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Alors voilà.

L'idée de ce bonus m'est venue grâce à l'excellente fic « Harry Potter et les Méthodes de la Rationalité », écrite par LessWrong et traduite par AdrienH. Une fic que je recommande à tous ceux qui ont suivit des cours de philo un jour et/ou qui trouvent des TAS de trucs absurdes chez les sorciers…

Et Nathan est également un personnage important dans la suite du Parfum, un personnage qui mériterait d'être creusé. Car comment et pourquoi un Né-Moldu d'origine aussi basse qu'un orphelinat a pu être adopté par la famille Malefoy ?

Voici donc l'histoire de la scolarité de Nathan, un sorcier pas comme les autres…

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AVERTISSEMENT : le passage sur la Peau de Moke est complètement, totalement, définitivement plagié sur « Harry Potter et les Méthodes de la Rationalité ». Pas inspiré. Plagié, copié, en gros il ne m'appartient pas du tout, du premier au dernier mots (quoique les personnages de Simon, Nathan, Valerian et Cathy soient quand même à moi). Je sais. C'est mal. Mais l'auteur n'a toujours pas répondu à mon message. Et ce passage… Ce passage, je l'avoue, est mon préféré, il m'a fait hurler de rire et je voudrais tellement le partager avec vous, amis lecteurs…

Bref.

Vous avez peut-être remarqué que j'ai supprimé ce bonus, avant de le reposter. En effet, plusieurs autres passages étaient bien trop copiés sur « Les Méthodes de la Rationalité » pour que ça ne soit pas appelé du plagiat. Parlons de la discussion de Nathan avec le Choixpeau qui se met à philosopher… Je l'ai retirée et remplacée. Parlons des hurlements horrifiés de Nathan devant une transformation en Animagus, ou de sa réaction hébétée après coup… Je les ai modifiées eux aussi.

Je n'ai pas dans l'intention de m'approprier l'œuvre de LessWrong, donc gardez bien à l'esprit que si le côté "regardons la magie d'un œil scientifique et penchons-nous sur cette histoire pour voir à quel point ce monde est cinglé" vous fait rire ou vous intéresse, tout le crédit en revient à LessWrong et AdrienH. Sans la fic du premier et la traduction du second, Nathan ne serait jamais devenu ce qu'il est, et McGonagall aurait l'esprit beaucoup, beaucoup plus tranquille…

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Bonus 3

Nathan, génie

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Nathan Charles Aristide s'appelait ainsi parce que sa mère, avant de mourir des suites de son accouchement, avait choisit son premier prénom en l'honneur de sa religion (juive), et son deuxième prénom en l'honneur du père du petit (dont elle ne donna pas le nom de famille). Puis elle avait expiré, et comme c'était l'année des A pour les animaux de compagnie et que le service d'accouchement sous X trouvait ce système commode, une infirmière avait décrété que Aristide était un nom de famille correct.

Puis le bébé avait été dirigé vers un système d'adoption, avait trouvé une famille d'accueil, et y avait vécu jusqu'à l'âge de quatre ans. Cette année-là, ses parents adoptifs moururent dans un accident de voiture. Alors le petit Nathan fut trimballé de familles en familles, provoquant sur son passage d'étranges phénomènes quand il avait peur (c'est-à-dire souvent), jusqu'à atterrir dans un orphelinat à l'âge de cinq ans.

Il provoquait des accidents, et les gens l'évitaient comme la peste. Mais Nathan savait lire et les livres devinrent ses amis. D'abord les contes comme Le Petit Chaperon Rouge, puis les romans comme L'Odyssée, puis des ouvrages plus philosophiques comme l'Etranger, puis ce fut Règles Pour La Direction De l'Esprit. Comme la science lui paraissait être un véritable trésor à explorer, au même titre que la philosophie et la sociologie, (il avait alors huit ans), Nathan lut les manuels de mathématiques et de physique, puis de chimie et de biologie, et atteignit à dix ans et demi le niveau d'un excellent lycéen en filière scientifique. Avec option philo. Et probablement des cours du soir donnés par un doctorant logicien.

Il désespérait à l'idée de passer des années dans le collège public proche de son orphelinat. Il voulait être scientifique, découvrir de nouvelles étoiles, s'interroger sur l'existence de la réalité et notre perception de la conscience, démontrer l'existence de l'infinité d'un espace à quatre dimension…

Puis le professeur McGonagall vint. Elle discuta dix minutes avec le directeur de l'orphelinat, puis déclara à Nathan qu'il était déjà inscrit dans un collège et qu'elle lui en dirait plus s'il voulait bien l'accompagner dehors, et pourquoi ne pas faire l'achat de ses fournitures dans le même temps ?

Nathan apprit alors l'existence de ce qui est rationnellement, mathématiquement et physiquement impossible : la Magie.

A partir de là, tout bascula.

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Première année, Août.

– Donc je suis un sorcier, fit Nathan d'un air dubitatif.

McGonagall lui jeta un regard en coin. Celui-là allait être un difficile. Ils n'avaient pas fait trois pas dans la rue que le gamin commençait déjà à protester.

– Ce qui est impossible, continua le petit d'une voix posée. Vous avez parlé des accidents que, soi-disant, je déclenche : mais la probabilité pour, mettons, qu'un pot de fleurs tombe sur la tête du bouledogue qui me poursuit… Cette probabilité est peut-être faible, de l'ordre de la décimale peut-être, elle n'est pas nulle, et peut donc mathématiquement apparaitre… Ce n'est pas de la magie.

Non, Nathan ne protestait pas. Il démontrait. Il était rationnel. Tout était rationnel, il s'était imprégné de ça durant son enfance.

Le professeur émit un toussotement qui, Nathan l'aurait juré, dissimulait un rire.

– Et pourtant, vous faites réellement de la magie, Mr Aristide, et vous êtes réellement un sorcier. Il n'y a pas à débattre là-dessus.

– Pouvez-vous le prouver ? fit Nathan avec intérêt. Non parce qu'en fait, même si ça pourrait faire un débat génial où je pourrais faire s'affronter des thèses de philosophes et de physiciens, ce qui serai trop cool, il y a un moyen direct de vérifier une chose sans avoir à en discuter. C'est la méthode expérimentale. Prouvez-le, en gros.

– Quel genre de preuve conviendrait à votre expérience ? fit l'enseignante.

Et Nathan fut un peu vexé de voir qu'elle avait l'air de beaucoup s'amuser. Il plissa le front.

– Eh bien, pourriez-vous me faire léviter, par exemple ? Là, dans l'instant, sans possibilité de truquer le test ?

McGonagall hocha la tête, puis attira Nathan dans une petite ruelle déserte en expliquant :

– Par ici. Pas sous les yeux des Moldus.

C'était une petite impasse, sombre et pas très propre. La directrice de Poudlard agita vaguement sa baguette en direction de l'entrée de ladite impasse, et il y eut comme un vague miroitement de l'air dans cette direction, comme si une vitre était soudain apparue pour séparer la rue principale de la ruelle.

Puis elle se retourna vers Nathan.

– Vous êtes prêt ?

– Allez-y, fit le garçon d'une voix ferme en croisant les bras.

McGonagall agita sa baguette. Nathan se sentit soulevé du sol par une force invisible. Il regarda ses pieds, et constata qu'il flottait. Comme ça, dans les airs. Sans support visible.

– Uh.

Doucement, la directrice le reposa sur le sol, et Nathan se passa une main dans les cheveux d'un air perplexe. Il ne se sentait pas bouleversé comme il aurait dû l'être, ne se sentait pas ébahi, pétrifié, comme il pensait l'être. Ok, il s'était élevé dans les airs. Et après ?

– Ben… Normalement je devrais être sous le choc parce que, vous savez, la science et tout… Mais en fait, non, c'était un peu décevant. Sans vouloir vous vexer, vous savez faire quoi d'autre ?

L'enseignante se transforma en chat.

Cette fois Nathan fit un bond en arrière comme s'il avait été catapulté, le tout avec un couinement de souris. La sorcière se retransforma, ne cachant pas cette fois son sourire en coin.

– J'aurais peut-être dû vous prévenir…

– Vous vous êtes transformée en chat ! s'étrangla Nathan. Un PETIT chat ! Vous avez violé la Conservation de l'énergie ! Ce n'est pas qu'une règle arbitraire, ça contrarie toutes les règles de physique et même la simple logique ! Et les chats sont des créatures monstrueusement COMPLIQUÉS ! Un esprit humain ne peut pas visualiser l'anatomie entière d'un chat, et toute sa biochimie, ses muscles, ses organes, son cerveau, oh bon sang son cerveau, hein ! Qu'est-ce qu'il est de sa neurologie ? Comment pouvez-vous continuer à, à, à penser avec un cerveau de la taille de celui d'un chat ?

– C'est magique, sourit McGonagall.

Nathan se laissa tomber assis sur une poubelle, sans prendre garde à l'odeur. Bouchée bée, il regardait la sorcière qui lui faisait face. Son cerveau commençait à comprendre ce qui venait de se briser. Et c'était tellement dément qu'il se demandait vaguement s'il n'allait pas vomir une minute. Tout le concept d'un univers unifié par des lois mathématiques régulières et immuables venait d'être vaporisé. Et la physique ! Sa chère et logique physique, volatilisée elle aussi ! Toute cette science, toute cette connaissance acquise par l'humanité et voracement dévorée durant les onze années d'existences de Nathan, tout ça, renversé comme un jeu de quilles. Trois mille ans à résoudre des gros problèmes en les divisant en petits éléments, à découvrir que la musique des planètes avait la même mélodie qu'un pomme qui tombe, à comprendre que les vraies lois étaient totalement universelles, sans aucune exceptions, sans parler du fait que l'esprit c'était le cerveau et donc que le cerveau était une personne, et que le cerveau était fait de neurones qui avaient des synapses et…

Et qu'une femme venait de se transformer en chat.

– Ah ben punaise.

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Après Gringotts, où Nathan péjora sur le système financier des sorciers qui était franchement rustique par rapport à celui des Moldus (plusieurs Gobelins le regardèrent d'un sale œil) mais aussi carrément plus honnête, plus pratique, et oh-bon-sang-c'est-de-l'or-pur-ce-truc-?!, puis Ollivander où Nathan hérita d'une baguette de bois de hêtre à cœur de crin de licorne, McGonagall escorta le petit Nathan dans différents magasins.

Les chaudrons…

– Vous pensez réellement qu'un chaudron en étain est utile ? Vous savez que l'étain n'est que moyennement ductile, contrairement au bronze qui est…

– Mr Aristide, vous n'achèterez pas de chaudron en bronze.

– Bon.

Les ingrédients…

– Des quoi de quoi ?!

– Des testicules de crapaud, Mr Aristide, et ne prenez pas cet air choqué, c'est obligatoire. Un quart de livre.

– Ah, beurk, c'est dégueu… Dites-moi qu'il n'y a pas de trucs aussi spongieux dans la liste.

– Les foies de chauve-souris.

– … Vous êtes sérieuse ?

Les livres…

– Celui-là n'est pas obligatoire mais il a l'air passionnant…

– Non.

– Celui-là parle d'Histoire et je suis sans doute très en retard sur…

– Non.

– Et lui, il traite de Runes… C'est comme une langue étrangère n'est-ce pas ? Je dois apprendre les Runes, alors, et…

– Non.

Puis McGonagall soupira.

– Pas besoin de Choixpeau pour vous, Mr Aristide. Ce sera Serdaigle.

– … Hein ?

Les vêtements…

– Je vous laisse ici le temps que Mrs Guipure prenne vos mesures et vous fasse un uniforme, fit la directrice d'un air sévère. Ne semez pas le bazar.

– Comme si c'était mon style, marmonna Nathan.

L'enseignante lui jeta un dernier regard sévère, puis s'en alla. Un garçon d'à peu près l'âge de Nathan, qui se trouvait un peu plus loin sur un tabouret et dont deux assistantes s'occupaient, jeta un regard incrédule à Nathan :

– C'était la directrice de Poudlard ? McGonagall ?

– Ouais.

L'autre émit un sifflement impressionné, puis se hâta de demander :

– Comment tu t'appelles ? Tu dois être important si c'est elle ta tutrice.

– Nathan Aristide, fit le Né-Moldu un peu décontenancé. Et je ne suis pas important. Il paraît que Poudlard envoie un prof montrer le Chemin de Traverse à ceux qui ne connaissent pas la magie, c'est tout.

Le regard de l'autre se fit scrutateur.

– Tu es Né-Moldu alors… Un conseil, renseigne-toi vite sur notre monde. La situation est plutôt tendue en ce moment à cause de la guerre…

– Quelle guerre ?!

– La guerre des Ténèbres, elle a prit fin l'année dernière. C'est tout récent. Il paraît même qu'Harry Potter sera à Poudlard cette année… Enfin, bref, renseigne-toi pour ne pas faire d'impair.

Nathan hocha la tête, un peu inquiet. L'autre garçon, aux cheveux châtains et aux yeux couleur chocolat noir, lui adressa un sourire rassurant :

– T'inquiète, y a plus de danger maintenant. Au fait, moi c'est Valerian Barthemis.

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Première année, septembre.

– Aristide, Nathan !

Nathan inspira un grand coup, et posa le Choixpeau sur sa tête… Tout en pensant aussi fort qu'il ne pouvait :

« Ne me trie pas tout de suite ! J'ai des questions qu'il faut que je te pose ! Ai-je un parent sorcier ? Est-ce que Harry Potter a le potentiel pour devenir le nouveau Seigneur des Ténèbres et y a-t-il quelque chose à craindre de lui ? Est-ce que la logique scientifique basée sur la rationalité a déjà pénétré l'esprit d'au moins un seul sorcier ? Ce sont les questions les plus importantes, mais si tu as un moment de plus peux-tu me dire quelque chose sur la façon dont je pourrais redécouvrir les magies perdues qui t'ont créé ? »

Il y eut un silence dans l'esprit de Nathan… Puis une voix inconnue, à l'intonation soucieuse, s'éleva soudain.

"Oh là. Ça n'était jamais arrivé avant..."

« Quoi ? »

"Ton esprit est étrangement distordu."

Nathan n'aurait pas été plus vexé si le Choixpeau l'avait traité de débile mental, et sachant qu'il était génie et que ce bout de tissu lisait son esprit et donc parlait en toute connaissance de cause, il ne pouvait même pas faire la grâce de l'erreur à cet imbécile de vêtement.

"Tu as une loyauté sans faille de Poufsouffle et ton cœur est honnête, sans la moindre malice", continua pensivement le Choixpeau. "Tu as le dédain pour le danger d'un Gryffondor et tu es attiré par la gloire. Mais tu as aussi une véritable passion pour le savoir, un attrait pour la connaissance… Tellement Serdaigle que ça frise l'obsession du pouvoir d'un Serpentard."

« Mon esprit n'est PAS distordu ! » fut tout ce que Nathan outragé trouva à répondre.

"Bien sûr qu'il l'est. Un trait de caractère domine toujours dans un esprit : hors, dans ton cas, l'honnêteté, l'inconscience et la soif de savoir sont à égalité. Je ne peux te mettre ni à Poufsouffle, ni Gryffondor, ni à Serdaigle sans trahir les valeurs de deux de ces Maisons. Le seul choix logique est donc…"

« NON ! »

Le cri d'indignation mental de Nathan fut tel qu'il aurait juré avoir senti le Choixpeau sursauter sur son crâne, mais il l'ignora :

« Je dois aller à Serdaigle ! La Maison du savoir ! Des livres ! De la connaissance ! Je te promets de ne pas devenir un mage noir et de ne plus te poser des questions, mais mets-moi à Serdaigle ! »

Le Choixpeau resta silencieux un instant, puis poussa un soupir mental :

" Si c'est ce que tu souhaites. D'un autre côté, il vaut peut-être mieux. A Serpentard, tu aurais sans doute contribué à créer une génération entière de Lord Voldemort."

« Qu– ?! »

– SERDAIGLE !

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– Bon, fit Nathan d'un ton raisonnable. Encore deux tests et on arrête.

Contrairement à ce qui se passait à l'orphelinat, Nathan s'était fait des amis. Plus particulièrement, il était membre du groupe d'amis de Cathy, enfin plutôt de la cousine de Cathy, Alva, et ce groupe comprenait pas mal de pro-Sangs-Purs. Heureusement qu'il était bien intégré.

Enfin bref, parmi ce groupe se trouvait, outre des membres d'autres années (dont il empruntait les manuels de cours pour sa culture générale), un dénommé Simon, un Poufsouffle de leur année, qui avait une bourse en peau de Moke. Curieux, Nathan avait demandé à Simon de faire des tests dessus, et l'autre garçon s'était prêté au jeu volontiers.

Ça faisait une heure qu'ils étaient dans cette classe vide à faire leurs expériences, sous le regard amusé de Valerian, qui lisait un roman d'aventure, et celui blasé de Cathy, qui faisait ses devoirs.

– Dis "sac de l'élément 79". L'élément 79 est la particule d'or élémentaire, pour faire simple.

Simon obéit en plongeant sa main dans la bourse, et la ressortit vide. Nathan se gratta le crâne, puis ordonna :

– Dis "sac d'or" dans une autre langue.

– Sac de Zahav.

Cette fois, le sac d'or que Simon avait dans sa bourse en peau de Moke apparut dans sa main. Le Poufsouffle sortit le sac, puis le plongea à nouveau dans la bourse. Il sortit sa main, la remit à l'intérieur, et Nathan dit :

– Maintenant, "sac de gages d'échange économique."

Cette fois-ci sa main ressortit vide. Nathan plissa le nez, puis posa les yeux sur le Poufsouffle qui attendait l'instruction suivante :

– Simon, tu connais le japonais ?

L'autre secoua la tête, perplexe, et Nathan sourit :

– Super. Je vais te donner deux mots, un qui signifie Amour, et un qui signifie Or en japonais. Je ne te dirai pas lequel est lequel. Alors, d'abord Ai et ensuite Okane. Prêt ?

– Prêt. Sac d'Ai.

Vide.

– Sac d'Okane.

Le sac d'or apparut. Simon leva les yeux vers Nathan :

Okane veut dire or n'est-ce pas ?

Nathan hocha la tête, puis réfléchit aux données expérimentales recueillies. Bon, c'était carrément brut et préliminaire, mais il pouvait avoir au moins une conclusion certaine…

Aaaaaarrrgh ça n'a aucun sens !

Cathy émit un petit gloussement, Simon leva les yeux au ciel avec une expression blasée, et Valerian haussa les sourcils d'un air moqueur :

– Un problème avec la Science, Nat' ?

– Je viens de bousiller chacune des hypothèses que j'avais ! Comment la bourse peut-elle savoir que "sac de 115 Gallions" est valide, mais pas "sac de 90 plus 25 Gallions" ? Elle peut compter mais elle ne peut pas additionner ? Elle peut comprendre les noms, mais pas les syntagmes nominaux de même sens ? La personne qui l'a créée ne parlait probablement pas Hébreux et Simon ne parle pas Japonais, donc ça n'utilise pas son savoir ni le savoir de son propriétaire…

Nathan agita une main avec impuissance, avant de continuer en désignant la bourse avec hargne :

– Les règles paraissent en gros cohérentes mais elles ne veulent rien dire ! Et je ne vais même pas commencer à m'interroger sur la façon dont une bourse peut être équipée d'une reconnaissance vocale et d'une compréhension du langage naturel, alors qu'après trente-cinq ans de dur labeur les meilleurs programmeurs en Intelligence Artificielle ne peuvent faire réaliser cette prouesse aux superordinateurs les plus rapides !

Nathan reprit son souffle, puis fit d'un ton désespéré :

– Mais qu'est ce qui se passe ?

– Magie, firent les trois autres en cœur.

Nathan fixa les trois Sang-Purs (Valerian le Serpentard futé et blasé, Simon le Poufsouffle blagueur et teigneux, et Cathy la douce et fragile Serdaigle) d'un air accusateur, puis poussa un long soupir…

… Et contre toute attente, un grand sourire s'épanouit sur son visage.

– Oh, je vais carrément m'éclater dans ce monde.

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Première année, mai.

Alva, Draco (qui finalement s'était avéré être sympa même en sachant que Nathan était Né-Moldu), et quelques autres avaient plongé dans des souterrains maudits afin de sauver le monde, et en étaient ressortis (avec un mort, un blessé grave, un loup-garou et plusieurs traumatisés).

Ça faisait jaser toute l'école mais actuellement, ça semblait bien secondaire à Nathan.

Après avoir mangé (avec le Club) à la table des Gryffondors, par pure provocation bien sûr, il avait quitté la Grande Salle avec ses amis. Et, tandis qu'ils prenaient chacun le chemin de leurs salles communes, Nathan prenait son courage à deux mains et se rendait dans le bureau de la Directrice McGonagall.

Ce fut devant la gargouille qu'il se rendit compte que, comme il ne connaissait pas le mot de passe, il avait l'air d'un abruti.

Il ne pouvait pas avoir l'air d'un abruti.

Il avait lu Descartes et Douglas Hofstadter, il pouvait démontrer que le métissage du sang sorcier n'était pas une catastrophe grâce à la théorie de Mendel et donc que Lord Voldemort était un grand abruti sans nez, il connaissait vingt chiffres après la virgule de Pi, il avait dévoré Influence et Manipulation de Robert Cialdini et il pouvait pousser David Jarvis (le type le plus buté de sa connaissance) à se contredire trois fois en une seule phrase, il connaissait presque par cœur la carte du ciel, dans un avenir proche il allait mettre à mal les certitudes magiques grâce au théorème de Bayes, et il fallait que cette putain de gargouille–

– Mr Aristide ?

Nathan sursauta, et se retourna brusquement. Derrière lui se tenait la directrice McGonagall qui le regardait d'un air intrigué.

– Vous souhaitiez me parler ?

– Eh bien, je… Oui.

Cette demande était sérieuse et réfléchie. Et maintenant que l'agitation de… La nouvelle aventure de Potter semblait s'être dissipé, c'était le moment idéal pour la présenter.

La directrice sembla un peu perplexe, mais lui fit signe de la suivre. La gargouille s'écarta au mot de "Chartreux", et un interminable escalier en colimaçon les mena jusqu'à un bureau vaste, luxueux, et aux murs couverts de portraits de nobles sorciers. Nathan se dévissa le cou pour mieux voir Rogue, qui lui renvoya un regard noir…

McGonagall se racla la gorge.

– Mr Aristide. A propos de quoi souhaitiez-vous me voir ?

– Je souhaiterais…

Nathan s'interrompit, puis inspira un grand coup :

– Je souhaiterais passer les examens de deuxième année, professeur McGonagall.

– A la place de vos examens normaux ? s'étonna la directrice.

– Non. En plus. Je voudrais passer directement en troisième année.

Après un instant de totale stupéfaction, l'enseignante pinça les lèvres :

– Bien que j'admire votre amour du travail, vous ne…

– Professeur, la coupa Nathan. S'il-vous-plaît, laissez-moi vous expliquer.

Son estomac se serrait et il ne se sentait pas du tout courageux, et oh, comme il aurait aimé être un Gryffondor, mais non, il était à Serdaigle, et c'était justement pour ça qu'il devait lui dire…

– Je ne me sens pas à ma place en cours. J'ai lu toute la théorie et actuellement, dans certaines matières, je passe à la pratique du niveau de troisième année. Je combine l'approche magique avec l'approche scientifique et philosophique et parfois, lorsque j'essaie d'aider un camarade qui ne comprend pas l'exercice, j'ai l'impression de parler une autre langue. Je… Ne me prenait pas pour quelqu'un d'arrogant, professeur, mais je suis trop intelligent, professeur McGonagall.

Dans son tableau, Dumbledore haussa les sourcils, mais McGonagall resta impassible et Nathan continua, vidant son sac :

– Pas seulement par rapport à mon année. J'ai l'impression d'être un alien parfois. Les enfants normaux ne sont tout simplement pas dans la même catégorie que moi. Les adultes ne me respectent pas assez pour me parler. Et franchement, même si ils le faisaient, ils ne diraient pas des choses aussi intelligentes que Richard Feynman, donc il vaut mieux que je lise quelque chose écrit par Richard Feynman. Je ne me sens pas à ma place, je… Je suis isolé, professeur McGonagall. Exactement comme à l'orphelinat, et le fait que j'ai des amis ne change rien parce qu'il y a des choses dont je ne peux pas leur parler, comme le deuxième principe de la thermodynamique ou les articles de Daniel Kahneman… J'ai été isolé toute ma vie comme si j'avais une espèce de tare. Je voudrais juste… Voir si je peux être moins isolé si je me trouve au milieu de gens plus avancés.

Il y eut un silence.

– Laissez-le passer les examens, dit soudain Dumbledore.

– Professeur ! s'indigna McGonagall en se tournant vers lui.

Mais le tableau du sorcier posait sur Nathan un regard bienveillant et pétillant de curiosité, et Dumbledore esquissa un sourire tout en caressant sa barbe, les yeux rivés sur le petit Serdaigle.

– Laissez-le passer les examens, Minerva. Même moi je n'y suis pas arrivé.

Le professeur McGonagall soupira, puis posa un regard sévère sur Nathan.

– Très bien. Vous pourrez passer les examens réservés aux deuxièmes années. Mais cela ne signifie pas que vous changerez de classe, est-ce clair ?

C'était mieux que rien, alors Nathan acquiesça avec reconnaissance, et fila quand la directrice lui donna congé.

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Première année, juin.

Nathan passa les examens de première année, puis ceux de deuxième année. Il se mit à correspondre avec Draco Malefoy, avec qui il s'entait vraiment bien en fait, et à lire des livres sur la Magie Rouge offerts par Alva Netaniev. Il s'entendit avec Valerian pour passer les vacances chez lui, dans une famille de sorcier, et donc éviter de retourner à l'orphelinat.

Nathan commençait à conquérir le monde magique.

Et quand il reçut les résultats de ses exams, il ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire satisfait. Quelque part, McGonagall devait s'étrangler, et le tableau de Dumbledore devait faire la gueule…

Il n'avait aucune note inférieure à A.

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Deuxième année, novembre.

– Alors ça c'est… Carrément étrange.

Nathan repoussa le registre qu'il parcourait depuis plus d'une heure et se frotta les yeux. Il avait découvert au cours de l'été qu'il pouvait pratiquer la Magie Rouge, une habileté normalement réservé aux Sang-Purs et, dans une moindre mesure, aux Sang-Mêlés. Selon les registres, il n'y avait eu que trois Nés-Moldus adeptes de la Magie Rouge en Europe depuis Merlin.

Cathy, assise en face de lui, lui jeta un regard aigu :

– Parles-en à Alva. Ou à Draco.

– Je ne sais pas…

Nathan soupira, pensif. Draco était sympa, arrogant, rusé, intelligent, bref Nathan l'estimait beaucoup. Et il voulait croire que Draco l'estimait aussi. L'héritier Malefoy lui écrivait presque tous les jours, et il semblait admirer ses progrès, ses facilités dans presque toutes les matières, et les théories qu'il échafaudait.

Draco était un peu l'image idéalisée que Nathan se serait faite d'un frère. Ok, il n'était pas protecteur, patient ou excessivement affectueux, mais Nathan ne voulait pas d'un frère comme ça, comme dans les livres. Nathan était différent, et s'il avait eu un frère, il l'aurait voulu avec une intelligence aiguisé, un sens de l'humour mordant, une grande culture, et d'infinies possibilités d'avenir. Comme Draco, quoi.

– Tu seras loin de baisser dans son estime si tu le lui dis, fit remarquer Cathy. La magie Rouge est un talent excessivement rare. A ma connaissance, seule Alva la pratique.

– Ce n'est pas ça le problème ! se récria Nathan. Draco… Draco m'aime bien à cause de mon esprit, de ma pensée, de mes raisonnements, à cause de choses purement conceptuelles. Mon sang et mon habileté à la magie n'entrent pas dans l'équation. Mais si soudain, j'introduisais ces nouveaux paramètres, qu'est-ce qui se passerait ? Est-ce que tout se casserait la figure ? C'est comme, tu vois… L'eau, c'est stable, mais si tu y jette un morceau de sodium métallique, ça explose. Alors mieux vaut garder l'eau.

Cathy le regardait d'un air grave. Elle posa son livre –sans oublier de marquer la page–, et dit brusquement :

– Nathan, ce n'est pas juste à propos de toi. La magie rouge affecte le sang. Et je sais que ta science te donne l'impression d'être au-dessus de tout le monde, mais…

– C'est pas vrai !

– Bien sûr que si, c'est pour ça que tu passes ta vie collé à Paloma Cyane, la surdouée de troisième année. Mais on s'en fiche. La magie rouge affecte le sang et si tu n'as pas de mentor, un jour tu feras une erreur. Il y a bien des erreurs, parfois, dans les expériences ? Des chaudrons… Euh, des éprouvettes qui se détériorent, des potions qui se désagrègent, il y en a, dans la science ?

Muet, Nathan hocha la tête, et la voix de la timide Cathy se durcit :

– Eh bien là, l'éprouvette c'est ton corps, et la potion c'est ton sang. Parles-en à Draco ou Alva. Ne gère pas ça tout seul. Tu as douze ans : tu ne peux pas jouer avec la magie Rouge comme ça. C'est dangereux.

Nathan resta muet un instant. Puis, finalement, avec hésitation, il hocha la tête.

– Bon. D'accord, je lui dirais.

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Deuxième année, mai.

Les derniers mois avaient été mouvementés.

Nathan avait passé les vacances de Noël au manoir Malefoy, avec Draco, sa mère, Alva et Cathy. Il s'y était sentit bizarrement à sa place. Parler de théories comportementalistes et d'études sociologiques avec Draco, de magie Rouge avec Alva, d'art et de philosophie avec Narcissa… Le "clan Malefoy" ne voyait pas Nathan comme un alien à cause de ses raisonnements, ou comme une vermine à cause de son sang. Ils le voyaient comme un ami, un frère, un complice, et ils le voyaient comme un génie.

– Tu me passes le jus de citrouille ? fit Paloma Cyane à côté de lui.

D'un geste absent, Nathan lui passa la carafe, tout en continuant à fixer le parchemin vierge sur lequel il s'apprêtait à écrire sa lettre quotidienne à Draco Malefoy. Assis en face de lui, David Jarvis et Astoria Greengrass (septième année, Poufsouffle et Serpentard, le couple le plus improbable de Poudlard), étaient en train d'évacuer la pile de courrier de « fans » adressée à Nathan.

Eh oui. Depuis que Nathan avait montré qu'il savait utiliser la magie Rouge – avec une facilité naturelle qui avait mis Alva de mauvaise humeur pendant une semaine–, il semblait que les gens le considèrent différemment. Visiblement la magie Rouge indiquait la pureté du sang, dans la pensée rétrograde des sorciers anglais (ou la puissance du sang, dans la pensée Russe).

En gros, Nathan allait être le fondateur d'une grande lignée de Sang-Purs surpuissants, et comme il était également "aussi intelligent que Dumbledore" (d'après Flitwick, qui l'avait répété à tout le monde)… Nathan Aristide était le futur maître du monde.

Depuis la rentrée de janvier, il avait reçu beaucoup plus de courrier.

Il y avait là des questions de Langue-de-Plomb (l'équivalent des chercheurs ou des services secrets, la limite n'était pas très nette d'après ce que Nathan savait) sur la façon dont sa magie se manifestait. Il y avait également des lettres de supposés experts qui lui demandaient son arbre généalogique pour pouvoir démontrer que Nathan n'était pas Né-Moldu. D'autres experts disaient que e que Nathan faisait n'était pas de la magie Rouge…

Des théoriciens voulaient qu'il leur envoie des réponses à leurs questions sur son rapport à la magie. Des journalistes voulaient l'interviewer. Plusieurs personnalités voulaient le parrainer quand il entrerait dans une faculté. Et McGonagall venait de le faire passer dans la classe de troisième année, au mois de mars, donc il y avait aussi des lettres de Sang-Purs indignés de la faveur faite à un Né-Moldu.

Nathan ne répondait à aucune de ces lettres, jamais.

– Celle-là est de Narcissa Malefoy, dit soudain David.

Il tendit la lourde et épaisse enveloppe à Nathan, qui s'en saisit par automatisme, et l'ouvrit sans tarder. Il en tira une lettre, mais aussi une autre enveloppe, qui devait sans doute contenir beaucoup de papiers.

La lettre disait :

Cher Nathan,

Je sais que tu en as discuté avec Draco et Alva, qui ont eux-mêmes plaidé ta cause. N'y voyant aucune objection, et admettant m'être sincèrement attachée à toi, j'ai accepté la requête de mon fils. La décision, cependant, t'appartient.

Désirerais-tu être adopté par la famille Malefoy ?

Nathan s'étrangla avec son thé. Tandis que Cathy lui tapait dans le dos (et fusillait du regard Paloma quand elle avait esquissé le même geste), il poursuivait sa lecture en toussant.

Ci-joint les dossiers nécessaires à l'adoption Moldue. J'ai également l'accord de ton orphelinat. Prends ton temps pour y penser, il ne s'agit pas d'une décision à prendre à la légère. La famille Malefoy traverse une période trouble et je ne saurais te reprocher de chercher la sécurité.

Bien à toi,

N. M.

Nathan replia la lettre et la rangea dans l'enveloppe, sous le choc. Bien sûr, il avait parlé d'adoption avec Draco, et Alva, mais aussi Valerian et même Simon. Valerian avait été le premier à proposé qu'une famille sorcière (la sienne en l'occurrence) l'adopte. Mais les parents de Val' avaient deux enfants, un métier d'Auror très risqué, une situation financière stable mais qu'il valait mieux ne pas bousculer, et finalement, ça n'avait été qu'une idée en l'air, et Nathan y avait renoncé.

Mais Alva, aux dernières vacances, avait mis les pieds dans le plat et avait demandé à Nathan s'il serait heureux dans une vraie famille de sorcier. Et Draco, après un temps de surprise, s'était enthousiasmé comme un gamin, appelant Nathan son "génie de petit frère", et ça avait donné à Nathan assez de souvenirs heureux pour une demi-douzaine de Patronus, mais c'était trop beau pour être vrai, c'était…

Nathan se leva brusquement.

– Où tu vas ? s'inquiéta Valerian depuis sa place.

– Répondre.

– Je pensais que tu réfléchissais justement à ta réponse…

– J'ai fini de réfléchir. La décision est évidente.

.

Deuxième année, juin.

Nathan passa les examens de deuxième et de troisième année, et cette fois, McGonagall lui dit qu'il serait admit directement en quatrième année et qu'il n'aurait plus à passer deux sessions.

Puis le gamin passa les vacances d'été chez les Malefoy. Adopté aux yeux des Moldus, il ne l'était pourtant pas aux yeux des sorciers : il fallait passer par tout un rituel pour ça, et Alva (qui fourrait décidément son nez partout) avait déclaré qu'il serait bon qu'il y ait un échange de sang afin d'inclure de la magie Rouge dans le contrat d'adoption.

Le clan Malefoy passa donc une grande partie de l'été à préparer la bombe qu'ils allaient lâcher sur le monde sorcier, tandis que Nathan lisait le volume deux du Cours de Physique de Feynman, ainsi que quelques œuvres sur le régime nazi et le communisme (puisque la période de la Terreur de Grindelwald serait au programme de quatrième année, il se renseignait sur ce qui s'était passé du côté Moldu à ce niveau-là).

En août, Nathan et Alva se rendirent en Russie, à un congrès sur la magie Rouge. Grâce à des sorts traducteurs, Nathan ne s'y perdit pas. Et l'apparition d'un petit Né-Moldu de douze ans aussi doué qu'une Sang-Pur expérimentée de dix-neuf ans… Ça fit un certain tollé.

Nathan adorait ça.

.

.

Troisième, enfin, quatrième année, Septembre.

– Tu vas faire quoi ? s'étouffa Paloma.

– Être adopté par Narcissa Malefoy, fit placidement Nathan.

Ça faisait la une du journal que Paloma lui agitait devant les yeux. La Grande Salle bruissait de murmures, qui enflèrent et devinrent des exclamations, des protestations, des interrogations. Le Club resserra ses rangs autour de Nathan (qui, bizarrement, était considéré comme le nouveau leader depuis le départ de David), tandis que le garçon continuait à manger ses céréales.

Cathy lui donna un coup de coude joyeux :

– Tu vas être mon beau-frère, donc !

Ça se tenait, vu que Cathy était la cousine d'Alva et qu'Alva sortait avec Draco depuis mai dernier. Nathan esquissa un sourire réjoui… Qui s'estompa bien vite quand il entendit Bernard Bluesky (Gryffondor, quatre ans de plus que lui) lancer que personne n'autoriserait une lignée de Sang-Purs, même aussi controversée que celle des Malefoy, à faire un suicide pareil de sa noblesse.

– Attend deux minutes, fit calmement Valerian en se levant. Je vais lui coller une tarte et je reviens.

Paloma ne put s'empêcher de glousser. Et Nathan, dissimulant sa nervosité, continua à manger tout en jetant un coup d'œil à son emploi du temps.

Avec toutes les options qu'il avait prises, heureusement que la directrice McGonagall lui avait donné un Retourneur de Temps… S'il décalait chaque jour l'heure de son coucher de trois heures, alors il ferait des journées de vingt-sept heures, ce qui lui laisserait le temps de suivre le programme normal de quatrième année, tout en suivant les cours de Runes, d'Arithmancie et (module qui n'était proposé que depuis cette année) d'Histoire Moldue. Il réfléchissait également au moyen de craquer les protections de la Section Interdite de la bibliothèque. Et bien sûr, il aurait toujours le temps de lire ses revues scientifiques, dévorer quelques ouvrages de philosophies, et faire ses expériences dans le labo que Slughorn lui prêtait cette année. Et pour écrire pour Théories et Découvertes, un journal magique scientifique qui avait déjà accepté deux de ses articles sous le pseudonyme de N.A.M.

– Tu me manques en classe, soupira Cathy.

Elle était en troisième année, l'année où Nathan aurait dû se trouver s'il n'avait pas décidé de faire éclater son génie. Son meilleur ami haussa les épaules, et lui adressa un sourire réconfortant :

– Tu seras toujours ma rouquine préférée.

Cathy gloussa. Paloma pinça les lèvres, et se servit en lait chaud d'un geste brusque. Et Nathan, bien sûr, ne vit rien.

.

Quatrième année, janvier.

– Mais c'est quoi leur problème ? désespéra Nathan.

Cathy avait clairement pris de l'assurance depuis la nouvelle de l'adoption de Nathan (qui n'était encore qu'une demande d'adoption). En fait, Nathan aurait préféré qu'elle ne prenne moins. Maintenant Cathy et Paloma s'étaient disputées dans un couloir, s'étaient battues, et mutuellement envoyées à l'infirmerie.

Simon et Valerian, qui attendaient avec Nathan à la porte du domaine de Pomfresh, levèrent les yeux au ciel.

– T'es pas un malin, toi, marmonna le Poufsouffle.

– Mais quoi ?

– Laisse tomber, soupira Valerian.

Nathan laissa tomber. Au bout d'un moment de silence, cependant, il ne put s'empêcher de revenir à ce qu'il faisait avant que Valerian ne lui dise que Cathy était à l'infirmerie…

– Vous savez, je crois que j'ai compris une des facettes primordiales des Potions.

– Oh, non, pitié.

– Quoi, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi vos sortilèges anti-boutons prenaient de votre énergie, alors que les potions anti-boutons sont quinze fois plus efficaces et ne vous prennent pas d'énergie ?

Il y eut un silence, puis Nathan s'exclama avec enthousiasme :

– Les Potions sont la seule matière enseignée à Poudlard qui ne viole pas les règles de la Conservation d'énergie ! La fabrication de potions ne crée pas de magie, elle préserve la magie, et c'est pour cela que chaque potion a besoin d'au moins un ingrédient magique. Et en suivant des instructions comme "remuez quatre fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et une fois dans le sens des aiguilles d'une montre", on jette un genre de sortilège qui remodèle probablement la magie des ingrédients…

En voyant l'air perdu de ses deux amis, Nathan fit une pause, puis donna un exemple d'un ton patient :

– Ça doit par exemple délier leur forme physique afin que des ingrédients tels que les aiguilles de porc-épic se dissolvent en un liquide buvable. Un Moldu n'obtiendrait rien d'autre qu'un fatras épineux en suivant exactement la même recette.

– Ah, fit Simon parce qu'il ne voyait pas quoi dire d'autre.

– Voilà ce qu'est vraiment la préparation de potions ! continua Nathan d'un ton exalté. C'est l'art de transformer des essences magiques préexistantes. C'était pour ça qu'on était un peu fatigué après le cours de potions, mais pas trop : parce qu'on ne donnait pas soi-même de pouvoir aux potions, on ne faisait que remodeler la magie déjà présente.

Il s'accorda un instant pour reprendre son souffle, et la porte de l'infirmerie s'ouvrit pour laisser apparaitre le visage de Mrs Pomfresh. Oubliant sur-le-champ potions et magie, Nathan la bouscula presque pour se ruer dans l'infirmerie.

– Cathy ?

Restés derrière, Valerian et Simon échangèrent un regard blasé.

.

.

Cinquième année, janvier.

– ÇA Y EST, punaise, Nathan, j'y crois pas, TU L'AS FAIT !

Et Nathan eut à peine le temps de descendre du Poudlard Express qu'il se retrouva engloutit par l'embrassade du Club, depuis Valerian, son meilleur ami de quatrième année et plus ancien membre du Club à Poudlard, à César Lantulis, un première année de Serpentard que Nathan connaissait à peine.

C'était la rentrée d'après les vacances de Noël. Et, durant lesdites vacances, Nathan Charles Aristide-Malefoy avait officiellement été adopté par la famille Malefoy, avec le soutien d'Harry Potter et le parrainage de la famille Barthemis.

Deux semaines, ça avait été dans les gros titres des journaux. Deux semaines. Alors que tout ce que Nathan avait fait, ça avait été de dire quelques mots, signer quatre papiers, et échanger son sang avec Narcissa et Draco Malefoy par le biais d'un sortilège.

– On fête ça chez les Gryffondor ? proposa un métis aux cheveux ébouriffés.

Il y avait à présent tant de gens dans le Club, ou qui gravitait autour, que Nathan en perdait parfois le compte. Certes, tout le monde le voyait comme le leader, mais c'était davantage le charismatique Valerian ou la compréhensive Cathy qui prenaient en main les affaires quand il y avait un problème. Nathan mit quelques secondes à identifier chacune des personnes qui l'entouraient.

– Euh, ouais, si vous voulez…

– Cool ! Diregrey a du Whisky Pur-Feu !

Alors que tout le monde poussait des rugissements enthousiasmés, Nathan se pencha à l'oreille de Cathy et chuchota :

– Et c'est pas tout. Je te raconterais la suite plus tard avec les autres.

Les autres, c'était bien sûr Simon et Valerian. Club ou pas, c'était eux les meilleurs amis de Nathan.

.

– Tu as été… Quoi.

L'air interloqué de Valerian et Simon fit bien rire Cathy, mais Nathan garda son sérieux.

– J'ai été admis, sitôt mes ASPICS passés, à un stage au Ministère. Département des Mystères plus précisément, et dans une branche pas si mystérieuse que ça puisqu'il s'agit du Bureau de la Physique. Quoique, Physique est un peu réducteur parce que…

– Je n'ai jamais entendu parler de ce Bureau, fit Cathy avec curiosité.

– Il a été créé il y a six ans à peu près, mais il a été fermé durant l'année des Ténèbres, alors…

– Et il fait quoi, ce bureau ? le coupa Simon.

– C'est pas important, glapit Valerian. Nathan, tu as été admis à un boulot au Ministère ! Même pas un stage, un boulot ! Et au Département des Mystères ! Alors que tu n'as que quatorze ans ! Est-ce que tu réalise à quel point c'est surréaliste ? Même Harry Potter n'a pas eu cette offre alors qu'il a tué un mage noir alors qu'il portait encore des couches !

Nathan leva doctement un doigt :

– Harry Potter représentait une menace politique car il est un symbole. Moi pas.

Deuxième doigt :

– Harry Potter, même s'il est relativement doué et qu'il a battu Voldemort, reste un sorcier de niveau moyen et d'intelligence assez médiocre. Moi pas.

Troisième doigt :

– Harry Potter n'a aucune notion de physique quantique ni de chimie ni de rien du tout de scientifique, je suis sûr qu'il ne sait même pas quand est né Isaac Newton. Harry Potter n'a pas sauté une année, n'a pas été accepté comme utilisateur de magie Rouge par des sorciers Russes puristes, et Harry Potter n'a pas publié quatre articles dans le journal Théories et Découvertes. Moi, si.

Il y eu un silence, puis Valerian dit d'un ton méfiant :

– Il fait quoi, ce Bureau ?

Nathan lui retourna un sourire éclatant, excessivement fier de lui :

– Il étudie la magie d'un point de vue mécanique et biologique.

– … Hein ?

.

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Sixième année, décembre.

– Je le sens pas, en fait, je crois…

– Non ! tempêta Simon. Tu es amoureux de Cathy, alors tu vas la voir et lui faire ta déclaration. C'est un ordre.

Nathan, qui avait les genoux en gelée et les mains moites, avait l'impression qu'il allait rendre son petit-déjeuner tellement il était nerveux. Debout à l'entrée de la Grande Salle, il attendait que Cathy en sorte pour l'apostropher et lui demander de sortir avec lui, mais il avait tellement la trouille…

Il lui avait fallut des mois pour réaliser pourquoi il rougissait, bégayait, se vantait et plaisantait dès que la jolie rousse était dans le coin. Il lui avait aussi fallu un certain temps avant d'oser le dire à quelqu'un. Son choix s'était porté sur Simon.

En fait, ce n'était pas tellement un choix. Il avait trouvé Simon en train de pleurer dans les toilettes. C'était ce genre de moment où les mecs se réconfortent et se disent des choses parfois très intimes, comme marque de confiance, et n'en reparlent jamais après coup (alors que deux filles se seraient contentées d'un câlin de réconfort).

Simon avait avoué qu'il était amoureux d'un garçon. Nathan avait avoué qu'il était amoureux de sa meilleure amie.

Et ils en étaient là.

Soudain, Nathan vit que Cathy se levait de table. Elle ne les avait pas vus (ils étaient dans l'ombre) mais elle ne dirigeait clairement vers Simon et Nathan, vers la sortie. Nathan inspira à fond, cherchant désespérément à rassembler son courage… Et échoua lamentablement.

– Je blaguais ! dit-il très vite et très nerveusement en regardant autour de lui. Je ne suis pas amoureux d'elle, ah ah, tu m'as cru ! Quelle super-blague dont on ne reparlera jamais !

Et il s'enfuit en courant comme un dératé, sous le regard un peu surpris de Cathy, et celui totalement désespéré de Simon. Valerian, à la table des Serpentard, s'étouffait de rire avec son porridge. Il l'avouerait plus tard, mais il savait ce qui se tramait depuis au moins quatre ans…

.

Sixième année, juillet.

– Nathan, une seconde, je voudrais te parler.

Le jeune Serdaigle s'immobilisa dans l'encadrement de la porte-fenêtre, tandis qu'Alva le rejoignait à grands pas. Ensemble, ils quittèrent la grande salle bruyante et chaleureuse, et se sortirent prendre l'air dans le parc du manoir.

C'était la fête au manoir Malefoy : on fêtait l'anniversaire de Jack Sloper, et tous les anciens du Club étaient là. Ainsi que quelques autres, comme Ron Weasley et Hermione Granger, Paloma Cyane et son petit copain Aurélien Bluesky, Harry Potter…

– Tu évites Cathy depuis des mois, elle me l'a écrit dans ses lettres, dit brusquement Alva.

Nathan faillit tomber la tête première dans un massif de bégonias. Alva le rattrapa de justesse. Elle avait une poigne d'acier, pour une fille aussi mince.

– Je, euh…

Très éloquent, ironisa mentalement Nathan. Alva le regardait toujours, impassible. Finalement, elle lâcha :

– Cathy t'aime énormément. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

Muet, Nathan hocha la tête avec l'impression qu'il allait se liquéfier sur place. Alva, dans la pénombre du parc éclairé par la lune, avait l'air assez effrayante.

– Tu sais que tu n'as pas intérêt à lui faire le moindre mal, dit la Russe d'une voix lente et froide. Sinon, je sortirais chacun des organes de ton corps par ton nez, avant de te les faire manger. C'est clair ?

– Oui, couina Nathan.

– Bon. Alors je t'informe qu'elle se rend malade à force de se demander si elle a fait quelque chose de mal. Tu as vraiment intérêt à résoudre ça vite.

Nathan hésita :

– Je ne sais pas si j'ai le courage…

– Et bien, tu vas l'acquérir, fit Alva d'un air légèrement menaçant.

– Ok, dit précipitamment Nathan. Acquisition courage.

Et il détala en direction de la fête. Cathy se tenait dans l'embrasure de la porte fenêtre qu'il avait franchit deux minutes plus tôt, et sondait du regard le parc. Elle le cherchait, réalisa le Serdaigle.

– Nathan ? sourit-elle en le voyant revenir. Je me demandais…

Nathan ne le laissait pas finir. Alva lui avait flanqué la frousse et là, à l'instant, il se sentait exceptionnellement courageux. C'était un sentiment dont il fallait profiter, avant que la partie Gryffondor de son cerveau ne se rendorme et que son côté trouillard ne reprenne le dessus…

– Cathy, je suis un crétin fini, je suis désolé de t'avoir fui cette année, mais j'étais inquiet et je paniquais et…

Woah, on n'était pas sorti de l'auberge… Nathan coupa court, inspira, expira, et conclut à toute allure, sachant que son visage était à peu près aussi rouge qu'une bannière de Gryffondor :

– Je suis amoureux de toi et tu as le droit de me frapper parce que je t'ai évité tout ce temps.

Cathy resta immobile, ses beaux yeux verts écarquillés. Puis elle jeta un furtif coup d'œil autour d'elle, avant de se retourner vers Nathan. Et là, elle dit d'un air effronté qu'il ne lui connaissait pas, mais qu'il adora immédiatement…

– Tu es pardonné si tu m'embrasses. Et que tu me fais danser.

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Septième année, octobre.

– Je ne vois pas l'intérêt, Mr Aristide, claqua la voix du professeur McGonagall.

– Je pense que si, fit Nathan d'une voix raisonnable. Mais vous craignez l'opposition du conseil d'administration et du Ministère, ce qui est compréhensible.

Le reste du groupe d'élèves de septièmes années, qui avait accepté de suivre Nathan afin de défendre son projet, réprima quelques sourires.

– Vous me demandez de mettre en place un classe de Magie Noire…. commença la Directrice d'un ton outragé.

– Pas vraiment, la coupa Nathan. Il s'agirait d'une huitième année, une classe préparatoire qui se perfectionnerait avant de quitter Poudlard. Le niveau des ASPICS est correct mais ce n'est rien comparé à ce que demandent certaines grandes écoles…

– Et l'enseignement en classe préparatoire impliquerait des sorts interdits ? martela McGonagall. Mr Aristide, êtes-vous bien conscient ce de que vous demandez ?!

– Oui. Mais cette classe ne concernerait qu'une douzaine d'élèves par ans, et uniquement dans les matières principales : Métamorphose, Potions, Botanique, Sortilèges. Cela inclus évidemment l'apprentissage de sorts interdits aux plus jeunes, de potions pas très recommandables, et l'étude des résultats de chercheurs controversés…

– Aucun de nos élèves n'a eu besoin de l'aide de Poudlard pour accéder à une quelconque école, dit sèchement la directrice.

– Parce que les élèves qui veulent y entrer trouvent des alternatives ! Je me suis renseigné auprès de mes amis. Ceux qui veulent entrer au CEFAMO ou à InterSor doivent souvent passer leur été à apprendre comme des malades auprès de maîtres –Langues-de-Plombs, Aurors retraités, amis de la famille– qui leur demandent souvent un paiement en contrepartie ! Il n'est pas juste que les élèves doivent payer pour apprendre, dans un contexte non-sécurisé et de la part d'enseignants discutables, des choses qui leur sont nécessaire s'ils veulent mettre à profit leur intelligence… N'est-ce pas le rôle des professeurs de Poudlard de veiller sur la sécurité et l'apprentissage des jeunes sorciers ? Est-ce que vraiment, les professeurs pourraient refuser d'enseigner des choses réellement élaborées à un petit groupe d'élèves intelligents et sincèrement motivés ?

Il y eut un silence assez impressionnant. Puis Paloma dit d'un ton grave :

– J'ai envie d'applaudir.

McGonagall soupira, et Nathan sut que la partie était gagnée. Il tira de sa poche une épaisse enveloppe, contenant toute ses suggestions, et la posa sur le bureau de la directrice.

– Bien sûr, je ne vous demande pas de la mettre en place pour cette année ou l'année prochaine. Il faudra convaincre le Magenmagot, et les craintes de Fudge sur une armée de Poudlard trouvent toujours des échos dans les esprits de ceux qui siègent là-bas, et vous aurez du mal à défier leur autorité…

La directrice sembla se gonfler d'indignation à cette idée. Un reniflement amusé provint du tableau de Rogue, mais Nathan l'ignora. Il se contenta d'incliner légèrement la tête et de reculer.

– Réfléchissez-y, c'est tout.

– Vos idées ne sont pas mauvaises, lâcha la directrice. En avez-vous eu l'idée tout seul ?

Nathan hésita, puis asséna sa dernière carte :

– Non, j'y ai pensé en voyant l'inquiétude d'Harry Potter. On attendait tellement de lui… Et Poudlard ne l'avait pas préparé à ce qui l'attendait.

Il esquissa un sourire perfide :

– Il a dû être déçu.

McGonagall le congédia d'un ton un peu sec, après ça. Mais un mois après, elle annonçait qu'une classe de huitième année extrêmement avancée serait ouverte l'année suivante.

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Septième année, mai.

– Tu ne va pas t'inscrire en huitième année ? s'étonna Simon.

Nathan haussa les épaules. Ce matin, lui et le Club (quinze personnes de toutes les Maisons et années confondues) mangeaient à la table des Poufsouffles, et comme cette Maison-là respectait relativement bien l'intimité des gens, il put répondre sans craindre qu'on espionne leur conversation :

– Non. Ecoute, j'ai mené des recherches en Potions, en Sortilèges et Botaniques et j'ai fait une découverte majeure sur la chimie dans la magie. J'ai craqué les protections de la Section Interdite au milieu de ma cinquième année. Je reçois des invitations à des dîners mondains, et le professeur Dovarick, tu sais, le Guérisseur qui est prof de Potions à Salem ? Lui et moi sommes en train de monter une théorie sur les usages de la médecine cérébrale dans les soins sorciers. J'en sais plus qu'un redoublant de huitième année.

Simon ouvrait de grands yeux stupéfaits. Finalement, il tourna vers son bol, tout en marmonnant d'un ton boudeur :

– Des fois, j'oublie que tu es un génie.

– Des fois j'oublie aussi, rigola Nathan.

Des fois, il aurait bien aimé ne pas en être un. Rire devant une blague débile, lire un roman policier en ne trouvant pas tout de suite le meurtrier, pouvoir faire la sieste au soleil en ne pensant à rien… Il ne pouvait pas. Qu'est-ce que c'était frustrant ! Des fois, il aurait aimé faire comme n'importe quel débile moyen. Mettre le cerveau sur off et tourner des méninges à vide. Ecran noir, pfff, éteint, courant coupé ! Fin de l'afflux d'informations et de l'agitation frénétique des neurones.

Mais non. Il ne pouvait s'empêcher de penser. Penser toujours, tout le temps. A tout. A ce qu'il avait lu dans le journal des sorciers, aux dernières découvertes scientifiques Moldues, aux études de Draco, à la dernière théorie que lui avait envoyée le professeur Dovarick, à la lettre enthousiaste de Theo sur ses progrès dans l'amélioration de la Tue-Loup, à la possibilité d'étudier les cellules sorcières et les cellules Moldues dans l'espoir de trouver le brin d'ADN codant pour la magie… C'était vertigineux, parfois.

– Alors qu'est-ce que tu vas faire ?

Nathan mit une seconde à revenir à la réalité à la question de Simon. Il haussa les épaules.

– Accepter la proposition du Département des Mystères, bien sûr. Le Bureau de Physique à temps partiel. Ça me laissera assez de temps pour mener des recherches en parallèles…

Il prit le temps de se servir en porridge et d'avaler une bouchée, avant de demander d'un air dégagé :

– Et toi ?

Simon avait avoué sa flamme au garçon dont il était amoureux, quelques jours plus tôt. Sauf que le garçon en question avait réagit plutôt violemment… Et de manière négative. Valerian et Nathan l'avaient envoyé à l'infirmerie après ça, mais ça n'avait pas consolé Simon.

Le Poufsouffle haussa les épaules, l'air sombre :

– Dragonnier, tu le sais bien.

Nathan continua à le regarder. Ce n'était pas vraiment ça, sa question. Est-ce que Simon allait rester en Grande-Bretagne ou bien fuir ? Est-ce qu'il allait un jour avouer à son frère qu'il était homosexuel ? Est-ce qu'il allait un jour l'avouer au reste du monde ?

Ce n'était pas une tare. Nathan avait consulté pas mal de livres et il savait que la haine de l'homosexualité était une des choses que les Moldus avaient apporté dans le monde sorcier. Au temps des Fondateurs, par exemple, c'était bien vu car cela permettait de créer des alliances solides. Tant que les sorciers remplissaient leurs obligations d'époux et perpétuaient leurs lignées, ils pouvaient aimer qui bon leur semblait.

Seulement, voilà, ça c'était du passé. Maintenant, il fallait un sacré courage pour faire face à cette situation. Et du courage, même si Simon n'en manquait pas quand il devait face à cinq idiots plus grands que lui qui menaçaient une gamine, il en était singulièrement dépourvu en cet instant.

– Tu n'as pas à avoir honte, dit doucement Nathan.

Simon haussa les épaules, et quitta la table sans un mot. Nathan ne le suivit pas. Valerian ne tarda pas à prendre la place laissée vacante, et à changer de sujet d'un air dégagé, comme s'il savait quel était le problème.

Ce qui était idiot. Valerian savait parfaitement quel était le problème : il le savait toujours.

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Septième année, août.

– Ça va bien se passer, sourit Draco.

Assis à la terrasse d'un restaurant universitaire de Pendragon, il prenait un café avec Nathan. D'ici une demi-heure, le jeune Né-Moldu allait transplaner puis prendre un Portoloin et se rendre à son premier rendez-vous (les chances d'être acceptées étaient trop proches de 100% pour qu'on appelle ça un entretien d'embauche) avec le directeur du Bureau de Physique.

– Je suis un peu inquiet, couina Nathan d'une voix à peine audible.

Alva émit un petit gloussement derrière sa tasse de thé. Draco essaya de lui lancer un regard noir, mais il suffit que la Russe lui adresse un petit sourire innocent pour que Malefoy perde toute agressivité et lui sourit en retour.

Nathan, malgré sa nervosité, ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.

– Oh, s'il-vous-plaît, allez répandre votre Poufsouffle-attitude ailleurs…

Il se prit deux coups de pied sous la table, et glapit d'un air outragé. Au moins, ça eut le mérite de la distraire deux minutes de son angoisse.

Puis, tandis qu'Alva rigolait et que Draco la tançait sur son insensibilité, et que la Russe rétorquait que la vie est dure et qu'il fallait s'y habituer, et que Draco protestait qu'Alva n'avait pas de cœur… Nathan les regarda tour à tour avec affection, et sentit une bulle chaude et réconfortante gonfler sa poitrine.

Ma famille.

.


.

Fin.