Ces derniers temps j'ai remarqué que Black ne cesse de m'éviter. Je ne sais pas si je devrais me sentir parfaitement comblée ou en être troublée. Je veux dire, lorsque quelqu'un se met à nous éviter comme la peste, ça devient un peu embêtant. Certaines personnes commencent déjà à poser des questions.

Une chose est certaine, Sirius Black n'est pas le maître de la subtilité.

- Tu peux m'expliquer pourquoi est-ce qu'il te fixe comme ça depuis tout à l'heure celui là? me demanda Gil en plissant les yeux.

Je soupirai en ignorant le regard du concerné pour la trente et unième fois de la journée.

- Qui sait, mentis-je en m'occupant de la potion.

Gil n'est peut-être pas aussi bête qu'il en a l'air, mais il est aussi très lâche. S'il remarque une opportunité de voir son travail fait pour lui et à sa place, il ne se posera pas la question deux fois. C'est aussi pour cette raison qu'il m'a choisi moi comme coéquipier de potion et pas Devon.

- Tu crois vraiment que je vais avaler ça? répondit-il, la dernière fois qu'on m'a regardé comme ça c'est la fois où Devon avait piqué les dragées d'une bande de premiers année, ajouta-t-il en ricanant, tu te souviens?

Oui enfin, c'est un peu difficile d'effacer cet épisode de mon cerveau. Les pauvres avaient finalement réussis à se procurer trois boites de ces choses dégelasses sans avoir à sortir du château que deux cinquièmes années à des allures de géants ne les leurs piques en riant comme des cons. Leur visage m'est toujours imprimé dans mon esprit quand je repense à ces foutues confiseries qui ne valent pas plus que cette potion ratée.

Je l'admets, j'ai un petit problème concernant les dragées.

Non, je n'ai pas envie d'en parler. Cette potion a déjà une odeur purement répugnante, si je me mets à en discuter je ne crois pas pouvoir me retenir de vomir en plein milieu la classe, et je refuse de donner le plaisir aux Maraudeurs de trouver un énième moyen pour m'embêter plus qu'ils ne le font déjà.

Il faut dire que la dernière fois, à la bibliothèque, nous ne nous sommes pas exactement quittés en bons terme.

Après avoir réalisé que tenter de m'expliquer ne servirait à rien, et en ne sachant pas moi-même ce qui ne tournait pas rond avec Black, je n'ai trouvé aucun autre moyen meilleur que de m'éclipser le plus vite possible.

Pas très courageux de ma part, mais je ne suis pas dans Serpentard pour rien. Enfin, il est vrai que le Choixpeau s'est montré défectueux lors de ma sélection, mais ça ne veut absolument rien dire, vraiment.

- Cal, tu es sûr que tu sais ce que tu fais? À mon avis il fallait mettre l'asphodèle en dernier.

Merde.

J'attrapai sa baguette qui trainait à côté du chaudron et l'enfonçai dans sa main droite.

- Pourquoi est-ce que tu ne le fais pas toi, à mon avis on dirait que tu t'y connais mieux que moi.

Il me regarda un moment, ennuyé.

- Pas envie, fit-il en la reposant là où elle était tout en s'appuyant contre la paume de sa main, tel un vrai gamin.

J'eu envie lui lancer un « Alors ferme-la » au visage, ou quelque chose du genre, mais me dis que c'était aller un peu trop loin. Contrairement à Devon qui éclaterait de rire, Gil, lui, est on ne peut plus facile à froisser.

- Magnifique! s'écria Slugorn en pointant la potion de Rogue du doigt comme s'il s'agissait du Saint Graal.

Il balbutia quelques autres petits commentaires mais nous n'écoutions déjà plus.

Il y a des jours ou je me demande si je n'aurais pas mieux fait de me lier d'amitié avec celui-là à la place.

Effrayant je sais.

Quoiqu'en même temps j'aurais pu lui expliquer le concept d'une bouteille à shampoing.

Slugorn passa entre les rangés et s'arrêta devant notre chaudron. J'élevai les yeux prête à recevoir n'importe qu'elle critique alors que Gil ne prit même pas la peine de prétendre travailler.

Il jeta un œil, plissa le nez et secoua la tête en silence avant de ne reprendre son observation ailleurs.

C'est simple, notre potion n'était même pas digne d'un commentaire, elle était aussi mauvaise.

Gil éclata de rire.

- C'est sûr que c'est marrant quand qu'on ne fait qu'observer, lançais-je d'un ton accusateur.

- Ah, ne m'accuse pas, c'est comme tu dis, je ne suis qu'un observateur, répondit-il amusé.

Si cette potion était un Felix Felicis, je jure que je l'enfoncerais au fond de ma gorge sans arrières pensées et lui balancerais mon chaudron au visage. Comme ça je parviendrais peut-être à m'en échapper.

Fidèle à moi-même, je me mise à regarder aux alentours en cherchant d'autres élèves dans une même situation. Mon regard s'arrêta sur Potter qui, en baillant, faisait quelques vas-et-viens avec sa baguette en direction de Rogue.

Mais qu'est-ce que… des tresses? Potter lui fait des tresses?

Je pouffai de rire en me couvrant la bouche, tentant de cacher mon esclaffement.

Gil, beaucoup plus préoccupé par les détails de sa baguette, ne remarqua rien.

J'ai peine à croire que je me laisse éclater de rire de la sorte alors que l'un des Maraudeurs en est la cause, mais je ne peux pas m'en empêcher.

- Si l'échec lamentable de votre potion vous amuse Cogswell, peut-être que des devoirs supplémentaires vous amuseront encore plus. Passez à mon bureau à la fin du cours, ajouta-t-il sans que je puisse répliquer.

Pourquoi rien que moi? De ce que j'en sais Gil est tout aussi coupable. Je me suis peut-être débrouillée seule depuis le départ, mais s'il avait pris la peine de bouger un muscle je suis certaines que nous serions arrivés à quelque chose. C'est vrai quoi, par faute de me répéter, il n'est vraiment pas aussi débile qu'il en a l'air. Cet abruti n'avait qu'à lever son petit doigt!

Le reste du cours passa très vite, sans doute parce que j'étais trop occupée à maudire Slugorn et Gil dans ma tête, mais je dois dire franchement que ce n'est que lorsque ce dernier me déposa entre les mains tout le travail que je me devais de faire que je me découvris un véritable talent dans le domaine. Mes chers parents seraient fiers, leur fille n'est finalement pas un échec de la nature! Que quelqu'un ne sorte le jus de citrouille alcoolisé, c'est de quoi célébrer!

Je commence à déraper. Je sais. Pour ma défense, je suis persuadée que n'importe qui aurait une réaction relativement pareille avec la même pile de devoirs entre les doigts. Si j'avais une vie sociale, je pourrais dire avec certitude qu'aujourd'hui aurait été le jour où elle aurait pris fin. Heureusement pour moi, je n'en ai pas. Je risque peut-être de perdre mon âme en chemin, ainsi que plusieurs autres choses, mais je sais au moins qu'une vie sociale ne fait pas partie de ces choses-là!

Très honnêtement, les seules personnes avec qui je crois bien avoir socialisé ces derniers temps doivent-être mes deux faux-amis, un colocataire de chambre sadique ainsi qu'une bande de…

Un instant.

Quand on y pense, ce n'est pas comme s'il avait spécifié qu'il me fallait tout faire par moi-même, si?

Mes lèvres s'élargirent afin de laisser place à un sourire mesquin.

Black!

Il est vrai que je m'étais promise de tout oublier, tout comprenant notre entente, sans parler des évènements de la dernière fois dans la bibliothèque, et de ne plus jamais, je dis bien jamais, avoir à lui adresser la parole, mais devais-je réellement me priver de l'opportunité de voir son visage se tordre à la vue de cette pile de devoirs, en sachant qu'il n'aura pas d'autre choix que de dire oui? Je ne crois pas!

. :.

- Hé Cogswell, tu marches comme une fille!

- Ta gueule!

Ainsi donc, à travers les murs de Poudlard commença un midi des plus ordinaires.

Non au fait, je n'ai pas normalement l'habitude de me faire insulter de la sorte. C'est vrai que l'on m'a fait quelques remarques dans le passé, parce que au fond, je n'ai pas exactement la démarche de disons, un mec sérieusement macho qui prend la peine d'espacer ses pieds en marchant et de délibérément incliner et remonter le dos au fur et à mesure qu'il avance. Je n'ai en fait, jamais vraiment réfléchis à ce genre de chose pour la simple et bonne raison que je n'en ai jamais vraiment eu la chance. C'est que, plus jeune, bien que je n'aie pas fais grands efforts pour cacher mon véritable sexe à l'époque, on me confondait tout de même pour un garçon à la place de la gamine que j'étais. Allez savoir pourquoi. Quand on vous offre un balai comme présent à Noël à la place de la poupée réaliste -qui était capable de changer la couleur de ses vêtements par elle-même, au fait- que vous ne cessiez pourtant de demander pendant au moins cinq années consécutives, on finit par se faire une idée. Il faut quand même dire que mon matériel de quidditch pour jeune garçon s'était accumulé au fond de ma garde-robe merveilleusement bien au fils des ans. C'est pourquoi, jusqu'à mes onze ans, je n'eus donc aucun besoin de jouer à prétendre avec tous ceux qui ne connaissaient rien du secret concernant ma véritable identité. On n'avait alors, jamais prit le temps de m'expliquer de qu'elle façon il me fallait marcher, parler, ou tout simplement agir.

Cela dit, jusqu'à maintenant, jusqu'à cette année catastrophique devrais-je plutôt dire, on ne m'avait que très rarement fait de remarques du genre, encore moins d'une telle méthode. C'est une première fois.

Et je dois dire que je le prends très bien.

Oui, bon, c'est vrai que le fait que Devon s'en soit mêlé aide un peu. Un peu beaucoup, d'accord.

- Déçu qu'il n'en soit pas une Mostawrd? répliqua Gil en se positionnant devant moi.

Carver Mostawrd –que je surnomme aussi moutarde pour des raisons évidentes, redressa sa robe de sorcier avec ce qu'il voulut sans doute être de la classe, mécontent, avant de s'enfuir à reculons sans me lâcher des yeux, un regard méchant dans l'œil.

- T'auras pas ces deux-là avec toi pour toujours Cogswell, lança-t-il avec une moue dégoutée, comme si une mauvaise odeur flottait dans l'air.

Tu parles. La seule chose qui flotte en ce moment ce sont leur égo à ces deux-là.

- Il lâchera vraiment pas le coup celui-là hein, commenta Gil en le regardant toujours de loin, bien trop fier de sa victoire.

- Quand même, commença Devon en se retournant les bras croisés sur son torse, c'est vrai que Cal…

- Si tu oses, mon vieux… répliquais-je en le regardant droit dans les yeux, les sourcils froncés et la tête relevée dû au fait qu'il était si grand.

Ce dernier pouffa de rire de sa voix grave.

- Quoi, tu vas envoyer Richard me ficher une raclée?

Je relevai le menton, légèrement offusquée tandis ce que Gil éclata de rire.

Je savais que je n'aurais jamais dû leur mentionner Richard. Richard est un noble elfe de maison qui ne mérite pas de se faire moquer de la sorte. Je crois que les elfes de maisons ne reçoivent pas assez de crédit dans ce monde et ça me peine beaucoup.

- Tu pourras t'arranger pour lire tes bouquins toi-même.

Je ne crois pas en choquer plus d'un en mentionnant sans doute pour la deuxième fois l'énorme paresse de mes deux amis ici présents. Lorsque je dis qu'ils n'arrivent même pas à lire un simple livre obligatoire à leurs cours, je ne plaisante pas. Bien sûr, tant qu'à m'avoir moi, autant s'en servir et me faire lire, juste pour que je leur résume à voix haute ce qui semble important. Franchement, je crois qu'une grande partie de leurs notes depuis la première année sont à mes propres mérites. Toujours est-il que cela ne fait pas de moi quelqu'un de spécialement intelligente, après tout, ça se saurait si j'avais l'intelligence d'Evans... Ce n'est simplement pas quelque chose de difficile. Il faut dire que si je n'arrivais pas à faire quelque chose d'aussi facile, je ne crois pas que je supporterais le coup. Il y a une différence entre se comparer à une surdouée et être une véritable tête d'os.

- C'est Mostawrd qui te fait te rebeller comme ça Cal, me demanda Gil sur le ton de la plaisanterie.

Je lève les yeux au ciel en soupirant comme jamais.

Je crois sérieusement que la seule raison pourquoi ces deux-là apprécient ma compagnie c'est pour se moquer de moi à chaque opportunité. Et des opportunités, il en a.

Prenons le cas Carver Mostawrd par exemple. Lui et moi nous connaissons depuis des années. Je pourrais même dire que nous étions amis, du moins, jusqu'au jour où il m'embrassa.

Si, si, j'ai bien dit embrassé.

Je ne saurais dire s'il avait réussi à percer mon secret –puisque, même si nos demeures avaient au moins un kilomètre de distance, nous étions tout de même voisins et amis depuis l'enfance, et donc, ensembles assez souvent-, ou simplement si c'est son genre de chose, mais le fait est qu'il avait eu la folle idée de m'embrasser sur les lèvres, comme ça, sans prévenir, alors que nous nous amusions à jouer aux aurores –assez ironique quand on y pense puisque l'histoire de sa famille n'est pas exactement remplie d'arcs en ciels et de rayons de soleil si vous voyez ce que je veux dire.

Bref, il m'avait embrassé. Je l'avais repoussé. Il avait été blessé et s'était juré de rendre ma vie un enfer, ce que je trouve sérieusement ridicule partant du fait qu'il n'avait que huit ans et que j'en avais sept. Mais en même temps, je crois qu'à force d'avoir accumulé et de s'être acharné de la sorte sans une seule réussite, ça n'aura pas exactement aidé à améliorer notre relation, quitte à l'empirer.

On ne le croirait peut-être pas parce que je me reconnais comme étant du type à paniquer pour un rien, mais je ne pense pas grand-chose de tout cela. Même s'il est un peu bizarre, Carver est purement inoffensif.

- Je ne vois vraiment pas le lien, répondis-je en continuant à avancer.

Je sursautai en silence en reconnaissant des rires derrière nous.

Ah…

J'ai beau avoir pris ma décision plus tôt, rien ne me disait qu'il allait accepter. Pas seulement ça, mais je n'ai pas du tout envie de lui adresser la parole présentement, encore moins lorsqu'il est en compagnie du reste des Maraudeurs.

Je repensai à la pile de Slugorn qui m'attendait et prit ma décision. C'est en trainant des pieds que je me mise à avancer en leur direction, laissant derrière deux Serpentards qui continuèrent leur chemin sans porter attention à mon absence.

Je n'eus même pas à signaler ma présence qu'un lourd silence s'installa au moment où je me positionnai devant ceux-ci pour leur bloquer le chemin avec une mine découragée. Chacun d'entre eux me dévisagèrent avec un regard bourré de jugement sans même tenter de le cacher. Un regard qui voulait dire, entre autre, qu'est-ce qu'il fait là, lui? J'avais l'impression d'avoir fait les premiers pas dans un champ de mine, il me fallait être très prudente avec mon choix de mots si je voulais obtenir quoi que ce soit de Sirius Black.

Le concerné sembla tomber malade en me voyant, ce dû être grave puisqu'il ne prit même pas la peine de dire quoi que ce soit. Ce fut son meilleur ami qui parla le premier.

- Qu'est-ce que tu veux Cogswell, commença-t-il en haussant un sourcil, t'es venu t'excuser c'est ça?

Pardon? M'excuser? Cet espèce de caf- Non, non, non. Prudente, sois prudente Cal. Prends une grande inspiration, voilà, comme ça.

- Si tu admets à haute voix que nous sommes énormes je suis prêt à considérer tes excuses, ajouta-t-il avec un sourire en coin, ignorant le soupire de Lupin.

- Je ne sais pas mentir Potter, lâchais-je avec une expression autant dégoutée et choqué.

Ironique, je sais.

Enfin bref. Choqué. Choquée par le fait que ce dernier venait d'admettre son narcissisme comme si de rien n'était. Comment James Patin s'était mis dans la tête qu'il était extraordinaire d'une quelconque façon me stupéfiait. Mais encore, il était un gryffondor, et si ces lions se permettaient de nous traiter de créatures machiavéliques, j'avais bien le droit de les traiter de prétentieux. Et puis d'ailleurs, avec les Maraudeurs comme idoles, ça n'aidait pas vraiment à améliorer leur image.

Il me fallut quand même quelques secondes pour digérer à quel point j'avais sous-estimé son arrogance. Si mes fichus travaux de potions n'étaient pas en jeux je jure que je me serais fait un plaisir de me moquer encore plus ouvertement.

Ou de trouver une réplique différente. Venant de quelqu'un qui passe sa scolarité à mentir, c'est assez faible quand même.

Remarquant que cette discussion n'allait nulle part, je me retournai en direction du concerné. C'est que je n'ai pas fait toute cette préparation mentale pour me mettre à faire la conversation avec James Potter.

- Black je…

Et il était partit.

Moi qui croyais que les lions étaient supposés être courageux.

Qu'il s'essaie, il m'a fait une promesse, et si une chose peut-être certaine, c'est que je ne ferai pas tout ce travail la toute seule.

Heeey non je n'ai pas abandonné cette fic! Ce chapitre-ci aurait dû être plus long mais je me suis dit que tant qu'à faire pourquoi pas. Je n'ai pas vraiment l'intention de faire ça souvent, mais quand même, juste pour savoir, dites le moi si vous préférez de longs chapitre ou juste quelque chose de ressemblant aux précédents. (Quoique ceux-là aussi ils sont pas mal courts haha)

J'espère que vous aimez!