était suspendue. Seules les lettres de Pansy lui rappelaient que le monde autour d'elle continuait à avancer.

L'enterrement se déroula en une succession d'images. Le manteau noir d'un grand oncle, l'embrassade de sa grand-mère, les larmes de Katherine, le cercueil qui descendait…

Les gens commençaient à partir, les saluant une dernière fois. Elle se cacha derrière ses parents.

Puis elle vit un fauteuil roulant.

-Jeremy, salua la mère de Morag. Merci d'être venu.

Jeremy était poussé par son père. Il portait un bonnet et Morag ne pouvait voir si sa blessure était toujours visible.

Morag n'avait pas raconté à ses parents les circonstances exactes de la mort d'Isabel. Seulement que la maladie était responsable. Ce qui, elle avait mis du temps à l'admettre, était le cas.

-Tu es encore à Sainte Mangouste ? demanda sa mère.

-Oui, répondit le garçon. Mais mardi je pourrai sortir et retourner à Poudlard.

Jeremy n'osait pas regarder Morag.

Quand elle s'avança vers lui, il eut l'air terrifié.

Elle s'agenouilla pour être à sa hauteur.

-Merci d'être venu Jeremy, dit-elle à voix basse. Et… merci d'avoir passé du temps avec Isabel avant… avant.

Jeremy hocha la tête, faisant couler les larmes qu'il retenait.

Il se retourna vers son père.

-On peut rentrer ? demanda-t-il.

Ils saluèrent la famille de Morag et firent demi-tour.

Avant de transplaner à l'hôpital, son père s'arrêta et vint se mettre à genou face à Jeremy, qui sanglotait maintenant, tentant de cacher son visage dans ses mains.

Jeremy avait tout dit à ses parents. Comment s'étaient passés les derniers jours d'Isabel. Et à quel point il se sentait coupable.

Son père le prit dans ses bras et passa une main dans ses cheveux.

-Tu sais que ce n'est pas de ta faute, lui rappela-t-il.

Il fallut de longues minutes à Jeremy avant qu'il puisse se calmer. Son père s'assura qu'il ne pleurait plus avant de se lever.

-On y va ?

Jeremy lui prit la main, et ils arrivèrent dans le hall de transplanage de l'Hôpital Sainte-Mangouste.

Son père se remit derrière lui pour le pousser jusqu'à sa chambre.

Sa mère les attendait, lisant un magazine dans le couloir. Elle sourit en les voyant arriver et se pencha pour embrasser Jeremy.

-Tu as de la visite, dit-elle avec un grand sourire.

Elle ouvrit la porte de sa chambre et Jeremy entra seul à l'intérieur.

Jason se leva aussitôt de sa chaise.

Jeremy resta le regarder.

Toute la semaine, il avait attendu que son ami vienne le voir à l'hôpital. Ses parents l'avaient consolé, lui disant qu'il n'avait sûrement pas eu l'autorisation de venir. Mais il n'avait pas reçu de hiboux ni de messages.

Jeremy enleva son bonnet et le posa sur sa table, avant d'essayer d'enlever son manteau.

-Tu veux de l'aide ?

Jeremy hocha la tête et Jason l'aida à se déshabiller.

-Je vais avoir besoin d'aide pour aller sur mon lit aussi…

Jason lui prit le bras.

-Tu ne peux plus marcher ? demanda-t-il faiblement.

-Si, mais j'ai la tête qui tourne à chaque fois. Les potions aident mais ça va encore durer longtemps…

Jason s'assit près du lit et les deux garçons se turent.

La dernière fois qu'ils s'étaient réellement parlés, dans leur dortoir, ils s'étaient tous les deux dit des choses qu'ils regrettaient.

-Tu es rentré chez tes parents ? demanda finalement Jeremy pour briser le silence.

-Euh... non. Je suis resté à Poudlard.

Après un instant de silence, Jason précisa :

-Ils ne voulaient pas que je vienne ici tout seul. Mais ta mère a demandé la permission à McGonagall et elle est venue me chercher. Elle m'a aussi amené au début de l'enterrement.

Jeremy s'était demandé pourquoi elle n'y était pas allée avec eux.

-Oh… Je pensais que tu ne voulais pas venir me voir, dit-il.

Jason avait les traits tirés. Jeremy se demanda s'il dormait bien.

-Si, si je le voulais.

-Tu n'as pas écrit… ne put s'empêcher de dire Jeremy.

Jason baissa la tête.

-Je… je savais pas quoi dire.

Sa voix s'était terminée en un murmure. Jeremy pouvait voir qu'il était en train de se tordre les mains, comme s'il ne savait pas quoi faire avec.

Jason semblait détester le silence. Il continua :

-J'ai été voir Miss Khana. C'est… c'est la psychomage qui est à l'école. Elle est sympa.

Il avait baissé la tête et semblait fasciné par ses doigts.

-On a parlé de plein de choses. Des fois d'Isabel mais aussi des choses que j'ai faites. Et de pourquoi je les ai faites et de pourquoi j'aurais pas dû les faire... Et aussi que tu me manques.

Jeremy avait arrêté d'écouter. Il ne pouvait pas voir le visage de son ami, mais les larmes de Jason tombaient sur ses mains.

-Jason ?

-Je suis désolé, dit-il, sa voix se brisant. Je suis désolé Jeremy. Pardon.

Jeremy se redressa, même si sa tête tournait et il tendit la main vers Jason. Celui-ci les essuya dans son pantalon avant de les lui tendre. Il semblait ne plus pouvoir s'arrêter de pleurer.

Jeremy prit ses mains dans les siennes et les serra.

-Je t'en veux pas tu sais. Enfin si… cette semaine je t'en ai voulu parce que je pensais que tu ne voulais pas me voir.

-Je te jure que si, s'exclama Jason en serrant ses mains en retour. Même si j'avais trop honte, je voulais te voir. C'était ce que je voulais le plus.

Jeremy eut un petit rire.

-Le plus ? C'était si nul cette semaine sans moi ?

Quand Jason ne répondit pas et que ses mains se mirent à trembler, Jeremy s'inquiéta.

-Jason ?

Celui-ci n'arrivait pas à se calmer, ses sanglots redoublèrent d'intensité. Jeremy le tira vers lui et Jason dut se rapprocher du lit.

-Hey, Jason, chuchota-t-il. Respire.

Il détacha une main de l'emprise de Jason et la passa doucement dans ses cheveux pour le calmer.

-Dis-moi ce qui va pas.

-Je… J'ai l'impression de disparaître. Personne ne me parle, tout le monde fait comme si j'étais pas là. Même… même dans le dortoir ils ne me parlent pas. C'était comme si j'avais disparu ! Et ça serait mieux vu ce que j'ai fait mais ça me manque et Isabel me manque et tu me manques plus que tout et je sais pas quoi faire…

Il dut s'arrêter pour reprendre sa respiration.

-Je suis désolé Jeremy…

Jeremy se retint de pleurer. Il tira Jason jusqu'à le faire se lever et le força à s'allonger à côté de lui.

Il serra Jason si fort qu'il devait probablement lui faire mal, mais son ami leva ses bras pour le serrer tout aussi fort. Jeremy dit doucement :

-Tu n'as pas disparu, Jason. J'ai attendu de tes nouvelles toute la semaine.

-Désolé, renifla Jason.

-Ça suffit les excuses, le coupa Jeremy. Je suis en vie et je vais revenir dans deux jours. Les autres font ce qu'ils veulent, mais moi je serai avec toi. D'accord ?

Jason hocha la tête dans le creux de son cou.

-J'ai peur de revoir Morag et Jordan, avoua-t-il faiblement.

-Morag a tout aussi peur de te voir je pense… Quant à Jordan –

-Il faut que j'aille le voir pour m'excuser, dit Jason.

-C'est une bonne idée, acquiesça Jeremy. Je viendrai avec toi, j'ai mes excuses à faire aussi…

Jason poussa un soupir de soulagement. Ses pleurs finirent doucement par s'arrêter.

Ils restèrent longtemps allongés en silence.

-Tu as vu ma cicatrice ? demanda soudainement Jeremy.

Jason redressa la tête.

Il avait l'air horrible, ce qui fit sourire Jeremy.

Jason suivit doucement du doigt la cicatrice qui descendait de son front à sa tempe.

-Pourquoi ils ne l'ont pas effacé ? demanda-t-il.

-Apparemment, tu ne peux pas te prendre Poudlard sur la figure sans conséquences, sourit Jeremy.

-Pourquoi ça a l'air de te rendre heureux ? fit Jason, déconcerté.

-Tu ne vois pas ? Je suis un deuxième Harry Potter !

Jason écarquilla les yeux un instant avant de laisser un rire surpris s'échapper.

-Jeremy, le héros à la cicatrice en forme de sapin de Noël, chuchota-t-il.

-Tu trouves ? Mon père dit qu'elle a la forme d'un Éclair de Feu. J'ai hâte de la montrer à tout le monde, je suis sûr que je vais devenir très populaire grâce à elle. Tu verras, on va pas rester à l'écart bien longtemps.

Cette fois ci, Jason rit franchement. Il se pencha et embrassa la cicatrice.

-Merci, dit-il en se rallongeant.

Ils s'installèrent dans un silence confortable, bercés par la respiration de l'autre.

Jeremy se demanda comment la vie allait continuer, avec sa tête qui n'arrêtait pas de tourner, la culpabilité qui rongeait Jason et le trou dans sa poitrine à chaque fois qu'il pensait à Isabel.

Mais elle continuerait.

Il ferma les yeux et se laissa aller contre Jason.

.

.

.

-Je te jure Harry, si tu as encore fini les gâteaux, c'est toi qui iras faire les courses !

Harry, qui était allongé sur le canapé, se redressa.

-Tu me forcerais à y aller tout seul, alors que je ne connais pas un mot de français ? N'as-tu pas de cœur ?

-Pas si je n'ai pas de gâteaux pour aller avec mon thé !

Harry fit une moue.

-Ils sont dans l'autre étagère, derrière le sucre.

Draco cacha son sourire et continua à préparer son thé.

Depuis qu'ils étaient arrivés en France, ils n'étaient presque pas sortis de l'appartement de sa mère. L'endroit était bien fourni et ils avaient commandés à emporter presque tous les jours.

Ni l'un ni l'autre n'avait eu envie de cuisiner.

Un bruit attira son attention dans le salon.

-J'y vais ! cria Harry. C'est le hibou de Pansy.

Draco arriva dans le salon avec son plateau et le posa sur la table basse. Harry revint s'asseoir, plusieurs lettres à la main.

-Elles sont pour toi.

Draco s'installa contre lui et Harry passa un bras autour de sa taille. Il se pencha pour lire la lettre par-dessus son épaule.

-Jordan n'a pas l'air d'aller bien… soupira Draco. Pansy non plus.

Harry embrassa son épaule.

-Il leur faudra du temps pour s'en remettre.

Draco avait l'air contrarié.

-C'est triste à dire, mais je pense que j'ai vu tellement d'horreurs que j'en suis devenu insensible…

Harry fronça les sourcils.

-Tu n'es pas insensible, pas après t'être démené pour aider les élèves et trouver un antidote. Mais peut-être qu'on a appris à apprécier plus ce qu'il nous reste.

Draco se retourna pour l'embrasser.

-Quelle sagesse, dit-il avec un sourire.

Il posa les lettres sur la table et prit sa tasse de thé. Harry se pencha pour prendre un des gâteaux, qu'il trempa dans la tasse de Draco avant de le manger. Celui-ci eut l'air offusqué, mais il se réinstalla contre lui.

Il n'avait pas envie que cette semaine se termine. Il s'était habitué à avoir Harry près de lui à chaque instant. Mais il allait bientôt commencer ses cours à Beauxbâtons et la routine qui s'était installée allait de nouveau devoir changer.

-Ma mère a envoyé toutes mes affaires, dit-il au bout d'un moment. Je dois juste aller acheter quelques affaires pour mes cours de Médicomagie.

Il sentit Harry hocher la tête contre son épaule.

Il reprit :

-Et… Madame Maxime m'a de nouveau assuré qu'il y aurait une place pour toi…

Harry ne répondit pas et Draco laissa le silence s'installer.

Toute la journée, il avait senti que Harry avait eu quelque chose à lui dire, mais il avait voulu laisser le Gryffondor venir à lui.

Il but son thé tranquillement, eut le temps de manger deux gâteaux et de finir sa tasse.

Et il céda.

-Harry, j'entends ton cerveau tourner d'ici. Parle !

Harry ne devait attendre que ça, car il lâcha brusquement :

-Je veux retourner à Poudlard !

Draco se recula pour faire lui face. Harry le regardait, l'air inquiet.

Draco éclata de rire.

-C'est bon tu te sens mieux ?

Quand le Gryffondor eut l'air vexé, Draco se pencha pour l'embrasser.

-Désolé Harry, mais tu n'as ramené aucune affaire avec toi. Je me doutais que tu n'allais pas rester.

-Tu pourrais au moins avoir l'air triste de mon choix, grommela-t-il.

Draco s'adoucit. Il s'installa plus confortablement contre la poitrine de Harry, ramenant ses jambes contre lui et l'embrassa à nouveau. Il joua avec ses cheveux, profitant pleinement des lèvres qui glissaient contre les siennes.

-J'ai passé toute la semaine à me préparer à ça… Je sais que Poudlard est ta maison et que tu dois passer les ASPIC.

Puis il chuchota à son oreille :

-C'est pour ça que j'ai passé la semaine à profiter de toi…

Harry tenta de retenir un sourire.

-Tu étais obligé de le formuler comme ça ?

Draco eut un sourire moqueur. Il se pencha pour l'embrasser une fois, deux fois, trois fois dans le cou. Harry frissonna, resserrant ses bras autour de lui.

-C'est pourtant ce qu'on a fait… fit Draco.

Il se recula, l'air sérieux.

-Par contre, toi et moi on aura un problème si tu ne reviens pas ici passer tes vacances ici.

Harry leva les yeux au ciel.

-Quelle question… Je t'enverrai même des lettres tous les jours, promit-il.

Draco ne put s'empêcher de prendre un air effrayé.

-Toi ? Tu vas m'écrire des poèmes ? Merci mais je préfère qu'on discute par cheminées.

Harry ferma les yeux et soupira.

-Comment je vais faire quand j'aurai envie de t'embrasser ? se plaignit-il.

Draco passa sa jambe par-dessus Harry et s'assit sur ses genoux.

Il s'approcha, jusqu'à ce que ses lèvres frôlent celles de Harry et murmura :

-Il nous reste tout une nuit… C'est bien assez pour se faire plein de nouveaux souvenirs.

Harry éclata de rire et l'allongea sur le canapé.

.

.

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Merci à tout ceux qui ont lu.

La fin ne conviendra pas forcément à tout le monde mais c'est celle que j'ai choisi. J'aurai juste aimé écrire plus sur Harry et Draco :/ (pourquoi moi d'il y a 10 ans écrivait des lemons sans problème alors que j'en suis incapable maintenant !? Et est-ce qu'on dit toujours lemon ?! ...Je suis vieille -.-')

Voilà donc ma dernière fanfiction. J'arrive pas à croire que j'ai enfin terminé cette histoire. J'avais besoin de la finir pour moi-même, mais je suis heureuse si j'ai réussi à divertir quelques personnes par la même occasion.

Je peux enfin dire au revoir à ffnet le cœur serein ;)