WILD SLAVES
Chers lecteurs, cette fiction est en Stand-by. Je tenais à remercier les reviewers et les followers ainsi qu'à les en informer. Je n'abandonne pas l'idée de la continuer un jour (c'est pourquoi je ne la supprime pas) mais elle date (2013 !) et je n'écris, hélas, plus en français (l'anglais, ce fléau !).
J'espère vous croiser dans d'autres histoires, Nezumi.
Droits : les principaux personnages de cette fiction appartiennent à JK Rowling. Aucun profit n'est issu de cette mise en ligne si ce n'est celui de vous faire plaisir !
—1— Mister Fox
« Nobles gens et gentes dames, entama une voix, je vous souhaite la bienvenue au Solstice ! Approchez de la scène, venez, approchez ! Installez-vous confortablement ! Bientôt vous aurez le plaisi–r, continua t'elle en abusant de la voyelle, de découvrir les merveilles que je vous ai réservées. »
C'était un homme âgé d'une cinquantaine d'années tout au plus, vêtu d'un justaucorps noir et de longues bottes en cuir bien cirées qui venait de s'exprimer. Debout au devant d'une scène de faible envergure, il fixait de manière attentive —le fouet au poing— ses futurs acheteurs prendre place.
« Mister Fox » de son nom de scène, ne se lassait jamais de la tournure théâtrale que prenaient les choses en sa compagnie. Il aimait le faste et les faux-semblants, le personnage qu'il jouait chaque vendredi soir de dix-neuf heures pétantes à vingt-et-une heures sur la scène polishée du Solstice, un club privé de Londres. Parmi ses clients, bon nombre l'adoraient. Sans doute était-ce dû à son charme, pour le moins étrange, mais les autres, en revanche, le méprisaient. Notre cher Mister Fox n'était pas, en effet, un homme bienveillant. Le sadisme dont il faisait preuve sur scène et la cruauté avec laquelle il traitait ses « marchandises » faisaient aussi bien frissonner que trembler et, passé maître dans l'art du fouet, une prolifération de « dit-on » courrait à son sujet si bien que je vous en parlerais des heures si le train de l'histoire ne me rattrapait pas…
La scène éclairée à l'huile faisait face à l'obscurité de la salle située en contrebas. Seule la frêle lueur des chandeliers en argent disposés sur les nappes de velours rouge empêchait de plonger le tout dans le noir. Les murs sombres couverts de reps, les silences alternés de chuchotis et les regards luisants d'impatience des personnes qui s'y trouvaient conféraient à ce coffin une atmosphère lourde de mystères…
« Aujourd'hui ! » reprit Mister Fox d'un ton quasi-solennel, « Ce sont les plus beaux spécimens tout droit importés d'Afrique qui vous seront dévoilés. » De sa main libre gantée, il imita le geste que font les magiciens —ce genre de geste qui vous laisse croire à l'apparition imminente d'un objet inattendu— et enchaîna : « Attendez-vous au meilleur, dit-il d'un air énigmatique, car les produits que je rapporte de Gorée sont de première qualité ! Ils plairont aux plus fins connaisseurs et satisferont vos multiples envies ! Pour vous, insista-t-il légèrement, oui vous, plus fort, mes négriers ont bravé les eaux du Nouveau Monde, allant de Charybde en Sylla depuis notre beau Royaume qu'est l'Angleterre jusqu'en Afrique ! Portés par le tumulte de la mer— »
Entraîné dans un discours descriptif des plus enflammés, Mister Fox ne vit pas un jeune Lord bien connu de la sphère anglaise aristocratique faire son entrée. Il revêtait une chemise blanche aux manches ornées de galons ainsi qu'un gilet de soie gris argenté, rehaussé d'une veste de brocard noir. Le jabot blanc au devant de sa chemise soulignait la pâleur de sa peau. Pour ce qui était du bas, une culotte courte et des bas de soie parfaitement accordés accentuaient la finesse de ses jambes et ses chaussures vernies à l'extrême ponctuaient son raffinement. Enfin, les longs doigts gantés de blanc de l'aristocrate cernaient le pommeau circulaire d'une canne en ébène qui rythmait chacun de ses pas sur le sol et finissait l'ensemble avec élégance.
« Lord Malfoy, par ici je vous prie » convia respectueusement le valet qui l'accompagnait. Celui-ci indiquait, le bras tremblant et le buste penché, une table libre. L'aristocrate regarda un instant l'endroit désigné puis la forme flageolante de son valet. Il se délecta de son manque d'assurance, le rictus aux lèvres. Le jeune Lord ne pouvait d'ailleurs pas s'empêcher, dans ces moments là, d'en rajouter. « J'espère que ce choix est judicieux, Neville…» fit-il d'une voix froide et sarcastique.
Inquiet, le valet se redressa. Les perles de sueur qui s'étaient jusque là formées à la base de son cou glissèrent lentement le long de ses cervicales pour finir absorbées par le col de sa chemise, il était en nage. Ses yeux bleus emplis de doute et ses joues brûlantes d'embarras donnaient d'ailleurs une image assez réaliste de lui : c'était un jeune homme incertain. Pourtant, Neville Longbottom avait su faire preuve de courage à maintes reprises par le passé. Lors du Grand incendie de Londres par exemple, il n'avait pas hésité à plonger dans les flammes qui ravageaient l'aile ouest du manoir des Malfoy pour sauver un noble bulgare, alors en visite. Son acte de bravoure avait été récompensé de la manière la plus délicieuse qu'il soit et le jeune maître l'avait promu au rang de valet personnel.
C'est donc d'un pas hésitant et suivi de l'aristocrate que Neville se fraya un chemin jusqu'à la table. Les traits de son visage lunaire étaient crispés et ses mèches de cheveux couleur châtain, humides de transpiration.
Comme si cela ne suffisait pas, la tension déjà palpable dans l'air augmenta au cours de leur avancée. Peu à peu en effet les conversations autour d'eux s'affaissèrent pour ne plus laisser place qu'à un silence quasi-religieux. Nul n'ignorait les Malfoy et leurs armoiries : deux serpents et un bouclier. Cette famille aristocrate détenait l'une des plus grandes fortunes d'Europe et disposait d'un réseau relationnel plus que respectable. De part leur richesse et leur influence, les Malfoy étaient estimés des plus grands et redoutés de tous.
Le jeune Lord balaya du regard les silhouettes silencieuses tournées vers lui. Même Mister Fox, du haut de sa scène, s'était tu. Il faut dire que les moindres faits et gestes du jeune Lord avaient force de loi. Dans la finesse de ses traits résidait la rigueur et dans la pureté de ses yeux, la froideur. Ses cheveux longs, d'un blond argenté, lui conféraient un air angélique illusoire pour lequel bien des personnes s'étaient damnées et les mèches qui frôlaient son visage, libérées du catogan ornant ses cheveux, soulignaient son air noble.
Satisfait de l'emplacement choisi, Lord Malfoy prit place —au plus grand soulagement de Neville— et invita d'un léger signe de main l'assemblée qui le fixait à poursuivre ses activités. Il souriait tout en les méprisant.
Les conversations reprirent bon train et Mister Fox, de sa verve.
« Cette aisance à simuler est bien la seule chose que je ne sache faire, Draco. »
Surpris par tant d'audace et de familiarité, c'est pourtant le visage impassible que le jeune Lord se tourna vers la source de la voix. Toisant un instant l'étrangère du regard, ses traits s'adoucirent lorsqu'il reconnu son amie de longue date, la Duchesse de Buckingham. « Hermione, je ne m'attendais pas à vous voir ici, admit-il courtoisement.
— Je ne pouvais me dérober à cette vente…», expliqua la jeune femme d'un air las. « Elle alimente les conversations depuis des semaines, je me devais d'y assister afin d'éviter les soupçons.» continua-t-elle plus bas avec malice. Draco lui sourit d'un air complice et la pria de se joindre à lui, ce qu'elle accepta.
La Duchesse de Buckingham revêtait une robe en satin rouge, longue, bouffante au niveau des jambes, travaillée de perles et de rubans. Un corset serré au niveau de la taille, bordé de dentelle, surélevait ses seins et accentuait la finesse de ses courbes.
Neville, situé en retrait, la vit déposer une bourse de velours sur la surface de la table puis un éventail. Il ne put s'empêcher par la suite de l'observer du regard. Ses yeux remontèrent le long de ses bras minces à demi couverts de soie noire, puis se stoppèrent un court instant à la naissance de ses seins pour finir par errer sur la surface blanche de sa peau. La Duchesse de Buckingham était une femme belle et élégante.
Consciente d'être observée, Hermione se détourna un instant de la conversation entreprise avec le jeune Lord. Ses yeux d'un marron intense croisèrent alors ceux du valet qu'elle fixa d'un air espiègle. Gêné d'être ainsi pris la main dans le sac, Neville la dévisagea néanmoins —hypnotisé. Il observa ses fins sourcils bruns, nettement démarqués de son teint pâle, puis la droiture de son nez qui lui conférait un air mutin. Son regard s'aventura ensuite dans la chevelure domptée de la jeune femme que les flammes des bougies faisaient luire dans l'obscurité. Ses cheveux couleur auburn étaient retenus pour la plupart en un chignon sophistiqué alors que le reste dévalait jusqu'à la chute de ses reins en de belles torsades brunes. Le tout était orné d'un petit chapeau fait de plumes pourpres et de rubans noirs. La Duchesse de Buckingham était une femme désirable.
Soudainement, la voix de Mister Fox se fit plus forte : « Je vous demande maintenant toute votre attention Mesdames et Messieurs ! Les produits que vous avez tant attendus vont enfin vous être dévoilés…» révéla-t-il mystérieusement. L'on entendit un crissement métallique puis le claquement du fouet de Mister Fox. Placé de profil et l'œil fier, celui-ci désignait d'une main gantée la cage qui venait de faire irruption sur scène. Haute d'un mètre et demi environ, la prison de fer détenait un homme, ou plutôt un esclave, recroquevillé sur lui-même. Il était jeune, seize ans tout au plus, et portait un tissu rêche autour de la taille qui lui procurait un semblant de dignité. Effrayé, l'esclave scrutait avec frénésie les visages lubriques qui lui faisaient face. Les battements de son cœur résonnaient dans ses tempes et les jointures de ses doigts blanchissaient à mesure qu'il serrait les poings. Son corps tremblait de fatigue, de peur. Oppressé, il se mit à supplier ses bourreaux d'une voix rauque, les yeux embués de larmes.
Il suppliait pour sa liberté.
Le divertissement qu'offrait ainsi l'esclave à l'assemblée ne plut toutefois pas Mister Fox. Un tel comportement dévaluait, en effet, bien souvent le prix de la marchandise puisque rares étaient celles et ceux qui souhaitaient acquérir un bien faible. Claquant pour la seconde fois de la soirée son fouet sur le sol, il somma le prisonnier au silence et procéda à l'énumération de ses qualités. Les enchères débutèrent et ce fut finalement une femme de petite taille, potelée, et toute vêtue de rose qui en fit l'acquisition : « Adjugé vendu à Dame Ombrage » décréta Mister Fox, toutes dents dehors.
Plusieurs cages défilèrent ensuite devant l'assemblée. Le vieil homme incarna avec brio son rôle de commissaire priseur. Lui seul était le maître lors de ces soirées et chaque nouvelle prison de fer soulevait une vague de murmures. Cette veillée, tant attendue depuis des semaines dans les hautes sphères, battait son plein et l'exubérance que déployait Mister Fox sur scène était proportionnelle à son succès. Pourtant, deux personnes demeuraient en retrait de toute cette agitation. L'une d'entre-elles, écœurée l'autre, déçue des marchandises proposées. Les paroles prononcées par Mister Fox peu de temps avant la fin des enchères changèrent cependant la donne : « Les dernières cages qu'il me reste sont exclusives, vous en avez tous entendu parler. »
La salle s'était faite silencieuse, aux aguets.
De son air mystérieux, il reprit : « Nous atteignons ici le point culminant de ce long périple ! Quelles sont donc les pièces maîtresses que mes négriers vous ont rapportées…? Je vous demande d'accueillir, MESDAMES et MESSIEURS, la Tigresse d'Afrique ! »
Une cage plus imposante que les précédentes fut hissée sur scène aux côtés de Mister Fox. Un épais drap grisâtre en couvrait le contenu. Fébrile, le vieil homme empoigna de plus belle le manche en cuir de son fouet. Des frissons de plaisir parcouraient ses membres, sa petite mise en scène avait atteint l'effet escompté : la tension ambiante était à son paroxysme. D'un claquement de doigts sec, il ordonna que le contenu de la cage soit révélé et la bête fut exposée.