Bon, je n'avais pas l'intention de publier cette fic avant plusieurs mois. Mais Mikipeach m'ayant été d'une aide inestimable, je la remercie en publiant le prologue de ma nouvelle fic :D Je dédie donc ce prologue à cette agrume divine qui vraiment, est bien gentille et patiente avec mes questions *-* Je te remercie du fond du cœur 3

Sinon, petit clin d'œil à Roselia001 (je ne sais pas si tu vas lire cette fic, mais voilà xD). Je voulais te remercier de m'avoir fait apparaître dans ta fic :D Ici donc, tu auras ta place :D

Voilà ^^ J'espère que vous aimerez !

Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.R.R. Tolkien. Eden et son histoire m'appartiennent.


La Flèche et la Montagne

Prologue : Le cerf blanc


Eden encocha une flèche et, de sa main gauche, vu qu'elle était gauchère, elle ramena la corde de son arc contre sa joue. L'empennage en plastique de sa plume lui caressant le visage, elle visa, concentrée, puis lâcha la corde. Elle ne put réprimer une grimace quand la flèche n'atteignit pas le centre exact de la cible. Certes, le rond rouge était touché, mais ce n'était pas assez bien pour Eden. Sans attendre, elle prit une nouvelle flèche, l'encocha, banda la corde, visa et tira. Un sourire satisfait étira ses lèvres lorsque, cette fois-ci, elle atteignit le centre.

Eden était ce qu'on aurait pu appeler une perfectionniste, bien que ce ne soit pas le cas. Sa philosophie était de ne jamais rester sur un échec, de toujours faire en sorte de s'améliorer. De réussir. De se battre jusqu'à la réussite. Et Eden, plus d'une fois, avait dû se battre. Contre les autres. Et surtout contre elle-même.

Petite, quand on lui faisait du mal avec des paroles ou des gestes mal attentionnés, c'était dans les jupes de sa mère qu'elle trouvait refuge et qu'elle essuyait ses larmes. C'est adolescente qu'elle prit les choses en mains. Et le club de tir à l'arc l'avait grandement aidée. Les moqueries lui passaient au-dessus de la tête. Et étant dotée d'une autodérision à toute épreuve, Eden vous répondrait que c'est normal vu qu'elle ne mesure qu'un mètre et 41 centimètres.

Rassemblant ses flèches et son arc, après des heures passées à s'entraîner, Eden s'apprêtait à s'en aller. Il était tard, le club était sur le point de fermer. Bravant le froid hivernal qui lui mordit la peau, Eden rejoignit sa voiture. Elle roula prudemment sur la neige qui recouvrait le macadam et arriva devant l'immeuble qu'elle habitait. Elle sortit de l'habitacle tiède de son véhicule et rejoignit le bâtiment en trottinant. Elle entra et soupira de bien-être d'avoir quitté le froid de l'extérieur.

Eden se dirigea avec espoir vers l'ascenseur… mais celui-ci était encore en panne. Quand le propriétaire allait-il enfin le réparer ? Car monter neuf étages, c'est un peu fatiguant !

Résignée, et après avoir attrapé ses factures dans sa boîte aux lettres, Eden entreprit donc de monter les neuf étages qui la séparaient de son appartement. C'est essoufflée et les joues rouges qu'elle parvint devant chez elle. Elle ouvrit la porte de son minuscule chez elle et entra en traînant les pieds.

- Je suis… là… souffla-t-elle en posant ses clés sur son guéridon.

Cette phrase, longtemps destinée à sa mère avec qui elle avait vécu jusqu'à ce que celle-ci meure, était aujourd'hui destinée à Indigo. Son poisson.

Après s'être débarrassée de son manteau et de son écharpe, Eden se dirigea vers sa cuisine et se servit un grand verre d'eau qu'elle vida d'un trait. Et après avoir fouillé dans son frigo misérablement vide, elle opta pour se commander un plat chinois. C'est après avoir raccroché après avoir passé commande dans son restaurant préféré qu'Eden remarqua la petite lumière rouge de son répondeur. Elle appuya sur le bouton qui lui permit d'écouter le message :

« Eden chérie, c'est moiiiiiiiiiiii ! »

À ces premiers mots, Eden sourit. Johannie, sa meilleure amie (et sans doute la seule qu'elle avait) était la seule personne qui parlait ainsi.

« Diiiiis, ça fait vraiment trop longtemps qu'on ne s'est pas vues et c'est inadmissible ! Trois jours, c'est vraiment trop long ! Donc, demain, après ton boulot, je veux que tu rappliques à la maison ! Et gare à toi si tu ne viens pas ! Bisouuuuuus ! »

Le sourire d'Eden s'élargit et elle s'empara du téléphone pour appeler son amie. Une amitié fusionnelle les liait. Elles se connaissaient depuis qu'elles étaient toutes petites… et n'avaient pas grandi beaucoup depuis. Johannie mesurait exactement un mètre et 52 centimètres.

- Edeeeeeen ! l'accueillit Johannie au téléphone.

- Hello, toi ! répondit Eden.

- Tu me téléphones pour me dire que c'est ok pour demain, j'espère ?

- Nope, désolée, répondit Eden avec une moue (bien que Johannie ne pouvait pas la voir). Demain, c'est pas possible. J'ai une réunion de bilan de fin de mois ou un truc ainsi. Je suis obligée d'y aller et ça finit super tard…

- Naaaaaaaan ! se lamenta Johannie. C'est trop nul !

- Désolée, s'excusa Eden. Mais vendredi, je peux passer si tu veux ? Et ainsi on pourra se faire un film ou quoi vu que samedi, aucune de nous ne travaille.

- Bonne idée ! Y a Anna Kéranine au cinéma, je veux trop aller le voir ! s'extasia Johannie.

- Et bien on ira voir ça, dit Eden. Et on s'empiffra de pop corn.

- Oh yeah !

- Sinon, quoi de neuf ?

- Pffff, rien d'intéressant. La bibliothèque est vide de chez vide. C'est désespérant. Et toi ?

- Rien d'intéressant non plus. Le patron a pété une quille tout à l'heure, mais à part ça, rien de notable.

- Qu'est-ce qui lui a pris ? s'étonna Johannie.

- Alors, là, j'en sais rien. À propos d'une commande qu'est jamais arrivée je crois…

Eden était secrétaire dans une grande entreprise qui s'occupait de ferronnerie. Elle y était respectée, bien que quelques personnes aient tenté de la rabaisser.

- Super, ironisa Johannie. Il ne s'est pas énervé sur toi, j'espère ?

- Oh, il s'est énervé sur tout le monde. Mais il a eu un peu l'air con quand, quinze minutes plus tard, la commande qui posait problème est arrivée.

- Ah, ah ! Tu m'étonnes !

DRIIIIIIINNNNGGGG !

- Ah, je dois te laisser, ma bouffe vient d'arriver.

- Chinois ?

- Of course !

- Bon appétit alors. On se voit vendredi !

- Oui ! À vendredi !

Eden raccrocha et, s'emparant de son portefeuille, alla ouvrir à l'asiatique qui lui livrait son repas. Il était tout rouge et tout essoufflé. Elle lui donna un pourboire en remerciement car elle savait qu'il n'avait monté les neuf étages que parce qu'elle était une habituée du restaurant dont il venait.

Après avoir refermé la porte, Eden s'installa dans son canapé, jambes repliés sous elle, et dévora ses beignets de crevettes et ses nouilles sautées au poulet devant un bon Harry Potter. Et après ça, elle prit une rapide douche, enfila son pyjama et se coucha. Avant de s'endormir, elle jeta un regard à la photo qui trônait sur sa table de chevet. Une photo de sa mère et elle. Elles faisaient toutes les deux la même taille. Elles partageaient également leurs longs cheveux noirs et des fossettes lorsqu'elles souriaient. Et tandis que les yeux d'Eden étaient clairs, ceux de sa mère étaient sombres. Eden avait toujours supposé avoir hérité de ses yeux de son père, qu'elle n'avait jamais connu, vu qu'il était mort avant sa naissance.

- Bonne nuit, Maman, murmura Eden à la photo avant d'éteindre sa lampe de chevet.

Cette nuit-là, elle fit des rêves étranges qui disparurent de ses pensées au moment où elle s'éveilla, le lendemain matin. Elle essaya un moment de s'en rappeler mais comme c'était chose impossible, elle abandonna vite sa tentative. Elle se rappelait juste d'une voix grave qui chantait, bien qu'elle ne se souvienne plus des paroles.

°o0o°

"Enfiiiiiin !"

Telle fut la pensée d'Eden qui était plus qu'heureuse de sortir de cette salle de réunion minuscule. La réunion s'était éternisée et c'était avec soulagement qu'elle pensa à son appartement qui n'attendait qu'elle. Et son bain et son lit !

Eden se dirigea vers son bureau, vérifia que son ordinateur était bien éteint, rangea quelques papiers qui traînaient et prit ses affaires. Elle passa d'abord son petit sac en bandoulière, sac qu'elle ne quittait jamais depuis que sa mère lui avait offert, à ses seize ans. Certes, il était un peu usé, mais c'était une sorte de gri-gri pour Eden. Surtout que cette fois-ci, comme c'était très souvent le cas, le petit sac était empli d'une double tablette de chocolat au lait belge. Le meilleur selon Eden. Par-dessus son sac, elle enfila son manteau et son écharpe lilas. Ainsi emmitouflée, elle se dirigea vers la sortie, saluant certains de ses collègues qui partaient en même temps qu'elle. Elle eut vite fait de rejoindre sa voiture où il faisait aussi froid que dehors.

Eden tourna la clé pour mettre le contact à sa voiture mais ne démarra pas tout de suite. Elle enclencha d'abord le chauffage et attendit que la buée sur son pare-brise se soit dissipée avant de sortir du parking de l'entreprise.

La neige était toujours présente sur les routes, surtout sur les petits chemins qu'Eden empruntait pour rentrer chez elle. Elle roulait donc prudemment, d'autant plus que la région était réputée pour son gibier. Et démolir sa voiture en se prenant un sanglier de plein fouet n'était pas dans les projets d'Eden.

Et ce ne fut pas un sanglier qu'elle croisa. Sur sa route, alors qu'elle prenait un virage serré, Eden fut éblouie par de la lumière blanche. Dans cette lumière, elle distingua un cerf. Elle freina et braqua comme elle put. Dès lors, elle perdit le contrôle de sa voiture et, malgré tous ses efforts pour redresser son véhicule, elle ne parvint pas à éviter l'arbre…

Le choc fut brutal. Ses airbags ne se déclenchèrent pas. Une douleur cinglante la lança à son front. Le pare-brise éclata en des milliers de bouts de verre.

Le froid.

Le noir.

Eden finit par ouvrir les yeux et son regard s'arrêta sur son rétroviseur extérieur. Il était fendu. Sa vitre brisée. Elle avait froid mais sentait quelque chose de chaud sur son visage. Qui coulait à partir de son front. Elle saignait. Elle redressa la tête malgré la douleur dans sa nuque. La lumière avait disparue. Mais le cerf était toujours là.

Un cerf blanc. Majestueux. Qui semblait briller. La lumière viendrait-elle de l'animal ? Ou du reflet de ses phares sur le pelage clair du cervidé ?

L'animal s'approcha, sans peur. Devant sa pure beauté, les yeux d'Eden, bleus pâles, s'emplirent de larmes. Elle savait ce qu'il se passait et elle était triste. Mais elle se dit que la vision du cerf blanc était une belle image avant de mourir. Car elle sentait ses forces l'abandonner, ses membres devenir gourds, son cœur se faire lent. Elle aurait aimé pouvoir lever la main et toucher le cerf à travers sa vitre brisée. Mais elle n'en avait pas la force.

Le cerf approcha encore et pencha la tête vers la jeune femme. Son souffle chaud, à travers les naseaux, lui réchauffa les joues. Elle esquissa un maigre sourire.

Plusieurs pensées lui traversèrent l'esprit : elle pensa d'abord avoir affaire à un cerf carnivore qui n'attendait qu'une chose avant de la dévorer ; elle eut ensuite une pensée pour Johannie, qui serait inconsolable après sa mort elle pensa à sa mère qu'elle allait rejoindre et elle espéra que quelqu'un prendrait soin d'Indigo et ne le laisserait pas mourir.

Le cerf redressa la tête et se détourna.

Eden ferma les yeux…


Voilà donc pour le prologue. Il n'est pas long, je sais, mais bon… c'est un prologue quoi :P J'espère que vous avez aimé. N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez ^^